Zut Esch 2022

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HORS-SÉRIE

FrEsch Touch

Esch2022 capitale européenne de la culture


P.3 ÉDITO Questions à Jean Rottner, Président de la Région Grand Est. P.4 GRAND ENTRETIEN Nancy Braun, directeur général côté Luxembourg, et Frédérique NeauDufour, cheffe de projet côté France. P.9 THÉÂTRE CITOYEN Avec le Théâtre National de Strasbourg. P.10 HISTOIRE Un patrimoine industriel à remixer + Focus sur L’Arche, emblème d’Esch2022. P.14 ENTRETIEN CROISÉ Deux remixeurs d’idées / Alain Giorgetti et Gaëtan Gromer + Propos de Josiane chevalier, Préfète de la Région Grand Est. P.16 ARCHIVES Memories. Images and History across Borders + Entretien avec Christelle Creff, Directrice régionale des affaires culturelles Grand Est. P.18 PROJETS PARTICIPATIFS Les habitants racontent et réinventent leur quotidien. + Entretien avec Patrick Risser, Président de la CCPHVA. P.21 L’USINE SECRÈTE Questions au documentariste Emmanuel Graff sur la mémoire ouvrière du territoire. P.22 EKINOX Explorer le monde du sommeil et des rêves. P.23 ENTRETIEN Arnaud Robinet, vice-président Attractivité, Tourisme et Culture de la Région Grand Est P.24 PROJETS ATYPIQUES Présentés par Sylvain Mengel, coordinateur culturel de la CCPHVA. P.26 AGENDA : Les projets côté français. P.27 PRATIQUE : Bonnes adresses

FrEsch touch : le nom de ce hors-série de Zut dédié au “côté français” d’Esch2022 évoque la fameuse touche française – french touch – mise en lumière dans le cadre de la Capitale européenne de la culture. FrEsch touch fait aussi et bien sûr référence au savoir-faire français en matière de musique électronique (Air, Daft Punk…) et de la notion de « Remix », leitmotiv de la programmation d’Esch2022. L’image festive que l’illustratrice Nadia Diz Grana a expressément créée pour ce magazine est constituée d’éléments de patrimoine industriel « remixés » de manière contemporaine et fait un discret et habile clin d’œil aux musiciens casqués célébrés internationalement. Délibérément FrEsh ! Emmanuel Dosda

Contributeurs Directeur de la publication Bruno Chibane Administration – Gestion Gwenaëlle Lecointe Rédaction en chef Emmanuel Dosda Rédaction Aurélie Vautrin Emmanuel Dosda Benjamin Bottemer Photographie Christoph de Barry Graphisme Tanguy Clory Couverture Nadia Diz Grana Illustrations Paul Lannes Relecture Manon Landreau Fabrice Voné Stagiaires Ludivine Weiss Robin Schmidt

Ce hors-série du magazine Zut est édité par Chicmedias 37, rue du Fossé des Treize 67000 Strasbourg +33 (0)3 67 08 20 87 SàRL au capital de 47 057 euros Numéro soutenu par la Région Grand Est Tirage : 15 000 exemplaires Dépôt légal : avril 2022 SIRET : 50916928000047 ISSN : 2261-7140 Impression Ott imprimeurs Parc d’activités « Les Pins » 67319 Wasselonne Cedex Diffusion Novéa + Zut Team Remerciements Frédérique Neau-Dufour (cheffe de projet Esch2022 pour la Région Grand Est et la DRAC) Melek Bedegoz (apprentie Région Grand Est) Gaëlle Tortil-Texier (Région Grand Est)


ÉDITO Entretien avec Jean Rottner, président de la Région Grand Est. par Emmanuel Dosda

Illustration Paul Lannes

« Enraciner la présence culturelle dans le territoire » Comment une région industrielle, anciennement dévolue à la sidérurgie, peut-elle retrouver son dynamisme grâce à la culture et au savoir ? En quoi ces domaines peuventils être leviers pour davantage d’attractivité ? Vous le dites très justement, le nord lorrain est très marqué par son passé industriel. Il a façonné non seulement les paysages, comme en atteste encore la présence de nombreuses mines avec leur chevalement, mais aussi l’urbanisme, la forte présence de populations issues de l’immigration. Cette activité économique est donc à l’origine d’une identité territoriale vivace et ancrée qui a souffert de la fermeture des houillères et des usines sidérurgiques. Il n’est aujourd’hui pas question de s’en départir mais au contraire de la valoriser et de montrer en quoi elle est compatible avec des pratiques touristiques et culturelles qui, malheureusement, sont encore trop souvent tenues pour être réservées à une élite. Esch 2022, c’est l’occasion de permettre à ces territoires et à leurs habitants de retrouver une raison d’être fiers ! Grâce à la visibilité que permet ce temps fort, ce sont aussi des touristes et des passionnés d’art qui feront le déplacement pour venir découvrir la Région Grand Est et le sud luxembourgeois. Un des enjeux de demain ne serait-il pas de mettre en valeur le patrimoine industriel du territoire, lui redonner son lustre et permettre une reconversion vers des usages contemporains ? Nous nous employons à le faire ! Notre objectif n’est absolument pas de faire table rase du passé industriel des lieux – comme je l’expliquais tout à l’heure – mais de les reconvertir, de réutiliser les friches pour

en faire des lieux attractifs en termes de culture et de tourisme mais également d’habitat. Cette volonté de reconversion des installations industrielles présente d’ailleurs des avantages environnementaux indéniables. Elle nous invite à pratiquer la dépollution des sols et des espaces qui sont, parfois, encore fortement imprégnés par les activités préexistantes.

Par ailleurs, le fait de réexploiter des usines désaffectées, de leur offrir une seconde vie, permet d’éviter de construire sur des sols qui sont aujourd’hui dévolus à l’agriculture : le sol est une denrée rare et il convient d’en éviter le mitage. C’est l’un des objectifs de notre SRADDET * et c’est aussi l’occasion de déployer concrètement la démarche Culture et environnement que promeut la Région Grand Est. Historiquement, la mixité – sociale et culturelle – est importante sur ce territoire. Peut-on voir cette région comme un véritable laboratoire européen ? Absolument ! Ce territoire du nord lorrain,

à cheval entre les départements de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle est avant tout situé au carrefour de plusieurs pays, de plusieurs langues et traditions culturelles. Avoir une Capitale européenne de la culture binationale, partagée entre la France et le Luxembourg, c’est une chance non seulement pour les artistes et les habitants qui peuvent passer d’un côté à l’autre de la frontière avec fluidité pour découvrir les spectacles et projets proposés, mais c’est également une occasion unique de rapprocher nos deux pays, de créer des intérêts communs et l’habitude de travailler ensemble. Porter des ambitions main dans la main c’est aussi s’apercevoir, parfois, que nous sommes contraints par des barrières légales, financières, linguistiques. S’y confronter nous donne donc une formidable occasion de chercher à y remédier et de mettre en place des pistes de travail pour nous rapprocher et simplifier encore les partenariats transfrontaliers. Quel avenir pouvons-nous souhaiter et imaginer pour ce territoire mis sous les feux de la rampe durant Esch2022 Capitale de la culture ? Il est évident qu’il ne faut pas que la Capitale européenne de la culture 2022 ne dure qu’un an ! Nous espérons, avec cette formidable série d’événements de très haut niveau, refaçonner les habitudes, contribuer à enraciner la présence culturelle dans le territoire. Il faut que ce travail se fasse sur le long terme, durablement, et je n’ai aucun doute qu’au regard de l’implication non seulement des élus mais également des professionnels de la Culture et des habitants, l’esprit d’Esch vivra ! * Le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires

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Le territoire d�Esch2022 Capitale européenne de la culture concerne deux pays, le Luxembourg (Esch-sur-Alzette et dix communes aux alentours) et la France (huit communes de la Communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette - CCPHVA)… qui ont une histoire commune et bien des points de convergence ! Entretien croisé entre Nancy Braun, directeur général d’Esch2022, et Frédérique Neau-Dufour, cheffe de projet pour Esch2022, côté français. Par Emmanuel Dosda

Un destin partagé Un événement comme celui-ci permet-il de lier deux régions transfrontalières ? Nancy Braun : Oui, absolument : l’idée est de célébrer la culture et la diversité européennes, tout en montrant l’identité de la région. La coopération transfrontalière dans le cadre d’Esch2022 est née des liens qui ont été noués par notre histoire industrielle commune et le fait que nous vivons l’Europe au quotidien. Chaque jour, des centaines de milliers de personnes traversent les frontières de la Grande Région dans le cadre de leur travail. Des Luxembourgeois et expatriés vivent également en France. De nombreux aspects nous lient les uns aux autres, ce qui rapproche encore plus la population. Les onze communes luxembourgeoises et huit communes françaises qui constituent Esch2022 forment un ensemble à part entière, ce qui a été un des arguments qui a convaincu le comité de la Commission européenne. Frédérique Neau-Dufour : Les liens entre le Sud du Luxembourg et le Nord de la Lorraine n’ont pas attendu Esch2022 pour exister ! Ils se sont noués il y a plus d’un siècle et sont d’autant plus profonds qu’ils s’enracinent dans le sol : des deux côtés de la frontière, la présence souterraine du minerai de fer a engendré un destin partagé. Pour les besoins de la sidérurgie, des travailleurs sont venus de toute l’Europe, des mines ont été creusées, d’immenses usines ont surgi de terre. Cette vie vouée à la production a créé une culture et une sociabilité communes, des modes de vie et des préoccupations quotidiennes 4 — ZUT — FrEsch Touch

similaires. Finalement, Esch2022 ne fait que magnifier une réalité que chaque habitant ressent intimement : celle d’appartenir à un même écosystème où la culture industrielle et la diversité humaine restent prégnantes. Pourquoi avoir retenu la notion de « remix » comme thématique à cette manifestation ? Pour mettre en relief la requalification d’un espace autrefois dédié à l’industrie, le caractère multiculturel du territoire concerné ? Nancy Braun : Sous la devise «Remix culture », le connu est mis en réseau avec l’inconnu, la haute culture avec la culture quotidienne et l’idée est de les associer pour créer quelque chose de nouveau et permettre ainsi une transformation. Le « Remix » a également l’ambition de favoriser, de stimuler l’accès à la culture. Les citoyens sont invités à participer à cette mission en tant que partenaires de projet, en tant que bénévoles ou comme spectateurs « participants » – et c’est aussi un message central : « Participez, façonnez activement l’avenir de votre région, et le tout, bien sûr, avec beaucoup d’amusement ! » Plus de 120 nationalités vivent à Esch-sur-Alzette et la diversité multiculturelle est passionnante, ceci aussi bien dans la partie francophone du territoire Esch2022 que du côté luxembourgeois. Esch2022, une région haute en couleurs… Frédérique Neau-Dufour : La notion de « remix » reflète la réalité d’un territoire en pleine reconfiguration, en pleine redéfinition, que cela soit du côté français ou


