N°171 / DÉCEMBRE 2021 / GRATUIT
ART & CULTURE
Hauts-de-France / Belgique
SOMMAIRE
LM magazine 171 - décembre 2021
© Julie Chérèque
NEWS
- 06
STYLE - 10
Gastronogeek La culture par le menu
CHRONIQUES
- 52 Livres : Karrie Fransman & Jonathan Plackett, Riad Sattouf, Christian Berst & Oriol Malet, Guillaume Pitron, Lelo Jimmy Batista
RENCONTRE
Écrans : Animal, The Card Counter, Les Choses humaines, La Panthère des neiges, Mystère, Ciné-concerts
Laélia Véron – 48 Sans langue de bois
EXPOSITION - 66
Jérémie Peltier – 16 Défaite nationale
Cyril Dion – 54 Comme des bêtes Aldebert – 86 L’idole des jeunes
PORTFOLIO - 22 Bernardo Henning Chaos organisé
MUSIQUE
– 32 Arlo Parks, Barbara Carlotti, The Black Lips, Frànçois and The Atlas Mountains, Tim Dup, The Jesus and Mary Chain, Zwangere Guy, Michel Jonasz, Arnaud Rebotini, Stereo MC’s...
Hahaha. L’humour de l’art, Louis de Funès, Yves Saint Laurent, La Vie matérielle, Witches, Lines & Tracks, Trésors insolites, Agenda...
THÉÂTRE & DANSE - 86 Aldebert, FIQ ! (réveille-toi !), Noël au théâtre, Didon & Énée, Peer Gynt, Contes et légendes, Thomas VDB, Élie Semoun, Pierre Kroll, Agenda... LE MOT DE LA FIN – 106 Julie Chérèque x La Dactylo L’humour est dans le trait
MAGAZINE LM magazine – France & Belgique 28 rue François de Badts 59110 LA MADELEINE - F tél : +33 (0)3 62 64 80 09
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Direction de la publication Rédaction en chef Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com Rédaction Julien Damien redaction@lm-magazine.com Zoé Van Reckem info@lm-magazine.com Publicité pub@lm-magazine.com
Direction artistique Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com Couverture Purple Twist © Bernardo Henning behance.net/Maybe instagram @holamaybe Administration Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com
Réseaux sociaux Sophie Desplat Impression Tanghe Printing (Comines) Diffusion C*RED (France / Belgique) ; Zoom On Arts (Bruxelles / Hainaut)
Ont collaboré à ce n° : Thibaut Allemand, Mathieu Dauchy, Marine Durand, Bernardo Henning, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer et plus si affinités.
LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours
L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.
PAPIER ISSU DE FORÊTS GÉRÉES DURABLEMENT
© Angelique Lyleire
LA FUREUR DU DRAGON Le Dragon de Calais fête ses deux ans ! Pour marquer le coup, le gigantesque saurien créé par François Delarozière nous réserve une programmation très spéciale, durant tout le mois de décembre. En sus des balades sur le front de mer, visites, ateliers, concerts ou performances rythment son "donjon", illuminé pour l'occasion de vert et de bleu. En point d'orgue, samedi 18, ce monstre de 25 mètres de long propose un voyage nocturne, accompagné par les tirades d’Envole-toi ou les spectacles poétiques du Tire-Laine – gaffe quand même, au moment où il soufflera ses bougies... compagniedudragon.com
© Minimiam
SMALL IS BEAUTIFUL Genre artistique à part entière, l'art miniature s'expose pour la première fois en France. À la Galerie Joseph de Paris, une vingtaine d'artistes nous plongent dans l'infiniment petit... et l'immensément surprenant, à l'image des parties de tennis sur pastèque de Minimiam ou du travail de Jasenko Dorevic. Ce Bosnien sculpte de mini chefs-d'œuvre dans des mines de crayons de bois (ici un TGV, là un Spiderman) dont le diamètre ne dépasse pas 0,5 mm ! Du grand art. Paris, jusqu'au 16.01.2022, Galerie Joseph, smallisbeautifulart.com
FRICHE GOURMANDE Enfilez vos Moon Boots, vos moufles et direction... Marcq-en-Barœul ? Eh oui, la Friche Gourmande s'est reconvertie en station de ski. Installé dans une ancienne usine depuis 2020, ce spot éphémère réunissant restaurateurs et jeux a remplacé les terrains de pétanque par une piste de curling, planté quelques sapins, installé des igloos et même des télécabines récupérées au Grand-Bornand ! De quoi donner un peu de hauteur à vos soirées raclette, non ? Sinon, à Charleroi, le BaD Festival (pour "Bouffe and Drink") s'est aussi mis à l'heure d'hiver – mais on y mangera quand même des croquettes de crevettes.
© Yanis Younes
© Dagoma
© Fisher price
www.lafrichegourmandemarcq.com, bad-festival.be
SECOND LIFE
NON MAIS ALLÔ, QUOI !
Le gros barbu va être furibard en lisant ça : en France, 40 millions de jouets sont jetés chaque année. Pour contrer ce gaspillage, la start-up roubaisienne Dagoma a fondé fin 2019 une plateforme collaborative dédiée à la réparation de poupées amputées, robots martyrisés ou autre voiturettes accidentées. Sur le site de Toy Rescue, il suffit de télécharger le fichier de la pièce à remplacer puis de l'imprimer en 3D – de préférence avec des filaments d'origine végétale. Soulagé, Rex ? toy-rescue.fr
À Noël, il y a ceux qui offriront l'ultime smartphone à la mode et puis il y a les autres, les vrais, qui n'ont pas survécu à leur enfance et privilégieront le dernier Fisher-Price. Futée, un poil régressive, la marque américaine sort une version connectée et parfaitement fonctionnelle de son célèbre téléphone à bouille ronde et à roulettes – pour à peine 50 petits euros ! On en connaît qui vont faire un malheur au bureau en 2022... www.bestbuy.com news – 7
© Julien Damien
ATOM CITY Bornes again 6 Spot mythique de la fin du xxe siècle, puis rayée du paysage urbain par l'avènement des consoles de jeux domestiques, la salle d'arcade a de nouveau le vent en poupe. À Lille, Atom City rassemble une trentaine de bornes accessibles en crédit illimité pour sept euros ! Importées du Japon, de Corée du Sud ou de Chine, ces machines sont « toutes d'époque, datant des années 1980 à 2000 », certifie Kevin, aux manettes de l'association qui gère les lieux et vise avant tout « la sauvegarde du patrimoine vidéoludique ». Entre raretés et hits d'antan, shoot’em up et beat’em up antédiluviens, on s'éclate avec un joystick et sa tripotée de boutons sur Street Fighter, Metal Slug ou alors armé d'un "gun" pour dégommer tout ce qui bouge dans Time Crisis... et même bien installé dans un siège baquet pour déraper dans Mario Kart ! Inauguré en octobre 2019 et rouvert en juin dernier après une longue pause, cet espace de 150 mètres carrés accueille aussi bien de purs geeks (dont certains venus de très loin pour s'adonner à des tournois) que des familles, dont les parents sont tout heureux de partager cette madeleine de Proust avec leur progéniture. Are you ready ? Round one... Fight ! J.D. Lille, 113 Rue Barthélémy Delespaul, mer & dim :14h -20h • ven :16h -22h • sam : 14h-22h 1 jour : 7€, sam + dim : 12€, abonnement un mois : 25€, abonnement 1 an : 250€, atomcity.fr news – 8
Thibaud Villanova © Hachette
style – 10
GASTRONOGEEK La cuisine contre-attaque En panne d’idées pour le repas de Noël ? On vous suggère des côtelettes d’agneau façon World of Warcraft, un Kamehakarot pour se requinquer comme Son Goku ou alors, tout simplement, un petit Bantha à l’étouffée comme le préparait la maman de ce bon vieux Chewbacca ! Voici le genre de recettes sorties des fourneaux de Thibaud Villanova, aka Gastronogeek. Depuis 2014, ce cuisinier marie avec succès pop culture et gastronomie. Bienvenue autour d’une table pas tout à fait comme les autres, assis entre Goldorak, Batman et Bob l'éponge. Suivez le geek !
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D’aussi loin qu’il se souvienne,
Thibaud Villanova a toujours baigné dans la pop culture. Mangas, jeux vidéo ou parties de Donjons & Dragons ont rapidement ponctué ses soirées d’ado… « Pas de quoi vous rendre le plus populaire du lycée », sourit-il.
« LES HÉROS DE LA POP CULTURE SONT TOUT LE TEMPS EN TRAIN DE MANGER. » En parallèle, ce fils d’artisan-boulanger nourrit depuis l’enfance un goût certain pour la bonne chère. « Je déteste manger n’importe quoi. J’ai commencé à préparer des petits plats pour mes potes lors
de partie de jeux de rôle, histoire de rompre avec le régime geek chips-pizza-coca ». Alors, pourquoi pas marier ses deux passions ? Ainsi sortit en 2014 la première édition de Gastronogeek proposant, entre autres curiosités, de déguster des tartelettes à l’orange et au chocolat… mais façon "œil de Sauron" !
Quand l’appétit va tout va Sept ans plus tard, le trentenaire désormais installé à Chartres a publié 16 ouvrages, vendus à quelque 400 000 exemplaires, soit plus de 800 recettes déclinées à la sauce Assassin’s Creed, Astérix, Star Wars ou Dragon Ball. style – 11
Cuisiner l'Histoire © Hachette
style – 12
harry potter
Pour 4 personnes - Préparation : 10 min - Cuisson : 1 h
dessert
RÈME BRÛLÉE D’HELGA POUFSOUFFLE Crème brûlée à la crème de marron
Préchauffez le four à 100 °C (th. 3-4). Fendez les gousses de vanille et retirez les graines avec la pointe d’un couteau. Mettez les graines dans une marmite en cuivre ou une casserole avec le lait et la crème liquide. Portez le tout à ébullition et maintenez l’ébullition à feu doux pendant 30 min, de telle sorte que la vanille infuse dans le mélange. Dans un saladier, mélangez les jaunes d’œufs, le sucre et la crème de marron. incorporez petit à petit la préparation crémeuse à la vanille et mélangez délicatement. Une fois que l’appareil (p. 36) est homogène, passez-le au chinois. Remplissez 6 ramequins à crème brûlée avec la préparation et enfournez pour 30 min. La cuisson est parfaite lorsque le cœur est encore tremblant. NiveAU ✦ ✦
ingrédients 3 gousses de vanille 50 cl de lait 50 cl de crème liquide 8 jaunes d’œufs 100 g de sucre 100 g de crème de marron 100 g de cassonade
Sortez les ramequins du four et laissez-les refroidir à température ambiante avant de les réserver au réfrigérateur. Songez à ce dessert que dégusteront nos chères têtes blondes bien au chaud dans la Grande Salle, quand la neige tombera dehors et recouvrira les rues de Pré-au-Lard. Dressage : quelques instants avant que les ramequins ne rejoignent le banquet, saupoudrez les crèmes de cassonade de telle sorte qu’elle recouvre bien la surface. Retirez l’excédent de cassonade en inclinant les ramequins, puis passez la flamme d’un chalumeau jusqu’à ce que la couche de cassonade soit caramélisée. Voilà un dessert appétissant qui ravira les papilles de nos jeunes élèves, une douceur à la hauteur des quatre maisons et de Poudlard !
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Comment parler de fantasy sans évoquer sorciers, gobelins et hippogriffes, potions et baguettes magiques ? L’univers entier de Harry Potter accompagne notre imaginaire depuis que nous l’avons découvert. Ce n’est pas tant l’aventure du jeune garçon qui nous a captivés que tous les détails sur les sorciers offerts par J.K. Rowling, sa créatrice : Poudlard, le Chemin de Traverse, le Quidditch, les cours de Défense contre les forces du Mal, mais aussi Honeydukes, le jus de citrouille, les Chocogrenouilles, la bièraubeurre et toutes les spécialités gastronomiques propres aux sorciers qui ont longtemps enchanté notre gourmandise.
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Gastronogeek © Hachette
Il faut dire que notre cuistot aux 270 000 abonnés sur YouTube ne manque pas d’inspiration, celle-ci étant proportionnelle à l’appétit de ses sujets. Du "bisou spaghetti" de La Belle et le Clochard au gargantuesque Homer Simpson, les héros de la pop culture sont de grands gourmands. « Ils sont tout le temps en train de manger ! Rien que dans les 300 premières pages du Seigneur des anneaux, les Hobbits prennent sept repas par jour ». En résultent autant de plats originaux respectant l’esthétique de l’œuvre investie. Son ragoût de racines de Dagobah, avec des carottes, navets et clous de girofle, ne devrait ainsi pas dépayser maître Yoda. Pour son dernier ouvrage, Thibaud Villanova s’est associé à une autre
star du Web : Benjamin Brillaud, alias Nota Bene, le youtubeur qui dépoussière l’Histoire. Le livre couvre ainsi en 35 recettes près de 5 000 ans d’agapes, du curry de l’Hydaspe d’Alexandre le Grand à la tourte de madame Franklin. Ou comment nourrir le corps ET l’esprit. Julien Damien
À LIRE / Gastronogeek - 42 recettes inspirées des cultures de l'imaginaire Thibaud Villanova & Maxime Léonard (Hachette Heroes), 144 p., 22,50€ Gastronogeek – recettes végétariennes Thibaud Villanova (Hachette Heroes) 96 p., 19,95€ Cuisiner l’Histoire, Nota Bene & Gastronogeek (Hachette Heroes) 192 p., 24,95€, www.hachetteheroes.com style – 13
Le menu Harry Potter harry potter
Pour 4 personnes - Préparation : 15 min - Cuisson : 45 min - Repos : 20 min
L’automne est déjà bien entamé, et tandis que vos jardins se parent de rouge et d’orange, l’envie vous prend de fêter Halloween. Vous n’oublierez pas de célébrer l’anniversaire de la mort du fantôme de Nick Quasi-sans-Tête, qui ne manquera pas de se plaindre, une fois encore, de son irrecevabilité au club très fermé des Chasseurs sans tête. Puis, dans la soirée, vous recevrez quelques amis, sorciers ou Moldus, pour un dîner de saison. Nous avons pour vous la recette idéale, tout droit sortie des cuisines de Poudlard !
entrée
atidor en deux façons Jus de patidou chaud et chantilly au lard
Rien de bien sorcier pour cette recette ! Quelques étapes à suivre à la lettre, et le plus novice des cuisiniers saura s’en arranger. Commencez par couper le chapeau de chaque patidou, puis épépinez-les à l’aide d’une cuillère et grattez l’intérieur (y compris les chapeaux) sans percer la peau, pour récupérer la chair des patidous. Réservez les patidous, ils vous serviront pour le dressage. Dans un faitout, faites revenir la chair des patidous dans l’huile d’olive à feu moyenvif, puis couvrez et laissez cuire à feu très doux pendant 20 min, en remuant de temps en temps pour que ça n’accroche pas. Ajoutez le lait écrémé, ¾ du bouillon de légumes (p. 60), le sel et 1 cuil. à café de sucre. Rappelez-vous vos cours de potion et faites cela avec soin et douceur. Poursuivez la cuisson à bonne ébullition pendant 20 min. Mixez la préparation et passez-la au chinois pour récupérer un jus bien fluide dans un grand bol. Si à ce stade, la préparation prend la couleur d’une potion de babillage, vous avez dû rater une étape. Si elle est d’une douce couleur orangée, fumant le velouté et appelant la cuillère, vous avez sans doute réussi. Mettez le bol au bain-marie (p. 60) en attendant le dressage et nettoyez votre faitout. Dans le faitout, faites revenir le lard fumé sans y ajouter de matière grasse. Une fois le lard bien saisi, ajoutez le reste de bouillon de légumes et faites réduire aux trois quarts. incorporez le lait entier et le reste de sucre. Dès l’ébullition, retirez le faitout du feu, mixez la préparation et passez-la au chinois. Laissez refroidir à température ambiante.
