ARKUCHI#34 MARS/AVRIL 23

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art culture architecture #34 gratuit MARS I AVR. 23

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Dans le Rétro... Dans le Viseur

Pyramide Distribution ©

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FOKUS

Géraldine Lay

Le réel habité

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MUSÉES Lugdunum, ad libitum

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TÊTE D’AFFICHE

Laurent Mauvignier : du roman à la scène

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Lettres & Ratures

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7 e Art

Cinéma et réel Festivals à la pelle

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Popote(s) & Jugeote

©

Déambulations Musiques

L. Cerino / Ville de Vaulx en Velin ©

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FORME & FONCTION

L’Atelier Léonard de Vinci

.19 Street Art .20

Carte blanche François Hien

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Bêtes de Scènes

Emma Dante, Raphaëlle Boitel, Chloé Dabert, Hofesh Shechter, Tiago Rodrigues, Renaud Herbin, etc.

ARKUCHI #34 MARS | AVRIL 23

contact.arkuchi@orange.fr

Mensuel gratuit

Diffusion : plus de 400 lieux

Lyon, Métropole & Rhône‑Alpes Édité par La Plume d’icKar S.A.S. au capital de 1 000 € ‑ 18 rue Belfort 69004 Lyon

Direction de la publication ‑ Rédaction en chef Anne Huguet ‑ 06 13 07 06 97

Secrétariat de rédaction : Emmanuelle Babe Ont participé à ce numéro Martin Barnier, Blandine Dauvilaire, Duke, Fooddenou, Graphull, Émiland Griès, Marco Jéru, Valérie Legrain Doussau, Sébastien Martinez, Trina Mounier, Irène Rigaldiès, Florence Roux, Carmen S., Gallia Valette Pilenko, Laurent Zine Illustration de couverture : Géraldine Lay Publicité : mag.arkuchi@gmail.com 06 13 07 06 97

Conception et mise en page

Impression : FOT

Tirage : 12 000 ex.

Dépôt légal à parution – ISSN : 2646‑8387

Larédactionn’estpasresponsabledestextesetphotos publiésquiengagentlaseuleresponsabilitédeleurs auteurs.Tousdroitsdereproductionréservés.

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ArKuchi

N 34
N°34
MON SEUL DÉSIR
L'AIR
En mode Écrans
• L’Opéra de Lyon fait son festival .08
.10
.11
À
.06 C DANS
mixtes
Portrait Tiphaine Raffier
À la Moulinette Pierre de Maere
Live en stock Virginie Despentes & Zëro .12
Item
/ Philippe Somnolet ©
Laurent Mauvignier

DANS LE RÉTRO...

Ça chauffe !

La galerie Em’Arts – l’Atelier du Canal côté ville – s’engage pour le climat avec l’asso Fridays for Future France. Britt signe l’affiche et entraîne une pléiade d’artistes : X Créart, Picor, The Atomik Nation...

Galerie Em’Arts

01 MARS > 08 AVR.

FORTISSIMO

Lydia Tàr, souveraine Cate Blanchett, s’impose en despote archétypal se précipitant inéluctablement dans une chute qui se joue crescendo. Une cheffe d’orchestre géniale tombe de son estrade. À l’affiche avec Tàr de Todd Field : musique, maestra ! Actuellement en salle

A chaud

ROAD-TRIP Des Paysages mineurs défilent, un homme et une femme se rencontrent. Rien ne les rassemblait mais la baguette du magicien Marc Lainé va faire naître les étincelles…

Théâtre de la Renaissance 15 > 17 MARS

ÉLANS SENSUELS Quarante ans après Ulysse (1981), Jean-Claude Gallotta offre une Pénélope guerrière et démultipliée. Un ballet foisonnant en noir avec la danse sensuelle et généreuse de Gallotta.

MC2 Grenoble (38) 22 > 23 MARS

SOUVENIR Vous aimez Aragon ? Damien Gouy et le Théâtre en pierres dorées revisitent, entre paroles et chants, l’écriture inouïe du poète surréaliste. D’après Le Roman inachevé.

Théâtre des Marronniers 22 > 29 MARS

MÉDÉE ENCORE Une mère monstrueuse convoque ses souvenirs. Barbares. Fragments d’une accusée : un texte coup de poing de Sophie Lannefranque.

Théâtre des Clochards Célestes 29 MARS > 02 AVR.

BEAUTÉ DE L’ÉCRIT Françoise Maimone promet de nous emmener Voler vers les étoiles en compagnie du grand Rainer Maria Rilke.

Espace 44 29 MARS > 02 AVR.

TRIO HALLUCINÉ Ça va chauffer dans les cuisines : Laurent Fréchuret et son Théâtre de l’Incendie vont porter des Présidentes à l’Élysée. Une comédie trash qui plonge dans le tréfonds de l’humain.

Théâtre de l’Élysée 04 > 07 AVR.

COMÉDIEFUNÈBRE

Il n’aura laissé personne indifférent, ce Suicidé à la sauce Bellorini ! On retiendra la mise en scène imaginative et grinçante de ce vaudeville politique et une direction d’acteurs éblouissante au service d’un texte d’un noir très noir. Vu au TNP.

SENSATIONNEL

SHEPARD FAIREY DÉBARQUE À LYON AVEC PLUS DE 1000 ŒUVRES, FILMS ET OBJETS. UNE RÉTROSPECTIVE INÉDITE DANS L’ANCIEN MUSÉUM D’UN DES PLUS GRANDS STREET ARTISTES DE TOUS LES TEMPS. ON ADORE. 08 MARS > 09 JUIL.

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OBEY
THE FUTURE IS EQUAL, 2022
PAR PAR ANNE HUGUET, TRINA MOUNIER, IRÈNE RIGALDIÈS
©

Unmondedeguingois

Le duo bringuebalant Lavant/Nikolaus s’en donne à cœur joie, dans Mister Tambourine Man, pour répandre le désordre en maîtrisant l’immaîtrisable. Un conte loufoque en déséquilibre qui fait du bien. À (re)voir fissa au Théâtre de Vénissieux. 31 MARS

ÇA PRESSE

RENCONTRES DU DESSIN  DE PRESSE - LYON

WILLEM, CAMBON, LACOMBE, SOULCIÉ, KAP, ETC.

17 > 19 MARS

dans les oreilles

GUIDED BY ANGELS

Amyl and The Sniffers

FORCE 10 FROM NAVARONE

Sleaford Mods

ANOTHER CHANCE

Motorama

PAF !

Woman power

ENGAGÉES

À Vénissieux, le festival Essenti’[elles] s’intéresse aux « femmes actrices de l’Histoire ». Débats, balade urbaine voisinent avec cinéma (dont l’avant-première de Houria de Nadia Meddour), expo (M’barka Amor) ou concerts. 08 > 11 MARS

FEMMES, FEMMES

La jeune création au féminin à l’honneur à Villefranche. Entre autres le piano vagabond de Jeanne Bleuse et la metteuse en scène qui monte, Tamara Al Saadi. 3e édition. Théâtre de Villefranche

21 > 24 MARS

HÉROÏNES

Justine Heynemann convoque les punkettes de The Slits pour raconter leur épopée dans le Londres de 1975. Une leçon de vie qui en met plein les oreilles ! Espace des Arts, Chalon (71)

29 > 30 MARS

5 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23
LACOMBE
... DANS LE VISEUR
©
Michel Cavalca ©

Queermania A

vec la plus importante édition depuis sa création, le festival Écrans mixtes met cette année les petits plats dans les grands : deux rétrospectives – l’une dédiée au réalisateur anglais de Liverpool, Terence Davies, et l’autre à notre Christophe Honoré national (Les Chansons d’amour, au Comœdia, lanceront l’édition 2023) –, un focus sur la Movida (avec les premiers bijoux d’Almodóvar) et huit films en compétition venus d’ici et (surtout) d’ailleurs, sans compter les avant-premières en présence des réalisateurs et réalisatrices. Rencontre avec son président, Olivier Leculier.

