NUMÉRO 214
JUILLET 2021
Business zu Lëtzebuerg
Xavier Bettel, un mandat de crise 5 453000 074017 07 5€
Financer l’avenir est un choix naturel Les investissements d’aujourd’hui font nos modes de vie de demain. Agissez pour le climat avec nos ETF sur obligations vertes – SFDR 9 ou choisissez nos ETF ESG sur obligations d’entreprises – SFDR 8.* Financez l’avenir LyxorETF.lu/obligationsESG
A l’attention des investisseurs professionnels. Risque de perte en capital. Source : Lyxor International Asset Management. Société par actions simplifiée, Tours Société Générale, 17 cours Valmy, 92800 Puteaux (France), RCS 419 223 375 Nanterre, est une société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des marchés financiers sous le numéro GP0424 et conforme aux dispositions des Directives OPCVM (2009/65/CE) et AIFM (2011/61/EU). Pour plus d’informations sur les risques spécifiques liés à ces ETF nous vous recommandons de consulter le prospectus ainsi que le DICI disponibles en français sur le site www.lyxoretf.com. *SFDR : Sustainable Finance Disclosure Regulation.
Édito #Télétravail
Le temps de la co-construction Le soleil brille, les terrasses s’animent, la vie reprend. Mais plus comme avant. Après un an de télétravail, les salariés veulent continuer à travailler à distance de manière plus régulière, malgré l’effrayant catalogue des dommages collatéraux sur la santé physique et mentale, sur la vie personnelle et professionnelle. Les entreprises sentent bien qu’elles ont beaucoup à perdre à tenter de revenir à la situation d’avant, et les chercheurs en sciences sociales et les hommes politiques envisagent des études à fournir et de nouvelles politiques à mettre en place. Les intérêts ne divergent pas pour autant. Il reste un précieux socle commun : la réalité de demain doit se co-construire, dans le cas du Luxembourg, avec un certain nombre d’axes en tête, rappelle Acidu, agence de changement inclusif et durable, dirigée par Pascal Husting, ex-numéro 2 de Greenpeace et encarté au LSAP, dans un rapport publié sur le site du ministère de l’Économie qui n’a fait l’objet d’aucune communication particulière. La digitalisation, dans une économie de services, est incontournable. Il faut la faire accepter, la généraliser et l’accélérer autrement que par des discours dénués de sens pour ceux qui sont à l’autre bout de la chaîne, tout en veillant à l’inclusion des salariés et des citoyens
les plus fragiles. Avec un certain nombre de questions ouvertes : le télétravail permettra-t-il vraiment de dégager un peu les routes ? De détendre le marché immobilier, parce que les sociétés ont moins besoin d’espace et que les salariés sont davantage prêts à faire plus de route trois jours par semaine ? D’accélérer le déploiement de certaines idées de Jeremy Rifkin en matière de décentralisation énergétique ? Le chantier est colossal. Il faut pouvoir nourrir une intelligence collective, celle d’un groupe plus fort ensemble que la somme de ses individualités, développer un management participatif et mettre en place des processus de « command and control ». Le pays peut s’appuyer sur les résultats de la Randstad Employer Brand Research 2021, publiée mi-juin, selon laquelle le Covid-19 n’a rien changé à la situation professionnelle de deux tiers des personnes interrogées, qui sont aussi devenues plus loyales envers leur employeur. Signe d’une navigation à vue quand même joliment menée.
Journaliste THIERRY LABRO
JUILLET 2021
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HorizonConference Breaking the Horizon Planning for success is more important than ever. Gain innovative and cutting-edge insights into the future of the ever-evolving financial sector at the 10th Horizon Conference. Challenge the status quo and debate critical trends affecting the market with industry leaders and professionals. Don’t miss this essential event—register now at horizonconference.lu
28 SEPTEMBER 2021 - from 9:00 to 12:25 PHYGITAL EVENT
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© 2021, Deloitte Tax & Consulting, SARL
Live from the Deloitte Luxembourg auditorium
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Juillet 2021
Ristretto 10 #POLITIQUE 12 CÉCILE HEMMEN
« Pas de légalisation du cannabis à tout prix » –
14 #ENTREPRISES 16 JEAN-LUC DOUCET
« Les entreprises ne veulent plus acheter asiatique » –
18 #PLACEFINANCIÈRE 20 DELPHINE NICOLAY
p. 50
Séverine Zimmer dévoile les coulisses du festival artistique Waterwalls, qui se déroule cet été dans le cadre naturel unique des barrages de la Haute-Sûre.
« Je n’ai pas pour habitude de me taire » Data Dada 22 #INSTITUTIONSEUROPÉENNES
L’UE, une ville dans la ville
Conversations 28 XAVIER BETTEL
« Nous avons tous souffert de cette crise » –
40 GILLES FEITH
« En volant, on n’a pas perdu d’argent » –
44 PHILIPPE SYLVESTRE
« Le petit Luxembourg sait plaider » –
48 MICHAEL MBAYI
« L’opportunité de la prochaine décennie à Luxembourg » –
50 SÉVERINE ZIMMER
« L’exception culturelle doit pouvoir être considérée » –
54 FRANÇOIS TRAUSCH
« Le Luxembourg offre une stabilité »
Photos
Andrés Lejona
–
60 JEFF FELLER
p. 28 Le Premier ministre, Xavier Bettel, dresse le bilan d’une première moitié de mandat marquée par la crise sanitaire.
« Je préfère travailler dans l’ombre qu’être dans la lumière » JUILLET 2021
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Juillet 2021
POIDS DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT DANS LE MONDE En milliards de dollars
2.000 milliards USD
2.000
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Enjeux
Impact investing : la nouvelle frontière
1.500
1.000
–
715 milliards USD
68 PLACE FINANCIÈRE
L’impact investing : de buzzword à pilier de la Place
500
–
PROJECTIONS
15,2 milliards USD 0
72 L’ACTUALITÉ
2015
Les grandes tendances
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
p. 66
–
L’investissement d’impact, qui permet d’agir concrètement sur les grands défis sociétaux, intéresse de plus en plus les investisseurs.
74 PAROLE D’INVESTISSEURS «Du rendement sans pour autant faire de compromis »
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76 SUR LE TERRAIN
Lifestyle
L’exemple Microlux
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78 LES PLUS ET LES MOINS
Une dynamique prometteuse à appuyer
80
Portfolio
Passion Golf
120 p. 112 Fatima Rougi, passionnée de chapeaux, nous présente sa collection qui compte plus d’une centaine de pièces.
MA MAISON MON ARGENT MON STYLE MA COLLECTION MA RECETTE MON MENTAL
La liste
7 athlètes qui représenteront le drapeau Débat public 08 DJUNA BERNARD 62 JANA DEGROTT 92 SEBASTIAN REDDEKER
Advertoriaux 26 PARTNRS Un partenaire particulier
38 IQ SOLUTIONS
La bonne compétence au bon moment
64 SAMSIC
Photos
Andrés Lejona
Aux services de votre satisfaction
94 EDITUS
De média à agence marketing de référence
p. 80 Franck Navarro a contribué à rendre le golf plus populaire au Luxembourg grâce à son Lux Golf Center de Kockelscheuer.
104 BACARDI
La tradition italienne à l’état pur JUILLET 2021
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Débat public Financement public, indépendance et impartialité, contenu à vocation informative, éducative et divertissante s’adressant à l’ensemble de la société. Ces éléments-clés de la définition des médias de service public telle que retenue par l’Union européenne de radio-télévision (UER) permettent de structurer l’essentiel des enjeux auxquels devra répondre la convention 2024-2030 entre l’État luxembourgeois et CLT-UFA / RTL, pour laquelle les travaux préparatoires sont d’ores et déjà en cours. La tendance fondamentale de la convention actuelle (2021-2023) garde aujourd’hui toute son actualité : une contribution financière plus élevée de la part de l’État en contrepartie de critères plus clairs ainsi que d’un suivi et d’une transparence améliorés. Au niveau technologique, il importera de mieux tenir compte de la convergence des médias dans le monde numérique. En effet, le crossmédia dans lequel RTL est désormais pleinement arrivé engendre d’importantes répercussions, tant sur les journalistes que sur les utilisateurs. Sans vouloir enfreindre l’indépendance et l’impartialité des médias, la nouvelle convention constitue également une opportunité de préciser un cahier des charges. Pour la période 2024-2030, plusieurs pistes s’imposent.
Djuna Bernard Députée déi Gréng
Dans le domaine culturel, RTL pourra jouer encore davantage un rôle d’incubateur, renforçant ainsi le côté « divertissement » de sa mission. De même, l’éducation aux médias et un approfondissement de l’offre éducative en général constituent deux pistes importantes. Il s’agit d’assurer que les médias de service public arrivent effectivement à atteindre toute la population, tel qu’il ressort de leur mandat. Il importe également d’éliminer, dans la mesure du possible, toutes formes de barrières, qu’elles soient linguistiques, technologiques ou autres. Dans cette optique, les aspects de suivi et de transparence sont cruciaux. En tant que représentante du Parlement au sein de la commission de suivi prévue par la convention actuelle, j’ai souligné ma volonté de rapporter régulièrement à la commission des médias ainsi qu’à celle du contrôle de l’exécution budgétaire. De manière générale, la Chambre aura l’occasion d’examiner la convention 20242030 lors de la loi de financement à prévoir. Il s’agira d’une opportunité afin de discuter en profondeur et en toute transparence d’un investissement public certes élevé, mais indispensable. Djuna Bernard insiste sur le rôle des médias de service public, donc de RTL, qui doivent pouvoir atteindre l’ensemble de la population. Photo ANDRÉS LEJONA
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NOVEMBRE MARS 2020 2021
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Ristretto #Politique Sélectionné par JULIEN CARETTE et PIERRE PAILLER
SATISFAIT
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« Le Luxembourg se félicite de l’accord général conclu aujourd’hui par le G7 sur une fiscalité effective minimale (15 %) et un cadre fiscal plus équitable pour les multinationales très rentables. » Les ministres des Finances du G7 se sont réunis à Londres les 4 et 5 juin et se sont entendus pour mettre en place un impôt minimum mondial sur les multinationales – un accord jugé « historique ». DIPLOMATE
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Le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), a rendu visite, mardi 1er juin, à son homologue français, Jean Castex, à l’Hôtel Matignon. 3
RASSURANTE
« Il n’y a pas eu un effet Covid et ‘lockdown’ sur les violences domestiques dans notre pays. » La flambée des cas de violences domestiques, redoutée dans le cadre de la crise sanitaire, a pu être évitée, s’est félicitée jeudi 10 juin la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding (LSAP), en présentant le rapport annuel sur la lutte contre la violence domestique. 4
INQUIET
« Si la pandémie ne connaît pas de frontières, l’économie et le commerce n’en connaissent guère non plus. Sur notre territoire, cela est d’autant plus vrai que nous formons un bassin de vie, d’emploi et de consommation intégré avec le Luxembourg, l’Allemagne et la Belgique. » Le maire de Metz, François Grosdidier, était tracassé par le décalage entre le début des soldes d’été « serait de nature à porter préjudice aux commerçants mosellans, au Luxembourg et en Lorraine. Ceci « qui seraient ainsi victimes d’une distorsion de concurrence durant un week-end entier ».
« En ce moment, on va jusqu’à détruire chaque bouteille vide de vaccin, afin que celles-ci ne puissent pas être détournées. »
Devant la croissance à un niveau mondial de la contrefaçon de médicaments (un marché évalué à quatre milliards d’euros), Sonia Franck, secrétaire générale de l’Association pharmaceutique luxembourgeoise (APL) et présidente du conseil d’administration de l’Organisation luxembourgeoise de vérification des médicaments (LMVO), a tenu à réagir. Et à préciser qu’au Luxembourg, la sécurité du médicament était garantie dans le « circuit traditionnel ». 6
SOLIDAIRE
« Le processus de création doit être plus soutenu et il faut aider les artistes à pouvoir travailler librement. »
Le secteur de la culture n’a pas été épargné par la crise sanitaire. Et, un an après avoir lancé le programme Neistart Lëtzebuerg, qui a débloqué 5 millions d’euros pour soutenir le secteur, la ministre de la Culture, Sam Tanson (déi Gréng), envisageait de pérenniser des expériences menées dans le cadre du programme et d’apporter des aménagements dans le système des bourses d’aide à la création. 10
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Matic Zorman, Romain Gamba (archives) et MCULT
PRUDENTE
Photos
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PIONEERING SUSTAINABLE GROWTH TOGETHER
Ristretto #Politique
« Pas de légalisation du cannabis à tout prix » La légalisation du cannabis récréatif a fait son retour à la Chambre des députés le 20 mai. Cécile Hemmen, députée LSAP, fait le point alors que le projet de loi est très attendu.
Lors du débat suivant l’interpellation du CSV sur la légalisation du cannabis récréatif, vous êtes intervenue sur le volet de la santé. C’est un sujet qui vous intéresse particulièrement ? Oui, parce que c’est une partie intégrante de la santé publique, donc c’est un sujet très important, mais aussi complexe, où tout n’est pas blanc ou noir, avec de nombreux éléments à prendre en considération. Sur quels points serez-vous attentive ? Ce qui est vraiment important pour moi, c’est que les gens comprennent qu’on se trouve malgré tout face à une drogue, même si on a l’impression que le cannabis a été banalisé. La légalisation du cannabis à des fins médicales a amené certaines personnes à penser que toute utilisation du cannabis est bénéfique pour la santé. Or, c’est totalement faux. Vous étiez rapporteuse du projet de loi sur la légalisation du cannabis à des fins médicales, justement… Oui, j’étais présidente de la commission de la santé à cette époque-là. J’avais rencontré, dans ce cadre, des parents d’élèves qui m’ont suppliée de ne surtout pas aller vers une légalisation du cannabis récréatif, parce que leurs enfants avaient notamment des maladies psychotiques suite à la consommation de cannabis. Cela m’avait vraiment interpellée. Quel est votre point de vue, désormais ? Après avoir étudié les statistiques dans d’autres pays, j’ai pu observer que, malgré la répression ou les recommandations, la consommation ne baisse pas. Il faudrait donc peut-être aller dans une autre direction et réglementer, afin que les consommateurs aient accès à un produit propre, avec un taux de THC bien régulé. Et, avant tout, travailler sur une action de sensibilisation et d’information auprès de toute la population. Un projet de sensibilisation qui pourrait débuter avant le projet de loi ? Bien sûr, et la ministre de la Santé, Paulette Lenert (LSAP), l’a confirmé dans son intervention à la Chambre le 20 mai. Pourquoi attendre qu’une réglementation se mette en place ? Il faut inclure les jeunes, les professionnels de santé, les professeurs, les acteurs de la culture, etc. Le risque concerne notamment les jeunes… Il y a des risques de santé. J’ai parlé à des consommateurs qui m’ont dit qu’ils
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Cécile Hemmen rappelle l’importance d’une législation bien pensée pour le cannabis récréatif.
recommanderaient même de ne pas consommer de cannabis avant 25 ou 30 ans, parce qu’il peut être très néfaste pour l’organisme. L’idée du gouvernement est de légaliser, pour que les consommateurs aient accès à un cannabis de qualité, mais pas de banaliser sa consommation ? Tout à fait. Laisser la situation telle qu’elle est aujourd’hui serait autant irresponsable que de dire que consommer du cannabis n’est pas dangereux. J’estime que la politique a ses responsabilités à prendre dans ce domaine. Dans l’optique d’une bonne santé publique, il faut faire quelque chose. Qu’est-ce que la réglementation va apporter ? Un cadre légal, tout d’abord. Et, ensuite, un mieux au niveau de la santé, car nous pourrons éloigner les jeunes et les moins jeunes du marché noir, où les produits sont transformés et dangereux avec, par exemple, des débris de verre à l’intérieur. Craignez-vous le tourisme du cannabis ? Oui. Le but n’est pas de faire du Luxembourg une plaque tournante. Dans le cadre du projet de loi, il faudra aussi échanger avec tous les pays frontaliers. La question du prix va se poser également… Oui, car si nous proposons un produit de qualité, le prix sera par conséquent plus élevé que ceux observés sur le marché noir. Mais s’il est trop élevé, la population continuera à consommer sur le marché noir, et tout cela n’aura servi à rien. Il y a énormément de ramifications dans cette réglementation, il faut vraiment tout analyser. Pensez-vous que le projet de loi passera avant la fin de cette mandature ? Il est difficile de répondre à cette question. Nous sommes en retard sur les objectifs que nous nous étions fixés, mais le Covid-19 a empêché le dossier d’avancer. La ministre de la Santé fera un point, en juillet prochain, et elle souhaiterait également mettre en place un projet expérimental. Le sujet n’est pas oublié, mais il est complexe, et le but n’est pas de faire passer la loi à tout prix. Interview IOANNA SCHIMIZZI Photo MATIC ZORMAN
Ristretto #Entreprises Sélectionné par CATHERINE KURZAWA
ANALYTIQUE
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« Le processus d’ouverture de nouveaux magasins est un petit peu plus long au Luxembourg. » La directrice générale du discounter Action pour la Belgique et le Luxembourg, Judia Elkadi, se prépare à l’ouverture du 10e point de vente du détaillant, à Weiswampach, au mois de juillet. En deux ans, l’enseigne a doublé son parc de magasins au Grand-Duché. Au total, elle devrait dépasser les 2.000 points de vente en Europe d’ici l’an prochain, contre 1.800 actuellement. 2
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BRANCHÉ
AMBITIEUX
« Nous souhaitons développer la diversité des commerces dans les centres-villes. Pour éviter d’avoir des centres-villes homogènes avec les mêmes marques un peu partout, nous envisageons d’aller en chercher à l’étranger. » Nicolas Henckes, directeur de la CLC, est revenu sur les projets et objectifs de l’organisation patronale en marge de la publication de son rapport d’activité. Il entrevoit un retour « à la normale » d’ici décembre au niveau de la fréquentation des centres-villes et centres commerciaux au Luxembourg. 4
ALARMISTE
« Aujourd’hui, on recherche un salaire et non plus un métier. »
Face à une pénurie de main-d’œuvre, Guy Kirsch a lancé une campagne de recrutement sur les réseaux sociaux. Le patron de huit boucheries, un service traiteur et deux restaurants a aussi demandé au gouvernement, à la Chambre de commerce et à celle des métiers de se pencher sur la question de la revalorisation des métiers, comme celui de boucher. 5
CONFIANT
Le 1 juillet, la Fédération des artisans devra élire son nouveau président pour remplacer Michel Reckinger, président à la fois de l’UEL et de la FDA. Pour l’intéressé, « il y aura des candidatures ». Il entend se concentrer sur son mandat à la tête de l’UEL, raison pour laquelle un remplaçant est recherché pour occuper les deux années restantes de son mandat en cours à la FDA. Au total, sept postes sont ouverts, à la fois à la présidence, à la vice-présidence et à la représentation du bâtiment, de la mécanique, de la mode beauté-hygiène et de la communication / médias et autres services. PRÉDICTIF
« Il y a aujourd’hui 10 millions de véhicules électriques en circulation dans le monde. Il y en aura 150 à 225 millions en 2030. »
Le directeur du département dédié à la recherche sur les matériaux et les technologies au List, Damien Lenoble, a expliqué pourquoi le partenariat signé avec Circuit Foil le 11 juin dernier est si important. Au cœur de cet accord d’un montant de 18 millions d’euros se trouve la fabrication de feuilles de cuivre 100 % recyclables à destination notamment des voitures électriques.
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Photos
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Nader Ghavami et Matic Zorman (archives)
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Ristretto #Entreprises
« Les entreprises ne veulent plus acheter asiatique» Jean-Luc Doucet, qui fabrique localement des masques virucides, s’insurge du manque de soutien des États qui préfèrent acheter des masques moins chers fabriqués en Asie.
Près d’un an après la création de Family Concept, avez-vous concrétisé vos objectifs ? D’un point de vue purement entrepreneurial, oui. Nous avons mis sur pied deux sites de production de masques et nous produisons désormais des masques virucides. Malheureusement, les administrations d’État ne jouent pas le jeu et continuent d’acheter asiatique. C’est-à-dire ? Au contraire de l’Allemagne et des Pays-Bas, qui ont pris la décision de passer des commandes, sur une période minimum de deux ans uniquement à des productions nationales, la France, la Belgique et le Luxembourg regardent en premier lieu le prix.
la reconnaissance de l’État et de l’Administration française. Après, il faut aussi noter qu’aucune commune luxembourgeoise n’a acheté des masques de chez nous. Vous avez également ouvert un site de production au Luxembourg. Comment se porte-t-il ? On l’a mis en route le 21 décembre dernier. Il se trouve à Niederkorn. Nous avons une capacité de production de 250.000 masques par jour, mais le site tourne en capacité réduite avec une production de 80.000 masques par jour. Une particularité de vos masques est d’être virucide. C’est-à-dire ? On est quasiment les seuls en Europe à faire des masques virucides inoffensifs. C’est-àdire que l’on injecte de l’acide citrique sur la matière bleue, puis on produit le masque. Ce produit, qui est un virucide, rend inactif le virus. Si le virus se met sur le masque, il devient inactif. D’autres font ce genre de masque, mais avec des produits solvants ou autres, et qui sont tout à fait agréés.
À quel prix vendez-vous vos masques ? Pour les entreprises, nous sommes à 7 centimes par masque. C’est un tarif compétitif et raisonnable. Mais face aux 3 centimes des masques chinois, c’est difficile. Surtout quand la Chine est en train de subventionner les fabricants de masques qui arrivent à exporter. On peut comprendre que les États veuillent faire attention aux dépenses… Nous avons 15 salariés en France et 3 au Luxembourg. Il ne faut pas avoir fait l’Ena pour comprendre la rentabilité économique, pour l’État, d’acheter un masque à 7 centimes qui est produit au niveau national contre un masque qui coûte 3 centimes, mais qui ne ramène ni charges sociales ni TVA ou ni impôts, je l’espère, sur les bénéfices de l’entreprise. Vous avez récemment pointé du doigt la stratégie marketing ambiguë des produits chinois, notamment en ce qui concerne le logo CE qui fait penser au logo CE pour « Conformité européenne »… Oui, alors que c’est China Execution, ou China Export... On voit des masques qui ne sont pas conformes, avec deux couches au lieu de trois. Il n’y a même pas de filtre à l’intérieur. C’est tout simplement honteux de comparer nos masques aux masques chinois. Vous faites revivre un ancien site sidérurgique de la région avec la réaffectation des « Soufflantes », à Longlaville. N’est-ce pas d’autant plus rageant de ne pas voir l’État jouer le jeu ? On revalorise le patrimoine et on crée de l’emploi en engageant des personnes qui étaient au chômage en plus de produire au niveau national avec des prix compétitifs. Le seul élément qui manque, c’est
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L’acide citrique, pour rappel, c’est bien du citron ? Oui, c’est du citron. Même si un enfant s’amuse à lécher notre masque toute la journée, il n’y a aucun risque. On voit que les mesures s’assouplissent de plus en plus et, bientôt, on pourra se passer du masque. Dès lors, quel sera l’avenir de votre entreprise ? Je mise beaucoup sur le masque virucide à destination du monde médical, qui consommera toujours énormément de masques. Quelle clientèle visez-vous ? Les particuliers, les entreprises et les administrations. Les particuliers achètent nos masques sur internet depuis un peu partout en France. Les entreprises aiment aussi nos masques, car ils sont qualitatifs, et elles sont même fières d’acheter des produits fabriqués en France, même si cela coûte 2-3 centimes de plus. Les entreprises ne veulent plus acheter asiatique. Le seul acteur qui ne joue pas le jeu, c’est l’Administration.
Jean-Luc Doucet fabrique des masques localement et regrette les achats en Chine par les administrations.
Interview JEREMY ZABATTA Photo MATIC ZORMAN
www.lalux.lu
Ristretto #PlaceFinancière Sélectionné par JEAN-MICHEL LALIEU
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SEREIN MALGRÉ TOUT
« Les assurances ont enregistré une perte de CA de 25 % par rapport à l’année précédente. »
Dressant pour Paperjam un bilan du secteur de l’assurance, Marc Hengen, administrateur délégué de l’association professionnelle des assureurs et réassureurs (Aca), observe une forte baisse dans le secteur de l’assurance-vie. Il l’explique par l’impossibilité de voir les gens et l’incertitude liée à l’évolution imprévisible de cette crise. 2
ÉTONNÉS
Les quatre fondateurs de Digicash et de Finologee – Raoul Mulheims, Georges Berscheid, Jonathan Prince et Didier Spick – ont lancé, le 10 juin, Enpay, plateforme et API pour faciliter la vie d’entreprises qui fonctionnent encore trop souvent… avec le fax. Ils ont en effet constaté qu’au niveau du paiement, les entreprises fonctionnaient encore de manière très archaïque. 3
ZEN
« Aucun signe d’alerte d’une crise financière. »
Le directeur général de la CSSF, Claude Marx, a dressé le bilan d’une année de pandémie pour le secteur financier devant les députés, début juin. Il a esquissé le tableau d’un secteur « résilient », où la crainte pourrait plutôt venir du niveau de rentabilité des banques. AMBITIEUX
FIÈRE
« Nous sommes fiers d’être le lieu de cotation international de Bank of China, un pionnier qui a ouvert la voie aux relations étroites entre les marchés financiers chinois et luxembourgeois. » Julie Becker, CEO de la Bourse de Luxembourg, a accueilli, le 3 juin, une nouvelle obligation verte de Bank of China. Elle est composée de deux tranches, une de 500 millions d’euros, la seconde de 500 millions de dollars. 6
DÉBORDÉ
CEO de la banque belge Degroof Petercam depuis août 2019, Bruno Colmant vient d’annoncer qu’il quittait son poste pour s’occuper uniquement du département Private banking. Il reste également administrateur du groupe. La banque recherche son nouveau CEO. 7
VICTORIEUSE
« Nous sommes très contents de cet accord, car nous avons réussi à avoir énormément d’améliorations. »
Véronique Eischen, membre du bureau exécutif de l’OGBL et responsable de l’OGBL-SBA, se réjouit de l’accord autour du renouvellement des conventions collectives de travail du secteur des banques et de celui des assurances, le 10 juin. 18
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Maison Moderne (archives), Matic Zorman et Romain Gamba (archives)
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Photos
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D’EXPÉRIENCE
Ristretto #PlaceFinancière
« Je n’ai pas pour habitude de me taire » Première prise de contact avec Delphine Nicolay, qui remplace Laurent Mertz en tant que secrétaire générale de l’ALEBA.
Quel est votre parcours professionnel ? J’ai commencé en banque privée en France au sein du Crédit Mutuel. J’ai suivi un parcours assez basique axé sur la vente. J’ai entamé par la suite une formation de chargée de clientèle. Puis j’ai eu l’opportunité de venir au Luxembourg et j’ai quitté un CDI pour rejoindre Schroders en tant qu’intérimaire avant d’être définitivement embauchée. Quatre ans plus tard, j’ai intégré la Bank of New York Mellon Luxembourg. Puis j’ai été élue au sein de la délégation du personnel de la banque. Vous avez postulé au poste de secrétaire générale ? Il y a peu, le président de l’ALEBA m’a proposé de reprendre la fonction de Laurent Mertz. J’ai pris le temps de réfléchir, en plus il y a eu des changements au sein de la banque dans laquelle je travaille, j’ai donc décidé de saisir cette opportunité en acceptant la proposition de reprendre ce poste. À votre avis, comment Roberto Mendolia vous a-t-il remarquée ? Je pense que c’est grâce à mon travail sur le dossier des « faux cadres ». J’étais moi-même un « faux cadre » sans le savoir. Une fois que l’on m’a fait remarquer cela, je me suis investie dans le sujet et je me suis battue vigoureusement pour la réintégration des « faux cadres » dans la convention collective. Je n’ai pas eu peur d’affronter le juriste de la banque. Faites-vous toujours partie des « faux cadres » ? Non, je ne le suis plus. La bataille fut difficile, mais très bénéfique. Je n’ai pas hésité à prendre mes responsabilités dans ce dossier. Je pense que le point de départ pour régler cette question, qui reste malheureusement d’actualité, est de sensibiliser les employés, qui sont souvent dans ce cas sans le savoir. Quelles seront vos priorités ? M’assurer que les informations soient encore plus étendues aux délégations. Je pense qu’écouter et informer sont des fonctions essentielles du secrétaire général. Parler, échanger et avoir une bonne communication avec les délégations du personnel leur permettront de mieux connaître leur rayon d’action, de savoir ce qu’il est possible de faire pour la condition des employés. Le climat est tendu entre l’ALEBA et les syndicats LCGB et OGBL. Quel est votre regard sur le conflit qui oppose les syndicats, notamment sur la question de la représentativité sectorielle ? La situation est vraiment dommageable. Je ne vois pas l’intérêt de se battre entre nous alors
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JUILLET 2021
Delphine Nicolay s’est battue pour réintégrer les «faux cadres» à la CCT.
que nous avons une cause commune. Notre mission principale est d’aider et soutenir les employés. Je ne souhaite pas faire de politique et entrer en querelle avec qui que ce soit. Ma seule priorité est de défendre les intérêts des employés. Vous n’avez pas participé aux négociations de la convention collective ? Actuellement, les négociations sont en cours, j’arrive seulement à ce poste. Pour être franche, en arrivant maintenant, ce n’est pas moi qui apporte une valeur ajoutée à la table des négociations. C’était Roberto Mendolia, Laurent Mertz, et d’autres personnes du comex qui ont davantage participé aux travaux autour de la négociation de la nouvelle CCT. Dans cette « guerre », il y a sûrement de vieilles frictions. Étant nouvelle, vous avez la possibilité de repartir d’une page blanche… J’espère qu’elle sera blanche. J’ai suivi la situation de l’extérieur. J’espère que les responsables des autres syndicats feront de même à mon encontre. Je n’ai pas d’a priori sur eux. Je fais confiance aux gens que j’ai en face de moi et je crois que tout le monde fera de son mieux pour l’intérêt des employés. Quel est votre style ? Je n’esquive pas les questions, je suis naturelle et franche. J’aime la clarté et l’honnêteté. Je tente de me rendre tout le temps disponible. Je réponds le plus rapidement possible aux questions que l’on me pose. C’est important pour moi d’être disponible, mais aussi d’apporter des réponses. Je n’ai pas peur de mettre mes idées en avant. Enfin, je n’ai pas pour habitude de me taire quand il faut discuter ou défendre un point de vue. Vous êtes secrétaire générale par intérim. Vous ne vous projetez pas sur la durée ? Être secrétaire générale n’est pas une finalité pour moi. Je suis très heureuse de l’être et j’espère pouvoir utiliser cette expérience pour aider davantage de personnes. Je vais faire du mieux possible jusqu’en 2022. Après, cela durera le temps que cela durera.
Interview JEREMY ZABATTA Photo MATIC ZORMAN
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L’UE, une ville dans la ville Le 1er juin, le Parquet européen a entamé ses activités depuis son siège luxembourgeois. Une nouvelle extension de l’Union européenne qui rappelle le rôle de siège historique joué par le Grand-Duché depuis le traité de Rome de 1957. L’emploi s’y compte toujours en milliers de personnes, mais les syndicats s’inquiètent d’un désintérêt croissant des fonctionnaires, lié au coût de la vie au Luxembourg par rapport aux autres grands sièges. Auteur JEAN-MICHEL LALIEU
1968
Niveau d’emplois actuel
Commission européenne
Budget de fonctionnement
1952
4.000
La BEI emprunte sur les marchés financiers pour financer des projets, principalement au sein de l’UE.
Le Luxembourg est un des sièges officiels de la Commission. Il abrite du personnel administratif de plusieurs directions générales.
5.000 EMPLOIS
4.500
Banque européenne d’investissement
1957
1,065 milliard d’euros
La Cour de justice de l’Union européenne
1977
La CJUE contrôle la légalité des actes des institutions de l’UE. Elle veille au respect, par les États membres, des obligations qui découlent des traités, et interprète le droit de l’Union à la demande des juges nationaux.
La Cour des comptes de l’UE 1957
Parlement européen – secrétariat général
444
Le secrétariat général a pour mission de coordonner les travaux législatifs, d’organiser les séances plénières et autres réunions du Parlement. Il gère aussi le pôle de traducteurs et d’interprètes.
millions d’euros
2.531
2.500 2.235 2.188
2.000
1953 et 2004
École européenne de Luxembourg (Deux établissements)
1.500
Le Luxembourg, qui a accueilli le premier établissement scolaire européen en 1953, compte deux des 15 écoles européennes. La première est au Kirchberg, la seconde à Bertrange / Mamer.
1.000
La Cour contrôle les finances de l’UE par un audit externe indépendant. 3.592
152
millions d’euros
L’Office des publications officielles
Eurostat
Eurostat est une direction générale qui dépend de la Commission. Elle est chargée de collecter et de traiter l’ensemble des données chiffrées pour tirer des statistiques au niveau de l’UE.
L’Office produit et diffuse des publications juridiques et générales des différentes institutions de l’Union européenne.
58,475
97,52
millions d’euros
millions d’euros
900 622
600
1969
1965
565
500
ANNÉE DE CRÉATION 1952 1953
22
JUILLET 2021
1957
1965
1968 1969
1977
ÉROSION DES EFFECTIFS DE LA COMMISSION À LUXEMBOURG (*) (*) Chiffres comprenant Eurostat et l’Office des publications
RÉPARTITION DES EMPLOIS À LA COMMISSION DANS L’UE (janvier 2021)
5.000 emplois
3.978
4.034
4.000
3.940
3.800
3.744
Hors UE 11,3 %
3.718
2.000
Luxembourg 11,5 %
1.000 0
2,008
Autres villes 10,7 %
3.000
2015
2016
2017
2018
2019
1,6 milliard
En 2018, le Luxembourg était bénéficiaire net de 1,6 milliard du budget européen. Sa contribution au budget était de 357 millions d’euros.
Bruxelles 66,5 %
2020
1994
milliards
C’est le montant des dépenses totales de l’Union européenne au Luxembourg en 2018. Un montant qui représente 4,86 % de l’économie luxembourgeoise.
2018
Fonds européen d’investissement
EuroHPC Cet organisme met en commun des ressources pour développer et mettre en place un réseau européen de superordinateurs.
(filiale BEI)
Cette filiale de la BEI soutient les PME par l’apport de moyens financiers à des fonds de capital-risque et à des banques.
3,08
2012
150
2004
Agence d’approvisionnement Euratom
millions d’euros
1994
Centre de traduction des organes de l’UE Le CDT fournit des services de traduction aux agences et organes de l’UE dans toute l’Europe et coordonne son travail avec les autres services de traduction de l’UE. En 2020, il a traduit 635.000 pages pour 65 clients.
Cette agence assure la sécurité de l’approvisionnement en combustibles nucléaires pour les Vingt-sept.
220.000 euros
millions d’euros
Mécanisme européen de stabilité Le MES est une institution financière internationale née suite à la crise financière de 2008. Il peut lever des fonds sur les marchés financiers pour aider des États de la zone euro ou des banques privées en difficulté.
2020
Parquet européen Il est chargé, par les 22 États participants, de lutter contre la grande criminalité transfrontière portant atteinte au budget de l’UE. Il est habilité à rechercher, poursuivre et traduire en justice les auteurs d’infractions (fraude, corruption, fraude transfrontalière grave à la TVA).
71,5
millions d’euros
Les salaires et coûts de fonctionnement, payés par la Commission européenne, sont quant à eux estimés à 2,55 millions d’euros.
46,8
37
millions d’euros
millions d’euros
576
200
200 17
1994
2004
15
2012
2018
JUILLET 2021
100
2020
23
Le monde des services professionnels est l’un des derniers bastions que le digital n’a pas encore totalement métamorphosés. Une situation qui devrait évoluer avec l’arrivée de PARTNRS, un nouvel acteur bien décidé à s’éloigner des codes traditionnels et à imposer une vision disruptive du métier. Rencontre avec le fondateur et dirigeant du groupe, Cyril Lamorlette. Contenu sponsorisé par PARTNRS
Un profond changement de paradigme s’opère actuellement au sein de l’économie. La digitalisation est passée par là et presque tous les secteurs d’activité connaissent depuis 24
JUILLET 2021
une forte mutation. Les événements liés à la crise sanitaire ne font qu’accélérer ce mouvement et il en va de la survie des entreprises de savoir embarquer dans le train du renouveau.