Gastronogeek © Hachette
NiveAU ✦
ingrédients 4 patidous de 400 g chacun 1 cuil. à soupe d’huile d’olive 50 cl de lait écrémé 2 l de bouillon de légumes (p. 60) 1 cuil. à café de sel de Guérande 2 cuil. à café de sucre semoule 100 g de lard fumé 40 cl de lait entier 5 feuilles de gélatine 20 g d’amandes effilées torréfiées
Pendant ce temps, révisez votre sortilège d’Amnésie. Saurez-vous vous souvenir de la formule ? Pourquoi ? C’est vrai ça… Pourquoi ? Faites tremper les feuilles de gélatine dans un bol d’eau froide pendant 5 min, puis ajoutez-les à la préparation. Mixez de nouveau. versez la préparation dans un siphon de cuisine et placez-le au réfrigérateur pendant 20 min. votre chantilly au lard est bientôt prête… Dressage : versez le jus de patidou tiédi au bain-marie dans les patidous évidés. Sortez le siphon du réfrigérateur, agitez-le énergiquement et pulvérisez la chantilly au lard sur chacun des jus. Saupoudrez d’amandes effilées torréfiées et… dégustez !
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˜ Entrée ˜ PATIDOR EN DEUX FAÇONS Ou comment associer patidou et… chantilly au lard ! Ici, la chair de cette courge rampante mijote dans un faitout avec de l’huile d’olive, du lait écrémé et du lard fumé, avant d’être resservie dans la peau de ce légume d’automne. C’est pas sorcier !
˜ Plat ˜ POUDLARDE LUTÉE ET LENTINS DU CHÊNE Une volaille servie en cocotte lutée, avec ses champignons des bois (ou lentins du chêne,
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donc). Attention, il faudra user de quelques sortilèges pour rendre notre poulet fermier hermétique avec de la pâte... Idéalement, accompagnez le tout de pommes de terre cuites à l’anglaise, et bien sûr d’un peu de bièraubeurre.
˜ Dessert ˜ CRÈME BRÛLÉE D'HELGA POUFSOUFFLE Des gousses de vanille, des jaunes d’œufs, du sucre et de la crème de marron. La cuisson est parfaite lorsque le cœur du dessert est encore tremblant. À déguster bien au chaud dans la Grande Salle, quand la neige recouvre les rues de Pré-au-Lard.
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© Jackson Simmer, Unsplash
Laelia Véron et Maria Candea © Francois Escriva
société – 16
interview Propos recueillis par Julien Damien
À l'heure de la vie (presque) post-Covid, de la réouverture des bars ou des discothèques, force est de constater que la grande "bamboche" espérée n'est pas au rendez-vous. Mais alors quoi ? L'esprit de la fête serait-il mort ? C'est la question pas si incongrue que pose Jérémie Peltier dans un essai aussi drôle qu'argumenté. Dans La Fête est finie ?, le directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès autopsie un art de vivre déjà moribond avant la pandémie, et pointe l'individualisme galopant, la mise en scène permanente de soi, la perte de tout sens collectif... entre autres suspects. Entretien avec un fêtard contrarié. Pourquoi soutenez-vous que la fête était déjà en déclin avant la pandémie ? On a beaucoup parlé de la faillite des boîtes de nuit, bars ou clubs au sortir des confinements. Or, le processus de disparition des lieux festifs était déjà en cours. On comptait 4 000 discothèques en France il y a 40 ans, nous en avions déjà perdu plus de la moitié avant le début de la crise, il n'y en aurait plus que 1 500 désormais.
© Hannah Assouline
JÉRÉMIE PELTIER Fin de party
On dénombrait aussi 200 000 bistrots dans les années 1960, contre 40 000 avant l'arrivée du coronavirus, cela signifie que deux tiers
« CELA FAIT LONGTEMPS QUE LA FÊTE EST MALADE. » des communes n'ont plus un seul bistrot, ce fameux "parlement du peuple" pour citer Balzac. La crise sanitaire n'a rien arrangé, certes, mais cela fait longtemps que la fête est malade. société – 17
D'ailleurs vous relevez que très peu de gens, mis à part les professionnels du secteur, ont défendu la fête durant la crise sanitaire... Oui, comme si elle n'était déjà plus essentielle. "La bamboche, c'est terminé" clamait le préfet du Centre-Val de Loire. La formule a beaucoup amusé, mais je pense qu'elle est vraie. Peut-être parce que notre génération vit déjà en intérieur, "enfermée" donc, et cela bien avant le confinement. Dans le livre La Civilisation du cocon, Vincent Cocquebert montre que nous passons beaucoup plus de temps entre quatre murs que la génération précédente. On a voulu croire que l'enfermement était exceptionnel et insupportable mais, d'une façon générale, il n'y a pas eu de révolte, la population s'est accommodée de cette situation déjà habituelle. Alors, qui a tué la fête ? D'abord l'individualisation de la société et donc le repli sur soi et sa sphère intime. En 2021, 62 % des Français estiment qu'on n'est "jamais assez prudents quand on a affaire aux autres". Cette défiance vis-àvis d'autrui, à l'œuvre depuis une dizaine d'années, est une cause majeure du délitement de la fête. D'où le développement des soirées à la maison. Cet entre-soi est problématique car, par définition,
la fête doit engager le collectif, des gens qu'on ne connaît pas, c'est une bifurcation dans nos vies autorisant la rencontre de milieux sociaux différents.
« ON CONSTATE UN REPLI SUR SOI ET SA SPHÈRE INTIME. » Vous évoquez également le narcissisme et la mise en scène de soi permanente... Oui, j'aime d'ailleurs ce proverbe : "la moitié de la fête c'est la façon dont on la raconte". Mais désormais, on la filme, la commente en direct avec nos téléphones, à la manière d'un journaliste de BFM TV. Les gens sont en réalité seuls ensemble. Selon vous, il n'y aurait plus de différence entre moments festifs et non-festifs. Pourquoi ? C'est un concept développé par Philippe Muray à la fin des années 1990 et qui s'est accentué au fil du temps. Il parle de "festivisation générale" de la société, du règne de l'Homo Festivus. La fête devait être une rupture avec le quotidien, elle est désormais quotidienne : les rues doivent être une expérience festive bardée de décors et d'animations, un magasin de parfums devient une petite boîte de nuit... même les lieux historiques doivent adopter un petit air "cool". La fête est aujourd'hui partout, donc nulle part. société – 18
© Gage Reagan, Unsplash
Elle ne servirait alors plus à grand-chose... Elle n'est en tout cas plus la condition essentielle à un certain nombre d'activités. Aujourd'hui, vous n'avez plus besoin d'elle pour danser, il suffit de se balader sur TikTok pour le constater et voir des gens se trémousser seuls dans leur chambre. La fête était aussi un moment pour draguer : 37 % des couples se sont formés dans un bal ou une discothèque. En cela les applications de rencontre l'ont rendue obsolète. Vous dénoncez aussi la culture du bien-être... Oui, j'aime beaucoup cette phrase de Jean Yanne : « avant c'était la police qui m'arrêtait, aujourd'hui ce sont les médecins ». Il avait raison, et cette culture du "sanitairement correct" a été accélérée par la
crise. On fait très attention pour être en forme en vue du petit footing du lendemain matin (car tout le monde court aujourd'hui !), de ne pas trop manger ou boire...
« LES GENS SONT EN RÉALITÉ SEULS ENSEMBLE. » Narcisse serait donc vainqueur de Dionysos ? Oui, c'est une phrase de Gilles Lipovetsky. La fête est normalement un moment de générosité où vous dépassez votre petit être pour vous tourner vers l'autre. Aujourd'hui, le rite du moi a pris sur le pas sur à peu près tout. D'ailleurs je pense que la fête est un bon objet d'étude pour montrer à quel point la France est devenu un pays individualiste et égoïste.
© Jules, Unsplash
J'étais perplexe lorsqu'on nous a expliqué, durant le premier confinement, que nous allions être témoins de grands moments de solidarité. Dès la première semaine, la délation représentait jusqu'à 70 % des appels reçus par la police dans les grandes métropoles !
« LÂCHONS NOS TÉLÉPHONES QUELQUES HEURES. » Quel serait le bon sens de la fête ? C'est avant tout un moment qui doit rester gratuit et désintéressé. Citons d'ailleurs un autre fléau : les fêtes servant une cause, qui doivent défendre des sujets sociétaux, dénoncer les injustices... Ce n'est pas à la fête de porter ce poids-là. Ensuite, il faudrait retrouver un peu de générosité et de pudeur, laisser parfois ses problèmes personnels de côté. Enfin, il faut arrêter de se mettre en scène : lâchons nos téléphones quelques heures pour nous intéresser aux autres !
Selon vous, à quoi ressemblera la fête de demain ? Sauf sursaut, on assistera au développement des soirées à la maison, où l'on filtre les gens, où tout est sécurisé, contrôlant la musique comme l'assistance. On perçoit de la nostalgie chez vous... Un peu. J'ai découvert la fête dans un milieu rural, au fin fond de la Sarthe. Je retiens des moments chaleureux, fraternels, où j'ai rencontré des gens qui n'étaient pas issus de mon milieu et que je n'aurais jamais côtoyés ailleurs. La fête est inestimable dans un pays qui parle sans cesse de vivre ensemble. Elle devrait donc être défendue dans cette société "archipellisée" et recroquevillée sur elle-même. À LIRE / La Fête est finie ?, Jérémie Peltier (Éditions de l'Observatoire), 160 p., 16 €, www.editions-observatoire.com
La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
Protest
BERNARDO HENNING Haut en couleur 6 Une grande bouffée d’art. Voici la première réflexion que nous inspire ce portfolio hybride aux accents bariolés. À l’ère d’Internet et des images à foison, il serait en effet dommage de se limiter à un seul langage. Bernardo Henning l’a bien compris, et n’aime rien tant que mélanger, triturer et recomposer tout ce qui passe par sa tablette graphique. Celui qui a débuté par le street-art dans les rues de Buenos Aires en 2006, avec le collectif Doma, cultive un style flamboyant et affranchi de tout carcan. Dans ses créations, l’Argentin télescope folkUN STYLE FLAMBOYANT lore latino-américain et pop culture, graffiti et ET AFFRANCHI mode, travail sur la typographie et photograDE TOUT CARCAN. phie, n’hésitant pas à combiner « gribouillis d’enfants et peintures abstraites », assure-t-il. De cette profusion de références, le co-fondateur du studio de design Hola Bosque a tiré une esthétique singulière – qui a tapé dans l’œil des plus grandes marques, de Lego à MTV. Un joyeux bazar ? Plutôt « un chaos organisé », décrit le graphiste. Dans ces pages, une représentation de Pachamama (soit la "Terre-Mère" chez les Incas) croquée façon BD minimaliste côtoie des clichés de skateurs assortis de coups de pinceaux ou de monumentales sneakers, le symbole suprême de la culture populaire. « Oui, je suis un grand fan de baskets, j’en dessine donc des paires uniques et très, très grandes ». Idéal pour parcourir les quatre coins du globe. Julien Damien
À VISITER
/ instagram @bernardo_henning
www.behance.net/bosque ; www.behance.net/Maybe À LIRE
/ L’interview de l’artiste sur lm-magazine.com
portfolio – 23
Señora
Plantas y Macetas
Tricks
Chunky Sneakers
Fushion
© Alexandra Waespi
musique – 32
ARLO PARKS La délicatesse « Vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie », lança Paul Nizan. N'empêche, on peut faire de belles choses, à vingt ans. Prenez Arlo Parks. La Londonienne, étudiante en littérature il n'y a pas si longtemps, a mis sa solitude en musique le temps de quelques EP hautement prometteurs. Et n'a depuis jamais déçu. La vingtaine à peine entamée, la voici en pleine lumière, voire effondrée dans les rayons du soleil, pour reprendre le titre de son premier album (Collapsed in Sunbeams, formule empruntée à l'autrice britannique Zadie Smith). Parues en début d'année, ces chansons nous auront accompagnés ces derniers mois. On y retrouve des thèmes en vogue à l'heure actuelle : la dépression post-adolescente, le trouble du genre, la solitude ou l'euphorie passagère – de tristes topiques chers à une certaine Billie Eilish, qui a d’ailleurs encensé les travaux d'Arlo Parks.
Soul à facettes En fait, ce sont avant tout les humeurs ressenties par à peu près toute personne sensée, à un moment ou l'autre de sa vie. De plus, la Londonienne oublie souvent son nombril pour mieux observer et croquer ses contemporains, à la façon d'un Ray Davies ou d'un Jarvis Cocker – qualité britannique, toujours. La mise en son, elle, pioche dans une soul de poche : pas de grandes envolées, mais un doux crooning et des instrus pop moderne, devant autant au folk qu'au trip-hop ou à la soul orchestrale. Sur scène l'Anglaise, parfaitement francophone, envoûte en douceur. Jamais pétrifiée par l'enjeu ni dupe de la situation, Arlo Parks fait preuve d'une présence discrète, comme pour laisser toute la place aux chansons – ça tombe bien, c'est pour elles que nous sommes là. Thibaut Allemand Tourcoing, 06.12, Le Grand Mix, complet ! Bruxelles, 12.12, Botanique, complet !
musique – 33
© François Fleury
BARBARA CARLOTTI
La possibilité d’une île 6 En une quinzaine d'années et une poignée d'albums, Barbara Carlotti est devenue une figure du paysage musical hexagonal. Aujourd'hui, la native de Clamart opère un retour aux racines familiales. Oh, rien de rance (l'air du temps suinte assez comme ça) mais plutôt une douce nostalgie et l'envie de redonner vie à des airs de l'enfance, en l’occurrence ceux venus du cœur de la Méditerranée, en Corse. Autour d'elle quelques figures du label Tricatel : le patron Burgalat à la basse, des membres d'Aquaserge (Julien Gasc, Barbagallo). On y retrouve donc, réarrangées, des chansons popularisées par Charles Rocchi ou Tino Rossi. Pour les nombreux insulaires, cela peut être un réconfort, des canistrelli de Proust. Pour les autres, un chouïa plus nombreux, l'occasion d'exploser ses préjugés sur la musique de l'île de Beauté. Mais pas seulement : évitant le catalogue, Carlotti reprend des titres inspirés par les lieux, telle La Ballade de chez Tao de Jacques Higelin (pas Corse pour un sou, non, mais marqué par l'endroit). Il s'agit donc, ici, de passage : de témoin, de passion, de flambeau. Nul doute que du sud au nord, de Bonifacio à Tourcoing en passant par Bruxelles, la flamme brûle encore. Thibaut Allemand Tourcoing, 03.12, Le Grand Mix, 20h, 16 > 6€, www.legrandmix.com Bruxelles, 08.12, Botanique, 19h30, 20,50 > 14,50€, botanique.be
musique – 34
opéra
BOIELDIEU
ven 14.01.2022 – 20 h dim 16.01.2022 – 15 h 30
TOURCOING Théâtre Municipal R. Devos
Billetterie : +33 (0)3 20 70 66 66 – atelierlyriquedetourcoing.fr L’Atelier Lyrique de Tourcoing est une association subventionnée par la Ville de Tourcoing, la Région Hauts-de-France, le Conseil Départemental du Nord et le Ministère de la Culture / Drac Hauts-de-France.
