La Sentinelle Septembre-Octobre 2020

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Septembre - Octobre 2020 - n° 05

Avant-Propos Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Bruxelles X - P109013

Madame la Ministre le syndicat militaire


Avant-propos

Madame la Ministre AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Madame Ludivine Dedonder a prêté serment le 1er octobre devant le Roi Philippe, en tant que nouvelle ministre de la Défense : la cinquième à ce poste en moins de deux ans mais aussi la première femme, depuis 1831. Comme syndicat militaire, nous souhaitons donner quelques conseils à ‘notre’ nouvelle patronne. Appelons d'abord un chat un chat, Madame la Ministre : votre sort sera peu enviable. Ne vous méprenez pas : vous travaillerez avec des gens fantastiques et vous en tirerez beaucoup de satisfaction. Mais vous allez trouver une organisation qui est totalement érodée et qui traverse la pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale. Vous serez confrontée à un personnel en forte diminution, à une armée qui peine à remplir ses missions opérationnelles, à des casernes délabrées et à des moyens de fonctionnement très insuffisants. En plus, vous devrez payer les factures de tous ces achats de matériel, avec peu d’argent à votre disposition. Merci au gouvernement précédent qui de façon bien peu ‘galante’ est parti en vous laissant l’addition. Nous sommes sincèrement désolés pour vous, Madame la Ministre. Vous devrez résoudre la quadrature du cercle et ne pourrez compter que sur peu de soutien de vos collègues. Ne comptez pas non plus sur beaucoup de compréhension de la part de la population. Pour elle, les questions internationales et les missions militaires étrangères se passent très loin de son jardin. Les menaces sont peu ou pas tangibles. C'est pourquoi il est difficile d'expliquer aux Belges qu'une armée est nécessaire et qu'elle coûte de l'argent. Et se plaindre constamment des opérations sur le territoire national, comme le font les ‘huiles’ de l'armée, ne contribue pas à accroître le soutien du citoyen. C'est pourquoi nous aimerions vous faire quelques suggestions, pour sortir la Défense de son gouffre. Avant tout - et avant que l'armée ne soit complètement épuisée - il faut rétablir la confiance du personnel. C’est une histoire de beurre dans les épinards. En d'autres termes : si l'on veut procéder à une "recapitalisation du personnel", comme le stipule l'accord de coalition, le personnel militaire mérite des conditions de travail décentes et

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sérieuses, à commencer par la rémunération. De cette manière, nous pouvons empêcher le départ volontaire d'un nombre plus important de militaires vers le secteur civil, ainsi que l'érosion du recrutement et de l'armée. Tout ce qui réduit nos capacités militaires. Ce qui nous amène à la deuxième suggestion. Au cours des dernières décennies, les ministres de la Défense se sont fixé pour objectif de rendre l'armée encore plus petite, mais aussi meilleure que sous leurs prédécesseurs. Entre-temps, la Défense est devenue la championne du ‘faire plus avec moins’. C'est pourquoi nous vous demandons de mettre fin à ce déséquilibre entre les ambitions et les effectifs et moyens disponibles. Les ministres veulent jouer avec l'armée dans la Ligue des Champions, mais elle n'a de moyens que pour la classe Amateurs. Nous aimerions donc vous demander de dire les choses telles qu’elles le sont. Pourrait-on enfin en finir avec le jargon jubilatoire, tous ces messages d’auto-félicitations sur la façon dont les choses se passent dans l'armée ? Vos militaires dans les unités n'y croient plus depuis longtemps. C'est même contre-productif parce que chaque jour, ils sont confrontés à une réalité différente, beaucoup plus sordide. Nous espérons également que vous ferez preuve d'un réalisme suffisant en ce qui concerne les demandes de participation aux missions étrangères. Nous vous conseillons de ne pas prendre l'armée pour un instrument de politique étrangère qu’on engage ‘pour faire une bonne action’. N’utilisez donc pas le Ministère de la Défense comme ‘parapluie politique’. Personne n'en sortirait grandi. Enfin, ce bon ‘tuyau’ : la plus grande force à l'œuvre au sein de l'État-major de la Défense est l'inertie. Soyezen consciente ! 


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Septembre - Octobre 2020 - n° 05 Photo : Vincent Bordignon

Colophon

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Madame la Ministre

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.

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Une noble cause ? Ou juste de l’hypocrisie ?

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Pauvres militaires !

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Fier de ses couleurs

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01

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Photo couverture : Malek Azoug

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Plus de flexibilité : oui, mais... !

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Dispenses de service - Modifications

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HRM et vous

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Plein la vue pour pas un rond ?

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Gardien du ciel, et plus si affinités…

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Un SAS au Secrétariat permanent ! CMYK / .ai

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Opinioin

Une noble cause ? Ou juste de l’hypocrisie ? Le nouveau gouvernement souhaiterait poursuivre l’intégration européenne en matière de défense. Cela deviendrait même l'un des principaux volets de la section de politique étrangère et de défense de l'accord de coalition, l'accent étant mis sur l'UE pour l'armée belge. Mais qu'est-ce que cela pourrait signifier concrètement ? Et le gouvernement va-t-il vraiment donner l'exemple et mener le mouvement au niveau européen ? Ou s’agit-il plutôt en grande partie de paroles en l'air et des slogans creux ? Renforcer la coopération militaire en Europe est une évidence. L'instabilité au Moyen-Orient et en Afrique a un impact majeur sur la sécurité en Europe par le biais des migrations, de la criminalité transnationale et du terrorisme. Une bonne coopération est donc toute indiquée. En outre, de nouvelles menaces, telles que le terrorisme et les cyberattaques, nécessitent également une intégration européenne plus poussée. Enfin, le sentiment anti-Trump en Europe joue certainement aussi un rôle. Il est donc compréhensible que les partis politiques de notre pays veuillent faire à nouveau de l'étroite coopération européenne un fer de lance de la politique de défense belge. Encore une fois, parce que c'était aussi une ligne directrice des gouvernements Verhofstadt. La consolidation et la poursuite de l'intégration de la défense européenne sont littéralement mentionnés dans l’accord de la nouvelle coalition. Les missions de l'armée belge devraient de préférence également s'inscrire dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). C'est un objectif noble,