Comment s’est construite la programmation de cette 13e édition ?

OLIVIER LECULIER Un peu comme les autres années, avec un gros travail de sélection pour les films en compétition. Pour les rétrospectives, ça faisait longtemps qu’on avait envie d’inviter Terence Davies et Christophe Honoré, deux cinéastes qu’on aime

ÉCRANS MIXTES

01 > 09 MARS

25 lieux

Lyon et Métropole festival em.org

beaucoup. Pour le reste, ce sont des coups de cœur, des films qui sortiront dans quelques mois ou tout simplement des films qu’on a envie de défendre. Quant au focus Movida, c’est aussi quelque chose qu’on imaginait depuis un certain temps comme une évidence, et les restaurations et numérisations de certains films (qui seront présentés à la Cinémathèque l’an prochain) ont permis cela.

Pourquoi avoir mis en place une compétition depuis l’année dernière ?

OL Parce qu’au fil des ans, nous avons obtenu une assise : nous sommes reconnus dans la profession, ce qui nous permet d’inviter des personnalités et des films plus importants. Avant, c’était risqué ! C’est également un moyen pour nous ancrer davantage dans l’actualité cinématographique, de montrer les nouveautés et des découvertes. Et de défendre un certain cinéma, aussi bien dans les thématiques abordées que dans les économies de ces productions-là. Ce n’est pas un hasard si dans notre sélection de huit films, la majorité vient de pays où il est compliqué de faire des films défendant une éthique et une esthétique queer…

6 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 C DANS L'AIR
PAR GALLIA VALETTE-PILENKO ALL OUR FEARS, LUKASZ GUTT & LUKASZ RONDIDA (2021) Fot. Jarosław Sosiński / Serce ©

Derrière la porte

Qu’il se passerait des choses extraordinaires derrière la porte constituait le pitch de ce classique du porno qu’est Behind the green door. L’Opéra de Lyon reprend l’idée – en version moins hard et plus musicale, bien sûr – pour son festival de printemps intitulé « Franchir les portes ». Trois œuvres, inégalement célèbres et aux tonalités très contrastées, sont proposées : Les Noces de Figaro (Mozart/Da Ponte) qu’on ne présente plus, Bluthaus ou La Maison du crime (Haas/Klaus) qui reprend une partition de Monteverdi pour raconter les crimes sordides commis derrière les murs d’une maison autrichienne, et Le Château de Barbe-Bleue de Bartók. Cet opéra inspiré de Charles Perrault s’impose en regard de la thématique de l’édition 2023 : le récit s’organise autour des sept portes que Judith, la nouvelle épouse de Barbe-Bleue, désire absolument ouvrir en dépit des mises en garde de son ombrageux mari. Elle y découvrira surtout du sang, des larmes et, derrière la septième, les précédentes épouses de Barbe-Bleue. Formule originale et stimulante : le metteur en scène ukrainien Andriy Zholdak en propose deux interprétations différentes dans la même soirée. Gageons qu’il évitera celle qui, bien plate, aboutirait à la conclusion que la curiosité est un vilain défaut. Peut-être invitera-t-il plutôt à réfléchir à la perpétuelle exposition des femmes à la violence ou à la propension des auteurs hommes à dessiner des personnages féminins prêts à se sacrifier par amour pour un sale type qui n’en vaut pas la peine. Pas de doute : il se passe des choses extraordinaires derrière les portes de l’Opéra de Lyon.

7 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 C DANS L’AIR
FESTIVAL FRANCHIR LES PORTES 17 MARS > 04 AVR. Opéra de Lyon + TNP Villeurbanne opera lyon.com LE CHÂTEAU DE BARBE-BLEUE 18 MARS > 02 AVR.
© LE CHÂTEAU DE BARBEBLEUE
Stofleth

Reset

PAR TRINA MOUNIER

FORT, BRILLANT, POLYSÉMIQUE : SON

DERNIER SPECTACLE

LA RÉPONSE DES HOMMES, D’UNE RARE

VIRTUOSITÉ, A ÉTÉ UN CHOC. LA DRAMATURGE ET METTEUSE EN SCÈNE

TIPHAINE RAFFIER

REVIENT AVEC FRANCEFANTÔME (CRÉATION

2017), VARIATION SF SUR L’IMMORTALITÉ TRÈS ATTENDUE.

Pouvez-vous présenter ce spectacle ?

TIPHAINE RAFFIER Il se déroule dans un XXVe siècle qui a réussi à éradiquer la barbarie en interdisant la représentation des visages, et même la mort avec l’invention d’une machine, le « démémoriel ». Elle permet de décharger des souvenirs pour les retélécharger dans un autre corps. La mort n’est donc plus irrémédiable. On peut faire revenir des êtres chers. À condition de ne pas en reproduire le visage. Or, Véronique, mon personnage, est obsédée par le visage de son premier mari. C’est a priori une histoire d’amour et de mort, qui n’est pas sans rappeler le mythe d’Orphée. Plus que d’amour et de bonheur, on y parle de la fin, du manque... J’ai écrit ce spectacle au lendemain des attentats de 2015 et de l’assassinat des dessinateurs de Charlie Hebdo. C’est un spectacle empli des peurs et des émotions de cette époque qui restent inscrits en nous.

C’est une drôle de science-fiction qui nous parle du passé…

TR La science-fiction est rarement prospective, elle parle des angoisses du présent et s’intéresse de manière anthropologique à l’humain dans son universalité.

La Réponse des hommes était assez inquiétant. Êtes-vous pessimiste ?

TR Mes pièces sont peut-être plus dures à voir qu’à faire. Je comprends qu’elles puissent être reçues avec violence mais ce qui m’importe c’est de réveiller le spectateur, de le hanter. Que les images l’habitent durablement dans leur complexité. Je vais chercher les situations limites des grands mythes. Le théâtre est selon moi l’art le plus puissant pour poser ces questions.

Vos spectacles paraissent très écrits. Comment travaillez-vous avec vos comédiens ?

TR Ils sont effectivement assez écrits puis on passe au plateau qui vient confirmer ou infirmer mes intuitions. On travaille par allers-retours. Il y aura moins de vidéo, moins d’images en direct que dans La Réponse des hommes car France-fantôme parle de cet instrument qui enregistre les visages et les censure, c’est très concret. L’environnement en est assez sombre, inspiré des auteurs gothiques qui sont les premiers auteurs de science-fiction, cela donne une couleur romantique… Je pars toujours d’une interrogation première puis, comme le spectacle est vivant, il se nourrit de la rumeur du monde, comme une caisse de résonance.

Vous écrivez tous vos textes.