« Notre mission est d’aider nos clients à atteindre ‘le monde d’après’. Pour cela, nous devons nous-mêmes être un cran en avance sur le changement, qui est à la fois technologique et réglementaire », indique Cyril Lamorlette. Il est clair qu’être accompagné d’un partenaire solide, disposant d’outils innovants et d’une expertise avérée sur les sujets d’ordre réglementaire, est crucial pour la réussite de cette transformation. Née en début d’année 2021 de l’association d’entrepreneurs expérimentés, sous le regard bienveillant de figures connues de la place financière, PARTNRS est une société de services professionnels d’un nouveau genre. Proposant quatre grandes lignes métiers (voir encart page suivante), dont un think tank dédié à l’innovation, l’entreprise marque une rupture dans la façon dont ce type d’entreprise délivre ses services. « Nous revendiquons un état d’esprit alternatif, une vision moderne et disruptive. Le statu quo n’est plus une option », affirme Cyril Lamorlette, avant
de poursuivre : « Notre taille, notre gouvernance et notre organisation nous offrent une flexibilité, une réactivité que les acteurs traditionnels du secteur ne peuvent plus se permettre. » Pour cela, PARTNRS a adopté une approche qui réconcilie trois dimensions trop souvent envisagées comme des silos étanches : la nature et les enjeux du métier, la dimension réglementaire, cruciale, et enfin l’environnement technologique. « L’innovation et la proposition d’outils digitaux nouveaux sont l’élément-clé qui vient compléter notre offre de services », précise le dirigeant. L’entreprise adopte, par exemple, un service de dématérialisation des documents et de gestion intelligente des processus, avec l’intégration des modules ERP de DeMaSy et de databots, sans oublier, évidemment, la signature électronique. En outre, elle dispose aussi d’une plateforme dotée d’intelligence artificielle dédiée au risk management et à la compliance, développée en partenariat avec
Photos
Un partenaire particulier
Edouard Olszewski, Simon Verjus (Maison Moderne)
Services professionnels
BRAND VOICE
3 VALEURS-CLÉS DE L’ENTREPRISE Challenger le statu 1 « quo, encore et toujours » PARTNRS se veut être un « game changer ». Nous avons des convictions et nous les défendons, quitte à provoquer la controverse ; ce qui marque d’ailleurs bien souvent le début d’un échange d’idées fructueux. « Plus de digital doit aller de pair avec plus d’humain, plus de sens aussi » Malgré l’apport des applications digitales, l’humain reste au centre du dispositif. La technologie doit permettre de donner du sens aux projets.
Une expertise à 360° Si ces activités sont attendues de la part d’une société de services professionnels, c’est dans leur mise en œuvre que se trouve la différence. Revisitez vos classiques façon PARTNRS.
Internal audit, Risk & Regulatory Olivier Riehl
2
« Nous attendons de nos clients qu’ils soient exigeants avec nous » Tous les collaborateurs de l’entreprise sont des professionnels aguerris et exigeants. Cette expertise permet de répondre aux demandes les plus spécifiques de la clientèle.
3
Delta RM, une SSII parisienne de premier plan. PARTNRS développe également des collaborations avec de nombreux autres partenaires développant des outils de pointe, tels que Luxhub, Teroco ou i-Hub. Ce positionnement d’avant-garde détermine en un sens la typologie de clients de l’entreprise. « Au-delà de leur taille ou de leur secteur d’activité, ce qui relie nos clients, c’est qu’ils partagent avec nous un état d’esprit nouveau, une volonté de faire les choses différemment, sur la base d’une relation de confiance. Ils font appel à nous pour que nous construisions ensemble leur success story », selon Cyril Lamorlette. PARTNRS sert aujourd’hui en effet un large éventail de clients, allant de groupes bancaires européens jusqu’aux start-up de la LHoFT à Luxembourg, en passant par des gestionnaires de fonds d’investissement, et même un équipementier automobile et des entrepreneurs individuels.
Business Advisory Caline Djiowa
Ligne de métier traitant les thématiques liées à la transformation : conduite d’initiatives visant à examiner, définir et implémenter des processus, organisations et outils, en tenant compte des aspects ESG qui sont aujourd’hui incontournables. Cette entité accompagne également les sociétés dans l’optimisation de leur performance opérationnelle, s’appuyant notamment sur des technologies de pointe comme l’intelligence artificielle.
Services d’audit interne, de mise en conformité et de conseil réglementaire en matière d’AML, de MiFID ou de GDPR par exemple, par l’intermédiaire d’applications et de protocoles innovants : outils de suivi en direct des plans d’action, interaction continue avec nos clients ou solutions de cartographie dynamique pour le risk management.
Open Innovation Cyril Lamorlette
Domiciliation, Tax & Accounting Eric Babaud
Fiduciaire proposant les services d’expertise-comptable et de conseil fiscal, avec l’appui d’outils digitaux comme des solutions de data management ou bien de signatures électroniques. Les tâches élémentaires sont ainsi automatisées, les supports dématérialisés et sécurisés, afin que l’humain puisse se concentrer sur l’accompagnement et le conseil client, qui sont sa réelle valeur ajoutée.
Avec Inno, PARTNRS met en œuvre un programme d’innovation qui encourage la créativité et l’ingénierie des idées. Il vise à élargir l’offre de solutions, en se concentrant sur des thématiques d’avant-garde telles que la blockchain, la tokenisation ou la finance durable par exemple.
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partn www.
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BRAND VOICE
Julien Dailland, Directeur général de Samsic Facility.
Facility management
Contenu sponsorisé par SAMSIC
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Photo
Agents de nettoyage, handyman, techniciens qualifiés (HVAC – Plomberie – courant fort/faible,…) , paysagistes ou encore chargés d’accueil font preuve, chaque, jour d’un sens de l’engagement et du service pour satisfaire les clients et répondre à leurs besoins.
Simon Verjus (Maison Moderne)
Aux services de votre satisfaction
SAMSIC EN QUELQUES DATES Nettoyage, gardiennage, accueil en entreprise, maintenance multitechnique, conception, réalisation et entretien d’espaces verts, les besoins exprimés par les entreprises sont nombreux et particulièrement variés, et ce, quel que soit le secteur d’activité. « Le Facility Management est le fait, pour un client, de bénéficier d’un seul et unique interlocuteur pour un ensemble de services liés à la valorisation de son patrimoine et à l’amélioration du confort des utilisateurs du bâtiment », précise Julien Dailland, Directeur général de Samsic Facility. Samsic Facility fait le choix de maîtriser, avec ses propres compétences, la réalisation de ces services. Un interlocuteur unique pour tous les besoins du client Afin d’apporter une réelle valeur ajoutée et de satisfaire au mieux les attentes du marché, développer une offre multiservice/ multitechnique est particulièrement pertinent. Le client peut dès lors se concentrer sur son core business. Samsic, société française familiale active dans 26 pays et forte de 90.000 collaborateurs, s’est implantée en 2003 au Luxembourg avec cet objectif de devenir un partenaire privilégié et incontournable pour ces entreprises. « Nous répondions, dans un premier temps, aux problématiques de nettoyage des clients. Mais, en 2011, notre stratégie a évolué progressivement pour passer du ‘monométier’ au ‘multimétier’ en développant de nouvelles lignes de services ciblées et complémentaires. »
« En 2011, notre stratégie a évolué progressivement pour passer du ‘monométier’ au ‘multimétier’. »
Nous avons développé Samsic Aéraulique, Samsic Flex Services (soutien logistique avec une notion de dépannage), Samsic Landscaping (conception, réalisation et entretien d’espaces verts et extérieurs), nous avons accueilli notre filiale du Groupe – Samsic Technical Services (maintenance multitechnique et multisite) –, ou encore Samsic Hospitality (conceptualisation des métiers de l’accueil pour offrir une expérience personnalisée), pour enfin créer en 2021 un partenariat stratégique avec un acteur luxembourgeois spécialisé dans la sécurité et le gardiennage : GDL Security basé à Dudelange. Avec la création de Samsic Facility, en 2016, l’entreprise dispose d’une entité agissant comme chef d’orchestre d’un ensemble de compétences regroupées sous la notion de facility management. Garantir le respect de ses engagements Avec la création de six nouvelles lignes de services en 10 ans, Samsic Facility s’est développée très rapidement. « Nous nous devions de repenser notre organisation en profondeur pour faire face à notre croissance. Nous conservons toujours en trait d’union la notion de respect des engagements contractuels, la dévotion au client, le sens du service et le respect des Femmes et des Hommes qui œuvrent quotidiennement chez nos clients. » Au total, cinq nouveaux employés sont venus grossir les effectifs administratif, opérationnel et commercial dans un souci d’amélioration de la qualité de services. « En 2021, nous avons opéré un virage phénoménal en intégrant un Directeur d’exploitation pour Samsic Technical Services ainsi qu’un nouveau Contract Manager et une assistante commerciale. Ces nouvelles arrivées nous permettront de répondre aux nouveaux enjeux qui s’offrent à nous de manière ambitieuse, tout en capitalisant sur nos clients
1986
Création de Samsic à Rennes
2011
Création de Samsic Aéraulique
2015
Création de SAMSIC Flex Services
2018
Création de SAMSIC Landscaping
2019
Arrivée de SAMSIC Technical Services au Luxembourg
2020
Création de Samsic Hospitality
2021
Partenariat stratégique avec GDL Security
actuels et nous assurant que nous répondons à l’ensemble de leurs exigences. » L’entreprise s’est interrogée sur la manière de redonner du sens à la relation et à la proximité avec le client tout en contribuant au bien-être des collaborateurs qui font la richesse de Samsic. « Nous souhaitons donc nous montrer davantage rigoureux dans nos engagements en termes de reporting, KPI, réactivité, flexibilité, souplesse et agilité vis-à-vis de cette clientèle. Trois helpdesks ont donc été créés : un dédié à Samsic Technical Services, un autre pour Flex Services et un troisième pour les opérations courantes de Facility Management.» L’objectif de ces supports est de décharger les managers des tâches administratives pour se focaliser sur la performance du recrutement et de la communication, le suivi des agents et enfin la relation/proximité client. Un engagement humain au service des clients La mise en place de cette réorganisation a également été supposée par l’acquisition récente de nouveaux clients.
Parmi ces derniers, LuxTram fait confiance à Samsic Facility pour le nettoyage de ses bâtiments administratif et de maintenance, ainsi que de son matériel roulant. Nouvellement implantée à Hamilius, Bank of China a confié ses prestations quotidiennes de cleaning à Samsic. « Complémentairement, Samsic Hospitality met à disposition de la banque des ressources qualifiées pour des prestations quotidiennes d’accueil et de réception, ou encore d’assistanat de direction. Bank of China nous a fait confiance et a choisi Samsic pour une externalisation de ces services sur le long terme. Nous nous adaptons ainsi chaque jour à ses exigences afin de la satisfaire. » Un site industriel d’envergure à Dudelange a particulièrement accéléré cette réorganisation. « Samsic y déploie l’ensemble de ces lignes de services stratégiques : paysagisme, nettoyage, maintenance technique, handyman, waste management, soutien logistique, gestion du courrier et gardiennage. » Enfin, le partenariat d’excellence établi avec Cactus a été renforcé. « Étendre ce partenariat nous pousse à être plus performants. Cactus est l’un de nos plus anciens clients sur un périmètre très restreint (La Belle Étoile). Nous avons obtenu de nouveaux mandats pour des prestations de nettoyage pour les surfaces du Limpertsberg, de Bascharage, de Lallange et de Schifflange. »
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JUILLET 2021
27
Conversation
«
Nous avons tous souffert de cette crise Interview PIERRE PAILLER
»
Photo ANDRÉS LEJONA
Après une première moitié de mandat bouleversée par la pandémie, le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), estime que le Luxembourg s’en est bien sorti. Les perspectives économiques s’éclaircissent. Mais des projets comme la réforme fiscale sont compromis. Et de grands défis subsistent, comme le logement et l’environnement. 28
JUILLET 2021
Xavier Bettel
S’il estime que le Luxembourg s’est bien sorti de la crise jusquelà, Xavier Bettel veut en tirer un bilan une fois que le versement des aides aux entreprises, qui sont en phasing out, aura pris fin.
Conversation Xavier Bettel
750 Les aides aux entreprises auront une fin. Prévoyez-vous un arrêt soudain ou un ralentissement progressif ? Certains secteurs sont encore fermés, d’autres vont recommencer doucement à travailler – je parle de l’événementiel, du tourisme, de l’horeca. Il leur faut une aide pour un certain temps. Donc les aides continuent avec un phasing out, en diminuant. Le but n’est pas de couper net. Nous avons d’ailleurs prolongé les aides jusqu’en octobre. Car, tant que nous décidons nous-mêmes de ne pas permettre à tout le monde de travailler à 100 %, nous avons une part de responsabilité. Donc, étant en phasing out au niveau des mesures anti-Covid, il est logique d’arriver en phasing out également pour les aides. Toutes les entreprises, quelle que soit leur situation avant la crise, vont pouvoir en bénéficier ? Cela a été une situation inhabituelle, à laquelle il a fallu apporter une réponse inhabituelle. Personne ne pouvait prévoir ce qui allait arriver. À nous de faire en sorte que les entreprises qui fonctionnaient avant puissent fonctionner après, afin de maintenir l’emploi. Mais en ce qui concerne les entreprises qui étaient déjà dans une très mauvaise situation avant, les aides ne vont pas leur permettre de devenir une super entreprise. Le Comité de conjoncture est en tout cas là pour voir quelles sont les différentes aides potentielles que nous pouvons destiner aux entreprises. Et le ministre de l’Économie est en charge d’évaluer chaque dossier. Donc il est difficile de faire une généralité. Le FMI a félicité le Luxembourg pour sa gestion de la crise… Je pense que nous nous en sommes bien sortis. Une baisse de 6 % du PIB était prévue, elle est finalement de 1,3 %. C’est donc positif. Avec toute l’aide mobilisée, nous sommes numéro un – en tout cas, dans le trio de tête – des pays qui ont le plus investi dans cette crise en dépenses par citoyen. Cela montre donc que l’argent investi était nécessaire pour éviter
LA CROISSANCE DU PIB
4,1
MILLIARDS
Les premiers versements du plan de relance européen de 750 milliards d’euros, ratifié fin mai par les États membres, pourraient avoir lieu dès la deuxième quinzaine de juillet. Le Luxembourg, qui a présenté son plan pour la reprise et la résilience fin avril, a demandé un total de 93 millions d’euros à ce titre.
une crise encore plus économique, et encore plus sociale – car il ne faut pas oublier que l’une entraîne l’autre. Mais les finances publiques ont souffert… Nous nous sommes engagés à ne pas dépasser 30 % de dette. Et, sauf erreur de ma part, nous n’arriverons pas au-dessus des 30 %. C’était la limite que nous nous étions fixée depuis le début. Ainsi, nous restons dans les clous d’un point de vue budget et finance – et surtout, du point de vue de l’héritage que nous laissons aux générations futures. Bien sûr, nous avions prévu de faire d’autres choses, mais cette crise a eu un coût… Si nous parvenons à étaler des choses que nous voulions à l’origine faire plus rapidement, nous n’aurons peut-être pas besoin de mettre en place des mesures d’aprèscrise. J’espère personnellement ne pas devoir prendre de telles mesures. Comment faire pour conserver le triple A, nécessaire à une économie comme celle du Luxembourg ? Je ne sais pas encore quand la crise se terminera. Le bilan sera fait une fois que nous serons sortis des aides. Et nous espérons que la reprise économique sera assez rapide. Sinon, cela peut impacter le secteur financier – pas directement, mais après, par ricochet. Donc, dans six mois ou un an, nous pourrions avoir une situation difficile. J’espère que non… Mais la dette s’est accrue. Comment allezvous faire pour la résorber ?
3,6
-1,3 2019
30
2020
JUILLET 2021
projections 2021
projections 2022
Source
FMI
2,3
Avec ces effets de taux négatifs, on nous a donné de l’argent pour emprunter… Donc nous espérons qu’avec la croissance, au cours de l’année prochaine, nous arriverons petit à petit à la rembourser. Car la dette du Luxembourg est une dette saine. Ce n’est pas une situation économique qui nous obligerait à nous inquiéter et à élaborer dès maintenant un plan de remboursement. Nous mettons même de l’argent de côté pour les générations futures. Donc nous avons une situation économique et financière qu’il faut certes garder à l’œil – il ne faut pas se reposer sur ses lauriers –, mais qui est enviable par rapport à d’autres. Ce n’est effectivement pas la situation de tous les autres pays européens. Craignez-vous une crise des dettes souveraines en Europe, comme après la crise financière de 2008 ? On ne peut jamais l’exclure… Mais les mécanismes de solidarité que nous avons mis en place avec le plan de relance européen prouvent que nous arrivons aujourd’hui à nous mettre d’accord autour d’une table – non pas uniquement en tant que pays, mais en tant qu’Europe. Et je pense que la réponse aux problèmes des pays que vous mentionnez sera une réponse européenne. Mais il est certain que des réformes doivent être réalisées dans certains pays. Ce n’est pas toujours populaire, mais c’est nécessaire. La solidarité des uns implique aussi des obligations pour les autres. Que pensez-vous des propositions consistant à effacer la « dette Covid » ? Chacun a fait des efforts, nous avons tous dû gérer cette crise… Certains pays n’ont pas voulu fermer, ou n’ont pas voulu ouvrir, ou n’ont pas voulu faire ceci ou cela pour des raisons électorales. Donc on ne peut tout de même pas pénaliser ceux qui ont essayé de s’en sortir… Avec le plan de relance, nous avons montré notre solidarité, et que nous étions prêts à en faire preuve vis-à-vis des pays qui en avaient le plus besoin. Mais ce n’est pas ad vitam æternam… Quand j’entends que certains pays veulent de l’argent pour réaliser une baisse de la TVA –
« Je pense que nous nous en sommes bien sortis. Une baisse de 6 % du PIB était prévue, elle est finalement de 1,3 %. C’est donc positif. »
TAXER LA RICHESSE POUR RÉDUIRE LES INÉGALITÉS donc, pour être plus concurrentiels que leurs voisins –, je ne suis pas prêt à investir un kopeck, je suis désolé… Vous parlez de projets reportés à cause de la crise… Vous pensiez notamment à la réforme fiscale ? Elle m’a l’air compromise, je dois vous l’avouer. Pourtant, elle me tenait à cœur, elle aurait permis de moderniser la société au niveau de la fiscalité. Mais il nous fallait de la marge. Or, cette réforme allait coûter quelque chose. Et je ne peux pas me le permettre : je ne vais pas faire un emprunt pour pouvoir financer une réforme fiscale, ça ne serait pas logique. Donc, sauf grande surprise, elle est compromise pour l’avenir. Mais cette réforme fiscale n’est-elle pas nécessaire ? Cette réforme est certes nécessaire, mais pas indispensable. J’ai des engagements par rapport à l’environnement, au Covid, à l’emploi, à l’éducation, à la santé, qui sont aujourd’hui plus importants que la réforme fiscale, qui devra se faire, mais qui n’est pas autant indispensable. Elle n’est cependant pas morte, nous ne l’avons pas guillotinée. Seulement, vu l’évolution des finances, quand il faudra faire des arbitrages, ce ne sera pas la priorité pour les dépenses du pays. Ne pas élever les impôts sur les entreprises durant une telle période est compréhensible. Mais des leviers tels que l’imposition sur les successions, sur le foncier ou la fortune n’auraient-ils pas pu être activés ? En tant que Premier ministre, ou en tant que formateur d’un gouvernement, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter un impôt sur les successions. Ce serait un mauvais signal. C’est mon point de vue. Là, je ne parle pas en tant que Premier ministre, je parle en tant que Xavier Bettel, membre du Parti démocratique, et ancienne tête de liste. Je ne sais pas qui sera tête de liste aux prochaines élections législatives, mais j’espère qu’il y aura toujours ce même vœu à ce moment-là. Il faut arrêter de dire que, quand on hérite, on reçoit de l’argent qui n’a jamais été imposé. Les gens qui ont récolté de l’argent pendant leur vie ont payé de l’impôt dessus. Des organes internationaux – le FMI et l’OCDE – recommandent pourtant la mise en place de tels impôts, notamment pour lutter contre les inégalités qui explosent suite à la crise… Mais cela reste un choix politique ! Ce n’est quand même pas à des instances internationales d’introduire des impôts chez les uns ou chez les autres, comme celui sur les successions. Je trouverais en tout cas cela malvenu
« Les grandes inégalités préexistantes ont aggravé l’incidence de la pandémie de Covid-19, alors que la crise, de son côté, a intensifié ces inégalités. » C’est avec ces mots publiés dans son Moniteur des finances publiques de début avril 2021 que le FMI a ouvert le débat sur les conséquences sociales de la crise et pointé du doigt les inégalités croissantes après plus d’une année de crise sanitaire et économique. Or, pour remédier à ce problème, le FMI propose une solution : taxer davantage la richesse. Et les outils fiscaux proposés pour atteindre cet objectif ne manquent pas : hausse de la progressivité de l’impôt sur le revenu, impôt sur les successions et les donations, impôt sur la fortune, taxe foncière, impôt sur les excédents de bénéfices des entreprises… L’OCDE n’a pas tardé à lui emboîter le pas, début mai, en appelant à augmenter l’impôt sur les successions pour renforcer l’égalité des chances et réduire les inégalités de patrimoine, et ce en particulier dans les pays où « l’imposition effective des revenus du capital et du patrimoine des personnes physiques est généralement faible ». Le patrimoine des ménages concentré au sommet de la distribution des richesses Parts du patrimoine net total des ménages détenues par les 10 % les plus riches et les 1 % les plus riches. Source
OCDE
49 %
recevoir un héritage que les ménages les plus pauvres : seulement 8 % des Luxembourgeois parmi les 20 % les plus pauvres ont ainsi déclaré avoir reçu un héritage ou une donation (de 6.500 dollars en moyenne), tandis que la moitié des 20 % les plus riches en ont perçu un (de près de 320.000 dollars en moyenne). Les ménages les plus riches bien plus susceptibles de recevoir un héritage que les plus pauvres Part de la population de chaque groupe ayant déclaré avoir reçu un héritage ou une donation importante. Source
51 %
OCDE
29 %
8 %
20 % les plus pauvres
Moyenne
20 % les plus riches
Au Luxembourg, le sujet de la fiscalité post-Covid avait été abordé en mars, lors du congrès du parti socialiste, par le vice-Premier ministre et ministre du Travail, Dan Kersch (LSAP), qui avait alors proposé la mise en place d’un « impôt Covid » visant de manière sélective les entreprises qui seraient sorties gagnantes de la crise. Une proposition qui n’a pas manqué de diviser la coalition, le DP se prononçant d’emblée contre, et de provoquer une levée de boucliers de la part du patronat. La valeur des héritages reçus varie fortement selon les niveaux de richesse
19 %
Valeur moyenne des héritages reçus par quintile de patrimoine, en USD Source
OCDE
5e quintile (20 % les plus riches) 318.914 $ 10 %
1 %
Le Luxembourg, avec une taxe foncière ou un impôt sur les successions quasi inexistants, ne peut que se sentir visé par ces recommandations. D’autant que le pays n’est pas épargné par les inégalités. Le patrimoine des ménages est ainsi largement concentré : les 10 % les plus riches possèdent la moitié du patrimoine net total des ménages (une part de 1 % en possède près de 20 %). Et les ménages les plus riches sont beaucoup plus susceptibles de
4e quintile 92.278 $ 3e quintile 51.125 $ 2e quintile 11.643 $ 1er quintile (20 % les plus pauvres) 6.499 $
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Conversation Xavier Bettel
de la part de l’OCDE, du FMI, ou de qui que ce soit d’autre, de dire : « Vous devez, dans chaque pays, avoir un impôt sur les droits de succession. »
« Nous attirons des entreprises, mais les talents, ce n’est pas toujours facile d’en avoir. C’est un problème, cela ne sert à rien de le cacher. »
Vos partenaires de coalition, notamment le LSAP, semblent plus ouverts sur ces questions fiscales… Est-ce un danger pour la majorité ? Nous avons un accord de coalition qui prévoit ce que l’on fait. Ce qui n’est pas écrit dedans Une réforme de la fiscalité au niveau n’est pas prévu. Nous avons signé pour cinq ans. Des discussions ont aussi lieu au niveau international ne pourrait-elle pas diminuer Cela a été un compromis : par exemple, les jours international pour réformer la fiscalité – l’attractivité du Luxembourg, notamment de congé en plus, comme le 9 mai jour férié, ce imposition minimale des entreprises, celle de sa place financière ? sont des revendications des socialistes. Nous des Gafa, taxe sur les transactions finanVous savez, on m’a déjà dit la même chose : avons cédé là-dessus, eux ont cédé sur d’autres cières… Êtes-vous davantage favorable que si nous supprimions le secret bancaire, choses. Le but d’un compromis et d’un accord à de telles réformes ? de coalition, c’est de trouver un accord pour Nous n’excluons aucune discussion. Mon pays nous perdrions notre attrait. Et quand Pierre gérer un pays pendant cinq ans, avec une ma- n’est plus sur les listes grises, noires, ou de Gramegna et moi avons dit « Nous n’avons pas jorité de 31 députés. Et cette majorité est forte, quelque couleur que ce soit. Tout ce que nous le choix, nous allons le faire », on nous a réponelle est stable, elle va dans la même direction. demandons, c’est qu’un level playing field fonc- du que le Luxembourg était fini. Aujourd’hui, Mais ce n’est pas parce qu’on est dans une tionne, c’est la base. Car, par exemple, Londres la place financière luxembourgeoise serait à coalition qu’on doit renier son ADN. Nous n’est plus autour de la table des 27. Or, je ne genoux si nous n’avions pas fait ces changen’avons pas fusionné. Ce que les socialistes vais quand même pas faire une invitation sur ments à l’époque ! demandent, je le comprends tout à fait, et je papier Bristol aux entreprises pour leur dire le respecte. J’espère que les Verts resteront « Allez à Londres, vous paierez moins d’impôts ! ». Des réformes ne sont-elles pas les Verts, que les rouges resteront les rouges, J’ai donc besoin de l’OCDE pour avoir un nécessaires pour garantir une attractivité et que les bleus resteront les bleus. Il est très level playing field beaucoup plus généralisé de la place financière ? important que chacun garde son identité, que ce qui existe aujourd’hui. C’est dans notre L’attractivité du Luxembourg, ce n’est pas son ADN, ses idées, ses valeurs. intérêt. C’est pour cela que nous sommes assez qu’un cadre légal : il y a la qualité de vie, le cosallergiques vis-à-vis de toute initiative euro- mopolitisme, la stabilité politique, ou encore Mais la crise a tout de même amené à péenne sur la fiscalité. la qualité de l’éducation et de la santé. Donc, prendre des décisions qui étaient en dehors tout un microcosme de choses est à prendre de cet accord de coalition, non ? Mais ces demandes de réforme constituent en considération. Et il ne s’agit pas que de défendre la place Je suis d’accord. Le chômage partiel n’était pas en substance une critique de la stratégie financière luxembourgeoise, mais aussi de prévu dans l’accord de coalition, les distribu- économique du Luxembourg, qui repose tions de masques, les tests… toutes ces choses- sur des facilités d’optimisation fiscale. défendre l’économie européenne. Car quel est là n’étaient pas prévues dans l’accord de coali- Le Luxembourg n’a-t-il pas été trop accoml’avantage si, demain, tout le monde part à Londres, à Dubaï, à Singapour, à Hong Kong tion. Mais si on rajoute quelque chose qui n’est modant vis-à-vis de ces pratiques ? pas dans l’accord de coalition, cela doit être Si nous faisions quelque chose d’illégal, je se- ou en Suisse ? Je veux que l’économie eurorais le premier à dire « Oui, nous devons arrê- péenne se défende aussi par rapport aux autres, fait avec l’accord des trois, c’est le principe. Mais de là à dire « On va faire un impôt ter ». Mais nous ne faisons rien d’illégal. Même et pas qu’entre nous. Parce que si nous faisons post-Covid ou un impôt pour Amazon »… Si on M. Saint-Amans de l’OCDE a émis un bulle- un nivellement vers une surrégulation qui rend fait un impôt pour Amazon au Grand-Duché tin satisfaisant à notre égard. Donc, si, vu de le continent européen moins attractif, ce n’est de Luxembourg, on ne va pas gagner un kopeck, l’extérieur, c’est légal, je ne vois pas pourquoi pas dans l’intérêt de l’Europe… car ce n’est pas ici qu’ils font l’argent : les consom- nous devrions nous priver de mécanismes qui Et j’aimerais insister sur le fait qu’au niveau mateurs luxembourgeois ne sont pas les plus sont légaux. de la finance verte, nous sommes devenus un grands clients... leader mondial. Parce que nous avons tendance à être trop modestes. Or, nous avons créé à la Votre vice-Premier ministre et ministre bourse, dans le domaine de la finance verte, du Travail, Dan Kersch (LSAP), un top niveau mondial, et c’est quelque chose a lui-même mentionné l’idée d’un impôt dont je suis très fier. On montre ainsi que l’insur les « gagnants de la crise »… vestissement privé, avec les acteurs publics, aide à améliorer le monde, et que la finance Pour moi, il n’y a pas eu de gagnants dans cette est un des leviers. crise, nous avons tous souffert de cette crise, tous. Et ceux qui ont gagné plus sont impoComment améliorer l’image persistante sés plus. En outre, des entreprises qui, par de paradis fiscal qui colle à la peau exemple, produisaient des alcools forts ont Réunis à Londres au début du mois du Luxembourg ? produit du gel hydroalcoolique pour se laver de juin, les ministres des Finances les mains. Elles ont peut-être gagné plus, mais J’ai vécu LuxLeaks, quand même. Ce n’était pas des pays du G7 se sont mis d’accord pour mettre en place un impôt minimum elles ont opéré un changement. Nous devons un moment agréable. J’ai aussi vécu OpenLux ; mondial sur les multinationales être fiers que certaines personnes aient pris je crois que cela a duré 48 heures, puis plus d’« au moins 15 % ». Un accord jugé des initiatives et montré de la flexibilité pour personne n’en a parlé, plus personne… Or, si « historique », qui jette les bases d’une refonte de la fiscalité internationale. changer les choses. nous étions tellement dans l’œil du cyclone…
15 %
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PUBLIREPORTAGE
« PROXIMITÉDIGITALISATION-PROCESS sont les 3 éléments clé du nouveau modèle Adecco au Luxembourg. » Fin Avril 2021, Adecco Luxembourg a accéléré sa transformation en vue de mieux répondre aux besoins du marché de l’intérim au Luxembourg. François Dauphin, Area Manager Luxembourg aborde les leviers du changement.
Quels ont été les déclencheurs du nouveau cap qu’a souhaité prendre Adecco ? C’est la combinaison de plusieurs facteurs que nous observons depuis plusieurs années et qui impactent fortement le marché du travail et plus particulièrement celui de l’intérim au Luxembourg. D’une part, les entreprises ont des besoins et des défis plus marqués qu’auparavant. Tout va plus vite. Ceux-ci varient selon la taille du client et selon son secteur d’activité. Les collaborateurs intérimaires d’autre part qui considèrent autrement le marché du travail et l’intérim avec une approche plus « consommateur » ou « client ». Enfin, l’effet d’accélération et d’amplification que la crise sanitaire a apporté aux tendances citées
précédemment. Ces trois facteurs nous ont convaincus qu’il fallait suivre un nouveau cap. Quels sont les changements mis en place au sein d’Adecco? La mission d’Adecco est d’avoir un rôle de facilitateur, aussi bien pour les entreprises que pour les candidats, dans l’accès à l’emploi. Avec les modifications du marché du travail, notamment l’essor de la digitalisation, les modèles classiques ne sont plus assez réactifs pour apporter des solutions efficaces et rapides face aux changements qui s’accélèrent. Notre objectif est de renforcer la proximité et l’accompagnement. D’une part, en augmentant notre présence et réactivité auprès des PME/TPE avec des solutions dédiées pour les emplois
en intérim. Et d’autre part en spécialisant notre soutien auprès des plus grandes entreprises du marché avec des solutions agiles et sur mesure. De quelle façon ces changement impactent l’organisation des agences ? Nous avons fait le choix, dans le Sud du pays, de regrouper certaines de nos équipes et de nos agences. Nous sommes également convaincus que le Nord et l’Est sont très dynamiques, raison pour laquelle nous avons une agence à Pommerloch et à Wasserbillig. Nous disposons donc dorénavant de 4 pôles : Retail & Hospitality à Esch Belval, Technique et BTP à Esch, Onsite à Esch Belval et le pôle généraliste avec nos antennes de Pommerloch et Wasserbillig. Cette configuration nous permet de garantir une continuité de services et un renforcement de notre qualité de service. Nous disposons ainsi d’une palette plus large d’offres d’emploi par secteur d’activité, et renforçons par là même notre attractivité pour les candidats. C’est donc tout bénéfice pour nos collaborateurs intérimaires et nos partenaires clients. Cette nouvelle organisation aura permis également de promouvoir la mobilité interne. Proposez-vous de nouveau services ? Nous avons mis en place un département totalement dédié aux solutions Onsite. Nous proposions certes déjà ce service conçu pour les entreprises aux besoins volumiques mais de manière éparse. Dorénavant, grâce à la mise en place d’une équipe spécifique de véritables HR Business Partners et le développement d’outils spécifiques, nous renforçons notre engagement pour un accompagnement client sur mesure qui s’inscrit dans la durée et qui s’appuie sur l’amélioration continue. Nous accélérons également nos processus de digitalisation sur la totalité de notre gamme de services. Ceci tant sur le plan du traitement administratif des contrats et relevés d’heures que celui du sourcing et screening. Etre au plus proche de nos intérimaires, de nos candidats et de tous nos clients, tel est notre focus.