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mais qui a des conséquences importantes. Pour la forme En effet, si l'UE veut réellement devenir efficace dans le domaine de la défense, et ainsi être en mesure de mettre en œuvre sa PESC de manière autonome par des moyens militaires, il lui faudrait investir environ 300 milliards d'euros. C'est le montant minimum nécessaire pour que l'Europe puisse mener une opération militaire plutôt ‘au goût du jour’, comme celle qui se déroula en Libye en 2011, de manière autonome - c'est-à-dire sans les États-Unis. Il lui faudrait en particulier acquérir un grand nombre de systèmes stratégiques tels que le transport aérien, le ravitaillement en vol, la défense aérienne et la défense antimissiles, des installations de communication et des ressources de surveillance et de renseignements stratégiques. La répartition de ces 300 milliards selon la même clé que les contributions annuelles des États membres à l'UE représenterait une dépense de défense supplémentaire de 12,5 milliards pour notre

pays. Alors, si l'Europe veut une véritable politique européenne de défense, les prochains gouvernements belges seraient-ils prêts à débloquer ces 12,5 milliards pour que l'intégration européenne de la défense puisse avoir une réelle traction ? Ou bien se contenteraient-ils, comme par le passé, d'une coopération européenne en matière de défense pour la forme : beaucoup de paroles creuses, mais peu d'actions concrètes ? Dépenser plus efficacement L'Europe pourrait faire mieux, même sans investissements majeurs supplémentaires dans le domaine de la défense. Mais cela a aussi des conséquences. Les alliés européens ne dépensent pas ensemble pour la défense. Les équipements sont encore largement achetés séparément, ce qui 


 non seulement fait double emploi avec les capacités existantes, mais ne favorise pas non plus l'interopérabilité. Les pays de l'UE disposent de plus de 20 types de véhicules blindés différents, contre 5 dans les forces armées américaines. Les pays européens possèdent 29 types différents de frégates et de destroyers, l'Amérique 4. Le même phénomène s'applique aux avions de chasse : 20 types différents contre 6. Il existe 23 versions différentes de l'hélicoptère militaire NH90 - un projet visant à développer un hélicoptère européen commun. Chaque version nécessite des pièces différentes, du personnel spécialisé doit être déployé et la formation doit être organisée différemment. La duplication, les intérêts militaro-industriels distincts et le manque d'interopérabilité font que le tout est bien inférieur à la somme de ses parties. Par conséquent, les pays européens ne réalisent ni la concentration de pouvoir ni les économies d'échelle réalisées par les États-Unis. Et les capacités de défense sont avant tout une question d'échelle et de concentration. La question se répète : notre gouvernement voudrait-il prendre l'initiative aussi dans ce domaine ? Se débarrasserait-il des systèmes d'armes existants ou des nouveaux systèmes d'armes encore en commande et les remplacerait-il par d'autres afin de parvenir à une plus grande uniformité européenne ? Ou nous contenterons-nous de poursuivre la coopération avec un seul autre pays européen, comme nous le faisons pour les navires et les véhicules blindés. Est-ce alors aux autres de s'aligner sur nous ? Il existe également une troisième option : nous pouvons attendre

encore 30 ans, jusqu'à ce que les nouveaux systèmes d'armes aient atteint la fin de leur durée de vie, et choisir ensuite l'équipement qui est le plus utilisé en Europe à ce moment-là. En d'autres termes, dans quelle mesure notre pays veut-il être crédible avec le noble objectif d'une plus grande efficacité de la défense européenne ? Lorsque les jeux sont faits... Il existe également un autre domaine dans lequel la Belgique peut prendre la tête de l'intégration européenne en matière de défense. Notamment par le renforcement des nouveaux instruments que l'UE a remplacés ces dernières années dans le cadre de sa stratégie intégrée pour la politique étrangère et de sécurité (stratégie globale de l'Union européenne), à savoir la coopération structurelle permanente (PESCO), le Fonds européen de Défense (FED) et le programme de mobilité militaire. Le PESCO, qui vise à renforcer la coopération européenne en matière de défense par des projets communs dans les domaines de l'acquisition d'équipements, de la formation, de l'éducation, etc. n'a pas encore produit de résultats concrets. Beaucoup de bêlements, mais peu de laine, donc. Le FED destiné à promouvoir la recherche et la coopération industrielle en matière de défense contiendrait

initialement 13 milliards d'euros (pour la période 2021-2027). Suite au sommet européen du 21 juillet 2020, ce chiffre a été réduit à environ 7 milliards d'euros (-46%). Le budget initial de 5,76 milliards d'euros pour la mobilité militaire a été réduit de 74 % à 1,5 milliard le 21 juillet par les chefs d'État et de gouvernement européens. La mobilité militaire devrait permettre aux alliés d'atteindre plus rapidement les frontières orientales de l'Europe en cas de menace russe. Lors d'une négociation nocturne près de la place Schuman, il a donc été soudainement décidé qu’après tout, cette menace ne devait pas être prise autant au sérieux... L'Europe est donc pleine de coopération en matière de défense, mais au moment d’ajouter le beurre aux épinards, elle est aux abonnés absents. Les budgets pluriannuels européens liés à la défense ont été torpillés sans scrupules. Et notre pays a participé avec enthousiasme à cette opération. Quelques mois après les décisions du 21 juillet, la Belgique s'emploierait donc à nouveau à « renforcer la coopération européenne en matière de défense » ? Où est donc notre crédibilité ? Ou ces déclarations dans un accord de coalition sont-elles juste pour rire ? Une telle déclaration ne relève-t-elle pas plus de l’hypocrisie que d'une noble cause ? 

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Statut

Pauvres militaires ! Statbel, l’organisme chargé d’établir les statistiques dans notre pays, vient de publier son rapport annuel concernant le salaire moyen des Belges(1). On y découvre combien gagnaient les travailleurs en octobre 2018. En tant que militaire, ce document est une véritable injure… Pas étonnant que la Défense peine à recruter et que beaucoup de collègues abandonnent la profession ! Le rapport de Statbel sur les salaires publié le 8 septembre a connu une large couverture médiatique, surtout parce qu’il a été présenté dans le cadre de la crise Covid. Son titre est sans équivoque : « Les salaires des Belges et, en particulier, des professions essentielles en temps de Covid-19 ». Il ne fait aucun doute que les militaires sont essentiels en temps de Covid-19, les contributions de la Défense pendant la crise en témoignent. C’est donc avec un grand intérêt que nous avons cherché les chiffres qui nous concernent… en vain ! Qu’on oublie ou néglige les militaires est courant. C’est extrêmement désagréable, mais en même temps on a l’habitude, pas de quoi en perdre le sommeil. L’enquête concerne les salaires des employés d’entreprises occupant au moins dix personnes, auxquels Statbel a ajouté quelques secteurs mis en exergue lors de la crise du Coronavirus, comme celui des soins de santé. L’organisme du gouvernement fait la comparaison par rapport au salaire brut moyen dans le secteur privé. Le constat à la lecture de ce document est affligeant pour les militaires.

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« Les gardes d’enfants constituent la profession la moins bien payée en Belgique »

ACMP-CGPM a pris l’initiative de compléter le tableau de Statbel. Vous êtes bien assis ?

Effectivement, quand on regarde le tableau des professions les plus mal payées en Belgique, on constate qu’il ne fait pas bon être gardien(ne) d’enfants. Ce travail rapporte encore moins que celui d’agent d’entretien (tiens, un nouvel euphémisme pour désigner les ‘techniciens de surface’ ?). Selon Statbel, les éboueurs font un peu mieux et le personnel de sécurité, défini par Stabel comme « responsable notamment de l'accès aux magasins », se situe 16% sous la moyenne nationale.