TR Jusqu’à présent, oui, mais je suis en train de faire l’adaptation du dernier roman de Philip Roth, Nemesis. J’ai ressenti le besoin de faire un pas de côté, j’ai été très bouleversée par ce livre et j’ai senti que c’était le moment pour moi de m’essayer à ça, ce qui ne veut pas dire que je garderai ce mode opératoire.

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PORTRAIT
FRANCE-FANTÔME Simon Gosselin ©
FRANCE-FANTÔME 31 MARS > 07 AVR. TNP Villeurbanne

JOLI PAVÉ DANS LA MAERE

UNE VINGTAINE DE PRINTEMPS ET L’ENVIE FAROUCHE D’EN DÉCOUDRE AVEC LE SUCCÈS : LE BELGE PIERRE DE MAERE A PRIS LA FRANCE PAR SURPRISE ET TOUT EN ÉLÉGANCE.

SON MOTIF CHÉRI : LES AMOURS CONTRARIÉES…

PREMIÈRES IMPRESSIONS DE TOURNÉE ?

UN DOUX MÉLANGE D’EXCITATION

ET DE PEUR. PLUS ÇA VA, PLUS JE PRENDS DU PLAISIR SUR SCÈNE.

ÊTRE SINGLE DE PLATINE : RÉJOUISSANT OU FLIPPANT ?

HYPER RÉJOUISSANT ! UN JOUR JE MARIERAI UN ANGE EST COMME UN CHEVAL DE TROIE QUI INVITE À DÉCOUVRIR MON UNIVERS.

VOTRE PLAYLIST ?

ELLE N’A AUCUN SENS ET C’EST TOUT

SON INTÉRÊT ! YELLE, SUPERTRAMP, ARCADE FIRE, VOYOU, LADY GAGA ET STROMAE

(MES DEUX IDOLES !), FRANÇOISE HARDY, MGMT, ROSALIA…

XAVIER DE MAERE : GRAND FRÈRE, CO-RÉAL’…

QUOI D’AUTRES ?

MON PILIER, MON PSY, CELUI QUI ME FORCE À BOSSER QUAND L’ENVIE N’Y EST PAS.

SI VOUS AVIEZ UN DON EXTRAORDINAIRE…

J’AIMERAIS ME FOUTRE DE TOUT, AU MOINS DE CE QUE L’ON DIT ET PENSE DE MOI.

VOTRE PASSION POUR LA PHOTO ?

ELLE ME MANQUE ! CECI DIT, JE M’IMPLIQUE ASSEZ FORT EN PRENANT EN CHARGE LA DIRECTION ARTISTIQUE DE MES IMAGES.

PIERRE DE MAERE « LE DANDY », ÇA VOUS PLAIT ?

ÉVIDEMMENT ! J’ADORE LA FIGURE DU DANDY, SON ÉLÉGANCE, SON UNICITÉ. ELLE M’ÉVOQUE BOWIE, WILLY WONKA, DES VENDEURS DE RÊVE…

LA PEINTURE OÙ VOUS POURRIEZ BIEN VIVRE ?

LE BASSIN DE BAIGNADE DE HUBERT ROBERT. JE RÊVE DE FINIR MA VIE DANS CE CADRE PAISIBLE ET ONIRIQUE.

REGARDE-MOI Cinq7 / Wagram Music 2023

10 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 À LA MOULINETTE
PAR EMMANUELLE BABE
Ninkasi
LES CHANTS DE MARS 16 MARS
Kao Lyon 7 leschantsdemars.com Marcin Kempski ©

Aux enfants de la zone

Certes, revoilà le printemps, mais avec le terrible Requiem des Innocents de Calaferte revisité par Despentes & Zëro, c’est plutôt la réincarnation des fils de novembre que l’on célèbre. Et peut-être qu’il faudra alors vous rouler dans la boue pour espérer être au diapason. Quel texte ! Quelle puissance ! Oui mais fichtre, par où commencer ? Virginie ? Est-ce vraiment nécessaire d’en remettre une couche quant à son éloquence et son King Kong franc-parler ? J’avais de toute façon essayé une fois sur Arte de raconter comment l’atmosphère des pentes à une époque – squats, fanzines, concerts, DIY & rêveries libertaires – avait pu un brin façonner l’écrivaine qu’elle allait devenir, mais ça a été coupé au montage, alors on ne m’y reprendra plus. Disons qu’elle continue son « madame de chemin » pour devenir aujourd’hui experte en lecture musicale façon choc frontal (cf. Viril avec Dalle et Casey).

Et Zëro justement. Avec eux, tout est velouté de tension. Souplesse, maîtrise et détermination. Un genre de magie multi-instrumentale qui, en l’espèce et en apesanteur, vient épouser le langage. Restent les Innocents. Qui foutaient leur jeunesse en l’air aux lisières de la ville. Sur la zone exactement. Sordide, cruelle et crasse. Sûrement comme leurs parents avant eux mais pas forcément les vôtres. Leur requiem pue la sale défaite de A à la banlieue de Z. Affreux, sales et méchants dites-vous ? Oui mais pas que.

« Aujourd’hui encore, je siffle cet air déchirant quand je vais seul dans les rues. Je vous jure que les passants écoutent. Mon dieu, c’est de la musique qu’on a oublié de composer. Ça ne s’invente pas une mélopée pareille. Ça remonte de la chair à la gorge. » Et puisque la date au Marché Gare à bestiaux affiche déjà complet, il vous reste la solution Abattoirs. À bon entendeur…

REQUIEM DES INNOCENTS

14 MARS

Marché Gare

Lyon 2

17 MARS

Les Abattoirs

Bourgoin Jallieu (38)

11 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23
PAR LAURENT ZINE
Frederic Lemaitre ©
LIVE EN STOCK
ZËRO

MUSIQUES

HORS CONTRÔLE

24.03.23 | 20H

On avait découvert, bluffé, les bruits blancs, les dissonances, les brûlots soniques et les envolées transe du quatuor parisien sur la scène du Transbo en 2019. Les trublions de The Psychotic Monks avaient joué vite et fort, repoussant les limites d’un rock nihiliste fricotant sans vergogne avec le punk, la noise, les beats électro ou le stoner. En studio, c’est encore plus radical. Leur troisième opus Pink Colour Surgery (produit par le bassiste de Gilla Band) vient de sortir, un 12-titres déstabilisant qui ne ressemble pas à grand-chose de connu. Il faut s’accrocher pour apprivoiser et mériter les longues impros, le magma bruitiste, les paroles scandées, les percussions brutales, la rage… Sur scène, cela ne peut être que brut, intense et halluciné. Oreilles sensibles s’abstenir. AH

Marché Gare Lyon 2 marchegare.fr

POUVOIR DE SÉDUCTION

06.04.23 | 20H

Ils sont belges et font partie des formations à suivre, si l’on en croit la rumeur. The Haunted Youth passera par Le Sonic pour distiller ses ambiances éthérées et sa pop shoegaze plutôt cool. Le combo à cinq têtes emmené par Joachim Liebens a lâché en novembre Dawn Of The Freak, 10 titres doux et fondants qui louvoient dans une dream-pop un peu psyché. Il y a des riffs de guitare un rien crasseux, beaucoup de claviers aériens, des chœurs, et le chant comme en retrait de Liebens. Ça peut ressembler de loin en loin à DIIV, Slowdive voire MGMT et la new wave grandiloquente des années 1980. Mais on se laisse facilement attraper par ces chansons qui font du bien. AH