S
Conversation Xavier Bettel
L’ENVIRONNEMENT SOUS PRESSION AU LUXEMBOURG Mais c’est sûr que ce n’est pas facile de se défaire de cette image. Ce n’est néanmoins pas aux gens de nous juger, mais à l’OCDE, au FMI, aux organes internationaux. Et si eux disent que le Luxembourg « das an der rei » – comme on dit en luxembourgeois –, alors c’est bon ! Le Luxembourg va investir 1 milliard d’euros dans la digitalisation de l’économie avec le plan pluriannuel 2021-2024. Le pays fait-il des efforts suffisants pour prendre ce virage ? Le Luxembourg est toujours très proactif et ouvert. Et aujourd’hui, quand j’observe par exemple le domaine des systèmes de paiement, nous voyons que le Luxembourg fait partie des leaders. Mais il faut aussi avoir une réflexion européenne, parce que la Chine y est, les États-Unis y pensent. Or, nous ne devons pas rester les observateurs, nous devons aussi être acteurs dans ce dossier. Le challenge de la digitalisation au Luxembourg n’est-il pas d’attirer des talents ? Nous attirons des entreprises, mais les talents, ce n’est pas toujours facile d’en avoir. C’est un problème, cela ne sert à rien de le cacher. La situation du logement est difficile au Luxembourg, donc c’est un des facteurs qui rendent cela plus difficile. Et, certes, les salaires sont plus hauts qu’ailleurs, mais le coût de la vie n’est pas des moindres. Mais ce n’est pas qu’un problème luxembourgeois, il est aussi européen. Est-il normal de devoir aller chercher des Ukrainiens, des Indiens, des Asiatiques ou des Américains parce que nous n’avons pas réussi à former des gens en Europe ? Nous devons avoir une ambition digitale au niveau européen. Et dans le domaine de la santé, l’ambition doit-elle aussi être européenne ? Pendant la pandémie, la coordination n’a pas toujours été au rendez-vous… Aujourd’hui, les questions de santé sont des questions nationales, pas des questions communautaires. Mais nous avons vu que, pour un problème global, une réponse globale est nécessaire. Il est toutefois très difficile de donner une réponse globale quand la situation est totalement différente d’un endroit à l’autre. Comment est-ce que j’explique que nous voulons une même mesure allant de Stockholm à Lisbonne, alors que, de Nantes à Marseille, ou de Hambourg à Trèves, elle n’est pas la même ? Avec des zones rouges, orange, vertes, c’est très compliqué, parce que, lors de cette épidémie, les situations ont été très différentes selon les régions. Mais nous avançons. Le certificat sanitaire, le « Cov’Check », comme on dit chez nous, va être européen, ce qui est un grand progrès. Car, pour faciliter la vie de nos concitoyens, il vaut mieux faire quelque chose ensemble que cha34
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Jusqu’à la pandémie, le Luxembourg a connu une rapide croissance économique et démographique. Mais un marché de l’emploi attractif et un nombre important de travailleurs frontaliers s’accompagnent de niveaux de consommation élevés et de besoins importants en mobilité et en infrastructures. Conséquence : l’environnement est sous pression. En termes de politique environnementale, le Luxembourg ne ménage pourtant pas ses efforts et les moyens mobilisés. Mais ceux-ci ne suffisent pas pour compenser « les pressions toujours grandissantes dues au développement économique », constate l’OCDE, dans son dernier examen environnemental du pays, publié fin 2020. En termes de politique climatique, atteindre ses objectifs de réduction de 55 % de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport à 2005 ne sera pas aisé, même si la nouvelle loi climat est ambitieuse : le Luxembourg reste pour l’instant l’un des pays qui émettent le plus de GES par habitant dans l’OCDE, et le mix énergétique reste tributaire des combustibles fossiles, prévient l’OCDE. Encore des efforts pour réduire les émissions de GES Évolution des émissions de gaz à effet de serre, en tonnes par habitant Source
OCDE
28,4 t 24 t 18,2 t
17,5 t
Un quart des espèces sont menacées Espèces menacées, en pourcentage des espèces connues, Luxembourg, 2019 Source
OCDE
En danger critique Vulnérables
En danger
Oiseaux 8,4
6,1
5,3 Reptiles
33,3 Amphibiens 7,1
7,1
14,3
Poissons d’eau douce 18,6
2,3
7
Plantes vasculaires 9,3
9,1
8,2
Invertébrés 4,7
4,7
6
Autre problème majeur : la qualité de l’eau. L’UE a fixé comme objectif pour les États membres d’atteindre un « bon état de toutes les masses d’eau » en 2027. Mais, malgré les progrès accomplis – construction et modernisation des stations d’épuration, raccordement de toute la population –, cela reste un vœu pieux : moins de 4 % des masses d’eau de surface du pays sont à ce jour dans un bon état écologique. Concernant l’eau ou la biodiversité, le principal responsable est l’agriculture intensive. Pour remédier à cela, le gouvernement veut atteindre 20 % de surfaces biologiques d’ici 2025. Mais cet objectif semble irréaliste, la part du bio étant passée de 3 % en 2010 à 5,18 % en 2020… 20 % de terres bio en 2025, un objectif inatteignable Évolution de la part de surface agricole biologique au Luxembourg en % 20 % de la surface agricole utile
2005
2010
2015
2018
La biodiversité est quant à elle en péril. « Le Luxembourg est l’un des pays européens avec le plus grand nombre d’espèces communes en déclin », constate ainsi l’OCDE. 84 % des habitats de prairies sont en mauvais état. La population de l’alouette des champs a diminué d’environ 50 % entre 1980 et 2018. Idem pour la chouette chevêche, dont la population a chuté de 60 % sur la même période. Le tarier des prés a, quant à lui, complètement disparu du pays l’année dernière.
Source
2,99 %
2010
Ministère de l’Agriculture
3,6 %
2015
5,18 %
2020
2025
Pour réorienter son économie vers un modèle plus vert et inclusif, le temps est compté pour le Luxembourg : « Les années à venir vont être déterminantes », prévient ainsi l’OCDE.
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Conversation Xavier Bettel
équilibre. Au Luxembourg, nous favorisons le transport public gratuit, nous avons donné une alternative aux gens, mais sans punir, sans interdire. Moi, j’ai envie d’inciter, d’encourager, plutôt que d’interdire ! Ainsi, des supermarchés réclament des produits bio, car la quantité n’est pas suffisante au Luxembourg. Mais en tant qu’agriculteur, passer du traditionnel au biologique, c’est un investissement, un changement et une incertitude. Il faut donc encourager, mais sans punir ni stigmatiser le traditionnel, parce que certaines personnes voudront toujours payer 50 cents leur litre de lait, tandis que d’autres seront prêtes à le payer 2 euros. Or, je suis content d’être dans un pays où j’ai le choix.
cun dans son coin. Il faut donc arrêter de dire que l’Europe est le problème, l’Europe est bien souvent la solution. La crise du logement, quant à elle, n’est pas une crise nouvelle, et elle perdure. Quelles solutions allez-vous mettre en œuvre lors de votre deuxième partie de mandat ? Nous devons, d’un côté, augmenter l’offre de logements, et, de l’autre côté, conserver la qualité de ces derniers. Nous ne devons pas construire des cages juste pour loger les gens, ou des HLM, parce que la richesse du Luxembourg a toujours été la mixité : nous n’avons pas construit de quartiers pour les gens qui arrivaient. J’attends notamment de voir la mouture finale du Pacte logement 2.0, qui aborde un grand nombre de points. De nouveaux instruments vont permettre de construire davantage et plus rapidement. Il faut aussi avoir le courage politique de collaborer avec les maires et de voir ce que nous sommes prêts à faire. Car ce n’est pas un problème que nous arriverons à résoudre seuls : il faut les communes et les propriétaires. Mais personne ne peut prétendre avoir une baguette magique pour régler le problème du logement, malheureusement. Avec l’offre actuelle, nous parviendrons juste à freiner un petit peu l’augmentation des prix… La puissance publique ne doit-elle pas reprendre davantage la main sur la question du logement ? La spéculation doit être combattue par l’encouragement. L’expropriation n’est pas la solution. Personnellement, je suis, par exemple, tout à fait en faveur d’une taxation sur les logements vides. Si quelqu’un veut garder un terrain constructible vide, alors, on taxe. Un habitat qui est vide parce que le propriétaire veut se faire de l’argent, on le taxe. Croyezmoi, nous aurions tout à coup, du jour au lendemain, pas mal de logements occupés et de terrains utilisés ! Le modèle économique et démographique luxembourgeois exerce une pression très forte sur l’environnement. Les objectifs européens semblent peu accessibles. Des voix s’élèvent pour réclamer un changement de paradigme. Qu’en pensez-vous ? Non, non, non. Croire qu’on va réussir à changer les choses du jour au lendemain au niveau environnemental, non. Nous pouvons aussi faire autrement. S’engager pour l’environnement se fait aujourd’hui, mais l’objectif est 2050 et l’héritage qu’on va laisser : des sociétés comme Guardian, qui sont prêtes à produire autrement pour avoir un impact moins important sur l’environnement, mais le résultat n’est pas encore là aujourd’hui. La crise sanitaire, avec l’arrêt du trafic, a nettement amélioré la qualité de l’air, nous l’avons vu. Mais l’intérêt est de parvenir à un 36
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Mais le caractère urgent de la crise environnementale ne nécessite-t-il pas de faire des choix plus radicaux ? L’économie n’est pas incompatible avec l’environnement. Au contraire, l’environnement est une opportunité pour une croissance économique. Le potentiel économique qu’on va pouvoir développer grâce aux métiers verts est impressionnant. Il faut arrêter de voir l’économie et l’environnement comme si c’était l’eau et le feu.
FAST & CURIOUS Lève-tôt ou couche-tard ? Je me couche tard et me lève tôt. Visioconférence ou présentiel ? De plus en plus de présentiel, mais la visio a été mon mode de travail ces derniers mois. Bonnevoie ou Limpertsberg ? Bonnevoie. Londres ou Francfort ? Luxembourg. Crémant ou champagne ? Crémant. Bistro ou gastro ? Bistro. Rockhal ou Atelier ? L’un pour le côté intimiste, l’autre pour les gros concerts. Netflix ou cinéma ? En période de Covid, Netflix, mais je suis heureux de retrouver le cinéma. Presse papier ou internet ? Les deux. Retrouvez l’interview vidéo Fast & Curious de Xavier Bettel sur paperjam.lu.
Les jeunes générations – on l’a vu avec les manifestations Youth for Climate – réclament davantage. Certains de leurs membres voteront d’ailleurs en 2023… Je ne fais pas mes choix politiques juste pour des raisons électorales. Parce que je peux aussi bien dire que j’ai de vieux électeurs qui sont contre. La politique, c’est se demander ce qui est important pour le pays. Et ce qui est important est de faire les changements nécessaires. Pour les uns, cela va trop loin, et pour d’autres, pas assez loin. Nous devons trouver un équilibre en promouvant un développement économique tout en évitant que l’économie et l’écologie ne soient comme chien et chat, mais au contraire qu’elles deviennent partenaires. Comment la crise sanitaire vous a-t-elle impacté personnellement, dans votre travail et votre vie ? Je suis allé au bureau tous les jours, donc ce n’est pas comme si j’étais resté à la maison. Mais les contacts physiques m’ont manqué. Cette crise nous a rappelé que des choses simples, que nous considérions comme acquises, ont une grande valeur. Mais je ne me plains pas. Cela a été dur pour tout le monde. J’ai choisi d’être politicien, donc je ne suis pas là pour me plaindre. Je plains les personnes âgées, qui veulent retrouver la vie qu’elles connaissaient avant, et les jeunes qui n’ont pas encore eu la chance d’être vaccinés et qui sont encore privés de beaucoup de choses. Je pense aussi, et surtout, à eux. Je n’aimerais pas être jeune aujourd’hui.
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BRAND VOICE
Carole, Senior Manager, Yoann, Senior Manager, et Benoit, Senior Consultant, IQ Solutions
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Dans un environnement en constante mutation, les organisations doivent s’adapter en permanence. La clé ? Pouvoir s’appuyer sur les bonnes ressources ayant des compétences pointues quand cela s’avère nécessaire. Depuis près de 20 ans, IQ Solutions développe et consolide l’expertise de ses consultants qui permettra aux acteurs de l’industrie des fonds de relever de nouveaux défis. 38
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défis de la transformation digitale et c’est à ce niveau que nos consultants interviennent. En quoi un service de consultance comme le vôtre vient répondre à ces enjeux ? CAROLE Si l’on considère le volet réglementaire, les acteurs sont soumis à une réelle pression. Il faut pouvoir garantir une mise en conformité à des échéances précises et dans des délais relativement courts. Cela implique de devoir mobiliser rapidement des ressources, qui soient directement opérationnelles. Dans cette perspective, un consultant de qualité, capable de faire valoir une réelle expérience de terrain, constitue un réel atout. BENOIT (Senior Consultant) : Chez IQ Solutions, les consultants ont la possibilité de participer à une grande diversité de projets et de contribuer activement au succès des clients grâce à la valeur ajoutée qu’ils apportent. C’est principalement pour son regard externe, son expérience globale, qu’un consultant représente une ressource fiable et de confiance. L’avantage de recourir à un consultant est de pouvoir s’appuyer sur un talent directement
Simon Verjus
La bonne compétence au bon moment
Quels sont les principaux défis que doivent aujourd’hui relever les acteurs de l’industrie des fonds et de la finance ? CAROLE (Senior Manager) : Les acteurs du secteur financier doivent aujourd’hui davantage renforcer leur capacité à s’adapter rapidement, pour évoluer avec les nouvelles possibilités que leur offre la technologie ou encore répondre aux nouvelles exigences réglementaires. La bonne appréhension de ces changements implique de pouvoir mobiliser les bonnes compétences au bon moment. YOANN (Senior Manager) : La guerre des talents reste une réalité ! Le vrai défi est de trouver les profils qui disposent d’une bonne connaissance du métier et qui comprennent les enjeux cruciaux du secteur. Les acteurs n’ont pas forcément toutes les compétences en interne. Il leur faut dès lors pouvoir s’appuyer sur un partenaire solide et de confiance, capable de leur proposer rapidement les bonnes ressources pour les soutenir dans la réalisation de leurs projets. Par ailleurs, de nombreuses banques ou sociétés de gestion ne veulent pas rater le train de la digitalisation et doivent faire face à différents
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Industrie des fonds
« Pour son regard externe, son expérience de terrain, il est intéressant de recourir à un consultant. » Benoit Senior Consultant IQ Solutions
opérationnel. Son expérience et son expertise lui permettent de comprendre rapidement les enjeux et de contribuer efficacement au projet auquel il est affecté. En outre, l’intégration d’un consultant au cœur d’une équipe permet d’y adjoindre un regard neuf et objectif. Sur quels domaines de compétences IQ Solutions se positionne-t-elle ? CAROLE IQ Solutions existe depuis un peu moins de 20 ans, s’appuyant sur l’expertise dans le domaine de l’industrie des fonds et de la finance d’une équipe issue d’un grand cabinet d’audit de la Place. Nous avons, à travers les années, cherché à répondre aux divers enjeux rencontrés par les acteurs de la Place. Aujourd’hui, grâce aux consultants venus d’horizons divers, nous avons réussi à constituer des équipes multiculturelles et agiles, capables d’accompagner les acteurs de la Place dans une variété de projets, que ce soit dans l’industrie des fonds en particulier ou dans la finance au sens large. BENOIT En tant que consultants, nous développons au travers de nos diverses expériences une riche palette de compétences qui permet de couvrir l’entièreté des fonctions de l’industrie des fonds et de la finance. Notre rôle est de mettre ces connaissances au profit de nos clients qui cherchent un partenaire fiable, solide et connaissant les enjeux du marché dans lequel ils opèrent. Que l’on parle de mise en conformité, de revue organisationnelle,
d’optimisation de processus ou de support opérationnel, nous contribuons à soutenir les équipes et les projets de chaque client que nous accompagnons. Comment évoluent les attentes des organisations vis-à-vis des acteurs de la consultance ? CAROLE Les attentes des acteurs à l’égard des consultants sont de plus en plus élevées. Plus que les compétences utiles au projet ou qu’une expertise toujours plus élevée à faire valoir, les clients souhaitent que l’on apporte de la confiance et de la rigueur, en s’appuyant sur nos expériences acquises. YOANN Le défi, pour répondre aux attentes des différents acteurs, est de parvenir à consolider une large expérience et un réseau étendu. En tant que société de consultance qui a fait grandir son expertise depuis près de 20 années, nous sommes reconnus pour notre faculté à nous adapter rapidement aux besoins et aux évolutions tout en délivrant le plus haut degré de qualité dans nos prestations. Nous cherchons constamment à mettre en adéquation les besoins de nos clients avec des profils existants et disponibles ou en recrutant un consultant répondant à l’ensemble des critères de nos clients. Il est indéniable que le recrutement et la fidélisation des talents sont un enjeu
« Chaque jour, nous renforçons notre expertise de terrain pour mieux la partager ensuite. » Yoann Senior Manager IQ Solutions
crucial pour IQ Solutions. CAROLE Chaque client est singulier, par son organisation, sa culture, ses exigences. Dès lors, il est important de pouvoir bien comprendre ses besoins et ses attentes afin que ce soit le consultant le mieux qualifié qui l’assiste. Considérant les évolutions sur le marché de l’emploi, avec des compétences expertes de plus en plus disputées, quels sont les leviers de consolidation de l’expertise au cœur d’une structure comme la vôtre ? BENOIT L’enjeu est de parvenir à satisfaire le client tout en s’assurant de la motivation des consultants. Aussi, afin de consolider l’expertise de chacun, IQ Solutions s’assure de fidéliser ses consultants en leur offrant l’opportunité de contribuer à des missions au contenu intéressant, qui permettent un développement continu. Il est également essentiel de garantir une réelle sécurité et évolution au sein de la structure ainsi qu’un suivi effectif, une écoute réelle et une vraie flexibilité. YOANN Consolider cette expertise permet d’être proactif visà-vis des besoins des clients. Travaillant auprès des acteursclés de la Place, les consultants sont au cœur de l’information pour faire remonter les besoins identifiés, les opportunités et défis, et ainsi permettre d’accompagner de manière ciblée chaque client et relever ensemble les défis de plus en plus nombreux. CAROLE C’est cette proximité entre les consultants sur le terrain et l’équipe de gestion d’IQ Solutions qui entretient le réseau et contribue à une meilleure satisfaction conjointe tant pour les clients que pour les consultants. En étant proches du client et en restant à l’écoute des besoins de chacun, nous apportons des solutions sur mesure permettant de faire évoluer toutes les parties prenantes. L’ancienneté acquise par un certain nombre de consultants d’IQ Solutions fait d’eux aujourd’hui les véritables piliers de notre société sur lesquels les clients savent qu’ils peuvent s’appuyer.
« Les attentes des acteurs à l’égard des consultants sont de plus en plus élevées. » Carole Senior Manager IQ Solutions
Qu’est-ce qui, à vos yeux, rend le métier de consultant attrayant ? CAROLE J’aime les challenges qu’offre ce métier, la possibilité d’accumuler les missions et de multiplier ainsi les expériences en côtoyant de grands professionnels d’horizons différents. BENOIT Nous avons en effet la possibilité de contribuer à différents projets, dans de nombreuses entreprises, pour des clients prestigieux. Nous sommes amenés à sortir de notre zone de confort en permanence pour relever de nouveaux challenges. Sans cesse, nous développons notre expertise, continuons à apprendre et à évoluer. C’est un vrai moteur de satisfaction. YOANN La richesse de ce métier réside dans la possibilité que nous avons, chaque jour, d’être confrontés à de nouvelles situations, de nouveaux défis, d’améliorer notre expertise, pour pouvoir ensuite partager avec d’autres les meilleures pratiques rencontrées sur le terrain. Une certaine indépendance, de l’autonomie, de la confiance dans la gestion de mission, tout cela correspond à l’ADN des consultants qui nous rejoignent, avec l’avantage de travailler dans une structure à taille humaine.
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Gilles Feith a hâte de voir l’activité redécoller sérieusement après un début de mandat marqué par une perte historique.
Conversation Gilles Feith
« En volant, on n’a pas perdu d’argent » Aux commandes de Luxair depuis juin 2020, Gilles Feith vient de traverser une première année marquée par l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la compagnie aérienne. Le CEO nous détaille ses perspectives en ces temps de turbulence. Interview CATHERINE KURZAWA
Luxair a publié une perte de 155 millions d’euros en 2020, c’est un record ? C’est une perte historique. Aucune entreprise ne peut se permettre des pertes de cette ampleur de manière régulière ou même irrégulière. Nous n’en sommes pas fiers (…), mais nous avons quand même pu survivre et, grâce à une stratégie de relance très agressive, nous avons pu générer de nouvelles sources de revenus. Sans celles-ci, ce serait encore bien pire. Je compare toujours cela avec un bateau sur un fleuve avec un très fort contre-courant, on est en train de ramer, on n’avance pas très vite, mais si on ne ramait pas, ce serait bien pire. Comment se passent vos relations avec vos actionnaires ? Je pense notamment à Delfin et à la BIL. Une augmentation de capital est-elle envisagée pour faire face à cette perte ? Non. Jusqu’ici, je remercie tous les administrateurs parce que c’est aussi une situation très difficile pour eux. Personne n’apprécie d’être dans cette situation : nous avons très peu de clarté et très peu de visibilité, et pourtant, nous bénéficions d’un soutien très fort. Nous avons refinancé notre bâtiment ici (à Munsbach, ndlr) et avons pris d’autres mesures pour conserver du cash. Nous sommes en train de chercher des économies dans tous les coins. Ne rien faire n’est pas une option, et je pense que les actionnaires le voient. On a un suivi régulier pour sortir de cette crise et j’en suis très content. Aujourd’hui, avec quelle capacité vole Luxair par rapport à l’année 2019 ? On espère qu’à la fin de ce 2e trimestre, on volera à 50 % de notre capacité airline et à 80 % de notre capacité concernant LuxairTours. C’est encore un pronostic optimiste. Pour l’été, on va augmenter encore les fréquences et on est en train de planifier une petite action pour l’été indien – de septembre à novembre –, pour permettre aux gens qui ne sont pas liés aux
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vacances scolaires de bouger un peu, en espérant que la vaccination soit totale à ce moment-là. Luxair a signé, fin 2020, un plan de maintien dans l’emploi (voir encadré). La diminution de la main-d’œuvre disponible (-20 %) n’est pas proportionnelle à celle de l’activité. N’y a-t-il pas trop d’effectifs pour l’ensemble de Luxair ? Non, je pense que le plan de maintien dans l’emploi nous a permis d’identifier beaucoup de synergies, et nous donne la flexibilité dont on a besoin pour adapter notre production à notre activité. Cela nous donne aussi la possibilité de trouver des gens qui peuvent fournir d’autres services en interne. Récemment, un pilote m’a dit qu’il avait un diplôme en logistique et il nous a aidés au cargo. C’est une belle histoire de réussite, où l’on a pu revaloriser des compétences. Dans notre rapport annuel, vous voyez que ce sont des membres d’équipage qui ont réalisé des vidéos. Vous découvrez du potentiel interne pour économiser de l’argent. Ce sont de très belles réussites.
BIO EXPRESS Les débuts Né en 1976 à Luxembourg, Gilles Feith a débuté sa carrière chez Arthur Andersen (2001) après un diplôme en sciences commerciales et financières de l’Ichec (Bruxelles). L’expérience Entre 2007 et 2020, il a multiplié les expériences, entre Post Luxembourg, le ministère du Service civil et de la Réforme administrative, la direction du CTIE et le poste de chef de cabinet du ministre de la Défense, à partir de 2018. La succession En juillet 2020, il occupe le poste de CEO de LuxairGroup suite au départ à la retraite d’Adrien Ney.
Cela fait un an que vous êtes CEO de Luxair. Quel premier bilan tirez-vous ? Il n’y a pas de bilan parce qu’on est, aujourd’hui encore, en mode de gestion de crise et je sais que, pour beaucoup de gens, c’est très dur parce qu’on leur demande beaucoup. Mais on a des salariés très motivés qui nous aident à sortir de cela. Garder une société en mode de gestion de crise pendant un an est difficile, parce qu’il faut constamment expliquer, garder la motivation et ne pas se laisser tirer vers le bas par tous les problèmes que l’on rencontre en chemin. Parce que personne n’aurait pensé – même en décembre, quand on a fait le budget – qu’en avril et en mai, la situation pour la compagnie aérienne serait encore si difficile. Personne n’aurait pu le prévoir. En juillet 2021, cela fera 16 mois que la crise sanitaire a éclaté. Est-ce que l’on peut déjà dire que Luxair entrevoit le bout du tunnel ? Non, on ne peut pas le dire, parce que c’est très difficile. Aujourd’hui, on voit une reprise pour tout ce qui relève du tourisme. On voit aussi que les gens se déplacent à nouveau pour revoir leurs proches, mais l’aviation est un secteur qui est hautement régulé et on a quand même certains désavantages. Cela se voit très simplement sur les routes, où on peut prendre la voiture sans test ni procédure, alors que si vous partez en avion, c’est bien plus compliqué. Depuis le début de cette crise, Luxair fait et continue de faire le maximum, c’est-à-dire diversifier son réseau. Nous allons diversifier notre offre et mettre tous nos œufs dans le plus de paniers possibles. On va reconsolider notre offre l’année prochaine et les suivantes pour voir ce qui marche. Notre industrie est en train de changer fondamentalement et il faut s’adapter, ce qui est synonyme de changement et de travail. C’est pour cela que je dis que l’on ne voit pas le bout du tunnel, parce que le modèle, tel qu’il était JUILLET 2021
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50 MILLIONS D’EUROS POUR NE PAS LICENCIER
en 2019, je ne sais pas si on le retrouvera, ni à quel pourcentage d’ici 2023 ou 2024. Et c’est là que nous devons nous ajuster pour trouver ce nouveau modèle. En quoi consiste cette reconsolidation de votre offre ? Nous avons lancé beaucoup de nouvelles destinations comme La Rochelle, Usedom (mer Baltique), Cracovie, Bucarest et bien d’autres. Nous volons cette année vers 85 villes, contre 64 en 2019. Mais au moment où la demande business revient, nous devons accélérer la fréquence sur ces destinations « classiques » et reconsolider notre offre sur les nouvelles lignes. Et ce sont des destinations pour lesquelles la concurrence vole peut-être à des prix prohibitifs, je dirais même asociaux, que nous ne pouvons pas maintenir avec notre modèle. Nous n’allons pas changer l’ADN de Luxair : nous restons une compagnie aérienne de qualité, sociale et responsable dans tous les domaines.
587 des 2.950 salariés de Luxair sont concernés par le plan de maintien dans l’emploi signé en novembre 2020 par la tripartite. D’un budget annoncé de 50 millions d’euros, le dispositif prévoit notamment le départ en préretraite de 265 salariés du groupe, la mise en place d’une cellule de reclassement (structurelle pour 227 travailleurs et conjoncturelle pour 157 autres) et de mesures de prêt temporaire de main-d’œuvre, et le recours étendu au chômage partiel. « En moyenne, dans la compagnie aérienne, 70 % des salariés sont touchés par au moins un jour de chômage partiel par mois », explique Gilles Feith. Et de préciser qu’en équivalents temps plein, ce taux redescend à 35 %.
moins, parce que ces destinations ont souvent été frappées par des mesures récurrentes de confinement. À propos de Dubaï : la ligne lancée en février dernier semble trouver son public puisqu’en avril dernier, Luxair annonçait reconduire Dubaï dans son programme de vol automne-hiver 2021. Vous assurez cette liaison avec un Boeing 737-800. Est-ce rentable d’utiliser ce type d’avion pour aller aussi loin ? Oui, c’est très rentable [sourire]. On a déjà beaucoup de réservations pour Dubaï en hiver à cause de l’exposition universelle, et on voit que la demande est déjà très forte alors qu’aujourd’hui, concernant bien d’autres destinations, ce n’est pas le cas pour les mois d’octobre et novembre.
dans la niche, qui nous va bien parce que personne d’autre ne vole vers Toulon, et cette région proche de Saint-Tropez est connue pour abriter de nombreuses résidences secon- Pendant la crise du Covid-19, certaines daires. C’est une destination idéale, en fait, compagnies étrangères présentes à pour couvrir et complémenter notre offre sur Lux-Airport ont réduit leurs activités au la Côte d’Azur. Toulon, c’est quelque chose Findel. Est-ce qu’à un moment ou un autre, Vous ne pouvez pas être partout en même qui, à mon avis, va marcher à terme, parce Luxair a pu profiter de cela ? temps lorsque la demande revient… que nous avons de petits avions, et on va pou- Je ne suis pas quelqu’un qui puisse parler de J’aimerais bien pouvoir garder le plus de des- voir combiner un aller vers Nice et un retour « profiter », parce qu’aucune compagnie n’a protinations possibles pour avoir, dans le futur, depuis Toulon, ou l’inverse, par exemple. Ce fité de cette crise. Nous avons essayé de desune plus grande flotte. Parce que plus la flotte sont des choses qui donnent de la flexibilité, servir des opportunités. Il y en a une par exemple, est grande, plus les coûts fixes sont divisés. et la demande aujourd’hui devient de plus en c’est SAS, qui venait régulièrement de Stockholm, Mais certains coûts fixes sont incompressibles. plus individuelle. Le client, aujourd’hui, devient mais qui a cessé cette liaison : nous y volons Le personnel est un très gros facteur, par exemple. moins un client de masse, et c’est aussi l’une depuis mai 2020. Il y a d’autres destinations des adaptations que Luxair est en train d’as- que nous étions, pendant longtemps, les seuls à desservir, comme Londres-City, mais est-ce surer pour répondre à la demande de tous. Vous dites être face à une concurrence que c’est profiter ? Non, parce que nous avons accrue de la voiture mais, en parallèle, gardé une connectivité pour le Luxembourg – Par rapport à toutes ces nouvelles destivous ouvrez des liaisons vers des destinace qui est aussi l’une de nos missions. nations, est-ce que les chiffres donnent tions qui sont facilement accessibles par actuellement raison à cette stratégie ? la route, je pense notamment à Toulon. En fait, en volant, on n’a pas perdu d’argent. Quelle est, selon vous, la force N’est-ce pas un peu risqué ? Non, je ne pense pas que Toulon soit facile Est-ce que les chiffres nous donnent raison ? de Luxair par rapport aux autres d’accès en voiture, parce que ça prend beau- Pour Dubaï, clairement, oui [sourire], même compagnies aériennes ? coup de temps. Nous avons même augmenté très clairement, parce que sans Dubaï, nous Avec 154,9 millions d’euros de pertes, on ne la fréquence vers Toulon parce que l’on voit aurions eu des mois d’avril et de mai très peut pas parler de force, mais on peut parler de que c’est une destination qui est un peu haut sombres. Pour d’autres destinations, un peu plan : tout en restant une compagnie sociale, nous essayons d’être responsables, de faire le maximum pour voler vers les destinations qui le permettent et, suite aux différents déconfinements, d’adapter à nouveau les fréquences. ÉVOLUTION DU RÉSULTAT DE LUXAIRGROUP CES 10 DERNIÈRES ANNÉES La courbe de la demande est fragile, mais Données exprimées en millions d’euros nous l’observons et adaptons les capacités. 80 La force découle du fait de réagir et d’avoir une équipe très motivée à travers toutes les 40 12,5 business units, des gens persuadés que s’ils 9,7 9,5 8,1 3,6 1,9 commencent à pousser cette roue d’inertie, 0 ça va recommencer à rouler.
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LuxairCargo a terminé 2020 avec une perte de plus de 10 millions d’euros, un surcoût de main-d’œuvre est évoqué pour justifier cela. Dans le même temps, Cargolux a multiplié son bénéfice par 32 sur cette même période. Pourquoi LuxairCargo se porte aussi mal en comparaison avec Cargolux ?
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et les voyages en voiture. Qu’est-ce que l’avion peut faire face à cela ? Je pense que tout est complémentaire. Il y a aussi beaucoup de gens que je connais qui ont acheté un camping-car ou qui font du vélo. Tout cela peut se compléter : c’est pour cela, par exemple, que nous avons lancé l’offre Multi-City, parce qu’il y a des familles dont certains membres partent en camping-car et les autres les rejoignent en avion. Ça se combine. Je suis confiant.
ou Charleroi Bruxelles-Sud, qui a fortement réduit son activité. Observez-vous ces situations et y décelez-vous de possibles impacts pour votre activité ? J’aimerais bien diversifier notre offre en volant, par exemple, de Lorraine Aéroport vers des destinations hors Europe, mais les libertés ne sont pas totales en Europe. Il faut avoir l’accord de la France et je pense que c’est très difficile. Mais est-ce que ça fait sens Nous essayons de trouver des niches où de continuer à garder une activité l’on peut encore voler. J’aimerais bien aussi, cargo pour le groupe Luxair ? par exemple, voler en Angleterre, prendre La tendance est aux réservations Je pense qu’il est trop tôt maintenant (pour de dernière minute. Mais le site web des passagers à Londres-City pour voler vers décider, ndlr), il faut voir ce que l’on fait et de LuxairTours peut parfois se montrer Édimbourg ou Birmingham, pour emmener comment on se prépare aux différents challen- capricieux. Qu’avez-vous mis en place nos étudiants par exemple. Mais ce sont des ges. Il y a, au niveau de l’activité cargo, un pour répondre à cette demande ? choses qui ne sont actuellement pas possibles. grand gap – qui pourrait atteindre plusieurs Le site web n’est pas capricieux, le logiciel de J’ai déjà parlé aux autorités britanniques centaines de millions d’investissement – qu’il réservation est le même pour la plupart des parce que ce sont des choses que personne faut combler. On est en train de travailler tous compagnies aériennes. C’est un système qui n’offre et que nous, avec nos petits avions, les jours pour trouver une solution à une équa- fait voyager des millions de passagers chaque nous pourrions faire. On est quand même en tion très difficile. année. Pour le last-minute, on voit que la ten- train de regarder ce que l’on peut faire et à dance change. Tout ce qui relève du business partir d’où. Ce sont des opportunités, mais L’an dernier, dans Paperjam, vous expliest très last-minute. Mais pour Dubaï, les gens tout n’est malheureusement pas possible dans quiez que votre objectif était de redonner commencent à profiter des prix très favo- l’Europe libéralisée. confiance aux gens. Est-ce que votre rables en début de remplissage de l’avion pour objectif est atteint aujourd’hui ? Quand est-ce que vous espérez réserver leurs vacances en automne. Oui, je pense que nous avons d’excellents que Luxair pourra vraiment redécoller, financièrement parlant ? retours pour la majorité des passagers. Notre Certains tour-opérateurs proposent concept d’offrir, pour LuxairTours, les tests des offres de voyages pour inciter les Pour moi, sortie réussie de cette crise ne rime et toutes les procédures à destination porte télétravailleurs à aller passer leur journée pas avec redécollage financier. Il y a deux clés ses fruits. Les gens nous font confiance, ils de travail sous le soleil dans le sud de pour mesurer la réussite de cette sortie de apprécient aussi de ne devoir se soucier de l’Europe. Est-ce que vous envisagez cela ? crise : d’abord, je voudrais réussir à avoir une rien et on voit de nouveaux clients (par le J’invite tous les clients à profiter du soleil culture d’entreprise qui fasse que tout le monde bouche-à-oreille, par exemple, dans les com- partout sur notre réseau [rires]. est content et fier de travailler pour Luxair. La deuxième chose pour mesurer la réussite, munautés d’expats) qui trouvent en Luxairc’est que je voudrais pouvoir signer en 2024 Tours un service beaucoup plus complet que Les aéroports régionaux frontaliers du Luxembourg traversent de fortes s’ils combinent un vol et un hôtel simple. ou 2025 pour de nouveaux avions. Cela monturbulences, comme Lorraine Aéroport, trerait que nous avons réussi à convaincre les dont le tableau des départs est vide, Vous espérez, fin juin, voler à 80 % de vos banques et nos actionnaires à trouver un capacités avec LuxairTours. Les prévisions modèle qui nous permette de devenir durables quant aux tendances du tourisme pour sur le long terme. les prochaines semaines portent sur des locations de vacances au détriment Qu’est-ce que vous diriez aux gens qui des hôtels. Cela vous pousse-t-il à adapter hésitent à prendre l’avion cet été ou l’offre de LuxairTours ? qui veulent se laisser tenter par un road trip ? Je dirais à tous qu’aujourd’hui, l’avion est le Les locations ne sont pas quelque chose de noumoyen de transport le plus sûr qui existe du veau, nous sommes aussi en train de travailler sur ce concept. On va introduire une production point de vue du Covid et de la sécurité. Il n’y LE TOURISME dynamique avec beaucoup plus de choix d’hôa aucun moyen de transport plus régulé et POUR REDÉCOLLER tels et de plus petits hôtels aussi à partir de cet encadré. C’est pour cela que les mesures, chez En 2020, Luxair a transporté 71 % été. Si un passager est testé positif à destination, nous, sont plus contraignantes que pour d’autres de passagers de moins qu’en 2019, nous garantissons aussi la prise en charge de la moyens de transport, parce qu’ici, on peut renseigne son rapport annuel, tandis nourriture et l’hébergement. C’est un service cadrer les voyageurs, alors que dans les voique son taux d’occupation a diminué de 15 % pour atterrir à 52 %. tures, par exemple, ce n’est pas possible. qui n’est pas inclus quand on loue d’autres logeLa compagnie aérienne ambitionne ments. On voit que le client veut de la certitude toutefois de renouer avec son niveau Et vous partirez en vacances cet été ? aujourd’hui, il veut être accompagné, et nous d’activité d’avant-crise à l’horizon 2024, mais uniquement pour Bien sûr, je partirai en avion. Je planifie d’alnous adaptons. C’est pour cela que l’on propose le segment des loisirs. ler en vacances en Grèce cette année, peutaussi Mykonos et Santorin, par exemple, qui « Sur le segment des affaires, j’estime être à Mykonos ou Santorin, l’une de nos sont des destinations plus petites, avec des hôtels qu’entre 25 % et 30 % sont perdus pour nouvelles destinations. Je vais partir avec les plus petits, moins de tourisme de masse. On toujours, confie Gilles Feith. On ne va enfants et ce sera quelque chose de beau. Il voit qu’il y a une demande pour ces destinations. plus voyager à 10, mais à 3 ou 4. Je pense que le prospect présent faut apprendre à vivre avec ce virus. sur place aura plus de chances Le Statec a souligné, en avril, le regain de l’emporter face à un concurrent d’intérêt pour les séjours de proximité qui remet une offre à distance. » Les volumes étaient élevés, mais il faut dire aussi qu’ils sont considérés et payés en poids. Beaucoup de ces marchandises arrivées l’année dernière n’étaient pas très lourdes : les masques ne pèsent pas énormément, mais c’est un grand volume qui vous bouche le Cargo Center et ne rapporte pas grand-chose. La situation est un peu meilleure aujourd’hui.
