Mémoire de fin d'études - Ecole de la Nature et du Paysage de Blois

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LE MASSIF DES LANDES DE GASCOGNE, UN COLOSSE AUX PIEDS D’ARGILE Vers une transition diversifiée, support de la résilience territoriale

Gaillard François Mémoire de fin d’études 2019-2020



À Jean-Louis...

MEMBRES DU JURY PRÉSIDENT DE JURY

Marc Claramunt, Paysagiste DPLG, enseignant en projet de paysage à l’École de la Nature et du paysage, Blois DIRECTEUR DE MÉMOIRE

Bertrand Follea, Paysagiste DPLG, enseignant en projet de paysage à l’École de la Nature et du paysage, Blois PROFESSEUR ASSOCIÉ Pins maritimes et Fougères aigles, Gironde

Guillaume Portero, Ingénieur paysagiste INH Angers, enseignant en Histoire de la formation du paysage et Histoire urbaine à l’École de la Nature et du paysage, Blois


Panorama sur le massif des Landes de Gascogne


I

AVANT-PROPOS

mmensité verte, le massif des Landes de Gascogne s’étend à perte de vue. L’horizon, à la fois si loin et si proche porte notre regard au dessus de ces millions d’arbres qui semblent comme endormis et qui au moindre coup de vent se réveillent tels une armée de soldats vacillant au gré des rafales. Malgré leur taille, avec des hauteurs pouvant atteindre 35 m, ces hautes tiges aux houppiers denses et verdâtres sont fragiles et vulnérables. Martin, Klauss, Xynthia, des noms qui resteront gravés dans les mémoires pour les dizaines de milliers de propriétaires forestiers du massif. Ces évènements tempétueux ont mis à mal la forêt des Landes de Gascogne. Des milliers d’hectares furent dévastés. L’océan vert avait laissé place à un champ de bataille où s’amoncelaient une multitude de troncs et de branches.


S

ous ce vaste manteau vert se déploie à l’ombre de ces géants un épais tapis violet. La bruyère cendrée colore le sous bois en ce début d’automne. Les quelques rayons du soleil qui parviennent à se frayer un chemin aux travers des cimes me réchauffent le visage. Au fil des saisons, les couleurs évoluent, les arbres grandissent, les odeurs changent. Soudain tout disparaît, c’est la coupe rase. Les pins maritimes ont laissé place aux abatteuses, les bruyères à la terre. Le regard change, le paysage s’ouvre avec ces horizons lointains. Tel est l’incessant balai visible tout au long de l’année au sein du massif des Landes de Gascogne. Ce massif forestier ne m’est pas inconnu. Depuis mon plus jeune âge, je le parcours, l’observe, le photographie, le dessine... Je le vois vivre, se métamorphoser, disparaître, renaître. Ce milieu en perpétuelle évolution a été un terrain de jeu formidable durant mon enfance et mon adolescence. Toutes ces années passées au cœur de cette forêt de pins maritimes ont fait naître en moi une sensibilité vis à vis de ces arbres, de l’ambiance, de l’odeur que cette forêt dégage. Avec les années, cette forêt a évolué, je m’en suis éloigné mais malgré cela, ce milieu reste important à mes yeux car j’ai un fort affect vis à vis de ces grands bois.

Le regard que je portais jusqu’alors sur ce massif était étroitement lié à mon enfance, à mon vécu. Cependant, celui-ci a changé avec les années, l’enfant crédule et innocent a laissé place à un jeune homme curieux et avide de connaissances. Cette envie de savoir combinée à l’attachement à la forêt m’a amené à me questionner sur ce massif forestier des Landes de Gascogne au travers de ce mémoire.

Pins maritimes et Callunes, Gironde



SOMMAIRE 00 / INTRODUCTION ...11 01 / LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ...17 Clé d’entrée d’une démarche paysagère ...17 ... 1.1 Le changement climatique, entre atténuation et adaptation ... 1.2 La résilience : un concept pour la gestion des risques ... 1.3 La forêt, un atout face aux changements climatiques ... 1.4 De la forêt française au massif des Landes de Gascogne

... 18 ... 24 ... 25 ... 28

02 / LES LANDES DE GASCOGNE ...39 Une singularité nationale ...39 ... 2.1 Les landes des Gascogne : le triangle vert ... 2.2 Sylvigénèse du massif des Landes de Gascogne, entre bouleversement écologique, économique et social ... 2.3 Une sylve aux nombreuses qualités

... 41 ... 56 ... 65

03 / LES LANDES DE GASCOGNE ...79 Un territoire vulnérable face aux changements climatiques ...79 ... 3.1 Le pignada des Landes de Gascogne, une matrice écologique menacée ... 3.2 Un massif multifonctionnel controversé ... 3.3 Une économie, construite sur les richesses locales, reposant sur un fragile équilibre

... 80 ... 88 ... 94

04 / VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE ...103 ... 4.1 Rappel: les enjeux globaux ... 4.2 Schéma directeur du massif des Landes de Gascogne ... 4.3 Les temporalités du projet

... 105 ... 107 ... 114


05 / DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE ...119 ... 5.1 Un site symbolique: La Plaine de Cazaux ... 5.2 Histoire ... 5.3 Dynamiques territoriales ... 5.4 Les structures et outils à mobiliser ... 5.5 Hypothèse de projet : Pistes écologiques, sociales et économiques ... 5.6 Schéma directeur à l’échelle de la plaine de Cazaux ... 5.7 Schéma directeur à l’échelle de la Forêt Nézer

... 120 ... 121 ... 124 ... 126 ... 129 ... 134 ... 138

CONCLUSION ...144 GLOSSAIRE ...146 LISTE DES ACRONYMES ...148 BIBLIOGRAPHIE ...149

Champs photovoltaïque, Landes


NB: Pour tout mot, expression ou phrase suivis du sigle «*» se référer au glossaire en fin de mémoire


…00

00 / INTRODUCTION

L

e massif des Landes de Gascogne, cette vaste forêt située dans le Sud-Ouest de la France abrite une forêt du même nom, formant un triangle vert de plusieurs milliers d’hectares, exploité, habité et aménagé par l’Homme. Cet océan de pins maritimes caractéristique du territoire des Landes de Gascogne est unique en France de part, son homogénéité car composé à plus de 85% de pins maritimes et à son immensité avec environ 1,5 million d’hectares ce qui représente deux fois le département du Cher ou encore 180 fois la surface de Paris intra-muros.

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NIORT LA ROCHELLE

RÉGION NOUVELLE-AQUITAINE

BORDEAUX

LE MASSIF DES LANDES DE GASCOGNE

BAYONNE PAU

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C

des dégâts désastreux sur les parcelles forestières. C’est toute une filière qui se trouve mise à mal. Ces perturbations mettent en évidence la vulnérabilité et les faiblesses de la forêt des Landes de Gascogne et de ce fait, celles du système sylvicole actuel basé sur la monoculture intensive du pin maritime. La fragilité et la jeunesse de ce massif interroge sur son devenir, qui malgré ses centaines de milliers d’hectares repose sur un fragile équilibre aujourd’hui menacé.

e massif forestier est un paysage récent qui s’est développé suite à des politiques radicales et notamment le décret de Napoléon 3 en 1857 sur l’enrésinement des Landes de Gascogne (Sargos, 1997). Des milliers de pins maritimes vont être semés après assainissement des landes marécageuses. En un demi-siècle, la forêt landaise passe de 130 000 à 843 000 hectares. Aujourd’hui, elle s’étend sur prés de 1,5 million d’hectares répartis sur trois départements (Landes, Gironde et Lot-et-Garonne). Dans le contexte actuel où les changements globaux se font de plus en plus ressentir, la résilience de ce massif forestier est remise en cause. Les évolutions en cours et à venir, climatiques ou anthropiques questionnent sur le devenir de ce territoire. A l’horizon 2050, le GIEC prévoit une augmentation moyenne d’environ 1,5°C pour le Sud-Ouest et une diminution d’environ 10% des précipitations. Ces évolutions climatiques auront des effets sur les milieux forestiers et donc sur les espèces qui s’y trouvent. Depuis une dizaine d’années, la forêt a subi de grosses perturbations: événements tempétueux extrêmes, incendies, sécheresse ou encore menaces sanitaires avec l’arrivée d’insectes ravageurs comme le scolyte. Ces aléas naturels impactent fortement la végétation, causant

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Q

Dans ce contexte climatique, il est donc judicieux de porter une réflexion sur l’avenir du massif et sa capacité de résilience qui à l’échelle de ce territoire se traduit par une multiplication d’initiatives, d’expertises impliquant acteurs forestiers publics et privés mais aussi scientifiques, et politiques… Cette émulation autour du massif des Landes de Gascogne est une source d’informations très intéressante afin de comprendre les ressorts de la gestion du risque et de l’adaptation de la forêt au vu des changements climatiques à venir.

uel rapport peut-il y avoir entre un massif forestier de plusieurs milliers d’hectares et un concepteur paysagiste ? De nombreuses personnes n’en voient pas alors que la réponse se trouve dans la question. Ce territoire a une histoire, il a été façonné par l’Homme et continue encore de l’être au travers de la sylviculture, du tourisme, de l’agriculture. Il a ses propres «paysages» qui eux aussi ont évolué, se sont modifiés avec l’histoire, grâce à la main de l’Homme, pour devenir tel qu’on le connaît aujourd’hui: ce vaste massif mono-spécifique de pins maritimes.

Tout l’enjeu de mon travail est donc de penser le futur de ce territoire au prisme du changement climatique afin de le rendre plus résilient et adapté face aux perturbations environnementales et anthropiques. Le but de cette réflexion ne serait pas de recréer entièrement un nouveau système sylvicole mais d’expérimenter et d’accompagner un processus, une transition vers un système de façonnage du paysage plus vertueux et viable à long terme. Le rôle du paysagiste est important car il permettrait d’amorcer des dynamiques locales et interviendrait en tant que médiateur, en intégrant l’ensemble des acteurs qui feront le futur du territoire.

Avec plus de 40 % de son territoire boisé, la région Aquitaine dispose d’une ressource forestière importante mais la filière bois est confrontée d’une part aux effets de tempêtes successives, d’autre part à la nécessité d’intégrer la nouvelle donne énergétique. Le massif forestier des Landes de Gascogne a été durement frappé par les tempêtes de 1999 et 2009. Si la première a été perçue comme un phénomène exceptionnel, la deuxième suscite de fortes interrogations et fait craindre que les changements climatiques amènent à l’avenir la multiplication d’événements extrêmes (tempêtes, sécheresses et incendies).

Dune du Pyla, Gironde

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JUSQU’AU XX°SIÈCLE LES SCIENTIFIQUES ETAIENT DES AVENTURIERS, […] L’EXPLORATION DE LA PLANÈTE N’ÉTAIT PAS TERMINÉE. MAINTENANT, IL FAUT PLUTÔT CHERCHER À SAVOIR COMMENT LE MONDE QUI NOUS ENTOURE FONCTIONNE ET SURTOUT COMMENT L’HOMME VA SE CONDUIRE A L’ÉGARD DE CETTE PETITE BOULE SI FRAGILE TOURNANT DANS L’UNIVERS. THÉODORE MONOT

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»


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…01

01 / LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

CLÉ D’ENTRÉE D’UNE DÉMARCHE PAYSAGÈRE

M

ontée des océans, sécheresse, typhons, fonte des glaciers... Tous ces évènements qui ont lieu aux quatre coins du globe ont un point commun: le changement climatique. Ce terme de changement ou dérèglement est sur les lèvres de tout les scientifiques depuis déjà de nombreuses années. Le climat change et continuera à changer inéluctablement dans les prochaines décennies. Ses effets sont visibles et de plus en plus importants à l’échelle locale, nationale mais aussi mondiale. Ce sont des écosystèmes qui sont menacés, mais pas seulement, l’Homme aussi. L’adaptation et le renforcement de la résilience sont donc indispensable. Avec une estimation de +1,5°C à l’horizon 2100, 46 millions de personnes seraient concernées par la montée des eaux, 14% de la population mondiale serait exposée à des vagues de chaleur tous les 5 ans.

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... 1.1 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, ENTRE ATTÉNUATION ET ADAPTATION La dernière Ère industrielle a été synonyme de progrès, avec l’apparition de la machine à vapeur ou encore les débuts de l’automobile. Cependant, cela a nécessité énormément de matières premières telles que le charbon, le pétrole qui lorsqu’elles sont transformées, dégagent d’énormes quantités de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2). Depuis le XIXe siècle, l’Homme a donc considérablement accru la quantité de gaz à effet de serre présents dans l’atmosphère. Ces gaz ont un rôle essentiel dans la régulation du climat et notamment de la température. Sans eux, la température moyenne sur Terre serait de -18 °C au lieu de +14 °C, ce qui rendrait la vie sur Terre beaucoup plus difficile. Cette pollution de l’air résultant de l’activité humaine menace de modifier le climat à l’échelle mondiale dans le sens d’un réchauffement global. Les impacts de cette modification sont visibles depuis déjà plusieurs années et on assiste actuellement à une intensification. Ils peuvent être très différents d’une région à l’autre mais ils concernent l’ensemble de la planète. Sur la période évaluée par le GIEC (1970-2010), 78% de la hausse des émissions totales de gaz à effet de serre peut être attribuée à l’usage de combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz...) et aux procédés industriels. En 2010, les émissions totales ont ainsi atteint 49 milliards de tonnes équivalent CO2 contre environ 32 milliards de tonnes en 1980. Depuis 2000, les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté dans tous les secteurs de l’économie (hormis en ce qui concerne l’utilisation des terres, de leurs changements d’affectation, et la forêt). Le graphique ci-contre montre les risques climatiques à l’horizon 2100 si la température augmente de 1,5°C (Reliefs, 2019).

Risques climatiques à +1,5°C (horizon 2100)

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CHANGEMENTS DE CLIMAT QUI SONT ATTRIBUÉS DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT À UNE ACTIVITÉ HUMAINE ALTÉRANT LA COMPOSITION DE L’ATMOSPHÈRE MONDIALE ET QUI VIENNENT S’AJOUTER À LA VARIABILITÉ NATURELLE DU CLIMAT OBSERVÉE AU COURS DE PÉRIODES COMPARABLES.

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(Définition du changement climatique d’après la CCNUC, 1992)

Selon le GIEC (1995), ce changement climatique s’accompagnerait d’une perturbation du cycle de l’eau, d’une augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles (sécheresses, inondations, tempêtes, cyclones), d’une menace de disparition de certains espaces côtiers (les deltas, les mangroves, les récifs coralliens, les plages d’Aquitaine), d’une diminution de 17,5 % de la superficie émergée du Bangladesh, de 1 % de celle de l’Égypte, il favoriserait la recrudescence du paludisme et l’extension de maladies infectieuses comme la salmonellose ou le choléra ou encore accélérerait la baisse de la biodiversité avec la disparition d’espèces animales ou végétales. L’enjeu est donc de diminuer, limiter ces changements climatiques impactant l’ensemble des écosystèmes de la planète. Dans cette optique, à l’occasion du « Sommet de la Terre » à Rio en 1992, la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques fut adoptée. Celle-ci a pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse au système climatique. (CCNUCC 1992).

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... 01 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, clé d’entrée d’une démarche paysagère

Qu’est ce que le changement climatique ?


ATTÉNUATION

Atténuation et adaptation: deux enjeux majeurs

+ 1,5°C + 2°C

Les pays signataires de la CCNUCC ont conclu un accord historique en 2015 à l’occasion de la COP 21 afin de lutter contre les changements climatiques : l’Accord de Paris. L’objectif central est de renforcer la réponse mondiale à la menace du changement climatique en maintenant l’augmentation de la température mondiale à un niveau bien inférieur à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C.

Pour ce faire, il est primordial d’agir sur les émissions de gaz à effet de serre qui sont la principale cause de cette hausse des températures et donc du changement climatique. C’est ce que l’on appelle l’atténuation. En agissant sur l’aléa, on limite donc les risques. Les deux principaux leviers dans cette approche sont : - Réduire ou limiter les émissions de gaz à effet de serre ; - Protéger et améliorer les puits et réservoirs de GES

Atténuation et adaptation sont deux enjeux complémentaires qui doivent être pensés ensemble afin d’être cohérents et permettre une lutte efficace contre les changements climatiques.

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ADAPTATION

Une deuxième approche est plébiscitée afin de lutter contre ces changements climatiques : l’adaptation. Aux vues des évolutions actuelles, l’augmentation des températures semble inévitable. Il est donc nécessaire d’anticiper ces phénomènes afin d’en limiter les conséquences et les dégâts potentiels sur les activités et les écosystèmes. Il s’agit donc d’agir sur la vulnérabilité.


Le climat de l’Aquitaine est la composante régionale d’un système beaucoup plus vaste, de dimension planétaire. Pour expliquer « le temps qu’il fait » sur l’Aquitaine, on s’intéresse souvent à des événements lointains, tels qu’un renforcement de l’anticyclone des Açores ou le développement de tempêtes atlantiques.

En 2050

Aujourd’hui

Les deux notions de « temps » et de « climat » sont très différentes mais elles partagent une caractéristique importante : il n’y a pas de prévision météorologique sans connaissance de la circulation atmosphérique de l’ensemble du globe, et de la même manière il est impossible d’anticiper ce que peut devenir le climat de notre région sans se placer dans le contexte de la planète dans son ensemble.

En 2100

Pour préciser ces notions, il faut revenir à quelques définitions. Le mot « climat » signifie «inclinaison» en grec, et aux temps de la science antique, il a d’abord fait référence à la rotondité de la Terre. Celle-ci implique que les rayons du soleil arrivent au sol avec une inclinaison qui dépend de la latitude et modulent la température locale, plus forte près de l’Équateur, plus faible en se dirigeant vers les Pôles. Cette notion de climat a beaucoup évolué et il est désormais plus facile de définir ce qu’est le «système climatique ». On appelle ainsi le milieu dans lequel nous vivons, notre « environnement », c’est-à-dire l’ensemble des composantes que sont l’atmosphère, les océans, ainsi que toutes leurs interactions, physiques, chimiques et biologiques. Au final, si la notion de climat est moins immédiate que celle « du temps qu’il fait », elle n’en demeure pas moins une notion très concrète. C’est bien le climat d’une région qui en partie détermine le cortège floristique que l’on y trouve, comment on s’habille, où l’on vit, ce que sont nos ressources en eau…

Légendes:

}

Montagnard

Continental Atlantique Aquitain Méditerranéen

Les bio-climats de France et leur projection (d’après Badeau et Loustau, 2010)

Avec le changement climatique, le découpage de ces zones va évoluer et se modifier. Ces modifications devraient s’accompagner d’un bouleversement des écosystèmes forestiers. La productivité des espèces en sera impactée, sa diminution en fin de siècle dans le sud et dans une grande partie de l’ouest de la France est à prévoir, comme l’ont montré des projets successifs Carbofor 33 (Loustau, 2010), Climator 34 (Brisson et Levrault,2010) et FAST 35 (Granier, 2013).

Les climats français s’organisent autour de trois pôles : le pôle méditerranéen, le pôle atlantique et le pôle montagnard (Joly et al., 2010). La combinaison de facteurs, gradients climatiques, permet de découper la France en zones climatiques et détermine également la flore forestière, que l’on appelle « bio-climat ».

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... 01 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, clé d’entrée d’une démarche paysagère

Effets du changement climatique


Contexte actuel, quelques chiffres clés Les impacts de ces changements sont visibles et se font de plus en plus ressentir. Depuis 30 ans, le GIEC évalue l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts. Il identifie également les possibilités de limiter l’ampleur et la gravité du réchauffement et de s’adapter aux changements attendus. Si on n’agit pas pour réduire nos émissions de CO2, on pourrait se diriger vers une hausse de la température moyenne d’environ 3,7 à 4,8°C d’ici la fin du siècle (par rapport aux températures de la fin du 20°siècle) d’après le 5° rapport du GIEC sur les changements climatiques et leurs évolutions futures. Pour atteindre l’objectif fixé, rester sous la barre des 2°C, il faudra réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40% à 70% en 2050 et atteindre des niveaux d’émissions proches de zéro en 2100. A l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine, les 2/3 de ces émissions sont liés à l’activité économique de la région : agriculture, industrie, transport de marchandises, activités tertiaires, traitement des déchets. Le reste des émissions est lié aux ménages : résidentiel, déplacements. Les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) en NouvelleAquitaine sont estimées à 51 684 kt CO2 pour l’année 2015. Comme on a pu le voir précédemment, toutes ces évolutions et changements climatiques touchent les écosystèmes et en particulier la forêt. Mais, quand est-il pour le massif des Landes de Gascogne ?

Émissions de GES du secteur Agriculture/Forêt en 2010 et objectifs à l’horizon 2050 (5°rapport du GIEC, 2014)

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... 01 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, clé d’entrée d’une démarche paysagère

Impacts potentiels sur le massif des Landes de Gascogne La situation écologique et géographique particulière du massif des Landes de Gascogne entre régions méditerranéenne et tempérée fait que nombre d’espèces forestières se retrouvent en limite de leur aire de répartition méridionale (hêtre, chêne sessile) ou septentrionale (chêneliège, chêne tauzin), dont le maintien ou l’extension dépendra de leurs réponses aux changements climatiques à venir. D’après le GIEC, le scénario le plus plausible aux vues des évolutions actuelles entrainerait une hausse des températures de 1,5 à 2°c en moyenne dans le Sud-ouest et une diminution d’environ 10% des précipitations. Ces changements auront un impact sur les espèces qui constituent le massif, la filière forêt-bois, l’agriculture… En ce qui concerne le pin maritime, essence principale sur le massif, son rendement va fortement évoluer avec ces changements climatiques. D’ici 2050, une diminution de 10% est à envisager et de plus de 40% à l’horizon 2100.

Intensité de 3 scénarios d’évolution climatique, A.Bosc, 2011

Dans ce contexte, les principaux aléas auxquels la forêt landaise devra faire face, vont également évoluer. Incendies, attaques sanitaires, tempêtes, sécheresses iront en s’intensifiant dans les prochaines décennies, modifiant les milieux forestiers. Le degré de sensibilité du massif des Landes de Gascogne aux incendies sera équivalent d’ici 2040 à celui du Sud-est de la France actuellement. Ajouté à cette sensibilité accrue aux feux de forêts, une vulnérabilité aux parasites liée à l’augmentation des températures et une capacité d’adaptation supérieure à celle de leurs hôtes. Les déficits hydriques estivaux se feront de plus en plus importants et les engorgements hivernaux plus longs. Quant aux tempêtes, l’impact du changement climatique sur l’occurrence et l’intensité de celles-ci n’est pas clairement établi et en l’état actuel des modèles climatiques, rien ne permet de conclure à un accroissement de leur occurrence dans les prochaines décennies.