En octobre 2018 un premier soldat en milieu de carrière gagnait 2.126€ brut par mois.

« En 2018, un travailleur à temps plein dans le secteur privé gagnait en moyenne 3.627 euros brut par mois » Certains de nos lecteurs ont dû bondir à la lecture de ces lignes. En effet, nombreux sont les militaires qui gagnent (beaucoup) moins que les gardes d’enfants, la « profession la moins bien payée en Belgique » d’après le rapport de Statbel. Le syndicat militaire

Beaucoup moins donc qu’un(e) garde d’enfants. Cela dit, il faut nuancer car la Défense recrute désormais tous ses soldats volontaires dans le cadre précaire du BDL (Beperkte Duur – Durée Limitée). L’emploi est limité à 8 ans (prolongeable à 12 ans sous conditions), la moyenne est donc de 4 ans d’ancienneté, ce qui donne seulement 2.055€. Il existe bien quelques places ouvertes pour passer ‘de carrière’, mais les heureux élus sont peu nombreux. L’ancienneté moyenne d’un(e) garde d’enfants ne doit pas non plus être très élevée. Nous n’avons pas trouvé de données précises à ce sujet mais même si on compare ce salaire moyen ‘le plus mal payé de Belgique’ avec celui d’un caporal ‘ancien système’ qui a 14 ans d’ancienneté barémique, le militaire est toujours perdant. Après, si on compare les spécialités des militaires, par exemple un soldat électricien, chauffeur ou pompier(2), avec les homologues civils, la différence est souvent indécente ! 

https://statbel.fgov.be/fr/themes/emploi-formation/salaires-et-cout-de-la-main-doeuvre/salaires-mensuels-bruts-moyens (2) https://loonwijzer.be/loon/salarischeck?job-id=5411010000000#/


 Bien sûr le soldat peut compléter sa maigre pitance par l’une ou l’autre prime, destinée certainement à l’encourager à se promener dans nos grandes villes (mission OVG), à voyager en Afrique (opération au Mali), être logé gratuitement dans un beau pays européen (Baltic Air Policing), voire à faire une croisière en mer à bord d’un de nos luxueux navires (sic). Mais après tout, les civils ont eux aussi droit à des primes, pécules et treizième mois. Et ils ne doivent pas exercer leur métier loin de chez eux et au péril de leur vie… On a beau dire que devenir militaire est une vocation, un choix, une passion… et c’est probablement vrai. N’empêche qu’en fin de compte, il faut bien vivre. L’électricité, le loyer et la langue de bœuf sauce madère coûtent aussi cher pour les militaires que pour les autres Belges.

Bref, plus que jamais le syndicat militaire ACMP-CGPM exige une revalorisation salariale décente et rapide !

en fin de carrière n’atteint même pas le salaire moyen d’un chauffeur de camion ! Stimuler la relance

Est-il déraisonnable qu’un soldat gagne autant qu’un agent de sécurité ? Comment garder un premier-sergent technicien avion pour entretenir nos Airbus A400M avec un salaire de 2.663€ brut alors que Statbel annonce : « Les pilotes et techniciens des moyens de transport aérien reçoivent 4.687 euros brut par mois » ? Comment expliquer à un jeune intéressé par une formation d’officier que même avec le master en poche on ne pourra pas lui offrir le salaire moyen d’un conducteur de trains (3.246€) ? Et ne croyez pas que ça s’arrange vite avec les années : un premier caporal-chef

Chers ministres, si vous ne le faites pas pour nous, faites-le au moins parce que vous n’avez plus le choix. Les effectifs de la Défense s’écroulent, nous sommes déjà largement passés sous les 25.000 militaires actifs équivalents temps plein. Bientôt vous devrez justifier pourquoi vous avez dépensé l’argent des contribuables à tant de nouveaux systèmes d’armes tout en sachant très bien qu’il n’y aurait plus personne pour s’en servir. Tous ces milliards en faveur de l’industrie de l’armement, mais des miettes pour le personnel de la Défense ? Des marchés juteux alors que la population subit de plein fouet la crise du Covid-19 ? De moins en moins de militaires alors qu’en engageant massivement, la Défense pourrait stimuler la relance ? Comme leurs compatriotes, nos collègues en ont marre de vos magouilles et de votre manque de respect. La colère gronde dans les rangs, la patience des militaires a des limites dont vous avez déjà trop abusé. 

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Opinion

Fier de ses couleurs Pour attirer de nouveaux militaires, les autorités planchent sur des mesures financières pour rendre le métier plus attrayant. Mais après les avoirs engagés, il faudra aussi pouvoir retenir ces nouveaux collègues, et aussi éviter que les anciens s’en aillent. La Défense devra changer de façon radicale. Ce ‘New Way of Working’ passe aussi par un nouveau ‘look’, une nouvelle attitude. La Défense belge est dans un état de délabrement physique et moral dramatique. Pourtant, pour la première fois depuis la Guerre froide, notre pays va investir massivement dans le matériel et le personnel de ses Forces armées. Mais comment faire pour redorer le blason de nos unités, tant dans la population que chez nos militaires ? De récentes études montrent que le Belge place l’armée largement en tête face à d’autres institutions telles que la Justice, le gouvernement ou les partis politiques. La confiance de nos concitoyens augmente alors même que les capacités opérationnelles s’effondrent. Chaque militaire sait qu’en cas de conflit, les capacités tactiques de notre pays ne pèseraient pas bien lourd. Aujourd’hui, le Belge qui doute le plus de son armée, c’est probablement le militaire lui-même. Mal armés, mal préparés, mal dirigés, … les soldats belges ont en outre l’impression de ne pas être respectés.

des ‘anciens’. Outre la dégradation physique des armes et unités, ils ont vu le caractère militaire de la Défense lentement s’effriter. Depuis les années ’90, le commandement s’est peu à peu transformé en ‘direction’. On s’est mis à parler de ‘Total Quality Management’, les soldats sont devenus des ‘collaborateurs’, les unités sont appelées ‘modules’. Sur les exposés ‘Powerpoint’, les armes sont des ‘assets’. On ne va plus au combat, on ‘gère des processus’… L’organigramme de la Défense ressemble à celui d’une entreprise comme les autres ; le militaire, à

un simple employé. Petit à petit, l’esprit de corps et la fibre militaire s’évaporent. Le grand chic pour certains chefs de Corps, c’est de s’appeler ‘directeur’ et de venir travailler en civil. On organise des parades ‘administratives’, les décorations se remettent dans le réfectoire et le salut au drapeau n’est qu’un lointain souvenir… Sur l’intranet militaire, on parle de moins en moins de ‘la Défense’ ou de ‘l’Armée’. Dans le nouveau vocabulaire on dit désormais ‘notre organisation’, comme si on avait honte d’afficher nos couleurs. 