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« Le petit Luxembourg sait plaider »
Philippe Sylvestre veut faire prospérer l’art oratoire au Luxembourg.
Les « jeunes » avocats du Barreau vont s’affronter à coups de mots lors du prochain concours d’éloquence Tony Pemmers, organisé par Philippe Sylvestre, le président de la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg. Interview JEREMY ZABATTA
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Photo ANDRÉS LEJONA
Philippe Sylvestre
BIO EXPRESS Naissance Philippe Sylvestre est né le 19 août 1988 à Luxembourg.
En premier lieu, qu’est-ce que la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg ? C’est une institution qui date de 1923 et dont nous fêterons le centenaire dans deux ans. Elle représente tous les avocats ayant jusqu’à 10 ans d’ancienneté. Il n’y a pas de cotisations, les avocats sont automatiquement membres de la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg (CJBL).
Formation Il a étudié le droit à la Sorbonne, à Paris, puis aux États-Unis, au sein de l’université de Pennsylvanie. Il a été assermenté en 2014. Carrière Il officie au sein du cabinet Brucher Thieltgen & Partners en tant que senior associate et avocat à la Cour.
Quelle est sa fonction ? Elle est multiple. Elle va de l’organisation d’événements pour permettre aux avocats de au Luxembourg, on apprend sans doute le se rencontrer à l’organisation de formations. français différemment que lorsqu’il s’agit Cette année, avec le Covid-19, il y a eu moins d’une langue maternelle. d’événements en raison des restrictions. Quant aux formations, au début, elles étaient sur- Justement, pourquoi n’y a-t-il pas de tout dédiées aux jeunes avocats, mais main- concours d’éloquence en luxembourgeois tenant, ce sont des formations qui s’adressent ou en allemand ? à tous. La crise sanitaire a eu le mérite de Pour ne pas limiter l’audience. Il faut comfaire augmenter le nombre de participants. prendre le fonctionnement de la justice au Les formations se déroulant en visioconfé- Grand-Duché. Le luxembourgeois, le français rence, nous avons vu passer leur nombre et l’allemand sont les trois langues adminisd’une centaine en présentiel à 250, et même tratives du pays. Mais devant le tribunal, tout 350 personnes en visioconférence. Enfin, on se fait en français. Il est possible d’écrire en organise tous les deux ans la rentrée judi- allemand, mais ce n’est pas bien vu. L’ensemble ciaire. On y invite entre 200 et 300 avocats, des juges et des avocats ont une formation en ainsi que des orateurs prestigieux. Et l’année droit qui s’est faite en France ou en Belgique. où on ne fait pas la rentrée judiciaire, on met La terminologie juridique allemande est telen place une pièce de théâtre satirique. Il ne lement différente. Les plaidoiries peuvent se faut pas oublier que nous jouons également faire en luxembourgeois, mais vous devez un rôle de soutien auprès des jeunes avocats, plaider en français si votre confrère ne plaide qui peuvent toujours se tourner vers nous pas en luxembourgeois, ce qui donne lieu parpour des questions portant sur la rémunéra- fois à de petites querelles. Ce fonctionnement tion, les examens, etc. oriente donc naturellement les débats vers la langue française, et non vers l’allemand ou le Le président a-t-il un rôle spécifique luxembourgeois. Il y a quelques exceptions, au sein du Jeune Barreau ? comme, par exemple, en droit fiscal, même Il doit fédérer les membres de la Conférence si les lois ont été traduites en français. du Jeune Barreau de Luxembourg en organisant des événements qui touchent l’ensemble Qu’est-ce que l’éloquence ? des avocats, qu’ils viennent de grands ou de C’est de pouvoir convaincre une personne petits cabinets. Il y a parfois une distinction d’un sujet ou d’une idée que l’on ne porte pas entre ce que l’on appelle les avocats du forcément soi-même. Avec l’éloquence, il est Kirchberg et ceux de la ville, qui vont davan- possible de transmettre cette idée sans nécestage plaider, alors que ceux du Kirchberg vont sairement être dans la complexité au niveau rarement le faire. Donc, nous devons veiller du phrasé. Le plus important étant de transà fédérer tout le monde en restant accessibles mettre une idée et de convaincre son contraà tous les avocats. Mais au-delà du rôle du dicteur, ou le juge, dans le cas d’un avocat. président, c’est surtout un travail d’équipe qui est réalisé au sein du Comité de la Confé- Comment peut-on progresser en éloquence ? rence du Jeune Barreau de Luxembourg. L’éloquence n’est pas seulement l’art de parParlons un peu de ce concours ler. Les silences, la gestuelle, le regard, la prise d’éloquence Tony Pemmers… de possession des espaces forment un tout. Ce concours d’éloquence a pour but de faire De par son métier, l’avocat peut évidemment prospérer l’art oratoire. Au Luxembourg, l’élo- avoir des facilités. Mais le meilleur moyen de quence est peut-être moins ancrée dans la progresser est peut-être d’observer les avoculture qu’elle ne l’est aux Barreaux de Paris, cats plus anciens. Le matin, au tribunal, les de Bruxelles, ou encore de Liège, qui ont leurs affaires sont plaidées suivant l’ancienneté des propres concours d’éloquence. Les avocats avocats. Les plus jeunes se mettent dans le luxembourgeois n’aiment pas tellement l’exer- fond de la salle, et ils peuvent écouter et apcice, du fait de la barrière de la langue. Le prendre en regardant la façon de plaider des français n’est pas leur langue maternelle, et, avocats expérimentés.
Il y a plusieurs façons de plaider ? C’est parfois intéressant. Certains viennent avec des fiches dactylographiées ou imprimées. D’autres viennent avec seulement quatre lignes écrites au stylo-plume sur une feuille. J’ai déjà vu un avocat très expérimenté plaider pendant quatre heures avec seulement quatre lignes couchées sur la feuille. Il avait un fil conducteur, et il a réussi à conserver son idée tout au long de son plaidoyer. Peut-on juger la qualité d’un avocat à son éloquence ? Je pense que l’on peut juger la transmission de son idée, mais pas la qualité de celle-ci. La forme peut être bonne, mais le contenu, fait d’arguments juridiques, mauvais. L’art oratoire ne veut pas forcément dire que l’avocat est bon. Cela embellit sa prestation. L’avocat ne va pas gagner son affaire uniquement par l’éloquence. Le juge détient aussi les pièces de l’affaire. L’éloquence permettra peut-être au juge de mieux garder en tête une position et faciliter sa compréhension du dossier. Ce n’est pas l’éloquence qui fera gagner l’affaire, mais bien les pièces du dossier. L’éloquence est-elle toujours indispensable dans le métier d’avocat ? Je pense que, si vous avez des dossiers financiers traitant de sujets plus techniques ou abstraits, l’éloquence pourra être utilisée pour mieux les résumer et réaliser une meilleure synthèse. Mais il y a aussi des juges qui n’écouteront pas, ou feront semblant d’écouter l’avocat, et qui se baseront uniquement sur ce qui est écrit. Revenons au concours en lui-même. Est-il ouvert à l’ensemble des avocats, même ceux qui ne plaident pas au quotidien ? La circulaire a été envoyée aux 3.000 avocats du pays. On a de petits cabinets et de grands cabinets qui participent. Nous avons même des cabinets qui ne vont jamais au tribunal. Les participants viennent surtout car ils aiment l’art oratoire, qu’ils plaident ou non au tribunal. Si l’on parle d’un concours, c’est qu’il y a un jury. Comment se composera-t-il ? Le président du jury est Francis Delaporte. Il est le président de la Cour administrative, la plus haute juridiction du pays d’un point de vue administratif. Dans le jury, il y a aussi Martine Solovieff, la procureure générale d’État, qui est le plus haut représentant du Parquet. La ministre de la Justice, Sam Tanson (déi Gréng), qui est une ancienne avocate plaideuse, est également dans le jury. Enfin, on retrouvera Me Pierre-Emmanuel Roux, lauréat de l’édition 2020 du concours, et Mike Koedinger, fondateur et président de Maison Moderne. Normalement, nous n’avons que JUILLET 2021
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Conversation Philippe Sylvestre
Cette année, le concours d’éloquence aura lieu en comité restreint… Il n’y aura pas de public afin de respecter les mesures sanitaires. Pour autant, le jury et les membres du Comité de la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg seront présents. Disons que le public sera effectivement très restreint. Pour compenser, il sera tout de même possible de suivre le concours en ligne sur le site de Paperjam. C’est ouvert à tout le monde, et il n’y a aucune restriction, que l’on soit avocat ou non. Il faut uniquement s’inscrire au préalable sur internet. L’événement se veut ouvert, et il ne faut pas nécessairement être issu du monde juridique pour apprécier le concours. Ce n’est pas un concours de droit, et les sujets ne tournent pas exclusivement autour du monde juridique. Ils abordent plutôt des questions philosophiques ou des questions de société.
Si la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg (CJBL) réunit les jeunes avocats du Barreau de Luxembourg et de Diekirch, les deux circonscriptions aiment se distinguer l’une de l’autre. Mais pour la petite histoire, Tony Pemmers, né le 19 août 1893 à Diekirch, a été le fondateur, et premier président, de la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg. Tony Pemmers a également été élu député en 1931. Il est décédé en décembre 1933. Un flou demeure autour de l’inscription de Tony Pemmers au Barreau de Diekirch ou au Barreau de Luxembourg au moment de la création de la CJBL. « Nous n’avons pas pu retrouver les éléments dans les archives », indique Philippe Sylvestre.
oratoire, c’est aussi jouer avec le public et ses réactions. Emmener le public avec soi, dans son récit, le faire réagir, ou même entendre son mécontentement, sont autant d’éléments qui font partie de l’art oratoire. C’est pour cela que les membres du Comité seront présents, pour créer une petite audience. Mais toujours en respectant les règles sanitaires.
Qu’est-ce qu’il y a à gagner ? L’orateur qui remporte le concours d’éloquence Participer à un concours d’éloquence Tony Pemmers gagne le droit de participer au sans public, c’est un exercice encore Prix Paris-Montréal de la Francophonie, orgaplus difficile. C’est un peu comme jouer nisé au sein de la Cour d’appel du Québec, à au football dans un stade vide. Montréal. À noter que le Jeune Barreau finance L’exercice sera effectivement un peu plus dif- le voyage. L’année dernière, en raison de la ficile, et les participants devront s’adapter à crise sanitaire, cette manche s’est faite en la situation. Mais je suis du même avis, l’art visioconférence. Cette année, je ne sais pas encore sous quel format le prix aura lieu.
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pour le reste de sa carrière en droit. J’ai répondu que non, qu’il devait aller au bout de ce dont il avait envie. Pour moi, une étude qui voit cela d’un mauvais œil est enfermée dans des cases. De nos jours, il faut sortir des cases. Certains pensent qu’il faut se concentrer uniquement sur le droit pur et dur. Alors que d’autres prennent une année ou plus pour se consacrer à d’autres matières. C’est un enrichissement, et l’on s’appauvrit rarement en s’intéressant à des matières supplémentaires. Participer à un concours d’éloquence est une bonne expérience pour un avocat ? L’art oratoire, passer ce concours, cela montre aussi que l’avocat n’a pas peur de parler devant une salle. Cela montre qu’il peut représenter le cabinet, vendre des services et s’adapter rapidement à des situations qui ne sont pas prévues. On peut croire qu’un concours d’éloquence est un exercice poussiéreux, mais finalement, c’est assez moderne ? C’est moderne, car l’éloquence renoue en quelque sorte avec la superconnectivité de la société. Aujourd’hui, la communication est d’autant plus difficile du fait qu’elle est devenue instantanée et sans filtre. Les politiciens vivent cette situation tous les jours. L’art de bien parler et de bien communiquer est toujours à l’ordre du jour. Avez-vous un conseil à donner aux orateurs qui vont participer au concours Tony Pemmers ? Rester fidèles à leurs valeurs et ne pas avoir peur, même s’ils sont devant la ministre, la procureure générale et le président de la Cour administrative. En luxembourgeois, on dit qu’« ils cuisinent également avec de l’eau ». Il ne faut pas se laisser impressionner par le jury.
On comprend que l’éloquence est un atout pour l’avocat. Mais est-ce qu’un avocat Un avocat du Barreau de Luxembourg peut être timide tout en faisant carrière ? a-t-il déjà remporté la manche au Québec ? Oui, ça existe. Il y a différents types d’avocats. Oui, c’était en 2019. Me Laurie Lougsami (28 ans Vous avez l’avocat qui aime bien parler et à l’époque), assermentée en septembre 2018 s’entendre parler. Vous avez aussi le techniet junior associate chez Allen & Overy, a rem- cien qui est fort dans son domaine, mais peutporté le Prix Paris-Montréal de la Francopho- être plus réservé. Il va alors envoyer un autre nie. Cette victoire a été une bonne chose pour avocat pour plaider. Souvent, dans les cabile Barreau, et cela a montré que le petit Luxem- nets, vous avez un avocat qui instruit le dosbourg sait plaider. sier, mais qui ne souhaite pas plaider, et donc c’est un autre avocat qui plaide. Je pense que, Sur le CV d’un avocat, avoir gagné si une personne est timide, l’éloquence est un concours d’éloquence est un plus ? un bon exercice. Il ne faut peut-être pas se Ce n’est que mon avis personnel, mais je pense lancer directement dans un concours, mais que tout ce qui sort du commun est bon à pourquoi pas suivre des cours, donner des prendre. J’ai eu dans le passé un étudiant en cours ou parler devant les gens. droit qui, une fois son diplôme en poche, s’est dirigé vers la musique. Il était violoniste et il se posait énormément de questions avant d’al- Découvrez les talents en éloquence des jeunes avocats du Barreau lors du livestream qui aura lieu le mardi 29 juin ler à Salzbourg pour étudier le violon. Il se à 17 h, en partenariat avec le Paperjam + Delano Club. demandait si cela n’allait pas être pénalisant Plus d’informations sur paperjam.lu/club
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Combien d’orateurs vont s’affronter ? Il y aura 10 orateurs, qui auront entre 6 et 8 minutes pour présenter leur sujet et qui devront répliquer à une ou deux questions du jury. La réplique fait également partie de l’art oratoire. Les candidats doivent pouvoir s’adapter rapidement en réplique et en répondant aux questions du jury.
BARREAU DE DIEKIRCH OU DE LUXEMBOURG ?
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des avocats dans le jury, mais nous avons décidé d’innover un peu, avec la présence de la ministre, mais aussi de Mike Koedinger, qui peut, je pense, avoir une vision complètement différente des autres membres du jury.
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Conversation
« L’opportunité de la prochaine décennie à Luxembourg »
Michael Mbayi est un des rares experts luxembourgeois en fund finance.
Michael Mbayi, avocat chez Wildgen, vient d’être distingué par la Fund Finance Association. L’occasion de parler d’une activité peu connue, mais porteuse d’opportunités pour la Place. Interview MARC FASSONE
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Photos ANDRÉS LEJONA
Michael Mbayi
BIO EXPRESS
Parlez-nous du prix que vous venez de recevoir. Je suis impliqué dans la fund finance depuis une dizaine d’années. C’est dans ce cadre que la Fund Finance Association, l’association de référence dans le domaine, m’a décerné son prix 2020 pour ma contribution et mon engagement dans ce secteur. C’est la plus haute distinction possible en fund finance. Plus que la distinction individuelle, le fait que ce prix soit attribué à un avocat qui se trouve au Luxembourg montre la place centrale du pays dans la finance. C’est une bonne occasion d’éduquer le marché et de sensibiliser les banques à ce potentiel dont peu ont conscience. Qu’est-ce que la fund finance ? Ce sont des prêts bancaires octroyés à des fonds d’investissements, généralement des fonds d’investissement alternatifs. C’est une niche dans laquelle il faut être très spécialisé. Il en existe de différents types. Il y a d’abord ce que l’on nomme la « subscription facility ». Cela représente la majorité des prêts accordés en fund finance. Ici, une banque prête à un fonds, et dans son analyse de crédit, elle regarde qui sont les souscripteurs de ce fonds. En cas de défaut, la banque aura la possibilité de demander aux investisseurs de rembourser directement ce que devrait le fonds. C’est un produit qui est assez robuste pour les banques puisque, généralement, les fonds à qui elles vont prêter sont des fonds qui ont des investisseurs de qualité. Le risque est donc très faible. À côté de ce qui est le produit phare de la fund finance, existe la « NAV facility ». Dans ce cas de figure, l’analyse de crédit porte sur les actifs du fonds et leur valorisation. C’est sur cette base que des prêts pourront être faits. Et enfin, il existe une formule hybride dans laquelle l’analyse de crédit porte sur les deux aspects. Pourquoi des fonds d’investissement font-ils appel à ce type de produits ? Bien sûr, une fois un fonds lancé, les souscriptions tombent et le gestionnaire peut
« On a cette jonction entre fonds et finance vraiment unique. »
Formation Originaire de Bruxelles, Michael Mbayi obtient un master en droit en 2005. Carrière locale Avocat spécialisé en droit bancaire et financier et marché des capitaux, il commence sa carrière chez Wildgen en 2005, puis rejoint le cabinet Clifford Chance Luxembourg en 2011 avant de revenir chez Wildgen en février 2020 avec le titre de director. Reconnaissance internationale La Fund Finance Association lui remet son prix 2020.
commencer à investir. Mais ce n’est pas toujours aussi fluide. Même si l’investisseur s’engage à souscrire, il y a toujours un délai entre le moment où le gestionnaire fait son appel et celui où les fonds sont débloqués. Ce qui peut être gênant, car les transactions sont en général rapides dans le monde des fonds alternatifs et du private equity. La fund finance sert de solution de liquidité pour les fonds. C’est une ligne de crédit que la banque met à disposition du gestionnaire et qui sera remboursée à l’arrivée des fonds des investisseurs. Pour les NAV facilities, le gestionnaire peut y recourir en cas de modification de la valeur d’un actif ou d’une perte de liquidité. C’est devenu un outil dans la palette des gestionnaires qui leur permet d’être plus flexibles. De plus en plus, dès la création d’un fonds d’investissement, de telles facilités sont mises en place. C’est donc un marché en plein développement et une opportunité pour la Place ? Oui. À mes yeux, la fund finance est l’opportunité de la prochaine décennie à Luxembourg. Pour plusieurs raisons. La première est que le Luxembourg est le deuxième domicile de fonds derrière les États-Unis, et probablement celui où la concentration de professionnels est la plus grande. Le Luxembourg est également une place bancaire et financière de premier plan. On a, au Luxembourg, cette jonction entre fonds et finance vraiment unique. Et, enfin, on a l’environnement juridique adéquat pour mettre en place des transactions de fund finance avec un droit civil et un droit des garanties financières robustes qui rassurent les prêteurs. C’est vraiment une opportunité pour les banques de la Place de pouvoir aussi fournir ce type de produits parce que, pour l’instant, c’est une pratique qui est née aux États-Unis et qui se développe en Europe depuis Londres. Les banques luxembourgeoises ont-elles saisi cette opportunité ? Il y a une dizaine d’années, la fund finance restait peu connue du côté des investisseurs. Il y a eu tout un travail d’éducation qui a été mené
depuis et l’activité a gagné en visibilité. Si la fund finance gagne à être connue, il n’y a pas encore beaucoup d’experts sur la Place. Mon prix peut – et je l’espère – donner plus de visibilité à cette activité. C’est important d’éduquer le marché parce que, même au niveau des banques au Luxembourg, il y en a très peu qui y sont familiarisées. Quand on voit le potentiel, on se dit que c’est dommage, au final, que peu de banques locales puissent en profiter et que cela reste encore le gâteau d’un business cross-border. Quels sont leurs défis pour le faire ? C’est d’abord à chaque banque de déterminer sa stratégie. Dans le secteur, la compétition est internationale et il vaut mieux se spécialiser sur une taille de fonds, un type de produit ou encore une classe d’actifs particulière. Il faut également les bonnes ressources humaines : les personnels en charge de l’analyse de crédit doivent être familiers avec l’univers des fonds d’investissement alternatifs afin de bien comprendre comment tout cela est structuré et il faut aussi des spécialistes de la chose juridique qui vont prendre les mesures de sécurité appropriées. De plus, la fund finance est un secteur très innovant, notamment dans la finance durable. On voit se développer des prêts qui sont liés aux critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). De plus en plus, on trouve dans les contrats des indicateurs de performance ESG. Par exemple en matière de diversité. Quand ces indicateurs sont atteints, il y a une diminution du coût du crédit. C’est une manière pour les banques de participer aussi au mouvement de la finance durable et d’inciter les managers des fonds d’investissement à participer également à cet élan-là, et à mettre en place de telles pratiques dans leurs politiques d’investissement. Le cadre juridique est là, il est clair. Le socle est là, il est robuste. Le Luxembourg a tous les atouts en main. Les managers sont là et les besoins aussi, c’est plus aux banques de saisir les opportunités. De quels montants parle-t-on ? Il n’y a pas d’estimation du montant des encours de tels prêts sur la Place. Ces facilités peuvent atteindre facilement quelques centaines de millions d’euros, voire même des milliards pour ce que l’on appelle les « umbrella facilities ». Ici, ce sont plusieurs fonds – généralement dépendants du même gestionnaire – qui participent à la même ligne de crédit. C’est un dispositif global dans lequel chaque fonds pourra tirer une tranche de manière individuelle. D’un point de vue du prix, c’est plus avantageux, et pour la banque, c’est plus intéressant, car cela lui permet de construire une relation commerciale pérenne avec un manager pour tous ses fonds. JUILLET 2021
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Conversation
« L’exception culturelle doit pouvoir être considérée »
Coordinatrice du projet Waterwalls, Séverine Zimmer regrette l’excès de contraintes environnementales pour un projet cutlturel.
À l’occasion de Waterwalls, Séverine Zimmer, fondatrice et directrice de Services for Creatives, explique le concept développé pour ce festival artistique qui se déroule dans un cadre naturel unique, les barrages de la Haute-Sûre. Interview CÉLINE COUBRAY
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Photo ANDRÉS LEJONA
Séverine Zimmer
BIO EXPRESS
Prévu initialement en 2020, le festival Waterwalls est réalisé à Esch-sur-Sûre par l’association Séibühn qui s’est adjoint les services de Séverine Zimmer (Services for Creatives) pour la coordination du projet. Durant tout l’été, des créations contemporaines d’artistes nationaux de renom servent de cadre aux performances artistiques qui se déroulent sur cinq scènes ouvertes placées à proximité des barrages. En dehors du programme des performances, les installations sont à découvrir pendant toute la durée du festival, installées dans un paysage exceptionnel et préservé. Waterwalls est un festival artistique qui se réclame être en « culture circulaire ». Pouvez-vous nous expliquer ce que recouvre ce terme ? Il s’agit d’être au plus proche des principes de l’économie circulaire pour un événement culturel, artistique en l’occurrence. Pour moi, ce principe de l’économie circulaire se résume assez simplement à retrouver du bon sens, à sortir du consumérisme pour retrouver notre rapport à la terre. Ce terme a le mérite d’inscrire le festival selon la base de l’économie circulaire, à savoir réduire, réutiliser et recycler. Que signifie réduire ses besoins à l’échelle d’un festival ? C’est partir du projet et se demander de quoi on a besoin. Au moment du jury de sélection des participants, nous avons été accompagnés par un expert en économie circulaire, Bruno Renders, qui a attiré notre attention sur différents points comme les matériaux envisagés, la consommation d’énergie, la logistique nécessaire… Chaque projet a été analysé selon ces critères de durabilité, et cette évaluation a compté tout comme peuvent compter la pertinence artistique de la proposition ou la faisabilité financière. Pour autant, les candidats n’étaient pas pris au dépourvu sur ces questions puisque ces points d’attention étaient précisés dans le cahier des charges transmis au moment de l’appel à projets. Absolument, tous les participants étaient sensibilisés à cette approche, ils savaient qu’il fallait y répondre au mieux. Au moment de la candidature, ils étaient invités à prendre connaissance d’une annexe qui rassemblait les principes de l’économie circulaire et quelques exemples de best practices d’autres festivals. Nous les avons ainsi informés tout en les laissant libres dans leurs choix créatifs. L’objectif était de rendre les participants conscients de ces pratiques de bon sens dès la formulation du projet. Un accompagnement supplémentaire et plus précis en fonction des projets a été élaboré par la suite. Cela nous a permis de réfléchir, projet par projet, aux ressources nécessaires, d’obtenir le juste équilibre entre
Un passage dans les musées Après son diplôme en histoire de l’art (2002), elle devient assistante de projets éducatifs et d’expositions pour le MNHA jusqu’en 2004.
Services for Creatives En 2015, elle fonde sa société ART_is(t) qui devient, en 2019, Services for Creatives et élargit son champ d’action à tout le secteur culturel.
mais aussi avec des limites, car l’économie circulaire est un autre monde, en complète opposition avec nos valeurs actuelles d’économie de marché qui sont purement capitalistes. C’est pourquoi on a dû annoncer à nos artistes qu’ils ne pourront pas travailler avec les ressources du centre de recyclage, car le cadre légal actuel ne le permet pas, à moins d’introduire des demandes d’autorisation qui ne sont pas réalistes par rapport à la durée de montage d’un projet comme celui-ci…
trouver une ressource à l’échelle locale et ne pas perdre en qualité. Car ces principes ne doivent bien évidemment en aucun cas désorienter les projets artistiques. L’objectif est de parvenir au minimum dont on a besoin sans nuire à la qualité artistique.
Le dernier pilier est celui du recyclage. Comment l’avez-vous abordé ? Là, il faut se poser la question – qui est souvent oubliée – de la recyclabilité des matériaux utilisés, préférer certains matériaux à d’autres, privilégier des systèmes d’assemblage mécanique, essayer dès le départ de trouver une autre vie aux éléments mis en œuvre... On y arrive plus ou moins.
Free-lance Entre 2004 et 2006, elle se consacre à des travaux de rédaction ainsi qu’à l’organisation d’expositions. Un passage par la danse Elle rejoint l’équipe du Trois C-L et en devient directrice administrative.
Le second pilier est le reuse. Pour ce point-là, on s’imagine facilement ce que cela implique pour les matériaux mis en œuvre. Cela passe effectivement par le réemploi des matériaux de construction des installations. Mais on peut aussi, si l’on a besoin d’une sonorisation par exemple, se poser la question d’une location à un prestataire de services qui viendrait de Luxembourg ou d’Esch, ou si l’on favorise le partage des ressources, demander plutôt au conservatoire de la région de nous prêter ce matériel. Cette approche est certes vertueuse matériellement parlant, mais demande par contre beaucoup plus d’énergie et de temps pour l’organiser… C’est certain que cela coûte plus cher que de commander par internet, car cette démarche demande plus de temps pour trouver des partenaires, expliquer nos besoins. Mais c’est aussi très enrichissant, car c’est un temps fait d’échanges, de dialogue. On retire un vrai bénéfice à mettre en commun nos outils, nos matériaux, nos savoirs. Avez-vous pu vous appuyer sur des réseaux existants ? L’association Séibühn, qui est à l’origine de ce festival, nous donne accès au réseau d’associations fédérées par IMS Luxembourg. Cela nous a permis, par exemple, de passer des appels à leur réseau quand il nous manquait quelque chose. Mais il faut être conscient que faire appel aux entreprises locales est juste naturel dans cette région du pays. C’est comme cela qu’ils travaillent tout le temps. Ces contacts avec les partenaires, les plus locaux possibles, sont précieux et serviront aussi pour les futures éditions de ce festival, qui a encore un fort potentiel de développement. Car il faut aussi que nous soyons réalistes : nous faisons au mieux,
Portez-vous ces points d’attention non seulement sur les installations et les œuvres en elles-mêmes, mais aussi sur les infrastructures qui accompagnent le projet ? Effectivement. Et pour cela, les agents des services techniques des communes sont très importants. Comme la commune d’Esch-sur-Sûre se trouve dans une zone Natura 2000, les agents techniques sont sensibilisés à ces questions environnementales et de préservation des ressources. Ils cherchent des solutions à nos questions. Cela se construit dans un dialogue. Ils mettent par exemple à notre disposition des poteaux en bois qui servent normalement en hiver quand il y a de la neige. Avec la collaboration de Jan Glas et des étudiants du Lycée des arts et métiers, on a trouvé un système réversible pour intégrer notre signalétique dans ces poteaux. On a également développé une réflexion pour les outils de communication, comme les bâches du festival qui sont imprimées sans date pour être réutilisables dans les années à venir, et réalisées sur des matériaux sans PVC. Je précise également que nous souhaitons être labellisés Green Events et donc que nous suivons la charte adéquate. Être proche des principes de l’économie circulaire dans cette région n’est pas si compliqué, car beaucoup d’éléments sont déjà en place. Il faut juste veiller à ce que les phases de préparation puis de développement du projet aillent dans la bonne direction. Est-ce qu’animer ce territoire fait partie des enjeux du festival ? Cela n’était pas clairement défini au départ, mais cela se révèle être le cas. Un tel festival, avec son envergure, anime évidemment le territoire. Et cela se fait avec la complicité des acteurs locaux, en co-conception. Le projet de Serge Ecker, par exemple, se construit avec l’aide des scouts, dans les ateliers communaux JUILLET 2021
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Conversation Séverine Zimmer
et les morceaux de tissu vont être teintés lors d’un atelier avec une maison relais et cousus avec le club senior. Pour le projet de Justine Blau, nous avons travaillé avec le Naturpark, et pour celui de Marco Godinho, c’est le Centre d’initiative et de gestion régionale (CIGR) de Wiltz qui nous aide. Ces collaborations sont très importantes, car qui s’associe à la phase de construction porte déjà le projet. Ce festival est en fait l’héritier d’une autre initiative, le festival Séibühn, qui est aujourd’hui arrêté. Pourquoi ? Le festival Séibühn était actif entre 2013 et 2015, et avait un autre objectif. Il s’agissait de présenter des concerts dans ce cadre exceptionnel du lac de la Haute-Sûre. L’organisation souhaitait, à terme, recevoir une autorisation pour construire une scène sur le lac. L’idée était de proposer, à l’occasion du festival, une programmation de qualité attirant du monde et validant, par l’intérêt et le succès, la nécessité d’avoir une scène sur le lac. Mais les choses ne se sont pas déroulées ainsi, car la nature est très protégée au Luxembourg, et en particulier l’eau. Une protection qui, cette année encore, vous pose problème, puisque le projet phare du festival a été interdit et a dû être, par conséquent, entièrement repensé. La loi, comme elle est écrite, impose une rigidité qui ne confère aucune interprétation. Elle impose une application pure et simple du règlement qui ne laisse aucune place à la particularité. Pour travailler avec la nature, il faut avoir une compréhension de ses particularités. Pour travailler la culture au sein de la nature, il faut avoir la compréhension de ces deux domaines spécifiques. Or, nous sommes confrontés à une administration purement procédurière, qui nous oblige à appliquer la modification d’un règlement grand-ducal de manière immédiate et sans aucune dérogation possible. Ce qui nous contraint en effet à transformer complètement le highlight du festival.
« Le risque est de se retrouver face à un problème de diversité culturelle. » 52
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WATERWALLS Dates Du 17 juillet au 25 septembre. Artistes Yo Studio et Lagerkultur ; Justine Blau et Stéphane Ghislain Roussel ; Mad Trix avec Ruth Lorang, Damiano Picci, Olivier Lang et Cédric Fischer ; Serge Ecker et Giacomo Piovan ; Marco Godinho et Fabio Godinho. Lieux Le long de la Sûre, au niveau des barrages 1-6, 2, 3, 4, 5.
En quoi consistait ce projet ? Il s’agissait d’appliquer l’idée d’une boule disco au contexte du barrage. Les artistes avaient imaginé travailler avec plusieurs centaines de CD positionnés selon un plan courbé et qui reflétaient les rayons du soleil sur l’environnement. Une production artificielle, tout comme l’est le barrage, qui joue de manière poétique et aléatoire avec son environnement. Pourquoi cette œuvre est-elle interdite ? Parce que le nouveau règlement grand-ducal classe le barrage et ses abords en zone 2A, ce qui correspond à une zone où l’on ne peut plus, d’après l’article 8.3, organiser « de manifestations culturelles et sportives, fêtes, marchés… ». Or, cette intervention artistique est considérée par l’administration comme une manifestation culturelle et ne peut donc pas avoir lieu. Mais est-ce correct de considérer cette installation comme une manifestation culturelle ? Personnellement, je ne le pense pas. À mon sens, cette installation ne va pas provoquer des rassemblements de foules qui vont piétiner les biotopes existants, mais plutôt susciter l’émerveillement et la contemplation quelques minutes, calmement, et les visiteurs poursuivront leur chemin, tout comme les promeneurs habituels du site. Mais c’est « non », parce que c’est le règlement, et que la culture et l’art ne font jamais partie des lois. Au-delà de la déception et de la frustration que cela représente, il y a des conséquences économiques et financières. Nous devons mettre à la poubelle un an et demi de travail, sans aucune compensation. Et on nous suggère de concevoir un nouveau projet sur un autre site en deux semaines, ce qui témoigne bien de la totale méconnaissance de ce qu’est la réalisation d’un projet artistique in situ. Selon vous, quelle serait alors la réponse adéquate ? Je ne remets pas en cause l’application de ce règlement, qui était par ailleurs attendu et nécessaire, mais je pense que, dans une telle situation, l’exception culturelle doit pouvoir être considérée. Ce qui est une réalité dans les pays voisins,
comme la France ou l’Italie, n’existe absolument pas au Luxembourg. La culture ne fait même pas vraiment partie des valeurs de notre société. C’est là tout le problème. La ministre de la Culture actuelle tente de rattraper le temps perdu ces dernières années, mais il est évident que la culture n’occupe pas encore la place qu’elle devrait avoir dans notre société. De tout cela découlent les difficultés que nous rencontrons, car nous sommes soumis à appliquer un règlement qui n’accepte aucune exception. Et nous ne sommes pas les seuls à en faire les frais, puisqu’une étape du Skoda Tour (la course cycliste Tour de Luxembourg, ndlr) a aussi dû être annulée pour la même raison. Comment mettre en pratique cette exception culturelle ? Les projets culturels, par nature, ne rentrent pas facilement dans les cases. Il serait intéressant, voire indispensable, d’avoir une cellule spécifique qui prenne en charge l’analyse des projets culturels et interprète les règlements en vigueur. La protection de la nature est tout à fait louable, mais elle est devenue tellement restrictive qu’on se prend les pieds dedans. On manque de flexibilité et d’un raisonnement sain et mesuré. Grâce aux dernières élections, l’environnement a pris une place bien plus importante dans notre société, mais il me semble nécessaire d’avoir aussi des cellules appropriées, avec des personnes sensibles à la fois à la culture et à l’environnement, pour conseiller le ministère de l’Environnement. Vous rencontrez certes un problème avec Waterwalls, mais pensez-vous qu’il y ait un besoin aussi grand qu’il nécessite la mise en place d’un tel cadre ? Oui, je le pense. On va aussi avoir des soucis dans le cadre d’Esch2022 par exemple, où il y a également des projets qui se déroulent dans des cadres naturels. Pour le projet Loop que je réalise avec la commune de Sanem, sur neuf projets présentés, il nous est demandé de réaliser deux études d’impacts environnementaux. Si la commune n’était pas à nos côtés, jamais nous ne pourrions financer ces études qui coûtent, approximativement et en fonction des cas, entre 5.000 et 25.000 euros. Et à cette charge financière conséquente, il faut ajouter un investissement de travail supplémentaire pour les porteurs de projets. Le risque est de se retrouver face à un problème de diversité culturelle, car les petits acteurs, les asbl qui façonnent notre tissu culturel en région, ne vont plus pouvoir réaliser de projets à cause de ces lourdeurs administratives. C’est donc très pervers, car d’un côté on protège l’environnement, mais de l’autre on tue les manifestations culturelles. Si l’on veut permettre qu’il y ait encore de la vie en dehors des espaces autorisés, c’est-à-dire en dehors des musées ou des institutions culturelles, il faut faire évoluer les choses.