Évolution du rendement du pin maritime entre 1970 et 2100 (A.Bosc, 2011)

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... 1.2 LA RÉSILIENCE : UN CONCEPT POUR LA GESTION DES RISQUES Les origines de la notion sont principalement liées à la physique, à Elle peut aussi être évaluée par la persistance en mesurant la durée la psychologie et l’écologie. Quel que soit son champ d’application, la nécessaire au retour à un équilibre après une perturbation. Ce temps notion est née de l’analyse systémique. Transféré en sciences sociales, de retour dépend de l’ampleur de la catastrophe, de l’adaptabilité de la notamment en psychologie et en économie, après un détour par société, et du type de bien pris en compte. l’écologie, le concept s’est diversifié et est devenu polysémique. Les origines de l’approche systémique en C’est d’abord un outil d’aide stratégique, car lien avec des changements climatiques et “a measure of the persistence of systems il existe un lien entre la vulnérabilité et la environnementaux est dû à C.S Holling. Sa and of their ability to absorb change and résilience : un système plus résilient est moins définition de la résilience est encore au cœur disturbance and still maintain the same vulnérable car il permet de diminuer les risques de nombreux travaux. relationships between populations or state et les effets d’une perturbation en anticipant l’aléa. Sa connaissance permet d’adopter variables” (Holling, 1973) de nouvelles formes de gestion des risques Le terme de résilience vient du latin « resilio » naturels ou sociaux afin de rendre un territoire, qui signifie rebondir. La résilience physique mesure la capacité d’un une société, un écosystème durable et robuste objet à retrouver son état initial après un choc ou une pression continue dans le temps. (Mathieu, 1991). L’UNISDR définit la résilience comme « la capacité d’un système, une La résilience participe donc à la prévention et à la réduction des communauté ou une société exposée aux risques, de résister, d’absorber, catastrophes, en particulier en s’attachant à rendre la population d’accueillir et de corriger les effets d’un danger (...), notamment par la actrice tout à la fois des actions de réduction des risques et du devenir préservation et la restauration de ses structures essentielles et de ses des territoires où elle vit, travaille, et développe différentes activités fonctions de base ». individuelles et collectives. Dans cette définition, la résilience reconnaît les limites de la résistance, et essaie de les dépasser. La résistance cherche, tels un paravalanche ou une digue, «à s’opposer à l’aléa», tandis que la résilience «vise à en réduire au maximum les impacts». En écologie, ce terme est utilisé par extension pour décrire la capacité de certains écosystèmes, individus ou sociétés à se reconstruire après une grave perturbation. Il est important de souligner que la résilience écologique ne décrit pas exactement le même processus que la résilience physique (des matériaux), car l’état initial ne peut jamais être restauré complètement. Il s’agit de différents processus d’adaptation et de reconstruction pour atteindre un nouvel équilibre grâce aux ressources. La résilience peut être mesurée par l’ampleur maximale de l’aléa à ne pas dépasser pour que le système concerné ne disparaisse pas.

Parcelles de pins maritimes après la tempête Fabien, Décembre 2019

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Le rôle de la forêt dans la lutte contre les changements climatiques Malgré une apparente passivité, les écosystèmes forestiers ont un rôle majeur dans la lutte contre les changements climatiques. Il s’agit de compenser les émissions anthropiques de CO2. 1,28 milliard de tonnes de carbone sont stockées en forêt à l’échelle métropolitaine. Dans cette optique, la filière Forêt-bois française contribue à l’atténuation du changement climatique via différents leviers : - La Séquestration de carbone dans la biomasse forestière - La Séquestration de carbone dans les sols forestiers - Le Stockage de carbone dans les produits bois issus de forêts gérées durablement - La Substitution à des matériaux énergivores (aluminium, acier, béton, PVC, ...) dans la construction - La Substitution aux énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz, ...)

Les forêts sont par conséquent des acteurs majeurs pour lutter contre le changement climatique afin de maîtriser les émissions de gaz à effet de serre et atteindre notamment la neutralité carbone de la France à l’horizon 2050 voulu par la Stratégie Nationale Bas Carbone. Elles sont à maintenir et à préserver par une gestion durable et proche de la nature qui prend en compte l’ensemble des écosystèmes et des activités liées à ce milieu. A l’échelle nationale, la filière Forêt-bois compense environ 20% des émissions de CO2 grâce aux différents leviers cités précédemment.

Promouvoir chacune de ces formes d’atténuation et veiller au maintien d’un certain équilibre entre elles permet une meilleure lutte. En effet, privilégier la séquestration entraînerait par exemple une surcapitalisation du bois en forêt, ce qui les rendrait plus sensibles aux risques (sécheresses, incendies, ravageurs, tempêtes…). À l’inverse, privilégier la substitution entraînerait une surexploitation des bois et donc une diminution de la séquestration de carbone en forêt. La prise en compte intégrée de ces 5 composantes (les 5 « S ») est primordiale pour évaluer l’atténuation du changement climatique par la forêt. Des effets biophysiques (évapotranspiration, aldebo...) du couvert forestier jouent également un rôle sur le climat local que des projets de recherche en cours visent à mieux quantifier.

Effets d’atténuation de la forêt française (Chiffres de l’étude INRA-IGN, 2017)

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... 01 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, clé d’entrée d’une démarche paysagère

... 1.3 LA FORÊT, UN ATOUT FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES


La forêt de plantation La célèbre réforme de Colbert protégeait nos forêts depuis 1669, mais la Révolution française a mis fin à ces édits royaux et a laissé le bénéfice à tout citoyen de pouvoir exploiter la ressource sans limite. Sous le Second Empire, la surface forestière n’a jamais été aussi faible avec seulement 7 à 8 millions d’hectares soit environ 10% du territoire de l’époque. Cela s’explique par l’essor des besoins de l’ère préindustrielle mais aussi car le bois était la ressource principale en terme de chauffage et de construction. D’autres facteurs tels que l’expansion des surfaces agricoles ou encore le pâturage en forêt entrent en ligne de compte. En réponse à ce déclin, l’État va prendre des mesures visant à cesser les défrichements et le pâturage des troupeaux, protéger la ressource forestière et mener des campagnes de reboisement. Ces actions de plantation se manifestent notamment dans le Sud-Ouest de la France, dans Les Landes de Gascogne et en Sologne dans le but d’assécher les marais mais aussi en zones montagneuses afin de limiter les risques naturels tels que les glissements de terrains.

Qu’est ce qu’une forêt plantée ? D’après l’Inventaire National Géographique (IGN), « une plantation se caractérise par un boisement ou reboisement d’arbres monospécifiques ou pluri-spécifiques sans limite d’âge du peuplement, observé sur la placette de description de 20 ares. La plantation est effective si elle est toujours présente au moment du levé. » L’IGN distingue deux types de forêts plantées. - les plantations régulières - les autres plantations. Par plantation régulière, il entend « une plantation selon un maillage régulier non interrompu par des îlots ou des bandes boisées, par convention, une plantation régulière en plein a une surface d’un seul tenant supérieure à 5 ares et une largeur supérieure à 20 mètres. ». Quant aux autres plantations, elles concernent toute autre situation.

Alignements de pins maritimes, Gironde

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... 01 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE, clé d’entrée d’une démarche paysagère

Représentant 13 % de la surface totale de la forêt de production avec ses 2,1 millions d’hectares, les forêts plantées se répartissent essentiellement dans les Landes de Gascogne, le Haut-Languedoc, le Massif central et ses contreforts Est, et s’étirent dans la partie orientale, le Jura et les Vosges, formant un axe sud-ouest nord-est. Les forêts plantées se situent pour 10 % en forêt domaniale, 14 % dans les autres forêts publiques et 76 % se situent dans les forêts privées. 80% des forêts plantées sont résineuses. Avec un total de 1,7 million d’hectares, elles se concentrent au niveau du Massif central et du SudOuest océanique. En termes d’essences, le pin maritime est le plus usité devant le Douglas et l’Épicéa. (Données IGN).


... 1.4 DE LA FORÊT FRANÇAISE AU MASSIF DES LANDES DE GASCOGNE Panorama de la forêt française et régionale En France, la forêt couvre plus de 16,5 millions d’hectares soit environ 31% du territoire national. Ce chiffre est en constante évolution depuis la fin du 20° siècle. C’est 440 000 personnes employées directement et indirectement, en comptant la filière de transformation du bois. La forêt a beaucoup évolué aux cours de ces dernières décennies. Sa surface forestière comptait en 1830 entre 8,3 et 8,5 millions d’hectares contre prés de 17 millions aujourd’hui. C’est l’occupation du sol la plus importante après l’agriculture qui occupe près de la moitié du territoire métropolitain. La superficie forestière augmente de 0,7% par an depuis 1980 (Données IGN). Les principales raisons de cette forte progression sont attribuées à la déprise des terres agricoles et au boisement de ces dernières, et dans une moindre mesure aux changements climatiques qui favorisent la croissance et la productivité des arbres. Cette forte évolution a eu des conséquences sur les paysages, les activités et sur l’économie de certaines régions.

Les différents écosystèmes forestiers qui composent la forêt française sont le reflet de la diversité des paysages français, de ses climats, de ses roches, de ses sols, de son relief, de ses usages et de ses traditions. A cette diversité forestière s’ajoute une diversité de fonctions. Avec cette multiplicité de paysages français, les forêts présentent des visages variés, avec des fonctions différentes selon leur emplacement : forêt de protection en montagne sur l’Aigoual, au sud du Massif central, sur les dunes d’Aquitaine, le long des cours d’eau, ou bien forêts plantées pour drainer et assécher les marais en Sologne ou dans les Landes de Gascogne. Les forêts métropolitaines sont aussi un lieu d’accueil pour pratiquer des activités variées, comme la chasse, la randonnée, la cueillette, la détente.

Ces milieux naturels ou « anthropiques » abritent de nombreuses espèces. On trouve environ 136 espèces dont 20 essences commerciales principales telles que le Pin maritime, le Douglas ou encore le Peuplier. Les essences les plus communes à l’échelle nationale sont le Hêtre, le Pin et le Chêne.

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La forêt, poumon vert de la Nouvelle Aquitaine : La Nouvelle-Aquitaine est la première région forestière d’Europe et dispose de la plus grande étendue de forêt en France métropolitaine avec 2,8 millions d’hectares s’étendant sur près de 84 000 km², en tête devant les régions Auvergne-Rhône-Alpes (2,5 millions ha) et Grand Est (1,8 millions ha). Représentant 17% de la surface boisée nationale, elle est composée à plus de 80% de résineux. Ceux-ci représentent 86% de la récolte de bois d’œuvre* et 75% du bois de trituration*. Sur les cinq dernières années, la récolte de bois en Nouvelle-Aquitaine a oscillé entre 9,7 et 13,2 millions de m³, soit plus du quart de la production de bois française. Une filière dynamique, qui place la Nouvelle-Aquitaine en tête des régions françaises pour l’exploitation de bois, principalement des résineux, qui totalisent à eux seuls 70% des volumes de la région. La forêt en Nouvelle-Aquitaine, c’est 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, ce qui fait de la filière forêt-bois le deuxième secteur économique régional derrière l’agroalimentaire et devant l’aéronautique.

Massif dunaire du Pyla, Gironde

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Gestion forestière et changements climatiques De part leur forte présence sur le territoire, les forêts et les milieux forestiers ont un rôle majeur dans la lutte contre les changements climatiques. Il me parait donc intéressant de mettre en relation gestion forestière et changements climatiques. Sur le plan national, depuis 2001 au travers du Code de l’environnement, la France a reconnu comme priorités nationales la « lutte contre l’intensification de l’effet de serre et la prévention des risques liés au réchauffement climatique». Le droit français dispose d’un certain nombre d’instruments juridiques qui, même s’ils ne sont pas spécifiquement dédiés à la lutte contre les changements climatiques, ont vocation à faire face aux effets de ces changements. Cependant, tous ces instruments, et plus largement, toutes les politiques publiques n’ont pas intégré de la même façon et aux mêmes échelles spatiales et temporelles les enjeux de l’adaptation au changement climatique.

En 2015, la France s’est engagée au travers d’un nouveau document, la Stratégie Nationale Bas-Carbone, à réduire de 75% ses émissions de GES à l’horizon 2050 par rapport à 1990. La Stratégie Nationale Bas-Carbone donne les orientations stratégiques pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transition vers une économie bas-carbone et durable. Elle fixe des objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à l’échelle nationale.

Pour aborder la question sous l’angle régional, des outils de planification territoriale ont été mobilisés récemment. Des plans visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre sont apparus dans les années 2000, mais ce n’est qu’en 2004 que le plan climat a inclus des mesures à vocation territoriale. En 2009, avec la loi Grenelle 1, est lancé le plan national d’adaptation au changement climatique pour les différents secteurs d’activité. Ce plan a pour priorité l’approfondissement des connaissances, la définition de méthodologies pour la prise en compte de l’adaptation et le renforcement des dispositifs d’observation et d’alerte.

L’ensemble de ces documents a pour objectif de lutter contre les changements climatiques, notamment les émissions de gaz à effet de serre principal responsable de ces changements, en jouant sur deux leviers majeurs que sont l’atténuation et l’adaptation. Comme on a pu le voir précédemment, les forêts ont un rôle important dans la diminution des émissions de CO2 au travers de la séquestration et de la substitution et sont par conséquent des acteurs majeurs que ce soit à l’échelle nationale, régionale ou locale.

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Les documents cadres, entre gestion forestière et climat


La forêt peut « vivre » sans intervention humaine. On retrouve des forêts primaires dans l’Est de l’Europe qui n’ont jamais été exploitées et présentant une grande diversité biologique. Le travail des forestiers est de lui permettre de s’étendre, de conserver sa biodiversité et de stocker du carbone tout en produisant les ressources nécessaires à la filière.

Forêt publique, Forêt privée: quelles distinctions ?

L’ensemble des forêts françaises est soumis au Code Forestier, faisant partie du Droit forestier, lui-même étant une branche du droit de l’environnement. Au travers de ce Code Forestier, la France a reconnu « La mise en valeur et la protection des forêts » en tant qu’intérêt général. « La politique forestière prend en compte les fonctions économiques, environnementales et sociales des forêts et participe à l’aménagement du territoire, en vue d’un développement durable. Elle a pour objet d’assurer la gestion durable des forêts et de leurs ressources naturelles, de développer la qualification des emplois en vue de leur pérennisation, de renforcer la compétitivité de la filière de production forestière, de récolter et de valoriser le bois et les autres produits forestiers, et de satisfaire les demandes sociales relatives à la forêt. » (Article L1 du Code Forestier). On trouve donc une diversité de documents dédiés à la gestion durable qui se décline à différentes échelles (nationale, régionale, locale) avec le Plan National Forêt Bois, le Schéma Régional de Gestion Sylvicole, le Plan Simple de Gestion ou encore le Code des Bonnes Pratiques Sylvicoles…).

74, c’est le pourcentage de forêts privées en France. Avec 12,2 millions d’hectares dont 11,8 millions sont à vocation de production, la forêt privée occupe 23% du territoire métropolitain. Le quart restant est donc public, forêts communales, domaniales, des collectivités, sectionnelles… Ces forêts publiques, qui représentent un quart des forêts françaises, se répartissent entre les forêts domaniales qui occupent 1,5 million d’hectares et les autres forêts publiques avec 2,7 millions d’hectares, essentiellement des forêts communales. Dans l’Ouest de la France, la part de la forêt privée est nettement plus élevée que la moyenne nationale et dépasse 90% pour les régions Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et Bretagne. La région Grand-Est et la seule région où la forêt privée est minoritaire avec seulement 44% de la surface régionale (Données IGN). Cette distinction entre forêt privée et publique se retrouve au niveau de la gestion et notamment des documents et instruments juridiques mis en place.

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En ce qui concerne les forêts publiques, elles relèvent toutes du régime forestier. Ce cadre réglementaire constitue un véritable statut de protection du patrimoine forestier contre les aliénations, les défrichements, les dégradations, les surexploitations ou encore les abus de jouissance. Outre ce cadre réglementaire, des documents majeurs dans la gestion aux niveaux national et régional s’appliquent aux forêts publiques. On trouve des Directives et Orientations Nationales d’Aménagement et de Gestion ainsi que des Directives et Schémas Régionaux. Ces documents à portée stratégique se présentent sous la forme de recommandations.

Forêts privées Pour les forêts privées, tout comme les forêts publiques, elles sont soumise à un document cadre en faveur de leur gestion durable: le Schéma Régional de Gestion Sylvicole (SRGS). Il décrit les caractéristiques de la forêt et de la filière bois régionale, les grandes régions forestières* et les principaux types de peuplements, et les traduit en termes de recommandations, au regard de la gestion durable, pour la mise en œuvre de la sylviculture dans les forêts privées.

Les forêts publiques font l’objet de documents de gestion appelés «documents d’aménagement ». Ils sont de deux types. - Le document d’aménagement simple concernant les forêts des collectivités et du domaine de l’État. - Le document d’aménagement standard pour les forêts des collectivités et du domaine de l’État à enjeux marqués ou de taille conséquente.

Ces dernières font l’objet de documents de gestion. Il en existe trois sortes. Ces documents sont fonction de la taille de la forêt et du choix du propriétaire. On trouve - Le Plan Simple de Gestion (PSG) : un document spécifique à chaque propriétaire - Le Règlement Type de gestion (RTG) : un outil définissant les modalités de gestion pour chaque grand type de peuplement - Le Code de Bonnes Pratiques Sylvicoles (CBPS) : un moyen simple de gérer les petites surfaces

L’office National des Forêts est chargé de la mise en œuvre de la gestion pour les forêts publiques en garantissant une cohérence des actions et facilitant la représentation des intérêts des collectivités et communes.

Le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF) est en charge du développement de la gestion durable des forêts privées. Cet établissement public oriente la gestion des forêts privées en agréant les documents de gestion durable tels que le RTG. Il est aussi en charge de former et conseiller les propriétaires forestiers par la réalisation d’études et expérimentations sur la forêt ou encore la vulgarisation de méthodes de sylviculture.

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Forêts publiques


I

l me semblait important et primordial avant toutes choses de clairement définir, expliquer et poser le contexte dans lequel s’inscrit le sujet que je traite. Plus précisément, cela concerne les termes scientifiques et définitions qui sont au cœur de mon mémoire tels que «changements climatiques», «écosystème forestier» ou encore «résilience». Ce travail doit permettre au lecteur d’entrer progressivement dans cette réflexion territoriale sur le massif des Landes de Gascogne.

Lagune, Saint-Magne (Gironde)

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... 02 LES LANDES DE GASCOGNE, une singularité nationale

…02

02 / LES LANDES DE GASCOGNE UNE SINGULARITÉ NATIONALE

C

e vaste territoire, au passé mouvementé, s’est transformé, à évoluer au fils des siècles, au gré des vents, des incendies... Aujourd’hui reconnue pour son littoral courant sur des centaines de kilomètres, il attire bon nombre de touristes, photographes et amateurs de glisse. En retrait de cette vaste bande dunaire, se déploie la plus vaste forêt cultivée d’Europe occidentale. Chaque année, des millions de mètres cube de bois sont récoltés. Gestionnaires, propriétaires et exploitants forestiers veillent sur cet ogre vert depuis plus d’un siècle. Principalement composé de pins maritimes, ce vaste massif forestier est vecteur d’emplois, de revenus mai aussi de tensions....

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Les Landes de Gascogne sont situées en Aquitaine, le long du littoral Atlantique, à l’interface de l’Europe du Nord et de la péninsule Ibérique. Bordé au nord par la métropole bordelaise et au sud par l’aire urbaine de Bayonne, ce territoire se compose d’une cinquantaine de cantons et d’environ 386 communes réparties sur trois départements : la Gironde, les Landes et le Lot-et-Garonne. Pour comprendre d’où vient ce nom de « Landes de Gascogne », il faut revenir quelques siècles en arrière. À l’époque ce vaste territoire s’appelait « Landes de Bordeaux », ce n’est seulement qu’au XIXe siècle que cette vaste région naturelle a revêtu le nom qu’on lui connaît aujourd’hui. Ce découpage correspond au périmètre d’intervention défini en 1945 par une ordonnance relative à « la mise en valeur de la région des Landes de Gascogne ». Il s’agit à ce jour de la seule définition administrative d’un territoire usuellement conçu comme un vaste triangle délimité au Midi par l’embouchure de l’Adour, à l’ouest par l’océan Atlantique, au nord par la vallée de la Garonne et la frange viticole du Médoc (Sargos, 1949) et à l’Est par les contreforts du Gers. Ce « Triangle des Landes » (Manciet, 1981), s’étend sur 200 km du Nord au Sud et 130 km d’Ouest en Est pour une superficie totale d’environ 1,5 millions d’hectares. Les Landes de Gascogne sont caractérisées par la prédominance d’une couverture forestière avec le massif forestier du même nom, d'environ 1 million d’hectares.

Le massif des Landes de Gascogne

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... 2.1 LES LANDES DES GASCOGNE : LE TRIANGLE VERT


Du pays au territoire Il faut bien comprendre que c’est la région géographique qui a donné son nom à l’entité forestière qu’est le massif. Les Landes n’ont jamais constitué un pays au sens politique du terme, mais bien une vaste région naturelle. Au Moyen Âge, ces terres étaient la partie la plus pauvre du royaume de France et par la même occasion de l’ancien Duché de Gascogne, rattaché au Duché d’Aquitaine. Sous la royauté, ce territoire relevait du « Gouvernement de Guyenne et Gascogne ». La Guyenne désignait alors les contrées dans l’orbite de Bordeaux, et la Gascogne les terres situées au sud. Les Landes telles qu’on les désigne communément, portent avec elles une idée reçue et parfois des malentendus. Ce terme désigne soit un département, soit un vaste territoire, en fonction de son écriture. Les Landes de Gascogne ou la lande qui a laissé place à un vaste massif forestier s’étalant sur trois départements constitue une entité originale de par son histoire et sa culture. Depuis bien longtemps déjà, ce vaste triangle constituant le territoire des Landes de Gascogne, est morcelé en plusieurs « Pays ». Ces 10 pays sont tous unis par des liens historiques et géographiques, mais aussi géologiques car ils appartiennent tous à la plaine sableuse des Landes, écologiquement par l’intermédiaire de la Forêt des Landes, linguistiquement par la langue vernaculaire; le Gascon et culturellement car appartenant tous à la Gascogne. Au moment de la création du département, en 1790, les Landes de Gascogne sont divisées en trois départements, la Gironde, Les Landes et Le Lot-et-Garonne. Ce nouveau découpage regroupe des ensembles hétérogènes qui n’avaient aucun lien commun, comme par exemple le sud de la forêt landaise et la Chalosse dans le département des Landes, ou le nord de la forêt landaise et l’Entre-deux-Mers en Gironde. Il n’en demeure pas moins vrai que les pays des Landes de Gascogne sont unis sur le plan de l’héritage culturel.