Fondation
édition
LA DAME BLANCHE
+ communication, info@lastrolab.com | Photo © Rémi Blasquez | Impression : Online Printers | Licence 2 -134374
Direction musicale NICOLAS SIMON Mise en scène LOUISE VIGNAUD
© Dani Pujalte
THE BLACK LIPS Chaos debout
Fonder un groupe au sortir de l'adolescence pour fuir le monde. Ou l'affronter. Finir par en arpenter tous les états (seconds). Approcher la quarantaine, avec dans sa besace quelques merveilles absolues, des souvenirs embrumés sans doute et, a priori, guère d'autre choix que celui de continuer. Telle est l'histoire de The Black Lips. Pas la pire que l'on ait entendue. « On tourne environ six mois par an. Et quand je rentre, je suis maçon, je fais la plonge, nous avait un jour confié Jared Swilley, le bassiste. Sans les Black Lips, je n’ai aucune idée de ce que j’aurais fait : sans doute les mêmes jobs, mais à longueur d’année ! » Les ex-sales gosses d'Atlanta ont écumé tout ce que la planète compte de bouges, de squats et de salles vaguement légales avant de se faire un nom à peu près "bankable" comme on dit. Leur garage rock n'en est pas moins resté affreux, sale et joyeux. Alors, bien sûr, cela tourne parfois à la formule : les invasions de scène lors de l'hymne Bad Kids, par exemple. N'empêche, par-delà le bordel savamment organisé, nous avons affaire à d'authentiques songwriters, nourris aux Sonics, aux Stones et aux Kingsmen, mais aussi à GG Allin (les outrances scéniques) et, surtout, à une certaine idée du rock américain – en témoigne leur dernier LP, franchement recommandable et largement éclaboussé de country. Il y a quelque chose de revigorant ici. Cette bande a survécu à tout et donne l'impression de continuer avec grand plaisir. Pouvez-vous en dire autant ? Thibaut Allemand Leffinge, 03.12, De Zwerver, 20h30, 20 > 15€, www.leffingeleuren.be Liège, 04.12, Reflektor, 20h, 21,50€, www.reflektor.be
musique – 36
© Oihan Brière - Studio Zômpà&Zitü
FRÀNÇOIS & THE ATLAS MOUNTAINS Valeur sûre de la pop hexagonale depuis près de 15 ans, François Marry poursuit sa route loin des effets de mode et de manche. En témoigne ce septième album, Banane bleue, sorti en plein confinement sans tambours ni trompettes. Le Charentais s'est octroyé une traversée nomade de l'Europe, de Berlin à Athènes, sans les Atlas Mountains mais accompagné du producteur finlandais Jaakko Eino Kalevi. En résultent des ballades faussement légères, de petits hymnes à la douceur de vivre salutaires en cette période sinistre. Cette pop intimiste s'apprécie d'autant plus dans une salle à taille humaine comme celle des 4Ecluses. J.D. Dunkerque, 10.12, les 4Ecluses, 20h, 13/10€, 4ecluses.com
© Hugo Pillard
TIM DUP Ne vous fiez pas aux apparences. Derrière ce visage poupin et cette voix fragile se cache un artiste accompli. Salué de toutes parts dès son premier album (Mélancolie heureuse), Timothée Duperray mêle electro et instruments acoustiques, regardant vers l’avenir sans occulter le passé. Son troisième opus, Course folle, est paru cet été. Traversées de soirées et d'apéros entre copains, ces chansons solaires tombent à pic pour réchauffer notre hiver. Z.V. Bruxelles, 09.12, W:Hall, 20h30, 25>22€, whall.be Beauvais, 10.12, L'Ouvre-Boîte, 20h30, 18/10€, asca-asso.com Tourcoing, 16.12, Le Grand Mix, 20h, 17>6€, legrandmix.com musique – 38
Près de 40 ans après des débuts assourdissants, The Jesus and Mary Chain sont rentrés dans le rang et se prêtent, comme d'autres notables rock, à l'exercice du concert reprenant un album de A à Z. Les deux frères l'avaient déjà fait avec Psychocandy. Pour ne pas faire de jaloux, son successeur a droit, lui aussi, à son rhabillage sur les planches. 1985 : les Ecossais réussissent un grand écart improbable, mariant dans une même déflagration l’attitude du Velvet Underground au "Wall of Sound" de Phil Spector, les mélodies des Beach Boys au boucan des Stooges, les airs des Crystals à la radicalité de Suicide. En ce sens, Psychocandy est un monolithe noir, un truc indépassable qui traumatisera plusieurs générations. Comment se relever d'un tel exploit ? Ingérables, trop occupés à se taper dessus, à donner des concerts qui tournent en émeutes et à goûter à toutes les joyeusetés qui leur passent sous le nez, les frères Reid n'ont pas de réponse. Finalement, la solution s'imposera : tout débrancher. Ne plus planquer des mélodies géniales derrière le larsen. Assumer ses talents de songwriter. Le résultat, Darklands, constitue le pendant apaisé de Psychocandy. Étienne Daho, ébahi, s'en inspirera grandement – réécoutez Happy When It Rains puis Bleu comme toi. Ce concert est donc l'occasion de réentendre, outre April Skies, les plus rares Fall, Nine Million Rainy Days et ses chœurs stoniens ou Deep One Perfect Morning… En somme, Darklands est le dernier chef d’œuvre de JAMC. Les suivants ne seront "que" de grands disques. Thibaut Allemand Anvers, 03.12, Trix, 20h, 39 > 35,50€, www.trixonline.be
musique – 40
© DR
THE JESUS AND MARY CHAIN L'art sans larsen
L’école du micro flamand
Zwangere Guy est l’âme néerlandophone d’un rap bruxellois qui s’exporte déjà largement en langue française. Là où ses compatriotes véhiculent plutôt l’esprit frivole de la capitale belge, lui en porte la grisaille et la conscience sociale des quartiers, bien loin des vendeurs de chocolat. 2017 fut l’année de l’explosion de Gorik van Oudheusden alias Zwangere Guy ("Guy enceinte"). Son premier album paru, le natif de la commune bilingue de Ganshoren remplit rapidement le VK, temple des musiques de la voisine Molenbeek. La même année, des émeutes éclatent en plein cœur de Bruxelles et notre homme est propulsé émissaire de la rue à la télévision aux côtés du ministre de la Justice. Son expertise dans le domaine, il l’a puisée dans les logements sociaux des quartiers ouest de Bruxelles, à l’opposé de l’avenue Louise et de son opulence. Il y a aussi trouvé l’inspiration pour un rap sombre et frondeur qui contraste avec une certaine nonchalance de la scène francophone menée par Roméo Elvis. Dans le même temps, il figure néanmoins à l’affiche du plateau "Bruxelles Arrive" du festival de Dour, qui scelle l’avènement des lyricistes belges. Avec Zwangere Guy, le plat pays complète son excellence en matière de hip-hop. Ainsi, ZG s’exprime en flamand, glisse des rimes et des featurings francophones et fait plus pour l’unité du royaume que dix ans de volontarisme politique. La rime paye : le ket se produit partout à guichets fermés. Son idiome natal lui permettra-t-il de conquérir la France ? Mathieu Dauchy Bruxelles, 09 > 11 & 21.12, Ancienne Belgique, complet ! + 22.12, 19h, 26/25€ Gand, 17 & 18.12, Vooruit, complet ! // Anvers, 18.12, Trix, complet !
© Ramy Moharam Fouad
ZWANGERE GUY
© DR
MICHEL JONASZ Les mots blues 6 Joueurs de blues, Je voulais te dire que je t'attends, La Boîte de jazz, Lucille... On ne compte plus les tubes de Michel Jonasz, dont le phrasé plaintif, inimitable, a trusté les ondes durant cinq décennies. Révélé en 1974 avec son "blues des cités" et le morceau Super Nana, "Mister Swing" a creusé un sillon à part dans l'Hexagone, mariant pop, jazz et chanson française, mélancolie et sens du groove – un peu à la façon d'un Claude Nougaro. Après huit ans d'absence, celui qui se rêvait d'abord peintre défend lors de cette tournée (intitulée Groove !) un 17e album, La Méouge, le Rhône, la Durance. Accompagné par quelques fidèles, dont Manu Katché à la batterie, le jeune septuagénaire parvient une nouvelle fois à se réinventer en injectant de la bossa nova dans son jeu (le titre Nuits tropicales). L'année prochaine, on le retrouvera aussi en duo avec son vieux complice Jean-Yves d'Angelo, lors d'une formule piano-voix plus intimiste, mais pas moins généreuse. J.D. GROOVE !
Roubaix, 30.11, Le Colisée, 20h30, 60 > 15€, www.coliseeroubaix.com Lille, 16.12, Théâtre Sébastopol, 20h30, 63 > 47€, www.theatre-sebastopol.fr PIANO-VOIX
La Louvière, 18.01.2022, Le Théâtre, 20h, 33/30€, www.cestcentral.be Le Touquet-Paris-Plage, 17.02.2022, Palais des Congrès, 20h, 44 > 36€, www.letouquet.com Mons, 04.03.2022, Théâtre Royal, 20h, 49 > 35€, surmars.be musique – 44
© Valerian
ARNAUD REBOTINI Sans revenir sur l'étendue de la carrière du colosse moustachu, on distingue plusieurs périodes : la recherche musicale tous azimuts des 90's, au sein de Zend Avesta ou dans l'ombre de Denez Prigent. Les années acid techno ensuite, avec Ivan Smagghe et l'alias Black Strobe. Sous son nom, depuis 2008, le Parisien s'est plongé dans l'analogique et, parallèlement, a signé une poignée de BO house et marquantes : Eastern Boys, Le Vent tourne, Curiosa… et donc la césarisée 120 Battements par minute, rejouée à Béthune en compagnie des sept instrumentistes du Don Van Club (violoncelle, violon, flûte, harpe…) dans une relecture orchestrale. T.A. AVEC LE DON VAN CLUB : Béthune, 18.12, Théâtre municipal, 20h30, 22 > 11€, theatre-bethune.fr Mons, 22.01.2022, maison Folie, 20h, 20 > 15€, surmars.be
STEREO MC'S
© DR
Pionnier de carambolages fantastiques entre hip-hop, electronica, acid-jazz et house au milieu des années 1980, Stereo MC's régna en maître discret sur les nineties. Près de trente ans après, on pourrait s'interroger sur sa pertinence. Mais les faits sont là : ses hymnes (Connected, Step It Up, Deep Down & Dirty…) tiennent toujours la corde. En attendant des nouvelles d'EMF, au hasard, on n'est pas mécontents de retrouver ces Anglais gouailleurs ! T.A. Bruxelles, 05.01.2022, Ancienne Belgique 20h, 28 / 27€, www.abconcerts.be musique – 46
Laélia Véron et Maria Candea © Francois Escriva
littérature – 48
interview Propos recueillis par Thibaut Allemand
LAÉLIA VÉRON La vie en prose Les jeunes massacrent-ils le français ? Avons-nous affaire à une langue morte ? Quel est l'apport du numérique ? Clin d’œil à Maître Gims et pied de nez aux réactionnaires qui cadenassent notre langage, ce livre remet les pendules à l’heure. Laélia Véron fait partie de ces universitaires érudits qui ne vivent pas dans une tour d'ivoire. À l'instar du regretté Alain Rey, la linguiste et stylisticienne partage son vaste savoir à travers des tweets inspirés, podcasts, chroniques sur France Inter et, donc, Parler comme jamais, ouvrage ludique et très, très instructif. Entretien. Quel est l'objectif de ce livre ? Questionner et dépasser les clichés sur la langue. Parler comme jamais se veut polyphonique et réunit plus de quarante contributrices et contributeurs. C'est un objet "transmédiatique" multipliant les approches, avec de l'oral retranscrit, des tweets… Ce livre est égale-
Le français est souvent difficile à comprendre. C'est ce qui fait sa beauté, non ? L'espagnol ou l'italien sont moins complexes. Ces langues sont-elles moins belles ? Non. Ce prétexte de la beauté dans la difficulté rend la langue abstraite.
LE SAVIEZ-VOUS ?
ment ludique, avec des bulles indiquant des prises de paroles, mais aussi des jeux, des exercices. Nous voulons mettre l'accent sur cet aspect joyeux, libérateur, à rebours des discours déclinistes abordant la langue sous l'angle catastrophiste.
Le sens des mots change régulièrement. Débile pointait avant une faiblesse physique, avant de décrire un problème mental. Crevard désignait un enfant chétif avant de définir une personne avare.
littérature – 49
Je crois plutôt à un amour éclairé. Certaines complexités sont intéressantes et justifiées. D'autres moins : il y a deux "n" à honneur et un seul à honorer, en quoi cela rend-il la langue plus belle ? Ce qui la rend plus attrayante et vivante, c'est lorsque tout le monde s'en saisit.
toute évolution de l'usage. Son approche n'est pas scientifique, mais simplement politique et très conservatrice. Elle veut régenter le langage dans l'ensemble de la francophonie. Or, l'avenir du français ne se joue pas en France car il est parlé sur les cinq continents !