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François Trausch gère un portefeuille de plus de 70 milliards d’euros dans l’immobilier chez Allianz Real Estate.
Conversation François Trausch
« Le Luxembourg offre une stabilité » Pour s’occuper de son portefeuille immobilier, l’assureur Allianz compte sur son propre gestionnaire d’actifs : Allianz Real Estate. Une branche que pilote le Franco-Luxembourgeois François Trausch. Il détaille sa stratégie d’investissement. Interview MATHILDE OBERT
Photo HERVÉ THOUROUDE
Allianz, assureur international basé en business de grande envergure aux États-Unis. Allemagne, possède une entité dédiée Mais rien en Asie. Nous avons donc monté une à l’investissement dans l’immobilier. équipe à Singapour pour nous positionner sur Pourquoi ? ce marché en forte croissance. Aujourd’hui, Une compagnie d’assurances investit géné- l’Asie représente 6,6 milliards d’euros. ralement dans le domaine obligataire, un peu dans les actions et dans le secteur alternatif … mais aussi selon le type d’actifs… qui offre des rendements plus élevés (l’immo- Les compagnies d’assurances ont toujours bilier en fait partie, ndlr). Pour une compagnie investi dans le bureau. Chez Allianz, nous d’assurances qui doit adosser ses actifs par nous sommes diversifiés dans des classes rapport à son passif, avoir des actifs à long d’actifs alternatives à l’intérieur de l’immoterme est très attractif. On sait que les obli- bilier, par exemple les résidences étudiantes gations gouvernementales offrent des rende- et la logistique. Cela demande, avant de se ments faibles ou négatifs. Reste l’immobilier lancer, de construire l’expertise, faire venir qui offre cette possibilité, puisqu’une fois des spécialistes de ces secteurs. Ils sont très globaux. Si je prends les résiqu’on détient un immeuble, on peut le détedences étudiantes, les trois grands marchés nir aussi longtemps qu’on le souhaite. sont l’Angleterre, l’Australie et les États-Unis. Depuis votre arrivée à la tête d’Allianz Real En ayant un business en Europe, aux ÉtatsEstate en 2016, vous êtes passés d’environ Unis et en Asie, nous pouvons couvrir ces 40 milliards d’euros d’actifs à 71,5 milliards. Comment ? Il y avait, de la part d’Allianz, une volonté de faire croître ce secteur dans le cadre de sa BIO EXPRESS diversification. Une autre explication vient Naissance simplement de l’évolution du secteur immo30 décembre 1964 bilier, beaucoup plus liquide et transparent, à Luxembourg qui est devenu une véritable classe d’actifs, Avant Allianz prisée par les institutionnels et les family Après un MBA à la Harvard offices (gestionnaires de grandes fortunes, ndlr). University et un master en management à l’ESCP Europe, Tout cela s’est fait dans un environnement de François Trausch démarre sa taux d’intérêt bas. carrière dans la finance en 1988 Je me souviens très clairement d’une discuschez Goldman Sachs à Londres comme associate fixed income. sion que j’ai eue avec Allianz quand je suis arrivé. En 1993, il rejoint Tishman Speyer Je leur ai dit : ‘je pense que c’est une très bonne à New York et à Berlin en tant stratégie d’augmenter votre présence dans l’imque directeur du développement. Il a ensuite occupé différents mobilier, mais ne me demandez pas d’acheter postes chez GE Capital Estate encore un immeuble de bureaux en Allemagne’. en Europe, avant d’être nommé Nous nous sommes mis d’accord sur le fait PDG de la région Asie-Pacifique en 2010. Et de rejoindre, qu’une bonne façon de croître était de le faire cinq ans plus tard, Allianz Real en diversifiant les types d’investissements. Estate, directement comme CEO.
Une diversification géographique… Allianz avait historiquement une activité très importante en Europe. Ils avaient développé un
Autres fonctions Il est aussi membre de l’ULI Global Trustee et de l’ULI Global Board.
opérateurs. Même chose dans la logistique, où les chaînes d’approvisionnement sont globales, donc avoir cette couverture géographique dans trois continents nous a permis d’accélérer notre entrée. Il y a 20 ans, une compagnie d’assurances avait près de 90 % de son patrimoine dans des bureaux. Aujourd’hui, cela représente, pour nous, 52 %. Le reste se partage entre le résidentiel (11 %), la logistique (12 %), les résidences étudiantes (3 %), le retail (17 %), et d’autres classes d’actifs. Je pense que ce partage ne va pas changer, parce que le bureau reste la fondation du portefeuille à long terme d’un investisseur institutionnel. Les autres classes d’actifs sont là pour amener la diversification. Concrètement, comment investissez-vous dans l’immobilier ? De trois façons. La première est d’acheter un immeuble à 100 %, pour lequel nous assurons la totalité de la gestion. La majorité de notre portefeuille entre dans cette catégorie. Une autre façon est d’investir avec un partenaire. La troisième est de prendre des investissements dans les fonds d’autres personnes. C’est une activité minoritaire qui représente quand même environ 10 milliards d’euros. Nous le faisons par exemple lorsque ce sont des actifs plus risqués. Un autre exemple de diversification, au-delà de la géographie et du produit, se trouve dans la façon d’investir. Sur les 71,5 milliards d’euros que nous avons aujourd’hui, 50 milliards sont des actifs que nous détenons ou dans lesquels nous détenons des participations. Mais nous avons développé à côté de cela une activité de financement, qui concerne les 21,5 milliards restants. Nous sommes comme une banque, nous prêtons à des opérateurs immobiliers, en général à long terme. Avec un avantage sur les banques, qui prêtent mais ne peuvent pas détenir les actifs. Car une compagnie d’assurances peut prêter et, en cas de problème, reprendre la gestion de l’immeuble. Nous ne JUILLET 2021
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Conversation François Trausch
Quelle place le Luxembourg occupe-t-il dans votre activité ? Nous avons 400 millions d’euros d’investissement dans quatre immeubles au Luxembourg. Un portefeuille 100 % bureaux. L’actif le plus emblématique se trouve à la Cloche d’Or : l’ensemble immobilier Vertigo.
Sur les 145.000 salariés d’Allianz dans le monde, 500 s’occupent du real estate. Les deux tiers travaillent en Europe et le reste se répartit équitablement entre l’Asie et les États-Unis, dans une vingtaine de bureaux au total. 65,5 % des actifs se trouvent en Europe (principalement en Allemagne, en France et en Italie), 24,2 % aux États-Unis, 9,2 % en Asie. Le reste correspond au global, c’est-à-dire aux investissements indirects réalisés dans plusieurs pays.
Comment la crise a-t-elle touché vos différentes activités ? d’équipes locales nous a permis de rester actifs Les taux d’intérêt sont restés extrêmement sur le marché sans être dépendants de déplabas, les gouvernements ont aidé à la prise en cements transfrontaliers (quand les frontières charge des coûts de pas mal d’entreprises. La ont été fermées, ndlr). catégorie bureaux a été peu affectée à ce jour. Le real estate représente 10 % des montants Nos locataires sont des sociétés de taille investis par Allianz – un pourcentage resté moyenne ou des grands groupes, qui ont stable malgré la hausse de 40 à 71,5 milliards besoin de leur outil de travail, même s’ils l’ont d’euros. Ce qui montre à quel point les invesmis en veille durant les périodes de confine- tissements généraux ont continué à croître ment. On n’est pas très loin d’un rendement eux aussi. de 4 %, ce que nous visions. Le marché de la logistique a fortement Si le télétravail se généralise, progressé avec l’essor de l’e-commerce. Le ne craignez-vous pas une chute retail est le secteur qui a perdu de la valeur des rendements liés aux bureaux ? parce que lorsqu’un centre commercial est Nous allons sortir du Covid avec plein fermé, les loyers ne rentrent pas. Cela nous d’inconnues sur les comportements. N’ayant a conduits à faire des concessions, voire des pas de réponse absolue sur le sujet, nous avons remises de loyer. Heureusement, nous nous fait une étude en dessinant un cercle concenétions positionnés sur des centres de grande trique de 5 km autour des centres-villes ou taille, dits premium, qui ont bien performé des quartiers d’affaires, où le choix de locataires alternatifs est plus grand, et regardé une fois qu’ils ont pu rouvrir. quel pourcentage de notre patrimoine se trouve Le groupe Allianz a publié des à l’intérieur. Pour ceux qui se trouvent à l’extérieur, résultats 2020 en baisse. Qu’en est-il il y a peut-être une réflexion pour les vendre à du chiffre d’affaires du real estate ? terme. Mais je pense que les immeubles centraux Que représente-t-il ? vont plutôt bien s’en sortir. Nous ne communiquons pas sur le chiffre Les gens ne viendront peut-être pas tous d’affaires – qui correspondrait à la collecte les jours au bureau. Mais à moins de leur de loyers. Mais nous faisons en moyenne imposer de venir certains jours et pas d’autres, 4 milliards d’euros d’investissements en acqui- ce qui est difficile, il faudra bien faire face au sition de biens par an, et 5 milliards d’euros jour où tout le monde pourra se retrouver au en achats indirects, via des fonds ou des prêts. bureau, et je pense qu’il faut aussi prendre Nous avons une vingtaine de bureaux à en compte le besoin de plus de convivialité travers le monde, je pense que cette présence et de travail collectif en mode projet.
« Qui est intéressé par l’immobilier l’est par l’urbanisme. » 56
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En Asie, tous les employés sont de retour au bureau, car dans les grandes villes, les conditions résidentielles sont relativement étroites. Aux États-Unis, on a eu un certain nombre de mouvements de gens quittant New York pour d’autres villes moyennes. L’Europe est un peu entre les deux. Cela dépend de la situation et de la densité des villes. Il y aura sûrement des ajustements. Mais je reste convaincu que les grandes villes mondiales restent attrayantes pour les talents, et nous continuerons d’investir dans des bureaux centraux et très bien placés. Qu’en est-il du résidentiel ? La crise pousse certains citadins vers la campagne… Le résidentiel représente 11 % de nos encours, 7,6 milliards d’euros. Il a toujours fait partie des investissements des compagnies d’assurances, mais a été un peu délaissé ces dernières années, parce que les investisseurs privés se sont positionnés très fortement. Mais je pense qu’il y a un retour des investisseurs institutionnels dans ce secteur, que ce soit dans le logement social ou dans le résidentiel fait pour la location, avec des services supplémentaires. Nous continuons de nous positionner sur les grands centres urbains. Quelle stratégie adoptez-vous pour les prochaines années ? Nos cinq thèmes d’investissement seront, premièrement, l’urbanisation. Un phénomène qui va continuer, notamment en Asie. Ensuite, l’adoption des technologies, avec par exemple les centres de données – une classe d’actifs qui n’existait pas il y a quelques années et sur laquelle nous allons nous positionner. L’e-commerce, ce qui veut dire l’investissement dans la logistique. Le développement d’infrastructures supplémentaires. Le GrandDuché en est un bon exemple avec les investissements, ces dernières années, dans le tramway, les routes, le train, etc. C’est structurant pour l’immobilier. Le marché de la Cloche d’Or ne serait pas aussi attractif s’il n’était pas destiné à être connecté au tram, par exemple. Enfin, nous restons dans un environnement de taux d’intérêt bas. Visez-vous de nouveaux territoires ? Nous allons continuer à développer nos trois pôles, parce qu’ils ont en commun un fort niveau de transparence et de liquidité et, pour l’Asie, une forte croissance. Nous irons un jour dans d’autres parties du monde, mais elles sont encore trop volatiles pour un investisseur institutionnel. Notre prise de risque doit être plus limitée que celle d’un investisseur privé, qui le fait pour son propre compte. Quels projets au Grand-Duché ? Le Luxembourg est un pays qui nous intéresse, il offre une très grande stabilité. Donc nous
Maison Moderne (archives)
On parle d’actifs, mais serait-il possible de savoir combien de biens cela représente ? Nous détenons plus de 500 biens en Europe.
PARTOUT DANS LE MONDE
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faisons en général des prêts que sur des immeubles que nous aimerions détenir, donc de haute qualité.
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Conversation François Trausch
continuerons à y regarder les opportunités dans le secteur qui reste le plus liquide : les bureaux. Le logement est trop petit pour nous, géré par des acteurs plus locaux. La logistique représente peut-être un secteur que nous serons appelés à regarder. Le retail n’est pas accessible, les centres commerciaux sont déjà contrôlés.
« Avec le Brexit, beaucoup ont choisi le Luxembourg. »
Quel regard portez-vous sur par rapport au télétravail ? Cela dépendra des le Luxembourg, pays où vous êtes né traités entre les pays. L’autre aspect, c’est quels avant de rejoindre la France ? vont être les besoins de l’Union européenne ? Qui est intéressé par l’immobilier l’est aussi Je pense qu’il faut observer l’impact de ces par l’urbanisme, et j’ai observé un énorme pro- deux mouvements sur la demande. D’un autre côté, avec le Brexit, beaucoup grès dans l’organisation du pays que j’ai quitté il y a 30 ans. Prenons l’exemple du plateau de d’entreprises ont choisi le Luxembourg au Kirchberg. Le Luxembourg a réussi à transfor- même titre que Dublin, Paris, Francfort ou mer ce qui était une autoroute en un quartier Amsterdam comme marché de repli créant urbain, un travail de longue haleine. Un nou- une demande de bureaux. Je pense que pour veau secteur comme la Cloche d’Or est aussi peu que le Luxembourg arrive à produire des intéressant : comment construire un quartier bureaux de qualité, il y aura une demande des à partir de zéro en le connectant au tram. institutionnels pour continuer à y investir. Le Luxembourg a fait venir un certain nombre d’architectes internationaux. Nous sommes Et au niveau mondial, quelles prévisions propriétaires à Paris d’un immeuble de bureaux pour l’investissement immobilier ? important, City lights, qui a été redéveloppé Je pense que les investisseurs institutionnels par Dominique Perrault, celui qui a refait la continueront à voir l’immobilier comme une Cour européenne de justice au Luxembourg. classe d’actifs nécessaire à côté de l’obligaMon père était l’historien Gilbert Trausch taire et des actions. – qui a écrit la plupart des livres d’histoire du Luxembourg –, décédé il y a trois ans. Donc il Peut-on craindre une bulle immobilière ? y a aussi un autre aspect qui me lie à ce pays à Il n’y a actuellement pas de bulle, parce qu’on travers l’effort qu’il a fait pour expliquer com- a des taux d’intérêt bas. Une bulle est en génément le Luxembourg, qui a reçu son indépen- ral créée quand il y a beaucoup d’offres, quand dance il y a un peu plus de 150 ans, a réussi à on construit énormément. Ce n’est pas le cas devenir une nation à part entière. aujourd’hui. Et je dirais que la croissance des loyers a été modérée, ce qui explique pourquoi Le marché de l’immobilier y est tendu, nous ne voyons pas ce même phénomène que avec un manque de logements nous avons peut-être pu voir dans d’autres cycles. et des prix qui grimpent chaque année. Quelle évolution imaginez-vous ? Et au Luxembourg ? Je vais mettre de côté le résidentiel, car ce Encore une fois, je mets de côté le résidentiel. n’est pas un secteur que je connais bien au Mais, dans le bureau, la croissance des loyers Luxembourg. Il y a sûrement un besoin de a été modérée également. logements, mais dans les secteurs des affaires comme le bureau, il y a deux aspects à vérifier : La crise ne crée-t-elle pas des risques comment vont se positionner les frontaliers d’insolvabilité ? Je pense que c’est une question qu’on peut se poser au niveau des financements. Mais comme les taux d’intérêt sont bas, l’effort qu’un emprunteur doit faire par rapport au rendement de son immeuble reste relativeALLIANZ ment faible. C’est très différent d’un moment ET LE REAL ESTATE où les taux étaient élevés. Nous n’avons pas EN CHIFFRES vu beaucoup d’exemples d’insolvabilité. Il 71,5 milliards d’euros d’actifs en 2020… faut dire que tous les acteurs dans ce secteur, Tel est le portefeuille d’Allianz Real Estate. les banques et les assureurs, ont été très disQui se compose à 52 % d’immeubles de bureaux. 17 % sont dans le retail, 11 % ciplinés dans leurs financements. Dans notre dans le résidentiel, 12 % dans la logistique, cas, nous prêtons rarement au-dessus de 60 % 3 % dans les résidences étudiantes, et de la valeur de l’immeuble et nous nous assule reste entre dans la catégorie « autres », qui inclut par exemple les bâtiments rons qu’il y ait un nombre minimum de locamixtes. Le groupe Allianz a enregistré taires. Des critères que nous mettons en place un chiffre d’affaires de 140 milliards pour nous assurer que l’emprunteur peut faire d’euros en 2020, soit 2 milliards de moins qu’en 2019. face à ses remboursements. 58
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Comment vérifiez-vous l’impact de vos actifs sur le plan environnemental ? Nous faisons partie d’une association qui réunit les grands investisseurs institutionnels, avec laquelle nous avons développé une base de données qui mesure l’empreinte carbone des immeubles et leur consommation énergétique. Nous avons une courbe qui descend chaque année pour arriver à 0 en 2050. L’objectif de nos équipes est de s’assurer que l’empreinte carbone des immeubles que nous gérons ou que nous détenons reste à tout moment sous cette courbe. Sinon, il faut engager des travaux. Allianz s’est engagée à réduire son empreinte carbone sur son patrimoine immobilier en investissement de 25 % d’ici 2025. Quelle place accordez-vous au logement abordable ? C’est un secteur que nous regardons lorsqu’il y a des opportunités. Nous avons fait deux transactions en Allemagne dans le logement social, mais cela dépend des pays. En France, par exemple, c’est plus difficile, parce que le secteur est contrôlé par les institutionnels étatiques ou paraétatiques. Comment les métiers évoluent-ils dans le real estate ? Prenons l’exemple de l’asset manager qui gère un immeuble, les locataires, le budget… On peut maintenant capter beaucoup de données dans l’immeuble, et il pourra gérer à la fois le bâti et sa version digitale : comment optimiser le flux, gérer la climatisation, etc. Va-t-on vers des rapprochements entre les acteurs du secteur ? Il y a sûrement une consolidation dans ce secteur pour ceux qui restent relativement petits. Pour faire une vraie diversification, il faut une certaine assise. Nous avons la chance d’avoir un patrimoine très important.
Rencontrez François Trausch à l’occasion du Paperjam Real Estate Seated Dinner Party organisé par le Paperjam + Delano Club le 30 septembre à l’Athénée de Luxembourg. Plus d’informations sur paperjam.lu/club.
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Conversation
« Je préfère travailler dans l’ombre qu’être dans la lumière » Jeff Feller deviendra chef de cabinet du Premier ministre dès le 1er septembre. Un « poste unique » dans la politique luxembourgeoise.
Jeff Feller, 30 ans, remplacera Paul Konsbruck au poste de chef de cabinet de Xavier Bettel au mois de septembre prochain. Engagé en politique depuis dix ans, il a fait le choix de l’opérationnel plutôt que du rôle d’élu. Interview IOANNA SCHIMIZZI
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Portrait ANDRÉS LEJONA
Jeff Feller
BIO EXPRESS
Au mois de mai dernier, vous avez été nommé chef de cabinet du Premier ministre Xavier Bettel et vous prendrez vos fonctions le 1er septembre prochain. Comment s’est faite cette nomination ? Tout s’est passé très vite. Lorsque Paul Konsbruck a annoncé qu’il quittait son poste et changeait de carrière professionnelle, le Premier ministre Xavier Bettel m’a contacté. Je le connais depuis de longues années, et c’est une opportunité à laquelle on ne peut pas dire non. Si le Premier ministre demande à travailler avec vous, c’est une opportunité que vous ne pouvez pas décliner. Donc j’y ai réfléchi pendant quelques jours, mais je n’ai pas hésité longtemps. Était-ce un poste que vous visiez pour la suite de votre carrière ? Je ne crois pas que ce soit un poste que l’on puisse envisager, parce que c’est un poste unique au Luxembourg. Si l’on travaille dans le monde politique dans le pays, c’est un des postes les plus intéressants, si ce n’est le plus intéressant, mais on ne peut l’envisager pour soi. Mon objectif était de rester secrétaire parlementaire du DP jusqu’aux élections législatives de 2023 et, par la suite, voir quelles possibilités pourraient s’ouvrir, mais je n’avais pas envisagé cela. Cela a été une vraie surprise quand Xavier Bettel m’a appelé pour me proposer ce poste. Quels liens entretenez-vous avec Xavier Bettel ? Nous avons une relation de confiance et c’est une base très importante pour travailler ensemble. Le poste de chef de cabinet nécessite de connaître les institutions, d’avoir un réseau dans le monde politique, et mes précédents postes m’ont très bien préparé pour cette fonction. Jusqu’à présent, mes activités entendaient une implication plus directe dans la politique et il va de soi qu’en tant que chef de cabinet, je resterai proche de la politique, mais mon rôle sera plutôt d’accompagner l’action gouvernementale et non de faire de la politique moi-même. Donc, même si je suis dans le même parti que le Premier ministre, je ne vais pas faire de la politique partisane entre les ministères et je ne serai pas le représentant du Parti démocratique au ministère d’État.
Études Jeff Feller est diplômé d’un bachelor de la faculté de Droit, d’Économie et de Finance du Luxembourg. Il a ensuite réalisé un master à distance au Centre international de formation européenne, en sciences européennes. Échevin à 20 ans Il est élu en octobre 2011 échevin de la commune de la Vallée de l’Ernz, à seulement 20 ans. Engagé au DP Secrétaire général de la Jeunesse démocrate et libérale de 2011 à 2014, il est devenu attaché parlementaire pour le groupe parlementaire du DP en 2014, et, depuis février, il exerce la fonction de secrétaire parlementaire du DP.
évoluer à leurs côtés, et lorsqu’ils m’ont demandé de prendre le poste de secrétaire parlementaire, j’ai accepté parce que c’est une grande chance de pouvoir exercer cette fonction. Je suis entouré d’une excellente équipe, avec des collaborateurs très jeunes et très motivés. C’est un job qui m’a donné beaucoup de satisfaction parce que son but est de conseiller les députés, de travailler avec eux, de les préparer pour les dossiers politiques. Le secrétaire parlementaire est aussi une sorte de stratège politique, et je crois que cette fonction m’a très bien préparé pour le travail qui m’attend au ministère d’État à la rentrée, en septembre prochain. Je suis très heureux d’avoir pu le faire pendant deux ans. L’objectif était de rester plus longtemps, mais le destin en a décidé autrement… Quels dossiers vous ont marqué durant ces deux ans et demi au poste de secrétaire parlementaire ? Je dirais que le Covid-19 a tout marqué ces derniers mois. Nous avions un programme gouvernemental assez ambitieux, et on a eu la malchance de ne pas pouvoir réaliser autant de choses que l’on aurait voulu à cause de la crise sanitaire. Donc c’est travailler au milieu d’une pandémie qui m’a le plus marqué. Les citoyens ne voient pas assez le rôle très important qu’a le Parlement dans la gestion de cette crise. Je crois que nous en sommes à la 20e loi Covid, donc pour les groupes parlementaires, c’est un travail qui est dur et stressant. Même si c’est une expérience très enrichissante, j’espère que nous n’aurons pas à la vivre de nouveau.
Depuis février 2019, vous êtes le secrétaire parlementaire du DP, comment l’êtes-vous devenu ? Vous avez également été élu échevin Je travaillais comme attaché parlementaire de la ville de la Vallée de l’Ernz à seulement depuis 2014. Après les élections législatives 20 ans. D’où vous est venue cette envie de de 2018, le poste était vacant suite au départ vous engager très tôt en politique ? de Françoise Schlink pour le ministère Je me suis toujours intéressé à l’actualité polides Classes moyennes et du Tourisme. J’ai été tique, même très jeune. À 18 ans, j’étais élu par les 12 députés du DP pour reprendre primo-votant et j’ai lu les programmes de tous le poste de secrétaire parlementaire. Ils me les partis politiques. Après les élections de connaissaient dans ma mission d’attaché par- 2009, pour lesquelles j’ai voté pour la première lementaire ; durant près de cinq ans, j’ai pu fois, je voulais m’engager activement, aider à
améliorer la vie de mes concitoyens, j’avais beaucoup d’idées. Comme beaucoup de jeunes, j’étais certainement un peu idéologue, mais je voulais faire bouger les choses, c’est pourquoi je me suis engagé en politique, d’abord dans ma commune. Et ensuite, je me suis présenté aux élections législatives en 2013 et aux élections européennes en 2014. Envisagez-vous de vous présenter à de prochaines élections ? Non, pas du tout. En 2018, j’ai pris la décision de ne plus me porter candidat à des élections et de me concentrer sur des postes opérationnels. Pour être politicien, député ou ministre, il faut beaucoup de compétences, des compétences sur les dossiers, mais aussi en relations publiques pour parler avec les citoyens ; on est beaucoup sur la route également. Je me suis dit que je pouvais être plus utile en conseillant les politiciens plutôt qu’en faisant de la politique moi-même. On ne doit jamais dire jamais, mais pour l’instant, je n’ai pas envie de me présenter à des élections. Je préfère travailler dans l’ombre qu’être dans la lumière. Envisagez-vous un poste au sein d’une institution européenne dans la suite de votre carrière ? C’est une question intéressante parce que je suis passionné par le projet européen. Mon futur poste de chef de cabinet me donne déjà beaucoup de satisfaction parce que le ministère d’État joue un rôle déterminant dans la politique européenne du Luxembourg. Le Premier ministre est un acteur essentiel sur la scène européenne, donc pour le moment, c’est déjà un défi assez important. Pour le reste, ce n’est pas une question que je me pose pour l’instant. Je vais me concentrer sur les missions qui m’attendent au sein du ministère d’État, et on verra ce qu’il se passera dans le futur. Dans quel état d’esprit êtes-vous, à quelques semaines de votre prise de fonction au sein du ministère d’État ? Je ne me sens pas stressé, c’est une fonction très intéressante qui nécessite peut-être une préparation un peu différente que pour d’autres postes. Je suis en train de me préparer, de lire beaucoup de dossiers, pour être prêt à assumer ce rôle à la rentrée. Nous préparerons la suite ensemble, avec Paul Konsbruck, durant le mois de septembre. Mais pour le moment, je suis encore secrétaire parlementaire du DP et il y a assez de travail à faire au sein du groupe parlementaire. On est en train de réorganiser l’équipe. Je prépare, avec mon successeur Gene Kasel, les dossiers qui vont se présenter à la Chambre des députés dans les prochains mois. Mais je suis content et heureux de bientôt commencer ma mission au ministère d’État, je suis dans un bon état d’esprit. JUILLET 2021
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Débat public Les jeunes entendent souvent dire qu’ils sont les leaders d’aujourd’hui et de demain, et pourtant, nous ne le sommes pas. En effet, 51 % de la population mondiale a moins de 30 ans ; pourtant, la majorité des décideurs ont une ou deux générations d’écart. Les jeunes peuvent être une force créative, une source dynamique d’innovations, et ils ont sans aucun doute, au cours de l’Histoire, participé, encouragé, et même catalysé des changements importants dans les systèmes politiques, tout en contribuant au quotidien au maintien de la paix sur ce continent. Il est sans doute indéniable que, dans l’histoire de l’humanité, cette nouvelle génération, à savoir la génération Z, s’avère être très active et engagée sur les réseaux sociaux, à l’aise avec les nouveaux types de médias et éduquée aux nouvelles problématiques sociétales. De plus en plus de jeunes ne restent plus les bras croisés, ils s’engagent et manifestent leur mécontentement s’il le faut, comme nous avons pu le voir avec le récent mouvement Fridays for Future. Personnellement, j’ai toujours fermement cru à l’importance de la parole des jeunes, en tant que futurs dirigeants et décideurs, pour le développement d’un pays.
Jana Degrott
Ambassadrice du Luxembourg auprès de One Young World Ces dernières années, j’ai œuvré en qualité de représentante des jeunes vivant au Grand-Duché de Luxembourg, et j’ai participé à plusieurs conférences à l’étranger afin de représenter les intérêts des jeunes Luxembourgeois. Aujourd’hui, j’ai l’immense honneur d’être nommée première ambassadrice du Luxembourg auprès de One Young World, surnommée « le forum de Davos des jeunes ». One Young World est une communauté de jeunes leaders de tous les pays du monde, issus de tous les secteurs. Les ambassadeurs sont choisis après un long processus de sélection, ils sont notamment jugés sur leur potentiel de leadership et leur préoccupation pour les enjeux mondiaux. Dans la plupart des cas, les ambassadeurs se font recommander par des leaders influents du monde des affaires, de la politique et de l’humanitaire, tels que Justin Trudeau ou Meghan Markle. Je vois ma participation au prochain sommet, durant ce mois de juillet, comme un atout majeur pour faire mes premiers pas dans l’entrepreneuriat social au Luxembourg, mais également pour montrer la voie aux plus jeunes, inspirer et accompagner d’autres personnes, qui, comme moi, souhaitent s’engager et faire la différence. Jana Degrott veut faire entendre la parole des jeunes au plus haut niveau. Retrouvez sa contribution dans son intégralité sur paperjam.lu. Photo ANDRÉS LEJONA
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NOVEMBRE JUILLET 2020 2021
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BRAND VOICE
Services & Conseil
De média à agence marketing de référence Face aux nouveaux usages du marché, il est utile de repenser son offre. Certains, comme Editus, axent leur stratégie sur la data et le marketing. Contenu sponsorisé par EDITUS
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Aujourd’hui, si les solutions et outils de marketing digital évoluent de manière exponentielle, le marché peine à suivre. « Nous observons plus d’évolution sur ces trois dernières années que sur les deux décennies précédentes. Être en capacité de se former en permanence est nécessaire pour s’approprier ces solutions et ne pas être dépassé », déclare Hugues Langlet, CEO d’Editus. Malgré la volonté d’aller vers le digital, des difficultés à l’implémenter dans la vie marketing de l’entreprise
persistent. Certaines sociétés ne sont pas en mesure de le faire ou ne disposent pas, en effet, de département dédié. Répondre à l’évolution des nouvelles technologies et des usages de consommation Face à ces évolutions et l’importance toujours plus cruciale de la data et du marketing, Editus a repensé son offre et opéré un rebranding. Plusieurs raisons expliquent ce choix. « Pour le marché, Editus est associé à l’annuaire et/ou
à son moteur de recherche, or ils ne représentent qu’à peine 10 % de nos activités. Depuis plusieurs années, nous évoluons vers un positionnement de partenaire marketing. Concrètement, aujourd’hui, avec plus de 10.000 clients, nous accompagnons déjà près d’une entreprise sur cinq au Luxembourg dans l’utilisation de solutions marketing digitales et d’e-commerce. Celles-ci répondent à de nouveaux besoins exprimés tant par les consommateurs que par les entreprises. Nous ne nous
3 QUESTIONS À HUGUES LANGLET
DATES-CLÉS
1995
positionnons plus comme un média, mais bien comme une agence marketing. La communication média n’est qu’une partie du marketing. Il y a aussi un autre pan lié à l’exploitation de la data que nous souhaitons aborder. » C’est également pour soutenir ses clients, dont la majorité sont des entreprises avec peu ou pas de support marketing interne, qu’Editus a adapté son offre. « Nous nous sommes émancipés du média annuaire en offrant une gamme de produits et de services plus large. Notre offre de presence management (la marque ONE) propose à ces sociétés d’être mises en avant sur les supports d’Editus, mais également sur les plateformes web les plus utilisées du marché, comme Google, Waze, ou encore les réseaux sociaux. » Parallèlement, pour renforcer ce rôle de partenaire et d’agence marketing auprès de l’ensemble des acteurs du marché (y compris les sociétés les plus matures), l’offre NEO a vu le jour. Le digital, une valeur ajoutée pour son activité Le choix de l’offre ONE ou NEO dépend avant tout des ressources de marketing internes dont l’entreprise dispose, ainsi que son niveau d’expérience digitale. De nombreux entrepreneurs n’ont pas de temps à consacrer à leur présence digitale ou à l’animation de leurs réseaux sociaux. « Notre objectif pour ces clients est qu’ils concentrent leur énergie
« Avec ONE, nous nous occupons de leur marketing, un marketing adapté à leur taille. » Hugues Langlet CEO d’Editus
Présent depuis 45 ans sur le marché et filiale du groupe POST depuis 1995, Editus produit et distribue des annuaires.
2000
Editus se digitalise, donnant naissance au premier moteur de recherche local, editus.lu.
2009
Editus commercialise ses premières solutions marketing et élargit son offre à d’autres médias.
CEO d’Editus
« Notre mission a toujours été la mise en relation »
2018
Quelles sont les valeurs et la mission d’Editus ? Notre mission a toujours été la mise en relation, créer des connexions entre les consommateurs et les professionnels. Une de nos valeurs est d’être à l’écoute du marché et de répondre aux usages. Cette recherche de la pertinence de l’offre et de son adaptation est permanente pour que la relation fasse sens. Une autre valeur est l’humain. Malgré notre positionnement sur le marché du marketing digital, nous maintenons un effectif important de 140 collaborateurs, dont les deux tiers sont en relation directe avec les clients. Conserver un contact humain et un accompagnement constant est primordial pour définir les besoins et aider nos clients à s’approprier nos solutions digitales. Nous gardons cette vocation de services.
Création de ONE pour se positionner comme agence marketing.
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Grâce à ONE et NEO, Editus propose des services d’agence marketing à l’ensemble du marché.
et leur temps à leur métier. Avec ONE, nous nous occupons de leur marketing, un marketing adapté à leur taille. » En matière de marketing, le digital offre davantage de data à analyser. Si les études de marché traditionnelles proposent des résultats sur un nombre de données limité et à un moment bien précis dans le temps, le digital va plus loin avec un volume de données inégalable et disponible à tout moment, en temps réel, améliorant la pertinence du résultat. « Cette sensibilité à la data est indispensable pour finaliser un marketing de qualité. Avec NEO, nous souhaitons accompagner et aider les entreprises qui ont déjà une certaine maturité à prendre conscience que leurs données ont une valeur. Nous leur offrons des produits spécifiques de marketing automation et de data insight. » Sur base de ces données, les entreprises disposent d’outils plus efficaces et plus pertinents pour améliorer leur marketing sur plusieurs axes. Le marketing automation permet d’optimiser les efforts de prospection et d’animation de la relation client. De manière complémentaire, la data insight facilite la prise de décision. « Toutes les sociétés ont besoin de visibilité. Qu’elle soit générée ou non avec ONE, cette visibilité va occasionner de la data d’entreprise qui sera analysée et exploitée dans le cadre de NEO. »
Quels sont aujourd’hui vos objectifs ? Nous souhaitons tout d’abord ancrer le positionnement d’Editus en tant qu’agence marketing. Nous voulons également entretenir une relation durable avec nos clients en poursuivant l’objectif qu’ils nous identifient comme un partenaire apportant de la valeur ajoutée. Par exemple, pour les clients ONE, l’objectif est qu’ils identifient dans notre accompagnement un gain de temps et d’énergie qui leur permet de se consacrer à leur activité, et pour les clients NEO, qu’ils nous considèrent comme un véritable partenaire dans l’exploitation de leur data. Et vos ambitions pour le futur ? Nous sommes convaincus que dans 45 ans, Editus sera toujours présent pour accompagner les entreprises dans leur mise en relation, quelle que soit l’évolution des supports et du marché. Nous nous trouvons dans une période où les relations humaines, et par conséquent les relations inter-entreprises et celles des entreprises avec leurs clients, vont être bouleversées. Il faut donc une capacité d’adaptation très forte pour intégrer cette évolution. Personne ne peut dire de quelle manière nous aborderons cette relation client dans trois ou quatre ans. C’est pourquoi je souhaite posi : tionner en permanence Editus O E N sur pour proposer des solutions ir plus u l o . v s a u s t En edi @ n qui colleront aux besoins et i t alen NE : remi.v usages du marché. O r u s s oir plu sky v e i En sav r b u
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Enjeux
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Impact investing : la nouvelle frontière 2020 aura été l’année de la consécration pour l’investissement socialement responsable (ISR). 2021 devrait consacrer l’investissement d’impact. En ciblant les entreprises et les projets ayant un effet positif tangible sur le développement durable, les fonds d’impact vont un cran plus loin que l’ISR et s’inscrivent pleinement dans les Objectifs de développement durable des Nations unies. Il reste cependant encore du chemin pour que l’impact investing quitte son statut de produit de niche, réservé aux investisseurs institutionnels, pour toucher le grand public. Un grand public demandeur de solutions durables et efficaces pour la planète.