Frédérique Neau-Dufour, cheffe de projet pour Esch2022 côté français © Christoph de Barry

du côté luxembourgeois. Quand je suis sur place, je reste frappée par la façon dont l’héritage patrimonial s’imbrique avec l’avenir architectural, mais aussi par le dynamisme des cultures musicales, chorégraphiques ou culinaires héritées de toute l’Europe. C’est cette vitalité sans frontières que la Capitale européenne de la culture met en exergue. Avec sa population d’origines diverses, peut-on voir cette région comme un véritable laboratoire européen ? Nancy Braun : Nous sommes effectivement un « petit » laboratoire européen qui sert d’exemple. Nous vivons l’Europe au quotidien, puisque nos frontières dans la région sont perméables, la multiculturalité fait partie de notre ADN. Aussi, la coopération entre les trois Capitales européennes de la culture est très importante à soulever, une coopération qui jette une sorte de “filet” culturel sur une partie de l’Europe, rapprochant ainsi les gens, les villes et les pays. Environ un tiers de nos projets sont développés conjointement avec Kaunas en Lituanie et / ou Novi Sad en Serbie, les deux autres Capitales européenne

de la culture. Il est particulièrement important de soulever cette dimension européenne en ces temps et de vivre la culture européenne, de la montrer et de créer des synergies. À grande échelle, c’est-à-dire au niveau international, mais aussi à petite échelle, au niveau local et régional. Grâce à des projets transfrontaliers et transnationaux, des communes, des institutions, des associations, des artistes qui ne se seraient probablement pas rencontrés, travaillent ensemble dans le cadre d’Esch2022. L’objectif est que ces liens puissent perdurer et se développer au-delà et créer un impact à long terme. Frédérique Neau-Dufour : Oui, c’est le cas. Ce n’est pas pour rien que ce territoire fut au cœur de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, première organisation européenne née en 1951 avec six pays membres. Aujourd’hui, l’Europe est fortement perceptible sur place, ne serait-ce que dans les rues des villes : on entend parler luxembourgeois, français, allemand, portugais, italien…

Les différents partenaires sont l’État, la Communauté de communes du Pays Val d’Alzette, la Région Grand Est, le Conseil départemental de la Moselle et le Conseil départemental de la Meurthe-et-Moselle

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Nancy Braun, directeur général d’Esch2022 © Jessica Theis

Esch-sur-Alzette profite d’un « nouveau souffle » post-industriel. À quoi le doit-on ? La culture est-elle synonyme d’espoir et de seconde respiration, pour une région un temps sinistrée ? Nancy Braun : Esch-sur-Alzette et le Sud sont au cœur de la transformation. Le quartier universitaire d’Esch-Belval et d’autres lieux qui abritent aujourd’hui d’importantes institutions de recherche ont pris le relais de l’industrie sidérurgique traditionnelle et permettent à une autre génération de construire son avenir. On peut donc déjà voir ici comment la société industrielle s’est transformée en société de la connaissance. Esch2022 est un élément très important dans cette évolution. Ce qui vaut pour la partie luxembourgeoise du territoire, le vaut aussi pour la partie francophone Esch2022. Les nombreuses synergies nouvellement créées et la créativité libérée doivent aider à renforcer l’identité et à encourager les gens à participer activement à la construction de leur avenir. 6 — ZUT — FrEsch Touch

Frédérique Neau-Dufour : La disparition de l’industrie sidérurgique dans les années 1970-1980 a durement frappé le Sud-Luxembourg et le Nord-lorrain. Mais l’image de déclin qu’on accole souvent à cette région est dépassée. Une véritable énergie est déployée de part et d’autre de la frontière pour réinventer la société sur de nouvelles bases. Bien sûr, les moyens sont beaucoup plus importants au Luxembourg, comme le prouve l’émergence éclatante de Belval. Mais des deux côtés, on a fait le pari de la culture pour créer du lien social, donner du sens à la vie et doper l’économie. La CCPHVA, par exemple, mise sur la Smart City, le spectacle vivant, le cinéma et la création numérique, notamment au travers de L’Arche, son équipement phare inauguré en mars dernier. Comment les artistes peuvent-ils s’emparer de l’histoire, remixer le patrimoine industriel ? Nancy Braun : Dans notre région, la culture et l’industrie vont de pair. Cette interaction se manifeste de manière naturelle et variée dans de nombreux projets comme nos grandes expositions à Esch-Belval, où l’art médiatique numérique s’installe dans d’anciens bâtiments industriels – la Möllerei et la Massenoire. Citons encore une mine désaffectée à Audun-le-Tiche : des bénévoles de la région ont relevé le défi pour ouvrir cette mine aux visiteurs et la rendre accessible de manière captivante, avec des escape games ou de la restauration pop-up. Ils ne sont pas seulement fiers


« Si le monde a une âme, les artistes sont ses sentinelles »

de leur histoire industrielle, mais veulent aussi participer activement à la manière dont elle peut poursuivre son parcours. La raconter pour honorer notre passé. Mine d’Umbau montre que le mélange a donc de nombreuses facettes et les porteurs de projet ont fait preuve d’une grande créativité dans l’accomplissement de leur tâche. Frédérique Neau-Dufour : Si le monde a une âme, les artistes sont ses sentinelles. Je veux dire par là qu’ils ont la capacité inouïe de percevoir de quoi nos vies sont faites, ils savent nommer les éléments sous-jacents qui les composent, déceler les forces qui les tiraillent. Très logiquement, beaucoup d’entre eux ont conçu leur œuvre dans un étroit dialogue avec le passé du territoire. Le passé industriel, bien sûr, comme dans le projet À l’aplomb du vide de la compagnie Chor’À Corps. Les danseurs apprennent depuis des mois à évoluer en apesanteur pour produire leur chorégraphie dans un ancien bâtiment industriel. C’est une façon de rendre hommage aux ouvriers dont les corps ont souffert dans la chaleur et le bruit des usines. Plusieurs documentaires interrogent l’industrie d’hier – L’Usine secrète – et l’activité économique d’aujourd’hui. Le documentaire Frontaliers donne par exemple la parole aux travailleurs qui font quotidiennement la navette vers le Luxembourg. Le passé, c’est aussi le souvenir de la Seconde Guerre mondiale, particulièrement à Thil où se trouvent un ancien camp de concentration et une mine réservée aux travailleurs forcés. Le Musée national de la Résistance et des Droits humains d’Esch-sur-Alzette rend à tous les persécutés de la terre un magnifique hommage avec Ecce homo : l’artiste Bruce Clarke va composer une fresque originale dans l’entrée de la mine du syndicat de Tiercelet.

Esch2022 représente 130 projets et 2 000 événements : comment expliquez-vous l’engouement des créateurs pour cette manifestation ? Nancy Braun : L’engouement est là et c’est impressionnant de voir comment et sous quelle forme le thème « Remix culture » a pris vie. Il est très difficile de mettre en avant certains aspects et projets… C’est passionnant : le projet est si varié qu’il a vraiment quelque chose à offrir à chacun. Le territoire d’Esch2022 a un charme particulier et mérite une visite. Cela commence par une nature magnifique dans d’anciennes mines à ciel ouvert devenues aujourd’hui des réserves naturelles que l’on peut parcourir à pied sur le Minett Trail ou à vélo sur le nouveau Minett Cycle. On y découvre un orgue célèbre à Dudelange ou un village pop-up sur le thème de la durabilité que la commune de Monnerich installera fin août, des expositions d’art, des spectacles de danse et des installations dans d’anciens hangars industriels et bien plus encore. Il faut également mentionner les projets et spectacles qui se présentent dans le nouveau centre culturel de Micheville, L’Arche. L’un des temps forts sera un concert de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg (le 29 octobre) dans le cadre du Festival du Film Italien de Villerupt : le Cinéma italien et ses musiques. Mais dès le printemps, il faudra se rendre à Villerupt : le 7 mai, on dansera au Bal Pop et tout le monde est le bienvenu ! La culture pensée au sens large du terme, accessible à tous ! Le mieux est de s’inscrire à notre newsletter via notre site esch2022.lu, de recevoir chaque semaine des conseils sur les événements et chaque mois des informations plus détaillées sur les nombreux projets passionnants. Frédérique Neau-Dufour : Après deux ans de pandémie, le désir d’expression est plus fort que jamais. Tant d’occasions de rencontres ont été manquées ! Il y a une folle volonté d’échanger, de discuter, de coopérer, de construire des projets qui donnent du sens à nos vies. Reste à espérer que le public soit au rendez-vous. Et que la guerre qui frappe de nouveau notre continent ne vienne pas mettre un coup d’arrêt à cette liberté retrouvée, que l’on pressent si fragile. FrEsch Touch — ZUT — 7


Les coups de cœur de Frédérique Neau-Dufour, cheffe de projet pour Esch2022, côté français.

C’est mon choix Ecce homo L’artiste plasticien Bruce Clarke investit la mine du syndicat de Tiercelet à Thil. Dans ce lieu où les nazis forcèrent des prisonniers et des déportés à travailler, il crée une fresque sur la Résistance et les droits humains. Ce projet porté par le Musée national de la Résistance et des Droits humains d’Esch-sur-Alzette sera magnifié par les interventions du performeur Tebby Ramasike. Création fresque 2, 9 et 16 juin (inauguration le 23 juin) Performances du 4 au 6 octobre à Thil

Sonomaton, le banquet des utopistes La compagnie Mirelaridaine recueille les souvenirs culinaires des habitants du territoire pour préparer un banquet. Quelle belle idée ! Plusieurs dates permettront au public de participer à ce moment de convivialité mais aussi de débats. J’aime le côté généreux du projet dans lequel ont été impliqués les élèves du lycée hôtelier d’Ottange.