Comment expliquez-vous de telles crispations autour de la langue chez nous ? Il y a plusieurs raisons. La France, à l'inverse de la Suisse par exemple, est un pays de tradition unilingue. Pourtant, de nombreuses autres langues y sont parlées, mais peu reconnues. Par ailleurs, ces crispations sont liées à une histoire plus large, avec des institutions très normatives comme l'Académie française, qui se positionne contre
L’anglais menace-t-il le français ? Non. L'agacement autour de l'anglais peut s'entendre, mais le français est la cinquième langue la plus parlée au monde, soit par plus de 300 millions de personnes, il ne va pas disparaître dans trente ans ! On pourrait s’inquiéter si, par exemple, il était remplacé dans toute la production musicale. Dans ce cas, faudrait-il mieux écouter Aya Nakamura que Bob Dylan ? Je ne suis pas sûre que toutes les personnes s'inquiétant de
la "mort du français" soient d'accord ! Cela étant dit, il est vrai que l'influence du français a baissé au profit de l'anglais. Et je comprends que certains anglicismes énervent, car c'est un langage du business, de la publicité, d'une certaine "coolitude", avec des mots en "ing", comme fooding, batch cooking… Qu'en est-il des jeunes ? Parlent-ils vraiment un autre français ? Pas du tout. Lorsque le "langage jeune" est abordé dans les médias, il est soit présenté de manière extrêmement positive, façon « Oh mon Dieu ! Quelle inventivité ! » ou très négative, en évoquant « des massacres de la langue ». Mais dans les deux cas, ce sont des clichés sur les "nouveaux mots jeunes". La linguiste Françoise Gadet a remarqué que la différence tenait moins au lexique qu'au débit, plus élevé. Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'un ou deux mots ne sont pas compris d'un journaliste que les jeunes parlent forcément une autre langue. N'importe quelle profession, par exemple, possède un jargon spécifique. À LIRE / Parler comme jamais, de Laélia Véron et Maria Candea (Le Robert), 324 p., 19 €, lerobert.com
La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
DES LIAISONS DANGEREUSES Au pluriel, on dit des "héros" mais des "zhéroïnes". Pourquoi ? Parce que cela induisait une homophonie fâcheuse avec les "zéros". Le "H" de héros est donc devenu aspiré.
DES CHIFFRES ET DES LETTRES Entre 10 000 et 30 000 mots. Ce serait la "taille" du vocabulaire d'un adulte. Pour les bilingues, il faut donc multiplier par deux. Chaque année 150 mots entrent dans Le Larousse et Le Robert suite à une sélection parmi 4 000 termes jugés intéressants. littérature – 51
Karrie Fransman et Jonathan Plackett Le Bel au bois dormant (Stock)
Des frères Grimm à Andersen, en passant par Disney, les contes pour enfants tricotent depuis des siècles un imaginaire empli de belles princesses en détresse, de preux chevaliers et de vilaines sorcières. Et si les filles avaient la hardiesse de grimper au sommet des haricots magiques, et les garçons la peau si douce qu’un petit pois dissimulé sous vingt matelas y laisserait des marques ? Le procédé des Britanniques Karrie Fransman et Jonathan Plackett aurait pu être anecdotique, d’autant que ce recueil illustré, inspiré des histoires d’Andrew Lang (le Charles Perrault anglais) a été écrit à l’aide d’un algorithme intervertissant les marqueurs de genre. Il n’en est rien, et l’on est frappé de voir combien les néologismes inventés par les traductrices ("un reinaume"), les renversements de stéréotypes (« elle se rappela que la peur n’est pas digne d’une femme ») ou une inversion dans un titre (Gretel et Hansel) bousculent les représentations patriarcales. Comme l’écrit Marie Darrieussecq dans la préface, on apprend très jeune que « le masculin l’emporte sur le féminin ». Pas dans ce beau livre, à offrir sourire en coin à un oncle en guerre contre le "wokisme" ou à une filleule féministe. 192 p., 20,90€. Marine Durand
Riad Sattouf Le Jeune acteur - tome 1. Aventures de Vincent Lacoste au cinéma (Les Livres du futur) Repéré à 14 ans lors d’un casting sauvage, Vincent Lacoste fut révélé dans Les Beaux gosses, en 2008, le premier film de Riad Sattouf alors en quête de comédiens "moches" « comme dans la vie, avec des têtes bizarres ». Le cinéaste-dessinateur devient alors un pygmalion bienveillant pour le jeune Parisien (comme François Truffaut pour Jean-Pierre Léaud), lequel n’avait jamais espéré devenir acteur mais se prend vite au jeu du « babtou du ciné ». C’est cette histoire, tenant autant du conte de fées moderne que de l’aventure potache, qui est racontée ici. De ses premiers pas de collégien timide et gaffeur (pléonasme) dans le septième art, le double lauréat du Fauve d’or tire un portrait croisé franchement drôle, et pas dénué d’émotion. Vivement la suite ! 140 p., 21,50€. Julien Damien
Christian Berst & Oriol Malet Un Monde d’art brut (Delcourt) C’est quoi l’art brut ? Bonne question, à laquelle répond la conversation animée, dans un musée, de quatre personnages : une jeune étudiante néophyte et les spectres de Hans Prinzhorn (psychiatre du début du xxe siècle et collectionneur), de Jean Dubuffet (créateur du terme "Art brut") et de Harald Szeemann, historien de l’art qui fit entrer le genre dans les musées d’art contemporain. À travers les biographies de six artistes (Henry Darger, Adolf Wölfli, Madge Gill, Mary T. Smith…), le galeriste parisien C. Berst et le dessinateur espagnol O. Malet esquissent les contours d’une catégorie mouvante et sujette à caution. Dans la forme, cet ouvrage rappelle la BD Enferme-moi si tu peux (2019) de Pandolfo et Risbjerg. Un complément idéal, donc. 120 p., 17,95€. Thibaut Allemand
Guillaume Pitron L’Enfer numérique. Voyage au bout d’un like (Les liens qui libèrent) Attention, lapalissade : le Web fait désormais partie intégrante de nos vies. Concrètement ? Nous likons, scrollons, streamons, téléchargeons. What’sApp, Tweeter, Instagram et autres applis constituent un décor dématérialisé. Donc écologique ? Pas du tout : pour ce faire, de gigantesques datacenters ruinent la Laponie. D’immenses câbles envahissent le fond des océans. On éventre la Chine ou la Guyane à la recherche de graphite et autres métaux rares indispensables à la construction de smartphones. Dans cette redoutable enquête, G. Pitron passe en revue les dégâts de ce monde 2.0. Et propose peu de solutions. Certes, ce n’est pas son rôle. L’état des lieux n’en est que plus désespérant. La lecture en reste néanmoins indispensable. 352 p., 21€. Thibaut Allemand
Lelo Jimmy Batista Nicolas Cage, envers et contre tout (Capricci) Nicolas Cage, franchement ? Mais c’est juste un abruti brindezingue, non ? La vérité est évidemment plus complexe : cet acteur inclassable a quand même tourné avec De Palma, Lynch, Scorsese, Herzog, Scott, Niccol et, bien sûr, son oncle F. F. Coppola. Son jeu est souvent outrancier mais Cage cherche. Essaie. Tente. Quitte à se planter. C’est ce que conte ici Lelo Jimmy Batista, conjuguant biographie et étude esthétique de son objet. Un regret : il n’a pas accès à des infos de première main. Restent un sens du rythme, de la formule, une manière de mettre en scène (voire d’inventer ?) son sujet qui forcent le respect. Ce court ouvrage achevé, une seule envie : redécouvrir et, parfois, réévaluer la filmographie complète de ce comédien (véritablement) unique. 128 p., 11,50€. Thibaut Allemand livres – 53
interview Propos recueillis par Zoé Van Reckem Photos © CAPA Studio, Bright Bright Bright, UGC Images, Orange Studio, France 2 Cinéma, 2021
CYRIL DION
© Fanny Dion
Cas d'espèce
Après le succès du film Demain, co-réalisé avec Mélanie Laurent et César du meilleur documentaire en 2016, Cyril Dion présente Animal. Cette fois, nous suivons deux adolescents engagés dans la cause environnementale aux quatre coins de la planète, et découvrons avec eux l'ampleur de la sixième extinction de masse. Le constat est accablant, certes, mais le film montre aussi des solutions. Au fil de rencontres, des activistes, scientifiques, personnalités politiques ou militants nous invitent à repenser notre relation au monde vivant. Entretien avec un réalisateur inspirant.
Bella et Vipulan rencontrent Jane Goodall
Comment Animal est-il né ? Tandis que je m’intéressais à la génération climat, aux ados qui manifestent dans la rue pour raconter leur histoire, Walter Bouvais (coauteur d'Animal) m'a proposé de réaliser un film sur la sixième extinction de masse, à partir de sa propre enquête. Ces deux envies se sont télescopées.
« NOUS SOMMES D'ABORD DES ANIMAUX. » Pourquoi ce titre ? Il est volontairement ambigu, rappelant que nous sommes d'abord des animaux, même si nous refusons cette idée. Et c'est sûrement le cœur du problème. On questionne ainsi notre relation avec la faune, à la fois d'élevage et sauvage.
Pourquoi avoir choisi de mettre en scène deux adolescents ? Le film témoigne d'un nouvel élan, d’une mécanique de vie qu’on oppose à des dynamiques de mort comme le changement climatique. Et les ados symbolisent l'avenir. Comment les avez-vous choisis ? Vipulan est un Français d’origine srilankaise. Il habite dans une HLM au sein d’un milieu très modeste. Bella est anglaise, blanche et issue d’une famille plutôt aisée de la banlieue de Londres. Elle a un rapport avec les animaux très spontané tandis que Vipulan les touche du bout des doigts. Ils forment donc un bon couple de cinéma car ils sont différents et complémentaires.
écrans – 55
La guerre est déclarée contre le plastique à Bombay
« NOUS N'EXISTONS PAS EN DEHORS DE LA NATURE. »
En somme, s'agit-il de mobiliser le public ? C'est toujours mon objectif. Je souhaite que mes films redonnent de l'énergie et de l’espoir. Certes, il y a des moments accablants dans Animal, mais on ne peut en rester là. Au début, le documentaire nous balance un gros coup de poing dans l'estomac. Puis la seconde partie focalise sur les solutions.
cette logique, la forêt, la montagne ou les insectes sont réduits à de la matière bête et méchante que nous pouvons exploiter. Mon but est de changer cette conception : non, nous n'existons pas en dehors de la nature et du monde vivant. Dès lors, il faut repenser toute la société.
Quelles sont justement les pistes les plus prometteuses ? L'exemple du Costa Rica est saisissant. Ce pays a pris le parti de réensauvager une partie de son territoire, de reconstituer des forêts sur des pâturages en moins de 40 ans. Plus proche de nous, dans l’Eure,
Quelles étaient vos intentions avec ce documentaire ? Avant tout remonter à la source de cette crise écologique. Tout comme le philosophe Baptiste Morizot, on observe que les hommes ont longtemps considéré être la seule forme de vie intéressante sur Terre. Suivant
Perrine et Charles Hervé-Gruyer, à la tête de la micro-ferme du Bec Hellouin, ont développé une exploitation et une méthode novatrice. Au lieu de recourir aux produits chimiques et aux machines, ils ont recréé un écosystème alliant rendement et biodiversité. Ainsi, ils ont fait réapparaître des oiseaux, des abeilles sauvages et des vers de terre dans les sols.
« L'ÊTRE HUMAIN PEUT ENRICHIR LE VIVANT. » Est-ce la preuve que nous avons un rôle à jouer ? Cela montre que l'humain n'est pas forcément un agent destructeur mais qu'il peut enrichir le vivant. Nous restons des êtres fascinants en termes d'intelligence, de créativité, de capacité de coopération. Quand nous plaçons ces qualités au service de la nature, nous pouvons réaliser des choses exceptionnelles. Comment avez-vous choisi les intervenants ? On a retenu des gens avec des histoires à raconter pour créer une relation forte avec Bella et Vipulan. La journaliste et documentariste Claire Nouvian a par exemple réussi à faire interdire la pêche en eau profonde et la pêche électrique. L’avocat Afroz Shah a lui ramassé 12 000 tonnes de plastique sur les plages de Bombay. C'est magistral !
Plus qu'un "simple" documentaire, Animal est aussi très cinématographique, n’est-ce pas ? Oui, le but était de réaliser un film avec des personnages, une histoire susceptible de nous bouleverser. Étymologiquement, l'émotion est ce qui nous met en mouvement. À la fin de la projection, j’espère que les gens ne regarderont plus le monde de la même manière.
ANIMAL
Documentaire de Cyril Dion. Sortie le 01.12 / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
À LIRE
écrans – 57
© Courtesy of Focus Features
écrans – 58
THE CARD COUNTER Cartes sur table Toujours en colère, Paul Schrader ? Il faut croire. Avec sa nouvelle fable sur la culpabilité et la rédemption, le scénariste de Taxi Driver nous immerge dans le monde clinquant des casinos pour mieux raviver les images traumatiques de l'histoire récente. The Card Counter a la pureté d'un diamant – et son tranchant. D'un motel à l'autre, William Tell (Oscar Isaac) s'adonne au même étrange rituel. Il recouvre chaque meuble d'un drap blanc, en une installation qui évoquerait Christo si elle n'était surtout le symptôme de son besoin maladif de contrôle. Emprisonné durant près de dix ans pour avoir torturé des prisonniers irakiens à Abou Ghraib, il en a tiré une ascèse qui confine à l'effacement de soi. S'il maîtrise la science du poker, il ne l'applique que dans des casinos de seconde zone. William est le contraire d'un flambeur. Il ne se soumet à la tentation que pour mieux se retenir. Lorsqu'il croise par hasard son ancien supérieur hiérarchique (le diabolique Willem Dafoe) et le fils d'un autre soldat condamné, l'équilibre se rompt...
