entrevues
Niandra Lades Le choix du titre de leur nouvel album, You drive my mind, prend une résonance particulière en forme de leurre lorsque l’on sait combien les Clermontois sont attachés à leur indépendance. Les barbelés sont posés, aussi n’est pas né celui ou celle qui arrivera à les aliéner...
A
vec 3 disques en 8 ans — seulement, serait-on tentés de dire —, le groupe a toujours avancé à son rythme : « On aurait pu prendre encore plus de temps ! Ça s’explique par le fait que l’on ait eu des problèmes de line-up, on a perdu notre guitariste après chaque album et là on a mis du temps à le remplacer. Finalement on a trouvé Martin qui habite Nantes et qui joue aussi dans Samba de la Muerte. De toutes façons, entre l’enregistrement et le reste, trois ans pour un album, ça paraît long mais ça ne l’est pas tant que ça... » explique Alexandre Costa, frontman du groupe. Le nouveau guitariste a eu une réelle influence dès son arrivée : « Martin a notamment accéléré le tempo et a rendu plus pop You Drive My Mind », bien que « cet album soit plus personnel que Night Funeral sorti en 2017, nous nous retrouvons davantage dans les chansons. » L’enregistrement s’est
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la passe de trois Xavier-Antoine MARTIN
Nicolas CARLETTA
fait dans un studio près de Clermont dans lequel le groupe s’est enfermé, « puis on a fait les voix pendant l’été autour de barbecues, que du plaisir ! »
booking, on a toujours été en D.I.Y. Avec quelques contacts et un peu de bonne volonté, on arrive à faire des trucs sympas. » i
Très attaché à sa ville et à sa région, Alexandre pose néanmoins un regard lucide sur le fait d’être loin de la capitale : « À Clermont, il y a des super groupes, mais on n’a pas la visibilité de Nantes ou même Caen où il y a des grosses connexions avec Paris. Comme ce n’est pas le cas ici, alors on fait ce que l’on a envie de faire, et on le fait à fond. Mais en matière de promo et de médiatisation, on est largués. » La scène locale s’est ainsi organisée, solidaire, autour des salles comme La Coopérative de Mai, le Baraka Club et le Bombshell où s’arrêtent régulièrement les groupes en tournée. En plus de cela, il y a les radios locales. Le leader du groupe est d’ailleurs programmateur dans l’une d’entre elles : « J’ai une playlist Spotify dans laquelle je mets les choses que je programme, et pas forcément du rock indie des années 90 ! Il y a un peu de tout, ça va de Cure à du hip-hop en passant par Penelope Isles ou Mogwai... »
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Avec des fourmis dans les jambes, le groupe a désormais hâte de renouer le contact avec la scène et le public : « On a repris avec 2 concerts en Auvergne, histoire de se refaire la main parce que s’arrêter un an et demi de faire des concerts, ce n’est pas simple. Le plan c’est de ré-attaquer dès novembre, puis en 2021. En ce qui concerne le
You drive my mind Autoproduit Il y a trois ans, les Clermontois dont le nom est inspiré du titre d’un album de John Frusciante — guitariste des Red Hot Chili Peppers —, avaient déjà frappé fort avec Night Funeral. Au-delà de l’hommage qu’il rendait au rock indie des 90’s, cet album les plaçait déjà comme l’un des groupes les plus prometteurs de la scène française. Avec son successeur, les promesses sont largement tenues ! Le groupe a gagné en maturité, les compositions sont encore plus abouties et font mieux que supporter la comparaison avec celles de leurs aînés, Pixies et consorts. À ce titre, malheur à ceux qui n’écoutent plus les disques jusqu’à la fin ! La dernière piste, “It’s time”, est l’archétype de la ballade qui colle au mur, sommet d’une galette enchantée dont la recette et surtout l’écoute devraient faire des heureux. Avec des titres de haute volée comme “Wrong way men”, “You drive my mind” et “Don’t throw your rights”, Niandra Lades délivre une partition de 32 minutes presque parfaite.
« S’arrêter un an et demi de faire des concerts, ce n’est pas simple. »