Parade ‘administrative’ La mauvaise ambiance qui règne actuellement parmi les rangs est souvent alimentée par l’amertume

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La Défense bénéficie d’une bonne image externe. Aujourd’hui, le Belge qui doute le plus de son armée, c’est probablement le militaire lui-même.


La FAé le sait depuis longtemps : le panache et les couleurs vont de pair avec la fierté de servir et celle de la population.

doit être de développer la cohésion et l’esprit de corps au sein d’un cadre fait d’une hiérarchie appropriée de loyautés : la Belgique, la Défense, l’unité. La confiance dans l’ensemble de la structure de commandement est essentielle pour renforcer l’efficacité opérationnelle. Et le rôle du commandement local doit être de renforcer la confiance – non seulement au sein de l’unité, mais également dans toute la structure de commandement de la Défense. ‘New Way of Working’

 Dans son Programme général 2019-2023, le syndicat militaire ACMP-CGPM soulève le problème et formule des recommandations claires : D-23 : Cérémonie et étiquette sont les manifestations les plus visibles de la culture militaire. Prenez-en soin. Les insignes d’honneur et les médailles reconnaissent le courage ou le mérite ; ils doivent être présentés publiquement et les récipiendaires doivent être reconnus. Les cérémonies telles que les remises de commandement, les dîners de départ à la retraite, l’octroi du titre de Ville marraine, les commémorations de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, … sont destinées à marquer des moments importants dans la carrière d’un individu ou dans l’histoire d’une unité. Ils sont également destinés à rappeler aux militaires la fière tradition d’être au service de notre pays et les prestations du passé. […] Les cérémonies doivent être en équilibre avec les activités de service normales, impliquer autant que possible les familles et être élaborées de telle manière que cela renforce les valeurs fondamentales militaires.

D-24 : La cohésion et l’esprit de corps sont essentiels à l’efficacité opérationnelle. Faites des efforts pour les renforcer. Au sein de la Défense, les unités constituent les blocs de construction de base du développement de la cohésion et de l’esprit de corps. Les deux sont des facteurs importants qui contribuent à un bon moral. […] L’unité n’existe pas pour ellemême et peut devenir dysfonctionnelle si la loyauté de l’unité ou du groupe conduit à une confusion des loyautés, fait obstacle à l’intégration de nouveaux membres du personnel ou offre un motif pour dissimuler un comportement illégal ou contraire à l’éthique. L’objectif

Les armées modernes ne se cachent plus. Elles méritent le respect et font partie de la société qu’elles protègent. Du champ de bataille au supermarché, on reconnaît leurs soldats.

Quand un organisme est victime d’une image désuète ou négative, souvent il change de ‘look’ pour marquer sa volonté de s’améliorer, d’abandonner les pratiques du passé. La Défense aussi doit accompagner son ‘New Way of Working’ d’un changement bien visible et marquant. Les nouveaux systèmes d’armes, l’infrastructure moderne, l’équipement individuel enfin dignes du 21e siècle sont autant d’atouts qui doivent rendre le personnel à nouveau fier d’être militaire, fier de servir. Alors, au lieu de se cacher derrière les couleurs les plus ternes, la livrée la plus banale, affichons au contraire nos couleurs, notre panache et nos compétences. Un camouflage spécifique pour les uniformes et les véhicules, des insignes et logos à la symbolique forte, des marques d’identification sans équivoque sont l’expression de la fierté du soldat. Finie l’époque où les militaires sortaient en cachette de leur caserne, sous l’interdiction de porter l’uniforme. Il est temps de quitter la grisaille du passé et de porter à nouveau fièrement nos couleurs ! 

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Statut

Plus de flexibilité : oui, mais... ! Le 4 septembre, l’autorité et les syndicats ont négocié un certain nombre d'amendements aux textes législatifs visant à rendre plus flexible la formation continue des sous-officiers et des officiers. Ces mesures ont un impact substantiel sur les cours de formation des sous-officiers d‘élite (B1), ceux des sous-officiers supérieurs (BM), de la formation d’état-major de base (1er cycle) et de la formation des candidats officiers supérieurs (2e cycle). En outre, elles peuvent avoir des conséquences sur la carrière. L’objectif est qu'à l'avenir, les sous-officiers et les officiers euxmêmes aient plus de liberté de choix lorsqu'ils suivent un cours de perfectionnement. Cela devrait permettre de mieux adapter la vie familiale à la carrière et de garantir, par exemple, qu'une restriction familiale temporaire ou une circonstance privée ne soit pas un obstacle à des promotions ultérieures. Pour les sous-officiers, la possibilité est créée de suivre le cours B1 à un stade ultérieur : en particulier après la nomination comme 1er sergent-chef. Cela signifie qu'un 1er sergent-chef pourra toujours devenir sous-officier d’élite, à condition qu'il puisse encore servir pendant au moins 7 ans. Ce changement a également une autre conséquence :

alors que jusqu'à présent un 1er sergent ne pouvait être nommé 1er sergent-chef qu'après un échec au B1 ou après une renonciation définitive à cette formation, à l'avenir il pourra également être promu à ce grade sur la seule base de son ancienneté en tant que 1er sergent (8 ans). Au lieu d'être appelés par la DG RH pour une formation continue, les sous-officiers et les officiers devraient à l'avenir s'inscrire respectivement aux cours B1 et BM, et aux 1er et 2e cycles. Ce changement cadre dans l'idée d'une meilleure autogestion de la carrière, y compris le choix du moment de la formation qui convient le mieux à la personne concernée. Pour les officiers, la fenêtre temporelle dans laquelle la formation d’état-major

Photo : Braekevelt Jürgen

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de base (1er cycle) et la formation pour candidat officier supérieur (2e cycle) peuvent être suivies est également élargie. Pour ce dernier cours, une flexibilité supplémentaire est prévue en ce qui concerne les modules à suivre : par exemple, le candidat peut demander à participer à un module correspondant à une autre partie des forces armées. En outre, il n'est plus nécessaire de suivre tout le 2e cycle pour être dans les conditions de promotion au grade de major. En particulier, la possibilité est créée de ne pas avoir à suivre la partie spécifique du cours, qui consiste en un module "opérations spécifiques à la composante". Dans ce dernier cas, cependant, il y aura des restrictions sur la future affectation de la personne et sur la suite de la formation supérieure (3e cycle). En outre, les tests professionnels pour la promotion au grade de major seront supprimés. Ils seront remplacés par une évaluation potentielle basée sur les compétences identifiées au cours du 2e cycle. Cette mesure vise à mettre davantage l'accent sur la formation elle-même, au lieu de se concentrer trop lourdement sur la préparation de l'examen de major. 