Derrière l'image Marqué à vie par Pickpocket (1959) de Robert Bresson, Schrader en reprend l'ultime séquence, faisant de sa réplique finale un principe esthétique : « Pour aller jusqu'à toi, quel drôle de chemin il m'a fallu prendre ». Moral, cet itinéraire est aussi l'occasion d'une réflexion sur les images les plus obscènes. Comme pour la pornographie dans Hardcore (1979), Schrader envisage le cinéma tel un miroir avant d'entrevoir un retour en grâce. Quelques mois après l'enterrement en grandes pompes de Colin Powell, dont les mensonges avaient contribué à l'invasion de l'Irak, cette mauvaise conscience apparaît dans toute sa nécessité. Raphaël Nieuwjaer De Paul Schrader, avec Oscar Isaac, Tye Sheridan, Tiffany Haddish, Willem Dafoe... Sortie le 29.12
écrans – 59
© Jérôme Prébois / © 2021 Curiosa Films – Gaumont
LES CHOSES HUMAINES
Affaires sensibles
Avec Les Choses humaines, Yvan Attal signe un thriller d’une grande acuité sur les rapports entre femmes et hommes, à l’heure du mouvement #MeToo. En tête d'affiche son fils, Ben Attal, endosse avec conviction le rôle profond, complexe, d’un jeune homme accusé de viol. Un film puissant et nécessaire. Après Mon chien stupide adapté du livre de John Fante, Yvan Attal porte à l'écran le roman de Karine Tuil, Les Choses humaines, récompensé en 2019 par le prix Interallié et le Goncourt des lycéens. Dans cette histoire, Alexandre est accusé d’avoir violé une jeune femme. Est-il coupable ou innocent ? Est-elle victime ou animée par un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Les jeunes protagonistes et leurs proches voient leur vie et leurs certitudes voler en éclat mais… n’y a-t-il qu’une seule vérité ? À rebours de certains médias populistes et de la pensée binaire s’exprimant sur les réseaux sociaux, Yvan Attal se garde bien de tout manichéisme. Son film interroge notre époque, le consentement, les rapports de classes ou la domination masculine. Écrit et réalisé au cordeau, interprété par une distribution cinq étoiles (dont les deux révélations Ben Attal et Suzanne Jouannet), ce septième long-métrage n’a pas à rougir de la comparaison avec certains grands films de procès du cinéma américain des années 1970. Attal maintient la tension durant plus de deux heures, plaçant ainsi les spectateurs dans la position inconfortable de jurés. Quel verdict rendrons-nous ? Telle est la vertigineuse question. Grégory Marouzé D'Yvan Attal, avec Ben Attal, Suzanne Jouannet, Charlotte Gainsbourg, Mathieu Kassovitz, Pierre Arditi... Sortie 01.12
Admiratif du photographe Vincent Munier, Sylvain Tesson accepta de le suivre sur les hauts plateaux tibétains, dans sa quête de la panthère des neiges. Aujourd’hui, nous découvrons au cinéma ce voyage, qui inspira à l’écrivain son récit La Panthère des neiges (prix Renaudot 2019). Le documentaire retrace l’attente nécessaire à l'observation des bêtes, leurs rencontres avec de jeunes Tibétains, leurs réflexions sur notre place parmi les êtres vivants, le rêve des deux hommes d’entrevoir le fameux fauve. De ces scènes naît un film poétique, hypnotique – la voix off de Tesson n’y est pas étrangère. Les images de la faune nous réchauffent le cœur et nous glacent le sang, quand on songe aux beautés du monde que l'humanité anéantit. Grégory Marouzé Documentaire de Marie Amiguet et Vincent Munier, avec Vincent Munier et Sylvain Tesson. Sortie le 15.12
Eric Travers © Radar Films - Solar Entertainement - Gaumont - Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma
LA PANTHÈRE DES NEIGES
MYSTÈRE Présenté avec succès lors du dernier Arras Film Festival, Mystère nous plonge au cœur des montagnes du Cantal. Stéphane (Vincent Elbaz) y emménage pour renouer avec sa fille Victoria (Shanna Keil, belle révélation), mutique depuis la disparition de sa mère. Lors d'une balade en forêt, un berger confie à la fillette un chiot nommé Mystère, qui va lui redonner goût à la vie. L’animal s’avère être en réalité un loup... Ce film d’aventure pour tous les publics a le bon goût d’éviter le manichéisme. Si Denis Imbert prend clairement le parti des loups, il n’omet pas la situation difficile des éleveurs, dont les bêtes sont décimées. Filmée délicatement dans des décors naturels somptueux, voici une proposition de cinéma idéale pour ces fêtes de fin d’année. Grégory Marouzé
De Denis Imbert, avec Vincent Elbaz, Shanna Keil, Marie Gillain… Sortie le 15.12 © Haut et Court
écrans – 61
CINÉCONCERTS
En avant la musique ! Le cinéma autant que les concerts suscite de vives émotions. En associant les deux, on double la mise ! À l'exception d'Alex Vizorek, bien présent en chair et en os, notre sélection soigne les yeux (grands écrans, images 4K...) et les oreilles. En effet, de véritables orchestres réveillent ici des mélodies qui font partie de l'imaginaire collectif…
Warner Bros © 2001
Thibaut Allemand
HARRY POTTER Le quai 9 3/4, Poudlard, les Maisons Gryffondor, Serpentard et cie… On ne va pas vous refaire l'histoire ici. Harry Potter, c'est peut-être le dernier grand roman transgénérationnel. En voici sa fameuse adaptation par Chris Colombus. La célèbre partition, signée John "à peu près tous les classiques du divertissement américain" Williams est ici jouée par le Yellow Socks Orchestra, spécialisé depuis 2017 dans l'exécution live de musiques de films. Un ciné-concert mené à la baguette, forcément. Lille, 29 & 30.12, Zénith, 20h, 69 > 49€, www.zenithdelille.com
© Dom-Loup Pichon
© Pascal Aimar, Tendance Floue
LE CARNAVAL DES ANIMAUX
LES MYSTÉRIEUSES CITÉS D'OR
Si cette composition ne vous dit rien, un tuyau : l'un des titres est utilisé comme générique officiel du Festival de Cannes. Voilà, vous situez mieux, non ? Ici Alex Vizorek (qui n'a jamais reçu la moindre palme, tiens) nous mène dans ce bal masqué imaginé par Camille Saint-Saëns en 1886. À la manière d'un Francis Blanche, le Belge a écrit de courts textes humoristiques pour introduire les différentes pièces de cette oeuvre instrumentale. Coutumier de l'exercice, l'animateur de Par Jupiter ! avait joué le récitant pour Pierre et Le Loup et, avec l'ONL, pour Carmen de Bizet. Il insuffle poésie et humour à destination de chacun, à tous âges.
Simon Fache, virtuose détendu à dégaine de savant fou, avait déjà collaboré avec l'ONL (son formidable Pianistologie version symphonique). Cette fois-ci, l'érudit vulgarise son savoir avec humour en s’associant au vidéaste et amoureux des synthés vintage Nicolas Foulon. Le duo s'attaque à un morceau de bravoure que les quadras comme les plus jeunes connaissent : Les Mystérieuses cités d'or. Franchement, redécouvrir Esteban, Zia, Tao et Mendosa sur grand écran avec l'orchestre, ça vaut tout l'or du monde, non ? Lille, 22.12, Théâtre Sébastopol, 16h & 20h 24 / 17€, www.theatre-sebastopol.fr
Lille, 11.12, Nouveau Siècle, 16h, 14 > 6€ www.onlille.com
STAR TREK Téléportons-nous immédiatement au 2 janvier prochain. Ici, ce n'est pas un film, mais des extraits de la série et des différents longs-métrages (13 en tout, tu entends, George Lucas ?!). Exercice de ciné-concert oblige, on en prend plein la vue (écran de douze mètres de large) et les oreilles, puisque sont jouées live les thèmes majeurs d'une fameuse saga qui tentait de conjuguer avec plus ou moins de succès science-fiction, considérations philosophiques et combinaisons lycra. Bruxelles, 02.01.22, Forest National, 16h15, 79 > 39€, www.forest-national.be
écrans – 63
Vue d'exposition, Marcel Duchamp, Fontaine, 1917/1964, Paris, MNAMCentre Pompidou © Association Marcel Duchamp / Adagp, Paris ; Photo © Zoé Van Reckem
HAHAHA. L'HUMOUR DE L'ART Décalage immédiat Hahaha, où quand l'art se moque de lui-même. Dans quel autre pays, sinon la patrie de Magritte, pouvait-on s'intéresser à ce sujet ? Présentée à l'Ing Art Center de Bruxelles en collaboration avec Kanal et le Centre Pompidou, cette exposition rassemble plus de 200 œuvres dont le but est avant tout d'amuser, mais pas seulement. Longtemps ignorés, la dérision, la parodie et autres jeux de mots furent en effet prépondérants dans l'histoire de l'art moderne - et ça, ce n'est pas de la blague. « Rien n’est assez sérieux pour être pris au sérieux », disait Marcel Duchamp. Pourtant, la place de l'humour fut largement occultée dans l'histoire de l'art « par essence synonyme de bon goût, d'élitisme, resitue Anne Petre, responsable de l’art chez ING en Belgique. Durant des siècles, les principaux commanditaires furent tout de même l'Église ou les familles royales... ». Pas de quoi se fendre la pipe, en effet.
« DUCHAMP PRIVILÉGIE L’IDÉE, LE MESSAGE PLUTÔT QUE LA FORME. » C'est au milieu du xixe siècle que les zygomatiques commencent à tressaillir, avec l'avènement de la
presse illustrée. Des caricaturistes comme Daumier vont alors s'en prendre au petit monde fermé des "Salons". Ils tournent en dérision œuvres, artistes ou collectionneurs et permettent de populariser ce domaine réservé. C'est aussi tout l'enjeu de cette exposition, réunissant quelques francs-tireurs, de Magritte à Picabia, en passant par Wim Delvoye ou Jacques Charlier.
Pipi, caca Parmi eux, Marcel Duchamp fait figure de totem, excellant dans des calembours que n'auraient pas reniés les Nuls, à l'instar de cette fausse publicité pour le parfum Belle Haleine. Eau de voilette. arts visuels – 67
HAHAHA.
Piero Manzoni, Merda d’artista (Merde d'artiste), 1961, boîte de conserve avec étiquette, fer-blanc, papier imprimé , Paris, MNAM-Centre Pompidou. Crédit photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP Copyright de l’œuvre © Adagp, Paris
On doit surtout au Français le canular le plus célèbre de tous les temps. En 1917, le jury de la Société des artistes indépendants de New York commet l'imprudence de ne refuser aucune œuvre qui lui sera soumise. Duchamp lui envoie un urinoir en faïence, acheté dans un magasin de sanitaire et signé "R.Mutt". L'objet est évidemment recalé... Au-delà de la blague, le trublion échafaude ici les bases de l'art conceptuel. « Il pose la question du beau, qu'il dissocie de l'art, commente Anne Petre. Par ce geste, il privilégie l’idée, le message plutôt que la forme ».
On le voit, l'humour permet d'aborder des sujets très sérieux. « C'est une forme de transgression mais aussi le moteur de l'avant-garde ». Dans la même veine scatologique, l'Italien Piero Manzoni produit en 1961 des boîtes de conserve contenant, dit-il, 30 grammes de ses propres excréments et qu'il vend à prix d'or, « interrogeant cette fois la notion de valeur ». Est-ce de l'art ou du cochon ? À vous de voir. Julien Damien
Bruxelles, jusqu'au 16.01.2022 ING Art Center, mer > dim : 10h-18h (ven : 21h), 12 > 2€ (gratuit -18 ans) kanal.brussels, www.ing.be
Vue d'exposition, Présence Panchounette La Vénus de Mille eaux, (1888-1988) Copie de la Vénus de Milo en plâtre, étiquettes d'eau minérale, 85.5 × 25 × 16 cm, Coll. MAMCO, Photo © Julien Damien
L’Âne « Lolo » dit Joachim Raphaël Boronali, Et le soleil s'endormit sur l'Adriatique, 1910, huile sur toile, Mairie de Milly-la-Forêt. © Espace culturel Paul Bédu, Milly-la-Forêt (Essonne)
Marcel Mariën, La Vénus d'Amersfoort, 1982, plâtre peint, La Louvière, Collection Province de Hainaut © SABAM Belgium 2021
ŒUVRES COMMENTÉES ET LE SOLEIL S'ENDORMIT SUR L'ADRIATIQUE Cette huile sur toile fut présentée en 1910 à Paris, au très sérieux Salon des indépendants. « Cette peinture a alors tout pour plaire, resitue Anne Petre. Elle est très avant-gardiste, colorée, évoquant le postimpressionnisme, voire le fauvisme ». Mais qui est donc son auteur, le mystérieux Joachim Raphaël Boronali ? Eh bien... un âne. Plus précisément le dénommé "Lolo", mascotte du cabaret Le Lapin agile à Montmartre. Dans les faits, un petit groupe de blagueurs a fixé un pinceau sur la queue de l'animal. « C'est l'un des premiers canulars de l'histoire de l'art, et il entraîne son lot de questions : Est-ce une œuvre ? Qui est l'auteur ? L'âne ? Celui qui a eu l'idée ? ». Une chose reste sûre : plus d'un siècle après, le tableau est toujours aussi poilant.
LA VÉNUS D'AMERSFOORT Connaissiez-vous Marcel Mariën ? On doit à ce surréaliste belge quelques aphorismes imparables comme « les cannibales n'ont pas de cimetière ». Et donc ce plâtre peint. Intitulé La Vénus d'Amersfoort, celui-ci marque la rencontre improbable entre la Vénus de Milo et le sens de la géométrie et des aplats colorés de Mondrian (né à Amersfoort). Cette "Mondrianité" figure parmi d’autres parodies d’œuvres du Hollandais. Son style, facile à reproduire (même sur des meubles ou des bouteilles de shampoing !) est tourné en dérision par nombre d’artistes, d’Ernest T. à Sylvie Fleury, qui interrogent les notions d’authenticité et de créativité. « On peut y voir une critique mais aussi un hommage », commente Anne Petre. Qui aime bien châtie bien ! arts visuels – 70
André Kertész. St-Germain-des-Près, Paris, vers 1933. Sélection de 2 prises de vues d’après bandes négatives originales 35 mm numérisées. © Zoé Van Reckem Donation André Kertész, Ministère de la Culture, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, diff. RMN-GP
LOUIS DE FUNÈS Farce majeure C'est un monument de l’humour qui prend ses quartiers à Bruxelles. Le cinéma Le Palace, ouvert en 2018 dans un magnifique bâtiment Art déco, consacre sa première exposition à l'immense Louis de Funès. Produite par la Cinémathèque de Paris, celle-ci retrace en 150 pièces le parcours du plus cartoonesque des acteurs français. Ces extraits de films, costumes, objets personnels ou documents d'archives rendent hommage au génie burlesque, décortiquant ses mimiques ou méthodes de travail – car le rire, c'est sérieux ! Acteur comique parmi les plus populaires de l'Hexagone, mais boudé par la critique, Louis Germain David de Funès de Galarza fut bien plus qu'une simple machine à grimaces.
« IL CHERCHAIT SANS RELÂCHE LE RYTHME JUSTE. » Ce trublion d'un mètre soixante-trois se plaça très vite dans les pas de Charlie Chaplin, Buster Keaton ou Laurel et Hardy (« les plus grands », disait-il). Comme eux, « il n'a jamais cesser d'affiner son jeu, cherchant sans relâche le rythme juste », relate Eric Franssen, le directeur du Palace. En témoigne cette scène mythique
du Grand restaurant (Jacques Besnard, 1966) où on le voit peu à peu se transformer en Adolf Hitler grâce à un astucieux jeu d'ombres avec le lustre, pour scander en allemand la recette du soufflé à la pomme de terre – « Muskatnuss ! Muskatnuss, Herr Müller ! ».
