La Sentinelle Septembre-Octobre 2020

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Opinioin

Une noble cause ? Ou juste de l’hypocrisie ? Le nouveau gouvernement souhaiterait poursuivre l’intégration européenne en matière de défense. Cela deviendrait même l'un des principaux volets de la section de politique étrangère et de défense de l'accord de coalition, l'accent étant mis sur l'UE pour l'armée belge. Mais qu'est-ce que cela pourrait signifier concrètement ? Et le gouvernement va-t-il vraiment donner l'exemple et mener le mouvement au niveau européen ? Ou s’agit-il plutôt en grande partie de paroles en l'air et des slogans creux ? Renforcer la coopération militaire en Europe est une évidence. L'instabilité au Moyen-Orient et en Afrique a un impact majeur sur la sécurité en Europe par le biais des migrations, de la criminalité transnationale et du terrorisme. Une bonne coopération est donc toute indiquée. En outre, de nouvelles menaces, telles que le terrorisme et les cyberattaques, nécessitent également une intégration européenne plus poussée. Enfin, le sentiment anti-Trump en Europe joue certainement aussi un rôle. Il est donc compréhensible que les partis politiques de notre pays veuillent faire à nouveau de l'étroite coopération européenne un fer de lance de la politique de défense belge. Encore une fois, parce que c'était aussi une ligne directrice des gouvernements Verhofstadt. La consolidation et la poursuite de l'intégration de la défense européenne sont littéralement mentionnés dans l’accord de la nouvelle coalition. Les missions de l'armée belge devraient de préférence également s'inscrire dans le cadre de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). C'est un objectif noble,

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mais qui a des conséquences importantes. Pour la forme En effet, si l'UE veut réellement devenir efficace dans le domaine de la défense, et ainsi être en mesure de mettre en œuvre sa PESC de manière autonome par des moyens militaires, il lui faudrait investir environ 300 milliards d'euros. C'est le montant minimum nécessaire pour que l'Europe puisse mener une opération militaire plutôt ‘au goût du jour’, comme celle qui se déroula en Libye en 2011, de manière autonome - c'est-à-dire sans les États-Unis. Il lui faudrait en particulier acquérir un grand nombre de systèmes stratégiques tels que le transport aérien, le ravitaillement en vol, la défense aérienne et la défense antimissiles, des installations de communication et des ressources de surveillance et de renseignements stratégiques. La répartition de ces 300 milliards selon la même clé que les contributions annuelles des États membres à l'UE représenterait une dépense de défense supplémentaire de 12,5 milliards pour notre

pays. Alors, si l'Europe veut une véritable politique européenne de défense, les prochains gouvernements belges seraient-ils prêts à débloquer ces 12,5 milliards pour que l'intégration européenne de la défense puisse avoir une réelle traction ? Ou bien se contenteraient-ils, comme par le passé, d'une coopération européenne en matière de défense pour la forme : beaucoup de paroles creuses, mais peu d'actions concrètes ? Dépenser plus efficacement L'Europe pourrait faire mieux, même sans investissements majeurs supplémentaires dans le domaine de la défense. Mais cela a aussi des conséquences. Les alliés européens ne dépensent pas ensemble pour la défense. Les équipements sont encore largement achetés séparément, ce qui 


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