entrevues
« Même la consommation de sexe est devenue néo‑libérale. »
Viktor and the Haters la rage au ventre PIERRE-ARNAUD JONARD
Dynamitant les codes rap, rock, punk, électro, ce groupe apparaît comme le reflet idéal d’une société toujours plus complexe et morcelée. Sensuel et politique, il est de ceux pour qui la rage n’est pas un vain mot et prouve que l’on peut à la fois être féministe et parler cul...
A
vec son rap-punk incendiaire, Viktor and The Haters est le reflet idéal d’une société complexe, d’un monde qui change. Ce groupe sent l’asphalte, le bitume et pourrait bien devenir les Bérurier Noir ou les NTM du 21e siècle... Rien d’étonnant à cela lorsque l’on connaît le parcours du leader avec son précédent groupe Kalash, combo 22 Longueur d’ondes N°93
Guendalina Flamini
auteur de trois albums : « Kalash a duré quatorze ans. On avait été au bout du projet. J’ai connu à travers cette aventure le parcours initiatique du hip-hop. Notre dernier disque La valse des invisibles était orienté chanson-rap. Je voulais aller vers quelque chose de plus énervé. Après la fin du groupe, j’ai débuté une résidence à Mains d’Œuvres avec l’idée de découvrir des groupes rock ou punk, tout en gardant en tête le projet de bosser avec certains d’entre eux. J’ai été accueilli sans projet précis ce qui est extrêmement rare dans le monde de la musique. Cela m’a permis de rencontrer Cyril, l’ancien guitariste des Hush Puppies (qui a composé avec moi une partie du disque), ainsi qu’Etienne de Cheveu, Mathieu de Vox-Low et Yan Péchin... » Avec son nouveau groupe, l’artiste dynamite les chapelles musicales : « Aux États-Unis, il y a eu des ponts très tôt entre rap et rock ou le post-punk avec Blondie notamment. Je n’ai jamais baigné dans le
purisme rap parce que j’étais intéressé par plein de styles musicaux différents. Le rap n’a d’ailleurs pas toujours été intégriste. Tu trouves un gros sample rock sur “Contrat de conscience” d’IAM par exemple. Imhotep a une culture musicale très éclectique. On ne doit pas oublier que le rap vient du blues et du rock’n’roll. » Viktor veut intégrer une agressivité punk dans sa musique, réussir la rencontre entre l’énergie du rap et celle du rock : « J’adore les Beastie Boys et Run DMC. Je voulais aussi créer un mix, mais d’une manière différente d’eux. » C’est comme cela que l’on trouve chez ce combo une certaine radicalité, y compris dans l’écriture que l’on croirait maniée à la Kalashnikov. Preuve avec le texte de “Trasher l’époque”, d’une acuité impressionnante par rapport à la période que nous vivons : « C’est un morceau sur la décadence de l’époque. Je viens du rap politique. Kalash faisait du rap conscient ; nous sommes par exemple partis en