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Les pays des Landes de Gascogne


... 02 LES LANDES DE GASCOGNE, une singularitĂŠ nationale

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Un territoire façonné par l’Homme Cette région naturelle a connu de nombreuses transformations au cours des derniers siècles. Elle a été façonnée, dans son histoire et ses paysages, par de puissants déterminismes physiques dont l’Homme a su tirer profit après en avoir subi la rude loi.

1857 AMÉNAGEMENT DES LANDES DE GASCOGNE

1800 FIXATION DES DUNES Ce n’est que sous le règne de Louis XVI, que la fixation des dunes intéressa le gouvernement. Dans cette optique, des essais furent menés à La Teste de Buch à partir de 1787 par Nicolas Brémontier, ingénieur des Ponts et Chaussées. En 1800, la fixation des dunes de Gascogne fit l’objet d’un décret du Consulat. Le chantier dura plus d’un demi-siècle, mené par les Ponts et Chaussées. À la fin du XIXe siècle, une forêt de 88 000 hectares avait métamorphosé la côte landaise. Afin de la protéger, une dune artificielle, un piège à vent, fut édifié à l’initiative de l’ingénieur Goury. Ce sont les dunes littorales formant ce long cordon qui longe les plages girondines et landaises. Ce nouveau paysage, faisant face à l’Océan d’où provenaient les sables qui avaient façonné les Landes, était l’œuvre de l’Homme.

La physionomie de l’espace landais change radicalement suite à la loi du 19 juin 1857 relative à l’assainissement et la mise en culture des landes communales. La loi contraint en effet les communes qui n’ont pas les moyens nécessaires à la mise en culture des communaux, à vendre ou à affermer ces terrains. Cette modification majeure de l’occupation du sol s’accompagne de transformations sociales tout aussi importantes. Le boisement et le développement de l’économie de la résine provoquent la disparition de l’économie pastorale traditionnelle et l’apparition de 30 000 à 40 000 métayers-gemmeurs. Ces changements ne se font toutefois pas sans heurts. On assiste à la multiplication d'incendies, en grande partie volontaires, allumés pour protester contre la privatisation des communaux et tenter de résister à la mise en culture des parcours et landes.

1920 L’ÉCONOMIE DE LA GEMME Cette spectaculaire vitesse de boisement s’accompagne d’une croissance de la production de résine faisant du Sud-ouest, la deuxième région productrice au monde après les EtatsUnis. L’extension du pignada* à partir de 1857, et la pénurie mondiale de résine consécutive à la Guerre de Sécession, donnèrent un nouvel élan à cette activité. De 40 millions de litres de gemme* en 1857, la production passa à 100 millions de litres en 1900, pour culminer à 178 millions en 1920. La crise des années 30 et la baisse mondiale de la demande amorça le déclin de cette activité. Malgré les efforts de restauration du massif dans les années 50, l’économie de la résine affectée par la guerre et les incendies, subit un déclin inéluctable lié à la montée en puissance des dérivés pétroliers qui se substituent progressivement à l’essence de térébenthine. Elle s’éteint définitivement au début des années 1970.

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LES INCENDIES DES ANNÉES 50 Fléau redouté de tous, les incendies se multiplièrent dés 1937, profitant de la sécheresse et de la désorganisation du pays durant la guerre, peu entretenu par l’abandon du débroussaillage. Ces incendies concernent la majeure partie des Landes de Gascogne, en particulier le cœur du plateau landais et le Médoc. Jamais, le feu n’avait commis autant de dégâts. « De 1939 à 1945, l’incendie, parachevant le travail des déboisements, a détruit plus de 330 000 hectares de pins et creusé des vides immenses » (Taillefer 1947). Les sinistres persistèrent jusqu’à l’après-guerre. Cette période de crise culmine en août 1949, avec plus de 130 000 hectares brûlés et 82 victimes aux portes de Bordeaux. Un mémorial fut dressé en leur mémoire. Ce fut un véritable cataclysme pour les populations locales, cet incendie est resté dans la mémoire collective. 450 000 hectares de forêts se sont embrasés durant ces « années rouges », soit la moitié du massif landais.

1950 LA MUTATION DE LA SYLVE Les grands incendies marquent un tournant pour le massif landais. Deux ordonnances majeures vont impacter le massif dans sa « reconstruction ». Par l’Ordonnance du 28 avril 1945, est dressé un plan général de sauvegarde du massif landais. De nombreux travaux pour la lutte contre les incendies vont être entrepris (création de pistes, parefeu, points d’eau…) et la DFCI va voir le jour, qui sera en charge des travaux de prévention, de cloisonnement et d’aménagement de la forêt. L’ordonnance de 1945 introduit, dans son article 4, la possibilité d’une mise en valeur du territoire autre que forestière, une mise en valeur agricole. Pas moins de 250 000 hectares voués à l’exploitation agricole furent concernés. C'est le début de l'agriculture intensive avec les immenses champs de maïs.

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1980 L’INDUSTRIE DU BOIS L’économie régionale encaisse toutefois cette crise grâce aux changements d’affectation d’environ 100 000 hectares au profit du développement de grandes cultures de maïs irriguéés, dans les années 1960 et surtout, grâce au développement de l’industrie du bois d’œuvre* et d’industrie*. De sous-produit de la résine, le bois devient l’objet principal de l’exploitation forestière. La sylviculture va peu à peu s’orienter vers une intensification et une standardisation culturale dues notamment aux progrès techniques avec la mécanisation des travaux forestiers et des avancées scientifiques, dans la recherche, en particulier la sélection génétique qui permet d’avoir des sujets de plus en plus droit. On assiste à la mise en place d’une sylviculture intensive basée sur des peuplements mono-spécifiques de pins maritimes.

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1939-1949


Le territoire à l’heure actuelle Urbanisation

Filière Forêt-Bois

Le territoire des Landes de Gascogne subit un fort développement économique et démographique depuis une dizaine d’années. Du fait de son caractère particulièrement attractif, il a vu sa démographie augmentée fortement avec une hausse de 60 % en 40 ans, puisque 839 207 habitants y résidaient en 2006 contre 534 446 en 1968 (Bergouignan et al, 2011). Les effets conjugués de la périurbanisation et de la littoralisation des Landes de Gascogne transforment la trame rurale du territoire. Cette reconfiguration territoriale amène une reconfiguration économique avec notamment l’essor de l’économie résidentielle, la polarisation des activités dans les aires métropolitaines et la mondialisation des industries du bois et de l’agro-alimentaire (Mora et al., 2012).

La filière Forêt-bois est particulièrement développée et performante. C’est le deuxième secteur employant le plus grand nombre de personnes après l’agro-alimentaire. Au-delà de sa contribution à l’emploi régional, cette filière se caractérise par un couplage fort entre l’industrie et la sylviculture, ainsi qu’une complémentarité entre les industries du bois d’œuvre et bois d’industrie, fondée sur un partage de la ressource en pin maritime.

Gouvernance Entre décentralisation et désengagement de l’État concernant certaines compétences, l’affirmation de la Région et le développement des intercommunalités, l’organisation territoriale et les modes de gouvernance des Landes de Gascogne évoluent. On assiste à un renforcement des pouvoirs locaux et à une influence croissante des deux principaux pôles urbains, la métropole bordelaise et l’agglomération bayonnaise.

Transport Le déséquilibre entre littoral et arrière pays est mis en exergue par l’organisation des réseaux de transport à l’échelle territoriale, avec un manque de liaisons transversales et l’absence d’un maillage performant du territoire intérieur. Cependant, avec la présence de plateformes multimodales situées à ses extrémités Sud (le port de Bayonne, l’aéroport de Biarritz) et Nord (Aéroport de Bordeaux-Mérignac et le port du Verdon) fait des Landes de Gascogne, un territoire bien connecté aux espaces extérieurs.

Agriculture En ce qui concerne l’agriculture, le territoire des Landes de Gascogne est dominé par la production de maïs et volailles de qualité. Le nombre de petites exploitations diminue fortement. Aujourd’hui, au sein du territoire landais, c'est près de 221 650 hectares de surface agricole utile (SAU) qui sont mises en valeur par l’agriculture au sein de 5 656 exploitations (représentant 15 % de la SAU régionale et 13 % des exploitations de l’Aquitaine) (Mora et al., 2012). La tendance est à la diversification des productions par des agricultures de firme, avec par exemple la bulbiculture qui a connu un fort développement ces dernières années. La tendance est donc au maintien de l’emploi agro-alimentaire et à la diminution de l’emploi agricole.

Chiffres clés de l’occupation du sol (Mora et al, 2012)

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Occupation du sol des Landes de Gascogne


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Un socle inhospitalier Contexte géologique et pédologique particulières que s’est construite l’histoire de la forêt landaise, devenue le plus grand massif forestier cultivé d’Europe.

C’est donc la géologie même qui implique la définition des Landes, ce vaste triangle vert. C’est, il y a environ 15 000 à 10 000 ans avant nos jours, au quartenaire, que remonte l’uniformité de cette plaine sablonneuse. Cependant, cela n’a pas toujours été une plaine puisque les soubassements du sol révèlent un relief fortement accidenté avec ses montagnes et vallées tel un « ancien Jura fossilisé ». Progressivement, dés l’ère tertiaire, des dépôts de sables, graviers, argiles calcaires et alluvions vinrent recouvrir ce relief. Ces masses de sables et de graviers furent charriées par les eaux au gré des périodes de glaciation et déglaciation influençant le niveau des océans durant le Pléistocène. Le climat sec et froid, combiné à de forts vents d’ouest, transportèrent les sédiments vers l’intérieur des terres qui s’étalèrent en une nappe homogène et mince, de deux à cinq mètres d’épaisseur.

La singularité de ce territoire transparaît dans la forte expression de « Sahara landais » utilisée dans la littérature au XIXe siècle. Le paradoxe landais, qui voit de vastes marécages installés sur des sables en apparence perméables, s’explique par une accumulation de facteurs défavorables à la circulation des eaux. - la faible pente d’ensemble de la plaine landaise d’est en ouest (moins d’un mètre de pente par kilomètre) ne favorisant guère l’écoulement des eaux - l’existence de multiples vallées alluviales et de dépressions (appelées lagunes*) - l’effet de barrière du puissant cordon dunaire littoral formé de plusieurs générations de systèmes éoliens, en arrière duquel un véritable chapelet d’étangs s’est installé (Biscarosse, Hourtin, Cazaux, Aureilhan, Léon…) ne communiquant avec l’océan que par de rares émissaires, appelés localement « courants »

Cette uniformité géologique, constituée essentiellement de limons et de sables fins issus du Pléistocène, fait la particularité de ce territoire landais. Cette vaste plaine se singularise par la présence d’une nappe phréatique affleurante et de sols sableux podzoliques, où sous la fine couche d’humus n’apparaît la plupart du temps qu’une masse blanche cendreuse de silice presque pure, le podzol landais, et une couche plus ou moins indurée d’alios* , auquel l’eau des ruisseaux doit sa teinte rouille. C’est sur ces conditions hydrogéologiques et pédologiques

L’ensemble de ces facteurs favorise un engorgement des terres en hiver et une forte aridité des sols en période estivale. De plus, ils jouent un rôle très important dans l’implantation humaine (souvent à proximité des cours d’eau, lieux les mieux drainés du territoire).

Landes à Molinie, Plateau landais

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Carte géologique du massif landais


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Diversité des sols forestiers La couverture pédologique du massif des Landes de Gascogne est donc formée de la juxtaposition de trois terroirs principaux, lande sèche, humide et mésophile, présentant des caractéristiques propres. Les landes sèches sont localisées sur les anciennes dunes intérieures, à proximité des vallées alluviales et cours d’eau, les landes humides occupent le haut du plateau landais, au sein des vastes interfluves et les landes mésophiles une position intermédiaire entre les deux précédentes (carte ci-contre).

Malgré une apparente homogénéité, les sols landais sont relativement diversifiés. Ce degré de diversité varie et leur distribution géographique n’a rien d’aléatoire. La répartition des différents types de sols est liée à deux principaux facteurs évoqués précédemment, que sont la topographie et la présence d’une nappe phréatique superficielle apparaissant à profondeur variable. On distingue traditionnellement trois types de Landes en fonction de la situation topographique, de la profondeur d’apparition de la nappe phréatique et de son amplitude de battement : - la lande humide, - la lande mésophile, - la lande sèche.

Les landes humides et mésophiles totalisent environ 80 % du massif forestier et pour les landes sèches environ 15 % (IFN, 1991). Ces trois principaux types de landes sont définis par une végétation caractéristique bio-indicatrice. Sur la coupe ci-dessous, on peut observer la sucession de ces différentes landes.

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Répartition des différentes landes


Landes humides Dunes littorales Limite du massif Limites départementales Principales villes

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Légendes:


La lande humide (ou hygrophile) occupe ces vastes étendues planes, mal drainées, où la nappe phréatique superficielle est omniprésente. Sur ces landes, le niveau de la nappe évolue lentement et affleure la surface lors des périodes de fortes pluies au printemps et à l’automne, rendant ces zones inaccessibles. La végétation est essentiellement composée de Molinie (Molinia coerulea) et d’Ajonc nain (Ulex nanus).

La Callune (Calluna vulgaris), la Bruyère cendrée (Erica cinerea) et l’Hélianthème (Hélianthemum allyssoides) sont caractéristiques des landes sèches. La lande mésophile (semi-humide) se caractérise par un battement de la nappe phréatique important (jusqu’à 2 mètres), associé aux microreliefs liés aux lagunes. Elle constitue, de fait, un niveau topographique transitoire entre lande sèche et humide, et représente la partie la plus propice à l’établissement de la forêt et des cultures. La végétation caractéristique est représentée par la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) et l’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus).

La lande sèche (ou xérophile) est située sur les bordures méridionales et occidentales du massif, sur les zones les mieux drainées. La présence d’axes de drainage tels que des crastes* provoque un rabattement important de la nappe phréatique, asséchant naturellement les landes.

Lande humide, Landes

Lande mésophile, Gironde

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Lande sèche, Gironde


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Le Pin, l’arbre d’or des Landes... La formule est d’Alexandre Léon, entrepreneur bordelais qui bâtit sa richesse sur l’exportation de poteaux de pins bruts en direction de l’Angleterre vers 1860.

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Le pin, l’arbre d’or des Landes Icône de ce vaste territoire, le pin maritime (Pinus pinaster) a été un allié de taille pour les humains dans la valorisation de ce vaste désert. Cette essence de lumière, adaptée à des sols secs et nus, colonise les terres sablonneuses où il se répand rapidement grâce à la dissémination aérienne de ses graines (pignon) munies d’ailettes. Grâce à un système racinaire puissant et développé, il est capable d’absorber d’énormes quantités d’eau nécessaires à son développement. Il peut vivre jusqu’à 150 ans. Cette espèce autochtone, est présente depuis des milliers d’années, et se développait sur les versants bien drainés des vallées tracées par les rivières et sur les hauteurs des anciennes dunes (appelées montagnes). Le massif des Landes de Gascogne est également connu sous les dénominations de Forêt des Landes de Gascogne, Forêt landaise, Massif gascon ou encore Massif landais. Il représente, dans le Sud-ouest de la France, une unité remarquable par son étendue, la netteté générale de ses contours, sa grande homogénéité avec l’omniprésence du pin maritime, et enfin, par le rôle majeur qu’il joue dans la filière-bois régionale et l’économie de l’Aquitaine. Ce massif forestier comprend quatre régions forestières* dont l’ensemble occupe une surface totale de 1 329 340 hectares et contient une surface boisée proche de 1 million d’hectares, soit un taux de boisement de plus de 74 %. Les quatre régions forestières sont : - Les Dunes littorales : 96 100 ha - Le Plateau landais : 1 143 040 ha - Le Bazadais : 53 380 ha - Le Marensin : 36 820 ha

Le massif landais comprend essentiellement une forêt cultivée de Pin maritime, traitée pour sa majorité en futaie régulière. C’est une région à la fonctionnalité écologique particulière. Son intérêt réside à la fois dans son étendue, dans la présence de milieux d’intérêt particulier et dans l’existence d’une mosaïque de peuplements de classes d’âge variées. L’exploitation forestière du pin maritime est régie par la rotation des parcelles et leur exploitation en fonction des débouchés souhaités. Les feuillus, le plus souvent des chênes pédoncules et tauzins, mais aussi chênes lièges au Sud Ouest (Marensin) et verts au Nord Ouest (Bazadais), se retrouvent isolés, en lisières ou en bouquets, ou encore en bordure de crastes, de cours d’eau ou ceinturant d’anciens champs. Ils peuvent constituer des zones de forte diversité biologique notamment dans le cas des forêt-galeries le long de l’Eyre ou ses affluents.

Les régions forestières de l’IFN correspondent à une division territoriale où règnent des conditions similaires du point de vue de la production forestière. Elles sont devenues une référence et aident à l’élaboration des documents de gestion et d’aménagement forestier que ce soit dans le domaine public (Directives et Schémas régionaux d’aménagement de l’Office national des forêts), ou privé (Schémas régionaux de gestion sylvicole des Centres régionaux de la propriété forestière).

La forêt littorale, par ses caractéristiques physiques, les milieux qu’elle renferme et sa multifonctionnalité affirmée, s’inscrit en franche opposition avec la forêt du plateau landais. Cette opposition est aussi visible de part les fonctions qu’elles remplissent. La forêt littorale est une forêt de protection (événements tempétueux...) contrairement au plateau landais avec sa forêt de production.

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Les régions forestières du massif landais


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... 2.2 SYLVIGÉNÈSE* DU MASSIF DES LANDES DE GASCOGNE, ENTRE BOULEVERSEMENT ÉCOLOGIQUE, ÉCONOMIQUE ET SOCIAL De la lande au pignada; une afforestation imposée Napoléon Bonaparte, manifeste dés sa prise de pouvoir son intérêt pour l’assainissement des zones incultes, marécageuses et insalubres comme les Landes de Gascogne, la Sologne, les Dombes, la Bretagne ou encore la Champagne crayeuse dite pouilleuse. « Je veux faire du département des Landes un des premiers départements de France et, à la paix, un jardin pour ma vieille garde » (Sargos, 1997) aurait dit Napoléon 1er, à Tartas, en avril 1808, alors qu’il descendait vers Bayonne rencontrer le roi d’Espagne, Ferdinand VII. Cet intérêt pour l’agriculture ainsi que l’idée de progrès fondée sur l’industrie, incitent Napoléon 3 à faire l’acquisition en 1857 de 7 400

hectares au cœur des Landes de Gascogne en Grande-Lande. Il y créera sa ferme impériale qui devient en 1863, le village de Solférino où l’on peut encore observer les vestiges des constructions appartenant au domaine. Ce domaine expérimental fut aménagé par Henry Crouzet en charge de la mise en valeur de celui-ci où il expérimenta de nouvelles manières de tirer profit des landes. La double mission de ce domaine était d’offrir une sorte de laboratoire expérimental utile aux maîtres d’œuvre de la mise en valeur et de devenir un modèle pour toute la région, une vitrine de la régénération.

La ferme de Taston, Domaine impérial de Solférino (landesenvrac.blogspot.com)

La ferme de Poy, Solférino (landesenvrac.blogspot.com)

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Genèse du massif forestier Comme encore trop souvent, Chambrelent et Crouzet passent pour être les créateurs d’une forêt purement artificielle qui donna naissance au pignada actuel. Cependant, c’est omettre qu’il exista une forêt primitive, des pins maritimes mêlés à des feuillus tels que le chêne pédonculé, déjà présents dés l’Antiquité sur le territoire, soumis aux aléas tels que les incendies, puis plus récemment (Moyen Âge) aux déboisements. Dés le XVIIe siècle, des Landais créaient des pignadas, en exploitaient la résine comme l’a cartographié Belleyme. Le pin maritime sera sous Napoléon 3, l’instrument d’une conquête intégrale des landes vouées jadis aux activités pastorales. A la veille de la loi de 1857, la forêt de pins s’impose déjà comme l’avenir des Landes et menace le système agro-sylvo-pastoral en place. La forêt ne cesse de gagner sur la lande, suscitant la résistance des paysans et des pasteurs qui voient se réduire les pacages et parcours indispensables à leurs troupeaux. La forêt couvre environ 320 000 hectares en 1857 ce qui illustre les dynamiques déjà à l’œuvre depuis plusieurs décennies (carte ci-contre).

Évolution du boisement des Landes de Gascogne

La loi de 1857, dite « loi relative à l’assainissement et à la mise en culture des Landes de Gascogne », ne sera que le catalyseur permettant une colonisation exponentielle du territoire, au nom du progrès et de la salubrité. Les terrains communaux soumis au parcours du bétail doivent ainsi être assainis et ensemencés. Outre la prescription du boisement, c’est également l’obligation de ventes qui est faite aux communes lorsqu’elles n’ont pas les moyens de les mettre en culture. Cette législation entraîne une vente massive de terrains, jusqu’alors presque exclusivement en état de landes à parcours, au profit notamment des bourgeoisies landaises et girondines qui s’y taillent d’importants domaines aussitôt plantés en pins maritimes destinés à la production de résine.

De 1853 à 1873, c'est près de 276 000 hectares de communaux (dont les trois-quarts dans les Landes) qui sont semés en pins. Si on ajoute les forêts anciennes et dunaires ainsi que les forêts privées créées avant cette période, ce sont 64 900 hectares de forêts qui, au début de la Troisième République, recouvrent les Landes de Gascogne (Nougarède, 1995). En un demi-siècle, le massif forestier passe de 130 000 à 843 000 hectares, dont 780 000 en pins maritimes (Thiveaud, 1992). Cette impressionnante évolution des boisements atteindra son apogée dans les années 1940 avant que ne surviennent les incendies des années 1950. Depuis, la surface du massif forestier n’a cessé d’augmenter pour atteindre plus d’un million d’hectares à l’heure actuelle.

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Les différentes utilisations du pin maritime au fil du temps Comme toute ressource, le pin maritime a été exploité pour les différents produits qu’il fournit naturellement tels que la résine et le bois. L’ histoire landaise lui est étroitement liée. Aujourd’hui, celui-ci est à la base d’une des plus performantes filières du territoire français.

LA CHIMIE VERTE Apparue dans les années 1980 liée notamment aux avancées et progrès technologiques, la chimie verte utilise les fibres du bois pour en extraire des composants naturels via des procédés chimiques. Ces derniers serviront par la suite à la réalisation de produits ménagers, cosmétiques, chewing-gum ou encore boissons.