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1 L’impact investing :
de buzzword à pilier de la Place
C’est le buzzword du monde de la finance : l’impact investing. Présentation de cette nouvelle branche de l’investissement socialement responsable. p. 68
2 Les grandes tendances
Quelles sont les tendances de fond qui traversent ce secteur spécifique ? p. 72
3 « Du rendement
4 L’exemple
Microlux
Comment les entreprises qui reçoivent des financements d’impact jonglentelles avec les impératifs de rentabilité et d’impact ? Réponse avec Microlux.
2.000 milliards USD
p. 76
5 Une dynamique prometteuse à appuyer Les pour et les contre de l’impact investing, ce cercle qui n’est pas p. 78 encore vertueux.
sans pour autant faire de compromis sur l’impact »
Interview croisée avec Frédéric de Mévius et Alexander de Wit, qui ont récemment lancé Planet First Partners. p. 74
UN SECTEUR EN PLEINE CROISSANCE 715 milliards de dollars : c’est le poids du secteur de l’investissement d’impact dans le monde à fin 2019, selon le rapport annuel du Global Impact Investing Network (GIIN). Un chiffre en forte hausse sur un an (+ 42 %), mais qui reste très limité par rapport aux encours gérés selon les principes de l’investissement socialement responsable (ISR). Selon la Global Sustainable Investment Alliance (GSIA), ces derniers seraient au moins 40 fois plus élevés. Un retard qui devrait rapidement se combler. Le GIIN estime que le secteur pèsera 2.000 milliards de dollars d’ici 2025. À noter que si l’Europe domine l’ISR, les investisseurs d’impact sont essentiellement américains, toujours selon le GIIN.
PROJECTION
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1 Place financière
L’impact investing : de buzzword à pilier de la Place C’est le buzzword du monde de la finance : l’impact investing. Cette nouvelle branche exigeante de l’investissement socialement responsable vise à résoudre les grands défis environnementaux et sociaux du monde. Les enjeux sont énormes pour la planète, mais aussi pour les places financières qui sont entrées en concurrence pour s’offrir une part d’un gâteau qui grossit à vue d’œil.
L’engouement dont bénéficie l’impact investing et son statut de nouveau paradigme financier résultent de l’élan suscité en septembre 2015 par les 17 Objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations unies. Des objectifs qui se sont imposés comme « le nouveau référentiel des entreprises qui souhaitent rendre compte de leurs impacts sociaux et environnementaux ». Mais pour atteindre ces objectifs qui veulent éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité de tous, des moyens sont nécessaires : 2.500 milliards de dollars d’ici 2030. Et c’est ici qu’entrent en scène le secteur privé et l’industrie financière. Le terme d’impact investing – ou finance d’impact – apparaît en 2007 suite à l’éclatement de la crise des subprimes. Un groupe d’investisseurs, réunis par la Fondation Rockefeller, veut construire un nouveau modèle d’investissement visant à générer, sans sacrifier les retours sur investissement financier, des impacts sociaux et environnementaux positifs. L’impact investing cible donc les 68
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«La finance d’impact ne se limite pas aux énergies renouvelables et à la microfinance.» ARNAUD GILLIN Partner, Innpact
entreprises, les organisations ou les fonds qui apportent des solutions durables aux défis environnementaux et sociaux dans des domaines comme la transition énergétique, la santé, l’agriculture, l’éducation et l’organisation du travail, tout en étant pérennes du fait de leur rentabilité. La caractéristique première de la finance d’impact est son intentionnalité. Une démarche active et revendiquée qui contraste avec l’approche ISR (Investissement socialement responsable), dont l’utilisation des critères ESG (Environnementaux, sociaux et de gouvernance) est plus passive. En ce sens, la finance d’impact est la nouvelle frontière de l’ESG. Mesurer cet impact et en rendre compte de manière transparente à l’investisseur reste son principal défi, celui qu’il faudra dépasser si on veut en faire le produit grand public qu’il n’est pas encore. Si ses principes sont applicables en théorie à toutes les classes d’actifs, dans les faits, l’impact investing est cantonné aux marchés non cotés et utilise les techniques des investissements alternatifs. Principalement à cause du temps nécessaire à la mise en place de ce type de solutions et de l’illiquidité qui en découle, interdisant de fait le recours aux structures Ucits disponibles pour le grand public. Certains parlent d’ailleurs de « capital patient ». Malgré son inaccessibilité au grand public – et c’est un défi que devra relever la Place –, sa croissance devient exponentielle. Ses encours devraient atteindre 2.000 milliards de dollars en 2025, selon le Global Impact Investing Network (GIIN). Ils n’étaient que de 15 milliards en 2015. Les atouts du Luxembourg Une croissance dont aimerait profiter la Place, qui a d’ailleurs quelques cartes à jouer. La première est celle de son écosystème. « Il y a quand même pas mal de connaissances au Luxembourg dans les firmes d’audit, d’avocats, de consultants et autres », analyse Arnaud Gillin, partner chez Innpact, société spécialisée dans la création et la gestion de fonds à impact. Le gouvernement, en général, dans sa volonté de positionner la Place comme LA place financière durable, est très à l’écoute de tout ce qui est lié à la finance d’impact et contribue au développement de celle-ci. C’est ainsi que les ministères des Finances et de l’Environnement, avec un groupe d’acteurs privés (Arendt & Medernach, Deloitte, Elvinger Hoss Prussen, EY, Innpact, Investing for Development, KPMG, Luxflag, et PwC) ont lancé, en juin 2017, l’International Climate Finance Accelerator (ICFA) afin de créer les structures nécessaires pour le financement de la lutte contre le changement climatique. L’ICFA soutient notamment les
Les 9 principes opérationnels de la gestion des impacts
gestionnaires de fonds qui souhaitent investir dans des projets avec un impact mesurable dans la lutte contre le changement climatique. Ce programme a permis de supporter, depuis son lancement, une vingtaine de gestionnaires de fonds climat. On peut également citer, comme élément incontournable de cet écosystème, la Bourse de Luxembourg et son Luxembourg Green Exchange (LGX), ou encore l’agence de labellisation des fonds d’investissement, Luxflag. La récente réforme de la taxe d’abonnement donne également un petit coup de pouce à l’attractivité du pays pour l’impact investing en réduisant la taxe d’abonnement sur les fonds d’investissement durables conformes à l’article 9 de la directive Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR). Dans le détail, la taxe qui est de 0,05 % sur la base de la totalité des avoirs nets évalués au dernier jour de chaque trimestre passera à 0,04 % si plus de 5 % des actifs sont investis dans des actifs durables ; à 0,03 % si l’on passe la barre des 20 % ; à 0,02 % si l’on passe la barre des 35 % ; puis à 0,01 % si l’on passe la barre des 50 %.
STRATÉGIE 1
Définir un (des) objectif(s) d’impact cohérent(s) avec la stratégie d’investissement 2
Gérer l’impact stratégique en fonction du portefeuille ORIGINE ET STRUCTURATION 3
Établir la contribution du gestionnaire à la réalisation de l’impact 4
Évaluer l’impact attendu de chaque investissement, sur la base d’une approche systématique. 5
Évaluer, traiter, surveiller et gérer l’impact négatif potentiel de chaque investissement. GESTION DE PORTEFEUILLE 6
Suivre les progrès de chaque investissement en termes d’impact par rapport aux attentes et réagir de manière appropriée.
Amsterdam, Dublin et aussi Paris Toutes ces actions vont dans le même sens : dépasser l’image qui fait de la Place du Luxembourg un back-office, une simple juridiction de domiciliation des fonds, pour promouvoir une expertise de plus en plus reconnue. Une politique d’autant plus importante que d’autres places se sont déjà positionnées sur le segment de la finance d’impact. C’est le cas de Dublin et d’Amsterdam. « Beaucoup de fonds vont aux Pays-Bas à cause des liens de ce pays avec l’Afrique et du réseau de traités de non-double imposition qui en découle. Mais aussi parce que les Néerlandais sont moins chers que les Luxembourgeois, et que la régle-
IMPACT À LA SORTIE 7
Effectuer les sorties en tenant compte de l’effet et de son caractère durable 8
Revoir, documenter et améliorer les processus de décision et d’action en fonction de l’impact obtenu et des enseignements tirés. VÉRIFICATION INDÉPENDANTE 9
Divulguer publiquement l’alignement avec les principes et fournir une vérification indépendante régulière de l’alignement.
LES DÉFIS QUE DEVRA RELEVER LE MARCHÉ POUR CES CINQ PROCHAINES ANNÉES En pourcentage de réponses (294)
100 %
« Impact Washing »
Source
GIIN, Annual Impact Investor Survey
66 %
34 %
60 %
40 %
Le risque que l’industrie ne fasse pas progresser la société face aux défis sociaux ou environnementaux
Impossibilité de comparer l'impact de l’investissement avec ceux des pairs
Incapacité à démontrer l’impact de l’investissement 35 %
Une concurrence accrue pour les transactions appropriées et de qualité 27 %
32 %
Absence d’un langage commun pour décrire l’impact des investissements 33 %
20 %
Incapacité à intégrer les décisions de gestion de l’impact et de gestion financière 30 %
0
Fragmentation des approches de mesure et de gestion de l’impact
Incapacité à démontrer des résultats financiers 23 %
mentation est moins stricte qu’ici », explique Arnaud Gillin. Maintenant, sur ce dernier point, les esprits changent : une réglementation plus stricte est de plus en plus vue comme un avantage, et ne gêne en rien les investisseurs institutionnels qui ont leurs habitudes au Grand-Duché. Ils viennent au Luxembourg parce que la Place est connue et reconnue et qu’elle donne beaucoup de crédibilité aux porteurs de projets. Le « vrai » problème de la régulation, c’est qu’à cause de la lourdeur accrue de celle-ci, les prestataires de services, et notamment les banques, deviennent de plus en plus frileux d’accepter des projets de petite taille – à savoir de l’ordre de 30 à 50 millions d’euros d’investissement – qui investissent dans des pays émergents en Afrique ou en Amérique latine. Parce qu’il y a de plus en plus de choses à vérifier et à contrôler et que cela revient trop cher. « Or, la finance d’impact, ce n’est pas que des fonds de microfinance ou des fonds d’énergie avec des centaines de millions d’encours. C’est aussi une kyrielle de fonds – des centaines – qui ont une taille comprise entre 50 et 70 millions et qui ont de plus en plus de mal à trouver des partenaires. Si on veut que le Luxembourg reste leader, il va falloir s’attaquer à ce problème », estime Arnaud Gillin. D’autres places financières affichent également leurs ambitions. C’est le cas de Paris, où le gouvernement souhaite qu’elle devienne le premier centre en la matière. Dans ce but, le ministère des Finances travaille avec Finance for Tomorrow, la branche verte de Paris Europlace, l’organisation qui fédère les acteurs de la place financière française afin de préciser les contours de la finance d’impact. L’idée est de consolider et d’amplifier l’expertise de la place financière de Paris en homogénéisant les pratiques pour arriver à une définition commune de la finance d’impact. Dans le même état d’esprit, France Invest, l’association réunissant les professionnels et experts du capital-investissement de la Place de Paris, travaille à aligner la gestion des fonds d’impact investis dans des actifs cotés sur celle retenue en capital-investissement. Une nouvelle définition vient d’être rendue publique, dans ce cadre. Elle est particulièrement exigeante et permettra aux acteurs de s’entendre sur la notion d’impact et sur un périmètre. En comparaison, à l’étranger, la définition de l’impact est très large, notamment dans les pays anglo-saxons qui revendiquent des milliards d’euros d’encours sous gestion. A contrario, avec une définition plus exigeante, les encours sont significativement plus réduits. Homogénéiser les pratiques, c’est également le but de l’Impact Management Project (IMP), un think-tank anglo-saxon réunissant près de 2.000 professionnels, qui promeut une standardisation de la mesure d’impact. Les initiatives en ce sens se multiplient. La JUILLET 2021
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Enjeux
Glossaire de l’impact investing Il existe différents outils disponibles pour donner du sens à ses investissements. LA PHILANTHROPIE Ici, on se focalise sur l’objectif social et environnemental à atteindre, et la recherche d’un rendement financier n’est pas un critère déterminant. Dons financiers, mécénat de compétences ou bénévolat sont les trois outils les plus utilisés. Elle permet de soutenir des projets innovants ou nécessaires qui n’offrent pas de rentabilité immédiate, comme l’aide aux sans-abri. Sur le terrain, on constate que l’impact investing prend souvent le relais de la philanthropie lorsque le business model est devenu viable. L’INVESTISSEMENT SOCIALEMENT RESPONSABLE (ISR) C’est un terme générique désignant les différentes approches qui consistent à intégrer, de façon structurée et systématique, les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les processus d’investissement en plus des critères financiers traditionnels. L’ISR est vu comme un moyen de faire pression sur les entreprises pour qu’elles améliorent leurs pratiques en la matière. Elle offre un investissement liquide visant un return de marché permettant d’éviter les impacts négatifs et de favoriser les meilleures pratiques en termes de respect de l’environnement, de la société et de la gouvernance. L’IMPACT INVESTING Le dernier-né. Il s’agit ici, pour les investisseurs, de générer un impact social ou environnemental positif accompagné d’un rendement financier. Le tout dûment documenté, audité et mesuré en toute transparence vis-à-vis de l’investisseur. C’est une stratégie d’investissement non liquide qui veut combiner des impacts positifs sociaux et environnementaux et un return positif pouvant être inférieur à celui du marché. FONDS ESG ET FONDS D’IMPACT Avant les fonds d’impact, il y a eu les fonds ESG. Pour schématiser, un fonds ESG va considérer les problématiques ESG dans ses prises de décision, mais sans vouloir avoir un impact positif qui change le statu quo. La différence réside dans l’intention. De ce point de vue, on peut qualifier les fonds ESG de passifs. Dans la taxonomie européenne, ils seront rangés dans la catégorie dite « article 8 », également appelée « Promotion environnementale et sociale ». L’article 9, également connu sous le nom de « Produits ciblant les investissements durables », couvre les produits ciblant des investissements durables sur mesure et s’applique « lorsqu’un produit financier a pour objectif l’investissement durable, et qu’un indice a été désigné comme référence ». C’est dans cette dernière que seront classés les fonds d’impact.
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question de la normalisation n’est pas neutre. Les Européens veulent éviter de se voir imposer des normes qui portent en elles-mêmes un système de pensée et une vision de l’intérêt général qu’ils ne partagent pas. Un peu comme avec ce qui s’est passé pour l’introduction des normes International Financial Reporting Standards (IFRS). La boîte à outils L’autre atout, à côté de l’écosystème, c’est la fameuse « boîte à outils ». L’impact investing, c’est d’abord un investissement à structurer. On n’est pas dans une démarche philanthropique, mais dans une démarche d’investissement qui a l’intention de générer, d’une part, un rendement financier positif et mesurable et, d’autre part, un rendement social et/ ou environnemental que l’on va pouvoir mesurer. C’est ce qui distingue l’impact investing de notions proches comme la philanthropie ou du travail des fondations. En voulant générer toute une série de différents impacts sociaux et environnementaux positifs, la finance d’impact est l’outil pour s’attaquer à toute une série de problématiques listées dans les Objectifs de développement durable. « On parle d’éducation, d’accès à des soins de santé, de biodiversité, de microfinance – volet très connu au Grand-Duché –, d’accès à l’eau potable, de nouvelles technologies. Ce qu’il est important de garder à l’esprit, c’est que la finance d’impact ne se limite pas aux énergies renouvelables et à la microfinance. En fait, elle a pour vocation d’être un outil sur l’ensemble des problématiques environnementales et sociales de la planète », détaille Arnaud Gillin. Les thèmes se multiplient. Les modes d’intervention également. Il en existe toute une palette en fonction de l’impact recherché. Ou plus précisément du rapport entre rendement financier et rendement social et environnemental. Il peut ainsi y avoir des modes d’intervention qui sont à « impact fort » – dans lesquels on privilégie d’abord l’impact et on donne un petit retour sur investissement – et d’autres où ces deux éléments sont mis sur un pied d’égalité. « Parfois, de plus en plus souvent, on fait ce que l’on appelle de la blended finance – à traduire par ‘financement mixte’. C’est d’ailleurs notre spécialité chez Innpact. Différents investisseurs viennent nous voir avec des attentes différentes. Par exemple, des investisseurs privés qui, tout en étant intéressés par le volet ‘impact’, cherchent un produit pas très risqué et avec un retour sur investissement relativement intéressant, proche des standards du marché. Et, de l’autre côté de la chaîne, il y a d’autres acteurs, comme des gouvernements, des fondations ou encore de grandes ONG, pour qui l’intérêt est que l’impact soit généré. On va alors essayer de combiner les investissements de ces deux types d’intervenants en associant
des stratégies d’impact éprouvées, comme les énergies renouvelables en Europe, à des stratégies plus risquées, comme l’éducation en Afrique, pour ainsi répartir le risque en fonction de l’appétence de chacun. L’éducation est une stratégie d’investissement qui est difficile, nouvelle, et donc peu testée. Si c’est en plus une stratégie visant par exemple l’Afrique, il faut y rajouter les risques politiques, les risques du pays, économiques, de change… À l’inverse, des secteurs comme la microfinance ou l’énergie renouvelable, notamment éolienne et solaire, même s’ils peuvent paraître ‘exotiques’ à certains, sont en fait des stratégies testées. On a des track records sur plus de 15 ans. Le besoin de protection est donc moindre. Les investisseurs qui viennent làdedans sont avertis et savent qu’en plus de l’impact environnemental, le rendement sera au rendez-vous dans un environnement de risque limité », explique Arnaud Gillin. Recours à l’effet de levier « Sur certaines stratégies difficiles, certains acteurs – principalement les gouvernements, les fondations, les banques de développement ou les ONG – peuvent aussi servir de locomotives. Ils vont mettre, disons, 20 % dans un fonds dans l’espoir d’attirer des investisseurs privés. Ce qui aurait pu être distribué comme aide devient l’amorce d’un effet de levier. Dans ce contexte, des investisseurs ayant un objectif de rendement de l’ordre de 1 % ou moins vont attirer des investisseurs dont les objectifs sont plus en phase avec le marché. Nous avons actuellement deux projets de fonds en création : le premier pour investir dans les technologies de soins de santé à destination
LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DE L’ONU Les Objectifs de développement durable de l’Onu (ODD, ou SDG en anglais, pour Sustainable Development Goals) ont été adoptés en septembre 2015 en remplacement des huit Objectifs du millénaire pour le développement en assemblée générale. Le but est, d’ici 2030, d’éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et dans tous les pays, de protéger la planète et de garantir la prospérité pour tous. Ils sont au nombre de 17 : Éradication de la pauvreté ; Lutte contre la faim ; Accès à la santé ; Accès à une éducation de qualité ; Égalité entre les sexes ; Accès à l’eau salubre et à l’assainissement ; Recours aux énergies renouvelables ; Accès à des emplois décents ; Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation ; Réduction des inégalités ; Villes et communautés durables ; Consommation et production responsables ; Lutte contre le changement climatique ; Vie aquatique ; Vie terrestre ; Justice et paix ; Partenariats pour la réalisation des objectifs. La facture totale de ces objectifs a été chiffrée à 2.500 milliards de dollars sur 15 ans.
Impact Investing
sélectionner un autre gestionnaire, puisse commencer à investir », poursuit le spécialiste d’Innpact. ARNAUD GILLIN Partner, Innpact
Photo
Mike Zenari (archives)
« L’éducation est une stratégie d’investissement qui est difficile, nouvelle, et donc peu testée.»
des femmes, et le deuxième pour investir dans un modèle d’éducation assez innovant, au Rwanda, qui préfinance les étudiants et qui leur permet de rembourser le prêt en fonction de ce qu’ils gagneront. Dans ce dernier cas, c’est l’approche à impact social qui prime. Ce fonds va mettre 10 ans à être remboursé pour ne pas mettre trop de charges financières sur l’étudiant. Ici, ce sont les fondations et les ONG qui vont investir. Ce sera plus compliqué d’avoir des investisseurs privés. Nous avons créé 26 fonds depuis le lancement de notre activité en 2007. Ce n’est pas nous qui choisissons les thèmes, ce sont les thèmes qui viennent à nous. Les porteurs de projets viennent nous voir avec des besoins spécifiques. Dans le cas du fonds d’éducation au Rwanda, c’est une société basée en Allemagne qui en a pris l’initiative. Jusqu’à présent, elle travaillait avec un budget de l’ordre de 3 millions d’euros. Ayant besoin de plus de financement, elle veut créer un fonds d’investissement. Pour ce faire, nous avons parlé avec ses représentants de la stratégie et de la modélisation financière : quels sont les besoins sur place, l’impact que nous voulons générer et les types d’investisseurs que nous voulons attirer. Ce n’est qu’une fois ces variables posées que le fonds sera structuré et créé. Et c’est pour cela que le Luxembourg est le leader européen, si ce n’est mondial, de la finance d’impact en termes de structuration des fonds et des produits. Ce n’est pas parce qu’il y a les décideurs et les gestionnaires (ceux-ci sont plutôt à Londres, à Francfort ou à Paris), mais parce qu’on a les outils pour faire coïncider toutes ces variables. Une fois que nous avons défini la meilleure structure possible pour un fonds, nous avons toutes les ressources nécessaires sous la main – avocats, conseils, auditeurs, banque dépositaire, etc. – pour tout mettre en place afin que le porteur du projet, qui en est potentiellement le gestionnaire ou qui va
LES MOTIVATIONS DES INVESTISSEURS Très important Pas important
Assez important
C’est essentiel pour notre mission de
rechercher intentionnellement un impact Stratégies alternatives par le biais de nos investissements 2 % Côté structures, les plus prisées viennent du 87 % 10 % monde de l’investissement alternatif. Principalement des Fiar (fonds d’investisIls font partie de notre engagement sement alternatifs réservés), des FIS (fonds en tant qu’investisseur responsable 2 % d’investissement spécialisés), ou encore le 87 % 11 % limited partnership, parce que ce sont des outils qui permettent d’avoir une stratégie d’invesIls constituent un moyen eff icace tissement relativement novatrice, d’investir d’atteindre nos objectifs d’impact 4 % dans des produits illiquides et qui permettent 81 % 15 % aussi de structurer des fonds d’investissement avec la possibilité d’accommoder différents Ils contribuent à un engagement mondial, tel que les Objectifs de dévetypes d’investisseurs suivant leurs besoins et loppement durable des Nations unies leurs limites. ou l’accord de Paris sur le climat Ce qui est compréhensible, étant donné 62 % 30 % 9 % que les projets et les entités financés ne sont pas cotés en bourse. Conséquence : la plupart Nous répondons à la demande des investisseurs individuels n’ont que très de nos clients peu d’offres de produits d’impact qui leur 47 % 38 % 15 % sont destinés. Ils sont, pour l’instant, réservés à des investisseurs qualifiés et des invesIls sont financièrement attrayants par rapport à d’autres possibilités d’investissement tisseurs professionnels. Mais on note une évolution : de plus en plus de fonds Ucits – donc 30 % 40 % 30 % grand public – investissent dans des actions Ils offrent la possibilité de s’exposer à de sociétés qui ont un impact. Mais cela reste des secteurs et à des zones géographiques pour l’instant marginal, car il est très complien expansion qué de mesurer l’impact positif des grandes 28 % 44 % 28 % sociétés. 90 % des structures relèvent actuellement de l’investissement alternatif. Mais le Ils offrent une diversification basculement vers des fonds Ucits recèle un à notre portefeuille grand potentiel de croissance pour la Place, 24 % 33 % 43 % analyse Arnaud Gillin, pour qui le futur reste quand même l’accessibilité à la finance d’imNous répondons à la demande pact pour tout individu. « Qu’une personne de nos employés qui dit ‘je veux investir dans quelque chose qui 19 % 50 % 31 % fasse du sens pour moi’ puisse trouver la possibilité de soutenir ces projets. Et pour l’instant, Nous le faisons pour répondre aux exigences réglementaires via les fonds d’investissement, vu la réglementation, ce n’est pas encore possible. » 9 % 20 % 71 % Au Luxembourg, les clients de l’impact investing sont donc majoritairement des clients corporate, des fonds de pension, des banques de développement (BEI, Banque mondiale), des fondations et des family offices et très peu de banques de détail. Les produits existants, amener plus de liquidités dans la finance d’impour eux, sont quasi totalement des produits pact pour que les individus puissent plus parde microfinance. Pourquoi ? « D’abord à cause ticiper au développement de la finance d’impact. » L’investisseur individuel n’est cependant des compétences accumulées sur la Place dans ce secteur, et également parce que le mode de pas tout à fait dépourvu. Le recours au crowdfinancement en microfinance permet de créer funding, au crowdlending et au crowdinvesting des fonds Ucits. Un fonds de microfinance de permet des financements directs. Les plate100 millions d’euros va investir dans 100 ins- formes de crowdinvesting, mettant en contact titutions de microfinance. Il prête 1 million à investisseurs et porteurs de projets, se mulchacune, favorisant ainsi suffisamment de rou- tiplient, principalement au Royaume-Uni et lement pour rembourser les investisseurs dans aux Pays-Bas. La digitalisation de l’investisun délai de 2 à 3 mois. Si vous investissez dans sement facilitera ces mises en contact. l’éolien directement ou dans un projet d’éducation, vous êtes parti pour 10 ans, et la plupart des individus ne peuvent pas être bloqués pour 10 ans. Nous travaillons à des solutions pour Auteur MARC FASSONE
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Enjeux Impact investing
2 L’actualité
Les grandes tendances
en ce qui concerne l’intégration des risques d’apporter de la transparence et donc de la de durabilité et la prise en compte des confiance aux investisseurs. Et ainsi de faire impacts négatifs sur la durabilité dans leurs passer le marché dans une phase plus mature. processus d’investissement et de conseil. Cette fin de l’impact washing est une grande Nouveaux territoires opportunité pour le secteur, selon Arnaud Pour ce qui est des thèmes d’investissement, Gillin. « C’est une évolution très positive. Le sec- après des années durant lesquelles ce sont la teur voit cela comme une charge de travail sup- microfinance et l’énergie renouvelable qui plémentaire, mais réalise très bien que c’est étaient les thèmes dominants, l’impact invesLutter contre l’impact l’outil qui, plus tard, va permettre de promou- ting s’attaque à de nouveaux territoires. washing et défricher de voir encore plus la finance d’impact. Cela va Le premier d’entre eux est celui des naturecontribuer à faire le tri entre ceux qui disent based solutions. En finance du climat, on fait nouveaux territoires sont faire de la finance d’impact et ceux qui le font la différence entre l’« atténuation » (mitigation) les tendances de fond vraiment. Déclarer quelque chose, c’est bien, et l’adaptation. Dans la première catégorie, mais il faut désormais le prouver. » on part du principe que le changement climaqui traversent le secteur. De fait, beaucoup de gestionnaires et de tique est là et qu’il convient de s’adapter et de Avec l’objectif de démontrer banques d’investissement font en sorte que changer le modèle à partir duquel on opère. leurs produits deviennent conformes aux dis- Par exemple, utiliser le sol et les ressources que tous les problèmes positions de l’article 9 de la directive en eau différemment. Quand on parle de natureenvironnementaux et SFDR – autrement dit, que leurs fonds aient based solutions, on fait référence à la protecun objectif de durabilité. Ce qui pousse, par tion de la biodiversité, à la reforestation ou à sociaux peuvent trouver effet de ricochet, toute une série d’acteurs qui l’agriculture de transition. C’est une énorme une solution grâce au veulent s’investir dans la finance d’impact à tendance. « C’est quelque chose qui demande appliquer les principes opérationnels de la beaucoup de capitaux qui seront immobilisés recours à l’entrepreneuriat. gestion des impacts – les OPIM, pour Ope- à long terme. L’intérêt pour ces investisseurs est rating Principles for Impact Management – de remplir leurs engagements et obligations en La première grande tendance touche à la pro- édictés par la Banque mondiale. Si l’on suit matière de réduction d’émissions de CO2. » ces principes à la lettre, tout fonds d’impact D’autres thématiques se développent, toublématique de la mesure de l’impact. La problématique de la gestion et de la doit justifier qu’il possède une théorie du chant aux questions de diversité. Autrement mesure de l’impact n’existait pas il y a encore changement – quels changements votre action dit, l’investissement dans des projets portés 10 ans. On collecte désormais énormément de va pouvoir générer –, prouver ensuite qu’il par des femmes, des projets sur l’égalité et la données, et les standards de communication dispose des incitants pour atteindre ces chan- justice, et le soutien à la diversité en général. de rapport se multiplient. gements, et enfin qu’il est capable de les mesu- Ce sont des thèmes qui n’existaient pas il y a « Jusqu’à aujourd’hui, lorsque vous disiez rer et de rapporter correctement dessus. encore peu. Jusqu’à présent, on parlait surtout Tous ces principes high-level vont per- nature ou social. Désormais, les thèmes sociéque vous investissiez dans l’éolien ou la microfinance, l’impact était tenu pour acquis. Ce mettre de mieux cadrer l’action des acteurs, taux sont touchés par l’impact investing et des n’est plus suffisant désormais. Les investisseurs de standardiser les approches et, finalement, modèles d’investissement se développent. « Ce veulent maintenant qu’on leur démontre a n’est pas toujours possible. Il y a quelques sujets, priori, et non plus a posteriori, que leur investouchant à l’éducation ou à la santé, auxquels tissement aura un impact », introduit Arnaud la philanthropie peut apporter des réponses », admet Arnaud Gillin. Gillin, partner chez Innpact. Dans la finance d’impact, il y a l’intention de générer un impact, Selon lui, cette extension des thèmes d’inet cette intention doit être de plus en plus vestissement illustre parfaitement que la finance documentée : cette intentionnalité doit être d’impact est l’un des meilleurs outils pour visible, mesurable et vérifiable. On assiste à atteindre les objectifs de développement durable la création de toute une série d’indicateurs de l’Onu. « Pour tous ces objectifs-là, le but de et de rapports pour documenter cela et pour la finance d’impact est de trouver des modèles rendre compte de la manière dont le ported’investissement. Grâce à l’entrepreneuriat et feuille d’investissements est géré, pour avoir à des solutions viables financièrement, on peut tout à la fois le bon rendement financier et le faire avancer certaines problématiques. Ce n’est bon rendement d’impact. pas toujours possible. Il y aura toujours des Le règlement SFDR (Sustainable Finance problématiques d’éducation ou de santé que Le nombre de fonds d’investissement conformes aux dispositions de l’article 9 l’on ne pourra résoudre que par le recours à la Disclosure Regulation) relatif à la publication de la directive SFDR, selon Morningstar. philanthropie. Mais globalement, tous les prod’informations en matière de durabilité dans Avec 270 milliards d’actifs gérés, blèmes sociaux ont vocation à être visés par la le secteur des services financiers formalise ils représentent 2 % des encours des fonds ouverts domiciliés en Europe. À titre de finance d’impact. » cette évolution. Il impose aux acteurs des marcomparaison, les fonds article 8 – conformes chés financiers et aux conseillers financiers à la philosophie ESG – sont environ 4.000 et pèsent 2.480 milliards d’euros d’actifs. de l’UE des règles en matière de transparence Auteur MARC FASSONE
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PUBLIREPORTAGE
ESG, surfer la vague vent réglementaire dans le dos Le constat est sans appel, l’ESG a pris d’assaut le monde de la Finance ! Notre questionnement : comment jongler entre philanthropie capitaliste et cadre législatif en cours d’éclosion ?