POP BAROQUE

06.04.23 | 20H30

Vivre live la singularité élégante d’Emile Sornin, aka Forever Pavot, voilà une perspective ultra excitante. Et encore davantage à l’écoute de L’Idiophone, son troisième opus tout juste sorti chez les excellents Born Bad Records. Depuis le psychédélique Rhapsode (2014), le multi-instrumentiste excelle dans la chanson expérimentale, traversée par de multiples imaginaires dont celui, bien prégnant, du cinéma et ses musiques à la Cosma et autre De Roubaix. Vocoder, claves, clochettes… : L’Idiophone en rajoute une couche dans ce maelström instrumental qui vous emmène. Même soir, même plateau pour les Normands de Cannibale et leur rock garage tropical… à danser. Bon voyage. EB

L’Épicerie moderne Feyzin epiceriemoderne.com

12 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 DÉAMBULATIONS
Sonic Lyon Lyon 5 SonicLyon FOREVER PAVOT Antoine Magnien © THE PSYCHOTIC MONKS

D’UN AUTRE MONDE

14.04.23 | 19H30

Ils se fraient un chemin à part depuis les années 1990, sinuant dans un post-rock expérimental à la fascinante beauté. Revoilà enfin Godspeed You! Black Emperor (GY!BE), le collectif montréalais radical. Des morceaux épiques de vingt minutes, des murs de son étouffants, des mille-feuilles sonores planants, de la noirceur, des cloches, des claviers étranges, des bourdonnements glaçants, mais aussi des rêveries cotonneuses, des mélodies imparables et des ambiances plus harmonieuses presque lumineuses… Il faut se laisser embarquer dans les méandres symphoniques de leur septième et dernier opus G_d’s Pee AT STATE’S END, toujours chez Constellation, bien sûr. Claque assurée. AH

ELECTRO-POP FANTASY

15.04.23 | 20H30

Plus de quatre ans après The Dog and the Future, le duo parisien Agar Agar sort enfin son deuxième album Player Non Player. Cette longue pause a donné naissance, disent-ils, à un projet fortement narratif, « un peu plus mature ». Le 12-titres, varié, transporte l’auditeur dans un jeu vidéo imaginaire, assumé dès le titre. La voix sensuelle de Clara Cappagli accompagne les synthétiseurs d’Armand Bultheel dans une électro pop foisonnante qui rappelle les années 1980. The Visit, qui parle de l’intrusion dans l’intimité, reste en tête avec ses notes de synthés frénétiques, tandis que Grass a tout d’un futur single dans la lignée des Prettiest Virgin et I’m That Guy. Entre titres planants et bangers électriques: tout un monde à explorer. SM

Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr

BATTLE GRANDE CLASSE

07.04.23 | 20H30

Brö détonne dans la galaxie des rappeuses françaises. Sans doute parce que cette grande rousse conjuguant glamour et street style est à l’aise partout : pop, funk, jazz, électro… La Parisienne s’est fait remarquer en 2019 avec son premier EP, Klaus, qui donne à voir toute l’étendue de son talent : le rap en mode gangsta (Aime-moi) n’empêche ni la pop accrocheuse (BTP), ni le flow mélancolique (Rêves). Sa belle voix grave et son style cash s’illustrent de nouveau dans Cassandre (2021), un 8-titres qui parle beaucoup de garçons et de sexualité féminine. Un groove organique à découvrir. EB

Bizarre !

Vénissieux

bizarre venissieux.fr

UN ROCK QUI A DU CHIEN

16.04.23 | 19H30

C’est avec le très éclectique 11 Past the Hour que l’égérie irlandaise Imelda May foulera les planches lyonnaises. Ce sixième album aux nombreuses collaborations est un recueil de textes travaillés – elle écrit aussi des poèmes – aux sonorités très différentes. Just One Kiss, en trio avec Ronnie Wood et Noel Gallagher, renvoie par exemple à un rock électrique qui fonctionne à tous les coups, alors que Don’t Let Me Stand on My Own flirte avec la ballade onirique. Venant du rockabilly avec un look pinup à ses débuts, la Dublinoise mélange désormais le rock, le jazz, le gospel ou le blues. Le résultat est à la hauteur et sonne comme une invitation. SM

Radiant‑Bellevue Caluire radiant‑bellevue.fr

13 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 DÉAMBULATIONS
Transbordeur Villeurbanne transbordeur.fr
BRÖ
MAY Benedicte Dacquin ©
IMELDA
DR © DR ©

LE BEAU BÉTON DE BANLIEUE

Attendre le projet phare du centre-ville de Lyon n’est pas un doux euphémisme ! Il vient en effet d’être retoqué en conseil métropolitain fin novembre 2022, les riverains contestant la hauteur d’une des extensions du projet, destinée à recevoir les archives du futur musée des Tissus. La modification (pourtant programmée) du règlement d’urbanisme permettant le dépôt du permis de construire est donc ajournée. Conséquence : un retard estimé à… trois voire cinq ans ! Rudy Ricciotti, habitué des opérations complexes, n’en est pas à une péripétie près. L’homme est doublement (re)connu pour son franc-parler et la radicalité de ses propositions architecturales. Pour le verbe, on renvoie à L’architecture est un sport de combat, son livre paru en 2013, dont le titre annonce sans fard sa posture professionnelle. Pour le reste, rappelons qu’il est entre autres le maître d’œuvre du MuCEM de Marseille, du Centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence, du département des arts de l’Islam au musée du Louvre à

Paris ou de la Philharmonie de Potsdam en Allemagne. Comme il le résume dans un entretien paru en janvier 2022 : « Architecte, c’est un métier d’adversité pour lequel rien n’est simple et tout résiste. » Malgré ce constat, Rudy Riciotti se donne systématiquement pour mission de « réparer les territoires urbains abîmés » au travers des projets qui lui sont confiés. Or, ce cahier des charges est exactement celui assigné par Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin, à un projet de médiathèque. Implantée en plein cœur du Mas du Taureau, elle représente le premier acte du renouvellement de ce quartier emblématique de la paupérisation banlieusarde et en mal de requalification. Rudy Ricciotti relève le défi en gagnant le concours en mai 2017, fort de son expérience : il a à son actif les médiathèques de Rouen, de Colomiers (Haute-Garonne), ou celle de Valence (par transformation de l’ancienne caserne LatourMaubourg), inaugurée en 2021.

À Vaulx-en-Velin, l’architecte propose un bâtiment aux formes simples sur plan carré et deux niveaux, coiffé d’un toit-terrasse densément végétalisé. Les différents éléments du programme – dont une ludothèque,

14 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 FORME & FONCTION
ÉMILAND
PAR
GRIÈS EN ATTENDANT SON RELOOKING DU MUSÉE DES TISSUS DE LYON – IL A ÉTÉ DÉSIGNÉ LAURÉAT DU CONCOURS EN 2020 –, LE GRAND PRIX NATIONAL DE L’ARCHITECTURE RUDY RICCIOTTI A LIVRÉ COURANT 2022 LA NOUVELLE MÉDIATHÈQUE DE VAULX-EN-VELIN, AU MAS DU TAUREAU.
mediatheque.vaulx‑en‑velin.net rudyricciotti.com L’ATELIER LÉONARD DE VINCI 7, av. Maurice Thorez Vaulx en Velin L’ARCHITECTURE EST UN SPORT DE COMBAT Éditions Textuel 2013
L. Cerino / Ville de Vaulx en Velin ©
Architecte, c’est un métier d’adversité pour lequel rien n’est simple et tout résiste.