Photo : Daniel Orban

 Notre point de vue D’un point de vue général, il s'agit de mesures positives qui augmentent la participation du cadre tout au long de sa carrière et la flexibilité de la carrière. Cela peut conduire à une meilleure adéquation entre les besoins et les attentes des individus et des familles et la vie professionnelle. Toutefois, le syndicat militaire ACMP-CGPM émet des réserves fondamentales sur ces changements. Après tout, cette flexibilité supplémentaire présente également un certain nombre d’inconvénients sérieux : - Sous-officiers et officiers doivent s'inscrire eux-mêmes aux cours de formation continuée, mais c'est la DG HR qui accepte l'inscription et détermine donc, en dernier ressort, si la personne concernée peut effectivement commencer la formation au moment où elle le souhaite. Cela peut signifier que la personne concernée ne pourra pas assister au cours au moment qui lui convient le mieux.

- Le choix du moment de la formation peut se retourner contre quelqu'un. L’intéressé pourrait s’entendre dire, par exemple, qu'il "n'a pas encore les compétences requises" (pour cause de formation non encore suivie) et pourrait donc être exclu des postes intéressants. Il pourrait aussi entendre que suivre la formation n'est pas accepté car "ce n'est plus rentable compte tenu de l'âge". - L'évaluation au cours du 2e cycle sera à l'avenir basée sur une évaluation potentielle. Avec cette approche, la Défense ne fait rien d'autre que de s'attirer des ennuis. Elle reproduit le fiasco de l'évaluation professionnelle. Apparemment, l'état-major de la Défense ne comprend toujours pas l'intention ni l'approche appropriée d'une évaluation de potentiel. Les stagiaires ne seront plus évalués de manière objective, impartiale et sans jugement de valeur, mais ils seront soumis à une méthodologie d'évaluation caduque, incompétente et maladroite. Du pur amateurisme qui,

en d'autres termes, ne tardera pas à provoquer des conflits. - Deux catégories d'officiers supérieurs seront créées : les ‘pleins’ et les ‘demi’. Alors que la première catégorie peut être envisagée pour tous les emplois, la seconde ne peut être affectée que dans les postes d’état-major. Au lieu d'une plus grande flexibilité, cela entraînera une moins grande souplesse, tant pour l'organisation que pour l'individu. La meilleure description d'une telle mesure est la suivante : se tirer une balle dans le pied. En raison des lacunes susmentionnées, le syndicat militaire ACMP-CGPM ne peut pas accepter les ajustements proposés pour le 2e cycle. Les autres changements sont toutefois acceptables pour nous, dans la mesure où des garanties suffisantes sont intégrées dans les règlements pour que cette flexibilité supplémentaire concernant le calendrier des cours n'ait pas d'impact négatif sur les possibilités de carrière des personnes concernées. 

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Statut

Dispenses de service Modifications Les dispositions relatives aux dispenses de service sont partiellement étendues. Cela nécessite quelques modifications au règlement TRAVARB. Le 4 septembre, ces dernières ont été concertées avec les syndicats. La première nouveauté concerne l'introduction d'une Dispense de Service pour lors de Prestations Volontaires d’Encadrement (DS PVE). Il s’agit de l'introduction de trois jours d'exemption de service par mois pendant l'exécution d'une PVE. Cette(ces) DS doi(ven)t être prise(s) dans le même mois calendrier civil, mais peu(ven)t être fractionnée(s) en par demi-journée(s) si souhaité. L'objectif de cette mesure est double : accroître l'attrait pour la PVE et rendre ‘réalisable’ le travail des militaires plus âgés qui effectuent une PVE. En particulier, en réduisant la charge de travail au moyen de dispenses de service supplémentaires. En outre, la possibilité est également créée de convertir le congé de vacances et la ‘dispense de service pour officiers’ en un maximum de trois jours de ‘dispense de service flexible’ (DS Flex), au cas où le crédit de congé annuel n'aurait pas été entièrement utilisé. Notre position Cette dernière proposition concernant la conversion en DS Flex est tout à fait évidente et logique et a donc reçu un avis positif du syndicat militaire ACMP-CGPM. Cependant, nous continuons à nous poser de sérieuses questions sur la manière dont la PVE est ‘détournée’ et ‘arrangée’. Pour rappel, l'objectif légal initial de la PVE était de pouvoir répondre à des besoins d'encadrement limités et spécifiques dans des spécia-

Photo : Pixabay

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lités bien particulières qui ne pouvaient être satisfaits par une mise en place normale. Pour cette raison, les militaires nouvellement retraités étaient invités à rester en service sous le statut de réserviste (le statut PVE) pendant une période limitée. Entre-temps, cette finalité a été complètement abandonnée parce que la Défense n'a pas suffisamment anticipé les départs massifs à la retraite. Alors qu'à l'époque, la PVE a été créée pour répondre au ‘comptegouttes’ à des besoins en personnel spécifiques, modestes et temporaires, elle fonctionne aujourd'hui comme un collecteur massif pour tenter de remédier (en vain !) à d'importantes pénuries en personnel. Le statut de la PVE n'a cependant jamais été conçu à cette fin, ce qui a pour conséquence que l'état-major de la Défense doit constamment le bricoler : des compléments et annexes sont constamment ajoutés à la monstruosité de ce qu’est entre-temps devenue la PVE. La solution qui est beaucoup plus efficace, robuste et élégante – et de surcroît meilleure pour le personnel – est évidente : la prolongation volontaire de la carrière militaire (PVCM). Une possibilité pour laquelle nous nous battons depuis longtemps, d'autant plus qu'elle préserve le statut des militaires du cadre actif – et donc toutes les garanties et avantages qui y sont associés ! Bien que le projet PVCM soit sur la table depuis plus de deux ans, l'état-major de la Défense n'a jusqu'à présent montré que peu d'enthousiasme pour le réaliser. Au contraire, il a freiné plutôt que de faire avancer le dossier. Apparemment, l'état-major de la Défense préfère aller droit dans le mur, tête la première. Ainsi soit-il... Le syndicat militaire ACMP-CGPM exige des garanties fortes que ces 3 jours de DS (qui seront prévus pendant une PVE) seront maintenus lorsque les militaires pourront demander, à l’avenir, une PVCM sous le statut de militaire du cadre actif. 