L'antipathique – La deuxième des cinq parties de ce parcours est évidement consacrée à sa collaboration avec Gérard Oury qui l'a dirigé dans La Grande vadrouille, Les Aventures de Rabbi Jacob (dont on découvre ici la barbe originale) ou La Folie des grandeurs, entre autres cartons.
arts visuels – 73
© Zoé Van Reckem
Ces films vont alors imposer un arsur la série des gendarmes. Pas chétype : celui du râleur, du boufranchement des chefs-d'œuvre gon, de l'avare. Bref, du type pas du septième art, mais profondéforcément agréable. « C'est là tout ment inscrits dans la mémoire colson génie : il a créé lective et les cœurs. un personnage totale« UN PERSONNAGE Pourquoi ? « Peut-être ment imbuvable mais parce que ces films IMBUVABLE MAIS auquel on ne peut que évoquent une période AUQUEL ON s'attacher », analyse de bonheur jamais reS'ATTACHE. » Eric Franssen. Après trouvée pour les Frans'être bidonné devant un écran çais, celle des Trente glorieuses ». tactile compilant les émotions Une petite madeleine de Proust jouées par "Fufu" ("colérique", "mopour la route, ma biche ? deste", "exaspéré"...), on s'attarde Julien Damien Bruxelles, jusqu'au 16.01.2022, Le Palace, lun, mar, jeu & dim : 11h-18h mer, ven & sam : 11h-19h, 10 > 7€ (gratuit -6 ans), cinema-palace.be À LIRE
/ La version longue de cet article sur lm-magazine.com arts visuels – 74
YVES SAINT LAURENT Habits de lumière
© Julien Damien
6 Yves Saint Laurent aurait sans doute apprécié le clin d'œil. Ancienne école de Marcq-en-Barœul réhabilitée en jardin d’hiver, salon de thé et galerie d'exposition, l’Espace Minorelle a été baptisé ainsi en référence au fameux jardin botanique Majorelle de Marrakech, dont le couturier fut propriétaire. Pas un hasard donc, si le premier rendez-vous organisé ici lui est consacré. Au sein de cette galerie lumineuse sont ainsi rassemblés quinze de ses modèles iconiques, entourés de gravures et d'estampes. Icône de l'élégance contemporaine, YSL réinventa la garde-robe féminine en modernisant le caban, le smoking ou la cape et en puisant dans toutes les cultures, notamment orientales ou africaines. Parmi ces indémodables, entre hautecouture et prêt-à-porter, on trouve la confortable (et unisexe) saharienne, la blouse russe, l'avant-gardiste (et synonyme de puissance) tailleur-pantalon ou la mythique petite robe noire, héritée de Chanel et magnifiée dans des lignes minimalistes. « Le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l'homme qu'elle aime », dit un jour le génie français. Sans doute, mais cette robe de grand soir en dentelle et satin devrait en combler plus d'une, bien accompagnée ou non... J.D. Marcq-en-Barœul, jusqu’au 23.01.2022, Espace Minorelle mar > ven : 11h30-18h • sam & dim : 10h-18h, gratuit, marcq-en-baroeul.org arts visuels – 76
Lieve Van Stappen, ‘Ariadnes’ yarn’, 2003 – 2005 © Lieve Van Stappen
LA VIE MATÉRIELLE
Féminin pluriel
Si La Vie matérielle tire son nom d’un recueil autobiographique de Marguerite Duras, c’est en Émilie-Romagne qu’est née cette exposition offrant un nouveau regard sur l’art au féminin. En arrivant à Bruxelles, elle s’enrichit des œuvres de quatre artistes belges, qui entrent en résonance avec leurs homologues italiennes. Un panneau de bois, une dorure à l’or fin. Avec Majesté, Serena Fineschi rend hommage à la peinture de la Renaissance… à sa façon. En fait de feuilles d’or, la plasticienne siennoise « compile des papiers de Ferrero Rocher, tandis qu’au pied du tableau s’étend un tapis de sculptures en chewing-gum, critique de notre société du tout jetable », décrit Carine Fol, la directrice artistique de La Centrale. Le monochrome qui ouvre l’exposition a été créé avec des matériaux pauvres, « instaurant un lien avec la vie ordinaire ». La soixantaine de pièces rassemblées mettra de la même façon en valeur la capacité des femmes à briser les frontières entre art populaire et beaux-arts. Dans l’espace brut de la Centrale, Carine Fol et Marina Dacci, la commissaire, font dialoguer les œuvres et les nationalités. Face à Serena Fineschi s’élance l’une des grandes pièces textiles de la Bruxelloise Arlette Vermeiren, en tissu d’emballage et papier de bonbon. Plus loin, les photos de presse rugueuses que Léa Belooussovitch adoucit au crayon de couleur se rapprochent des Molotovs de Loredana Longo, en métal et morceaux de verre brisé. Loin de la douceur domestique, les femmes savent aussi composer avec la violence pour construire une autre réalité. Marine Durand Bruxelles, 09.12 > 13.03.22, La Centrale, mer > dim :10h30-18h 8 > 2,50€ (gratuit -18 ans), www.centrale.brussels
arts visuels – 78
Pénétromètre de la marque Prolabo, XXe siècle, provenant du Laboratoire central de Vendin-le-Vieil © ACMHDF - F.Boucourt
© Paul Funken / © André Pasture
LINES & TRACKS
TRÉSORS INSOLITES
Plus de 140 affiches issues des archives de la SNCB (entre autres) retracent l’histoire du réseau ferroviaire belge, démarrée avec la révolution industrielle. Signées Armand Massonet, Julian Key ou Fernand Toussaint ces créations témoignent de l’évolution d’un moyen de transport d’abord réservé à une élite, avant de connaître son essor avec le tourisme. Dans le même temps, le parcours dévoile une belle palette de styles et de techniques d'impression. Joli coup double.
Parmi les 15 000 objets conservés par le Centre historique minier de Lewarde se cachent quelques trésors. Ce parcours dévoile ainsi 80 appareils scientifiques en tout genre. Ces voltmètres, ampèremètres, ohmmètres ou tachygraphes furent en effet indispensables dans l’exploitation houillère. Ces pièces au design insolite, rarement sorties de leur carton, s’apparentent à de véritables bijoux technologiques et attestent d’une ingéniosité oubliée.
La Louvière, jusqu’au 27.02.2022 Centre de la Gravure et de l'Image imprimée, mar > dim : 10h-18h 8 > 3€ (grat.-12 ans), centredelagravure.be
Lewarde, jusqu’au 30.04.2022 Centre historique minier, lun > sam : 13h-19h dim : 10h-19h, 6,70€ (gratuit -5 ans) www.chm-lewarde.com
© Bettina Frenzel
WITCHES Persécutée dès la fin du Moyen Âge, héroïne de la littérature fantastique ou de la pop culture et désormais icône des mouvements queer et féministe : la sorcière a plus d'un tour dans son sac ! Conçue par l'Université Libre de Bruxelles, cette exposition rassemble 400 œuvres ou objets ethnographiques auscultant une figure honnie ou célébrée à travers les âges et les arts. Bruxelles, jusqu'au 16.01.2022, Espace Vanderborght mer > lun : 10h-18h, 12 > 6€ (grat. -4 ans), witches-expo.ulb.be
«n° 299», 29 avril 2020 Tableau sur iPad © David Hockney
DAVID HOCKNEY C’est sans doute l’un des plus grands peintres encore en activité. Depuis le milieu du xxe siècle, David Hockney produit une œuvre située entre figuration et abstraction. Si tout le monde connaît ses fameuses représentations de piscines, le désormais octogénaire n’a pas fini de nous surprendre. En témoigne cette double exposition bruxelloise. À Bozar, on découvre une rétrospective de son travail et sa toute dernière série de tableaux magnifiant l’arrivée du printemps. Ou comment célébrer une éternelle renaissance. Bruxelles, jusqu’au 23.01.2022, Bozar, mar > dim : 10h-18h un ticket pour 2 expos : 20 > 10€ (gratuit -6 ans), bozar.be
BLAKE ET MORTIMER
LIBRES FIGURATIONS, ANNÉES 80
Le capitaine Francis Blake et le professeur Philip Mortimer ont 75 ans. Nos deux héros, nés de l’imagination du Belge Edgar P. Jacobs, firent leur apparition le 6 septembre 1946. Les lecteurs du Journal Tintin découvrirent la première de leurs 28 aventures dans Le Secret de l’Espadon. Ce parcours raconte dans le détail sa conception, entre planches originales, croquis préparatoires ou la maquette de l’avion de combat que Jacobs avait commandée au Bruxellois Gérard Liger-Belair.
Keith Haring, Basquiat, Futura 2000, Robert Combas, Hervé Di Rosa… et bien d’autres ! Les musées de Calais rapprochent une cinquantaine d’artistes majeurs de la fin du xxe siècle. Soit plus de 200 œuvres réparties dans une double exposition puisant dans la culture pop, à la croisée du graffiti, du punk, de la SF ou de la BD. Ces peintures, sculptures ou vêtements dessinent les contours d’un mouvement célébrant son quarantième anniversaire : les Libres figurations. Une grande bouffée d’art.
Bruxelles, jusqu’au 16.04.2022, CBBD mar > dim : 10h-18h, 12 > 5€ (gratuit -6 ans) www.cbbd.be
Calais, jusqu’au 02.01.2022, Musée des beaux-arts, mar > dim : 13h-17h, Cité de la dentelle, tlj sauf mar : 10h-17h, pass 2 musées : 5 / 4€ (gratuit -5 ans), calais.fr
BROGNON-ROLLIN Le réel existe-t-il en dehors de ses représentations ? Telle est l’une des questions soulevées ici. Né il y a près de 15 ans, le duo composé de David Brognon et Stéphanie Rollin produit une œuvre protéiforme, située quelque part entre Philip K. Dick et Jorge Luis Borges. Parmi cette quarantaine de pièces, on trouve notamment Yamina. Conçue spécialement pour le BPS22, celle-ci reproduit la ligne de cœur nichée dans la main d’une femme mariée de force, sous la forme d’un néon de 27 mètres – et c’est brillant. Charleroi, jusqu’au 09.01.2022, BPS22, mar > dim : 10h-18h, 6 > 3€ (gratuit -12 ans), bps22.be
ANDRÉ KERTÉSZ ET BERNARD PLOSSU
Bruxelles, s.d. © Bernard Plossu
Le Musée de la photographie de Charleroi rapproche André Kertész et Bernard Plossu. Ce double accrochage révèle, d’un côté, le passage du célèbre Hongrois au Leica et les bouleversements qui en découlèrent, et de l’autre la passion du Français pour la Belgique. Internationalement reconnu pour ses images en noir et blanc (mais pas seulement), ce "voyageur-migrateur" comme il se nomme a arpenté le plat pays dès les années 1970, lui offrant un relief inédit. Charleroi, jusqu’au 16.01.2022, Musée de la Photographie mar > dim : 10h-18h, 7 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be
LÉON WUIDAR
LES LOUVRE DE PABLO PICASSO
Représentant discret de l’abstraction géométrique belge, le Liégeois Léon Wuidar est honoré d’une première rétrospective sur ses terres. Ses tableaux, collages ou dessins se distinguent de la froideur parfois attribuée au genre, par un jeu poétique entre les lignes et les couleurs, mais aussi les lettres, les mots ou parfois des éléments figuratifs (comme le nez rouge d’un clown). Au MACS, on découvre une œuvre ludique et teintée de surréalisme, à l’image de son clin d’œil à la fameuse pipe de Magritte.
C’est un portrait croisé entre deux monuments de la culture. Une plongée inédite dans l’histoire de l’art. Cette exposition lensoise organise la confrontation entre Pablo Picasso et le Louvre – ou plutôt "les" Louvre, tant la relation entre les deux fut tumultueuse. Ce parcours rassemble plus de 450 œuvres dont 170 de l’Espagnol. Elle sont issues de l’ensemble des départements de l’institution parisienne et d’un peu partout dans le monde. Peintures ou sculptures sont ainsi scrutées pour mieux saisir les inspirations du maître.
Hornu, jusqu’au 30.01.2022, MACS mar > dim : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans) www.mac-s.be
Lens, jusqu’au 31.01.2022, Louvre-Lens tous les jours sauf mardi : 10h-18h 12 > 5€ (gratuit -18 ans), www.louvrelens.fr
LUMIÈRE D’OPALE À la fin du xixe siècle, nombre d’artistes sont contraints de quitter Paris par manque de moyens et gagnent les régions. Parmi ces points de chute il y a la Bretagne, qui formera la célèbre école de Pont-Aven, mais aussi la Côte d’Opale. Ce qu’on appellera "la colonie d’Étaples" regroupe des peintres français ou anglo-saxons. Tous trouvent l’inspiration au fil des longues plages du nord et de leurs dunes, dans la verdure de l’arrière-pays... Cette exposition rassemble quelque 70 œuvres de cette période trop méconnue, mais dorée. Le Touquet, jusqu’au 22.05.2022, Musée du Touquet-Paris-Plage mer > lun : 14h-18h, 3,50/2€ (gratuit -18 ans), www.letouquet-musee.com arts visuels – 83
NI MÉCHANT NI GENTIL ! Que n’a-t-on pas entendu sur le loup ! Au sein d’un musée en pleine transformation, cette exposition (destinée aux 3-7 ans) répond à une question souvent formulée par les enfants : l’animal est-il gentil ou méchant ? Ni l’un, ni l’autre. Au sein d’une scénographie conçue comme un pop-up, le parcours confronte les différentes représentations du loup dans la littérature (tantôt sympathique ou effrayant... voire en slip !) aux données scientifiques expliquant le mode de vie du Canis lupus. Lille, jusqu’au 09.01.2022, Musée d’histoire naturelle, lun, jeu & ven : 12h30-17h • mer : 9h30-17h sam & dim : 10h-18h, 5 > 2,60€ (gratuit -12 ans), mhn.lille.fr
FERNANDO BOTERO
IMAGES DE HÉROS
Ses personnages aux formes rondes ont fait le tour du globe... Enfin, presque, car Fernando Botero n’avait jamais bénéficié d’une rétrospective en Belgique. C’est désormais le cas. Le BAM révèle 70 ans d’une œuvre singulière, aux couleurs vives, puisant ses racines dans l’art précolombien, l’iconographie populaire ou la Renaissance italienne. Le parcours aborde les thèmes chers à l’artiste, comme les natures mortes ou les nus. Pour parachever l’événement, une sculpture monumentale du Colombien prend ses aises sur la Grand-Place de Mons.
Des représentations du prophète Mahomet à Dalida, en passant par les caricatures de Slim et quelques superhéroïnes (dont la Qahera voilée de Deena Mohamed), cette exposition met à mal nombre d’idées reçues sur l’utilisation de l’image au quotidien, du Maghreb au Moyen-Orient. L’Institut du monde arabe de Tourcoing (IMA) rassemble affiches de cinéma, peintures, planches de BD, dessins de presse, vidéos ou photographies, et raconte une histoire inédite de la culture musulmane.