BÉTON ÉCOLO

Constitué de granulats, gravillons ou sables mélangés à un liant, généralement du ciment, le béton est une pâte qui "fait prise" selon la formule consacrée, se solidifiant en quelques jours. Facile à travailler, sa technicité remonte à la plus haute Antiquité : on le retrouve jusque dans les pyramides égyptiennes vieilles de plus de 4 500 ans. Représentant deux-tiers de la construction actuelle, son succès ne se dément pas. Et pourtant ! Énergivore, polluant, consommateur de matières premières qui se raréfient, il est de plus en plus en porte-àfaux avec la notion de développement durable qui taraude nos sociétés. Si le béton utilisé sur Terre était un pays, il serait sur le podium des émetteurs de gaz à effet de serre, juste derrière la Chine et les Etats-Unis ! Pour soulager les consciences, dont celles des architectes qui continuent à le préconiser, comme Rudy Ricciotti, il existe désormais sous forme écologique, à base de produits recyclés ou issus de la biomasse. Voire mieux encore : des deux. Sous-produits de l’agriculture et du bois, ouate de cellulose extraite du papier recyclé, chutes de l’industrie textile : tout est bon pour verdir le béton !

un fab lab, des studios de danse et de répétition musicale, un café, une cuisine et sa table d’hôtes – se développent sur 2 700 m², distribués à chaque niveau par un large déambulatoire autour d’un patio central. Le projet de 15,4 millions d’euros fait l’objet d’une coconception impliquant plus de 1 000 participants, ce qui n’a pas dû déplaire à celui qui se définit comme un architecte populaire.

Et comme un pied de nez aux errances du projet du musée des Tissus qui, pris dans les méandres politiques, tarde à émerger, l’architecte varois habille également la nouvelle médiathèque vaudaise d’immenses poteaux architectoniques préfabriqués, lesquels, telles des lanières géantes, semblent onduler dans la brise. Fidèle à sa tradition latine, l’architecte méridional les propose en béton. Mais à l’opposé de celui disqualifié des grands ensembles du quartier, il est ici teinté de blanc et constitué de matériaux biosourcés, réduisant les émissions de carbone liées à sa fabrication et à son potentiel recyclage. L’Atelier Léonard de Vinci

puisque tel est son nom – a été inauguré en présence de Rudy Ricciotti le 2 juillet dernier.

15 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 FORME & FONCTION

LE SOUFFLE DE LA FICTION

Le succès ne faiblit pas autour des regards croisés sur le Japon que Le Réverbère propose à travers les séries des photographes Marc Riboud et Géraldine Lay, « honorée » d’être présentée aux côtés du grand photoreporter disparu en 2016. Admirablement composés, ses portraits et scènes de rue réalisés dans les petites villes de l’archipel accrochent le regard. Qu’est-ce qui se joue derrière ces visages, ces mouvements suspendus, ces atmosphères étranges comme sortis d’un film ? Géraldine Lay a toute sa place sur les cimaises du Réverbère, qui la suit et la soutient depuis ses débuts. Alors étudiante en histoire de l’art, c’est elle qui, intimidée, a poussé la porte de la galerie, avant l’École nationale supérieure de la photographie dont elle sort diplômée en 1997. Aujourd’hui, elle travaille à Arles chez Actes Sud, comme éditrice dans le département photographie et art contemporain. Géraldine Lay cultive une pratique régulière de la photographie, à la recherche des petits événements qui font le souffle de la fiction. Les villes sont le terrain d’exploration de cette grande marcheuse,

FOKUS
PAR EMMANUELLE BABE PHOTOS GÉRALDINE LAY
Je n’ai jamais voulu faire un travail autobiographique. J’ai besoin de sortir du quotidien.

qu’elle arpente à la fois à l’affût et avec un certain détachement. « Je me laisse beaucoup porter par mon instinct, ma sensibilité, les rencontres. » La photographe a beaucoup voyagé dans le Nord de l’Europe, notamment en Scandinavie où elle s’émerveille « de cette lumière très dorée qui produit un effet projecteur de façon naturelle ». Celle-ci est devenue la matière de son travail, où des piétons pressés forment comme un ballet, une scène de café produit un parfait jeu de miroirs… et de regards. En 2009, Géraldine se rend pour la première fois au Royaume-Uni dans le cadre d’un projet du Pôle photographique en Hauts-de-France. « Une révélation », affirme-t-elle, là encore grâce à ces clairs-obscurs qui donnent à sa street photography des airs de plateau de cinéma ou de peinture à la Hopper. Ses voyages successifs nourriront la série North End.

Au Japon aussi, Géraldine Lay joue avec les ombres et « la lumière très forte, très blanche de l’automne ». Le cinéma l’inspire, comme la littérature, en particulier américaine : « J’essaie de rendre l’idée d’une narration, de conter quelque chose sans le raconter. » Les anonymes deviennent sujets, certains prenant même la pose. Et nourrissent notre imagination : à quoi pense cette fille, le regard perdu, au café ? Et ce garçon, les yeux rivés sur son téléphone ? Programmes divers et résidences plongent Géraldine Lay dans l’inconnu, et cela lui plaît : « Je prends les opportunités pour aller là où je n’irais pas. » Comme Radioscopie de la France, commande de la BNF pour laquelle elle photographie les grimpeurs en Vaucluse et, une fois n’est pas coutume, les paysages. Mais avec la patte Lay, en s’intéressant « aux détails – des corps, des gestes, la roche – et à l’irréalité de ce décor de falaises ». À Clichy-sous-Bois, en ce moment, elle photographie les habitants de tours promises à la démolition. L’exposition sera montée cette année. En attendant, une monographie – la cinquième – sur son travail au Japon vient tout juste d’être éditée, avec une rencontre-signature programmée au Réverbère. La boucle est bouclée.

INSPIRATIONS

William Eggleston, Diane Arbus, Luigi Ghirri, Jim Harrison, Raymond Carver, Rick Bass, James Gray, Alfred Hitchcock, etc.

> 11 MARS

Galerie Le Réverbère

Lyon 1

30 MARS > 23 MAI

Galerie Madé Paris 6

FAR EAST Éditions Poursuite (fév. 23)

RENCONTRE

02 MARS À 18H

Le Réverbère

Lyon 1

geraldinelay.com

lay.geraldine

Retour AUX SOURCES

« LORSQUE TU NE SAIS PAS OÙ TU VAS, REGARDE D’OÙ TU VIENS », DIT UN PROVERBE AFRICAIN. EN FAISANT LE LIEN ENTRE LA VIE DE NOS ANCÊTRES IL Y A

2 000 ANS ET LA NÔTRE, LE MUSÉE LUGDUNUM PERMET DE RENOUER AVEC NOS RACINES.

RENCONTRE AVEC

CLAIRE ISELIN, DIRECTRICE DU MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE ET DES THÉÂTRES ROMAINS DE FOURVIÈRE.