Info

HRM et vous La ‘Wave 3’ du programme HRM arrive. Désormais, le militaire encodera ses prestations lui-même. Les CSM et commandants de compagnie se chargeront du suivi et du contrôle. Les premiers échos sont cependant désastreux. Il y a trois ans, l’article « Sourcing : détourner les budgets militaires vers le privé » dévoilait les dessous du HRM. Ce coûteux projet patinait malgré de gros retards et l’injection de millions d’euros supplémentaires dans la firme CapGemini. Celle-ci devait configurer le logiciel ‘clé sur porte’ PeopleSoft, un outil décrié par nos voisins néerlandais et dont le SPF ‘Personnel et Organisation’ reconnaissait que, depuis cinq ans, il ne pouvait rien en faire de bon ! Selon nos informations, HRM@Defence a fait l’objet d’un audit interne en 2017. Le rapport conservé lui aussi en interne n’a visiblement rien changé. Notre article se terminait par une mise en garde : « Sur le plan déontologique, le sourcing ne fait qu'encourager la corruption et les influences politiques. » ‘Geeks’ Retour vers le futur. La ‘Wave 3’ du HRM (attendue depuis 2016) doit arriver ‘avant la fin de l’année’. L’ancien système HRIS, ‘périmé’ en 2010 mais qui tourne toujours, pourra enfin être désactivé, si tout va bien. Mais tout ne va pas bien ! Un de nos délégués, CSM dans une unité, a suivi le cours HRM. Son témoignage interpelle : « Les ASE vont fermer. Chacun remplira lui-même ses prestations, ses ordres de marche, etc. Les CSM et les commandants de compagnie devront contrôler les demandes mais nous n’avons ni le temps,

ni les qualifications pour le faire. Six jours de cours ne font pas de nous des spécialistes ‘HR’ et du matin au soir j’organise les activités de la compagnie, je veille à la discipline, aux évaluations, … Quand voulez-vous que je fasse ça encore en plus ? J’ai bien un secrétaire et un employé mais ils n’ont pas été formés. Les activités de l’unité génèreront des centaines de manipulations complexes dans le HRM. Et quand je dis ‘complexe’, je suis poli. Ce truc foireux ne calcule même pas les heures et les minutes, il faut les convertir soi-même en décimales : 7h36’ égalent 7,66 heures… Je prédis des recours en masse et des paiements tardifs. Si les collègues rentrent leur demande ! Donner aux militaires une prime de 15€ n’en fait pas des ‘geeks’. Comme c’est déjà trop souvent le cas pour

le remboursement des frais médicaux, pas mal de gens laisseront tomber : trop compliqué, trop long, pas de réseau, … Ils perdront beaucoup d’argent. Quant à ceux qui joueront le jeu : le marin, l’infirmier, le technicien F-16, ... Vous croyez qu’ils feront ça après leur service ? La Défense va perdre un paquet d’heures opérationnelles. »

Appel à témoins Vous êtes aussi confronté à des problèmes avec le HRM ou la future ‘Wave 3’ ? Contactez-nous ! De cette façon, le syndicat militaire ACMP-CGPM pourra interpeller l’autorité afin de trouver une solution au profit de tous nos collègues. 

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Statut

Plein la vue pour pas un rond ? C’est bien connu, tous les frais médicaux des militaires sont pris en charge par la Défense. Enfin, ça c’est la théorie car en pratique, se faire rembourser est souvent synonyme de tracasseries administratives. Par exemple quand il s’agit de remplacer sa paire de lunettes… L’âge moyen des militaires est toujours relativement élevé, il n’est donc pas étonnant que nombre d’entre-eux portent des lunettes. Personnellement, je ne vois rien de loin. Sans mes lunettes, les arbres du paysage sont une succession de boules vertes floues. J’ai besoin de mes lunettes pour ma vie quotidienne mais aussi en milieu militaire, pour conduire un véhicule, reconnaitre le terrain ou tirer, par exemple. Et comme elles servent souvent, je dois régulièrement les remplacer. En tant que militaire, on bouge beaucoup et les lunettes souffrent : monture cassée, branches pliées, verres griffés, … Le règlement prévoit qu’on peut renouveler sa monture tous les cinq ans et les verres tous les deux ans. Ce n’est pas un luxe quand on est très actif !

pour obtenir l’indispensable formulaire ‘Modèle Transfert’ qui permet de consulter un ophtalmologue. Oui mais, je n’ai pas besoin d’un ophtalmologue, ma correction n’a pas changé depuis la dernière fois ! La collègue hausse les épaules : « C’est comme ça, ne discute pas ! » Après avoir vu le médecin, très mécontent que je l’embête avec ça en pleine crise Covid, je prends rendez-vous chez un ophtalmo. « J’ai une place dans cinq mois, un lundi à 11h, ça vous va ? » En temps normal, cela prend des plombes de voir un spécialiste et avec le corona, c’est pire. Après avoir patienté longtemps (avec mes lunettes brumeuses aux pattes tordues), je vois finalement l’ophtalmo. Je lui remets les papiers (grave erreur !!!) et puisque

je suis là, il refait vite les tests. Ma correction n’a pas changé, je l’ai donc dérangé pour rien mais je repars avec une prescription en bonne et due forme. Loin du compte Mes filles avaient recommandé un opticien populaire sur internet, vraiment très bon marché et dont elles sont contentes. Les lunettes sont faites à Hong-Kong, la livraison peut se faire à domicile ou dans une des boutiques du réseau, à Bruxelles, Hasselt, etc. Mais ma collègue, décidément très au courant, me met en garde : « Les boutiques sont en Belgique mais la facture est établie au nom d’une société étrangère, ce qui n’est pas autorisé ! ». Retour chez les

Parcours du combattant Pour moi, ça fait plus de cinq ans. J’ai bien sûr oublié comment il faut faire pour être remboursé. Heureusement, une collègue me renseigne et trouve le bon document sur l’intranet militaire. Je me demande bien comment font les jeunes soldats dans les unités ! Tout commence par une visite auprès d’un médecin agréé. Ah, mais je ne suis pas malade, moi ?!? Peu importe, il faut y aller

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Photo : Vincent Bordignon 


 vendeurs ‘bien de chez nous’. ‘Optique Mxxx’ sur la Grand-Place est une bonne adresse traditionnelle réputée mais qui facture 500€ la paire d’unifocales, ça fait réfléchir. En effet, la Défense rembourse un maximum de 125€ pour la monture et 25€ par verre (65€ pour des multifocaux). On est très loin du compte ! Essayons donc les grandes chaînes, réputées moins chères. Il y en a une qui fait une promo ‘trois pour le prix d’une’. C’est même prévu par le règlement : le remboursement se fait sur la paire payante. J’ai choisi une monture de marque. À 89€, je n’arrive même pas au forfait de l’armée, cool ! Ça se corse pour les verres, qui coûtent bien plus que 25€ ! Finalement les lunettes reviennent à 299€, desquels je retoucherai 139€ de la Défense. La mutuelle peut aussi intervenir, l’opticien vous renseignera. Détail important : la monture doit être mate et englober tout le verre. Quant aux verres, ils doivent être en matière organique et posséder un traitement anti rayures. Notez que ce traitement à lui seul peut déjà coûter plus cher que le forfait remboursé par la Défense. Les filtres antireflets ou UV sont autorisés mais pas les verres foncés, colorés ou photochromiques (qui s’assombrissent au soleil). C’est ballot car c’est justement de lunettes de soleil corrigées dont j’ai le plus souvent besoin. Pour conduire, par exemple. Heureusement, la promo de l’opticien permet de contourner cette limitation en choisissant une seconde paire ‘gratuite’ aux verres sombres. Comme d’habitude à la Défense belge, là où les moyens s’arrêtent commence la créativité... Finalement, pour être remboursé,