Paul Klee, Abendliche Figur (Figure du soir) © LaM. Photo : Philip Bernard
Mons, jusqu’au 30.01.2022, BAM , mar > dim : 10h-18h, 9/6€ (gratuit -6 ans), bam.mons.be
Tourcoing, jusqu’au 09.01.2022 Institut du monde arabe, mar > dim : 13h–18h 5 > 2€ (gratuit -6 ans), ima-tourcoing.fr
PAUL KLEE. ENTRE-MONDES Né en Suisse en 1879, d’origine allemande, Paul Klee demeure un artiste majeur du xxe siècle, mais également une énigme. Figure de l’abstraction, sans jamais s’en revendiquer, adulé par les surréalistes, enseignant au Bauhaus, violoniste émérite à ses heures perdues… le peintre est aussi célèbre qu’insaisissable. À Villeneuve d’Ascq, le LaM lui consacre une première exposition sous forme d’enquête, auscultant sa recherche de l’origine de l’art… Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 27.02.2022, LaM mar > dim : 10h-18h, 10/7€ (gratuit -12 ans), musee-lam.fr arts visuels – 84
interview
© Yann Orhan & Laurent Bégu
Propos recueillis par Julien Damien
ALDEBERT Forever young Passé par le heavy metal puis la chanson française, Guillaume Aldebert a d’abord œuvré pour les "grands" avant de se livrer à ses Enfantillages, en 2008. Bien lui en a pris ! Désormais vedette des cours de récré, le Bisontin ne compte plus les disques d’or et les concerts à guichets fermés. Surtout, ce presque quinquagénaire réhabilite un genre souvent mésestimé avec des textes ciselés et en ne s’interdisant aucun sujet – de la peur du noir à la mort. Celui qui, petit, rêvait de devenir ninja, défend sur scène un quatrième opus empli de duos prestigieux et placé sous le signe de l’ouverture. Entretien avec un grand enfant.
Vous considérez-vous comme un chanteur pour enfants ? Oui et non. En tout cas, cette image ne me pose aucun problème. Ce genre n’est pas du tout réducteur, plutôt synonyme d’ouverture. D’ailleurs, j’ai écrit pas mal de chansons dans ce quatrième album destinées à un très large public. Le titre avec Calogero, Double papa, évoque l’homoparentalité quand Assis soient-ils, en duo avec Peter Garrett (de Midnight Oil) parle de l’urgence climatique. Maxime Le Forestier dit que je suis un chanteur de l’enfance. Il a bien résumé mon style. Vous interdisez-vous d’aborder certains sujets ? Ce n’est pas tant le sujet qui compte mais votre angle d’approche. On peut évoquer des thèmes durs comme la maladie, la mort ou la séparation, mais pas n’importe comment. Pour parler de l’homoparentalité à des enfants, j’ai ainsi choisi de raconter une histoire d’amour entre deux papas. Vous envisagez aussi tous les styles, du rap au rock, en passant par le reggae, la chanson française... Oui, le jeune public me permet cette liberté incroyable ! Les enfants sont curieux naturellement et ça ne leur pose aucun souci d’écouter
un titre hip-hop puis de passer au metal ou à une valse. Ils sont plus ouverts que les adultes, souvent enfermés dans leurs chapelles...
« C’EST TRÈS ROCK LA CHANSON POUR ENFANTS ! » Pouvez-vous nous parler de l’album Enfantillages 4 ? Comment l’avezvous composé ? Au départ, on avait prévu de faire le tour du monde pour le réaliser, mais le Covid est passé par là... On a juste réussi à s’envoler pour la Réunion (pour le titre La Danse) puis on a composé l’essentiel à distance. On a envoyé les maquettes à Youssou N’Dour et Peter Garrett, qui ont travaillé chez eux. Au final on a tout de même conservé cette idée d’ouverture sur le monde qui est vraiment l’ADN de cet Enfantillages 4. Que verra-t-on sur scène ? Un grand décor en bois habillé de vidéos. Ce mapping offre un tableau spécifique à chaque chanson. Surtout, on privilégie l’échange avec le public pour susciter des émotions différentes. Il y a des passages poétiques, très tendres, et d’autres où l’on se lâche comme avec Mytho Man ou Du Gros son. C’est un petit voyage d’une heure et demie tout en relief. C’est plus un spectacle qu’un concert.
théâtre & danse – 87
Au-delà des chansons du nouvel album, jouez-vous aussi des hits de votre répertoire ? Oui, il y a des chansons qu’on est un peu obligés de jouer comme Super Mamie. À chaque concert on en invite une à monter sur scène. Elle enfile une cape puis vole littéralement dans le public, portée par des papas ! C’est une tradition.
/ Enfantillages 4 (Load Records)
À ÉCOUTER
À VISITER
/ aldebert.com
À VOIR / Béthune, 10.12, Théâtre municipal, 20h30 34 > 17€, www.theatre-bethune.fr
Bruxelles, 19.12, Cirque Royal 14h30 (complet !) & 17h30, 55 > 35€ www.cirque-royal-bruxelles.be Le Touquet-Paris-Plage, 06.02.2022 Palais des congrès, 14h30, 37 > 19€ www.letouquet.com / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com
À LIRE
© DR
© Yann Orhan & Laurent Bégu
Quelles sont les particularités du jeune public, en concert ? Il est très cash, si on n’est pas sincère ça ne marche pas. Il y a des vraies passerelles avec le metal d’ailleurs. Historiquement, les groupes se sont toujours déguisés, maquillés...
Ils font preuve d’une vraie théâtralité. En terme d’énergie aussi il y a des points communs. Sur scène, je saute partout, c’est très rock la chanson pour enfants !
théâtre & danse – 88
© Pascal Ito
MER 8.12
© Yann Orhan, Florent Bégu
Élie Semoun et ses monstres Humour
© Christophe Urbain
DIM 12.12
VEN 10.12
Aldebert Enfantillages 4 Concert jeune public
Timelessness
Les Percussions de Strasbourg Spectacle musical (en collaboration avec le Conservatoire communautaire de musique et de danse)
J’ai envie de toi De Sébastien Castro Mise en scène José Paul Théâtre de boulevard
© Valerian
SAM 18.12
Arnaud Rebotini & le Don Van Club 120 Battements par minute
© DR
MER 5.01.2022
Thomas VDB S’acclimate Humour
Concert
THÉÂTRE DE BÉTHUNE - BOULEVARD VICTOR HUGO - F - 62 400 BÉTHUNE 03 21 64 37 37 - WWW.THEATRE-BETHUNE.FR - FNAC, TICKETNET ET DIGITICK
L’astrolab*,
© Bernard Richebé
MER 15.12
LIC 1-001911 / 2-001912 / 3-001913
Théâtre
Élan collectif 6 Pyramides humaines vertigineuses, sauts dans le vide, tours sur la tête époustouflants… Depuis une quinzaine d’années, le Groupe acrobatique de Tanger perpétue un héritage séculaire : l’art de la voltige, fondé au Maroc au xve siècle. Cette histoire, nos virtuoses l’ont racontée dans le magistral Halka, mis en scène par Aurélien Bory. Après avoir parcouru le monde (avec Taoub ou encore Azimut), la troupe se renouvelle et en profite pour détricoter les codes de sa pratique, s’ouvrant à d’autres disciplines. Breakdance, taekwendo, rap ou même… foot freestyle ! Sous le regard décalé de la "circographe" Maroussia Diaz Verbèke (Circus Remix), dans un décor flamboyant et des costumes signés Hassan Hajjaj (le "Warhol de Marrakech"), cette quinzaine de jeunes hommes et femmes marie passé et présent, tradition et pop culture. Entre DJ sets et sketches en babouches, ces acrobates défient les lois de la gravité avec légèreté. Julien Damien Lille, 12 > 14.12, Le Grand Sud, dim : 16h • lun : 20h • mar : 19h, 21 > 6€, larose.fr Dunkerque, 16 > 18.12, Le Bateau Feu, jeu & sam : 19h • ven : 20h, 9€, lebateaufeu.com Mons, 21.12, Théâtre le Manège, 20h, 20 > 15€, surmars.be Namur, 28 > 30.12, Théâtre de Namur, 19h, 24,50 > 13,50€, theatredenamur.be théâtre & danse – 90
© Hassan Hajjaj
FIQ ! (RÉVEILLE-TOI !)
NOËL AU THÉÂTRE Le conte est bon
Little Nemo © Jean-Louis Fernandez
Pour les fêtes, laissez tomber les fadaises animées à la télé… emmenez plutôt vos enfants au théâtre ! Marionnettistes, comédiens, bruiteurs, circassiens ou musiciens se mettent en quatre pour les plier en deux, les émouvoir ou titiller leurs neurones. Voici une sélection de spectacles à voir en famille. J.D
LOUSTIX Un voyage au royaume des songes, un cours d’histoire de l’art, du hip-hop monté sur ressorts... Durant les fêtes, on ne s’ennuie pas au Phénix. D’abord grâce à Émilie Capliez et son adaptation de la BD culte Little Nemo in Slumberland de Winsor McCay. Ce conte musical raconte les pérégrinations d’un petit garçon sautant de rêve en rêve pour atteindre le "pays du sommeil". Pendant ce tempslà, Amélie Poirier nous plonge avec trois danseurs-marionnettistes dans le monde brindezingue de dada. Tout aussi remuant, Ça déménage de Nabil Ouelhadj met en scène deux danseurs sur un trampoline pour une chorégraphie… pleine de rebondissements. Valenciennes, 07 > 18.12, Le Phénix, 1 spectacle : 15 > 6€, www.lephenix.fr / 07 & 08.12 : Émilie Capliez : Little Nemo (+ Maubeuge, 01.12, Le Manège) 11.12 : Amélie Poirier : Dadaaa // 15> 18.12 : Racines carrées : Ça déménage
PROGRAMME
© Angelica Ardiot
© Cirque Alfonse
TABARNAK
CABANE
Iconoclaste. Ici, le terme n’a rien de galvaudé. Pour cause, ces circassiens azimutés ont choisi une église pour faire leurs galipettes ! Au sein de ce décor reproduisant "la maison de Dieu", les Montréalais du Cirque Alfonse s’en donnent à cœur joie : chansons grivoises, pyramides humaines, danses en roller, vitraux transformés en trapèzes… Au cours de cette grande-messe burlesque et musicale, on sonne aussi les cloches en slip et tutu. Alléluia – ou "tabarnak", comme ils disent là-bas.
La cabane, c’est le lieu du refuge comme de l’évasion. Elle est synonyme de jeu, mais aussi de cohabitation. Lionel Bègue utilise ce totem de l’enfance pour livrer une métaphore dansée de la fratrie. Sur scène, quatre interprètes se jaugent d’abord, avant de s’apprivoiser puis de s’amuser. En développant un singulier langage corporel, ces individualités forment progressivement un groupe. Chacun renoue ici avec sa part d’enfance pour réinventer une nouvelle façon d’être au monde : ensemble.
Roubaix, 04 & 05.12, Le Colisée, sam : 20h dim : 16h, 35 > 10€, coliseeroubaix.com La Louvière, 09 &10.12, Le Théâtre, 20h 30 > 10€, www.cestcentral.be
Dunkerque, 07.12, Le Bateau Feu, 20h, 6€ www.lebateaufeu.com // Amiens, 08.12 Le Safran, 16h, 7,50 > 4,50€, www.amiens.fr
Le petit chaperon rouge comme vous ne l’avez jamais vu. Très librement inspirée du conte de Perrault, cette comédie musicale (dès 5 ans) en reprend la trame, mais y ajoute une bonne dose de loufoquerie. Où l’on croisera, entre autres, un bûcheron aussi costaud que trouillard (Paul Tronc), un loup un brin dandy se prenant pour Michael Jackson dans le clip de Thriller, une grand-mère se rêvant artiste, des rats rappeurs ou des arbres dansant le flamenco... Vous l’avez compris : décalage immédiat !
© DR
LA FOLLE HISTOIRE DU PETIT CHAPERON ROUGE
Lille, 05.12, Casino Barrière, 11h, 20 / 15€, casinosbarriere.com théâtre & danse – 93
Après le succès de Pss Pss (auréolé de 14 prix internationaux) la Compagnia Baccalà inaugure un show tout aussi burlesque et poétique. Sur scène, Camilla Pessi et Simone Fassari ne prononcent pas un mot – à l’instar de leurs modèles, Charlie Chaplin et Buster Keaton. Le langage du duo repose sur des mimiques et acrobaties exécutées ici sur une échelle, là une chaise, avec une corde à sauter, sur un air de trompette ou d’accordéon. Ou comment renouveler une tradition séculaire, sans la dénaturer. Calais, 08.12, Grand Théâtre 20h30, 18 > 5€, www.spectacle-gtgp.calais.fr
© Simon Gosselin
© Philippe Laurençon
© Djamila Agustoni
OH OH
LE ROSSIGNOL ET L’EMPEREUR
L’HOMME CANON
À l’heure du tout numérique, Yeung Faï nous émerveille avec un théâtre d’objet ancestral. Ce maître chinois de la marionnette à gaine (qui habille la main du manipulateur) adapte ici le conte d’Andersen, accompagné par le guitariste Jan Vanek. L’empereur de ce récit s’émeut du chant du rossignol, mais ne peut s’en saisir, et se trouve sous son emprise. Un jour, le potentat se voit offrir un oiseau mécanique, pas aussi bon chanteur... La morale de cette histoire ? La vraie beauté ne s’achète pas... et n’a rien d’artificielle !
Ne vous fiez pas au titre : point d’acrobate transformé en boulet humain ici. Plutôt un subtil jeu d’équilibre. Accompagné de la chanteuse et musicienne Lola Calvet, entre hits pop et ballades irlandaises, Rémi Luchez se joue des lois de la gravité avec légèreté au gré de fragiles exploits. Qu’il empile un tas de briques sur le sommet du crâne ou se lance dans d’improbables tentatives d’escalade, ce clown-funambule un brin lunaire a le chic pour nous propulser hors de notre siège avec trois fois rien.
Maubeuge, 15.12, Le Manège 18h15, 12> 4€, lemanege.com
Arras, 14 & 15.12, Théâtre d’Arras 19h, 10 > 5€, www.tandem-arrasdouai.eu
Certains succès de Noël sont indémodables. Non, on ne parle pas de toi Mariah Carey, mais du conte de Dickens, A Christmas Carol, publié en 1843. Soit les péripéties de l’avare Ebenezer Scrooge, visité par trois spectres qui l’emmènent dans le passé, le présent et le futur pour dénoncer son égoïsme. La mise en scène de Patrice Mincke se déploie tel un gigantesque livre pop-up, dévoilant un spectaculaire Londres du xixe siècle. Entre tradition et modernité, cette adaptation de Thierry Debroux coche toutes les cases d’un parfait Noël au théâtre. Bruxelles, 18 > 31.12, Théâtre Royal du Parc, mar > sam : 20h15 • dim & ven 24 : 15h, 28 > 12€, theatreduparc.be
© Olivier Ouadah
© Fabienne Rappeneau
© ZvonocK
LE NOËL DE MR SCROOGE
LE LIVRE DE LA JUNGLE
LE JOUEUR DE FLÛTE
Le Petit Prince a bien eu sa comédie musicale, alors pourquoi pas Mowgli ? Cette version signée Ned Grujic (spécialiste des adaptations de grandes œuvres pour le jeune public) prolonge sur scène la magie de l’ouvrage de Rudyard Kipling, tout en l’agrémentant d’un discours écologique. Dans un décor évoquant une jungle luxuriante, notre petit homme prend conscience de l’importance du respect de l’autre et de la nature... sans oublier de se gondoler avec ce bon vieux Baloo ! Il en faut peu pour être heureux...