LE GEMMAGE Le pin maritime, comme tout être vivant, réagit aux blessures qu’il reçoit provenant de frottis d’animaux, d’attaques d’insectes ou d’outils tranchants, en sécrétant un liquide visqueux servant de cicatrisant : la résine. Les hommes ont rapidement compris qu’ils pouvaient tirer parti de ce phénomène naturel en incisant régulièrement l’arbre pour l‘empêcher de cicatriser. Le gemmage est né. Au fil des ans, les techniques évoluèrent tout comme les outils utilisés, permettant une augmentation de la production de gemme.

BOIS ET PRODUITS DÉRIVÉS DE LA RÉSINE

BOIS D’INDUSTRIE ET DE TRITURATION

Une fois récoltée, la gemme permettait la fabrication de produits résineux tels que la térébenthine, la poix, le goudron. Quant aux arbres qui étaient à la fin gemmés « à mort », leur bois très dur, dû aux « attaques » qu’ils avaient subies, servait à la fabrication de traverses de chemins de fer. Certains soulignent que cette période, marquée également par l’exploitation des bois pour la fabrication de poteaux de mines, constitue « l’âge d’or de la forêt landaise » (Lerat, 1960).

Depuis la disparition du gemmage, la sylviculture est axée sur la production de bois d’industrie et de trituration. L’une servant uniquement pour la construction et la seconde à la fabrication de pâte à papier. D’autres sous produits sont issus du pin maritime tel que le charbon indispensable pour alimenter les forges alors nombreuses sur le territoire.

LE PIN, ARBRE DE LA SANTÉ Avec le Second Empire, la conquête des Landes de Gascogne pris des allures de miracle. Le désert passait de région la plus malsaine de France à haut lieu de la santé. Les vertus curatives des pins étaient vantées par bon nombre de médecins. Un engouement se développa autour des bienfaits que procurait cet arbre. Sirops, dragées, chocolats à la résine, apéritifs et liqueurs digestives aux bourgeons de pin, sirops et pâtes de pin maritime, baume de pin…. Toutes ces médications étaient censées guérir les infections, rhumatismes et douleurs névralgiques…

Panorama du massif landais

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La sylviculture dans les Landes de Gascogne, d’hier à aujourd’hui


Émergence d’un nouvel éco-système Du système agro-pastoral* à l’industrie de la gemme puis à l’industrie du bois: une douloureuse transition Cette loi autoritaire de 1857 déclencha de nombreuses contestations auprès de l’ensemble de la société landaise. Brutalement privée de pacages, la paysannerie locale sombra dans la misère, condamnée à l’exode. Des révoltes pastorales saluèrent par le feu la fin du Second Empire en anéantissant une partie des forêts récemment plantées. Ce sont deux générations de paysans et pasteurs qui furent « sacrifiées » au progrès. Ce passé tumultueux des Landes de Gascogne, l’histoire avec son aspect socialement conflictuel (partage des communaux aux bénéfices de la propriété privée, conflits sociaux opposant métayers et propriétaires, mise en place de la domanialité sur une partie du littoral) est peu évoqué dans les nombreux documents et ouvrages que j’ai pu consulter. Est-ce un simple oubli, un désintérêt ou bien de l’ignorance ? Cela est difficile à déterminer. « les Landes, c’est quand même ça, la forêt c’est aussi le symbole du servage de la population » (Aude Pottier, 2012.) Le schéma, ci-contre, illustre les différentes transitions qui se sont opérées au sein du massif forestier. Il met en lien l’évolution des boisements (courbe verte) avec les grands évènements qui sont survenu depuis le 18e siècle jusqu’à aujourd’hui. Sur la partie supérieure, on peut observer les différents «systèmes» agro-pastoral, agro-sylvo-pastoral, sylvicoles et industriels, qui se sont succédés sur ce territoire. Cette mise en exergue des liens entre la société et le massif permet de comprendre comment celui-ci a évolué et surtout de s'interroger sur ce qu’il sera d’ici 30, 40 voire 50 ans.

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Une évolution économique et sociale Cette évolution économique, fondée sur l’industrie de la gemme, amène une évolution sociale. L’éternelle guerre entre les riches et les pauvres a touché ce territoire, ou plus précisément, une guerre qui oppose les pasteurs et les petits paysans aux propriétaires de forêts. L’enjeu de ce conflit est la lande, dont les pasteurs ont besoin pour mener paître leurs troupeaux et couper la bruyère contrairement aux propriétaires forestiers qui veulent soustraire cet usage commun afin d’y cultiver le pin. De nombreux pasteurs incendièrent les jeunes semis de pins afin de protester contre cette « privatisation des landes ». C’est toute une partie de la société landaise qui ne veut pas mourir et qui s’insurge par ce geste. La transformation des paysages a induit de nouveaux métiers et donc de nouvelles formes de travail.

Pâtres landais sur leurs échasses, Haute-Lande (Félix Arnaudin)

Le métayage*, statut traditionnel dominait encore dans les années 1950, mais le lien des populations à ce statut a basculé. Les rapports qu’entretenait le maître avec ses métayers s’infléchissent et s’apparentent de plus en plus à ceux qui existent entre un patron et son ouvrier. Le propriétaire jouissait d’une position favorisée, contrairement aux métayers frustrés de voir leur situation inchangée et que leur travail permettait un enrichissement des propriétaires. Dans ce contexte, un mouvement syndical se constitua afin de revendiquer de meilleures conditions de partage du revenu entre propriétaires et métayers, mais aussi un meilleur statut plus stable. Cependant, cette image est à nuancer puisque bon nombre de propriétaires étaient aussi exploitants et partageaient donc la même vie que les métayers/gemmeurs, à la seule différence qu’ils ne partageaient pas le fruit de leur travail. Gemmeur sur son pitey, Grande-Lande (Félix Arnaudin)

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De nouveaux paysages…. Les évolutions d’utilisation du pin maritime, le progrès mécanique ou encore les avancées technologiques, ont eu des impacts sur les pratiques culturales mises en œuvre au sein du massif forestier. Celles-ci se sont adaptées à la demande et aux débouchés du bois. Les paysages ont par conséquent subi des modifications d’organisation, de formes, pour la plupart anthropiques. Le massif actuel se caractérise par des paysages forestiers modelés par une exploitation intensive du pin maritime sous forme de parcelles équiennes. La géométrie caractérise ce paysage forestier gascon. Le linéaire des semis et des plantations est complété par la rigueur du parcellaire, des pistes DFCI et des fossés d’assainissement. (Aude Pottier, 2013)

Landes à parcours, Haute-Lande (Félix Arnaudin)

Vu de l’extérieur, ce paysage forestier donne l’impression d’un écran, dont les seules ouvertures visuelles sont souvent formées par les airials, les champs de maïs, les pistes forestières et les coupes rases. Ces dernières, dont les formes rectilignes continuent d’appuyer la géométrie du paysage, marquent d’autant plus la logique économique du pignada. En passant des landes marécageuses à une forêt de production, le paysage landais n’a pas forcément gagné en plus-value. Même si la forêt a succédé au « désert », l’alignement sans fin de parcelles monospécifiques, de pins bien alignés, calibrés, associés à un relief plat, lui vaut bien souvent la dénomination de monotone, et même parfois de champs de pins. (Aude Pottier, 2013). Cela se ressent dans le discours des landais, qui à leur yeux, le massif s'apparente plus à un "champs" de pins qu'à une forêt.

Pins maritimes, Escource

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Dynamiques territoriales A quoi s’attendre d’ici 2050 ? Du point de vue des mobilités et de l’urbanisation, avec une croissance démographique essentiellement liée aux migrations (néo-ruraux) et une attractivité de plus en plus importante du littoral, les processus de périurbanisation et le repeuplement des espaces ruraux vont s’intensifier. Ces dynamiques auront des conséquences sur cet espace à dominante rurale qui devra modifier son armature caractérisée par un habitat dispersé et un tissu lâche. Avec l’arrivée de nouvelles populations, de nouvelles attentes sociales sont en train d’émerger et notamment vis-à-vis du cadre et de la qualité de vie. Dans cette optique, la santé sera un des leviers majeurs. La forêt aura elle aussi un rôle important avec l’articulation de sa dimension plurielle (nature, cadre de vie, loisir, production). Les conséquences du changement climatique sur la disponibilité en eau, notamment pour l’irrigation auront un impact sur la productivité agricole. De plus, la production d’énergie renouvelable (biomasse) va devenir un enjeu marquant. En ce qui concerne la forêt et la filière Forêt-bois, on pourrait assister à une intensification des itinéraires sylvicoles en lien avec l’augmentation de la demande en biomasse. Du côté des sylviculteurs, la prise en compte des évènements passés, amène de nombreuses incertitudes dans leur stratégie. Cela aura un impact sur la gestion des forêts avec une volonté de reboiser, mais aussi de minimiser les risques en diversifiant les itinéraires sylvicoles. La montée en puissance des pouvoirs métropolitains, le développement de l’intercommunalité auront des conséquences sur l’organisation territoriale des Landes de Gascogne avec l’affirmation d’opérateurs sectoriels (Mora et al., 2012).

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Les valeurs paysagères du massif forestier Les paysages des Landes de Gascogne sont étroitement liés à son histoire. Ils se caractérisent par des formes, des couleurs, des échelles, des odeurs, des sons variés, en fonction des spécificités du territoire (terroirs). Toutes ces composantes, qui font la personnalité des paysages landais, peuvent se traduire sous la forme de valeurs paysagères. Ces valeurs sont illustrées ci-après.

- DES ACTIVITÉS QUI FAÇONNENT LE TERRITOIRE

- UNE DIVERSITÉ DE MILIEUX ÉTROITEMENT LIÉS À L’EAU

- UN TERRITOIRE DE GRANDS ESPACES

- UNE FLORE ET UNE FAUNE ENDÉMIQUE

- UN PATRIMOINE ANCIEN ET EMBLÉMATIQUE

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... 2.3 UNE SYLVE AUX NOMBREUSES QUALITÉS


Un territoire de grands espaces Landes, Bande côtière, champs photovoltaïques, maïsiculture, pignada Plus grand massif cultivé d’Europe, cette mer de pins maritimes se déploie sous nos yeux jusqu’à l’horizon. Les clairières agricoles ponctuent ces paysages forestiers. Les immenses étendues de maïs répondent aux pins maritimes dans une tout autre mesure. Lorsque tout à coup, le métal envahit la forêt. Les champs photovoltaïques marquent le massif de leur couleur bleuâtre. À l’ouest, cette vaste bande littorale de sable blanc s’allonge à perte de vue reliant la pointe du Médoc au Pays Basque.

Landes à pâture, Haute-Lande

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Culture intensive du maïs, Landes

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Des activités qui façonnent le territoire Coupe rase, Agriculture intensive, Élevage, Filière Forêt-Bois... Créer de la main de l’Homme, ce massif unique en France est le support d’activités économiques. L’agriculture, la sylviculture, le tourisme, le façonnent au fils des saisons, des coupes rases, des éclaircies… Lorsque la sylviculture ferme les horizons d’un rideau de pins maritimes, l’agriculture avec ces vastes champs de maïs les ouvrent laissant fuir notre regard.

Parcelle de pins maritimes, Escource

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Pile de grumes de chêne, Trensacq

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Une diversité de milieux étroitement liés à l’eau Lagunes, Forêt-galerie, Leyre, Crastes... Malgré son apparente monotonie due à la sylviculture intensive du pin maritime, avec ses parcelles monospécifiques, le territoire landais abrite une diversité de milieux souvent méconnus car imperceptible depuis l’extérieur. Derrière ce rideau de pins, se trouvent des forêts galeries, des lagunes, des îlots de feuillus…. L’eau joue un rôle très important sur le territoire, car elle façonne ces milieux et impacte les activités humaines comme l’agriculture.

Lagune du Gat-Mort, Villagrains

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L’Eyre, Commensacq

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Une flore et une faune endémique Pin maritime, Molinie Bleue, Callune, Fadet des Laîches... Instrument d’une transformation territoriale imposée et subi, le pin maritime en est « l’emblème ». Outre cet autochtone, la Callune ou encore la Molinie marquent de leur couleur les paysages des Landes de Gascogne. D’autres espèces inféodées à ce milieu forestier sont remarquables comme le Fadets des Laîches, un papillon vivant au cœur du massif forestier.

Callune, Calluna vulgaris

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... 02 LES LANDES DE GASCOGNE, une singularitĂŠ nationale

Branche de pin maritime

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Un patrimoine ancien et emblématique Maison landaise, Crastes, Airials, Landes à parcours.... Territoire au riche passé, les Landes de Gascogne possède un patrimoine bâti, naturel et culturel remarquable. Ces traces du passé sont encore visible de nos jours et sont à préserver et à valoriser. Barradeau, crastes, airials, bordes, forges… Tous ces témoins donnent une valeur culturelle aux paysages gascons.

Airial landais avec ses dépendances, Lit-et-Mixe

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... 02 LES LANDES DE GASCOGNE, une singularité nationale

Ferme landaise, Marquèze

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Des pistes pour l’avenir ? Les valeurs illustrées précédemment sont porteuses des spécificités territoriales du massif des Landes de Gascogne, elles composent les paysages landais. Elles permettent de mettre en avant ce qui peut nourrir les politiques d’aménagement pour construire un territoire résilient s’appuyant sur les spécificités territoriales. Elles constituent un outil privilégié afin de porter un regard critique sur les évolutions en cours du territoire, mais sont aussi une source d’inspiration pour agir de manière cohérente et adaptée en vue de penser le futur du massif (Comment valoriser les paysages au travers des grandes décisions stratégiques ?).

Ce territoire, au passé mouvementé, est marqué part de forts déterminismes naturels et humains (aménagement des Landes de Gascogne, socle géologique et pédologique...) où l’homme y occupe une place prépondérante. Celui-ci s’est adapté à ce milieu inhospitalier afin de tirer parti des spécificités du terroir landais. Le massif de pins maritimes est né. Ce géant forestier est aujourd’hui connu et reconnu de tous. Cependant, derrière cette imposante image d’un massif uniforme où le pin maritime est roi, se cache un système sylvicole fragile et vulnérable. La monospécifité conjuguée aux nombreux aléas climatiques mettent à mal le territoire. C’est tout une système écologique, économique et social qui se retrouve fragilisé et remis en cause depuis une dizaine d’années.

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Forêt-galerie de la Leyre, Commensacq


... 02 LES LANDES DE GASCOGNE, une singularitĂŠ nationale

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03 / LES LANDES DE GASCOGNE

UN TERRITOIRE VULNÉRABLE FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

C

ertains événements récents viennent appuyer le discours des détracteurs. Ainsi, la dernière tempête Klauss du 24 janvier 2009 (près de 600 000 hectares affectés dont plus de 200 000 détruits à plus de 40 %), a constitué pour certains la preuve de la nonrésilience et résistance d’un massif excluant toute valeur écologique, sociale et économique. Alors que les tempêtes de 1999 avaient été désignées comme « tempêtes centennales », et donc par définition exceptionnelles et non généralisables, la surprise de revoir surgir, moins de 10 ans après, un événement de même puissance, a été entière. Face à l’étendue des dégâts, alourdis par une attaque parasitaire (près de 4 millions de m³ impactés par les scolytes à l’automne 2010), la fragilité du massif a été mise en avant. La perspective d’un changement climatique a fait douter des capacités d’adaptation d’une forêt en monoculture gérée intensivement et par là même occasion de l’avenir tant économique que paysager, des territoires sur lesquels s’implante le massif (Pottier, 2012).

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... 03 LES LANDES DE GASCOGNE, un territoire vulnérable face aux changements climatiques

…03


... 3.1 LE PIGNADA DES LANDES DE GASCOGNE, UNE MATRICE ÉCOLOGIQUE MENACÉE Sylviculture et biodiversité, une cohabitation difficile Sur le plateau landais, la sylviculture du pin maritime suit traditionnellement des itinéraires techniques basés sur la régénération artificielle du pin après coupe rase. Les plants et graines utilisés sont issus d’améliorations génétiques et des engrais phosphatés sont généralement apportés pour pallier à la pauvreté des sols en minéraux. Ces deux opérations (ainsi que les évolutions des techniques sylvicoles) ont permis de faire passer la productivité de la forêt de pin maritime de 4 m3/ha/an dans les années 1950 à plus de 10 m3/ha/an actuellement (CRPF Aquitaine, 2008). Les forêts de pin maritime sont généralement gérées en futaie régulière monospécifique, avec environ 4 à 5 éclaircies et des révolutions de 40 à 50 ans.

Les itinéraires techniques évoluent et la tendance est au raccourcissement des rotations et à la production de bois d’œuvre rapide, plutôt en 35 à 40 ans qu’en 50 à 60 ans. De plus, l’exploitation des bois, suite aux tempêtes de 1999 et de 2009, conduit à l’exportation croissante des rémanents forestiers et des souches, pour lesquelles des machines d’extraction et des modalités de stockage (en andain) ont été mises au point. Ces souches sont principalement des sources de biomasse et leur utilisation a débuté de façon conjointe avec l’installation des chaudières de cogénération de chaleur et d’électricité sur les sites industriels.

Cycle sylvicole actuel du pin maritime

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Parcelle âgée de 2 ans, Escource

Parcelle avant 1° éclaircie, Saucats

Parcelle après débroussaillage, Haute-Lande

Parcelle après 4°éclaircie, Escource

Coupe rase avec andains, Le Teich

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... 03 LES LANDES DE GASCOGNE, un territoire vulnérable face aux changements climatiques

Parcelle après labour, Escource


La monoculture du pin maritime rend cette forêt vulnérable et très fragile. De ce point de vue, cet arbre se démarque des autres essences forestières. La densité du peuplement ainsi que la hauteur ne sont pas des facteurs apparents de vulnérabilité. En revanche, la réalisation, au cours des cinq années précédant la tempête, d’une éclaircie, accroît les risques de manière significative. De plus, le labour en bande, lors de la plantation, semble diminuer la qualité de l’installation et affecter la résistance au vent. D’un point de vue phytosanitaire, suite aux deux tempêtes de 1999 et 2009 et aux chablis non exploités, la forêt est attaquée par des parasites notamment le scolyte en plus des attaques endémiques par les chenilles processionnaires du pin. De plus, la production d’énergie biomasse appauvrit les sols forestiers (cf paragraphe précédent). La minéralomasse* ne peut plus se décomposer et ainsi apporter des minéraux indispensables à la fertilité des sols. Il est évident que l’enrésinement des Landes de Gascogne a provoqué la disparition, ou du moins la raréfaction, d’un certain nombre de biotopes. Des évolutions mettent en avant cette réduction de la biodiversité au sein du massif. La première est la réduction des zones humides et plus particulièrement des « lagunes ». Cette réduction est liée au drainage des landes marécageuses pour y planter le pin. La deuxième de ces évolutions est la réduction continuelle de la proportion des feuillus, soit par défrichement et enrésinement, soit par élimination directe ou indirecte des parcelles de pins. Enfin, les différentes pratiques sylvicoles mises en œuvre ne prennent que très peu en compte cet enjeu de biodiversité aboutissant à une faible diversité biologique (peuplements purs et équiens). Plus simples que les forêts « naturelles », cela offre donc une plus faible diversité d’habitats et de ressources aux espèces forestières.

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De façon profonde et historique, les habitants du territoire des Landes de Gascogne, et plus particulièrement les sylviculteurs, sont sans cesse tiraillés entre logique productiviste et naturaliste, quantité et qualité, dans des rapports aux temps contradictoires mais en nécessaire adéquation avec les pratiques sylvicoles choisies. L’enrésinement du plateau landais et sa vocation de production semble actée dans les grandes lignes, mais des changements sont à prévoir dans les modalités de production notamment (itinéraires sylvicoles, gestion…) au prisme des changements climatiques à venir sur ce territoire. Ces évolutions sylvicoles peuvent-elles réellement être mises en œuvre ? Les changements seront-ils voulus ou subis ?

Landes à molinie, Haute-Lande

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... 03 LES LANDES DE GASCOGNE, un territoire vulnérable face aux changements climatiques

Les deux tempêtes successives ont créé des ouvertures dans le massif. Il a été constaté qu’une proportion non négligeable (14 %) de pinèdes endommagées par la tempête Martin n’a pas fait l’objet de reboisement au cours de la dizaine d’années suivantes (Nord Médoc notamment). La tempête Klaus a contribué à augmenter la fragmentation de l’espace ; elle a exposé les terrains forestiers à la pression foncière ; elle a accru les risques sanitaires ainsi que ceux liés aux incendies et au grand gibier. La biodiversité bénéficie de l’augmentation des milieux ouverts, mais elle pâtit, au niveau génétique, de l’homogénéisation qui risque de surgir des trouées, ainsi que de la généralisation des variétés améliorées.


Paysage sylvicole, paysage uniforme ? Un territoire aux multiples faciès Ce territoire constitue 30 % des réservoirs de biodiversité de la région et abrite au-delà des apparences, une grande diversité de milieux et d’espèces. L’effet mosaïque engendré par le mode de faire valoir (monoculture) de la forêt cultivée, est sans doute un atout aussi important que la richesse des zones humides qu’il abrite (crastes et lagunes, maillage hydraulique, forêts-galeries*, étangs...). La biodiversité qu’il renferme est ainsi la résultante d’un milieu particulier (landes sableuses à micro-relief) et de la culture de la forêt. Les éléments les plus remarquables de la biodiversité du massif sont lies aux milieux aquatiques et aux milieux ouverts étroitement associés aux boisements : les cours d’eau avec leurs ripisylves et leurs marais, les plans d’eau littoraux, les prairies résiduelles, d’anciennes exploitations minières (Arjuzanx, Hostens) ou des champs de tir (Captieux) avec des formations de landes de grande superficie, et les lagunes riches en espèces végétales endémiques (Faux cresson de Thore) et abritant des espèces d’intérêt patrimonial (le Fadet des Laiches).