Lugdunum raconte l’histoire de Lyon il y a 2000 ans. Comment rendre attractif un musée archéologique en 2023 ?

CLAIRE ISELIN D’abord en rappelant qu’on n’a pas besoin d’avoir fait du latin ou de l’histoire pour venir à Lugdunum. Ce que nous racontons se veut le plus accessible possible, avec différents niveaux de lecture et un lien passé-présent régulier. Chacune de nos expositions temporaires aborde un thème d’actualité, en privilégiant des textes courts et efficaces, beaucoup de manipulations et de jeux. Nous avons par exemple traité de l’alimentation car il y a 2000 ans, les problématiques de circuit court, de repas équilibré avec présence des protéines ou pas, étaient les mêmes. Dans un autre genre, traiter du pouvoir était une manière de démontrer, que pour acquérir et conserver le pouvoir, on emploie à peu près les mêmes méthodes de nos jours. Notre rôle citoyen est qu’en entrant au musée, on puisse prendre du recul sur notre actualité contemporaine qui est dense.

C’est aussi le cas avec l’exposition en cours : Spectaculaire ! Le divertissement chez les Romains ?

CI Nous vivons dans une société de spectacle, or il y avait les mêmes ressorts il y a 2000 ans. Le spectaculaire était dans les jeux, avec des stars très bien rémunérées,

des échanges de joueurs, des acteurs en concurrence les uns avec les autres, des supporters, un merchandising… Ça permet de relativiser bien des choses.

Lugdunum sert de trait d’union entre passé et présent ?

CI On a d’autant plus intérêt à le faire que la période historique dont on traite est une période de grande mixité géographique et sociale. L’Empire romain est un empire qui rassemble, qui a intégré énormément de populations et il a fallu faire cohabiter toutes ces cultures. C’est intéressant de nos jours en termes de tolérance et d’intégration, ce sont des sujets d’actualité. L’exposition de 2024 traitera d’ailleurs du savoir-vivre ensemble dans l’Empire romain.

La programmation qui complète les expositions est particulièrement ludique…

CI Nous proposons de nombreuses animations, dont les escape game qui ont un gros succès, et un nouvel atelier en fin de journée, l’Apéro jeux, pour découvrir des jeux de société issus de l’Antiquité tout en dégustant des plats romains. La prochaine exposition temporaire (octobre) sera aussi très ludique puisqu’elle traitera du monde romain tout en briques Lego. De quoi attirer un large public.

18 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 Item / Philippe Somnolet © MUSÉES
SPECTACULAIRE ! LE DIVERTISSEMENT CHEZ LES ROMAINS > 11 JUIN Lugdunum Musée et théâtres romains Lyon 5 lugdunum.grandlyon.com PAR BLANDINE DAUVILAIRE
MOSAÏQUE AUX SVASTIKAS, LYON, IIIe SIÈCLE

LE STREET MUSÉE

DU MOIS

19 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 STREET ART
PAR GRAPHULL & DUKE L’ARTISUPERCHO BIG BEN YURI HOPNN RÉMI CIERCO ET MONKIZ
STEL
MASHA
MUZ LE MÔME

Créer seul à plusieurs

PAR FRANÇOIS HIEN

FRANÇOIS HIEN EST AUTEUR, COMÉDIEN, METTEUR EN SCÈNE ET RÉALISATEUR DE FILMS. IL ÉCRIT, DEPUIS 2016, DES PIÈCES POUR LE THÉÂTRE, QU’IL MET EN SCÈNE, SOUVENT COLLECTIVEMENT, AVEC SA COMPAGNIE L’HARMONIE COMMUNALE. IL COLLABORE ÉGALEMENT COMME AUTEUR AVEC LE COLLECTIF X, LES NON ALIGNÉS OU LA COMPAGNIE DES LUMAS. IL RECRÉE ACTUELLEMENT LA CRÈCHE* AU TNP ET PRÉPARE SA PROCHAINE CRÉATION MILLENAL

L’Affaire

Théâtre

Au moment où paraît ce numéro, nous jouons La Crèche* au TNP. Au moment où j’écris ce texte, nous sommes à trois jours de la première, et nous enchaînons des filages. Nos premiers filages, voici dix jours, se sont remarquablement bien passés. Nous nous sommes retrouvés dans une situation luxueuse : nous avons eu le temps de revenir à des questions de sens, de peser l’effet possible de cette pièce dans le monde, sur son public. De faire venir des personnes concernées par les sujets abordés pour vérifier que la pièce ne leur fait pas violence, se positionne au bon endroit. Cette phase est terminée. Nous sommes dans la dernière ligne droite. Place maintenant aux grandes frayeurs et aux espoirs inconsidérés. Nous sommes au moment où plus grand-chose d’autre ne compte, cette accélération finale où le reste du monde s’obture, où la pièce devient l’unique objet de nos pensées, et la première l’unique horizon qui barre l’avenir.

J’ai d’abord fait du cinéma. Ma formation initiale, c’est monteur. J’étais l’étape finale, celle qui donnait son sens et son rythme aux films. Au montage, on garde les prises que l’acteur n’aurait pas forcément choisies, on ajoute des silences que les comédiens n’ont jamais joués, on enrobe d’une musique qui déplace le sens des répliques. Et on le fait dans la solitude d’une petite salle de travail, sans contradiction, aussi seul qu’un écrivain qui met la dernière main à son roman. Le montage, c’était mon endroit de souveraineté. Quand j’ai commencé à faire du théâtre, je m’en suis retrouvé dépossédé. Le polissage final de l’œuvre, c’est ensemble qu’on le réalise. Cela rend le travail éminemment collectif.

Il s’agit de ma pièce la plus complexe. Elle est longue. Les neuf interprètes ont chacune une partition très dense, en termes de texte et de conduite. C’est comme une mécanique très raffinée, où chaque élément doit

20 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 CARTE BLANCHE
EN COMPAGNIE DE FRANÇOIS HIEN
07 MARS > 09 MAI La Peur
Olivier Masson doit-il mourir ?
23
Mouche
Genis Laval
11
12
Correra Millenal TNP Villeurbanne MILLENAL 23 MARS LES VEILLÉES 28 AVR. &
JUIN La
Saint
LES VEILLÉES
&
MAI
de la Renaissance Oullins Enna Pator ©

être à sa place, mais qui doit se faire totalement oublier pour laisser exister les situations. Un grand ballet invisible où neuf interprètes tournoient autour de deux gradins (le spectacle est en bi-frontal), à la fois techniciennes et comédiennes, faisant apparaître devant le public des situations incarnées, puis les escamotant pour laisser place à la suivante. Ce qui me touche dans ce spectacle pas encore fini, c’est qu’il conjugue avec grâce, il me semble, le groupe et l’individu : on y voit un collectif puissant et accordé, où chacune sait s’oublier au profit de l’image d’ensemble ; mais à l’intérieur, chaque interprète a un moment pour scintiller individuellement, faire exister une figure marquante, émerger du corps commun pour y replonger aussitôt après.

Depuis quelques filages, le public nous manque. Nous sommes fatigués de jouer sans lui, d’imaginer des réactions, d’arpenter ce grand parcours de sens en son absence. Et pourtant, il faut bien la retraverser cette pièce, l’affiner, la fluidifier. On le fait à vide, avec la vague angoisse d’user la pièce à force de la traverser sans enjeu.