On pourrait faire le tour du monde Une écrivaine, un photographe français et un photographe luxembourgeois croisent leurs regards sur ce territoire frontière. De leurs rencontres avec les habitants naît une exposition profondément incarnée, qui révèle les paysages et les âmes, au fil de textes et de photographies inspirées par les hasards du terrain. Juin et juillet Lieu à venir

Les Frontaliers, « des vies en stéréo » Ce film documentaire s’intéresse à la vie quotidienne de ceux que l’on a coutume de surnommer les frontaliers. Depuis deux ans, les réalisateurs suivent les femmes et les hommes qui traversent quotidiennement la frontière pour aller travailler. À partir de leurs témoignages, ils donnent à voir la réalité mouvante de leur existence entre la France et le Luxembourg.

À l’aplomb du vide J’ai un coup de cœur pour ce projet porté par l’association Chor’À Corps, basée à Audun-le-Tiche, avec l’appui d’un chorégraphe professionnel. Cette création originale offre un spectacle suspendu dans le temps et l’espace. Grâce à des baudriers, les danseurs évoluent dans les airs sur le Plancher des Coulées du Haut Fourneau à Belval. Une manière poétique et légère de revisiter les lieux de l’industrie lourde. Du 24 au 26 juin Le Plancher des Coulées à Esch-Belval

21 octobre L’Arche à Villerupt

Le 8 mai à Boulange, et le 25 juin à Audun-Le-Tiche

Et aussi… Earthbound – In Dialogue with Nature Dans le cadre impressionnant de la Möllerei (Esch-Belval, Luxembourg), cette exposition menée en collaboration avec la HEK (Maison des Arts électroniques) présente 19 œuvres d’artistes de renommée internationale. Chacun d’entre eux se confronte à la relation complexe entre l’homme et l’écosystème pour faire ressentir l’urgence des enjeux environnementaux. 4 juin - 14 août

La Nuit de la Culture Un événement de voisinage à Esch-surAlzette au cœur de paysages insolites. Trois temps de fêtes, de rencontres, de découvertes, de souvenirs qui accompagnent la ville dans sa métamorphose. 13-15 mai

JazzXchange Les trois Capitales européennes de la culture 2022, Kaunas, Novi Sad et Esch s’associent pour le jazz. Sept musiciens venus des trois pays seront présents sur la scène du festival de jazz à Dudelange, pour un moment de liberté. 12-15 mai, Dudelange

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Le Cinéma italien et ses musiques Depuis 45 ans, le Festival du Film italien de Villerupt est un événement culturel majeur. Pour Esch2022, il a choisi de mettre en valeur les grandes musiques du cinéma italien au cours d’une séquence exceptionnelle à L’Arche : l’Orchestre philharmonique du Luxembourg interprètera les bandes originales correspondant aux images sur grand écran. 29 octobre

Minett Trail et Minett Cycle Le Minett Trail et le Minett Cycle relient toutes les communes d’Esch2022 au Luxembourg. Le long du chemin, il est possible de découvrir des projets culturels et de passer la nuit dans des gîtes.


© Jean-Louis Fernandez

Penser aujourd’hui le théâtre à venir avec la nouvelle génération, c’est l’idée de Esch2022 | Un territoire de théâtre pour demain, un double programme conçu par le Théâtre National de Strasbourg (TNS), en étroite collaboration avec la jeunesse de France et du Luxembourg. Par Aurélie Vautrin

(Ré)invention Différents mais furieusement complémentaires. Mix Up et Troupe Avenir transfrontalière sont les deux grands projets mis en place par le TNS pour Esch2022. Deux créations qui bousculent les codes, effacent les frontières et mixent les cultures. « Pour qu’un autre théâtre devienne visible », s’enthousiasme ainsi Bertrand Salanon, délégué au projet artistique du TNS. « Un théâtre pour raconter et faire bouger les lignes de questions sociétales brûlantes, un théâtre pour investir le monde d’aujourd’hui et inventer celui de demain. » De février à juin 2022, des deux côtés de la frontière, une centaine d’adolescents français et luxembourgeois sont ainsi tour à tour acteurs, auteurs et spectateurs d’un art en perpétuelle évolution. Et ce grâce notamment à Mix Up, un programme d’éducation artistique façon système d’échanges interscolaires mis en place dans quatre établissements français

et luxembourgeois. L’opportunité pour des collégiens et lycéens de s’ouvrir au monde du théâtre grâce à de nombreuses représentations dans et hors les murs, doublées d’une série de stages pratiques auprès d’artistes du spectacle itinérant, histoire de mettre, eux aussi, les mains à la pâte et les pieds sur les planches. De son côté, Troupe Avenir transfrontalière propose également une expérience forte aux curieux avides de découvrir un nouvel univers, quels que soient leur milieu social, situation professionnelle, parcours ou formation… Vingt jeunes âgés de 16 à 25 ans, n’ayant aucune pratique théâtrale, qui vont, ensemble, participer à l’aventure tumultueuse de la création artistique autour de la notion du super-héros. « Parce que les super-héros et super-héroïnes convoquent du fantastique, mais se déploient le plus souvent dans un monde qui pourrait être le nôtre », explique Pauline Haudepin,

autrice, metteure en scène et actrice. « Ils et elles offrent un angle d’approche ludique pour aborder un territoire réel avec les armes de la fiction. » Tout ce petit monde se retrouvera enfin courant juin pour un grand week-end à Strasbourg avec visite du Théâtre National et des institutions européennes. Et, toujours, l’idée de partage, de vivre ensemble et l’importance de tisser des liens. Troupe Avenir transfrontalière et Mix Up les 11 et 12 juin au TNS tns.fr

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Le fer, l’acier, le feu, le cuivre et le charbon. Un passé industriel et sidérurgique incontournable qui façonna le paysage, la culture et les esprits des habitants de la région concernée par Esch2022. Une richesse à réinventer ! Par Aurélie Vautrin

Un patrimoine industriel à remixer Faisant à la fois leur richesse, leur force et leur fierté. Portant haut l’étendard de tout un territoire et même au-delà, de pays entiers. Quand fut venue la désindustrialisation, en Moselle haute à la frontière du Luxembourg, le temps s’est stoppé net, laissant des traces. Mines fermées, hauts fourneaux éteints, sites abandonnés. Âge d’or soudain devenu âge de poussière, comme des cicatrices façon plaies ouvertes sur un territoire en friche. Laissant une génération d’ouvriers et encourageant la jeunesse à fuir. Il a fallu laisser le temps faire son œuvre et les générations se succéder pour panser les plaies et finalement repenser un territoire en sommeil. Le valoriser, le sublimer, le reconvertir, le réinventer et le remixer ! Enfin, aujourd’hui, un vent de renouveau souffle sur la région et, comme souvent, c’est notamment par la culture et le savoir que la vie reprend. Ainsi, le quartier Belval, situé au Sud du Grand-Duché de Luxembourg, est en pleine mutation depuis plusieurs années. Haut-lieu du passé sidérurgique du pays, le site s’est peu à peu réinventé en un quartier urbain ultra dynamique. 120 hectares où des milliers d’ouvriers produisaient autrefois de la fonte et de la ”masse noire” (mélange de coke et de bitume), reconvertis en lieux où s’écrivent l’avenir. En son cœur se tiennent désormais la Cité des Sciences, de la Recherche et de l’Innovation, sans oublier les nouveaux pôles de l’Université du Luxembourg, la Maison de la biomédecine ou encore la salle de concerts la Rockhal. Dernièrement, c’est la Möllerei et la Massenoire, deux monstres de béton et d’acier qui ont été réhabilités en salles d’exposition, en bibliothèque universitaire, en lieu de recherches et d’échanges. 10 — ZUT — FrEsch Touch


Dans le même élan, des mines de la région fermées parfois depuis cinquante ans connaissent un renouveau : plus question d’extraction ou de coulées, mais de mémoire et de transmission aux générations à venir. Comme à Aumetz par exemple, où un écomusée permet de comprendre l’histoire des mines de fer, les différents métiers des mineurs, et la vie quotidienne en ce temps que les moins de quarante ans ne peuvent connaître. À Audun-leTiche, des passionnés se sont mobilisés pour rénover les galeries de l’ancienne mine laissée à l’abandon. Des galeries qui, dans le cadre d’Esch2022, seront d’ici peu le cadre de rêve de différents événements culturels : concerts, dîners dans le noir, escape game… À Thil, la mine de Tiercelet accueillera également plusieurs projets, là encore dans l’idée de préserver le passé - le site fut notamment réquisitionné par les Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale pour y construire des missiles V1 - tout en écrivant un nouveau chapitre… Enfin, Dame Nature joue aussi un rôle essentiel dans la transformation du territoire, reprenant ses droits sur les traces des hommes, recouvrant de vert le noir d’antan. Désormais, ce sont de nombreux chemins de randonnée, des réserves naturelles et des lacs qui jalonnent le territoire : la région Minett a même été classée Réserve de biosphère par l’UNESCO l’année dernière. De quoi imaginer de nouvelles pages pour l’histoire à venir. FrEsch Touch — ZUT — 11