Après La Petite fille aux allumettes, Joachim Latarjet propose une nouvelle lecture d’un classique des frères Grimm : Le Joueur de flûte de Hamelin. L’histoire est connue. Un musicien libère une ville de ses rats grâce à des mélodies envoûtantes. Les notables refusant de le payer, il emmène les enfants… Ici, notre héros joue du trombone dans une ville contemporaine, où la surconsommation est reine et les déchets s’accumulent… Mêlant théâtre, musique et vidéo, la pièce souligne avec malice la cupidité des adultes.
Le Touquet-Paris-Plage, 18.12, Palais des Congrès, 14h30, 35 > 24€ // Hem, 19.12, Le Zéphyr, 14h30, 33 > 21€, www.zephyrhem.fr
Lille, 21 & 22.12, Le Grand Bleu mar : 19h • mer : 15h & 20h, 13 > 5€ www.legrandbleu.com
© Carole Parodi
DIDON ET ÉNÉE Fable libérée Si l’histoire de Didon et Énée nous ramène aux heures les plus sombres de l’enseignement secondaire (nos cours de latin) elle renvoie aussi à un opéra du compositeur Henry Purcell de 1689. La compagnie de danse et de théâtre Peeping Tom se réapproprie l'œuvre avec beaucoup, beaucoup de liberté. L’argument est plutôt simple : Didon, reine de Carthage, s’éprend d’Énée, prince de Troie. Mais alors que tout augure un mariage, la Magicienne et ses fidèles sorcières incitent le Troyen à délaisser sa promise pour accomplir sa destinée. Et, sans tout dévoiler, cela finira mal... Sur la scène de l’Opéra de Lille, c’est pourtant une grande chambre bourgeoise doublée d’une bibliothèque qui tient lieu de décor. On y trouve Didi, une riche excentrique qui tombe amoureuse de l’un de ses serviteurs, sa cour, et ses musiciens à qui elle demande de rejouer sans cesse Didon et Énée, assouvissant ainsi ses pulsions par procuration. Difficulté majeure, Purcell n’a écrit que 50 minutes de musique baroque. Pour sa première mise en scène d’opéra, Franck Chartier a donc demandé au compositeur Atsushi Sakai et au Concert d’Astrée de créer la musique soutenant les quatre chanteurs. Les danseurs, corps désarticulés ou têtes coupées, se chargent d’imprégner la pièce de l’esthétique sombre et horrifique de Peeping Tom. Dévoilé en mai au Grand Théâtre de Genève, ce Didon et Énée a suscité autant d’admiration que de stupéfaction, en s’éloignant ainsi de l’œuvre originelle. Seule certitude : cette adaptation ne laisse pas indifférent. Marine Durand Lille, 03>10.12, Opéra, lun, mar, jeu, ven : 20h • sam : 18h, 36 > 5€, opera-lille.fr théâtre & danse – 96
THÉÂTRE DU NORD Coup double
© Arnaud Bertereau
© Elizabeth Carecchio
Entre fermeture pour cause de crise sanitaire, soutien au mouvement des intermittents et annulation de spectacles à la dernière minute, 2021 n’aura pas été de tout repos pour l’équipe du Théâtre du Nord. Sous l’impulsion du directeur David Bobée, la programmation de décembre galvanise la saison. Pour preuve, la dernière pièce de Joël Pommerat aux côtés d’un flamboyant Peer Gynt.
La période étant propice aux fééries en tout genre, le Contes et légendes de Joël Pommerat trouve naturellement sa place dans cet agenda de fin d’année. Mais le metteur en scène de Pinocchio (2008) ou Cendrillon (2011) délaisse ses thèmes de prédilection au profit de la fiction d’anticipation. Il imagine ici un monde où l’androïde serait le meilleur ami de l’Homme et des adolescents en particulier. Des « robots technologiquement très avancés » prendraient le relais de parents absents. Plus vraiment ado mais loin d’être mature, Peer Gynt, le héros du drame fantastique d’Henrik Ibsen (1867), nous tend un cruel miroir. David Bobée, qui tourne depuis quatre ans avec ce spectacle de 3h35, offre au bouillonnant Radouan Leflahi le rôle de cet inadapté rêveur et menteur, laissant sa pauvre mère pour vivre mille vies à travers le monde sans jamais se trouver. Décor de fête foraine abandonnée, ponctuations musicales en direct, la mise en scène impressionne par sa virtuosité. À la sortie de ce monde en trompe-l’œil, observant les faux-semblants, nous voilà prêts à affronter 2022. Marine Durand CONTES ET LÉGENDES DE JOËL POMMERAT
Lille, 02 > 12.12, Théâtre du Nord, mar, mer & ven : 20h • jeu : 19h • dim : 16h, 21 > 6€ PEER GYNT DE DAVID BOBÉE
Lille, 17 > 22.12 + 04 > 06.01.22, Théâtre du Nord, mar > ven : 19h sam : 18h • dim 16h, 25 > 10€, théâtredunord.fr
théâtre & danse – 98
© DR
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THOMAS VDB
KROLL SUR SON 31
Après avoir enfilé le rôle du fan tordu de Daft Punk ou du "bon chien chien", Thomas VDB s’acclimate. Le fil rouge de son nouveau spectacle est plutôt vert : le néorural cause dérèglement climatique (thème pas forcément joyeux) avec une recette qui a fait ses preuves : de l’autodérision, un humour potache, un brin d’absurde… « On va sauver le monde avec nos blagues », clame d’emblée cet écolo un peu perso qui a décidé de ne plus prendre l’avion pour « juste avoir moins chaud ». La planète est foutue, mais le rire est sauf.
Pandémie, péril climatique, terrorisme... Quelle époque formidable ! Enfin, surtout pour les caricaturistes. En Belgique, Pierre Kroll fait figure de totem dans ce domaine. Evincé de la RTBF après 35 ans de services (pour « raisons budgétaires »), il en a plus que jamais sous le pied. Lors de ce show très spécial, le Liégeois revisite 2021 (cet "an foiré") avant d’imaginer à quoi ressemblera 2022 à travers ses dessins les plus croustillants... et même ceux refusés par les rédactions ! Ça promet.
Lille, 11.12, Le Splendid, 20h, complet ! Béthune, 05.01.2022, Théâtre municipal 20h30, 22 > 11€, www.theatre-bethune.fr
Mouscron, 17.12, Centre Marius Staquet 20h30, 23 / 20€ // Charleroi, 21.12, Eden, 20h 25 / 20€ // Bruxelles, 28 > 31.12, Wolubilis mar & mer : 20h30 • ven : 19h, 45 > 20€
© Pascal Ito
ÉLIE SEMOUN ET SES MONSTRES Attention, monument. Élie Semoun, c’est 30 ans de vannes mythiques et autant de personnages inoubliables. À rebours de la mode du stand-up, ce fin observateur de l’humaine condition ne déroge pas à ses habitudes dans ce septième one-man-show, écrit avec Muriel Robin – autre monstre sacré. Qu’il danse avec l’urne de sa mère ou tente de reconquérir sa femme après 15 ans d’infidélités, il incarne une galerie de figures toutes plus cyniques ou méprisables, mais qu’on adore détester. En vous remerkiant. Béthune, 08.12, Théâtre municipal, 20h30, 44 > 22€ www.theatre-bethune.fr // Roubaix, 18.12, Le Colisée, 20h 43 >15€, www.coliseeroubaix.com
LA REVUE DES GALERIES (Alexis Goslain) C’est LE rendez-vous incontournable des fêtes de fin d’année à Bruxelles, et sans doute le plus efficace des vaccins contre la morosité. Entre caricatures, chansons et sketchs politiques, une joyeuse troupe emmenée par Bernard Lefrancq, Angélique Leleux et consorts passe en revue (et à la moulinette) 2021. Nos trublions tirent à boulets rouges sur ce qui fait la "une" des gazettes, sur fond de strass et de paillettes ! En somme, une ode à la liberté d’expression tout en dérapages (plus ou moins) contrôlés. Bruxelles, 01.12 > 23.01.2022, Théâtre Royal des Galeries mar > sam : 20h15 • dim : 15h, 30 > 10€, trg.be
LA MORSURE DE L’ÂNE (Nathalie Papin / Émilie Le Roux / Cie Les veilleurs) Aborder notre rapport à la mort n’est pas chose aisée. Nathalie Papin et Émilie Le Roux relèvent le défi. Dans cette pièce épurée, nimbée d’une douce étrangeté, nous suivons les errances de Paco entre vie et trépas. Plongé dans le coma, il entend les voix de ses proches et croise plusieurs personnes : une jeune femme, la Grande faucheuse en personne ou... un âne qui lui mord les fesses. Coincé dans cet entre-deux onirique, que choisira-t-il ? S’enfoncer plus loin ou revenir parmi les siens ? Béthune, 08 > 10.12, Le Palace, mer : 14h30 & 18h30 • jeu : 18h30 • ven : 14h30 & 18h30 20 > 6€, www.comediedebethune.org
PORTRAIT DE LUDMILLA EN NINA SIMONE (David Lescot) La Comédie de Caen défend une belle idée : honorer de grandes figures à travers des créations itinérantes. Ici, David Lescot se penche sur le cas de Nina Simone, et offre un rôle taillé sur-mesure à Ludmilla Dabo. La comédienne et chanteuse biberonnée au jazz et à la soul retrace la vie et les combats de la diva afro-américaine, dont l’entrée lui fut interdite au conservatoire pour sa couleur de peau. Le vibrant portrait chanté d’une icône de la musique et des droits civiques. Feignies, 08.12, Espace Gérard Philipe, 20h 9€, lemanege.com // Calais, 10 & 11.12 Le Channel, ven : 20h • sam : 19h30, 7€ lechannel.fr
© Baron Wolman
JANIS (Cie BVZK) Que reste-t-il de Janis Joplin, disparue en 1970 ? Un timbre grave et éraillé, des tubes immortels (Summertime, pour n’en citer qu’un) et une époque, marquée par le rock et l’avènement des hippies. C’est tout cela que Nora Granovsky et la compagnie BVZK ressuscitent. Sur scène nous accueille une comédienne, persuadée d’être la réincarnation de l’icône américaine. Peu à peu la magie opère. Les mots se mêlent à la musique. Accompagnée d’un instrumentiste, l’interprète entame une troublante métamorphose… Maubeuge, 10.12, Le Manège, 20h15, 9€, lemanege.com
GARDENIA. 10 ANS APRÈS (Frank Van Laecke, Alain Platel, Steven Prengels / NTGent & les Ballets C de la B) Dix ans après sa création, le chorégraphe Alain Platel et le metteur en scène Frank Van Laecke réinterprètent leur célèbre Gardenia. Tirée d’une histoire vraie, la pièce raconte le destin de huit personnages hauts en couleur, mis à la retraite après la fermeture de leur cabaret de travestis. Dignes et émouvants, ces artistes avancent une dernière fois sur scène. Les numéros s’enchaînent sous les sunlights ternis, au rythme d’une bande-son convoquant Charles Aznavour, Claude François ou (évidemment) Forever Young d’Alphaville. Namur, 10 & 11.12, Théâtre de Namur, ven : 20h30 • sam : 19h, 26,50 > 13,50€ // Charleroi 16 & 17.12, Les Écuries, 20h, 15 > 5€ // Gand, 20 > 23.12, NTGent, 20h, 28 > 15€, www.ntgent.be
MARILYN, MA GRAND-MÈRE ET MOI (Céline Milliat-Baumgartner)
UNE HISTOIRE POP
Grande amoureuse, femme admirée puis délaissée : tel est le destin de Marilyn Monroe… et de la grand-mère de Céline Milliat-Baumgartner. Quelque part entre le cabaret et la comédie musicale, la grande et la petite histoire, l’actrice et dramaturge française croise la vie de son aïeule avec celle de l’icône américaine, bien accompagnée par les notes du pianiste Manuel Peskine. En filigrane elle questionne, de Colmar à Hollywood, la place de la femme dans la société.
Quatre scénaristes rêvent d’écrire une série inspirée du livre de Howard Zinn, Une Histoire populaire des États-Unis. Depuis leur bureau, Linda, Rachel, Gino et Lauren composent leur film idéal. Mais des différences de points de vue sur l’Histoire font surface, révélant les idéologies de chacun. Ils vont alors devenir les héros de leur série... Cette épopée hors norme offre une plongée au cœur de l’Amérique, de 1492 à aujourd’hui, en quatre épisodes.
Dunkerque, 14 & 15.12, Le Bateau Feu mar : 20h • mer : 19h, 9€, lebateaufeu.com
(Cie L’Ouvrier du drame)
Lille, 16 & 17.12, m.F. Wazemmes, 20h, 10/6€ Armentières, 15.01.2022, Le Vivat, 20h, 18>2€ Valenciennes, 19.01.22, Le Phénix, 19h, 15>6€
© François Passerini
FALAISE (Baro d’evel) Second volet d’un diptyque initié avec Là, Falaise nous projette dans un monde en noir et blanc. Sur scène, huit artistes, un cheval et des pigeons forment une tribu de survivants cherchant malgré tout la lumière dans un monde perpétuellement prêt à s’effondrer. Entre rock et baroque, danse et cirque, équilibre et déséquilibre, la compagnie franco-catalane Baro d’evel poursuit son théâtre poétique et animal. Une jouissive allégorie de la chute, mais où l’on finit toujours pas se rattraper. Douai, 16 > 18.12, Hippodrome, jeu : 19h • ven & sam : 20h 22/12€ // Maubeuge, 17 & 18.03.2022, La Luna, 20h, 9/4€ Roubaix, 23 & 24.03.2022, Le Colisée, mer : 20h • jeu : 19h, 21>6€
Le
mot de la fin
JULIE CHÉRÈQUE X LA DACTYLO
instagram @juliechq, @ladactylo
Jacques Chirac est passé du statut de politique ringard à celui d’icône pop en un décapsulage de Corona – la bière, hein... Grâce à Julie Chérèque, son meilleur ennemi pourra-t-il un jour le rejoindre tout en haut de la pyramide du cool ? C’est tout ce qu’on souhaite à l’impayable Édouard Balladur, devenu ici Baladeur grâce à un astucieux télescopage dont la graphiste parisienne a le secret. Et, non, personne ne lui demandera jamais d’arrêter !