Sur le seul premier trimestre 2021, Novethic Market Data recensait une collecte de plus de 25 milliards d’euros en fonds verts au niveau européen, ce qui représentait d’ores et déjà la moitié de la collecte de 2020. Plus localement, d’après le rapport annuel 2020 de Luxembourg for Finance, le Luxembourg représente aujourd’hui plus de 20% des actifs sous gestion dans le monde. En matière d’investissement, une étude d’un grand cabinet a établi qu’en 2019 déjà, 57% des épargnants français souhaitaient que les enjeux de développement durable soient obligatoirement inclus dans leurs produits d’épargne. Pour la plupart des observateurs, la croissance de l’investissement responsable au cours de la dernière décennie coïncide largement avec la plus longue courbe haussière des marchés boursiers de l’histoire. L’engouement pour les produits ESG n’est-il toutefois pas à analyser avec un certain recul ? En filigrane, l’instauration d’un comportement moutonnier des acteurs économiques sur les marchés financiers en matière d’ESG : les investisseurs sont rassurés d’aller dans le même sens et surtout dans le bon sens. Le risque d’un tel comportement, en dépit d’indicateurs factuels, est de persévérer dans une direction commune sans boussole uniforme. A titre d’exemple, citons l’article du Wall Street Journal paru en Mars 2021 dans lequel est dénoncé ce qui ne se chuchote que dans les couloirs des professionnels du secteur financier, à savoir que « la plupart des investissements ESG www.hacapartners.lu T H E
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Governance forms the backbone of any entity. Here is HACA Partners devolving its energy and its competencies from the design of state of the art and tailored governance model to the assistance in developing and performing key control functions and consulting services.
sont une ruse pour blanchir les réputations, maximiser les frais et apaiser la culpabilité ». Ainsi, le revers de la gestion durable des investissements serait un pourcentage de frais de gestion plus élevé qui ne se solde pas nécessairement par les résultats escomptés. On peut espérer que le cadre législatif à venir aura un impact positif sur cette surveillance, mais il sera difficile de juger les performances réelles sans analyses poussées spécifiques. Ce constat est repris par Novethic Market Data qui se veut lucide sur la finance durable, il faut redoubler de vigilance : regarder de plus près ! Les chiffres et les données sont manipulables. Investir dans l’ESG requiert comme pour tout investissement d’adopter un comportement de « sachant », de regarder de près, avec sens critique, la trajectoire de son épargne. Certains démontrent qu’il ne suffit pas d’investir dans des valeurs ESG pour effectivement agir sur les sociétés de façon positive et pour obtenir des rendements. Néanmoins, selon une étude d’AXA IM, les valeurs aux notations ESG les plus importantes ont nettement mieux performé et ont été plus résilientes au cours du 1er trimestre 2020 par rapport aux investisse-
ments avec des notes ESG inférieures. C’est a priori une stratégie d’exclusion, consistant à sortir du portefeuille d’investissements les secteurs ou entreprises qui ne répondent pas à des critères ESG spécifiques, qui a porté ses fruits durant la crise du Covid-19. A la lecture de ces éléments, nous comprenons que le « greenwashing » demeure un écueil toujours présent et regrettable, dans lequel il est aisé de tomber. Anticipant la réglementation à venir, il convient toutefois en tant qu’individu de s’interroger humblement sur cette problématique : investisseur, producteur ou collaborateur, œuvrant à la recherche du mieux et à l’avènement de l’entreprise à mission sans sacrifier aux rendements, investir ESG n’est pas aussi évident qu’il n’y paraît. Par Cyril CAYEZ – Co-founding Partner ; Coraline MABILAT – Manager et Clarisse ; IVAÑEZ-BIESSY – Senior, HACA Partners
HACA PARTNERS - CABINET DE RÉVISION AGRÉÉ 6, route d’Esch t. +352 289 920 03 L-1470 Luxembourg www.hacapartners.lu
3 Parole d’investisseurs
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Planet First Partners
valeur à impact. Être ainsi conforme à un cadre d’impact très clair crée pour les entreprises des opportunités de rendement très intéressantes. La réglementation offre également une source de rendement complémentaire : elle oblige les grands groupes à modifier complètement leur approche et à faire éventuellement des acquisitions de sociétés qui leur amènent promis – par rapport à la poursuite d’objectifs une valeur ajoutée « impact » qui peut leur faire d’impact en ligne avec les mesures qui auront défaut. Ce qui va avoir un effet bénéfique sur la valorisation à la sortie. Un important gesété définies au départ. tionnaire d’actifs avec qui nous travaillons Parlez-nous de la genèse de votre projet. nous confirmait que, lorsqu’il investissait dans Dans nos vies personnelles, nous avons tou- des sociétés qui ont déjà cette plus-value jours été sensibilisés aux questions environ- « impact », il était beaucoup plus enclin à être nementales. Puis, nous avons, au cours de généreux en matière de valorisation. notre carrière d’investisseurs, commencé à voir émerger des opportunités d’investisse- Comme le consommateur, l’investisseur ment qui étaient vraiment liées à l’impact. serait ainsi prêt à jouer le jeu de l’impact ? Lorsque nous avons vu que nous pouvions Oui. Il y a du côté des investisseurs une attente combiner de manière significative nos aspi- très, très forte et une volonté de s’inscrire rations personnelles et nos expériences pro- dans ce sens-là. fessionnelles pour devenir des investisseurs C’est un aspect très intéressant du prode croissance dans des secteurs qui ont un blème. On constate que, dans les familles qui réel impact, qui font la différence, nous avons ont des structures de family office, la jeune Pour vous, qu’est-ce que pensé que c’était une excellente opportunité génération est de plus en plus demandeuse la finance d’impact ? pour nous, comme pour les investisseurs, qui et met plus de pression sur la gestion famiPour nous, faire de l’impact investing, c’est peuvent attendre des rendements plus impor- liale du patrimoine en faveur de dossiers qui investir dans des sociétés qui développent des tants que s’il n’y avait pas cette dimension sont créateurs de ce type de valeur. D’ailleurs, solutions plus saines et plus durables. D’un d’impact. Nous sommes un fonds à impact nous proposons à ce public des stages d’impoint de vue opérationnel, nous sommes un dont les rendements seront égaux ou supé- mersion pour l’aider à comprendre notre engagement. Pour nous, l’impact, c’est dans fonds de private equity spécialisé dans le capi- rieurs à un fonds de croissance classique. la manière dont on va aider les entreprises, tal de croissance pour les entreprises euromais c’est aussi dans la manière dont on va péennes développant des technologies dans L’impact serait donc synonyme les domaines de la durabilité, de la nutrition de plus-value assurée ? équiper les prochaines générations pour qu’elles et de la santé, et ayant l’ambition et la capaci- Je crois qu’il est important de voir qu’il y a, en puissent être les architectes du monde qu’elles té de transformer leur secteur à l’échelon mon- Europe, aujourd’hui, une très grande conscien- ont envie de voir. Les investisseurs industriels sont égaledial avec des produits, services et solutions tisation des consommateurs et des dirigeants « better for people, better for the planet ». d’entreprise et une demande pour des pro- ment très intéressés, moins, d’ailleurs, par Les sociétés dans lesquelles nous allons duits et des services qui font la différence. les perspectives de rendement que par le fait C’est très net du côté des consommateurs. que, via notre plateforme, ils vont pouvoir investir doivent, au moment où nous entrons dans leur capital, déjà avoir une approche Cette tendance à rechercher des solutions entrer en contact avec des entreprises qui rigoureuse de mesure et de suivi de leur impact combinant social et environnemental s’est innovent, qui trouvent des solutions et qui revendiqué. Nous-mêmes, au moment de même accélérée avec la crise du Covid. Les développent des technologies qui vont les choisir une cible, nous regardons si son action études sur les tendances des comportements intéresser, que ce soit dans le domaine de peut être rattachée aux objectifs de dévelop- des prochaines générations de consommateurs l’alimentation ou de la mobilité. Grâce à nous, pement de l’Onu, et comment elle se situe montrent que les fameuses générations Y et Z ils vont pouvoir être exposés aux innovations par rapport à la toute nouvelle taxonomie sont de plus en plus en attente de marques qui qui vont créer le fonctionnement de l’éconoeuropéenne. En fonction de cela, nous nous ont cette approche. Et elles sont prêtes à payer mie de demain. demandons comment son impact est mesu- un prix qui corresponde à cet engagement. Les rable, et nous allons créer des indicateurs-clés entreprises qui sont positionnées sur ce créde performance afin de mesurer tout cela au neau, cet engagement, vont profiter de cette cours de son développement. évolution du marché. Et celles qui ne le feront Une fois le choix arrêté, nous allons les pas s’exposent à des risques accrus. Selon nous, guider, les accompagner, non seulement par la poursuite de la création de valeur pour les rapport à la poursuite d’objectifs financiers, entreprises doit désormais combiner une créamais aussi – tout aussi importants et sans com- tion de valeur financière avec une création de Auteur MARC FASSONE
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Frédéric de Mévius et Alexander de Wit lancent Planet First Partners, une plateforme d’investissement d’impact. Leur credo : « Les consommateurs de demain ne feront pas de compromis entre prix et durabilité ; les futurs investisseurs ne transigeront pas sur le rendement et la durabilité ; nous avons pour objectif d’assurer que les investisseurs d’aujourd’hui n’aient pas à transiger non plus. »
« Du rendement sans pour autant faire de compromis »
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4 Sur le terrain
Comment, concrètement, les entreprises qui reçoivent des financements d’impact jonglent-elles avec les impératifs de rentabilité et d’impact ? Microlux donne une idée de la manière dont ces impératifs peuvent se conjuguer sur le terrain.
Alors que le Luxembourg est un pays à la pointe sur le créneau de la microfinance, il n’existait jusqu’en 2016 aucune institution en déclinant les bienfaits. Jusqu’à ce que Microlux soit fondée par un consortium regroupant BGL BNP Paribas, la Banque européenne d’investissement et Ada (Aide au développement autonome), rejoints plus tard par le groupe Foyer. Avec un objectif : favoriser l’inclusion sociale et économique en accompagnant financièrement et opérationnellement des porteurs de projets de création d’entreprise qui n’ont pas accès aux financements traditionnels, et améliorer les conditions de vie de ces personnes. Pourquoi une banque comme BGL BNP Paribas ne pourrait-elle pas faire cela directement ? Principalement parce que l’activité de microcrédit pour financer les entreprises demande un accompagnement spécifique, au plus près, pour assister une population qui reste à risque. Un accompagnement pour lequel les banques ne sont pas équipées. Mais ignorer ces personnes serait une erreur : en Europe, 30 % des créations de PME ou de microentreprises sont le fait de chômeurs. Il y a donc un potentiel à les aider à se développer. À la question de définir ce qu’est pour Microlux la finance d’impact, Samuel Paulus, senior manager, répond directement : « La porte s’ouvre chez nous quand, devant la banque, elle se ferme. Nous soutenons les entrepreneurs et porteurs de projets qui n’ont pas accès au financement bancaire classique. C’est lorsque les banques refusent le crédit que l’on commence à travailler. » Le secteur d’activité n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est l’impact, insiste Samuel Paulus. « Nos décisions de financer ou non un projet prennent en compte l’aspect social. Est-ce qu’on peut aider la personne à s’en sortir, à remettre un pied dans la société ? » 76
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L’exemple Microlux
Pourquoi privilégier un crédit plutôt qu’un financement bancaire « classique » ? « Nous restons sur l’activité de crédit parce qu’avec les très petits entrepreneurs, cela reste compliqué de faire un suivi exact sur le chiffre d’affaires ou sur les bénéfices. Nous avons réfléchi à un modèle grâce auquel nous pourrions investir dans ces sociétés, mais, au final, le crédit reste l’outil le plus adapté pour les soutenir. » Impact et rentabilité L’impact et sa mesure sont un défi pour le secteur en général. Comment celui-ci se mesuret-il chez Microlux ? La société a bouclé sa première grande étude sur le sujet en début d’année. Les résultats seront finalisés d’ici la fin de l’année et communiqués en détail lors de la célébration du cinquième anniversaire de l’institution. « Si l’on parle d’impact, on parle de changement par rapport à un but. Et si l’on ne sait pas clairement ce que l’on veut atteindre, on ne peut rien mesurer. Avec le recul, nous avons clairement redéfini notre mission, et à partir de là, nous avons mis en place des indicateurs qualitatifs, comme l’évolution de la situation professionnelle ou l’estime de soi, qui permet de rebondir dans la société, l’intégration dans celleci – un critère important, car on soutient beaucoup de réfugiés –, ou encore l’équilibre vie familiale-vie professionnelle, qui est très important chez les femmes, notamment après un chan-
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C’est le montant des prêts accordés par Microlux en 2020. Depuis le lancement de ses opérations en 2017, l’institution de microfinance a prêté pour 1,167 million d’euros et a soutenu 121 entrepreneurs. Le montant moyen d’un prêt est de 13.800 euros. Le taux d’impayés s’élève à 17 %.
gement professionnel ou un divorce, et qui ont choisi la voie de l’entrepreneuriat afin de devenir indépendantes. » Pour Samuel Paulus, les premiers résultats sont très positifs. « Nous avons vu qu’il y avait un vrai impact qualitatif dans la vie des personnes soutenues. Si l’on regarde la situation des personnes avant qu’elles viennent nous voir, 50 % d’entre elles étaient inactives ou au chômage. Un chiffre tombé à 8 %. Nous avons réussi à les sortir de cette inactivité. Et d’un point de vue quantitatif, 75 % de nos clients disent que leur condition professionnelle est meilleure qu’avant et qu’ils sont fiers de ce qu’ils ont accompli. Et même pour ceux dont l’entreprise n’a pas marché, ils veulent réessayer, cela leur a donné un élan, ils restent dans une dynamique. En leur donnant de l’argent, on leur donne de la confiance, la sensation de reprendre leur vie en main, qu’ils ne sont pas là que pour recevoir des aides. C’est quelque chose de très fort. Cela prouve à tous ceux qui nous ont soutenus la raison d’être de Microlux, et que son impact est tangible. » Comme Microlux ne fait pas de bénéfices, elle doit miser sur son seul impact. Ce qui illustre que la question du monitoring est la clé du futur de l’impact investing. Et qu’en estil, justement, du volet rentabilité ? Les seuls revenus de Microlux sont les intérêts perçus par les crédits, ainsi que les subventions de la Chambre de commerce et des ministères de l’Économie et des Classes moyennes. « Pour l’instant, cela ne couvre pas nos coûts. » Et ce, d’autant plus qu’avec la crise du Covid, la décision a été prise d’accorder des moratoires aux clients et de baisser les taux. « À 4 %, on ne couvre que le coût du risque. » Une hausse des taux, ou encore une augmentation de capital, est à l’étude. Mais rien n’est encore tranché. Pour les actionnaires, le volet impact prime sur celui du rendement. « Nous n’avons pas un objectif de rentabilité, mais un objectif d’autonomie. Très clairement, nos actionnaires ne sont pas là pour gagner de l’argent, l’objectif d’impact prime pour eux. Après, ils ne voudraient pas trop dépenser régulièrement. » En attendant, l’activité est là. En cinq ans, Microlux a délivré 150 microcrédits. Depuis le début de l’année, l’activité explose. « Fin mai, on a fait le double de dossiers par rapport à ce que l’on faisait les années d’avant. » Les raisons de ce rebond sont multiples : une meilleure visibilité – « le bouche-à-oreille joue beaucoup – et aussi un effet ‘fin de crise’. Nous sentons que les gens ont envie de se lancer. » Auteur MARC FASSONE
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Enjeux Impact investing
5 Les plus et les moins
Une dynamique prometteuse à appuyer
L’idée qu’il faut transformer la finance pour transformer l’économie s’incarne parfaitement dans l’impact investing. Si l’engouement et la volonté sont là, le défi reste son accessibilité à tout investisseur et, dès lors, sa taille potentielle et l’ampleur de son impact. Le cercle n’est pas encore vertueux. Auteur MARC FASSONE
C’est bon pour la planète Une contribution positive pour la planète et les populations Il y a une véritable prise de conscience : non seulement la finance d’impact ne nuit pas à la performance, mais elle peut générer des rendements financiers en ligne avec ceux du marché. Sa perception évolue, passant d’un moyen d’atténuer les risques à une opportunité. Grâce à elle, on peut toucher des secteurs délaissés par la finance traditionnelle. Une nouvelle compétence pour la Place La place financière occupe actuellement un rôle de leader européen en matière de structuration et de domiciliation de produits de finance d’impact grâce à sa boîte à outils et à la volonté du gouvernement de la positionner comme une place financière verte et durable. Un remède au Covid L’après-Covid-19 devra passer par des investissements mondiaux à grande échelle. La pandémie a détourné l’attention et les ressources d’une multitude de questions sociétales qui ont sérieusement besoin de financement, comme la réduction des inégalités et de la pauvreté ou l’éducation. Le risque est réel que les défis sociaux soient négligés, au profit des objectifs de neutralité carbone. L’investissement d’impact peut contribuer à éviter cela.
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Du sens dans la finance Avec la finance d’impact, il ne suffit plus de démontrer qu’une activité financée ne cause pas de tort à la planète ou à la société, il faut prouver qu’elle a un impact environnemental ou sociétal. Une ambition qui permet de redonner du sens à un secteur financier en quête de respectabilité auprès du grand public, qui devient de plus en plus exigeant sur la gestion de son épargne et son allocation vers l’économie réelle et durable. Un signal clair envoyé aux entreprises L’investissement socialement responsable fonctionne principalement sur le mode de l’exclusion et compte sur l’activisme actionnarial pour peser sur les conseils d’administration des entreprises. L’impact investing est beaucoup plus contraignant de ce point de vue pour les entreprises. Ce n’est pas parce qu’une entreprise répond aux critères ESG qu’elle peut être considérée comme un « investissement d’impact ». Si les sociétés veulent attirer les investisseurs, elles seront contraintes de se poser la question de l’impact de leurs activités.
Une notion encore floue L’absence d’une véritable définition de ce qu’est la finance d’impact Définir et normer ce que doit être la finance d’impact est l’un des défis que doit relever le secteur. Pour plusieurs raisons. La transparence vis-à-vis des investisseurs, d’abord. Pour une meilleure évaluation du marché, ensuite. Il est en effet difficile de donner une évaluation globale des encours, tant l’interprétation laissée aux investisseurs sur ce qui relève de l’impact investing ou pas est large. Cette clarification permettra de garantir le changement d’échelle de la finance d’impact sans lui faire perdre son intégrité, souligne le GIIN. Un investissement réservé De par leur nature, les fonds d’impact investing sont principalement des fonds alternatifs. Conséquence, ils sont réservés aux investisseurs professionnels ou avertis. Le grand public est donc exclu et doit se retourner vers des produits de niche, comme le crowdfunding. Les risques de dérive et d’impact washing Alors que l’utilisation du terme « impact » se développe à tout-va, le risque d’impact washing devient d’actualité. Beaucoup d’acteurs emploient aujourd’hui le terme comme un supplément marketing. L’offre ne cessant de croître, il devient indispensable de vérifier que les effets soient bien réels et positifs. La mesure des impacts reste perfectible L’impact washing renvoie au problème de la mesure de l’impact : si les collectes de données et les reportings se multiplient, aucun standard ne fait encore autorité. On juge encore beaucoup trop au coup par coup. Les initiatives des secteurs public et privé – citons la directive SFDR – ont permis cependant d’accroître la clarté et l’information, catalysant ainsi l’élan. Mais on doit mieux faire. Une goutte d’eau… Le marché est estimé à 715 milliards de dollars. Et s’il est prévu qu’il atteigne les 2.000 milliards d’ici 2025, il reste encore très en deçà du secteur de l’investissement responsable.
Le Paperjam Open, c’est LE tournoi de golf du magazine Paperjam. Une opportunité unique de rencontrer des personnalités influentes de la communauté business autour d’une passion, le golf. Le Paperjam Open, ce sont également des solutions de sponsoring créatives et impactantes pour associer l’image de votre société à un événement premium. Envie de jouer, de former des équipes interentreprises ou de sponsoriser ? Contactez-nous à l’adresse suivante : club@paperjam.lu
MARDI
20 JUILLET
LIEU Golf de Luxembourg Junglinster Domaine de Belenhaff L-6141 Junglinster
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ORGANISÉ PAR
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Passion Golf Photos
ANDRÉS LEJONA
Le golf a le vent en poupe. Beau temps oblige. Mais le Covid a aussi accéléré l’engouement pour ce sport de précision, qui se pratique en plein air. Le Luxembourg compte pas moins de cinq terrains de golf. Les photos du présent portfolio ont été réalisées au Golf de Luxembourg-Belenhaff à Junglinster et au Golf-Club Grand-Ducal à Senningerberg, et présentent un panachage des différents mordus de golf : joueurs pros, amateurs, juniors, seniors, businessmen et businesswomen. Au cliché de la femme ou de l’homme d’affaires qui joue pour améliorer son chiffre d’affaires, tous répondent par la négative. C’est le plaisir qui prime, et se combine harmonieusement avec la nécessaire concentration exigée par le jeu. Comme le disait Bob Toski, professionnel de golf américain : « Le golf est un sport pacifique qui se joue violemment de l’intérieur. » Auteur NATHALIE REUTER 80
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« Après une journée passée enfermée et assise devant son ordinateur, le golf permet de bouger, de marcher, de s’aérer dans la nature… tout ce dont on a besoin pour être en bonne santé. » Brigitte Pochon, avocate et managing partner chez Pochon Lawyers & Associates, a commencé à jouer au golf à l’âge de 22 ans et s’y est remise il y a deux ans et demi. « Jouer au golf, c’est du pur plaisir. Cela aide peut-être à agrandir son réseau, notamment lors d’événements corporate, mais pas à faire du business supplémentaire. » Son terrain préféré à l’étranger est celui du Monte-Carlo Golf Club, situé à La Turbie, en France.
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« Le golf, c’est un peu comme Tintin, ce journal des jeunes de 7 à 77 ans. C’est un sport qu’on peut pratiquer à tout âge et tout au long de l’année », affirme Christian Schock, le président de la Fédération luxembourgeoise de golf depuis cinq ans. Lui-même a débuté à l’âge de 8 ans, et a remporté 10 fois le titre de champion national. Sa plus grande satisfaction est de voir de jeunes golfeurs jouer à l’international, réussir et remporter des succès. La fédération compte aujourd’hui quelque 3.500 membres, dont 500 juniors.
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« On peut faire des rencontres intéressantes sur le terrain de golf. On peut jouer avec des joueurs débutants, confirmés, de tous les âges, de professions et d’horizons différents. Et, au fil des heures passées à jouer ensemble, on découvre le caractère des gens », raconte Fabienne Goeres, qui apprécie surtout l’aspect convivial du golf. Depuis quatre ans, elle est officiellement arbitre, diplômée du Royal and Ancient Golf Club of St Andrews en Écosse. Et cela fait maintenant déjà sept ans qu’elle siège au conseil d’administration du Golf-Club Grand-Ducal, qui compte 1.000 membres en tout, dont 300 sont actifs. Un ratio que le club n’a pas l’intention de changer, afin de laisser à ses membres le privilège de ne pas devoir réserver une place sur le terrain.
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« J’aime le challenge mental et physique du golf, mais encore plus le côté stratégie de ce sport », précise Marie Baertz. Âgée de 18 ans, elle a déjà été deux fois championne nationale du Grand-Duché. Joueuse depuis huit ans, elle est également membre en Allemagne du Erster Golfclub Westpfalz (premier club de golf du Palatinat occidental, ndlr), positionné dans la 2e Bundesliga. À côté de ses cours au Lycée Michel-Rodange, elle s’entraîne trois à quatre fois par semaine. Son rêve : obtenir un handicap en dessous de zéro. Il est actuellement à 1,0.
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« J’adore découvrir de nouveaux terrains et de nouvelles personnes lors des tournois », affirme Lenny Mines. Aujourd’hui âgé de 14 ans, ce jeune joueur de golf très précoce a commencé à balancer des clubs à 3 ans. C’est son père qui l’emmenait alors au terrain. Inscrit au Lycée des sports, Lenny s’entraîne pas moins de cinq fois par semaine et il a déjà remporté le titre de grand espoir du Luxembourg. Devenir joueur professionnel est évidemment son rêve. Une fois son bac en poche, il souhaite postuler auprès d’une université américaine afin de poursuivre ses études supérieures tout en intégrant une équipe de haut niveau.
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« Soyez patient, car le travail finit toujours par payer. » Voici la devise de Franck Navarro, professionnel qui a lancé en 2012 le Lux Golf Center et sa propre Golf Academy à Kockelscheuer. Il a mis six ans pour réaliser son rêve d’un centre d’entraînement qui corresponde à sa vision d’enseignement du golf, avec des zones pour débutants et d’autres pour joueurs de haut niveau. C’est à l’âge de 13 ans qu’il a craqué pour le golf. En 1995, il était « Champion de France Sports Études » et, sept ans plus tard, il a obtenu le précieux diplôme de professionnel de golf à l’école de Roger Giraud à Saint-Cloud. Aujourd’hui, son centre d’entraînement compte quelque 500 abonnés et un millier de joueurs le fréquentent.
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« J’aime les journées où cela se passe bien et je déteste les journées où cela se passe mal », déclare Henri Karas, qui a hérité sa passion du golf de ses parents. Henri Karas, qui joue depuis 25 ans, a commencé à l’âge de 6 ans. Head of mid corp à la BIL au sein du département Corporate Luxembourg, il a été deux fois champion national junior. « On est d’abord là pour se faire plaisir et jouer. On fait évidemment plein de rencontres et on parle business si besoin. » Son terrain préféré à l’étranger ? Celui de Valderrama, en Espagne.
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« Je joue depuis la moitié de ma vie. Le golf permet d’être face à soi-même dans un environnement naturel. En jouant, je ne peux pas me concentrer sur autre chose, donc cela permet de se vider la tête. En plus, je peux jouer avec ma famille, peu importe leur niveau. C’est un sport transgénérationnel, comme peu d’autres le sont, explique Valérie Arnold, partner et sustainability leader chez PwC. Naturellement, ça parle business sur le terrain. Les hommes n’abordent généralement jamais ces sujets en présence de femmes. En revanche, si moi je lance le débat, ils suivent. »
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« À 11 ans, je savais que je voulais devenir joueur de golf professionnel », révèle Alex Verschaeren. Aujourd’hui âgé de 32 ans, il a réalisé son rêve. De plus, il est le seul joueur de golf professionnel à défendre les couleurs du Grand-Duché au Pro Golf Tour. Né au Canada, il est tombé amoureux du golf dès l’âge de 7 ans. À 16 ans, il a remporté le Championnat national du Luxembourg dans la catégorie Juniors. Naturalisé à 18 ans, il devient membre de la section des sports d’élite de l’armée. Actuellement, il s’entraîne avec son caddy, Julia Tomkova, afin de remporter la qualification pour l’European Tour et le Challenge Tour en fin d’année.
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« Le sable est un élément essentiel dans le domaine du bâtiment », explique Marc Baertz, partner chez Inowai, qui a commencé à jouer au golf dans les années 90. On le croise une à deux fois par semaine sur les parcours de golf. Alors que les courts de tennis sont identiques partout dans le monde, la variété des terrains de golf est presque infinie, rappelle-t-il. Parmi ses terrains favoris, celui de Sperone, en Corse du Sud. « Peut-on faire des affaires au golf ? Oui, certainement… à la terrasse, après avoir joué, mais pas sur le terrain ! »
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Débat public Début juin, les organisations nationales de tourisme des pays européens se sont réunies physiquement pour la première fois depuis le début de la pandémie. J’y ai aussi participé pour le Luxembourg et, personnellement, j’ai eu un réel plaisir de pouvoir à nouveau discuter en direct avec des collègues européens pour évoquer un des sujets les plus importants à l’ordre du jour : revenir rapidement aux chiffres de 2019 ! Ou peut-être pas ? Si, en 2019, notre pays a lui aussi connu une des meilleures années touristiques de son histoire, il a heureusement été épargné par les ravages du tourisme de masse. Nous devons conserver cet atout : non seulement grâce à la gestion coordonnée de la destination sur le long terme et au développement durable de celle-ci dans le contexte du changement climatique, mais aussi grâce à une stratégie de communication et de marketing qui valorise le client dans son expérience. La pandémie nous montre que nous devons considérer la promotion touristique et le management de la destination sous l’angle des lieux de vie et de rencontres, car c’est bien ce qui la rend intéressante aux yeux des voyageurs. Cela permet de faire rayonner le pays dans ce qu’il a de plus moderne et de positif, en mettant en avant plus d’émotions, plus d’authenticité, plus « d’esprit Luci ».
Sebastian Reddeker CEO de Luxembourg for Tourism GIE D’après des études, l’image de marque du pays et celle de sa marque touristique Visit Luxembourg ont bien résisté à la crise. En matière de sécurité et de confiance – deux critères déterminants dans le choix d’un voyage –, le Luxembourg reste en effet très apprécié. Ce genre d’atouts et de valeurs devrait aussi constituer une base pour positionner le secteur. Si les mentalités ont changé au point qu’il faille envisager de nouveaux modèles commerciaux, nous devons orienter notre discours vers une nouvelle forme de voyage. Celle qui met en avant des expériences locales, par exemple, celle qui mène le visiteur au cœur de nos petits villages, au cœur de la forêt et des vignobles, et donc au cœur de ce que la destination a à offrir. Grâce à la richesse de sa nature et à sa facilité d’accès, le Luxembourg est une destination attrayante en Europe, et encore plus pour des voyages spontanés et de courte durée. Faisons de notre mieux pour la faire évoluer de manière innovante et intelligente, et ne nous efforçons pas à tout prix à vouloir attirer les foules ! Les rêves de voyages des gens se sont accumulés. Il est grand temps que nous les aidions à les réaliser.
Sebastian Reddeker veut faire entrer les touristes au cœur de ce que le pays a à offrir. Photo ANDRÉS LEJONA
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Chers membres, Ce mois de juin a été l’occasion pour nous de revoir certains d’entre vous autour d’un verre lors de nos événements Back to Live et The Place. Quel plaisir de voir vos sourires et votre joie de pouvoir enfin échanger, en toute sécurité et de façon conviviale, avec d’autres membres. En juillet, vous aurez l’embarras du choix, car nous continuons sur notre lancée avec nos événements en présentiel comme le 10×6 RH suivi d’un cocktail, le CEO & Entrepreneurs Cocktail à la résidence de l’ambassadeur du Japon, le 10e anniversaire du magazine Delano, le Paperjam Open 2021 et plusieurs Back to Live. Rendez-vous sur notre site paperjam.lu pour faire votre sélection et n’hésitez pas à vous joindre à nous. Nous avons mis en place le CovidCheck lors de tous nos événements, ce qui vous permettra de profiter de cette reconnexion humaine en toute sécurité. Par ailleurs, nous avons prolongé le délai de remise de candidature aux Paperjam Recovery Awards jusqu’au 17 septembre prochain, donnant ainsi la possibilité à nos lecteurs de nommer l’entreprise de leur choix parmi 5 catégories (résilience, solidarité...). Pour plus d’informations, consultez notre site. Take care and stay safe. ANA WISCOUR-CONTER Deputy director Paperjam + Delano Club
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Inspire Venez écouter des experts, décideurs et influenceurs locaux ou interna-tionaux s’exprimer sur des sujets d’actualité variés. Qu’il s’agisse de 10×6, tables rondes, débats, ou encore de keynotes, ces rendez-vous vous proposeront une dose d’inspiration pour penser à votre business de demain. Des rendez-vous suivis d’un cocktail dînatoire propice aux échanges et au networking.
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500 HEURES
Heures de formation par an qui couvriront hard et soft skills, et qui créeront une valeur supplémentaire pour vos employés.
Network Rejoignez les 1.300 sociétés membres du Paperjam + Delano Club et développez votre réseau. Générez de nouvelles opportunités d’affaires dans un cadre convivial et informel avec nos formats Networking Circles, Déjeuners Carrousel, CEO Cocktails, ou encore les visites Dans les coulisses… Pour joindre l’utile à l’agréable !
COMMENT PARTICIPER AUX ÉVÉNEMENTS DU PAPERJAM + DELANO CLUB ? Vous êtes déjà membre Il vous suffit de vous rendre sur notre site web paperjam.lu, dans la section Club, afin de trouver l’événement auquel vous souhaitez participer. Remplissez le formulaire d’inscription en bas de page pour vous inscrire à nos événements physiques ou digitaux.
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Vous n’êtes pas encore membre Il vous suffit de contacter l’équipe du Paperjam + Delano Club par e-mail via club@paperjam.lu,, qui vous mettra en relation avec l’un de nos chargés de compte pour vous faire entrer dans le plus grand business club du Luxembourg.
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Edith Belso (EB Advisory Services)
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Marianne van den Eerenbeemt (LivinLux)
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Fernand Ernster (Ernster – L’esprit livre)
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Paul Ernster (Ernster – L’esprit livre)
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Marc Muller (CNPSES)
JUILLET 2021
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Ne manquez pas
Business Club Juillet 2021
Jeudi 8 juillet
Mardi 13 juillet
CEO & Entrepreneurs Summer Cocktail
À l’occasion de notre CEO & Entrepreneurs Summer Cocktail, le Paperjam + Delano Club a le grand plaisir d’inviter les CEO et chefs d’entreprise membres du Club, le 8 juillet prochain, à partir de 18 h 30, dans les magnifiques jardins de la résidence de l’ambassadeur du Japon. PROGRAMME 18:30 – 20:30
Inscrivez-vous
LIEU Résidence de l’ambassadeur du Japon SPONSORS
Delano 10th Anniversary Party
The leading English-language financial and political magazine in Luxembourg is celebrating its 10th anniversary! From its inception, it has reflected the issues that expats have wanted to talk about. Come and join us for a drink as we celebrate coming out of lockdown and reconnecting with old friends and colleagues. PROGRAMME 18:30 – 21:30 LIEU Brasserie Schuman SPONSORS
Mardi 20 juillet
Paperjam Open 2021
Le Paperjam + Delano Club organise son deuxième tournoi de golf convivial destiné aux membres et aux collaborateurs du Club. S’adressant aux joueurs confirmés comme aux débutants, le Paperjam Open se déroulera dans un cadre idyllique : le Golf de Luxembourg à Junglinster. PROGRAMME 12:00 – 21:00 LIEU Golf de Luxembourg, Junglinster SPONSORS
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JUILLET 2021
Inscrivez-vous
Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu
Inscrivez-vous
Photo : IMS chez Bionext Lab
dayCARE 2021 :
Le regard vers votre avenir
Le 27 octobre, c’est le dayCARE! Préparez votre entreprise pour l’économie de demain avec un engagement social. Informez-vous sur
www.daycare.lu Ce projet bénéfice du soutien de
En coopération avec
En partenariat avec
ÉL LAUR U ÉAT La ph ila ÇA MA nthropie, RCHE !
Le programme
Business Club Juillet 2021
Mercredi 30 juin
Vendredi 2 juillet
Jeudi 8 juillet
CEO & Entrepreneurs Summer Cocktail
WEBINAR
Bankruptcy, the law, and possible solutions and remedies for distressed companies
HORAIRE 18:30 – 20:30 LIEU Résidence de l’ambassadeur du Japon SPONSORS Art.M, ING
HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream Lundi 12 juillet WEBINAR
Regulatory Reporting: understanding its added value
Paperjam + Delano Club Lunch
HORAIRE 17:00 – 18:00, Livestream
HORAIRE 12:00 – 13:30
SPONSORS ALRiM, Economist Club
LIEU Restaurant Fënnef’s
Lundi 5 juillet
Back to Live
Back to Live HORAIRE 17:30 – 18:30 LIEU Come à la maison
Mardi 13 juillet
Delano 10th Anniversary Party HORAIRE 18:30 – 21:30
HORAIRE 17:30 – 18:30
LIEU Brasserie Schuman
LIEU Come à la maison
SPONSORS ING, Enovos
Mardi 6 juillet
Mercredi 14 juillet
Breakfast New Members HORAIRE 09:00 – 09:45, Livestream
Networking Golf HORAIRE 17:30 – 21:00
Mercredi 7 juillet
LIEU Lux Golf Center
WEBINAR
Management : embaucher un nouveau collaborateur
Jeudi 1er juillet
Breakfast Nouveaux Membres
HORAIRE 13:30 – 14:30, Livestream
HORAIRE 08:15 – 09:30
Back to Live HORAIRE 17:30 – 18:30
LIEU Hôtel Novotel Luxembourg Centre
LIEU Bistro Le Duc
Vendredi 16 juillet
Breakfast Nouveaux Membres HORAIRE 09:00 – 09:45, Livestream
In conversation with Sasha Baillie Let’s Taste: Summer Wines HORAIRE 18:30 – 20:30
HORAIRE 17:00 – 18:00 LIEU PwC Luxembourg – Crystal Park SPONSOR PwC Luxembourg
LIEU Caves Bernard-Massard
Mardi 20 juillet
Paperjam Open 2021 HORAIRE 12:00 – 21:00 LIEU Golf de Luxembourg, Junglinster SPONSORS LHoFT, HTV, Samsic
Vendredi 2 juillet MARCOM BREAKFAST
Approche commerciale et économie « low touch » HORAIRE 08:15 – 09:30 LIEU Silversquare
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JUILLET 2021
Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site du Paperjam + Delano Club : club.paperjam.lu
Retrouvez le programme complet
RECOVERY AWAR DS
Choisissez votre catégorie et participez aux Paperjam Recovery Awards pour donner de la visibilité à votre société...
Résilience
Innovation
Digitalisation
Solidarité
Green / Économie circulaire
... ou nommez l’entreprise qui, selon vous, mérite de la reconnaissance pour avoir surmonté la crise en se réinventant ou a fait preuve de résilience ou de solidarité. Remise des prix le 2 décembre par le ministre de l’Économie, Monsieur Franz Fayot Date butoir de remise des dossiers
VENDREDI 17 SEPTEMBRE
G O L D S P O N SO RS
O RGA N I SAT E U RS
PLUS D’INFORMATIONS SUR RECOVERYAWARDS.PAPERJAM.LU
Flashback
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JUILLET 2021
4
Vos événements Le Club a fait son retour en présentiel lors de ses derniers événements. Nous savons à quel point le contact et le networking sont importants pour ses membres, c’est pour cela que nous avons développé les formats « Back to Live », dont la 1re édition pleine de succès a pris place à la Brasserie Beaulieu. Côté innovation, le 3e des quatre rounds des Start-up Stories est désormais terminé et a été remporté par 1 Lukas Weick et 2 Dan Romescu (Xcope), ainsi que 3 Imeshi Weerasinghe (WEO), que nous félicitons à nouveau. Nous remercions aussi nos partenaires et soutiens, Startup Luxembourg, Office Freylinger et Luxembourg-City Incubator. Dans la continuité du networking, c’est un duel entre vins de Loire et du Languedoc qui a eu lieu au sein du Jardin Secret de Paladium : un rendez-vous fort autant en termes de goûts que d’opportunités. Quelques jours plus tard, c’est le bâtiment H2O qui a été l’écrin de notre événement The Place, en partenariat avec JLL. L’occasion pour les membres de découvrir « l’avant-travaux » de ce lieu qui les accueillera à nouveau l’année prochaine, lorsque le projet sera fini. Enfin, 5 Marcel Leyers, président du comité de direction et membre du conseil d’administration de la BIL, qui occupe la 8e position du classement du Paperjam Top 100, a répondu aux questions de 4 François Génaux, partner et advisory leader chez PwC Luxembourg, lors d’un nouveau webinar organisé dans les locaux du Crystal Park. Un échange qui a permis de revenir sur l’actualité de la BIL au travers de ses résultats et du rôle de soutien qu’elle a joué en 2020 auprès des acteurs locaux, mais aussi d’aborder certains des défis pour le secteur bancaire et réfléchir au modèle de la banque du futur. Plus de photos sur
paperjam.lu
Photos
Simon Verjus
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« Certains secteurs ont su tirer leur épingle du jeu crise. » pendant la crise. Marcel Leyers BIL JUILLET 2021
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BRAND VOICE
Déguster un cocktail entre collègues ou entre amis à la sortie du bureau ? L’idée plaît de plus en plus. Comme en Italie, une marque représente ce moment convivial : Martini. Contenu sponsorisé par BACARDI
L’« ora dell’aperitivo » représente un moment phare de la journée des Italiens. Une habitude pour beaucoup. Dans le nord de l’Italie, il est très fréquent pour les employés qui sortent du bureau de s’installer sur une terrasse pour déguster un apéritif (le plus souvent un vermouth) et parler de travail ou de sport. Martini, l’apéritif iconique La boisson qui représente le mieux l’histoire de l’apéritif aux yeux des Italiens n’est autre
que le Martini. « À l’heure de l’apéritif, on observe toujours des cocktails Martini sur les tables. C’est une marque authentique », explique Andrea, Bar Manager à Come à la Cave. Le jeune homme, originaire d’Italie, y a travaillé comme Barman et Bar Manager jusqu’en 2017, avant de poser ses bagages au Luxembourg. « J’ai étudié la mixologie dans différentes académies, dont Jerry Thomas Speakeasy, où j’ai appris à travailler sur la tridimensionnalité d’un cocktail.