L’Arche, phare et laboratoire Par Benjamin Bottemer

Avec l’ouverture début mars de L’Arche à Villerupt, c’est un équipement culturel de pointe qui va rayonner sur le territoire de la cité et au-delà. Lieu de diffusion, de convivialité, de résidences pour des artistes de tous horizons et d’action culturelle pour les associations et les habitants, L’Arche comprend un cinéma de 150 places avec une programmation à l’année, une galerie d’exposition, un bar-restaurant ouvert la moitié de la semaine… Et, surtout, une salle de spectacle de 1 140 places dotée d’équipements de dernière génération, à l’image du Medialab, abritant de nombreux espaces de création. Ces derniers se déclinent sous la forme de studios de production audiovisuelle, de prise de vue photo, de production sonore, d’enregistrement pour des groupes de musique ainsi que d’une salle dotée d’imprimantes 3D, de scanners ou encore de machines à broder. Si les artistes en résidence, issus 12 — ZUT — FrEsch Touch

de la région ou d’ailleurs, y trouveront un lieu de création avec les moyens humains et techniques nécessaires, habitants, scolaires et associations y sont également conviés pour des projets participatifs ou des ateliers. Désigné « Totem » (le vaisseau amiral d’Esch2022 pour les projets sur la Communauté de communes), L’Arche accueille durant toute l’année de nombreux événements et soutient plusieurs créations dans le champ de la musique, du spectacle vivant, des arts plastiques et numériques, associant ses atouts en termes de diffusion à son identité de laboratoire ouvert à tous. www.l-arche.art


Photos de L’Arche © Bartosch Salmanski


Dans sa volonté de remixer la nature, la culture et les idées, Esch2022 est aussi un fantastique terrain de jeu pour nombre d’artistes. Zoom sur deux d’entre eux, dont les projets très différents ont en commun une certaine poésie du réel. Par Aurélie Vautrin

Une vraie mine d’or Gaëtan Gromer est compositeur, performeur et directeur artistique du collectif d’arts technologiques Les Ensembles 2.2, avec lequel il développe des parcours sonores géolocalisés. Il vit et travaille à Strasbourg. En quoi consiste In the field développé pour Esch2022 ? C’est un ensemble de huit parcours géolocalisés installés sur le territoire : on les appelle des « fictions sonores à ciel ouvert ». Un peu comme des fictions radiophoniques, mais qui se dérouleraient dans un décor réel, celui-là même où l’on est en train de se balader et dont on profite via une application sur smartphone. Quand on parle des traces de l’homme dans l’histoire, on oublie souvent l’ouïe. Pourtant, le son change radicalement notre perception d’un lieu. Si habituellement, nous utilisons uniquement le son dans nos projets, ici l’idée fut de croiser musique et littérature en proposant pour chaque fiction un duo d’artistes et des approches très diverses : conte, poésie, documentaire, science-fiction… C’est un projet qui a mobilisé une quinzaine d’artistes issus de huit pays différents.

Vous souhaitiez montrer différentes visions du territoire ? On voulait surtout explorer le thème de la frontière, qu’elle soit géographique, imaginaire, générationnelle, culturelle… Nous avons fourni aux auteurs près de 200 entretiens d’habitants, ce qui a nourri leurs histoires, inspiré des personnages. Il y a même un parcours où on entend des extraits bruts d’interviews. La musique a été créée à partir de field recording, qui consiste à enregistrer des sons sur le terrain, sur le vif du quotidien. Chaque duo joue ainsi avec les éléments du réel, avec l’ambiance sonore, l’histoire du lieu, des bâtiments, des rues, ou même une inscription sur un mur… Partir de cette matière permet d’ancrer l’histoire et prouve que le texte a été écrit pour cet endroit précis, et nulle part ailleurs

Aviez-vous en tête un devoir de mémoire ? On a laissé les auteurs libres. On ne cherchait pas du tout à faire un audio-guide historique ou autre, donc ce n’est pas de la valorisation touristique à proprement parler. Mais le fait d’ancrer nos actions dans le réel peut effectivement faire appel au passé, industriel, sidérurgique, historique… Par exemple, le parcours de Thil retrace le chemin emprunté par les prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale, entre mine et camp de concentration. Il y a donc un rapport avec la mémoire dans ce cas précis, mais l’autrice a imaginé un long poème pas du tout consensuel pour l’illustrer. Nous sommes donc dans des formes très subjectives, dont l’appréhension dépendra aussi de celui qui les reçoit. C’est une vraie expérience.

Les parcours sonores (à écouter en ligne) le2p2.com/parcours-sonores Les Saisons Invisibles géolocalisation Villerupt Ruby géolocalisation Réserve naturelle de Kayl La borne de fer géolocalisation Audun-le-Tiche LaSauvage géolocalisation Lasauvage, Differdange La mine est une bouche géolocalisation Thil Acid Reine Cie géolocalisation Esch-Belval Khôra géolocalisation Thionville, centre-ville Port Data géolocalisation Strasbourg, Port du Rhin

Gaëtan Gromer © Christoph de Barry


Alain Giorgetti est réalisateur de documentaires, auteur et plasticien. S’il vit désormais à Strasbourg, il a grandi dans le pays des Trois-Frontières. En quoi consiste votre démarche ? Nous avons développé tout un programme avec une classe de CM1CM2 de Russange dont la finalité est la publication d’un album jeunesse à l’automne. C’est un projet très dense, qui a énormément évolué : on est passé d’une idée de documentaire personnel à une aventure collective. Mon souci était de ne pas sombrer dans les travers qui sont les nôtres dans cette région : regarder le passé historico-économico-industriel à la fois comme un paradis et un enfer, alors que la page est tournée. Elle est en acier, donc ça a été difficile, mais elle est tournée ! C’est pour cela que j’ai proposé ce programme qui épouse à la fois l’histoire, la géographie, la culture et l’actualité. Ainsi, depuis septembre dernier et jusque juillet, les enfants visitent des sites névralgiques comme les mines, les hautsfourneaux (le passé), vont découvrir L’Arche nouveau centre culturel (le présent), puis s’intéresser à la renaturation au centre Ellergronn au Luxembourg (le futur). Après chaque rencontre, nous avons des ateliers d’écriture et de graphisme, dans lesquels le dessinateur Vincent Bailly et moi-même essayons de métaboliser ce qu’ils ont vécu. Je tente de les diriger le moins possible, afin que les choses viennent d’eux ! Évidemment il y a du cadre, mais à 80, 90% le livre est fait par les enfants. Le projet, c’est eux ! Aviez-vous en tête un devoir de mémoire ? Disons que je tenais vraiment à cet axe tridimensionnel passé-présentfutur, qui inclut la mémoire, d’autant que la nouvelle génération n’a pas vraiment conscience de l’impact de ce passé. C’était primordial de parler de ce qui se joue maintenant, et d’imaginer, avec toute la spontanéité des enfants, ce qui se jouera demain. Je fais partie de la génération sacrifiée, celle qui est partie il y a vingt ans quand tout était en friche, le paysage, les projets, la politique, les âmes… l’avenir. Quand je suis retourné au bled, je me suis rendu compte que je ne connaissais plus ma région : il y a désormais un vrai dynamisme culturel, une nouvelle vague d’immigration venant cette fois du Portugal. Le territoire revit. Et ce renouveau fait partie de ce que je veux montrer aussi.

On pourra faire le tour du monde © Nicolas Leblanc

« L’actualité démontre l’importance des liens tissés au fil des années »

Propos de Josiane Chevalier, Préfète de la Région Grand Est « Esch2022 est un exemple emblématique de revitalisation par la culture d’un territoire frappé par le déclin industriel. Une programmation audacieuse illustre la volonté de s’affranchir des stéréotypes, donnant une nouvelle image à ce territoire transfrontalier, imbriqué, interdépendant. L’actualité démontre l’importance des liens tissés au fil des années, garants de paix et de développement. Ainsi, nous construisons des relations étroites avec nos amis luxembourgeois, favorisant un co-développement harmonieux. Les défis de notre territoire sont immenses : le nombre croissant de travailleurs frontaliers se rendant au Luxembourg révèle des enjeux majeurs de mobilité, de développement économique et territorial, d’équité sociale, d’environnement. L’État, aux côtés des acteurs locaux français, élabore une vision stratégique cohérente pour ce territoire grâce à des solutions concrètes. La construction européenne et Esch2022 l’attestent : le dynamisme d’un territoire et son développement ne doivent pas se faire au détriment d’un autre. La cohésion économique, sociale et territoriale, liée au projet européen, doit être au cœur d’Esch2022 et de la relation transfrontalière. »

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Proximité géographique, sociale, culturelle, industrielle… Des facettes que l’on redécouvre dans Memories. Images and History across Borders, un double événement à la fois IRL et virtuel, où se côtoient images d’archives, jeu transmédiatique, conférences officielles et œuvres numériques. Un projet multifacettes qui a notamment obtenu le label “France 2022, Présidence française du Conseil de l’Union européenne”. Par Aurélie Vautrin

Laisser des traces Deux pays, une frontière. Esch2022, c’est également l’occasion de revenir sur l’histoire d’un territoire découpé géographiquement et géopolitiquement, mais aux souvenirs communs, au passé mutuel. Une terre de partage et de mixité où les échanges r y t hment depuis longtemps la vie des frontaliers. À l’origine de Memories. Images and History across Borders, l’envie de créer la toute première fresque numérique transfrontalière, un jeu de regards croisés de 1950 à nos jours, accessible à tous : enseignants, étudiants, citoyens, passionnés, curieux, pour peu qu’on sache naviguer sur l’internet moderne. Ainsi est né le site internet Au fil de l’Alzette… territoires et destins partagés, un projet ambitieux qui s’appuie sur plus de 150 archives audiovisuelles, où grande et petite(s) histoire(s) s’entremêlent, où questions de société, patrimoine industriel et territoire collectif nous racontent un lieu, un destin, un passé commun liés à la région de l’Alzette. Des documents qui proviennent en majeure partie des fonds de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), mais également du Centre national de l’audiovisuel (CNA) du Luxembourg : une collaboration inédite qui offre la possibilité de multiplier les points de vue tout en diversifiant les approches médiatiques. Le tout regroupé autour de cinq grandes thématiques : De part et d’autre de la frontière, Cultures en partage, La mine et la sidérurgie d’hier à aujourd’hui, Parcours et destins et Empreinte et territoire. 16 — ZUT — FrEsch Touch

En parallèle de ce chouette projet numérique se sont mises en place différentes manifestations culturelles, notamment un jeu transmédiatique créé par un groupe d’étudiants du Master Conception de dispositifs ludiques de Metz, un webdocumentaire réalisé par des élèves en Master Journalisme et médias numériques de l’Université de Lorraine, sans oublier des manifestations sc ient i f ique s g r a nd publ ic ave c conférences, tables rondes et mapping vidéo à Villerupt, Dudelange et Thil. De quoi se plonger ensemble dans le passé pour écrire un avenir commun. Memories. Images and History across Borders fresques.ina.fr/esch-sur-alzette

La chaine de Jœuf - 3 novembre 1960 Image extraite d’un reportage sur la construction de l’avant-dernier haut-fourneau de l’usine de Jœuf.