Et c’est une bonne nouvelle, je pense, que le public nous manque. Que le spectacle ne puisse plus tellement marcher sans lui. C’est dans trois jours. C’est maintenant. C’est dans une éternité de temps. * À voir au TNP de Villeurbanne jusqu’au 1er mars.

21 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 CARTE BLANCHE
ÉCHOS
FABRIQUE Éditions Libel 2022 LA HONTE Éditions Théâtrales 2022 UN THÉÂTRE SANS ABSENT La rumeur libre Éditions 2022
harmoniecommunale.fr
DE LA
Le polissage final de l’œuvre, c’est ensemble qu’on le réalise.

PAR GALLIA VALETTEPILENKO

Après le splendide Misericordia au TNP la saison dernière, Les Célestins invitent de nouveau Emma Dante. L’autrice et metteuse en scène absolument incontournable, installée depuis toujours à Palerme, sa ville natale, revient avec deux pièces : Pupo di Zucchero a été créée l’été 2021 au Festival d’Avignon tandis que La Scortecata a été programmée, en 2018, au Printemps des Comédiens.

festival di Spoleto ©

LA

SCORTECATA

Ces deux fables, que le public pourra enchaîner, sont adaptées d’un recueil de contes napolitains (communément appelé Pentamerone) écrit par le poète italien Giambattista Basile au XVIIe siècle – bien connu de Charles Perrault et des frères Grimm, qui ont largement puisé à cette source. Librement adaptés par Emma Dante en dialecte sicilien ou en vieux napolitain, ils évoquent deux univers très différents même s’ils ont en commun une certaine façon, très singulière,

07 > 11 MARS Maison de la Danse, Lyon 8 maisondeladanse com

22 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 BÊTES DE SCÈNES
+ PUPO DI ZUCCHERO
25 MARS
des Célestins
d’aborder la scène et d’utiliser le corps. La Scortecata, raconte une superbe supercherie : celle de deux vieilles sœurs édentées qui se font passer pour une belle jeune fille afin de séduire un vieux roi libidineux… Jouées par deux formidables acteurs, Salvatore D’Onofrio et Carmine Maringola, sortes de Vamps à l’italienne en plus déguenillées encore, elles font rire et réfléchir dans un même élan. Sur la vieillesse, le diktat de l’apparence, la solitude face à la décrépitude du corps... Pupo di Zucchero s’intéresse à la mort même, et à la mémoire. S’inspirant d’une tradition d’Italie du Sud, qui consiste à fabriquer une figurine en sucre pour accueillir les morts la veille du 2 novembre, Emma Dante convoque les disparus dans un ballet joyeux, respirant la poésie macabre des catacombes des Capucins. L’artiste palermitain Cesare Inzerillo, avec ses sculptures, en reprend l’esthétique des corps embaumés. À l’instar de Misericordia qui fait de la misère un tableau de toute beauté, Pupo di Zucchero fait de la mort une fête joyeuse et poétique. 2
21 >
Théâtre
Lyon
theatredescelestins.com
MISERICORDIA 27 > 29 MARS
Comédie de Valence (26) comediedevalence.com
Ce qu’on aime chez Hofesh Shechter ? Les bandes-son tonitruantes (qu’il signe lui-même), l’énergie tribale furieuse, et cette danse très physique et ancrée dans le sol qui est sa marque de fabrique. On devrait être servi avec Clowns, création 2016, dans laquelle il questionne nos relations aux autres et notre rapport à la violence. « Jusqu’où pouvons-nous aller au nom du divertissement ? » Sur le plateau, dix danseuses et danseurs virtuoses, fleurs à la boutonnière et collerettes baroques, s’en donnent à cœur joie jusqu’à mimer le meurtre. Rouleau compresseur de basses, beauté des costumes, tremblements des corps en clair-obscur, passage brutal de l’ombre à la lumière, poings levés, fougue des interprètes : toute la science du plateau et du mouvement de Shechter explose dans ce cabaret forain macabre qui peut déranger. Antidote à cette fureur, The Fix change du tout au tout avec sa musique planante et ses gestes comme ralentis. Soyons clair : c’est archi-complet… AH
Sold out !
Fables à la sicilienne

le roi des Marionnettes

Voilà une belle occasion de (re)découvrir la poésie de Renaud Herbin. Alors qu’il vient de quitter la direction du TJP – Centre dramatique national Strasbourg-Grand Est en janvier, le marionnettiste revient à Lyon ce printemps. Invité du TNG en mars avec trois pièces, il bouclera aussi sa carte blanche au MAM-Gadagne, Dans l’univers de Renaud Herbin, avec en particulier une journée d’étude (30/3).

On se souvient encore de Mitoyen et Lopin au Théâtre de Vénissieux en 2008, ou de Wax au TNG en 2017. Qu’il manipule un pantin avec des fils – dans Milieu ou Quelque chose s’attendrit – ou anime avec son corps un mannequin alter ego – dans La vie des formes –, l’artiste contemporain, formé à l’École nationale supérieure des arts de la marionnette (ESNAM) de Charleville-Mézières, compose avec une étrange incertitude. Ses marionnettes, à force de décentrer l’humain, interrogent la fragilité de notre être et notre rapport aux objets, à l’espace et au monde.

Enfin, le marionnettiste, à la fois auteur et metteur en scène, crée sur le plateau des moments d’une grande beauté, entre bruits et silence, à la frontière de l’art marionnettique, des disciplines chorégraphiques et plastiques, de la musique. Un monde où les marionnettes s’exprimeraient en mode majeur.

Des Figures singulières

On connaît bien le travail de Nacera Belaza, on connaît moins celui de sa sœur Dalila, longtemps restée dans son ombre. Mais depuis quelque temps, Dalila Belaza a décidé de creuser son sillon et de créer ses propres pièces. Voici donc Figures après Au cœur, premier projet de hiya compagnie – qu’elle fonde en 2020 –, conçu dans le cadre du concours Danse élargie mis en place par le Théâtre de la Ville de Paris. Ce solo poursuit la recherche entreprise avec Au cœur, celle d’un métissage chorégraphique utopique. Où l’artiste cherche à inventer « une sorte de danse traditionnelle qui n’existe pas, sans culture, sans origine, ni territoire ; un rituel sans passé qui demande à sortir de terre et à prendre possession du corps ». Où elle danse en duo avec un costume-personnage conçu par l’artiste Jeanne Vicerial. On a hâte !

28 & 29 MARS

Les SUBS Lyon 1

Fausse torpeur !

Boris Charmatz a fait ses premières armes ici même, il y a longtemps déjà. C’était son premier faux solo, Les Disparates, qu’il avait tout d’abord créé à la Villa Gillet avec Dimitri Chamblas, avant d’être invité à la Maison de la Danse. Depuis, l’ancien du CNSMD de Lyon a fait du chemin. Devenu directeur du Tanztheater de Wuppertal Pina Bausch, il vient présenter Somnole, solo créé en 2021, et qui, comme son titre l’indique, s’inspire de la somnolence et la rêverie. Il a la particularité d’être entièrement sifflé, une capacité qu’avait développée le chorégraphe pendant son enfance. Ce qui induit de produire « une danse du peu, une danse amoindrie, alanguie. (…) Une danse funambule où les mouvements du corps affectent l’instrument ». Une danse suspendue au souffle !