Forêt-galerie de la Leyre, Commensacq

Delta de la Leyre, Le Teich (Photo PNRLG)

Lagune, Saucats

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Carte des enjeux environnementaux


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Le massif constitue en outre une « zone tampon » pour des secteurs à forte biodiversité : vallée de la Leyre ou du Ciron, lacs d’arrière dune du Médoc et des Landes… Celle-ci est l’une des valeurs d’intérêt public qui justifient une intervention de la puissance publique et le classement (Natura 2000, ZNIEFF…) pour la protéger. Il importe donc que la gestion forestière continue à être garante du maintien de cette biodiversité, et perçue comme telle, notamment par les nouveaux habitants du massif… (cf enjeux environnementaux et sociaux-culturels) Le maintien et la restauration de la biodiversité sur cet espace sont un véritable enjeu du fait des évolutions consécutives liés aux défrichements, dégradation du petit chevelu du réseau hydrographique (réseau de tous les menus écoulements et petits rus qui finissent par former un ruisseau), de la régression des lagunes ou encore de l’artificialisation des sols et du morcellement. La prise en compte de ces éléments rejaillit diversement sur la sylviculture où de nouveaux itinéraires sylvicoles sont proposés pour renforcer la résilience des forêts de pins maritimes en implantant notamment des îlots ou des lisières de feuillus dans les forêts de pin. (Mora et Banos, 2014). La biodiversité du massif landais est plus élevée que celle de la lande d’origine. Cependant, celle-ci peut encore être améliorée par une gestion plus durable privilégiant les dynamiques naturelles, l’entretien et la protection de ces espaces en faveur de cette mosaïque de milieux. Ces paysages sylvicoles, qui caractérisent le territoire, vont donc être amenés à évoluer, et tout particulièrement à cause de l’augmentation des températures, des sécheresses plus longues et plus rudes, de la baisse des précipitations. Ces changements vont impacter la phénologie du pin maritime et plus globalement des espèces forestières. Pour répondre à cela, les espèces ont deux mécanismes : l’adaptation locale ou la migration vers d’autres milieux plus cléments, quand elles ne disparaissent pas par extinction. En une même région donnée, les Landes de Gascogne, la composition future des forêts résultera donc de la conjonction de ces deux processus, auxquels contribue très largement l’action de l’homme. Ce dernier peut d’une part modifier la sylviculture pour faciliter l’adaptation ou contribuer à la migration par la transplantation d’espèces, voire faire appel à d’autres espèces non autochtones (Programme CLIMACQ, INRA).

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Les enjeux écologiques Promouvoir une biodiversité forestière au sein du massif des Landes de Gascogne - Préserver une diversité de milieux naturels identitaires du territoire tels que les landes, lagunes ou encore forêt galerie - Favoriser les services éco-systémiques pour un massif forestier résilient - Favoriser l’amélioration de la qualité des boisements

Repenser les pratiques sylvicoles actuelles pour une gestion durable de la forêt - Amener une diversité des essences forestières intra et inter-parcellaires - Diversifier les modèles sylvicoles en fonction des ressources locales (essences forestières, pédologie, activités annexes) - Promouvoir une gestion sylvicole adaptative pour un massif résilient

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A RETENIR


... 3.2 UN MASSIF MULTIFONCTIONNEL CONTROVERSÉ Le pignada: une forêt fortement fragmenté Le statut foncier du massif forestier landais est le reflet de son histoire. En 1857, les Landes de Gascogne possédaient environ 400 000 ha de landes communales (Dupuy, 1994). Aujourd’hui, 92 % du massif forestier landais relève de la propriété privée (CRPF Aquitaine, 2005). Derrière l’importance de ce chiffre, se cachent des distinctions importantes qu’il faut souligner. En effet, outre les distinctions physiques entre la partie littorale et le plateau, le massif forestier landais est également divisé en deux par le statut de la propriété. La partie littorale, où se trouvent les forêts de protection, et les anciennes dunes boisées comme notamment à Biscarrosse, La Teste ou encore Mimizan, appartiennent à l’État et sont gérées par l’Office National des Forêts. La prédominance des forêts domaniales au sein de la région forestière des dunes du littoral (voir chapitre 2.2) est à mettre directement en lien avec l’histoire de la fixation du milieu dunaire par l’État dans la deuxième moitié du XIXe siècle. (Sargos, 2004). Quant au plateau landais, où se trouve la forêt de production, il est essentiellement constitué de parcelles privées appartenant à des milliers de propriétaires différents. Cette prédominance de propriétaires privés est à mettre en relation avec l’histoire de l’aménagement des Landes de Gascogne et la vente des communaux à des investisseurs privés.

Légendes:

Forêts domaniales Autres forêts publiques Principales villes Limites départementales

Les forêts publiques du massif landais, Données ONF

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Le foncier du massif, du fait de sa structure (concentration de grandes parcelles de production en cœur de massif, dispersion de nombreuses parcelles de moins de 10 hectares en périphérie de massif) et de sa faible valeur marchande, est vulnérable à des pressions extérieures (urbanisme, infrastructures de transport, agriculture, énergies renouvelables…). La logique individuelle des propriétaires pour valoriser leur bien peut conduire à d’importantes mutations et aller à l’encontre de l’avenir du massif (fragmentation, difficultés de gestion, baisse de la production, hausse du coût du foncier, conflits d’intérêt et de voisinage, dégradation des fonctions environnementales et paysagères…). L’enjeu de concentration du foncier est donc au cœur des problématiques de vulnérabilité du massif landais. Bien que les propriétés de plus de 25 hectares représentent la majorité de la surface forestière du massif, la structure de la propriété forestière fait apparaître un grand nombre de petites propriétés, en particulier dans les périphéries du massif, sous influence métropolitaine, littorale, ou à proximité de grandes infrastructures de transports. Enfin, en dessous de 4 ha, les propriétés forestières ne sont pas soumises au code forestier et n’ont pas obligation de suivre les documents de gestion tels que le plan simple de gestion. Elles sont donc aussi constitutives d’un risque d’entretien médiocre préjudiciable à la prévention des incendies, des parasites et des tempêtes.

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IL EST À L’HEURE ACTUELLE ASSEZ CONVENU DE DIRE QUE POUR VIVRE DE SA FORÊT, IL FAUT POSSÉDER ENTRE 300 ET 500 HECTARES, UN HECTARE DE FORÊT RAPPORTANT ENTRE 100 ET 150 EUROS PAR AN.

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Le morcellement de la propriété foncière est un frein pour la reconstitution après de tels évènements, mais également au quotidien pour une gestion cohérente et durable de la forêt. La petite propriété privée est critiquée car elle complique la réalisation d’équipements et d’infrastructures forestières, les coûts d’exploitation de la ressource y sont plus élevés que sur une grande. Des solutions existent afin de lutter contre ce morcellement parcellaire: regroupement de parcelles et des dessertes (retournement, dépôts, pistes…), les échanges entre propriétaires (le conseil général paye les frais notariaux), et le regroupement de chantiers lors de travaux (éclaircies, débroussaillage…). Les principaux freins à ce regroupement des petites parcelles sont les frais notariés et les frais de gestion. Cependant, cette faiblesse peut devenir un atout. Ces parcelles constituent potentiellement des îlots de vieillissement permettant l’amélioration de la biodiversité. Du point de vue des mutations dans les modes d’occupation des sols, le propriétaire d’une petite parcelle péri-urbaine sera facilement tenté par l’urbanisation en raison des différences de prix entre l’usage forestier et les usages concurrents du foncier. La valorisation économique du foncier constitue par conséquent un facteur de vulnérabilité important par rapport aux pressions d’urbanisation.

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Bien que très majoritairement privées, les forêts landaises sont considérées comme des « forêts ouvertes », des espaces accessibles au public et partagés grâce à la tolérance des propriétaires. Ce droit d’usage traditionnel, qui permit aux sylviculteurs d’acquérir une certaine légitimité sociale et culturelle auprès des usagers se retrouve désormais porté par la volonté de la puissance publique d’ouvrir les forêts à la fréquentation et plébiscité par un large public (Mora et Banos, 2014). Malgré que la forêt landaise soit d’abord perçue dans sa dimension production de bois, elle est aussi le siège d’autres fonctions non marchandes dont l’importance est souvent sous-estimée. Une grande majorité des Landais fréquente cette forêt pendant leur temps libre. La forêt « ordinaire » est également porteuse de valeurs identitaires et culturelles très fortes. Elle renferme un patrimoine riche et emblématique du territoire, véritable trace du passé avec leurs les anciennes maisons landaises ou encore les airials* issus du système agro-pastoral*. Les menaces qui pèsent sur ce milieu (tempêtes, ravageurs, défrichement…) sont susceptibles de renforcer l’attachement des habitants à son égard. Sentier pédestre, Saint-Magne

Jusqu’à maintenant, les processus de patrimonialisation* semblent avoir assez peu touché la partie productive de la forêt (le plateau landais). Mais avec la montée en puissance du patrimoine naturel, les espaces et espèces protégés se retrouvent situés au cœur de la forêt. Par conséquent, on assiste à une imbrication progressive des espaces patrimoniaux, forestiers et naturels. Cette superposition de statuts de protection peut directement affecter la gestion forestière des propriétaires au quotidien (Deuffic et al, 2010). C’est pourquoi tout en continuant à défendre la forêt productive, les acteurs forestiers du plateau landais soulignent la nécessité de diversifier les activités économiques et de promouvoir d’autres valeurs liées à la forêt (paysage, écologie…) afin de renforcer l’attractivité du territoire.

La maison du Maître, Écomusée de Marquèze, (cuture.guv.fr)

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Entre attentes sociales, production sylvicole, et récréation : une pluralité de fonctions qui interroge


Avec l’essor des préoccupations environnementales et la forte attractivité démographique des Landes de Gascogne, les usages nonmarchands liés à la forêt se renouvellent et donnent lieu à diverses formes d’appropriation et d’attachements via la biodiversité, le cadre de vie, le stockage de carbone ou encore la fréquentation. (Mora et Banos, 2014). La reconnaissance d’un espace de production forestière est un enjeu dont le volet sociologique n’est pas négligeable. La forêt est autant perçue dans sa dimension écologique, récréative et paysagère que dans sa fonction de production. La menace consiste à oublier la forêt en tant qu’espace de production. De ce fait, il y a un risque de « rupture sociologique » avec l’arrivée massive de nouvelles populations qui perçoivent la forêt comme un décor immuable et peuvent ne pas comprendre les nécessités de sa gestion (incompréhension face aux coupes de régénération et coupe rase notamment). C’est le cas avec les néo-ruraux, qui en s’installant sur ce territoire recherchent un cadre de vie propice, de qualité. Cela passe par une volonté de « nature » qui se traduit ici par la présence du massif landais. Le développement de la forêt « cadre de vie » suscite une certaine inquiétude chez les forestiers, voire certaines collectivités, qui mettent en avant la méconnaissance des mécanismes de la gestion forestière chez les nouveaux résidents (Bouisset et Pottier, 2009). Les usages sociaux et culturels des forêts landaises se reconfigurent sous l’impulsion de nouvelles populations et du développement des attentes et pratiques liées aux loisirs et aux cadres de vie. (Mora et Banos, 2014). L’acculturation des nouvelles populations aux « impératifs » de gestion de la forêt est une nécessité pour une cohabitation réussie entre acteurs forestiers et néo-ruraux. Les paysages forestiers évoluent avec les différents travaux sylvicoles que l’on y pratique. Ils ne sont pas figés. Les loisirs motorisés et le syndrome de « la coupe rase » semblent cristalliser cet antagonisme. De fait, la « coupe rase » est parfois vécue comme une attaque contre un cadre de vie que les résidents pensent avoir légitimement acquis lors de l’achat du logement (Bouisset et Pottier, 2009).

De plus, dans le futur, le massif aura probablement à faire face à une fréquentation accrue. L’enjeu n’est ainsi plus tellement de savoir si la forêt landaise a vocation à accueillir du public, mais de penser l’organisation de cet accueil, plus ou moins en articulation avec les fonctions productives et environnementales. (GIP Ecofor) La forêt publique sur le massif dunaire est un enjeu particulièrement important et un atout pour la gestion multifonctionnelle du massif : elle associe à une fonction de production complémentaire au plateau landais (activité hivernale pour les Entreprises de Travaux Forestiers, ressource peu atteinte par les tempêtes du fait des caractéristiques de ses boisements), la préservation d’une biodiversité spécifique, l’accueil du public sur la frange littorale, et sa fonction historique de protection de l’arrière-pays de l’ensablement.

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Les enjeux socio-culturels Promouvoir une multifonctionnalité du massif forestier des Landes de Gascogne

- Concilier les différents usages (loisir, tourisme, gestion forestière) présents sur le massif en faveur de la qualité de vie et de l’attractivité du territoire

- Créer un dialogue entre propriétaires forestiers, exploitants et habitants pour une vision commune et partagée du massif forestier Limiter le morcellement parcellaire

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Préserver un patrimoine « ordinaire » et « naturel »

- Valoriser la richesse culturelle identitaire du territoire des Landes de Gascogne

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A RETENIR


... 3.3 UNE ÉCONOMIE, CONSTRUITE SUR LES RICHESSES LOCALES, REPOSANT SUR UN FRAGILE ÉQUILIBRE La filière forêt-bois-papier, une économie fragile et vulnérable Ce massif constitue la clef de voûte de la filière forêt-bois-papier de la région, filière qui regroupe une multitude d’acteurs forestiers allant de l’exploitant forestier à l’industriel. En outre, cette filière et ses emplois irriguent l’ensemble des territoires de la région, et constituent un véritable support d’ancrage territorial, facteur de dynamisme de la vie locale (commerces, services…). La filière bois peut ainsi représenter sur certaines zones jusqu’à 10 % de l’emploi salarié ou 40 % de l’emploi industriel (source INSEE). Cette filière est caractérisée par la présence de deux principaux types d’industries liées à la première et deuxième transformation*. C’est une spécificité du massif forestier des Landes de Gascogne. On distingue donc les industries en lien avec le bois d’œuvre* (scieries, emballages en bois, parquets/lambris, charpentes, « Chaque qualité de matière meubles) et les industries en lien avec composant l’arbre trouve une le bois d’industrie ou de trituration* valorisation industrielle spécifique, (papiers/cartons, panneaux, chimie). chaque diamètre de bois, des Ce sont les deux principaux débouchés éclaircies jusqu’à la coupe rase, du pin maritime. correspond à un débouché La filière bois d’industrie regroupe les industriel. » (Belis-Bourouignon, usines de pâte à papier et de panneaux 2011) qui mobilisent une part croissante de la ressource correspondant principalement aux bois d’éclaircies et aux résidus des industries du bois d’œuvre. Cependant, la complémentarité des filières autour des différentes qualités de bois a évolué ces dix dernières années dans le sens d’une augmentation d celles-ci liées au bois de trituration et d’industrie, et une diminution du sciage (bois d’œuvre).

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Les différentes qualités de bois du pin maritime


Les acteurs de la filière Forêt-Bois

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Autre caractéristique du système gascon : les acteurs. On retrouve deux principaux types d’acteurs au sein du massif des Landes de Gascogne et dans son orbite d’influence. Les acteurs productifs et ceux liés au fonctionnement de l’espace forestier. Les acteurs productifs se distinguent par leur positionnement au sein de la filière. Le secteur amont regroupe les propriétaires et exploitants forestiers ainsi que leurs structures professionnelles, le secteur aval, celui des débouchés, relevant des industriels qui valorisent la matière première. Les acteurs liés au fonctionnement de l’espace forestier, ce sont d’abord les organismes publics et parapublics qui accompagnent et orientent l’économie forestière : les services déconcentrés de l’Etat, en premier lieu la DRAAF (veille à l’application de la stratégie nationale à l’échelle régionale). Le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) et les chambres d’agriculture qui jouent un rôle important de formation et de contrôle de la gestion forestière en propriété privée.


L’économie du massif est fragile, complexe et vulnérable. Elle implique différents acteurs qui sont liés entre eux et doivent chacun trouver leur place. La chaîne productive est constituée d’une diversité de « maillons » dont l’importance et la pérennité sont très variables (petites entreprises locales, filiales de grands groupes, industries multinationales…). L’interdépendance étroite de l’ensemble le rend tributaire d’un incident survenant à tel ou tel stade de la filière. Cependant, ce système industriel est remis en cause par le développement du bois-énergie qui entraîne des tensions sur la ressource, une déconnexion entre une gestion régionale axée sur l’exploitation d’un massif forestier et des entreprises mondialisées ainsi qu’un rôle croissant des opérateurs sectoriels dans la gestion sylvicole. De plus, à l’horizon de la fin du siècle, compte tenu d’une baisse potentielle de productivité des peuplements forestiers actuels (de 30 à 40 %) dû aux changements climatiques, la concurrence entre usages ne pourra être que plus forte et donc renforcé la fragilité de la filière locale.

Maintenir le système existant de production-transformation dans ce contexte implique aussi pour le tissu local de s’adapter et de faire évoluer ses outils de production. L’expérience montre que face à cette nécessité d’adaptation, la filière doit s’organiser en amont comme en aval pour garantir son ancrage et sa structuration sur le territoire landais. Son maintien n’implique pas uniquement les gestionnaires directs de la forêt, mais aussi tous les acteurs du développement et de l’aménagement du territoire, parmi lesquels les collectivités locales jouent un rôle important. De plus, l’innovation (pôle Xylofutur* …) est à la fois un atout en termes de dynamisme économique et de compétitivité, pour entretenir une capacité d’adaptation aux changements que le massif peut avoir à subir (tout particulièrement le climat).

Cette dernière tendance engendre un affaiblissement des acteurs locaux au profit d’intervenants et de structures moins ancrés dans le territoire forestier. C’est le cas des grands groupes industriels papetiers, mais le processus gagne également l’amont de la filière avec le développement de grandes propriétés entre les mains d’investisseurs institutionnels (Banques, Assurances…) attirés par les dispositifs de défiscalisation dont bénéficie la forêt, d’où des logiques de rentabilité diffèrent de celles des propriétaires landais traditionnels. Le devenir de la forêt semble se délier du devenir territorial, s’éloigner de plus en plus des acteurs locaux, et dépendre de logiques exogènes au territoire liées aux stratégies de firmes mondialisées. En conclusion, la forte interdépendance des industries et entreprises de la filière, l’irrégularité de l’approvisionnement, l’évolution rapide des structures d’exploitation, la nécessité d’une adaptation rapide pour une meilleure compétitivité, est à la fois une nécessité dans le contexte économique global auquel fait face la filière mais aussi un facteur de fragilité pour certains maillons et donc pour l’ensemble de la chaine.

C’est la pérennité de cette filière qui conditionne l’entretien et la régénération du massif et qui de ce fait est la meilleure garantie du maintien des services environnementaux rendus par celui-ci : paysage, ressources naturelles (eau et biodiversité), lutte contre l’effet de serre, prévention des risques naturels notamment incendie. Et réciproquement, c’est la gestion durable du massif qui est nécessaire aux industries de transformation qui exigent une régularité d’approvisionnement. La valeur patrimoniale de la forêt gérée durablement, les services environnementaux rendus par ce mode de faire valoir, sont des éléments justifiant le soutien de la puissance publique à l’activité de production. L’enjeu principal se pose alors dans les termes d’une alternative : faire durer un équilibre industriel forestier malgré les transformations du contexte ou négocier une forme de redéploiement, dans un contexte changeant (Rebotier et al., 2017).

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À l’avenir, les énergies renouvelables apparaissent comme un enjeu important, à la fois dans la perspective d’une réduction des émissions de GES et d’une diversification du mix énergétique régional. Dans la perspective d’une transition énergétique, le premier enjeu concerne le poids respectif de la biomasse par rapport aux autres sources d’énergies renouvelables. Mais au-delà des choix dans l’approvisionnement énergétique des territoires, la mobilisation de la biomasse sylvicole pour la production d’énergie est aussi un enjeu pour la filière bois en termes d’itinéraires sylvicoles. Le développement du bois-énergie est important pour les acteurs locaux et la mise en place de ce nouveau débouché se présente également comme une opportunité pour rapprocher la filière bois des projets territoriaux. Cependant le développement massif d’une sylviculture plus intensive afin de produire la ressource nécessaire (taillis à courte révolution) pourrait induire des transformations économiques, écologiques et paysagères importantes. En termes d’emplois, si l’on hiérarchise les différents secteurs, on se rend compte que la biomasse peut aussi avoir un impact majeur sur l’emploi car demandant beaucoup moins de main d’œuvre. Le rapport est de 1 pour 200 (voir chiffres ci-dessous). Cette nouvelle filière pourrait fragiliser l’équilibre qui s’opère actuellement au sein de la filière forêt-bois concernant le partage de la ressource. De ce fait, poser des questions quant à la cohabitation possible entre filières forêt-bois et biomasse.

À l’avenir, ces évolutions pourraient affecter à la fois les caractéristiques des arbres plantés et celles de la forêt. De nombreux acteurs de la sylviculture envisagent ainsi de raccourcir les rotations et de mettre en place des peuplements à croissance rapide : plantations semi-dédiées, taillis à courte rotation ou à très courte rotation basés sur l’introduction de nouvelles essences (robinier, eucalyptus, séquoia) comme le souligne la Directive territoriale d’aménagement et de développement durable (DTADD) sur la forêt des Landes et le littoral aquitain, ci-contre. « le développement de la biomasse (…) peut changer l’aspect et la destination de la forêt: les taillis à courte rotation n’ont rien de commun avec les majestueuses colonnades de pins maritimes, et leurs débouchés ne sont pas locaux, mais lointains... » Cela aurait des impacts économique, écologique et social et plus précisément sur la biodiversité, les sols forestiers et la filière forêt-bois comme on l’a évoqué précédemment.

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L’énergie biomasse, entre opportunités et dangers


Le pin maritime, une ressource convoitée Les relations de complémentarité entre les diverses industries du bois sont basées sur un partage de la ressource et sur l’échange de sous-produits. Cette distribution initiale des différents bois entre bois d’œuvre et bois d’industrie détermine donc les relations en aval entre les diverses activités. Ces complémentarités industrielles au sein de la filière se construisent autour des spécificités du pin maritime. Ainsi, l’utilisation des bois s’organise via des liens entre secteurs d’activité qui s’expriment « au travers des produits semi-finis, des produits finis, des résidus et des activités de recyclage ou de valorisation des connexes ». (Banos et al., 2012). Ces relations, qui étaient déjà en situation d’équilibre fragile, apparaissent aujourd’hui mises à mal. Ces tensions reposent sur plusieurs facteurs. Tout d’abord, cette ressource en bois a été fortement déstabilisée par les deux tempêtes qui ont généré un afflux de matière première à faible coût pour les industries de trituration.

De plus, à côté des bois d’éclaircies et des résidus des industries du bois d’œuvre, les industries de la pâte à papier et de panneaux consomment actuellement des billons de sciage de deuxième qualité, qui étaient jusqu’alors destinés à l’industrie du bois d’œuvre (GIP Ecofor, 2010). Enfin, parallèlement, le secteur du bois d’œuvre connaît une stagnation voire une baisse de son activité. Mais, c’est surtout l’arrivée d’un nouvel usage du bois, pour la production d’énergie, qui est susceptible de transformer radicalement les relations entre les acteurs industriels au sein de la forêt des Landes de Gascogne. (Cf L’énergie biomasse, entre opportunités et dangers).

