Longueur d'ondes N°93

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entrevues

Von Pourquery   Samuel Degasne

Deux Victoires de la Musique plus tard, une Jeanne Added, Oxmo Puccino ou autres Metronomy, un jazz rhabillé pour l’été via son projet Supersonic… Le saxophoniste est de retour. Et, en amoureux des destinations ensoleillées, s’ouvre à une pop bigarrée.

I

l est amusant d’observer certains artistes. De prendre le recul (journalistique) nécessaire pour redevenir spectateur d’un corps qui se raconte parfois plus qu’en mots. Cette poignée de main appuyée, cette pression enthousiaste sur votre bras, ces yeux bienveillants qui surnagent dans une pilosité doudou... Et constater à quel point ceux-ci pétillent quand un parallèle est effectué entre sa musique et la cuisine : la mécanique se met en marche, fait rugir les veines couleur cuivre avec les tempes jouant soudainement les métronomes.

Et c’est avec un débit feutré, moins par souci de contrôle qu’une douceur non simulée, que l’hôte raconte Catherine et Hervé... Le couple Bourdon possède sur la presqu’île de Quiberon un de ces lieux où la gastronomie se fait durable et la cuisine vertueuse. Lui aussi espère comme eux pouvoir nourrir ses hôtes, retransmettre de quoi réchauffer les cœurs et ouvrir de nouveaux horizons, être sans cesse à la recherche d’harmonies en variant saveurs et textures pour créer l’émotion. 16 Longueur d’ondes N°93

Guendalina Flamini

S’interrogeant à voix basse sur la définition du génie d’un cuisinier : n’est-ce pas ne rien mettre d’autre que le produit brut pour mieux le révéler ? Se répondant à lui-même en citant un autre insatiable à particule, Léonard de Vinci (« La simplicité est la sophistication suprême. ») ou encore Oscar Wilde (« Soyez vous-mêmes. Les autres sont déjà pris. ») À évoquer l’identité, et étant donné le jeu des chaises musicales pratiqué par l’invité, on s’imaginait d’ailleurs une assise moins stable… Un jazz ouvert pour hier ; puis de la pop song Pourquery ? Lui n’y voit pas de dichotomie, mais bien la complexité de la vie : « Depuis l’adolescence, j’ai toujours écrit des chansons. En sachant qu’un jour elles sortiraient. » Voyez comme le verbe est précis et sa dynamique exigeante, sans jamais éluder son contenu. Ni forcer l’égo ou la redondance... Mieux : l’artiste tend à démontrer que ses multiples expériences s’inscrivent dans la cohérence. Des rôles, il en a déjà joué au sein du projet opéra-fantasque Rigolus. « J’essaie aujourd’hui de tendre des fils. Faire cohabiter l’inspir et l’expir, l’improvisation et l’écriture… Une science des contraires qui prouve que les opposés sont complémentaires... » Du velours. Mais plus qu’un exercice rhétorique, Von Pourquery assume en pratique l’expérience de ses accidents ou quêtes. « J’essaie surtout d’aller dans des endroits qui me surprennent. De me laisser porter par l’ambiance de chaque morceau pour enregistrer un album de chansons polyformes... À l’heure du streaming, celui-ci doit être considéré comme une playlist. » Seule homogénéité : son producteur Benjamin Lebeau (The Shoes).

Logique d’y retrouver un même appétit pour les concerts, cette envie de communion et de callosité éphémère : « Même si j’ai un grand respect pour les DJs, j’aime fabriquer le son en direct. Cette sensation que la rencontre n’aura lieu qu’une seule fois... Malgré de mêmes ingrédients : calquer un processus identique, ce serait ne plus être dans le vivant. » Ce recours systématique à l’organique n’est pas sans nier une dimension charnelle. Réadaptant sans cesse l’exercice du studio en procédant à ses propres découpes, selon l’humeur de la saison. En essayant, surtout, ce « juste équilibre entre instrumental et chant des possibles ». Mais son 1er clip, version rappeur en coin de piscine, n’est-ce pas endosser un rôle… et donc fuir cette spontanéité empirique pourtant recherchée ? Lui prétend – au contraire – continuer à s’effeuiller, assumant ses influences les plus dorées (de NTM, en passant par Prince ou James Brown). Citant aussi Jean de La Fontaine (« Ce n’est tromper personne que de se nourrir des autres »). Nourrir, encore… Décidément. « J’écoute beaucoup de musiques “formatées” dans le sens noble du terme, pour mieux exploser ensuite ces codes en power trio… Pourquoi ne pas revendiquer l’envie d’être léger ? C’est ce que j’ai essayé de faire avec VKNG [son projet précédent, partagé avec le guitariste Maxime Delpierre]. Des artistes comme Philippe Katerine arrivent à me bouleverser en parlant de la reine d’Angleterre… Nous ne sommes pas tous à vouloir faire la guerre dans nos clips ! On peut faire le choix de s’amuser, d’être 1er degré… Tout en choisissant de le faire sérieusement, sans tomber dans la parodie… » Et sans doute d’être enfin soi, tout simplement. i dfacebook.com/thomasdepourquerypage


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