L’époque des lunettes ‘Jaruzelski’ fabriquées par l’armée belge est heureusement révolue. Qui s’en souvient encore…? il faut envoyer à BFA-M un dossier comportant l’attestation de conformité de l’opticien, la facture détaillée, une copie de la prescription de l’ophtalmologue et l’original du Modèle Transfert. Euh, mais, glup… je l’ai donné à l’ophtalmologue ? Grave erreur ! Il faut le montrer mais pas le donner. Le mien étant perdu (l’ophtalmo ne l’avait pas conservé), j’ai dû retourner chez mon médecin agréé pour en obtenir un nouveau… Autant vous dire qu’il n’a pas rigolé. Mais tout ce moulin à papier administratif est-il bien nécessaire ? Nous concevons que la prescription d’un ophtalmologue soit requise pour une première paire de lunettes. Mais après ? Il est tout de même rare que la vue s’améliore avec le temps. Si la Défense supprimait ces deux visites médicales périodiques, beaucoup de temps et d’administration seraient déjà épargnés tous les deux à cinq ans. En effet, les opticiens sont parfaitement à même de déterminer la correction requise. Par ailleurs, les remboursements de 25€ et 65€

pour les verres ont été fixés par l’OG-J/838 datant de 2003. Après 17 ans sans la moindre indexation, il est évident que ces montants sont insuffisants. Quant à l’interdiction des verres teintés, elle est tout bonnement incompréhensible. Il nous semble que la procédure actuelle a surtout été conçue pour dissuader les militaires de faire valoir leurs droits. En ces temps de forte attrition du personnel, l’autorité ferait mieux d’abandonner les vieux réflexes protectionnistes pour enfin penser au bien-être des collègues. Remboursement forfaitaire Nous avons contacté à DG H&WB le service compétent en cas de litige concernant le remboursement des frais médicaux. Nous pensions être confrontés à une bureaucratie rigide et qui ne veut rien entendre mais au final, ces collègues sont de bonne volonté et tout aussi désappointés que le reste des militaires par cette vieille procédure. L’adjudant-major Ronny Lenaers 

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Photo : Christian Decloedt

 explique : « Des propositions existent depuis longtemps. Ce qui est acquis, c’est que les lunettes pour travail sur écran feront l’objet d’une SPS et seront considérées comme un équipement de protection individuelle. Quant aux lunettes de vue pour la vie quotidienne, je plaide pour un remboursement forfaitaire suffisant, sur simple présentation de la facture. De cette façon, les militaires pourront choisir librement ce dont ils ont besoin : lunettes de soleil, pour voir de près ou de loin, multifocales, verres photochromiques, … Savez-vous que l’interdiction des verres foncés venait du vieux règlement sur les tenues qui interdisait le port de lunettes de soleil dans les pelotons ? Quant à l’OG-J/838, il est complètement dépassé. Depuis sa publication, la globalisation et le

L’utilité des lunettes de soleil ou ‘photochromiques’ corrigées ne fait pas de doute, alors pourquoi encore les interdire ? commerce sur internet se sont imposés dans notre vie. Peu importe où vous les achetez, la majorité des lunettes viennent d’Asie. Il faut vivre avec son temps et accepter ces changements. Plus besoin de ‘Modèle Transfert’ ni de visite chez un médecin agrée non plus. C’était utile dans le temps pour identifier les soins non disponibles à l’HM mais aujourd’hui, ça n’a plus aucun sens. Tout le monde sait entre-temps que l’ophtalmologie a disparu en milieu militaire, tout comme la gynécologie d’ailleurs. Je me demande vraiment pourquoi on continue à exiger un Modèle Transfert. C’est un gaspillage de temps et d’argent manifeste. En revanche, je ne supprimerais

pas toutes les visites chez l’ophtalmologue car celui-ci fait bien plus que déterminer la correction requise. Certains défauts de la vue peuvent avoir une cause grave que seul un médecin spécialiste peut diagnostiquer. Son avis reste donc primordial. » « J’ai mis un plan de simplification sur la table. Celui-ci pourrait être finalisé rapidement mais il y a tellement d’intervenants que le dossier n’avance pas. Dans le temps, c’était facile : nous étions le service compétent et décidions de la procédure. Aujourd’hui, tout le monde s’en mêle et au final, on ne sait même plus qui doit décider. » 

Est-ce vraiment si compliqué ? Le syndicat militaire ACMP-CGPM demande que la Défense simplifie rapidement la procédure. Les militaires devraient pouvoir changer automatiquement leurs verres ou leurs lunettes tous les deux ou cinq ans, sans dossier compliqué, sans tracasseries administratives et sans visites médicales inutiles. Les économies sur les innombrables visites chez le médecin agréé et/ou à l’ophtalmologue seraient conséquentes. Sans parler du temps perdu, du manque à gagner suite à l’indisponibilité du militaire se rendant deux fois chez le médecin et du coût en personnel administratif chargé de gérer les dossiers. De cette façon, la Défense pourrait proposer un remboursement forfaitaire suffisant, correspondant au coût réel d’une paire de lunettes de bonne qualité. DG H& WB planche depuis des années sur l’amélioration de la procédure. Les (bonnes) idées sont visiblement là, seule la décision manque. Est-ce vraiment si compliqué ?

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Info

Gardien du ciel, et plus si affinités… En 2018, la Belgique a commandé quatre drones MQ-9B, livrables à partir de 2023 à la base de Florennes. Ce système d’armes digne de la science-fiction sera capable d’opérer dans l’espace aérien civil, une nouveauté en Europe. Encore faut-il que la Défense trouve le personnel nécessaire à sa mise en œuvre... Le MQ-9B ‘Sky Guardian’ n’a pas l’air bien dangereux. À première vue, il ressemble à un petit avion à hélice, un peu comme notre ancien drone B-Hunter. Il s’agit cependant d’un engin hypermoderne à l’envergure deux fois plus grande que celle d’un F-16. Il vole aussi haut qu’un chasseur à réaction (15 km d’altitude) et est capable d’y rester plus de 40 heures ! Si la Belgique compte le mettre en œuvre en tant que plateforme d’observation et de reconnaissance, ce robot volant est conçu pour un usage polyvalent. Son nom de ‘gardien du ciel’ est moins belliqueux que celui du ‘Reaper’ (‘la grande faucheuse’) dont il est dérivé, mais il conserve toutes les capacités de son petit frère. Le MQ-9B peut en effet embarquer de nombreuses munitions, comme la nouvelle bombe planante GBU-39 de la Composante air. Ce projectile à la précision diabolique peut anéantir un objectif protégé par 2,4m de béton à plus de 100km de distance. Avec 2.518kg de charge utile, le Sky Guardian pourrait facilement en emporter une douzaine. La ‘Vision stratégique’ belge prévoit cependant que l’armement des MQ-9B ne pourra se faire que suite à une décision gouvernementale. Partenariat BE-UK Le MQ-9B possède une caractéristique unique : il est autorisé à voler dans l’espace aérien civil. Son équipement d’avion de ligne, complété par une intelligence artificielle et des capteurs futuristes, en fait aussi une excellente plateforme de surveillance. Contrairement aux autres drones qui doivent d’abord être transportés vers les zones de conflits, le MQ-9B pourrait donc faire l’aller-retour entre Florennes et son théâtre d’opérations, vers les pays baltes ou le Proche-Orient, par exemple. Avec un rayon d’action dépassant 11.800 km, un aller-retour vers Kaboul serait théoriquement