Aire de stockage après la tempête Klaus, LE LIEVRE Nicolas, SUD OUEST

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Les enjeux économiques

Penser un éco-système diversifié, productif et durable ancré sur le territoire

- Créer un nouveau métabolisme résilient basé sur la pluralité et la complémentarité des industries locales

- Re-territorialiser la filière forêt-bois (bois industrie, bois d’œuvre, bois énergie) en s’appuyant sur un partage de la ressource locale

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... 03 LES LANDES DE GASCOGNE, un territoire vulnérable face aux changements climatiques

A RETENIR


Ce chapitre rappelle à quel point les forêts se trouvent aujourd’hui au centre d’enjeux écologiques et économiques considérables. Ces enjeux sont illustrés par la position duale des forêts dans le contexte du changement climatique. D’une part, leur stabilité écologique est défiée par l’ampleur et l’intensité de ce changement. D’autre part, elles peuvent contribuer de manière significative à l’atténuation du changement climatique. Aujourd’hui, la forêt de pins reste perçue comme un élément identitaire majeur de l’Aquitaine; elle porte des valeurs de grands espaces, d’environnement préservé, de calme, de silence, de lumière... Cependant, les évolutions récentes, depuis la tempête Martin, puis la tempête Klauss ont mis à mal la forêt dans sa dimension environnementale, remis en question les valeurs que véhicule ce massif et enfin fragilisé l’équilibre au sein de la filière forêt-bois. Cette divergence des fonctions et valeurs associées au massif se traduit de différentes manières comme on a pu le voir précédemment. Plus concrètement, cela se traduit par un « décalage croissant entre les qualités de la forêt portées par les pratiques récréatives et résidentielles, celles liées au fonctionnement de l’écosystème forestier, et celles en lien avec les réseaux à orientation productive où la forêt est engagée » (Mora et Banos, 2014). Cependant les valeurs économiques, culturelles, naturalistes, et même sensibles, définissent ensemble et de manière parfois contrastée, voire contradictoire, ce qui fait du massif forestier des Landes de Gascogne, un patrimoine commun à toute l’Aquitaine, mais aussi à la France. Ce territoire a ainsi toujours été décrit (Aude Pottier, 2012). Enfin l’impact, du changement climatique sur les forêts d’Aquitaine est indissociable de l’évolution des demandes sociétales portant par ailleurs sur les forêts. Le massif, géré et exploité, est un milieu fortement et

historiquement modifié par l’homme. Sa capacité d’adaptation face aux changements environnementaux est fortement conditionnée par les activités humaines au contraire d’écosystèmes moins anthropisés. Les services écosystémiques attendus de nos sociétés auront tendance à s’accroître en réponse à l’urbanisation croissante et au développement du tourisme. Cette surenchère risque par ailleurs d’augmenter les tensions autour de l’utilisation des zones forestières. Elles illustrent également à quel point l’évolution des forêts résultera de l’évolution de nos sociétés. On peut donc se demander comment ce territoire pourra prendre en compte l’ensemble de ses composantes, qui font sa valeur et son unicité à l’échelle régionale et nationale, afin de s’adapter et construire une résilience territoriale. Il s’agit d’envisager le changement non seulement en termes de filière et de gestion, mais aussi du point de vue de l’articulation entre forêt et territoire, de la place du massif dans l’espace régional, de son importance en termes de cadre de vie et de sa cohabitation avec d’autres modes d’usage du sol.

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Parcelle sinistrée par Klaus, Haute Lande


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... 04 VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

…04

04 / VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

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omment adapter ce territoire de plusieurs milliers d’hectares adapté aux évènements futurs tout en conservant son caractère multifonctionnel ? Tel est le grand défi auquel mon projet devra répondre. Celui-ci s’appuiera sur le travail de diagnostic et de recherches réalisés à l’échelle du massif forestier concernant la filière locale, les enjeux écologiques et sociaux auxquels fait face actuellement ce monstre forestier. Le projet s’appuie sur une stratégie territoriale afin de rendre le massif forestier résilient face aux évènements futurs (sécheresse, tempêtes, incendies…). Le paysage, à la base de cette réflexion d’ensemble, doit être vecteur d’une transition à la fois écologique, sociale et économique. S’appuyant sur une vision prospective, il permet la coopération entre acteurs du territoire (gestionnaires, exploitants forestiers, habitants, industriels…) et privilégie l’anticipation.

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Cette transition doit s’inscrire dans un programme sur le long terme. L’écosystème forestier et la gestion sylvicole font appel à des temporalités longues. Les mutations qui s’y sont opérées se sont faites à des échelles de temps de plusieurs décennies, à l’échelle de plusieurs « générations » de pins. Cette longueur temporelle se retrouve donc au niveau de cette réflexion territoriale avec une vision prospective à l’horizon 2100. Tout l’enjeu de ce travail, à l’échelle du massif forestier, n’est pas de se focaliser sur le « résultat » en l’occurrence la stratégie finale qui en ressort mais plutôt la ou les façon(s) d’y arriver, les actions à réaliser, les dynamiques à amorcer afin de rendre le massif plus adapté et durable d’un point de vue écologique, économique et social. En conclusion, ce qui est important ce n’est pas la finalité, mais le chemin, le processus pour y arriver. Les processus et mécanismes d’adaptation mis en place au niveau écologique, social et économique conditionnent les réponses apportées au niveau local et global et donc la stratégie paysagère de résilience territoriale. Il faudra donc s’appuyer sur les spécifiés territoriales en l’occurrence les terroirs afin d’apporter des réponses au contexte local.

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Enjeux sociaux et culturels Enjeux économiques Penser un éco-système diversifié, productif et durable, ancré sur le territoire

Promouvoir une multifonctionnalité du massif forestier des Landes de Gascogne Limiter le morcellement parcellaire Préserver un patrimoine «ordinaire» et «naturel»

Enjeux écologiques Promouvoir une biodiversité forestière au sein du massif des Landes de Gascogne Repenser les pratiques sylvicoles actuelles pour une gestion durable de la forêt

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... 04 VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

... 4.1 RAPPEL: LES ENJEUX GLOBAUX


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... 04 VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

... 4.2 SCHÉMA DIRECTEUR DU MASSIF DES LANDES DE GASCOGNE La carte qui suit est la spatialisation concrète des grandes orientations paysagère permettant de répondre aux enjeux identifiés dans la partie précédente. Ces enjeux, qui sont déclinés en trois thématiques, permettent de structurer la réflexion portée à l’ensemble du massif. Celle-ci regroupe l’ensemble des actions à mettre en œuvre sur le massif en termes de gestion forestière, préservation des écosystèmes, transformation du bois, des usages… Ces « solutions » sont à décliner en lien avec les spécifiés du massif. Par exemple, la mise en place d’un gradient de gestion aux niveaux des lisières urbaines sera différente que l’on se trouve dans le Médoc ou au cœur du plateau landais. Les boisements sont différents, la composante feuillue est très importante en Médoc ce qui demandera un faible gradient contrairement au cœur des Landes où le pin maritime domine et où ce gradient sera beaucoup plus perceptible. À l’horizon 2100, ce basculement des pratiques sylvicoles aura permit l’émergence d’un nouveau système équilibré basé sur la complémentarité des fonctions du massif forestier, l’écologie, l’économie et le social et le culturel permettant une gestion adaptative pour un massif plus résilient. Les initiatives, dynamiques et expérimentations sont des opportunités données aux acteurs de penser le futur de leur territoire au prisme du changement climatique. Cela doit permettre l’émergence et le façonnage de nouveaux paysages qui allient écologie, économie et social. Ces nouveaux paysages doivent être le support de la résilience écologique, économique et sociale du massif forestier des Landes de Gascogne.

Houppier de pins maritimes, Commensacq

L’arbre, l’Homme et l’éco-système: un triptyque à ancrer sur le territoire ? Au travers de ces trois termes, on retrouve les trois piliers du développement durable à savoir, l’écologie, l’économie et le social, mais aussi les trois fonctions principales que remplit le massif forestier de manière interdépendante et imbriquée (fonction de protection, de production et culturelle). Tout l’enjeu est de trouver le juste équilibre entre les différentes actions à réaliser afin d’avoir une complémentarité entre résiliences écologique, économique et culturelle. C’est pourquoi, ce triptyque est à la base de la réflexion paysagère. À quoi pourrait ressembler le massif à l’horizon 2080-2100 ? Ce qui suit, peut illustrer les évolutions, changements et dynamiques qui se sont opérées en fonction des différents enjeux déterminés précédemment, des différentes fonctions et spécificités territoriales du massif forestier (terroirs, relief, usages, forêt de protection, forêt de production, forêt galerie….).

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L’arbre : vers un massif diversifié et productif, source d’attractivité Une diversification des essences forestières

Une gestion forestière adaptative : des itinéraires La matrice écologique se diversifie et permet le développement et le sylvicoles diversifiés renforcement de corridors écologiques et paysagers le long de la vallée de la Leyre et des principaux cours d’eau (Ciron, Courant d’Huchet). Grâce à une diversité d’essences (pins, chêne, bouleau...) au sein des parcelles forestières, les services éco-systémiques* fournis par la forêt réduisent la vulnérabilité aux ravageurs et aux incendies. Avec un changement des pratiques sylvicoles faisant intervenir des itinéraires réversibles, on assiste à une augmentation des espèces feuillues aux seins des boisements mais aussi l’apparition d’un sousbois à la palette végétale variée. Le Genêt, l’Arbousier, l’Acacia, le Sorbier, la Callune et autres bruyères, la Molinie ou encore le Bouleau cohabitent au grès des sols et des milieux (landes humides, landes sèches, landes mésophiles). Ce mélange d’essences, de dimensions, de strates dont le développement s’organise progressivement apporte une grande résilience écologique en cas de perturbations ainsi qu’un agrément paysager en faveur du cadre de vie.

La promotion d’une sylviculture durable et proche de la nature a permis de prendre en compte à la fois la biodiversité, les attentes sociales tout en permettant une valorisation économique de la forêt. Celle-ci s’appuie sur la sylviculture dite continue et proche de la nature prônée par Prosylva* avec la mise en place d’un couvert continu faisant appel aux dynamiques forestières telles que la régénération naturelle. Le maintien d’une couverture forestière permanente, sans coupe rase, garantit une protection des sols, de l’eau et des équilibres biologiques. D’un point de vue économique, cette gestion forestière plus proche de la nature permet une amélioration de la valeur des récoltes (production de gros bois d’œuvre de qualité) et une diminution des dépenses par l’accompagnement et l’orientation de dynamiques forestières telles que la régénération naturelle.

Un territoire pluriel : des milieux riches et variés Une mosaïque de milieux s’est développée suite à la mise en place de « réserves forestières ». Elle promeut une forêt en libre évolution où l’homme ne peut intervenir. Ces zones favorisent le stockage de carbone par le maintien d’un couvert forestier continu et donc permet de lutter contre les changements climatiques. Les milieux emblématiques tels que les forêts-galeries avec la Leyre, les lagunes dans le Sud-Gironde ou encore les clairières forestières ont été valorisés et forment aujourd’hui un maillage important pour la faune et à la flore endémique du massif. Le fonctionnement écologique en est amélioré. Dans le massif de production du plateau landais, la restauration et la préservation des continuités écologiques a favorisé la fonctionnalité et la perméabilité écologique de ces espaces. Les secteurs de landes humides ainsi que le réseau hydrographique, composé de crastes et de fossés creusés dans le prolongement des cours d’eau drainent et structurent la mosaïque agro-sylvicole favorable aux déplacements des espèces aquatiques et semi-aquatiques. Le maintien de l’équilibre des surfaces consacrées à la forêt et à l’agriculture au sein du massif, a permis d’éviter les changements de destination des parcelles forestières en parcelles agricoles. Cela a limité la création de nouveaux îlots agricoles importants ayant un impact significatif sur les niveaux de nappes phréatiques, la qualité de l’eau, les milieux naturels et la forêt.

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Légendes: Développer une mosaïque de milieux naturels au sein du massif forestier Réserves forestières à créer Zones humides à préserver Forêt-galeries de la vallée de la Leyre à préserver Zones naturelles à préserver Préserver et améliorer les corridors écologiques et paysagers (trame verte et bleu) Continuités liées aux cours d’eau, zones humides à renforcer Continuités liées à l’espace forestier à renforcer Continuités liées aux milieux dunaires à préserver Corridor global du massif de pins maritimes Conserver et améliorer la multifonctionnalité des forêts mixtes Favoriser le stockage de carbone au sein du massif forestier par le maintien d’un couvert continu

Promouvoir une sylviculture durable et proche de la nature prenant en compte la biodiversité, les attentes sociales tout en permettant une valorisation économique

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Equilibre sylvo-cynégétique à garantir par le maintien d’une densité de cervidés compatible avec toutes les fonctions et processus naturels de la forêt

... 04 VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

Vers un massif diversifié et productif


L’Homme : acteur du devenir du massif forestier Des propriétaires forestiers au cœur du massif et de sa gestion

Un usage multifonctionnel de la forêt Une multifonctionnalité harmonieuse de la forêt permet de mettre en avant les valeurs qui font le massif des Landes de Gascogne (lagunes, flore, airials, maison landaise...). La valeur patrimoniale de la sylve ne doit pas figer celle-ci, au contraire, d’en permettre la prise en compte par les gestionnaires et exploitants forestiers mais aussi au travers des documents de planification territoriale (SCoT, PLU…). Ce patrimoine culturel doit être en partie support de l’attractivité du massif. Cette multifonctionnalité passe par le maintien d’une concertation entre acteurs forestiers pour maintenir l’accessibilité au massif forestier tout en favorisant le tourisme vert. L’attrait visuel de la forêt a été pris en compte par les gestionnaires et exploitants avec le traitement et l’intégration paysagère des lisières urbaines et plus particulièrement la mise en place d’un gradient de gestion. Les coupures d’urbanisation au regard de leurs fonctions écologique, paysagère, productive et récréative sont valorisées. Il s’agit de préserver les espaces naturels, inscrits dans ces zones. Selon les spécificités écologiques et paysagères propres à chacune, des modes de valorisation ont été définis et le traitement de leurs lisières permet une mise en valeur des relations ville-nature. L’émergence de nouveaux modèles sylvicoles basés sur une gestion plus proche de la nature est vectrice d’une nouvelle trame forestière. Issue de la diversité des milieux forestiers, elle permet une valorisation économique de la ressource bois et une prise en compte de l’aspect écologique et social que véhicule le massif.

La promotion d’une gestion au plus prés du massif forestier en s’appuyant sur des structures ancrées localement, tels que le CRPF et le Syndicat des Sylviculteur du Sud-ouest, ou encore la création de structures coopératives doit permettre aux propriétaires d’être conseillés et suivis lors de la mise en place de nouveaux itinéraires sylvicoles. Le développement de structures mutualisant la gestion et les travaux sylvicoles (CUMA forestière) comme la création de groupements forestiers permet une cohérence et donc un massif plus productif. La mise en place de politique en faveur du remembrement limite le morcellement parcellaire.

Un dialogue entre propriétaires, gestionnaires et usagers Des structures déjà présentes sur le territoire pourraient être porteuses de cet enjeu social de dialogue, sensibilisation et préservation liée à la qualité de vie, à la gestion forestière et à l’attractivité du territoire. Il s’agit des parcs naturels régionaux. Au nombre de deux, (PNR Landes de Gascogne, PNR Médoc), ils seraient la clé de voûte de cet enjeu. C’est une opportunité d’avoir de telles structures présentes sur le massif, au travers de leur charte, elles pourront animer et porter cette transformation territoriale vers un massif résilient.

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Légendes: Lieux de sensibilisation, de formation et d’éducation du grand public Créer des espaces de dialogue et informer afin que tous puissent exercer leurs responsabilités sur l’usage qui est fait de la forêt Valoriser et restaurer le patrimoine bâti et culturel lié au massif forestier (airials, forges, crastes...) Favoriser l’attrait visuel des forêts par un mélange d’essences, de formes, de strates végétales ainsi qu’une diversité d’espèces Lisières urbaines à traiter par la mise en place d’un gradient de gestion Zones d’intérêts paysagers (point de vue, cône de vision, airials...) à valoriser et préserver Valoriser les routes paysages afin de mettre en valeur les terroirs Développer et valoriser des itinéraires à partir des pistes cyclables structurantes

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... 04 VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

Un massif forestier multifonctionnel et attractif


L’éco-système: une filière durable ancrée sur le territoire Un métabolisme territorial performant et équilibré L’accompagnement d’actions nouvelles et innovantes dans les secteurs d’activités traditionnelles a permis de favoriser l’innovation dans le domaine de l’ameublement en explorant de nouvelles perspectives de développement, valorisant les ressources et savoir-faire locaux. L’amélioration de la qualité environnementale et écologique (recyclage des produits connexes, énergie renouvelable…) des activités économiques dans le secteur bois permet une réduction de l’empreinte écologique des entreprises en incitant aux démarches de certification. De plus, la réduction et la valorisation des déchets connexes issus de la transformation du bois alimentent la filière Bois-énergie et permet de réduire la concurrence avec les autres débouches possibles (Bois industrie, bois d’œuvre). La promotion d’une valorisation locale des produits issus du massif forestier a permis de relancer une dynamique de transformation territoriale par la création de labels ou de marques. L’encouragement de la mise en place de contrats d’approvisionnements locaux entre les industries et entreprises de transformation ainsi que les propriétaires forestiers permet de renforcer cette transformation locale par équilibre et une régularité tout au long de l’année en optimisant la production et gérant efficacement les stocks. De nombreuses petites et moyennes entreprises ont pu se développer et perdurer irriguant le maillage économique du territoire. La qualité a pris le pas sur la quantité créant de la valeur ajoutée. Le tissu économique

s’est diversifié et un rééquilibrage entre industries multinationales et entreprises locales s’est opéré.

Adaptation de la filière en fonction des débouchés et de la demande (gemme-bois-chimie verte) L’incitation de démarches coordonnées de développement économique, au travers de l’élaboration de schémas sectoriels, permet un meilleur développement fondé sur les ressources locales et un meilleur partage entre les différents débouchés de la filière (BO, BI, BE). La création de plateformes territoriales de stockage et de distribution du bois voit le jour au niveau des principaux bassins d’emplois (Médoc, Landes et Est-Gironde) présents sur le territoire permettant un partage équilibré entre industriels et entreprises locales. Grâce aux schémas sectoriels établis à l’échelle du territoire, la filière a pu se structurer afin d’offrir une complémentarité de débouchés au niveau des principaux pôles d’activités liés aux bassins d’emplois. Le maintien d’un massif forestier productif permet de se placer dans une dynamique d’exploitation industrielle nouvelle et innovante d’un point de vue des modes de gestion, des itinéraires sylvicoles et des débouchés en s’appuyant sur le pôle de compétitivité Xylofutur ainsi que les organismes de recherches tels que l’INRA, le GPMF et FIBOIS…

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Légendes: Promouvoir une gestion au plus prés du massif forestier en s’appuyant sur des structures locales (CRPF, DRAAF...) Encourager la valorisation locale des produits issus du massif forestier afin de relancer une dynamique de transformation territoriale S’appuyer sur des structures innovantes et locales afin de promouvoir et valoriser les débouchés du pin maritime (ameublement et construction) Bassin d’emploi regroupant une diversité d’industries et d’entreprises lié à la filière Forêt-bois Promouvoir et faciliter les échanges de connaissances et la complémentarité au sein et entre les bassins d’emplois du territoire

Privilégier les contrats d’approvisionnement locaux afin de valoriser le bois local et relancer une démarche de qualité

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... 04 VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

Un métabolisme territorial structuré autour d’une filière de qualité


PINUS PINASTER, 35.00 M

... 4.3 LES TEMPORALITÉS DU PROJET Sur un territoire comme celui-ci, avec une forte composante forestière, la temporalité est un aspect très important à prendre en compte lors des réflexions. La sylviculture fait appel à des échelles de temps beaucoup plus longues que celles nécessaire aux projets urbains. On parle de 30, 40 voire 50 ou 60 ans. La forêt est un capital vivant qui croit dans le temps. La forêt et l’homme sont diamétralement opposés. Si l’on s’exprime en termes de longévité, une génération « sylvicole » ou cycle sylvicole correspond à environ deux à trois générations « humaines ». En ce qui concerne le pin maritime, celui-ci met une soixantaine d’années avant d’arriver à maturité. Cette temporalité se retrouve dans les différentes orientations de la stratégie territoriale.

« Le forestier sème des arbres dont souvent il ne récoltera pas le fruit, destiné à ses enfants, tandis qu’il vit lui-même des efforts consentis par ses aïeux plusieurs décennies auparavant. » (Sargos, 2010)

Trois temps, développés ci-après permettent de mettre en œuvre ces orientations afin d’avoir une cohérence et une continuité écologique, économique et sociale à l’échelle du massif forestier. A l’horizon 2100, ce basculement des pratiques sylvicoles aura permis l’émergence d’un nouveau système équilibré basé sur la complémentarité des fonctions du massif forestier, l’écologie, l’économie, le social et le culturel permettant une gestion adaptative pour un massif plus résilient. Les initiatives, dynamiques et expérimentations sont des opportunités données aux acteurs de penser le futur de leur territoire au prisme du changement climatique. Cela doit permettre l’émergence et le façonnage de nouveaux paysages, témoins de la résilience du massif dans tous les domaines recherchés.

PÂTRE LANDAIS, 2.80 M HOMO SAPIENS, 1.80 M

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- Amorcer des dynamiques territoriales en impliquant les acteurs majeurs du devenir du massif forestier (question de la problématique foncière à traiter dans la décennie y compris la concertation entre propriétaires et gestionnaires) - Mise en place d’un argumentaire pour une réflexion devant mener à de nouvelles expérimentations à mettre en œuvre à partir de 2030 (étude préalable en fonction des terroirs, recherche de lieu d’expérimentation…)

2030

- Début des actions avec la mise en place de nouveaux modes de gestion sylvicole, - Démarrage d’un nouveau cycle sylvicole - Début des expérimentations concernant les itinéraires sylvicoles, la gestion, les essences utilisées

2100

- Premiers résultats des expérimentations et actions mises en place dans le temps 2 - Émergence de nouveaux paysages support de la résilience territoriale

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... 04 VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

2020


Comme on a pu le voir précédemment, cette stratégie de résilience paysagère se met en place à l’échelle du massif forestier avec de grandes orientations s’inscrivant dans une vision prospective. Ce qui pourrait être d’autant plus intéressant serait de s‘interroger sur la spatialisation de cette stratégie, comment elle pourrait se décliner à une échelle locale, d’un sous-ensemble forestier. Tout l’enjeu est de trouver un site qui cristallise l’ensemble des enjeux vu précédemment. Le but étant de pouvoir spatialiser précisément les orientations (cf schéma directeur du massif landais) à l’échelle d’une parcelle, de réfléchir aux mélanges d’essences, aux cheminements à créer, aux milieux à préserver tout en prenant en compte les spécificités, le terroir du site. Tout ce travail que je commence à développer par la suite est en quelque sorte l’aboutissement de la réflexion de résilience paysagère que j’ai portée sur ce géant forestier.

