GTG1920 - Opera - INDES GALANTES - 12/19

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LIBRETTO

Ne pas s’arrêter Fragment du texte du troisième mouvement de la Sinfonia (1968) de Luciano Berio [...] [A1] et maintenant ? [B1] rien de plus rien de plus reposant que la musique de chambre [A1] quand maintenant ? [T1] Moi, dis-je [T1] Vous n’êtes rien qu’un exercice académique [B1] pas le temps pour la musique de chambre [...] nous devons faire quelque chose [S2] Car bien que le silence ici est presque ininterrompu il ne l’est pas complètement car il émerge de lourdes suspensions. Pas exactement une résurrection [A2] nous voulons cela [A1] Il semble qu’il n’y a que des sons répétés [T2] pourquoi ? [B1] Quelque chose va se passer. Et après une période de silence immaculé il semble que l’on joue dans l’autre pièce un concerto pour violon en trois-quatre [A2] deux concertos pour violon en trois-huit [A1] Je ne suis pas sourd, de cela j’en suis convaincu, c’est-à-dire à demi convaincu [T2] Ne pas s’arrêter [B2] Maintenant où ? [T1] Sans même avoir de montagne, même toute petite, à l’horizon, quelqu’un en viendrait à se demander où finit son royaume [...] où ? [T1] Ne pas s’arrêter [T2] Quoi ? [T1] un poème [B2] Ne pas s’arrêter [T1] un poème dansé, tout rond et une chaîne sans fin, parlant chacun à son tour [...] Et quand ils demanderont, pourquoi tout cela, ce n’est pas facile de trouver une réponse [S2] La mer, la mer toujours recommencée* [T1] Car lorsque nous nous trouvons ici, face à face, ici, maintenant, et qu’ils nous rappellent que tout cela n’empêche pas les guerres, ne rajeunit pas les vieillards et ne fait pas baisser le prix du pain [A1] Répétez ça, plus fort ! [T1] Ça n’empêche pas

les guerres, ça ne rajeunit pas les vieillards et ça ne fait pas baisser le prix du pain, ça n’efface pas la solitude et ça n’estompe pas le bruit des pas derrière la porte, on ne peut qu’acquiescer, oui, c’est vrai, mais pas besoin de le redire, de pointer du doigt, car tout cela est avec nous, toujours, excepté, peut-être à certains moments, ici parmi ces rangées de balcons, en dedans ou en dehors d’une masse de gens, qui attendent peut-être d’entrer, qui regardent. Et demain nous lirons que ……….. {mentionne compositeur et titre d’une œuvre faisant partie du même programme} fait pousser des tulipes dans mon jardin et modifie le flux des courants océaniques. Nous devons croire que cela est vrai. Il doit y avoir autre chose. Sinon, tout serait vraiment désespéré. Mais tout est vraiment désespéré. Inconditionnel. Mais ça ne peut pas continuer, dites-le, sans savoir quoi. Il se fait tard. Où maintenant ? Quand maintenant ? J’ai un cadeau pour vous. Ne pas s’arrêter, continuer, appeler ça aller, appeler ça. Mais attendez. Il bouge à peine, maintenant, presque immobile. Devrais-je faire mes présentations ? {Cette voix présente au public les sept autres chanteurs.} Mais maintenant c’est fait, c’est fini, on a eu notre chance. Il y a même eu, pour une seconde, un espoir de résurrection, ou presque. Mein junges Leben hat ein End**. Nous devons reprendre nos esprits, car l’inattendu fondra toujours sur nous, dans nos chambres, dans la rue, à la porte, sur une scène. Merci, Mr {prénom et nom du chef d’orchestre} * En français dans le texte ** En allemand dans le texte, « Ma jeune vie a une fin »

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