J’ai ramené ici ce concept, qui permet, à partir d’un cocktail classique, d’en créer une infinité. » Chez nous, l’« Happy Hour » de fin de journée est également de plus en plus répandue, permettant à Andrea d’échanger avec les clients sur la mixologie à l’italienne. « Le Martini représente à mes yeux un moment convivial que nous espérons tous retrouver. Cela me rappelle les grandes terrasses en Italie. Ce que nous souhaitons offrir aux clients,
La tradition italienne à l’état pur 104
JUILLET 2021
Cocktail Le Vibrante Pour 1 personne 5 cl de Martini Vibrante (sans alcool) 1,5 cl de jus de citron vert Pour compléter : 1 ginger beer
Rafraîchissez le verre de service. Ajoutez le Martini Vibrante et le jus de citron vert dans votre verre et remuez. Recouvrez de glace et ajoutez la ginger beer. Dégustez !
c’est une expérience italienne grâce à un concept et des recettes. »
Photos
Simon Verjus (Maison Moderne)
Innover pour continuer à vous satisfaire Au Luxembourg, c’est une tout autre mentalité qu’Andrea a pu découvrir. « Si les Italiens ont une idée précise de ce qu’ils souhaitent déguster, ici, les clients sont ouverts à l’idée de découvrir de nouvelles boissons. Le monde de la mixologie n’est pas encore aussi développé, mais cela devrait changer. » Pour satisfaire au mieux cette clientèle avide de nouveautés, la marque a misé sur l’innovation, en proposant notamment des boissons sans alcool. « Ces produits constituent une révolution. Ils permettent en effet de toucher les clients qui, habituellement, ne peuvent ou ne veulent pas boire d’alcool. Ils ont désormais l’opportunité de déguster un Martini et de profiter d’une véritable expérience de mixologie. Nous avons par exemple, sur notre carte, 5-6 cocktails de qualité élaborés avec ces produits. » Des boissons pour tous les goûts Ces nouvelles boissons permettent donc à chacun de déguster un cocktail à base de Martini lors de l’apéritif ou au moment du digestif. « De nombreuses personnes demandent des boissons non alcoolisées avant de reprendre le volant. Elles ne souhaitent pas pour autant
CHIFFRES-CLÉS
150
La marque Martini a été créée il y a plus de 150 ans.
30
Martini est présente sur le marché luxembourgeois depuis plus de 30 ans.
350
Nombre de points de vente en grande distribution et pétroshops.
90
Plus de 90 % des points de vente HoReCa au Luxembourg proposent aujourd’hui la marque Martini à leurs clients.
boire un mélange de jus, mais un vermouth sans alcool accompagné de soda pour conserver cette mentalité italienne, sans compromis sur le goût et la qualité. » Pour cette clientèle, Martini propose désormais deux types de vermouth sans alcool. Si la texture est identique, le goût diffère. Le vermouth Vibrante est plus amer, se rapprochant d’un Negroni ou d’un Americano. Le vermouth Floreale, plus rafraîchissant, peut quant à lui être travaillé comme un cocktail Hugo et accompagné de menthe ou de soda. Autre produit considéré comme innovant, non sans rappeler le Martini classique, le Martini Fiero, à base d’oranges sanguines,
fonctionne très bien au moment de l’apéritif. En particulier comme bitter pour les Spritz, et accompagné d’un tonic afin de rafraîchir les papilles. « Les clients qui viennent au restaurant apprécient d’abord un apéritif à base de ce produit. »
rtager té de pa iviali Envie e conv -nous. d t n e m ez un mo ini ? Contact t r a avec M
isse@ rfroch di.com bacar
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Ma maison
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Audrey et Charly habitent, avec leurs deux enfants, une charmante maison de ville à Luxembourg. Une maison redécorée à leur goût, avec l’aide d’Atelier Compostelle.
1
Depuis novembre 2020, Audrey et Charly ont emménagé dans cette maison en rangée à Luxembourg. « Nous aimons beaucoup le quartier, où nous habitions déjà précédemment, mais dans un appartement, explique Audrey.
Nous aimons l’ambiance urbaine, cosmopolite et, en même temps, la rue est remplie de jolies petites maisons. » Après avoir eu un coup de cœur lors de leur visite, ils décident d’acheter la maison du début du siècle refaite en 2018. « La décoration n’était pas à notre goût. Nous avons changé beaucoup d’éléments, tout en conservant bien entendu les éléments anciens. » Les pièces ne sont pas très larges, mais la généreuse hauteur de plafond apporte de l’ampleur. Audrey a toujours aimé la décoration et tient certainement cela de sa maman, qui était décoratrice d’intérieur. « J’apprécie particulièrement le style italien, le marbre, l’association du gris et du blanc. » Atelier Compostelle l’a aidée dans les proportions des meubles, le choix des couleurs et des papiers peints, et dans la coordination des corps de métier. Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ANDRÉS LEJONA
DIALOGUE ENTRE 106
JUILLET 2021
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1 Dans l’entrée, on trouve des éléments historiques de la maison, comme les carreaux de ciment ou le garde-corps en bois travaillé de l’escalier. 2 La salle à manger présente un caractère plus sombre, plus design, qui se distingue bien de l’espace salon, tout en restant dans la continuité de celui-ci. 3 Près de la cuisine, le coin petit-déjeuner est l’espace idéal pour se retrouver en famille. 4 À l’étage, les enfants ont chacun leur chambre. Celle de la petite fille est une bulle toute rose. 5 Dans le salon, les propriétaires tenaient à avoir une cheminée. Un rêve réalisé grâce à un modèle fonctionnant à l’éthanol, inséré dans un meuble construit sur mesure.
ANCIEN ET MODERNE JUILLET 2021
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Mon argent
CEO de Degroof Petercam Asset Services, Sylvie Huret envisage ses revenus comme un moyen de profiter de la vie. Entre piles de livres et dunes de la mer du Nord. Une devise par rapport à l’argent ? « L’argent est un très mauvais maître, mais un précieux serviteur. » Ne pas avoir de soucis d’argent est un vrai confort, mais c’est tellement triste de voir des gens qui ne profitent pas de quelque chose qui doit être un moyen et pas une fin en soi. Le but ne doit pas être l’accumulation. Un souvenir de vos premiers gains d’argent ? J’ai eu la chance d’avoir des parents qui nous ont payé des études, mais notre argent de poche était réduit au strict minimum. Pour profiter de ma vie d’étudiante, j’ai donc cumulé beaucoup de petits jobs : serveuse dans des bars d’étudiants, hôtesse dans des foires et salons… J’ai compris que les journées pouvaient être longues dans ce genre de boulots, et ça m’a convaincue de faire des études qui me permettraient d’obtenir un travail plus intéressant. Vous avez fait quelque chose de spécial de cet argent de poche ? Non, quand j’étais jeune, ce qui comptait pour moi, c’était de pouvoir faire des fêtes avec tous mes amis. C’était ma principale motivation. Avez-vous des passions coûteuses ? J’ai une passion pour la lecture. Ce n’est donc pas une passion coûteuse, mais une passion riche. Je lis énormément, mais je n’achète jamais que des formats de poche. Vu ce que
Pour Sylvie Huret, un produit non durable est toujours trop cher, parce qu’il ne devrait pas exister.
je consomme, ça prend de la place et, surtout, j’aime pouvoir les donner à mes enfants ou des amis une fois que je les ai lus. Mais je peux sortir d’une librairie avec une pile de 40 cm de livres. Ma richesse, c’est d’avoir des livres en stock. Un coup de folie que vous ne regrettez pas ? Il y a environ cinq ans, nous avons acheté une maison à la côte belge, près de la frontière hollandaise. Les prix sont très élevés là-bas, mais nous en profitons énormément. C’est un endroit magique où nous nous retrouvons en famille ou entre amis. Avec ce genre d’achat, on sait clairement pourquoi on travaille. Un rêve irréalisable ? Depuis toujours, je rêve d’un sac à dos-hélicoptère comme l’a conçu l’artiste belge Panamarenko,
mais qui ne ferait pas de bruit et fonctionnerait à l’énergie verte. Je trouverais fabuleux de pouvoir me déplacer à l’air libre en regardant tout d’en haut. Un objet très précieux ? Les photos de mes enfants quand ils étaient petits. Le prix de certaines choses vous dérange-t-il ? Oui, celui, pas très élevé souvent, de produits qui ne sont pas durables. Ça me rend dingue. Un produit qui n’est pas de qualité et qui pollue est à la base déjà trop cher. Il ne devrait pas exister. Pour devenir riche, il faut… Soit être né riche, soit être persévérant. Il est difficile de devenir riche, si l’on n’est pas né riche, sans avoir de la consistance et du courage pour aller au bout de son idée ou pour pouvoir traverser des moments difficiles.
Des choses pour lesquelles vous ne regardez pas à la dépense ? La première, c’est l’éducation des enfants. Il faut pouvoir les équiper en termes de bagage académique, d’ouverture au monde. La deuxième, ce sont les voyages. La troisième, enfin, c’est l’aménagement de mon lieu de vie. J’aime beaucoup l’art contemporain et le mobilier scandinave vintage. Épargner ou investir ? En fait, j’investis mon épargne. Depuis toujours, je confie celleci aux gens dont c’est le métier. Je serais incapable de le faire moi-même et je n’aimerais pas m’en vouloir d’avoir fait le mauvais choix. Mais je suis confiante, je regarde ça sur le long terme, je ne m’inquiète pas de son évolution. Interview JEAN-MICHEL LALIEU Photo ANDRÉS LEJONA
Profiter plutôt qu’accumuler 108
JUILLET 2021
Le Club revient en présentiel
Back to Live Learn, Inspire, Network, Engage Rencontrez-vous à nouveau.
Laura Goedert Managing partner, Epic Events Comment aimez-vous définir votre style ? Who’s Karl? J’adore rajouter des accents Coco à ma tenue, mais sans que ce soit Chanel. Souvent habillée en noir et blanc, il y a toujours des perles qui apparaissent, un nœud papillon par ici, un col blanc par là, ou encore une petite veste noire, réalisée par mon adorable grand-mère ! Depuis peu, j’ai pris goût aux couleurs et le motif léopard est un « must ». Que porteriez-vous pour un événement exceptionnel ? Je ne suis pas vraiment fan de robes, je serais donc plutôt en black tie, un peu comme Carrie Bradshaw dans Sex and the City. Mais avec des talons ! Un afterwork pétanque se dessine, que portez-vous ? Un jean, un t-shirt et mes Converse, que j’adore, avec quelques accessoires pour toujours respecter mon style. Votre no-go absolu sur le terrain ? Les ballerines… sauf si c’est volontairement tape-à-l’œil, comme les flirting flats de Chiara Ferragni, mais ça reste à négocier… Quelle pièce aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Mes chapeaux ! Chacun peut porter un chapeau avec les différents types qui existent. Un chapeau apporte toujours une certaine classe à chaque tenue. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? Modu Shop, Manalena ou encore Hello Beluga. On y trouve toujours une pièce osée, mais qui va bien avec le reste de ma garde-robe !
08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.
130 - 160 signes
Une pétanque au soleil 110
JUILLET 2021
Mon style
Laura Goedert et Raffaele Carletti ont été photographiés sur le terrain de pétanque du Kyosk.
Raffaele Carletti Responsable administratif et financier, Crèches et Foyers Barbara Comment aimez-vous définir votre style ? J’aime être à l’aise dans les vêtements que je porte… je dirais donc streetwear chic… Quelles sont les pièces les plus branchées de votre garde-robe ? J’adore les sneakers, j’en ai de tous les styles, mais j’ai un petit faible pour les modèles Air Jordan old school, indémodables ! Un afterwork pétanque se dessine, que portez-vous ? Un pantalon cargo, un t-shirt ample et des lunettes de soleil… sans oublier un porte-monnaie pour aller chercher quelques bières au bar ! Votre no-go absolu sur le terrain ? Le pantacourt et les claquettes. Je n’en dirai pas plus… Quelle pièce aimeriez-vous transmettre, et à qui ? Sans aucun doute une montre Panerai que j’ai reçue de mon papa et que j’aimerais transmettre à mon fils. Que portez-vous le week-end ? La même chose que la semaine… J’ai la chance de pouvoir travailler dans un milieu qui me le permet et il y a donc assez peu de différence entre mes tenues de travail et de repos. Une adresse shopping coup de cœur au Luxembourg ? L’enseigne American Vintage, sans hésiter !
130 - 160 signes 08_legende de cette photo où l'on apprend qu'Anna porte un manteau en fausse fourrure de chez Zara, des escaprins Versace, un jean Reiko et un sac à main Gucci.
Auteur FABIEN RODRIGUES Photos RICK TONIZZO
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Ma collection
ts résen a sont p peaux n de Fatim a h c ie . Les quotid on enfance le s dan is s i depu Roug
Pour sortir de l’ordinaire 112
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Depuis qu’elle est enfant, Fatima Rougi porte des chapeaux. Un accessoire qui l’accompagne au quotidien, tout comme pour les moments de fête. « Mes premiers chapeaux m’ont été offerts par mes sœurs, qui ont décrété que j’avais une tête à chapeau. Depuis, j’adore en porter, mais aussi toutes sortes d’accessoires qui vont sur la tête ! », introduit Fatima Rougi. Aujourd’hui, sa collection compte près d’une centaine de pièces. « J’ai un faible pour les bérets et les chapkas, qui me tiennent chaud aux oreilles en hiver, avoue la jeune femme, frileuse. Mais j’aime aussi beaucoup les bibis ou les panamas. » Ses chapeaux, elle les porte au quotidien. « Mettre un chapeau, c’est sortir de l’ordinaire. Et cela a un côté très pratique : j’ai moins à me soucier de mes cheveux longs et bouclés, difficiles à coiffer. » Très méticuleuse, elle apporte un grand soin à ses chapeaux afin de ne pas les abîmer. « En voyage, je fais toujours attention à ce que le sac soit aux bonnes dimensions, ne replie pas les bords du chapeau, et je l’emmène avec moi en cabine. » Pour ses achats, elle privilégie les magasins de seconde main et les boutiques de chapeliers, « car c’est vraiment un travail artisanal où les finitions sont importantes ». Enfin, elle confesse une grande admiration pour la Maison Michel, dont elle aimerait un jour s’offrir une pièce, « peut-être le modèle Jamie avec les oreilles de chat ».
Auteur CÉLINE COUBRAY Photo ANDRÉS LEJONA
JUILLET 2021
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Ma recette
Qu’ils soient de cinéma ou bien à enfourner pour régaler ses proches, les plateaux n’ont aucun secret pour Amine Jaber, qui maîtrise les influences levantines dans sa cuisine... Pour 3-4 personnes Préparation : 20 minutes Cuisson : 35-40 minutes POUR LES KEFTAS : 2 grosses pommes de terre 100 g de quinoa rouge 400 g de pois chiches précuits 1 oignon 1 petite botte de coriandre 2 cuillères à café de 7 épices (dans toutes les épiceries orientales) Sel Un filet d’huile d’olive vierge extra POUR LA SAUCE AU TAHINÉ : 2 cuillères à soupe de tahiné (crème de sésame orientale) 2 cuillères à soupe de yaourt à la grecque Le jus d’un citron 1 gousse d’ail écrasée et émincée Sumac (épice rouge orientale) Sel POUR LE VIN Chardonnay Ahn Vogelsang 2019, Maison Viticole Schmit-Fohl
Keftas végétariennes 114
JUILLET 2021
Mixer l’oignon et la coriandre d’abord, puis ajouter les autres ingrédients et mixer de nouveau jusqu’à obtention d’une pâte homogène. En parallèle, préchauffer le four à 200 °C. Choisir un plat en Pyrex de taille moyenne et y verser toute la pâte de manière à obtenir un niveau égal sur toute la surface. Mettre au four pendant 30-35 minutes. 5 minutes avant la fin, passer en mode grill pour obtenir, sur le dessus, un côté croustillant qui fera la différence... Pendant la cuisson des keftas, préparer la sauce. Mélanger le tout dans un récipient rond. Ne soyez pas surpris : le citron va donner une texture dure et peu appétissante à la sauce... Mais en intégrant progressivement un tout petit peu d’eau froide, jusqu’à obtenir une texture fluide et sans grumeaux, ce ne sera qu’un mauvais souvenir ! Réserver ensuite au réfrigérateur en attendant que les keftas soient prêtes. Une fois que c’est le cas, former simplement les keftas à partir de la préparation cuite grâce à un emportepièce de votre choix... Il suffira enfin de servir la sauce dans un joli bol pour accompagner ces keftas version veggie. Pour apporter un peu de couleur et de fraîcheur, ne pas hésiter à découper quelques bâtons de carotte et de concombre arrosés de jus de citron pour des dips qui s’accorderont particulièrement bien avec l’ambiance de la table... Sahtayn !
Auteur FABIEN RODRIGUES Photos ROMAIN GAMBA
Les Seated Dinners − nouveau format de soirées exclusives − rassembleront, au cours d’un dîner assis d’exception et d’une conférence thématique donnée par un expert international reconnu, l’essentiel des acteurs d’un secteur d'activité. La première édition réunira dans la grande salle de l’Athénée de Luxembourg près de 200 acteurs privés issus des secteurs de la construction, de l’immobilier et de l’architecture, ainsi que des personnalités politiques et institu-tionnelles pour un dîner-conférence inspirant et gastronomique, suivi d’un after-dinner cocktail propice au networking et à la convivialité. Orateur : François Trausch, CEO Allianz Real Estate
TRANSLATION INTO ENGLISH PROVIDED
JEUDI
30 SEPTEMBRE
18H30 SPONSORS
ORGANISATEUR
INSCRIPTION OBLIGATOIRE SUR CLUB.PAPERJAM.LU
Mon mental Malgré les défis qui se sont posés à lui, Saïd Aka n’a jamais perdu espoir.
Saïd Aka a un parcours hors du commun. Sénégalais d’origine, il décide de venir au Luxembourg pour un avenir meilleur, mais ce choix n’est pas sans embuches. « Je viens du Sénégal, de Kaolack, commence Saïd Aka. Je suis issu d’une famille religieuse très connue dans ma région. Mes grands-parents étaient des résistants à la domination coloniale, et suite aux conflits, nous avons dû nous réfugier en Gambie. Quand nous sommes revenus au Sénégal, ma famille a arrêté la résistance armée, mais leur résistance pacifique a été de ne pas nous envoyer à l’école française. Je suis allé à l’école coranique. Pourtant, mon rêve était de faire des études occidentales. »
Enfant, Saïd ne parle pas français. Il apprend cette langue en regardant des films et en écoutant RFI. « J’ai aussi appris l’anglais en écoutant les programmes de la BBC », expliquet-il. Voulant aller plus loin dans son apprentissage, il prend des cours par correspondance, ce qui lui permet d’acquérir un bon niveau de langue. C’est aussi à la radio qu’il entend parler du Luxembourg, « un pays qui était présenté comme offrant beaucoup d’opportunités, explique Saïd Aka. J’ai alors décidé que c’était dans ce pays que je voulais aller. » Pourtant, sa mère s’oppose à ce départ, craignant que son fils ne se
perde culturellement. « Je ne voulais pas partir sans l’accord de ma mère, car il n’y a pas pire exil que celui du cœur de sa mère. J’ai demandé à un cousin de m’aider à la convaincre, ce que nous sommes parvenus à faire. » Il prend alors la direction de l’Europe en 2011. « Avant que je parte, ma mère m’a dit une phrase qui a été le socle de mon existence ici. Elle m’a dit : ‘Tu pars pour avoir une vie meilleure, mais sache que chaque chose que tu peux avoir dans les pays occidentaux ne vaut rien si tu perds ta dignité.’ Cette phrase m’a aidé à ne pas sombrer, même dans les moments les plus durs. »
Des débuts difficiles Et des moments difficiles, il y en a eu : une fois arrivé à Luxembourg, le 28 novembre 2011, en plein hiver, Saïd se loge à l’hôtel quelque temps. Mais les ressources financières s’épuisent et il n’a d’autre solution que de dormir dans la rue, dans les cabines téléphoniques. « Je tenais toutefois absolument à rester propre. C’est comme cela que je suis allé à la piscine de Bonnevoie, ce qui me permettait de me doucher et de dormir un peu sur les transats. Ainsi, je n’ai pas perdu mes forces et j’ai pu continuer à chercher du travail. » Il parvient à se faire embaucher au noir
Garder sa dignité 116
JUILLET 2021
« Je me sentais vulnérable, mais je n’ai jamais baissé les bras. »
pour faire la plonge dans les restaurants. Avec cet argent, il trouve un logement. Puis, voulant faire du sport, il s’inscrit dans une salle de fitness à Hollerich. Alors qu’il s’entraîne à la boxe, le gérant le repère et lui offre un poste d’agent de sécurité. Il faut dire que la veille, une grosse bagarre avait eu lieu dans le quartier et le besoin était pressant. « C’était la providence, j’ai eu une chance incroyable. Dès le premier soir de mon service, une autre bagarre a éclaté et j’ai réussi à maîtriser la situation. Mon employeur était très content et je suis un peu devenu le chouchou de la rue de Hollerich. J’y ai travaillé pendant trois ans. » En parallèle de son job, Saïd apprend le luxembourgeois. Il connaît de plus en plus de monde et s’intègre au Luxembourg. Mais son objectif reste son éducation. En janvier 2013, il apprend par les journaux que l’État luxembourgeois accepte de légaliser le statut des sanspapiers qui travaillent, mais avec un CDI. Il prend alors son courage à deux mains et demande ce contrat à son employeur, ce qu’il obtient, mais sous conditions financières. « J’avais des papiers,
c’était formidable, mais j’étais de nouveau sans ressources, car tout ce que je gagnais était utilisé pour payer cette dette. Cette période a de nouveau été très dure pour moi, mais j’ai toujours gardé en tête les recommandations de ma mère et ai conservé ma dignité. Pourtant, j’étais vraiment dans une situation d’esclavage moderne. Je me sentais vulnérable, mais je n’ai jamais baissé les bras. » À force de persévérance, sa situation se stabilise. C’est à ce moment-là qu’il découvre l’existence de l’École de la seconde chance (aujourd’hui ENAD, ndlr) et passe avec succès le test d’admission. « Cette formation a été comme une renaissance pour moi. J’avais enfin la chance de pouvoir aller à l’école ! » Être utile à la communauté Il comprend qu’il souhaite faire un métier de vocation, comme agent des forces de l’ordre ou éducateur. « Mon envie était d’être utile à la communauté. » Il envoie de nombreux CV, sans succès. Son moral descend en flèche, mais le directeur de l’ENAD le soutient et le remotive. Il finit par décrocher un poste d’éducateur à l’École interna-
tionale de Differdange. « C’était formidable ! Je travaillais avec les enfants et ça se passait très bien. » Il choisit alors de poursuivre dans cette voie et suit une formation de trois ans pour obtenir un diplôme d’éducateur. « Les professeurs de l’ENAD ont été des guides pour moi. Ils m’ont énormément apporté, m’ont aidé à être formel, efficace, à structurer ma pensée. Ils m’ont ‘humanisé’. Sans cette école, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui. » Depuis le 1er mars, Saïd travaille au centre socio-éducatif de Dreiborn. « C’est plus difficile qu’à l’École internationale, mais je me bats. Je sais que mon parcours peut aussi être source d’inspiration pour d’autres personnes, et cela me rend fier. » Son futur ? Saïd Aka est confiant et envisage même de passer le concours pour devenir fonctionnaire d’État. Il est aussi très engagé dans le milieu associatif humanitaire au bénéfice de son pays d’origine.
Auteur CÉLINE COUBRAY Photos ROMAIN GAMBA
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ÉDITION JUILLET 2021
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La liste
athlètes qui représenteront le drapeau Ils devraient être une dizaine d’athlètes luxembourgeois à se rendre fin juillet à Tokyo pour disputer les 32e olympiades de l’ère moderne (du 23 juillet au 8 août). Avant d’en arriver là, Auteur JULIEN CARETTE certains ont connu des trajectoires étonnantes. On vous les raconte.
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Bob Bertemes
Ni Xia Lian
PONGISTE
Bob Bertemes est sans doute la meilleure chance de voir cet été un Luxembourgeois monter sur un podium olympique. Chose qui ne s’est plus vue depuis 1952 dans une olympiade estivale et le titre d’un certain Josy Barthel à Helsinki. Pour en revenir à Bertemes (28 ans), ce grand gaillard de près d’1m90 devait avoir une dizaine d’années lorsqu’il effectua ses premiers pas sur une piste d’athlétisme, aux côtés de Sonia Ilieva, une ancienne lanceuse de javelot qui fut pendant plus de dix ans son entraîneuse. En rentrant assez tôt dans l’armée luxembourgeoise, Bertemes a mis toutes les chances de son côté pour atteindre le haut niveau. Comme lorsqu’en 2017, il décida de se tourner vers l’Allemagne et l’entraîneur Khalid Alqawati. Un vrai pari qui s’est avéré payant puisque cela l’amena à passer le palier vers le gratin mondial. Aujourd’hui, le Diekirchois fait partie du top 10 mondial dans une discipline où la densité est assez impressionnante. Sixième des Championnats d’Europe 2018 à Berlin, il possède un record (à 22 m 22) qui le place au 21e rang des meilleurs performeurs de tous les temps. S’il parvenait à sortir un tel lancer en finale des JO, la médaille pourrait ne pas être très loin… 120
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Ni Xia Lian
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Raphaël Stacchiotti
NAGEUR
Le 24 juillet 2020 devait être le jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Tokyo. Ceux-ci ayant donc été décalés d’un an, Raphaël Stacchiotti en a profité pour… se marier avec sa compagne Jill ce jour-là. Un an jour pour jour après s’être qualifié pour ces mêmes JO. C’est ce qui s’appelle faire contre mauvaise fortune bon cœur ! Finalement, c’est donc cet été que le nageur ettelbruckois se rendra au Japon pour ce qui sera ses quatrièmes et derniers Jeux, après Pékin (2008), Londres (2012) et Rio (2016). La fin d’une belle aventure pour ce garçon qui a remporté plus de médailles lors des Jeux des petits États d’Europe (JPEE) qu’il n’a de bougies sur son gâteau d’anniversaire. Un constat qui restera valable encore un temps puisqu’il en compte 49 (dont 40 en or) à 29 ans. Mais les deux médailles d’or qui comptent sans doute le plus à ses yeux restent certainement celles remportées lors de ses titres européens glanés en junior. Compléter sa collection avec une breloque olympique n’est pas à l’ordre du jour, mais celui qui est devenu papa de jumelles en septembre dernier peut rêver d’un top 15 dans sa discipline, le 200 m quatre nages. Ce qui serait déjà une victoire en soi.
Comité olympique et sportif luxembourgeois et Ralf Kuckuck
Bob Bertemes
LANCEUR DE POIDS
Raphaël Stacchiotti
Photos
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C’est l’histoire d’une surdouée du tennis de table née en 1963 en Chine. Avec tout ce que cela implique sur le plan politique ou culturel. L’histoire aussi d’une petite fille à qui l’on a répété dans sa jeunesse qu’elle était trop petite (1 m 57) pour atteindre le haut niveau mais qui, à force de travail et de sacrifices, est montée jusqu’au deuxième rang national dans ce pays où le tennis de table est plus qu’un sport. Avant d’être sacrée championne du monde (en double mixte) en 1983, puis de monter sur la deuxième marche, toujours au niveau mondial (en double), deux ans plus tard. C’est également l’histoire d’une femme qui a profité de l’ouverture de la Chine au monde dans les années 1980 pour rejoindre l’Europe. Et emmener dans son sillage le Luxembourg au sommet du ping-pong européen (trois titres, deux médailles d’argent). C’est encore l’histoire d’une athlète qui a découvert les Jeux olympiques à 37 ans à Sydney (2000) et qui disputera cet été ses cinquièmes JO à… 58 ans. Oui, Ni Xia Lian a vécu plusieurs vies en une. « Je ne suis pas sûre que je serais capable de réussir la même vie une deuxième fois… », a-t-elle l’habitude de dire. On la comprend aisément…
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Nicolas Wagner
CAVALIER DE DRESSAGE
À jamais le premier. L’équitation, et notamment le dressage, a beau être une discipline olympique depuis plus d’un siècle désormais, jamais aucun cavalier luxembourgeois n’avait réussi à se qualifier pour les JO. Jusqu’à Nicolas Wagner (29 ans). Avec son cheval, Quater Back Junior, ils sont donc déjà un peu rentrés dans l’histoire du sport luxembourgeois, via cette discipline du dressage où le couple cheval-cavalier doit réussir à enchaîner les figures avec harmonie, précision et grâce. Faire corps avec sa monture, quoi de plus logique pour ce garçon qui a baigné dans le milieu équestre depuis sa plus tendre enfance, avec un grand-père qui était président du stud-book luxembourgeois et une maman qui a toujours élevé des chevaux. « Je devais avoir trois ans la première fois qu’elle m’a mis sur un cheval », déclare-t-il, en rigolant. Un rêve de gosse en somme.
Nicolas Wagner
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Christine Majerus
CYCLISTE
Sarah De Nutte
Préno Tom Habscheid Nom
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Tom Habscheid
LANCEUR DE POIDS PARALYMPIQUE
Août 2012, installé tranquillement devant sa télé pour suivre les Jeux olympiques de Londres, Tom Habscheid (34 ans) tombe sous le charme des épreuves du lancer de poids et de disque. Août 2016, pratiquement quatre ans plus tard jour pour jour, il est au mythique stade Maracanã de Rio pour disputer le concours du lancer de poids des Jeux paralympiques (dont il prend la septième place). Voilà ce qu’on appelle une progression fulgurante ! Celle d’un garçon né avec une malformation au niveau du fémur gauche, ayant eu pour conséquence une jambe plus courte et atrophiée. Mais qui, malgré ce handicap, a toujours été très sportif, pratiquant le foot, le ski, la natation... Semiprofessionnel, partageant son temps de travail entre son job de réceptionniste au Centre national de l’audiovisuel (CNA) et ses activités sportives, le Dudelangeois est devenu en 2019 vice-champion du monde de lancer de poids, accrochant au passage le record du monde de sa catégorie. Puis vicechampion d’Europe voici quelques jours en Pologne. À chaque fois battu par le même athlète britannique. Du coup, son challenge est tout trouvé pour Tokyo : enfin réussir à le battre et monter sur la plus haute marche du podium.
PONGISTE
Il est souvent difficile de s’y retrouver dans les critères de qualification pour les Jeux, chaque discipline fixant ses règles. Parfois, vous obtenez votre ticket grâce à un bon résultat dans une autre compétition majeure, parfois via le fameux TQO (tournoi de qualification olympique). Ou tout simplement grâce à votre ranking mondial. Souvent, c’est même un mélange de tout ça. Le mal de tête n’est donc jamais très loin… Mais quand la qualification est acquise, on oublie tout. C’est ce qui est arrivé à Sarah De Nutte (28 ans), avant-dernière qualifiée pour le tournoi de tennis de table féminin. Direction, donc, le Japon, ce pays dont elle se dit « fan ». Appréciant sa rigueur et sa discipline, mais aussi sa nourriture et… les Pokémon.
Christine Majerus est une légende vivante. À 34 ans, celle qui n’est arrivée sérieusement au vélo qu’assez tard (18 ans) a été sacrée six fois Sportive luxembourgeoise de l’année et cumule la bagatelle de 36 titres nationaux, si l’on additionne ses victoires en contre-lamontre, course en ligne et cyclocross. C’est bien simple, aucune de ces couronnes n’a échappé à la cycliste professionnelle depuis 2010. Il est vrai que celle qui disputera sa troisième olympiade à Tokyo est la seule représentante nationale dans le World Tour féminin, le plus haut niveau. Dans le fond, la seule chose qui manque peut-être à son palmarès, c’est un résultat qui claque fort sur le plan international. En 2018, elle n’en a pas été très loin en échouant à la quatrième place des Championnats du monde de cyclocross. Tokyo peut-il changer ça ? Au vu du parcours qui a été dessiné au Japon, on ne parierait pas là-dessus…
Christine Majerus
Et les autres ?
Sarah De Nutte
Au moment de boucler les pages de ce magazine, les sélections pour les Jeux olympiques et paralympiques n’étaient pas terminées. En plus des athlètes que vous retrouvez sur ces deux pages, deux cyclistes professionnels masculins (qui n’avaient pas encore été désignés) feront aussi à coup sûr le voyage pour le Japon. Il en sera de même au niveau des triathlètes. Il y a un fauteuil pour deux : qui sera l’heureux élu entre Bob Haller et Stefan Zachäus ? D’autres athlètes, eux, se battaient toujours pour obtenir leur billet pour l’Asie. C’était le cas notamment de l’archer Jeff Henckels et des athlètes Charline Mathias, Charel Grethen et Vera Hoffmann. Sans oublier la nageuse Julie Meynen. JUILLET 2021
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Photos
Le Premier ministre, Xavier Bettel, dresse le bilan de son gouvernement à mi-mandat dans une longue interview. Un parcours fatalement marqué par la crise sanitaire et l’action du gouvernement pour atténuer autant que possible les conséquences sur le secteur économique. Mais le chef du gouvernement s’étend aussi sur l’avenir de la place financière et les grandes idées du moment, comme celle d’un impôt mondial minimum. À lire en page 28 Sur la Place, on ne parle plus que de finance durable. Mais après avoir visé des entreprises respectant les critères ESG, les investisseurs en veulent plus. Ils misent désormais sur la finance d’impact, qui vise à avoir une action directe sur les grands défis environnementaux ou sociaux. Pour tout savoir sur l’impact impact investing investing, lisez notre dossier Enjeux en page 66 En poste à la tête de la compagnie aérienne Luxair depuis un an, Gilles Feith envisage le retour aux affaires après une année catastrophique pour le secteur du transport aérien et marquée par une perte historique pour son groupe. Une interview à lire en page 40 Toujours considérée comme un des sièges historiques des institutions européennes, la capitale du Luxembourg abrite bon nombre d’institutions communautaires. Une « ville dans la ville » qui soutient l’économie du pays et que nous détaillons en chiffres dans notre grande infographie du mois, en page 24 Pourquoi une compagnie d’assurances se retrouve-t-elle à la tête d’un patrimoine immobilier de plus de 70 milliards d’euros ? Comment gèret-elle ce parc, et quelle est sa stratégie d’investissement dans le béton ? À la tête d’Allianz Real Estate, le Franco-Luxembourgeois François Trausch d’ répond, en répond, page 54, sans langue de bois L’éloquence est un art dont certains avocats usent pour faire la différence. Pour faire vivre la pratique, Philippe Sylvestre, président de la Conférence du Jeune Barreau de Luxembourg, a programmé une nouvelle édition du concours Tony Pemmers, qui récompensera les plus beaux parleurs. Avocats ou pas, d’ailleurs ! À lire en page 44 Venu du Sénégal, Saïd Aka est arrivé au Luxembourg en novembre 2011. Un parcours semé d’embûches, abordé avec beaucoup de courage et sans jamais perdre l’espoir. Dans notre rubrique Mon mental, en page 116 page 116, il nous raconte comment il a su trouver sa place dans son pays d’adoption Découvrez, enfin, en page 120,, la liste des premiers athlètes luxembourgeois qualifiés pour les JO de Tokyo, qui démarreront le 23 juillet prochain.
Andrés Lejona, Hervé Thouroude, Romain Gamba, COSL et Ralf Kuckuck
Clin d’œil
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Financial Services from a different angle Sustainable Finance: seize the opportunity to grow your business
#FinanceInFineHands Olivier Carré, Financial Services Leader +352 49 48 48 4174 | olivier.carre@pwc.com
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