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... 04 VERS UNE STRATÉGIE DE RÉSILIENCE PAYSAGÈRE

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... 05 DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE

…05

05 / DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE

«

LE PROJET DE TERRITOIRE EST LA SPATIALISATION LOCALISÉE DE LA STRATÉGIE PAYSAGÈRE DE RÉSILIENCE

»

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... 5.1 UN SITE SYMBOLIQUE: LA PLAINE DE CAZAUX Située au Sud du Bassin d’Arcachon entre le lac de Cazaux-Sanguinet, L’Eyre et son delta et la Forêt usagère de la Teste-de-Buch, cette vaste plaine sablonneuse est entièrement dédiée à l’exploitation forestière. Drainé et exploité, ce territoire a joué un rôle majeur dans l’aménagement et la mise en valeur des Landes de Gascogne. Cette « référence » historique résonne dans de nombreux textes et ouvrages écrits à ce sujet tels que le livre de Jacques Sargos « Histoire de la forêt landaise, Du désert à l’âge d’or ». Les domaines expérimentaux et les colonies d’aménagements (Forêt Néser, Compagnie d’Arcachon, Compagnie des Landes) s’y sont succédés durant près d’un siècle afin de dompter ce territoire et ses sols pauvres. Les traces de ce riche passé sont encore visibles dans le paysage et permettent de comprendre les évolutions et mutations qui s’y sont opérées depuis prés de 300 ans. Cet ancrage historique, ajouté aux nombreux enjeux que cristallise cette vaste plaine m’a conduit à m’intéresser à la Forêt Néser, qui n’est autre que le lieu où s’installa le premier « domaine expérimental » des Landes de Gascogne.

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... 05 DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE

... 5.2 HISTOIRE Dés la fin du XVIIIe siècle, des tentatives de mise en valeur agricole des landes furent tentées. La première eut pour auteur un banquier suisse du nom de Daniel Néser. Né à Berne en 1724, fils de négociant, il participe à de nombreuses entreprises. En 1765, le financier suisse est accueillit dans les Landes par le Captal de Buch, François de Rua. Il acquit à ce dernier, 40 000 journaux* de landes sur les paroisses de La Teste, Gujan et Le Teich, en 1766. Il constitua en 1767, sa grande compagnie de défrichement afin de rassembler des capitaux. L’objectif de Daniel Néser était de revendre une partie de ses terres à des investisseurs, louer une autre portion à des concessionnaires et de défricher et cultiver le reste. Pour cela, il fit venir une trentaine de familles suisses qui s’installèrent dans le captalat de Buch afin de réaliser les travaux agricoles. Il leur fit construire des fermes afin de les loger, et leur offrit des terres prêtes à être cultivées. Après avoir payé son terrain à un prix exorbitant, Néser engagea des travaux pharaoniques avec le creusement de crastes, l’ouverture de chemins, la plantation de semis de pins, la mise en culture de centaines de journaux en blé, avoine, seigle, vignes ou encore l’élevage de bétails et le défrichage de landes. Mais l’argent vint rapidement à manquer. Tout ce qu’il entreprit fut un échec cuisant. Incapable de rembourser la dette colossale qu’il a contractée, et sans réaliser aucun retour sur investissement, Daniel Néser meurt ruiné en 1770.

Colonie de Nézer, Le Teich

Tout ce qui restera de son entreprise est la forêt du même nom sur le seul territoire du Teich. Cependant Nézer reste un des précurseurs de la forêt car sa seule réussite reste les semis de pins. Les pignadas deux fois plus étendus que ses champs seront admirés cinq ans plus tard par Guillaume Desbiey, juste avant de rédiger son mémoire sur la façon de tirer parti des Landes de Gascogne (1776). Aujourd’hui, la forêt Nézer appartient à la Caisse des Dépôts et Consignations. Celle-ci est gérée par une de leur filiale, la Société forestière.

Colonie d’aménagement des Landes de Gascogne, Plaine de Cazaux

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Bassin d’Arcachon

Dune du Pyla

Base aérienne de Cazaux

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Biscarross

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Lac de Cazaux-Sanguinet


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Delta de la Leyre

Forêt Nézer

La Leyre et sa forêtgalerie

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... 05 DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE

Culture de maïs


... 5.3 DYNAMIQUES TERRITORIALES Ce territoire se situe à la croisée de nombreux enjeux identifiés précédemment. Entre tourisme balnéaire, urbanisation croissante, gestion sylvicole ou encore préservation du patrimoine, une multitude de dynamiques, d’interventions sont à l’œuvre sans pour autant s’orienter vers une cohérence territoriale en faveur de la résilience. Au Nord, se trouve le Bassin d’Arcachon. Le paysage forestier change, laissant place à une vaste baie qui draine un nombre impressionnant de touristes, avec des points d’attraits importants et remarquables comme la Dune du Pyla, le Réserve ornithologique du Teich ou encore l’Île aux oiseaux…. Cette destination touristique joue un rôle primordial dans l’économie locale et départementale. Cependant cela induit des « perturbations » sur le milieu naturel et donc sur les espèces qui s’y trouvent. Le parc naturel marin a été crée afin de préserver et valoriser ce patrimoine.

Forêt dunaire, Gironde

A quelques kilomètres de là se trouve une des plus anciennes forêts du massif des Landes de Gascogne, La Forêt usagère de la Teste de Buch. Cette sylve, qui a permis la fixation des dunes littorales, est à préserver aux vues de son statut particulier (ayant pins et non ayant pins). Les milieux qu’elle abrite sont caractéristiques des anciennes forêts que l’on trouvait, il y a de cela plus de 300 ans. La présence du lac de Cazaux et de Sanguinet est aussi un atout pour ce territoire. De nombreux touristes y viennent s’y détendre, profiter des sports nautiques, des nombreuses balades et randonnées et du cadre agréable et paisible qu’il procure. Deuxième plus grand lac de France à cheval entre le département des Landes et de la Gironde, il fait partie d’un ensemble composé de 3 lacs côtiers dont le lac de Mimizan et de Biscarrosse.

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Lac de Cazaux-Sanguinet, (https://tourisme-latestedebuch)


La Leyre, Landes

Le Bassin d’Arcachon, Dune du Pyla

Les infrastructures sont omniprésentes sur ce territoire et le segmentent de toutes parts. Le réseau viaire est primordial car il permet de drainer et desservir le sud du Bassin d’Arcachon, notamment en période estivale. Les flux pendulaires y sont très importants car de nombreux habitants des communes bordant le bassin se rendent sur la métropole bordelaise pour leur travail. L’ensemble de ces flux se traduit par un maillage dense d’axes de communication. On trouve en outre, une voie rapide permettant d’accéder facilement à l’A63, axe majeur de la région qui relie le Nord de l’Europe à la péninsule ibérique, mais aussi des axes secondaires qui irriguent le Sud du Bassin d’Arcachon le reliant aux principaux pôles touristiques côtiers tels que Biscarrosse ou encore Mimizan. Ce territoire, au patrimoine culturel et naturel diversifié, offre un cadre de vie recherché par bon nombre d’urbains, qui se trouve renforcé de part la proximité de l’agglomération bordelaise. Grâce à ces atouts, le territoire bénéficie d’une forte attractivité. De nombreuses personnes y viennent pour les fins de semaine, en période estivale, avec notamment une « population » qui fait plus que tripler durant l’été. Outre cette attractivité saisonnière, un grand nombre de personnes s’installent sur le territoire où il fait bon vivre. Au niveau démographique, cela se traduit par une population qui a quasiment doublé en 35 ans.

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... 05 DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE

Abritant un patrimoine naturel riche, l’Eyre forme un corridor écologique et paysager à préserver et à valoriser. Ce fleuve côtier, vecteur du tourisme départemental, source d’attractivité et de qualité de vie, est le cœur du Parc naturel régional des Landes de Gascogne. Son delta, qui se jette au Sud du Bassin d’Arcachon, fait partie de la Réserve ornithologique du Teich où de nombreux limicoles et autres oiseaux y trouvent refuges.


... 5.4 LES STRUCTURES ET OUTILS À MOBILISER On trouve sur le territoire des structures et organismes engagées au niveau environnemental, écologique et social avec la volonté de penser le futur du territoire. Le projet de territoire pourrait s’inscrire dans ces dynamiques locales, support de celui-ci. Plus particulièrement, on peut citer le Schéma de Cohérence Territoriale ou encore le Plan Climat Air Energie Territorial, qui sont les deux principaux outils à solliciter lorsque l’on parle de développement territorial et climat dans une optique de penser le futur d’un territoire.

Le SYBARVAL, une structure porteuse du projet territorial Le SYBARVAL est un syndicat mixte constitué de la communauté d’agglomération Bassin d’Arcachon Sud, de la communauté de communes Bassin d’Arcachon Nord et celle du Val de l’Eyre. Il regroupe 17 villes et villages en vue d’élaborer et de mettre en œuvre le Schéma de Cohérence Territoriale et le Plan Climat Air Énergie. Le SYBARVAL constitue un véritable bassin de vie partagée et offre un cadre territorial pertinent et cohérent pour la construction d’un projet d’avenir à l’horizon 2030. La qualité exceptionnelle de l’environnement du Bassin d’Arcachon Val de l’Eyre et la qualité de vie qu’il procure sont les éléments fondateurs de ce territoire.

GIRONDE COMMUNAUTÉ DE COMMUNES BASSIN D’ARCACHON NORD

LANDES COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION BASSIN D’ARCACHON SUD Syndicat mixte SYBARVAL

COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION VAL DE L’EYRE

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Dans cette optique de cohérence territoriale, le PNR des Landes de Gascogne peut être un acteur majeur. Cette structure assure la mise en œuvre d’une charte, qui fixe les objectifs à atteindre, et les orientations de protection, de mise en valeur et de développement, afin d’assurer la coordination des actions menées sur le territoire. Le cadre premier de l’action du Parc naturel régional est le développement, notamment touristique, de la zone rétro-littorale directement concernée par l’action de la MIACA, d’une démarche de préservation et de valorisation de ses patrimoines avec comme colonne vertébrale l’Eyre.

GIRONDE

E YR

L’E

LOT-ET-GARONNE

LANDES Périmètre du PNR Landes de Gascogne

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... 05 DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE

Le PNR des Landes de Gascogne


Le plan climat-air-énergie territorial est l’outil opérationnel de coordination de la transition énergétique sur le territoire. Il décline ces objectifs à 3 échelles. Celle du patrimoine et des services de la collectivité, des compétences et des politiques publiques de la collectivité et à celle du territoire et de ses acteurs. Le PCAET est un projet territorial de développement durable. Il est mis en place pour une durée de 6 ans. Cette démarche de planification, à la fois stratégique et opérationnelle, concerne le secteur économique, social et environnemental. Il a vocation à mobiliser l’ensemble des acteurs. Le projet pourra et devra s’appuyer sur le programme d’actions élaboré et notamment concernant la construction d’un territoire résilient face aux changements climatiques.

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Plan Climat Air Énergie Territorial

Le Schéma de Cohérence Territoriale est l’outil qui permet aux élus de réfléchir un projet d’aménagement et de développement durable à long terme. Ce document de planification et d’aménagement du territoire s’appuie sur les qualités locales et vise à la mise en œuvre d’un cadre de vie socialement équitable, respectueux des enjeux écologiques et de son ancrage patrimonial et culturel. Pour ce territoire, la question de l’environnement est un élément essentiel du SCoT avec notamment le « capital nature» du territoire concernant les nombreux sites et milieux à préserver et valoriser. (SCoT, SYBARVAL, 2013). Cette réflexion est donc placée au cœur du processus de planification et d’aménagement territorial. L’économie occupe également une place centrale dans le projet, dont le double enjeu est de consolider l’économie traditionnelle et de promouvoir une économie productive sur le territoire.

PCAET

Schéma de Cohérence Territoriale

SCoT

Le SCoT et le PCAET, des outils pour préparer et anticiper l’avenir


L’écologie Planter des lisières feuillues à proximité des parcelles

Développer le pâturage d’ovins et de bovins au sein des Ces zones jouent un rôle important dans la réduction de l’impact des parcelles forestières ravageurs sur les plantations attenantes. De nombreuses études ont été menées dans cette optique avec des résultats encourageants. Certains arbres, tels que le bouleau, éloignent les parasites et réduisent ainsi la vulnérabilité des essences se trouvant au sein des parcelles, en particulier le pin maritime. Ces aménagements permettent aussi de réduire la sensibilité aux incendies des parcelles attenantes. Enfin, les feuillus permettent de favoriser les services éco-systémiques que fournissent naturellement les écosystèmes forestiers, mais aussi d’amener une diversité des essences favorable à la faune sauvage.

Ce système n’est pas récent. Au XVIIe siècle, ces scènes étaient visibles et répandues dans les Landes de Gascogne, c’était le sylvo-pastoralisme. Sur certains domaines expérimentaux comme à Cestas dans le domaine de Chambrelent vers 1878 (Sargos, 1997), les ovins pâturaient librement sous les pins maritimes, permettant d’enrichir naturellement le sol. De plus, les bestiaux freinaient ainsi le développement de la végétation concurrente telle que l’ajonc. La mise en place du pâturage permettrait d’amender les sols et de limiter le tassement des sols par les engins agricoles lors des travaux de débroussaillage.

Troupeau pâturant sous les pins , Émilie Vigne, Écomusé de Marquèze

Troupeau du Conservatoire des races d’Aquitaine dans la forêt (miimosa.com, Soutenir une transhumance avec des races locales menacées)

Lisières de feuillus, Forêt Nézer

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... 05 DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE

... 5.5 HYPOTHÈSE DE PROJET : PISTES ÉCOLOGIQUES, SOCIALES ET ÉCONOMIQUES


Créer des réserves forestières pour maintenir un couvert végétal continu La libre évolution de la sylve, au travers de dynamiques naturelles, permet un stockage conséquent de carbone au sein des sols et dans la biomasse aérienne luttant de ce fait contre les émissions de gaz à effet de serre. De plus, ces réserves, aux différentes strates, aux essences variées, favorisent une mosaïque de milieux à la flore et à la faune riche.

Expérimenter la sylviculture en parquet Cette méthode permet de tester de nouveaux itinéraires et des essences plus résilientes face aux perturbations. La mise en place de parcelles tests dépend de différents facteurs. La superficie de ces dernières est établie en fonction des essences à éduquer, de la taille de la forêt ou encore du type d’exigence (écologique, économique…). Cela permet d’avoir différentes « combinaisons » possibles en termes de mélanges d’essences, de systèmes sylvicoles, de gestion (SICPN), de régénération (Nucléation assistée*), en vue d’étudier leurs évolutions. Cette sylviculture parquet permet d’expérimenter et d’adapter la production suivant les potentialités du site, tout en tenant compte des exigences économiques. Sylviculture conventionnelle

Nucléation assistée

Sylviculture irrégulière, continu et proche de la nature

Exemple de sylviculture parquet

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Créer des forums sylvicoles Ces manifestations regroupant l’ensemble des acteurs forestiers présents sur le massif pourrait être la base de la construction d’un dialogue commun concernant le partage de la ressource. Ces forums pourraient aussi permettre la mise en place d’une coordination concernant le développement territorial de la filière en lien avec le pôle de compétitivité « Xylofutur ».

Contractualiser avec les propriétaires forestiers Contractualiser avec des propriétaires possédant des parcelles sur des zones à forte attractivité, permettrait de faire évoluer les pratiques sylvicoles vers une gestion durable. Les communes, collectivités ou même EPCI peuvent être à la base de cet acte qui serait support d’une plus grande marge de manœuvre pour les sylviculteurs sachant qu’ils ne dépendront pas directement du revenu que leur procureront les parcelles.

Traiter les lisières urbaines Ces espaces de transition entre urbain et forêt ont un fort potentiel permettant de valoriser le milieu forestier. Cela passerait par la mise en place d’itinéraires sylvicoles ou de gradients de gestion faisant appel à des dynamiques naturelles. Dans un même temps, les coupures d’urbanisation sont à préserver sur ces mêmes zones qui sont à l’interface entre milieu forestiers et espaces artificialisés.

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... 05 DE LA STRATÉGIE TERRITORIALE AU PROJET DE PAYSAGE

Le social et le culturel


Organiser les lisières ville-forêt pour réduire le risque de feux de forêts

Mise en réseau des sites touristiques

Afin de réduire ou de ne pas aggraver le risque incendie feu de forêt des secteurs urbanisés, il est indispensable de préserver l’intégrité des aménagements et installations DFCI et de prévoir une zone tampon autour des constructions. Il s’agira de travailler à un aménagement des lisières conciliant défense incendie et valorisation et intégration paysagère.

Un équilibre est à trouver au niveau de l’offre touristique qui doit permettre au territoire d’exprimer pleinement son potentiel touristique ; sortir de l’attraction littorale pour se tourner également vers ce poumon vert que représente l’intérieur du Pays (Val de L’Eyre). Cependant, la valorisation touristique de l’ensemble du territoire doit être pensée globalement pour garantir la complémentarité de l’offre des différents sites et gagner ainsi en lisibilité.

Cabane Tchianquée, Arcachon

Dune dy Pyla, La Teste de Buch

Lac de Cazaux-Sanguinet, Cazaux

Delta de la Leyre, Le Teich

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La pression foncière étant très forte sur ce territoire, de part sa grande attractivité, la mise à disposition aux communes et collectivités d’outils fonciers limiterait les pressions agricoles et urbaines sur la forêt. Ce serait très intéressant à long terme dans l’optique de lutte contre les changements climatiques. Les outils mobilisés seraient par exemple la mise en place de réserves foncières et la préemption de parcelles lorsque celle-ci sont vouées à la vente et le classement de certaines d’entre elles.

L’économie S’appuyer sur les pôles économiques du territoire Les parcs d’activités, zones artisanales et commerciales ou encore parcs technologiques peuvent être le support de ce métabolisme territorial innovant et équilibré. On peut citer le parc éco-industriel « Sylva 21 » situé sur la commune de Belin-Beliet, qui est une zone ayant vocation à recevoir des implantations industrielles, artisanales et commerciales. De plus, la politique du pôle de compétitivité « Xylofutur » offre une réelle opportunité de diversification de l’économie forestière du territoire vers des activités à forte valeur ajoutée et l’amélioration de la compétitivité en matière d’innovation et de recherche-développement.

Établir un schéma directeur de cohérence sylvicole À l’échelle du SYBARVAL, ce document permettrait la mise en œuvre d’une politique forestière commune. Cette gestion partagée pourrait fournir un cadre réglementaire et une meilleure mise en œuvre d’actions en faveur de la résilience des boisements. Il permettrait aussi une meilleure prise en compte des recommandations liées au PCAET et au PRFB. Ces deux documents étant au cœur de l’adaptation des forêts face aux changements à venir.

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Mise à disposition d’outils fonciers


... 5.6 SCHÉMA DIRECTEUR À L’ÉCHELLE DE LA PLAINE DE CAZAUX Donner à voir et à comprendre la forêt Néser Créer un laboratoire forestier sous la forme d’un domaine sylvicole alliant écologie, économie et social afin d’expérimenter de nouveaux modèles de sylviculture Organiser la mise en réseau des sites touristiques en connectant la forêt au Bassin d’Arcachon et autres sites à proximité (Dune du Pyla, Delta de la Leyre, Réserve ornithologique du Teich) Traiter et mettre en valeur les lisières urbaines du massif forestier (périphérie des zones urbanisées…) avec la mise place d’un gradient de gestion en faveur du cadre de vie Connecter la forêt Nézer aux pôles touristiques à proximité grâce aux liaisons douces (Gujan-Mestras, Cazaux, Sanguuinet) afin de développer le tourisme vert et donner à voir celle-ci

Tendre vers une forêt durable et résiliente Protéger la trame bleue pour consolider l’armature du réseau écologique à l’échelle de la plaine de Cazaux Préserver la forêt-galerie, milieu emblématique de la vallée de la Leyre et diffuser les boisements de feuillus aux zones à proximité Promouvoir une cohérence sylvicole de la plaine de Cazaux en s’appuyant sur la Forêt Nézer et ses modes de gestion Préserver les landes et milieux humides permettant un stockage de carbone conséquent Créer des réserves forestières afin de et promouvoir une mosaïque de milieux et le stockage de carbone au sein de la biomasse et des sols forestiers Promouvoir la mise en place d’une sylviculture durable et proche de la nature (SICPN) puis sa diffusion à l’ensemble de la plaine de Cazaux Contractualiser avec les petits propriétaires forestiers possédant des parcelles sur des zones à fort enjeux écologiques et paysagers afin de faire évoluer les pratiques vers une gestion durable

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La multifonctionnalité des forêts littorales s’est renforcée servant d’exemple au plateau landais. En s’appuyant sur cette diversité d’essences, de milieux, caractéristique de la zones littorales et rétro-littorales, le cœur du massif landais apparaît plus que jamais résilient, à tout point de vue (écologie, économie et social)

Mise en réseau des sites touristiques par l’intermédiaire de liaisons douces afin de donner à voir le patrimoine naturel forestier des Landes de Gascogne (zones humides, la Leyre et sa forêt-galerie...)

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Milieu naturel unique, la forêt-galerie de la Leyre est préservée et valorisé grâce à un tourisme vert en pleine expansion. L’augmentation de la proportion de feuillus et une épaisse ripisylve créent un espace tampon et une zone refuge pour la faune sauvage.

La sauvegarde et la protection des landes et zones humides permettent un stockage de carbone conséquent tout en accueillant une flore et une faune endémique des Landes de Gascogne (Fadet des Laîches...)