Photo : MDBA

Capable de voler 12.000 km en espace aérien civil, le MQ-9B a déjà convaincu l’Australie et le Royaume-Uni, en plus de notre pays. possible ! L’appareil est même capable de décoller et d’atterrir de façon autonome sur des petites pistes non reconnues. Le petit nombre de MQ-9B commandé par la Belgique est pondéré par un partenariat signé au mois d’août dernier avec le Royaume-Uni en vue de mutualiser les flottes des deux pays sur le plan de la logistique, de la formation, de la maintenance et de l’exploitation. L’accord ne dit pas si la RAF fournira aussi le personnel qui manque à la Défense. En effet, il faudrait un changement radical en matière de recrutement pour que la Composante Air puisse à la fois faire voler ses vieux F-16, les A400M et les Sky Guardian. Sans parler des F-35 qui arriveront juste après... 

Photo : Florennes AB

D’après la Vision stratégique de 2016, le nouveau drone ne pourra être armé que suite à une décision du gouvernement.

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Portrait

Un SAS au Secrétariat permanent ! Afin de pouvoir garantir la continuité de nos services à tout moment, il a été décidé de rouvrir un poste de délégué permanent. Après un tour de sélection, Paul Sas a finalement été choisi pour assurer, avec son collègue William Macharis, le soutien de nos membres (néerlandophones) qui sont confrontés à un problème individuel. de l'école de l'époque, il fait mutation vers Brasschaat pour être d'abord employé dans la cellule CMD (Command Skills-Methodology-Didactics) et, par la suite, S4 du Bataillon Artillerie. Son dernier poste le voit à l’étranger, à l'Eurocorps situé à Strasbourg, où il occupe les fonctions de CSM d'une compagnie CIS multinationale. Paul a accompli quelques missions opérationnelles, entre autres en ex-Yougoslavie et en Albanie. Photo : C. Bandinelli

Paul a commencé sa carrière à la Défense en 1982, comme soldat au 1 Bataillon de Parachutistes, à Diest. Il est vite devenu évident pour lui que l'étape suivante était logiquement de passer dans la catégorie supérieure. C'est ainsi que Paul devient sous-officier, d'abord à titre temporaire, puis sous-officier de carrière. Il sert dans les unités suivantes : 1 JP (Jagers te Paard) à Arolsen, 2 Régiment des Guides à Altenrath et puis, en tant qu’instructeur, dans ce qui est alors le Centre logistique de l'armée, à Heverlee. Lorsque cette unité est dissoute,

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Paul retourne à ses premières amours militaires et devient adjoint S4 à la Batterie d’Artillerie Para-Commando. Ici aussi, après quelques années, il est urgent pour lui de relever un nouveau défi. Paul commence donc comme formateur au Centre de Formation, à Laeken. Après 5 ans, l’esprit de challenge le voit partir pour le Service social de la Défense au poste de S1/CSM/secrétaire et administrateur du dossier de l'Assurance hospitalisation pour les pensionnés, les veuves et les orphelins des ayants droit. Le changement est inscrit dans les gènes de Paul et, après 5 autres belles années, à la demande du commandant

Il est marié avec Rozeta et a deux enfants : Angelo et Claudia. Ils ont trouvé leur bonheur dans la belle petite ville de Kapellen, au nord d'Anvers. Avec plus de 20 ans d'expérience en tant que délégué du syndicat militaire ACMP-CGPM, dont 7 passés comme responsable régional pour la zone de Brasschaat et Burcht, il est maintenant temps de franchir logiquement la prochaine étape et de rejoindre l'équipe permanente à Zaventem afin de mettre sa large expérience au service de nos membres. Comme il le dit lui-même : « Je suis prêt à relever ce défi. Si vous avez un souci individuel n’hésitez pas à me contacter ! » 


NAISSANCES

MARIAGES

AXELLE – 25/03/2020 Dans la famille de Gunther RENNEN (Leuven)

06/03/2020 John DRAPPIER et DÔ Thi Thăm (Cohabitation légale) (Couvin)

MATIS – 29/05/2020 Dans la famille de Jérôme HAUGLUSTAINE et Marlies BAELE (Jette)

14/03/2020 Benjamin ÉVRARD et Béatrice FRANK (Wasseiges)

ROBIN – 27/06/2020 Dans la famille de Sven VERHULST (Diest) NOÉ – 12/07/2020 Dans la famille de Gustave CLAES (Liège) CHARLES – 14/07/2020 Dans la famille de Guillaume VAESSEN (Verviers) LIZE – 21/07/2020 Dans la famille de Kristof WUYTS (Louvain)

10/07/2020 Renaud GOFFINET et Maryse POZZAN (Rebecq) 06/08/2020 Kjell COUDRON et Charlotte MAES (Wevelgem) 08/08/2020 Roy KNEVELS et Gwendoline VOORTMANS (Pelt)

NECROLOGIE

SEM – 12/08/2020 Dans la famille de Nick BARBERY (Ypres) FAUSTINE – 05/08/2020 Dans la famille de Jonathan PIERRET (Libramont-Chevigny) ALESSIO – 06/08/2020 Dans la famille de Maxime DURVIAUX (Dinant) ALEXANDRE – 10/08/2020 Dans la famille de Nicolas TROUILHET (Auderghem) MIKA – 02/09/2020 Dans la famille de Anthony ADAM (Gand)

FRANÇOIS SCHOOFS (Genk) 1933 – 07/07/2020 CHARLES BRIXIUS (Liège) 1940 - 20/07/2020 CHRISTIAN ARKET (Sambreville) 1941 - 22/07/2020 ALEXANDRE GILLAIN (Beauvechain) 1990 - 24/07/2020

Indice des prix à la consommation - Juillet : 109,76 points - Août : 109,83 points - Septembre : 109,42 points

Indice santé - Juillet : 110,16 points - Août : 110,20 points - Septembre : 109,78 points L'indice santé lissé s'élève en septembre à 107,85 points. L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales, fixé à 109,34 points, n’est pas atteint. Le précédent dépassement de l'indice-pivot remonte à février 2020. Source : Statbel

DOMINIQUE SPIESSENS (Ostende) 1959 - 01/08/2020

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