Douanes françaises - 8 janvier 1963 Reportage au bureau du service des douanes de Longlaville à la frontière luxembourgeoise et rencontre avec un receveur des douanes, un inspecteur principal des douanes et un douanier.

Dynamitage des derniers fauts-fourneaux de Longwey - 19 juillet 1991 Les deux derniers hauts-fourneaux du bassin de Longwy viennent d’être dynamités sous les yeux d’anciens sidérurgistes du site émus de voir disparaître ces vestiges du passé industriel du Pays Haut.


Entretien avec Christelle Creff, Directrice régionale des affaires culturelles Grand Est. Par Emmanuel Dosda

Illustration Paul Lannes

« Ce territoire n’est pas qu’une terre de passage » Le Grand Est voisine avec de nombreux pays. En quoi cette spécificité transfrontalière est une chance ? Les frontières avec ces quatre pays sont des espaces d’échanges, de circulation des personnes, de travail. En matière de culture et d’art, la spécificité transfrontalière permet une ouverture sur d’autres approches esthétiques et propositions artistiques. C’est une véritable chance pour les acteurs culturels, les artistes et enfin – et surtout – pour le public. La mission de la DRAC est de soutenir la création, les artistes et les structures culturelles, de faire en sorte qu’elles puissent développer leur coopération, leurs opportunités de travailler avec ou dans ces pays voisins. C’est ce qui motive notre soutien à des projets programmés dans le cadre d’Esch2022 : cette Capitale européenne de la culture a permis à des structures et des artistes français d’inscrire leurs projets dans la thématique « Remix » choisie par les organisateurs. Comment se traduit ce caractère transfrontalier dans la création artistique et l’offre culturelle de la région ? La dimension transfrontalière est inhérente à un grand nombre de projets dans le Grand Est. Beaucoup de professionnels ont déjà développé des partenariats avec leurs homologues voisins, de La Filature de Mulhouse au Festival du Film italien de Villerupt pour ne citer que ces deux exemples. On la retrouve dans de multiples événements culturels, qui montrent la richesse de la création contemporaine et qui favorisent la rencontre entre les artistes et la population. La DRAC encourage aussi le développement des réseaux, comme Multipistes et Iceberg pour les musiques actuelles, ou Grand Luxe pour la danse avec ses huit structures partenaires en Belgique, au Luxembourg, en Suisse et en Allemagne. Ces réseaux accompagnent les artistes sur le plan artistique, technique, juridique, ainsi qu’en matière de production et de formation.

Comment les artistes peuvent-ils se saisir de l’histoire d’un territoire au riche patrimoine industriel ? Les friches industrielles sont des lieux d’inspiration et d’expérimentation extrêmement forts pour les artistes. En Grand Est, plusieurs sites sont réinvestis par des projets culturels et artistiques, avec parfois une dimension économique, qui associent la population locale.

La DR AC a choisi de soutenir une quinzaine de ces tiers-lieux ou « ateliers de fabrique artistique », parmi lesquels la Fabrique autonome des acteurs de Bataville, Simone – Camp d’entraînement artistique ou le Parc de Wesserling. Esch-Belval, qui accueille aujourd’hui l’université du Luxembourg et des activités économiques, est un ancien site minier et sidérurgique, un lieu de mémoire ouvrière, de travail, de vie et de migrations, comme le montre très bien l’exposition « Remixing Industrial Pasts ». Ce site, comme tous ceux d’Esch2022, en mutation continue depuis le XIX e siècle, offre un terrain de jeu magnifique pour les artistes et les acteurs culturels qui ont pu inventer une programmation très singulière et donner à voir une belle diversité de propos.

Quel événement issu de la programmation d’Esch2022 symbolise bien cette manifestation en ce « territoire à remixer » ? J’ai un intérêt particulier pour Ekinox, porté par le NEST, Centre dramatique national de Thionville, qui porte sur les migrations pendulaires des 100 000 personnes qui se rendent de la France au Luxembourg chaque jour pour travailler. Aux équinoxes de mars et de septembre, des saynètes sont programmées dans les trains, une manière de faire entrer de la poésie dans ces trajets routiniers ; deux journées de spectacles et d’animations dans un lieu fixe à la frontière leur répondront. Le théâtre vient questionner le rêve et le sommeil, à partir de l’expérience quotidienne vécue par les travailleurs transf rontaliers qui font v iv re ce territoire. Quel après Esch2022 Capitale de la culture pourrions-nous espérer ? Les années de préparation de cette opération ont déjà permis de tisser de nouveaux liens, de provoquer des rencontres pour les professionnels et les artistes et de renforcer les coopérations institutionnelles. Ce qu’on peut rêver pour demain, c’est qu’Esch et son bassin de vie deviennent le lieu de programmations artistiques et culturelles plus pérennes, et que cela participe du développement culturel de l’espace transfrontalier nord lorrain. Esch2022 doit contribuer à faire connaître ce territoire et à montrer qu’il n’est pas seulement une terre de passage mais d’abord un lieu de vie, avec son histoire, son patrimoine et ses habitants, un lieu de création et de pratiques artistiques.

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Eden Europa, Landscaper

Ateliers et spectacles participatifs, documentaires, rénovation et réhabilitation de lieux emblématiques du territoire : les habitants et leurs histoires constituent les forces vives de plusieurs projets. Par Benjamin Bottemer

Présences continues À partir de leur propre horizon culturel et sur leurs lieux de vie, les habitants deviennent acteurs. Eden Europa et sa caravane végétalisée itinérante, réalisée avec ces derniers, réenchante des lieux comme le Belvédère à Villerupt en le transformant en jardin partagé. Mené par la compagnie Manok & cie et les jardiniers de Merci Raymond, Eden Europa propose aussi de nombreux ateliers croisant musique, danse et de multiples thématiques. Le spectacle Totem à Audun-le-Tiche réunira sur scène des choristes issus de formations locales, tandis que le Bal pop invite danseurs, comédiens ou chanteurs amateurs à intégrer le spectacle. Idem pour Sonomaton de la compagnie Mirelaridaine, qui a recueilli les témoignages d’habitants sur leurs souvenirs culinaires et organisera plusieurs Banquets des utopistes, conviant les habitants à savourer et à participer à 18 — ZUT — FrEsch Touch

un spectacle gourmand. Deux équipes de documentaristes arpentent également le territoire : Samuel Bollendorff et Mehdi Ahoudig abordent auprès de français travaillant au Luxembourg la complexité et la diversité de leur rapport à la frontière dans les Frontaliers, tandis que On pourrait faire le tour du monde, par les photographes Nicolas Leblanc et Patrick Galbats et l’écrivaine Aurélie Darbouret, offre des regards croisés sur les habitants du territoire via des portraits et des témoignages. Des ateliers photo sont également organisés auprès de collégiens.

Totem ou “ Un sens commun ” 13 mai Mine Saint-Michel-Villerupt Sonomaton ou “ Le Banquet des utopistes ” 7 mai / 25 juin Villerupt, Audun-Le-Tiche, Ottange www.mirelaridaine.fr On pourrait faire le tour du monde Juin et juillet 2022 Lieu à venir - Villerupt Eden Europa Célébration fin de projet : du 14 au 16 octobre Parvis de l’Arche - Villerupt www.edeneuropa.eu Frontaliers ou des vies en stéréo 21 octobre L’Arche - Villerupt


Sonia Golini

Yanis Kallouche

On pourrait faire le tour du monde : des regards croisés sur les habitants du territoire

Propos d’habitants impliqués Efrem Rovinalti, ingénieur des mines, Association des Mines Terres Rouges Efrem s’est grandement investi dans la réhabilitation de la mine d’Audun-le-Tiche, fermée en 1997 et amenée à accueillir des visites et des événements culturels et ludiques. L’histoire de cette mine est aussi celle de sa vie : il a travaillé pendant 50 ans pour l’Arbed devenu Arcelor-Mittal sur la sécurisation et la modernisation du matériel, longtemps à Audun-le-Tiche puis pour encadrer l’ouverture des mines de Sérouville et de Tressange. Avec le ralentissement de l’activité minière, il a participé à l’ennoyage des galeries, puis à la création du Musée de Rumelange en 2000. Aujourd’hui retraité, il est plus que jamais impliqué : à Audun-le-Tiche, l’Association des Mines Terres Rouges, qui a notamment pour objet de préserver et vulgariser la mémoire minière locale, en a fait son président d’honneur et fait appel à son expérience pour le projet de réhabilitation de la mine dite d’Umbau. « Je veux faire résonner le travail des mineurs qui ont donné leur santé et leur vie, et qu’on oublie trop souvent », souligne Efrem. « Audun-le-Tiche doit devenir un lieu patrimonial par excellence dans toute l’Europe. J’aimerais que la mine soit inscrite

au Patrimoine européen, car sans minerai, il n’y aurait pas eu d’Europe ! Avec ce projet, nous ne sommes plus seulement dans la commémoration, nous créons quelque-chose de nouveau, aux côtés de petits-fils de mineurs qui prennent la relève pour préserver cette histoire : c’est la raison qui me pousse à continuer. » Sonia Golini, bénévole Sonia est une bénévole impliquée, participant au Festival du Film italien de Villerupt et engagée sur plusieurs événements d’Esch2022. Elle a contribué à la création du jardin partagé au Belvédère à Villerupt dans le cadre d’Eden Europa. « C’était très ludique, nous étions bien encadrés et c’était l’occasion de rencontrer des gens que je ne connaissais pas, explique-t-elle. Nous avons besoin de ce type de projets à vocation écologique amené à perdurer, sur un très beau site qu’il faut valoriser. » Sonia va également jouer un rôle au sens propre dans le Bal Pop, au sein de l’un des six tableaux représentant différentes périodes de l’histoire locale. « Certains n’avaient aucune expérience de la scène, mais l’enthousiasme collectif est communicatif. Pour l’instant, nous avons appris avec le metteur en scène Nicolas Picard à s’approprier notre personnage... et à mieux

se connaître lors d’un moment convivial. Ces événements, créés par les habitants pour les habitants, sont très appréciables. » Yanis Kallouche-Houssaut (Le Banquet des utopistes) En classe de seconde en Bac pro Famille des Métiers de l’hôtellerie et de la restauration au lycée Saint-André d’Ottange, Yanis et ses camarades ont rencontré Delphine Bailleul, metteuse en scène de la compagnie Mirelaridaine, pour mettre en place le menu du Banquet des utopistes. « On s’est inspirés de nos propres souvenirs culinaires pour élaborer le menu », explique Yannis. « C’était une expérience originale que j’ai appréciée. Une belle occasion de travailler de manière atypique, au sein d’un projet artistique. » L’enseignante associée à la démarche, Sandra Sperandio, souligne la capacité de Delphine Bailleul à « casser les codes » de l’hôtellerie et de la restauration, et à amener les élèves à sortir de leur zone de confort. « Ce sont des métiers où il faut aimer la découverte. Les enseignants nous encouragent à avoir de l’imagination », indique Yanis. « Comme les comédiens et les metteurs en scène, on aime pouvoir raconter une histoire à travers notre travail. » FrEsch Touch — ZUT — 19