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Une sylviculture proche de la nature, vertueuse et durable alliant écologie, économie et social, a permis d’améliorer la multifonctionnalité du plateau landais. Une gestion cohérente basée sur un dialogue entre propriétaires et exploitants permet de produire du bois de qualité et amène une forte valeur ajoutée aux produits transformés


... 5.7 SCHÉMA DIRECTEUR À L’ÉCHELLE DE LA FORÊT NÉZER Donner à voir et à comprendre la forêt Néser Mettre en valeur les entrées du site Traiter les lisères forestières en faisant appel à une gestion proche de la nature Créer des sentiers de balade et de découverte afin de sensibiliser et éduquer les habitants et touristes Ouvrir la forêt sur la Plaine de Cazaux

Tendre vers une forêt durable et résiliente Créer des réserves forestières afin de promouvoir une diversité de milieux Mettre en place un gradient de gestion forestière en périphérie des zones urbanisées Planter des lisières de feuillus à proximité des parcelles de pins maritimes Développer le pâturage d’ovins et de bovins au sein des parcelles forestières afin de limiter l’utilisation d’engins forestiers Développer la sylviculture parquet afin d’expérimenter de nouveaux modes de gestion et itinéraires sylvicoles plus résilient

Composer un métabolisme territorial équilibré et innovant Créer une coopérative sylvicole de distribution et de transformation de la ressource bois Mettre en réseau les entreprises et industries complémentaires concernant les différents débouchés possibles S’appuyer sur les pôles économiques du territoire (parcs d’activités, zone artisanale et commerciale, parc technologique…) comme support de ce métabolisme territorial

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Donner à voir et à comprendre la forêt Nézer Reliquat de l’aménagement des Landes de Gascogne, cet ancien domaine expérimental mérite d’être mieux connus et reconnu par les habitants et touristes. « Cultivée » intensivement comme sur la quasitotalité du plateau landais pour la ressource abondante qu’est le pin maritime, cette zone est l’archétype de la forêt de production. Les parcelles géométriques seront repensées et de nouvelles orientations sylvicole seront mises en œuvre. Elles allieront production, résilience et biodiversité. Un gradient de gestion sera donc mis en place de l’extérieur vers le cœur de la forêt afin de mettre en valeur les lisères du massif. Celle-ci prendra comme base la gestion irrégulière, naturelle et proche de la nature prônée par Prosylva. Les entrées du site seront mises en valeur grâce au patrimoine forestier et une signalétique adaptée. Un réseau de sentiers sera créé afin de sensibiliser et éduquer les habitants à la gestion forestière et aux rôles de la forêt dans la lutte contre le changement climatique. Ces sentiers permettront une connexion avec les autres points d’attraits à proximité tels que la Dune du Pyla ou encore la Réserve ornithologique du Teich.

Composer un métabolisme équilibré et innovant Cet éco-domaine comprendra un lieu de transformation commune de la ressource, tels qu’une coopérative sylvicole permettant une mutualisation des outils de transformation du bois et un approvisionnement continu. Couplée à cette Coopérative d’Utilisation du Matériel Sylvicole, une pépinière d’entreprise regroupera une diversité de savoir-faire, basé sur la recherche, l’innovation et la complémentarité des entreprises. Ce lieu promouvra le développement d’entreprise innovante et la recherche en s’appuyant sur le pôle Xylofutur et les pôles économiques à proximité (parcs d’activités, zone artisanale et commerciale, parc technologique…) tels que le parc éco-industriel Sylva 21.

Tendre vers une forêt durable et résiliente De plus des lisières feuillues sur les parcelles « productives » seront plantées permettant de limiter l’impact des ravageurs. Des réserves forestières seront créées afin de favoriser une diversité de milieux et garder un couvert continu permettant un stockage de carbone au sein de la biomasse et des sols forestiers. Le pâturage d’ovins et de bovins au sein des parcelles forestières sera mis en place afin d’expérimenter cette gestion alternative pour limiter les effets des engins de travaux sylvicoles, et donc un tassement des sols forestiers. Un domaine sylvicole sera créé au cœur du massif afin de faire écho au passé du site. Ce lieu unique, tourné vers la forêt, aura différentes fonctions. Il permettra de tester de nouvelles essences, d’expérimenter de nouveaux modèles sylvicoles avec notamment la sylviculture en parquet. Cet espace sera aussi un lieu de sensibilisation et d’apprentissage à destination du grand public mais aussi des acteurs forestiers (écomusée, maison de la forêt.). Outre les fonctions sociales et économiques qu’il remplira, il promouvra au travers d’une charte de résilience forestière, une gestion adaptative en fonction des orientations sylvicoles des parcelles forestières.

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Forêt Nézer, Le Teich


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Les lisères du massif Nézer ont été traitées avec un souci de valorisation paysagère. Des liaisons douces permettent de parcourir ces espaces de transition tout en profitant des paysages forestiers.

Le pâturage d’ovins et de bovins sous les pins maritimes permet de préserver les sols forestiers tout en limitant le développement d’espèces concurrentes.

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L’éco-domaine forestier a vu le jour au cœur de la forêt Nézer accueillant des touristes, habitants et professionnels tout au long de l’année. Formations, éducation, partage et sensibilisation rythme la vie de ce lieu. Le bois utilisé pour sa construction, n’est autre que du pin issu des parcelles attenantes.

Un réseau de sentiers permet de sensibiliser les habitants et touristes à la gestion forestière au travers des différents types de gestion mis en place sur les parcelles.

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CONCLUSION Le massif des Landes de Gascogne est une forêt unique qui a su tirer profit de ses spécificités territoriales et s’adapter aux transformations qu’elle a connu, avec la mise en place d’une économie forestière structurée autour du pin maritime. Cette monoculture intensive a façonné le massif pour donner les paysages que l’on peut observer aujourd’hui. Un seul et même motif, qui relève de la géométrie, ces parcelles équiennes où s’alignent des centaines de pins maritimes. Cette standardisation culturale de la forêt landaise est le symbole de ce massif forestier, son identité. Aujourd’hui celui-ci est remis en cause. À l’heure du dérèglement climatique, ce qui faisait la force de cette sylve est progressivement en train de la conduire à sa perte. Sa capacité d’adaptation est « inefficace » au vu de la rapidité laquelle s’effectuent ces changements (augmentation de la température, baisse de la pluviométrie, sécheresse plus longue…). Dans cette optique, il est d’autant plus important de s’interroger sur le devenir de ce géant forestier. Quelle stratégie doit être mise en œuvre afin de le rendre plus résilient face aux perturbations futures ? Comment assurer la pérennité de ce massif forestier tout en préservant ses fonctions écologiques, sociales et économiques ? Quels seront les paysages de demain ? Par le biais de ce projet, je remets en cause le système sylvicole actuel et m’interroge sur ce que celui-ci pourra devenir avec la mise en place d’actions permettant de rendre le massif plus résilient et adapté aux changements climatiques. Une gestion plus durable et proche de la nature, une filière basée sur une forte valeur ajoutée avec du bois d’œuvre de qualité ou encore la valorisation et la préservation d’une mosaïque de milieux seront support de nouveaux paysages alliant résilience écologique, économique et sociale. Pour conclure, je finirai par ces quelques mots...

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« L’ÉCOLOGIE C’EST LA CONDITION, L’ÉCONOMIE LE MOYEN ET LE SOCIAL LA FINALITÉ

»

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GLOSSAIRE

Fédération interprofessionnelle du Bois (FIBOIS Landes de Gascogne) Inter-profession du pin maritime en Nouvelle Aquitaine. Elle a vocation à rassembler les acteurs de la filière bois et notamment du pin maritime au sein de trois collèges : producteurs, transformateurs et utilisateurs.

1 -LA SYLVICULTURE Cloisonnement Réseau de couloirs de pénétration établi dans les peuplements en vue de faciliter la réalisation des soins culturaux (cloisonnement de pénétration) et/ou la vidange des bois (cloisonnement d’exploitation). Ouverture pratiquée au sein d’un peuplement forestier pour permettre l’exploitation (débardage, abattage des arbres) Coupe rase Système de récolte consistant à abattre l’ensemble des arbres commercialisables dans un secteur donné et à ne laisser aucun couvert forestier important. Ce système n’est généralement utilisé que dans les plantations. Débroussaillage Opération sylvicole consistant à broyer la végétation qui s’est développée entre les allées de pins à l’aide d’un broyeur Éclaircie Opération (le plus souvent coupe) pratiquée dans un peuplement forestier non arrivé à maturité, destinée à accélérer l’accroissement du diamètre des arbres restants. Itinéraires sylvicoles C’est la définition des interventions sylvicoles successives (coupes et travaux) à réaliser pour atteindre un objectif fixé dans un contexte donné.

2 -ORGANISATIONS ET ASSOCIATIONS Prosylva Association de forestiers réunis pour promouvoir une sylviculture irrégulière, continue et proche de la nature. La sylviculture Pro Silva est basée sur la gestion de la qualité et se veut respectueuse des processus naturels des écosystèmes forestiers, tout en étant économiquement viable.

Xylofutur (ou «Produits et matériaux des forêts cultivées ») Pôle de compétitivité créé en 2005 à l’initiative de la FIBA et du partenariat CAP FOREST. Il entend faire émerger et soutenir des projets innovants au profit de la filière forêt-bois-papier d’Aquitaine, de l’exploitation des forêts jusqu’aux produits finis (exploitation forestière, sciage, rabotage, fabrication de contreplaqués, fabrication de pâtes et papiers...).

3 -AUTRES TERMES Airial Forme traditionnelle d’aménagement de l’espace. Il prend la forme d’une clairière au cœur du massif forestier. Celle-ci regroupe une ou plusieurs maisons et leurs dépendances (granges, bergerie, poulailler…). Alios Alios : terme gascon désignant un gré plus ou moins compact dans lequel les grains de sable sont agglutinés par un ciment humo-ferrugineux. Bois énergie Désigne les applications du bois comme combustible en bois de chauffage. Il est présent sous deux formes : la buche et le granulé Bois d’industrie ou de trituration Désigne le bois destiné aux industries de trituration qui utilisent les fibres issues du bois ou d’autres dérivés pour la fabrication de panneaux de bois reconstitués, des produits d’isolation (fibre), des produits destinés à la papeterie et l’emballage (pâte à papier) ainsi que des applications en chimie (extraits des composés du bois). Bois d’œuvre Désigne le bois servant à la construction des bâtiments et dont les caractéristiques permettent son utilisation en charpente ou en menuiserie. La transformation de ce bois permet la fabrication de palettes, parquets, lambris, planches…

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Communaux Regroupés sous les appellations vacants, lanes et padouens, les communaux désignaient les biens appartenant à une communauté villageoise. Certaines municipalités ont encore des propriétés foncières appelées couramment communaux. Craste Dans les Landes de Gascogne, ce mot désigne un fossé de drainage, généralement creusé dans le sable, aménagé pour assainir la lande humide. Deuxième transformation Ensemble des industries de transformation du bois intervenant sur un matériau semi-fini, préalablement proposé par les industries de première transformation : toutes industries de l’ameublement, de la construction, de l’emballage, de la fabrication de papier, de placage...

cultiver contre partage des fruits et des pertes. Minéralomasse Représente la masse d’éléments minéraux retenus dans la biomasse. Elle provient de l’accumulation par les plantes des substances minérales puisées dans le sol (Duvigneaud , 1974) Nucléation assistée (Applied Nucleation) Cela consiste à établir des grappes de végétation ligneuse dispersées dans une clairière. Cela peut faciliter l’établissement de nouveaux individus en améliorant les conditions microclimatiques difficiles ou en attirant d’autres animaux qui pourraient disperser les graines Patrimonialisation Processus de création, de fabrication de patrimoine. Il concerne les modalités d’application, mais aussi les procédures de sauvegarde, de conservation et de valorisation du patrimoine.

Forêt-galerie Forêt dense qui accompagne les cours d’eau. On parle de forêt galerie lorsque la canopée est jointive au-dessus d’une rivière ou d’un petit fleuve, ou d’une zone humide (la présence de l’eau pouvant éventuellement être temporaire).

Pignada C’est l’équivalent de la pinède, terme occitan du Languedoc et de la Provence que le français a emprunté

Gemmage Action d’inciser les pins pour en recueillir la résine qui était ensuite régulièrement récoltée durant une période allant de mars à octobre

Première transformation Ensemble des industries de transformation du bois intervenant sur le bois brut directement issu de forêt : sciage, tranchage et déroulage, fabrication de pâte à papier, de panneaux de particules ou de fibres.

Gemme Désigne le résultat de la transformation que l’air fait subir au liquide que laissent exsuder les conifères Journeaux Le journal était l’unité de superficie utilisée sous l’Ancien Régime. Il s’agissait de la quantité de terre qu’un homme pouvait travailler, ou la quantité de pré qu’il pouvait faucher en une journée. Lagune Lagune : dans le massif landais, ce terme désigne de petites étendues d’eau circulaires (de 10 à 80 m de diamètre) isolées, particulièrement riches en biodiversité Métayage Contrat par lequel le propriétaire ou l’usufruitier d’un bien rural le donne à bail pour une durée déterminée (9 ans) à un preneur qui s’engage à le

Sylvigénèse Elle peut se définir simplement par «le cycle de développement et de renouvellement de la forêt». La sylviculture correspond à une sylvigenèse d’un genre particulier, «ordonnée pour les besoins humains» (Walter, 2002). Système agro-pastoral Définit le système économique de la lande avant le développement de la monoculture du pin. Il reposait sur les revenus de l’élevage essentiellement ovin associé à des cultures vivrières variés (seigle, maïs...). La phase agro-sylvo-pastorale est une phase intermédiaire dont la durée fut limitée. Région forestière Une région forestière est une zone géographique naturelle qui présente une homogénéité de sol, de climat et de végétation suffisante pour comprendre des types de forêts comparables

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LISTE DES ACRONYMES BE: Bois énergie BI: Bois d’industrie BO: Bois d’œuvre CBPS : Code des Bonnes pratiques Sylvicoles CIPM : Comité Interprofessionnel du Pin Maritime CNPF : Centre National de la Propriété Forestière CCNUCC : Convention-cadre des Nations Unis sur les Changements Climatiques CRPF : Centre Régional de la Propriété Forestière DAS : Document d’Aménagement Simple DAS : Document d’Aménagement Standard DFCI : Défense des Forêts Contre l’Incendie DIRECCTE : Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi DNAG : Directive Nationale d’Aménagement DRA : Directive Régionale d’Aménagement DRT : Dérivés Résineux et Terpéniques DRAAF : Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la forêt DNAG : Directive Nationale d’Aménagement et de Gestion EPCI: Etablissement Public de Coopération Intercommunale FIBA : Fédération des Industries du Bois d’Aquitaine FRANSYLVA : Forestiers Privés de Nouvelle-Aquitaine FIBOIS : Fédération interprofessionnelle du Bois GES : Gaz à Effet de Serre GIEC : Groupement d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat GIP : Groupement d’Intérêt Public GIP ATGeRi : Groupement d’Intérêt Public Aménagement du Territoire et Gestion des Risques GPMF : Groupe Pin Maritime du Futur IGN : Institut Géographique National INRA : Institut National de la Recherche Agronomique LDG : Landes de Gascogne MIACA: Mission interministérielle pour l’aménagement de la côte aquitaine

ONF : Office National des Forêts ONAG : Orientation Nationale d’Aménagement et de Gestion ONERC: Observatoire National des effets du réchauffements climatiques PNACC : Plan National d’Adaptation contre les Changements Climatiques PNRLG : Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne PNFB : Plan National de la Forêt et du Bois PRFB : Plan Régional de la Forêt et du Bois QUASPARE : Quantification Spatialisée de la Ressource RTG : Règlement Type de Gestion SICPN : Sylviculture Irrégulière Continue Proche de la Nature SCN : Sylviculture continue et naturelle SNBC : Stratégie Nationale Bas Carbone SRA : Schéma Régional d’Aménagement SSSO : Syndicat de Sylviculteurs du Sud-Ouest

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2 - ÉTUDES ET RAPPORTS SCIENTIFIQUES AcclimaTerra, Le Treut, H. (dir). Anticiper les changements climatiques en Nouvelle-Aquitaine. Pour agir dans les territoires. Éditions Région Nouvelle-Aquitaine, 2018, p. 488. Dhôte, J.-F., Leban, J.-M., Saint-André, L., Derrien, D., Zhun, M., Loustau, D., Achat, D., Roux, A., Schmitt, B., Leviers forestiers en termes d’atténuation pour lutter contre le changement climatique, Rapport INRA-DEPE, Rapport d’étude pour le Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, Paris, 2016, p. 95. GIEC : Résumé à l’intention des décideurs. In: Changements climatiques 2007 : Les éléments scientifiques. Contribution du Groupe de travail I au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2007, p. 18.

de Gascogne à l’horizon 2050. Rapport de l’étude prospective, INRA, Conseil régional d’Aquitaine, 2012, p. 290. Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique, L’arbre et la forêt à l’épreuve d’un climat qui change, Rapport au Premier ministre et au Parlement, La Documentation française, Paris, 2018, p. 184. Piou, D., Jactel, H., Rapport d’expertise sur l’évaluation des risques biotiques, Expertise «Avenir du massif forestier des Landes de Gascogne», GIP ECOFOR, 2010, p. 19. Roux, A., Dhôte, J.F., Bastick, C., Colin, Quel rôle pour les forets et la filière forêt-bois françaises dans l’atténuation du changement climatique?, Une étude des freins et leviers forestiers à l’horizon 2050, Etude Inra-IGN « Forêt et atténuation du changement climatique », Novembre 2017, p. 234. Valeurs et objectifs pour le massif forestier des Landes de Gascogne, Partie I - Les valeurs du massif, Atelier «Massif forestier des Landes de Gascogne», DTADD «Littoral et Massif forestier des landes de Gascogne» Direction Régionale de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, 2013, p. 24.

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GIP Ecofor, Groupe Filière : Pérennité de la ressource forestière et son adéquation avec les besoins industriels, Rapport d’expertise sur le devenir du massif des Landes de Gascogne et de la filière Pin maritime après la tempête de 2009, GIP Ecofor, 2010, p. 61.

3 - DOCUMENTS DE PLANIFICATION ET DE GESTION

Landmann, G., Berger, F., La forêt protectrice face au changement climatique, In : L’arbre et la forêt à l’épreuve d’un climat qui change, ONERC, Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Rapport au Premier ministre et au Parlement, La documentation française, Paris, 2015, p. 65-75. Le Treut, H., Les impacts du changement climatique en Aquitaine : un état des lieux scientifique, Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux, LGPA-Editions, 2013, p. 365 Mora O., Banos V., Carnus J.-M., Refolini M. (éds.), Le Massif des Landes

Itinéraires Techniques de Travaux Sylvicoles (I.T.T.S.), Le plateau landais (Aquitaine), révision post-Klaus, Direction Territoriale Sud-Ouest Agence Landes Nord-Aquitaine, A. 2013, p. 137. Programme Régional de la Forêt et du Bois - DRAAF Nouvelle-Aquitaine, Commission régionale de la forêt et du bois, 2017. Consulté à l’adresse http://draaf.nouvelle-aquitaine.agriculture.gouv.fr/Programme-Regionalde-la-Foret-et Schéma de Cohérence Territoriale Bassin d’Arcachon Val de l’Eyre, Agence A’urba, 2013. Consulté à l’adresse https://www.sybarval.fr/wp-content/ uploads/2016/12/01%20Rapport%20de%20pr%C3%A9sentation-R.pdf

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SYBARVAL, Le Plan Climat Air Énergie Territorial Bassin d’Arcachon Val de L’Eyre, 2016. Consulté en Octobre 2019, à l’adresse https://www.sybarval.fr/ le-plan-climat/pcaet/

4 - OUVRAGES LITTÉRAIRES Cubéro, J., 2019, La lande, le pin, le feu. Le grand incendie de 1949, éditions Cairn, p. 225. Sargos, J., 1997, Histoire de la forêt landaise. Du désert à l’âge d’or, L’Horizon chimérique, Bordeaux, p. 560. Sargos, J., 2010, L’esprit des Landes : un pays raconté par l’Art, L’Horizon chimérique, Bordeaux, p. 286.

5 - SITES INTERNET Atlas des paysages de la Gironde https://atlas-paysages.gironde.fr/index.php Alliance Forêt Bois, coopérative forestière française https://www.allianceforetsbois.fr/ Centre régional de la propriété forestière, Nouvelle Aquitaine https://nouvelle-aquitaine.cnpf.fr/, CRPF Aquitaine https://nouvelle-aquitaine.cnpf.fr/ DRAAF Nouvelle Aquitaine http://draaf.nouvelle-aquitaine.agriculture.gouv.fr/, INRA Pierroton https://www6.bordeaux-aquitaine.inrae.fr/ue-pierroton/Tutelle Office national des forêt https://www.onf.fr/onf/, Parc naturel des Landes de Gascogne https://www.parc-landes-de-gascogne.fr/, Parc Naturel Régional Médoc https://www.pnr-medoc.fr/

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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier mes deux professeurs encadrants, à savoir Bertrand Follea et Guillaume Portero pour les précieux conseils donnés tout au long de ce travail et l’intérêt porté à ce mémoire. Je remercie également l’ensemble des personnes et professionnels de la forêt que j’ai eu l’occasion de rencontrer au cours de mes recherches et qui m’ont accordées de leur temps et transmis de précieuses informations.. Un merci tout particulier aux relecteurs ainsi qu'à toutes les personnes qui m’ont aidé et soutenu durant la réalisation de ce mémoire.

Massif des Landes de Gascogne

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Géant forestier de plusieurs milliers d’hectares, le massif des Landes de Gascogne, ou plus communément appelé forêt landaise, a presque entièrement été créer par l’Homme. Reconnaissable à ses parcelles monospécifiques de pins maritimes, monotones, le territoire des Landes de Gascogne a construit son économie autour de cette sylve. Outre cet aspect productif, le massif véhicule des valeurs écologiques et sociales. Depuis une dizaine d’années, la forêt landaise subit de grosses perturbations tels que des événements tempétueux extrêmes, des incendies, des épisodes de sécheresse ou encore des menaces sanitaires. Ces aléas naturels impactent fortement la végétation causant des dégâts désastreux sur les parcelles forestières. Ces perturbations mettent en évidence la vulnérabilité et les faiblesses du massif forestier des Landes de Gascogne et de ce fait celles du système sylvicole actuel basé sur la culture intensive du pin maritime. Dans le contexte actuel où les changements globaux sont de plus en plus importants, la résilience de ce massif forestier est remise en cause. Dans ce mémoire, je m’interroge donc sur le futur de ce territoire sous l’œil du changement climatique. Les aléas climatiques marqueront le devenir des Landes de Gascogne. Une transition est nécessaire afin d’adapter ce territoire, de le rendre moins vulnérable. Cette transition va amener des évolutions, des modifications des pratiques sylvicoles et par la même occasion modifier les paysages. Au vu de ces enjeux, plusieurs questionnements émergent. Comment rendre ce massif forestier plus résilient tout en conservant son caractère productif ? Quelles essences privilégier ? Quelle gestion mettre en place afin de favoriser la résilience de la forêt landaise ?

École de la Nature et du Paysage


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