Un bar ouvert à toutes et tous ? Une tautologie... Si Clément Rose, le patron, affirme ne rien avoir inventé, on trouve réellement ici une clientèle mixte, amoureuse de la culture queer. Un lieu qui dépasse les normes pour laisser chacune et chacun être soi. Par Cécile Becker / Photos Pascal Bastien La Table—La rédaction aime
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Canapé Queer
20, rue des Couples Facebook et Instagram : Canapé-Queer Strasbourg
La liberté d’être soi sans se voir jugé·es ou « enfermé·es dans une case »... Le Canapé Queer est la preuve qu’il ne suffit pas de se décréter inclusif pour incarner ces idées et qu’il est parfois nécessaire de dédier un lieu à une communauté pour que ses membres s’y sentent bienvenu·es. « On s’est très vite posé la question du nom, explique Clément Rose. Et j’ai voulu assumer en affichant le mot queer. C’est important que les gays, lesbiennes, non-binaires, transgenres, etc. s’y retrouvent. L’idée, c’est de n’exclure personne, y compris les hétéros. Le résultat, c’est qu’on me remercie régulièrement d’avoir ouvert ce lieu : j’ai eu beaucoup de retours de client·es qui n’osaient pas sortir et qui là, ont la pleine sensation de pouvoir être eux ou ellesmêmes... » Parce qu’« il ne suffit pas de mettre des drapeaux pour être un bar queer », Clément Rose y a longuement réfléchi en évitant de « tomber dans les clichés » : son idée s’est incarnée dans la musique et la fête, universelles. D’autant que la culture queer est totalement imbriquée à la musique. Ainsi, sur les murs, on trouve de véritables pochettes de vinyles (le compagnon de Clément est un incorrigible collectionneur) et côté playlist, on brasse large en invitant la pop, la new wave, le disco, le rock... bref, la diversité jusque dans les oreilles. Sur place, on peut aussi
consulter des ouvrages explorant l’histoire des luttes des minorités et les moindres recoins de la queerness. Derrière le bar, Clément est très attentif aux produits qu’il sert : si toutes les bières artisanales ne sont pas du coin (Bendorf, Perle, etc.), on trouve la R for diversity brassée à Nice dont les bénéfices sont reversées à des associations LGBTQIA+ ou la new yorkaise Stonewall Inn (bar où ont eu lieu les émeutes de 1969 pour les droits des homosexuel·les), et bien sûr du champagne. Après ce mois des visibilités où chaque jour Clément a décliné des événements thématiques, il aimerait continuer sur cette lancée en créant des rendez-vous, notamment la soirée paillettes et faire en sorte que son bar devienne une scène ouverte où anonymes et artistes puissent oser se saisir du micro. Les gros + ? Une superbe carte de cocktails où (presque) chaque boisson est disponible en trois versions : mocktail (sans alcool), classique et alcool supérieur pour ne pas « priver celles et ceux qui n’ont pas les moyens ». Des bretzels fraîches chaque jour. Et les bocaux préparés par la Cuisine de demain disponibles à toute heure de la soirée.