Entretien avec Patrick Risser, Président Communauté de Communes du Pays Haut Val d’Alzette (CCPHVA). Par Emmanuel Dosda Illustration Paul Lannes

« La thématique de Remix : un leitmotiv » « Depuis quelques temps déjà, des bleds fantômes situés à proximité de la frontière connaissaient ainsi un regain de vie inespéré. Le mérite en revenait au Luxembourg qui, souffrant depuis toujours d’un manque chronique de main-d’œuvre, venait tout naturellement puiser chez ses voisins les bras et les têtes qui lui faisaient défaut. Des tas de gens se retrouvaient comme ça à faire la route chaque jour pour récupérer leurs emplois étrangers là-bas. » Comment percevez-vous cet extrait de Leurs enfants après eux de l’auteur lorrain Nicolas Mathieu* ? Le portrait dépeint par Nicolas Mathieu s’inspire d’une réalité bien connue de nos habitants et voisins. Notre région a été le lieu d’activité d’une importante industrie d’extraction de minerai et de production d’acier durant de longues décennies. Lorsqu’il a été décidé, pour de multiples raisons, de fermer nos établissements industriels, la région a été laissée à l’abandon. À nous les friches industrielles, la décroissance démographique et économique. Cela n’a pas empêché le développement exponentiel du Luxembourg qui a, à son tour, accueilli (et continue d’accueillir) des vagues migratoires de travailleurs extrêmement importantes. Ces nouveaux habitants redonnent une vie à notre territoire puisqu’ils viennent l’habiter sans pour autant se l’approprier. Nous retrouvons d’ailleurs là un enjeu fondamental qui caractérise Esch2022, à savoir l’implication citoyenne dans les projets. C’est un enjeu majeur pour la CCPHVA, son présent, son futur. Le territoire de la Communauté de communes, transfrontalière du Luxembourg, illustre bien cette particularité du Grand Est, voisin de nombreux pays. Cette spécificité est-elle une chance ? Notre territoire a en effet la chance de se trouver extrêmement proche du Luxembourg, 20 — ZUT — FrEsch Touch

mais également de la Belgique et de l’Allemagne. Nous mesurons cette opportunité quotidiennement puisque bon nombre de nos habitants traversent ces frontières, en grande partie luxembourgeoises, pour aller travailler (plus de 60% de la population active). Se trouver à 50 km d’une capitale européenne, d’une puissance économique reconnue, a également des avantages socio-culturels forts. De nombreuses infrastructures sont accessibles. D’autant que nous faisons partie d’une conurbation autour d’Esch-surAlzette, deuxième capitale du Luxembourg.

Nous avons parlé de chance. Il faut aussi évoquer les contraintes concurrentielles qui s’imposent à nous. Nous n’avons pas d’autre choix que de trouver des modèles innovants de création de richesses et de qualité de vie. Nous nous heurtons également à des difficultés à pourvoir certains emplois en local. C’est donc une équation à plusieurs inconnues ou variables que nous devons tenter de résoudre. Population d’origines diverses, vie à proximité de la frontière, multilinguisme… Comment l’idée de « Remix » se ressent au quotidien dans la CCPHVA ? La thématique de « Remix » tombait à point nommé pour la CCPHVA. C’est un leit-

motiv inscrit depuis plusieurs années dans notre projet de territoire innovant (Smart City, gestion de la donnée, territoire d’industrie 4.0, croissance verte et énergie positive, fibre, pôle culturel d’excellence) et qui nourrit notre ADN. Nous sommes actuellement dans cette phase de reconstruction de nos espaces et de nos communes à l’identique de nos voisins luxembourgeois sur le site de Belval. De nouvelles populations arrivent et avec elles de nouveaux projets. Rappelons que la CCPHVA est l’aire opérationnelle de l’Établissement public d’aménagement Alzette-Belval dans le cadre d’une Opération d’intérêt national. Nous sommes 28 000 à habiter ce territoire. Nous serons 40 000 dans une quinzaine d’années. Comment une région au passé industriel peut-elle retrouver son dynamisme grâce à la culture, au tourisme, au savoir ? L’activité industrielle fait désormais partie de notre passé. Elle marque cependant profondément la mémoire collective. Il nous faut réinventer des modèles. Nous nous appuyons sur les technologies actuelles et les aspirations contemporaines de nos nouveaux habitants. La culture a un rôle majeur dans le développement d’un territoire et nous comptons bien nous appuyer sur Esch2022 et notre nouvel équipement L’Arche pour retrouver une dynamique enjouée, fédératrice qui mettra en valeur notre patrimoine et notre volonté de faire. * Le livre de Nicolas Mathieu sert de matière à une pièce présentée au théâtre d’Esch2022 dans le cadre de la manifestation. Dans l’extrait cité, l’auteur décrit une vallée de l’Est de la France, dans les années 1990, où les hauts-fourneaux se sont éteints.


Avec L’Usine secrète, Emmanuel Graff lève le voile sur les dessous insoupçonnés de la grande époque de « la bricole triomphante » dans le monde ouvrier. Entretien avec le documentariste. Par Aurélie Vautrin

Jeux interdits Vous avez déjà réalisé un certain nombre de documentaires sur l’héritage industriel de la région. Pourquoi ce sujet précisément aujourd’hui ? Il y a trente ans, j’étais jeune et naïf. Je voyais le monde ouvrier comme un truc à la Bernard Lavilliers : les gros muscles, la sueur… Mais dès mes premiers tournages à Uckange, chaque interview m’avait réservé bien des surprises : revenaient toujours des secrets d’usine dont on ne parlait jamais puisque plus ou moins interdits, comme la chasse au lapin, la pêche sur les sites, les entourloupes aux contremaîtres, les ouvriers qui se faisaient remplacer par des gens qui leur ressemblaient, la bricole, les gueuletons… À l’époque, je me disais que c’est par ces petites histoires qu’on allait pouvoir transmettre la grande, notamment à la jeune génération. L’idée m’est restée en tête et Esch2022 fut l’opportunité parfaite pour réaliser ce dernier vieux rêve.

Pour la première fois, j’ai fait un vrai travail d’archives en collaboration avec le CNA, Imag’est, Arcelor Mittal… On a retrouvé des films amateurs tournés par les ouvriers eux-mêmes. De vrais trésors ! Je n’ai jamais eu envie de faire un truc sérieux, triste, didactique ou purement historique. Je cherche juste le bon angle pour rapprocher les gens. Car la grande question de ce film, c’est l’autonomie, ce qu’elle était à l’époque et ce qu’elle est maintenant. Certaines choses ont disparu, mais d’autres se sont adaptées : on ne bricole plus sa voiture sur son temps de travail, mais on va profiter d’un logiciel sur l’ordinateur du bureau.

changé et même si l’héroïsme a disparu, il y a toujours cette fierté d’aller travailler en usine.

Quel regard portez-vous sur la période 1960-1970 ? J’ai beaucoup de tendresse pour l’époque de la bricole triomphante, parce qu’elle est pleine d’humour, qu’elle m’a aidé à comprendre le sentiment de nostalgie et pourquoi, même si le contexte a beaucoup

L’Usine secrète, réalisé par Emmanuel Graff Projections le 30 avril et le 1er mai au cinéma Grand Écran de Serémange, les 14 et 15 mai au Skip à Esch-Belval, Luxembourg, puis disponible sur Noozy

Pensez-vous être un réalisateur militant ? Il y a un côté enfermant dans la militance qui m’a toujours déplu. Je suis incapable de donner une conclusion définitive sur quelque chose, je pose des questions sans imposer de réponse. J’ai horreur des choses arrêtées où la direction de la pensée est donnée. J’aime montrer des gens qu’on ne voit pas, apporter des réflexions. Alors militant, non, mais passeur de témoin, oui. Totalement.


