DESTINATION ACADIE Extraits d’un article de Benoit Doyon-Gosselin Voyager à travers les mots dans son propre pays, c’est une des richesses de la francophonie canadienne. Cap donc sur l’Acadie, sa culture, son chiac et sa littérature jeunesse avec un texte signé par le journaliste de la revue Les Libraires* Benoit Doyon-Gosselin !
On ne va pas se mentir : au Québec, on la connaît encore peu, la littérature jeunesse acadienne. Et pourtant, elle est ici et là, tantôt sans en porter le sceau, tantôt cachée entre les rayons, tantôt mise de l’avant par d’indéfectibles libraires curieux·euses. LES DÉFIS DES MINORITÉS Si faire rayonner la littérature acadienne est un défi, le faire pour la littérature jeunesse en est tout un autre. Alors, lorsque les deux sont réunies, il faut beaucoup de persévérance pour percer, il faut jouer du coude pour se retrouver visible dans les librairies canadiennes hors Acadie. Au bout du fil, Marie Cadieux, directrice générale chez Bouton d’or Acadie, déplore que les chaînes médiatiques nationales fassent preuve d’un peu trop de québécocentrisme lorsque vient le temps de diffuser les bons coups en littérature jeunesse, mais souligne cependant que les médias, radiophoniques comme écrits, du Nouveau-Brunswick sont quant à eux réellement à l’écoute. Depuis des lunes, Bouton d’or Acadie aborde des sujets qui sont sur le bout des lèvres de l’édition actuelle au Québec. Par exemple, la maison a lancé une collection en 2003 sur les littératures autochtones acadiennes intitulée « Wabanaki », qui regroupe des contes et des histoires issues des Premières Nations du Canada atlantique, soit les Mi’kmaq et les Wolastoqiyik. Mireille Mercure, directrice de la bibliothèque scolaire et publique Le Cormoran, à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, souligne de son côté qu’en Acadie comme ailleurs, un des défis majeurs est d’intéresser les garçons à la lecture. Pour ce faire, la bibliothèque mise beaucoup sur les documentaires. C’est d’ailleurs l’une des deux catégories — l’autre étant le roman — du Prix littéraire Hackmatack, dont elle est la présidente du comité. Ce prix, qui fait rayonner la littérature jeunesse francophone du Canada (dont le jury met un soin particulier à sélectionner des ouvrages issus de milieux linguistiques minoritaires), a ceci de particulier que ce sont les jeunes elleux-mêmes qui couronnent les gagnant·e·s.
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QU’EST-CE QU’ON LIT ? � ÉTÉ 2022