© Raoul Gilibert

Initié par le Centre dramatique national transfrontalier de Thionville (NEST), EKINOX est un événement protéiforme qui explore en deux temps le monde du sommeil et la science des rêves. Gardez les yeux ouverts ! Par Aurélie Vautrin

Voyage au bout de la nuit Saviez-vous que l’on passe en moyenne un tiers de sa vie à dormir ? Environ 25 ans à recharger batteries, mémoire, humeur, apprentissage, métabolisme, immunité. Le sommeil comme un monde infini empli de mystères dont les méandres continuent d’échapper aux scientifiques les plus acharnés où les notions d’espace et de temps n’ont pas cours. Un immense terrain de jeux, donc, pour les artistes-rêveurs-anthropologues du monde entier… À l’occasion d’Esch2022, le NEST a mis en place deux grands événements festifs, culturels et fédérateurs, créés sur mesure dans deux villes de part et d’autre de la frontière, les deux jours d’équinoxe - ce double moment de l’année où le jour a une durée parfaitement égale à la nuit. Fin mars, à Rumelange au Luxembourg, s’est ainsi tenue La Foire du sommeil, premier rendez-vous sous forme de temps de 22 — ZUT — FrEsch Touch

réflexion, de partage de connaissances et d’expériences. Des lits immaculés installés dans les gares des «villes-dortoirs», des conférences décalées sur l’anthropologie des rêves, le dodo des plantes, celui des Inuits ou encore un «marché du sommeil» avec bouillottes et tisanes… Autant de performances pour aborder le sommeil de manière transversale, à la fois sanitaire, scientifique, anthropologique, culturelle, gastronomique et poétique. Avec toujours l’envie d’impliquer les habitants pour mieux s’imprégner d’un territoire où souvent, on ne dort pas du côté de la frontière où l’on travaille. Ainsi une ligne téléphonique permet aux artistes de récolter des témoignages sur les rêves, les berceuses et les insomnies – une hotline joignable au 03 82 54 70 43, si vous souhaitez apporter votre pierre à l’édifice, voire votre plume à l’oreiller.

Nourri de ces enquêtes et de ce premier volet, le festival EKINOX lancera La Foire des rêves à Aumetz, le 24 septembre. Un événement qui transformera la petite ville en théâtre à ciel ouvert, placé sous le signe de l’imaginaire et de la fantaisie, où l’on profitera notamment d’un concert choral de berceuses et d’oreillers sonores, un banquet de rêves, ou encore de nombreuses performances artistiques et autres spectacles de rue. Si Esch 2022 est le point de départ de ce projet façon rêve éveillé, le NEST a bien dans l’idée de le pérenniser pour le transformer en rendez-vous transfrontalier. C’est tout le mal qu’on lui souhaite ! La Foire des rêves le 24 septembre à Aumetz


Entretien avec Arnaud Robinet, vice-président Attractivité, Tourisme et Culture de la Région Grand Est. Par Emmanuel Dosda

« De l’ère du fer à celle du savoir-faire » L’événement Esch2022, Capitale de la culture marque-t-il un départ vers une collaboration plus étroite entre la communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette et Esch-surAlzette, la France et le Luxembourg ? Cette collaboration est ancienne, elle est très importante aujourd’hui sur le plan économique. Le territoire compte quelque 100 000 travailleurs transfrontaliers. Ils représentent 70 % de la population de l’intercommunalité, on a donc une vraie interdépendance des deux territoires. Esch2022 est le signe d’une volonté forte de donner du sens à un destin partagé. Il permet d’en penser la mémoire. Beaucoup de projets s’inspirent du passé industriel : le présent – les travailleurs transfrontaliers sont au cœur de plusieurs projets – et l’avenir – créer des ponts, des liens, entre artistes, citoyens des deux pays. La compagnie de danse Chor’À Corps, implantée dans la CCPHVA, va par exemple intervenir côté luxembourgeois. Cette dynamique rayonne cependant bien au-delà de cet EPCI, à l’échelle du Grand Est. Il y existe une grande coopération entre les institutions culturelles, comme l’INA avec le Centre national des archives du Luxembourg pour le projet Memories, entre l’ENSAD de Nancy et les nouveaux espaces muséographiques à Belval, ou encore entre le TNS et les scènes luxembourgeoises. Comment cette coopération pourrait-elle se poursuivre ? C’est tout l’enjeu des Capitales européennes de la culture : elles doivent s’inscrire dans la longue durée, initier un mouvement vertueux et durable, pour éviter l’effet « one shot ». Cela passe par des bonnes pratiques : on peut solliciter des amateurs des deux côtés de la frontière ou des partenariats qui sont appelés à s’inscrire dans la durée. On peut aussi inciter les publics à être plus mobiles et à franchir la frontière en mettant en place des moyens de transport le permettant. C’est ce que nous faisons par le bus ou le réseau de pistes cyclables par exemple. Cette démarche est déjà à

l’œuvre à l’échelle de la Région à travers une politique culturelle transfrontalière et européenne très active qui doit se doubler d’autres éléments de facilitation : développement des mobilités, apprentissage de la langue du voisin, habitudes du travail en commun.

© Ville de Reims

Comment s’inspirer du voisin luxembourgeois ? Le site de l’ancienne usine sidérurgique de Belval d’Esch-surAlzette – reconverti en lieu culturel, scientifique et patrimonial, avec des visites possibles des hauts fourneaux – peut-il faire figure d’exemple à suivre ? Le site de Belval est un exemple absolument époustouflant de reconversion réussie ! La CCPHVA, avec le soutien de l’État et de la Région, s’est engagée dans un processus comparable avec le programme classé Opération d’Intérêt National (OIN) pour reconfigurer le territoire en passant de l’industrie au numérique, de l’ère du fer à celle du savoir-faire. Cette transition vers un territoire innovant a permis la construction de logements, notamment étudiants, d’un hub de mobilités, d’une nouvelle école, tout cela sur le site de l’ancienne usine de Villerupt où se dresse déjà le complexe culturel de L’Arche.

Ce tiers-lieu est-il la première pierre à un nouvel édifice socio-économique de la région ? Oui, L’Arche est un projet ambitieux pour la culture, à la croisée de l’art, du numérique et de la formation. Il s’inscrit dans la tradition d’un territoire tourné vers le cinéma, avec le Festival du Film italien de Villerupt, et vers le transfrontalier. Et c’est aussi la pièce maîtresse d’un nouveau quartier qui émerge et s’intègre dans un programme plus vaste d’aménagement qui doit accompagner le développement d’un territoire en plein essor démographique. À travers le déploiement d’actions innovantes, il s’agit d’offrir de nouveaux services à une population appelée à doubler dans les quinze prochaines années (passant de 28 000 à plus de 40 000 habitants). À l’heure du vieillissement et de la baisse des taux de natalité, il nous faut tout faire pour attirer des populations et leur donner l’envie de s’enraciner durablement dans le nord lorrain. De par son histoire, la mixité est importante sur ce territoire. C’est un véritable atout culturel. Peut-on voir cette région comme un « laboratoire européen » ? C’est certain, le Grand Est a une vocation transfrontalière unique de par sa géographie et son histoire, il est au cœur de la construction de l’Europe. Génération après génération, des populations sont venues de tout le continent pour travailler dans les industries, notamment celles du charbon et de la sidérurgie. Elles y ont apporté leur culture, leur mémoire, leurs traditions. Ce multiculturalisme fait partie intégrante de l’identité régionale. C’est ce qui fait la richesse de notre territoire aujourd’hui. Cette idée de « laboratoire européen » a donc une signification toute particulière dans le cadre d’Esch2022. Les partenariats suscités entre artistes français et artistes luxembourgeois, entre amateurs et professionnels, entre administrations et élus, entre citoyens de l’Europe réunis par la Culture, ont vocation à se pérenniser pour insuffler de la fierté à ceux qui portent cette initiative. FrEsch Touch — ZUT — 23


Profiter d’un concert au fond d’une mine ou d’un spectacle de danse en apesanteur, manger dans le noir absolu ou s’émerveiller d’un Hamlet revisité à des centaines de pieds sous terre… Autant d’expériences mises en place dès cet été qui offriront au public une autre facette d’un territoire décidément plein de surprises. Explications avec Sylvain Mengel, coordinateur culturel de la CCPHVA, à l’origine des projets atypiques associés à Esch2022. Par Aurélie Vautrin

L’aventure, c’est l’aventure Quelle est la genèse de l’histoire ? L’envie de valoriser un territoire dévalorisé pendant pas mal de décennies. Quand j’ai commencé à travailler sur le dossier courant 2019, il y avait déjà de nombreux projets côté luxembourgeois, mais très peu côté français. Nous avons donc cherché de nouvelles idées, parfois étonnantes, car on sait que la culture est un magnifique levier pour mettre en avant un territoire et fédérer les gens.

À l’aplomb du vide (danse) les 24, 25 et 26 juin Quartier de Belval Escape game tous les week-ends d’août Mine d’Audun-le-Tiche Hania Rani (concert) le 22 octobre Mine d’Audun-le-Tiche Niklas Paschburg (concert) le 23 octobre Mine d’Audun-le-Tiche Restauration dans le noir en novembre Mine d’Audun-le-Tiche Hamlet, Variations (théâtre) en décembre Mine d’Audun-le-Tiche 24 — ZUT — FrEsch Touch

Et vous avez joué la carte de l’inattendu ! Par exemple, un spectacle de danse verticale sur le site des Hauts-Fourneaux… Effectivement ! L’idée vient de l’association Chor’À Corps, une école de danse basée à Audun-le-Tiche, à qui on a offert l’opportunité de réaliser un rêve un peu fou. La directrice Aurélie Gelmi est une grande admiratrice de Mourad Merzouki, spécialiste de la danse en apesanteur. Esch2022 offrait l’occasion de se lancer dans une aventure quasi impossible à mettre en place autrement. On a décidé d’y aller ! La pandémie les a empêchés de collaborer directement avec lui, mais ils ont travaillé avec un autre chorégraphe, Carl Portal, pour apprendre à se mouvoir en apesanteur. Et le spectacle, intitulé À l’aplomb du vide, prendra place au plancher de coulées aux Hauts Fourneaux à Belval, le quartier spécialement créé pour Esch2022.

Une autre partie de ces projets atypiques se déroule aux mines d’Audun-le-Tiche. Comment est venue l’idée de réexploiter ce site abandonné ? Par hasard, j’ai découvert dans mon bureau un vieux plan de 2,50 m de la plus vieille mine de fer de France, fermée depuis 1997. L’image était immense, il y avait des centaines de galeries, des dizaines et des dizaines de pièces… L’une d’elle, dans sa disposition, m’a fait penser à un lieu de projection. C’est là que l’idée m’est venue d’organiser des événements sous terre. En collaboration avec l’Association des Mines Terres Rouges (AMTR), qui a fait un formidable travail de réhabilitation, on a mis en place un double projet : un espace muséal développé par l’AMTR pour faire perdurer l’histoire du lieu et expliquer aux futures générations ce qu’était l’âge d’or de notre territoire. Et d’un autre côté, lui donner un nouveau souffle ! Et le faire découvrir à une partie de la population qui, sans cela, ne serait peut-être jamais descendue au fond de la mine. Que pourra-t-on faire, justement, au fond de cette mine ? Tous les week-ends d’août, nous allons mettre en place un grand escape game… La thématique reste encore secrète mais elle aura forcément un lien avec l’histoire du lieu. Pour ce projet, nous travaillons en collaboration avec Les Francs Limiers, une équipe lorraine de concepteurs de


jeux d’évasion. En octobre, il y aura deux concerts très particuliers : d’abord c’est une pianiste polonaise, Hania Rani, qui viendra jouer dans une ambiance très feutrée. Il sera question de s’amuser avec l’éclairage et l’acoustique pour créer une atmosphère, un univers, une véritable expérience sonore, musicale, humaine. Le lendemain, nous aurons la chance d’accueillir Niklas Paschburg, un artiste berlinois qui viendra fêter la sortie de son album. Là aussi, la musique va nous habiter dans une ambiance à 360° en étant à plus d’un kilomètre sous terre. C’est une vraie expérience des sens ! Exactement. D’ailleurs pour le mois suivant, on a prévu de la restauration dans le noir ! Le concept n’est pas nouveau, mais encore une fois, au fond de la mine, l’environnement est vraiment particulier. Le noir en bas, ça n’a rien à voir avec le fait d’éteindre la lumière chez nous. En deux pas, on est complètement perdu. Avec Esch2022 il y a une vraie histoire de partage, donc on aimerait aussi que les chefs s’impliquent, qu’ils proposent des concepts. Par exemple, l’un deux nous a déjà dit : « J’ai envie de cuisiner dans le noir ! »

À l’aplomb du vide © DR

Et pour le mois de décembre ? Ce sera du théâtre, avec la compagnie Pardes Rimonin, qui jouera sa création Hamlet, Variations. L’équipe sera transfrontalière et la pièce, une réécriture du mythe de Shakespeare, une version plus contemporaine qui s’appuiera sur le personnage de la sœur. Là encore, nous jouerons avec l’environnement et les spectateurs porteront des casques audio : des murmures rappelleront les fantômes de la pièce. Comment faire perdurer ce type d’événements après Esch2022 ? Nous allons déjà profiter de tous ces moments à venir. Mais continuer les concerts au fond de la mine, c’est effectivement très tentant. Sylvain Mengel © Nicolas Leblanc


Calendrier Esch2022 Retrouvez ci-dessous le calendrier des événements qui auront lieu sur le territoire de la Communauté de Communes du Pays Haut Val d’Alzette. Intégralité de la programmation sur www.esch2022.lu

mai 8 12

AU

15 13

juillet

SONOMATON “LE BANQUET DES UTOPISTES”

TOUT SPIEGLEIN, SPIEGLEIN LE MOIS “MIROIR, MIROIR”

THE ASSEMBLY

TOUT ON POURRAIT FAIRE LE MOIS LE TOUR DU MONDE

TOTEM “UN SENS COMMUN”

octobre TOUT SPIEGLEIN, SPIEGLEIN LE MOIS “MIROIR, MIROIR”

TOUT LE MOIS REMIX PLACE

8

1

&

LA MARCHE DES OUBLIÉ.E.S DE L’HISTOIRE

AU

LES ESTIVALES DE L’ALZETTE

APEROLITTÉRAIRE “RÊVES D’EUROPE”

7SÓIS LUSO MED ESCH ORKESTRA

AU

20

8

28

REMIX22 “EUROPEAN YOUTH MUSIC FESTIVAL”

18 &

19

juin TOUT SPIEGLEIN, SPIEGLEIN LE MOIS “MIROIR, MIROIR” TOUT ON POURRAIT FAIRE LE MOIS LE TOUR DU MONDE

2 4

ECCE HOMO CONCERT “AU-DELA DES FRONTIÈRES”

9

ECCE HOMO

10

LA JUNGLE

16

ECCE HOMO

17 &

18

LES VOIX DES TERRES ROUGES

18

MINETT ON TOUR

23

ECCE HOMO

23 &

25

H2O ONLY “NATURPARK ÖEWERSAUER”

24

EKINOX

24

10

&

8

14

TOUT SPIEGLEIN, SPIEGLEIN LE MOIS “MIROIR, MIROIR”

6

&

7

13 &

14 20 &

21

27 &

28

LA MINE D’UMBAU ESCAPE GAME

LA MINE D’UMBAU ESCAPE GAME

ECCE HOMO LE TOUR DU COOL

EDEN EUROPA

21

FRONTALIERS “DES VIES EN STÉRÉO”

22 &

MINE D’UMBAU CONCERT-PIANO ACOUSTIQUE HANIA RANI ET NIKLAS PASCHBURG

29

LE CINÉMA ITALIEN ET SES MUSIQUES - “45E ÉDITION DU FESTIVAL DU FILM ITALIEN DE VILLERUPT”

23

LA MINE D’UMBAU ESCAPE GAME

MEMORIES, IMAGES AND HISTORY ACROSS BORDERS

AU

16

TOUT LE MOIS REMIX PLACE

LA MINE D’UMBAU ESCAPE GAME

novembre TOUT SPIEGLEIN, SPIEGLEIN LE MOIS “MIROIR, MIROIR”

septembre TOUT SPIEGLEIN, SPIEGLEIN LE MOIS “MIROIR, MIROIR”

3

RDV STAMMDËSCH “C’ÉTAIT MIEUX DEMAIN”

13

AU

17

BELONG - BE, EMBRACE, LEARN, ORCHESTRATE, NAVIGATE, AND GIVE

24

EKINOX

5

LA MINE D’UMBAU RESTO DANS LE NOIR

12

LA MINE D’UMBAU RESTO DANS LE NOIR

19

LA MINE D’UMBAU RESTO DANS LE NOIR

26

LA MINE D’UMBAU RESTO DANS LE NOIR

décembre 9

Calendrier prévisionnel.

25

SONOMATON “LE BANQUET DES UTOPISTES”

www.esch2022.lu avant de vous déplacer.

@esch2022

6

août

À L’APLOMB DU VIDE “ENTRE TERRE ET CIEL”

26 — ZUT — FrEsch Touch

4 7

AU

26

2

&

10 22

AU

31

HAMLET REMIX RED VOLET SECRET

Toute la programmation sur

www.esch2022.lu


Carnet d’adresses RESTAURANTS

HÉBERGEMENTS

AUDUN-LE-TICHE Casa Vostra

AMNÉVILLE-LES-THERMES St-Eloy

THIONVILLE Best Western Plus

rue ZAC de l’Alzette 03 82 84 70 42

Rue des thermes 03 87 70 32 62

9 allée Raymond Poincaré 03 82 50 34 67

Royal Alzette

Golden Tulip

Mercure Centre Porte du Luxembourg

Rue du Casino La Cité des Loisirs 03 87 71 82 86

751 all. Lucien Schaefer 03 82 88 84 18

La Dogana

2 rue Georges Ditsch 03 82 51 84 22

KNUTANGE Remotel

Hôtel Diane

ZAC de l’Alzette, 03 54 30 76 59

Rue de la Source La Cité des Loisirs 03 87 70 16 33

AUMETZ Le Toqué

75 rue de la République 03 82 85 19 23

23 rue Maréchal Foch 03 82 50 00 10

BUDING Le domaine des drôles de dames (roulottes)

HAGONDANCE Quai des Saveurs (1 étoile Michelin)

8 rue du Moulin 06 95 41 69 50

69 rue de la Gare 03 87 71 24 98

OTTANGE La Table de Mario et Jean 35 rue Principale 03 82 82 97 21

TERVILLE Avec Amour

COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DU PAYS HAUT VAL D’ALZETTTE France

BELGIQUE

LUXEMBOURG

LUXEMBOURG

BELGIQUE

Arche

VERS

FRANCE

LONGWY (25 KM)

VERS

LONGWY (25 KM)

25 rue Carnot 03 82 23 24 73

L’Arche Esplanade Nino Rota 03 72 61 19 11

OTTANGE

8

Arche

A30

AUMETZ VILLERUPT

: : : :

Boulange Audun-Le-Tiche Crusnes Villerupt

D16

7

VERS

9

AUDIN-LE-TICHE THIONVILLE

D906

5 7 8 9

LUX (25

RUSSANGE

N52

A30 sortie sortie sortie sortie

VERS

AUDIN-LE-TICHE

THIL

DÉTAILS ACCÈS

A4

ESCH-SUR-ALZETTE

9

VILLERUPT Le Romantique

Ristorante Sempre Linda

A13

CCPHV

VILLERUPT RÉDANGE D16

N52

10 place Jeanne d’Arc 03 82 25 57 65

LUXEMBOURG (25 KM)

THIL

CCPHVA

23 place de la République 03 82 53 32 20

VERS

A4

RUSSANGE

PROSUD

THIONVILLE Les Sommeliers

A Grelha

A13

COMMUNAUTÉ DE COMMUNES ESCH-SUR-ALZETTE DU PAYS HAUT VAL RÉDANGE France D’ALZETTE

FRANCE

85 rue de Verdun 09 87 58 44 61

21 bis rue du Maréchal Foch, 03 82 89 35 10

2 impasse du Klaussberg 03 82 83 19 75

Luxembourg

Belgium PROSUD

MONTENACH Domaine de la Klauss (Hotel Spa)

(25 KM)

OTTANGE

8

6

BOULANGE

VERS

AMNÉVILLE (30 KM)

A30 A30

AUMETZ 5

VERS

METZ (45 KM)

7 FrEsch Touch — ZUT — 27


C A P I TA L E E U R O P É E N N E D E L A C U LT U R E DU 22 FÉVRIER AU 22 DÉCEMBRE

ESCH 2022 RAYONNE EN

© Région Grand Est - 1763 – Mars 2022

RÉGION GRAND EST !

BIENVENUE DANS LE PAYS HAUT VAL D’ALZETTE Toute la programmation sur

www.esch2022.lu Abonnez-vous à l’événement @esch2022


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