06 AVR.

Maison de la Danse Lyon 8

23 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 BÊTES DE SCÈNES
TELEXxxxxxxx PAR FLORENCE ROUX
QUELQUE CHOSE S’ATTENDRIT
Benoit Schupp ©
MILIEU + QUELQUE CHOSE S’ATTENDRIT 07 > 12 MARS LA VIE DES FORMES 29 & 30 MARS TNG Les Ateliers Presqu’île Lyon 2 tng‑lyon.fr DANS L’UNIVERS DE RENAUD HERBIN > 07 MAI MAM – Gadagne Lyon 5 gadagne lyon.fr

Tombés du ciel

Vue du côté de la Scène Nationale de Bourg-en-Bresse (artiste associée), revoilà Raphaëlle Boitel avec sa Chute des Anges, pièce très visuelle à l’écriture métaphorique. Elle y questionne la nature humaine et propose une forme de résistance dans un monde déshumanisé et ultra-formaté avec, sous-jacente, l’idée de comment vivre mieux ? Ou comment se relever après la chute ? Avec des pièces très esthétiques qui mêlent cirque, danse, cinéma et machinerie théâtrale, elle trace une voie singulière dans le cirque contemporain. S’inspirant à la fois chez Georges Orwell, Wim Wenders, Stanley Kubrick ou Le Caravage, elle se démarque par un travail collectif à trois têtes avec le scénographe Tristan Baudoin (qui a collaboré pendant dix ans avec Aurélien Bory et la Compagnie 111) et le faiseur de musiques Arthur Bison. Chez Raphaëlle Boitel (on se souvient encore de ses aventures contorsionnistes chez James Thierrée, dans La Symphonie du Hanneton ou La Veillée des Abysses), tout passe par le corps, même si les perches et les agrès, la machinerie théâtrale, le travail sur les lumières et la musique concourent à nourrir ses pièces. Sept anges déchus, des filins, une poutre aérienne monumentale, une échelle pour grimper au ciel, une danseuse âgée, des pantins désarticulés, des faisceaux lumineux, des chuchotements, une virtuose des airs bluffante au mât chinois et le tour est joué. Il faut se laisser happer par l’atmosphère inquiétante de ce voyage allégorique en clair-obscur, qui fait naître des sensations et des émotions plus qu’il ne compte d’histoires.

Femmes au cœur

Chloé Dabert aime défricher les écritures contemporaines et les porter sur un plateau. Cela tombe bien : la metteuse en scène – et directrice de la Comédie de Reims – présente en mars, aux Célestins et à la Comédie de Valence, deux pièces qui parlent des femmes avec des textes forts qui cognent. Mais si Le Firmament donne la parole à une quinzaine de personnages et nous plonge dans le contexte de l’Angleterre puritaine du XVIIIe siècle, Girls and boys est un seule-en-scène d’aujourd’hui. Le premier est l’œuvre de Lucy Kirkwood, le second de Dennis Kelly. Ces textes sont aussi ravageurs l’un que l’autre. Ils descendent profondément dans l’inconscient et les entrailles d’une femme pour en dévoiler ce qui la touche au plus intime, au plus secret. Ils révèlent du même coup ce que l’histoire et la société, la famille et les classes sociales ont imprimé, blessé en elle. À découvrir sans attendre. TM

LE FIRMAMENT

01 & 02 MARS

Comédie de Valence (26)

GIRLS AND BOYS

26 AVR. > 07 MAI

Théâtre des Célestins

Lyon 2

24 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 BÊTES DE SCÈNES
PAR ANNE HUGUET 03 & 04 MARS Grand Théâtre, TMG Grenoble (38) grenoble.fr 07 MARS Espace Albert Camus Bron pole en scenes.com
CHUTE DES ANGES
Frank Berglund © LA

Variation sur la passion

Les écrivains aiment les amants tragiques. Le couple mythique d’Antoine et Cléopâtre a inspiré maints auteurs : Plutarque, Shakespeare... et Tiago Rodrigues aujourd’hui. Le dramaturge et metteur en scène portugais n’a pas son pareil pour atteindre le cœur du réacteur, la flamme qui éclaire et ronge ceux qui s’aiment. Il confie volontiers qu’il s’agit là de « sa tragédie shakespearienne préférée » parce que les deux protagonistes ont trop vécu, trop fréquenté les saletés du monde et trouvent pourtant l’énergie de s’aimer.

ANTOINE ET CLÉOPÂTRE 04 > 07 AVR. Théâtre de la Croix Rousse Lyon 4 croix rousse.com

Aussi dépouille-t-il l’intrigue de tous ses oripeaux pour ne garder que les deux amants sur un plateau quasi nu, sans artifice. Et donne les rôles-titres à deux danseurs-chorégraphes unis dans la vie, Sofia Dias et Vítor Roriz. Le jeu lui-même est épuré au profit de la pure beauté des corps. La sensualité y occupe une place essentielle. Quant au texte, il est construit sur le même parallélisme que Chœur des amants, la pièce qu’on a tant aimée l’an dernier. Proféré par l’un puis par l’autre, tricoté de sorte que l’un exprime l’autre et que l’autre n’est plus qu’un, on est plus proche de la poésie que du drame. Cléopâtre porte la parole d’Antoine qui dit les mots de la reine, chacun s’appropriant la vérité, le ressenti de l’autre. Cela peut surprendre, cette réduction de la théâtralité au sens propre mais il faut taire en soi toute idée préconçue pour pouvoir accueillir ce bijou et retrouver l’essence même du théâtre, loin du bruit et de la fureur.

25 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23
BÊTES DE SCÈNES
PAR TRINA MOUNIER Magda Bizarro © ANTOINE ET CLÉOPÂTRE

L’ORAGE

08 > 18 MARS

Théâtre des Célestins Lyon 2 theatredescelestins.com

TOUT MON

AMOUR

16 > 18 MARS

MC2

Grenoble (38) mc2grenoble.fr

29 MARS > 07 AVR.

Théâtre des Célestins Lyon 2

Un romancier sur un plateau

laurent mauvignier.net

On verra au théâtre en mars L’Orage* d’Alexandre Ostrovski (que vous venez d’adapter) et Tout mon amour d’Arnaud Meunier. Peut-on dire que vous vous approchez de plus en plus des plateaux ?

LAURENT MAUVIGNIER Je suis d’abord et avant tout un romancier. Mes premiers livres comprenaient de nombreux monologues intérieurs – donc quelque chose d’assez théâtral –, ils ont évidemment attiré plusieurs metteurs en scène qui ont eu envie de les porter au plateau. J’ai toujours refusé. Car si le théâtre peut y gagner, je vois surtout ce que le roman a à y perdre. Un roman a un tempo, une musicalité qui lui sont propres. Les soustractions comme les ajouts le dénaturent. Et celui qui utilise le

texte va devoir assumer des coupes dans le matériau. Je ne m’y retrouve pas. On a beau me dire qu’il va toucher un autre public, j’ai l’impression que le texte est charcuté, atrophié…

Pourtant vous écrivez pour le théâtre. LM J’aime le théâtre. Et j’y vais très souvent. J’ai écrit des pièces comme Tout mon amour. La question des coupes ne se pose plus. C’est pareil avec Ce que j’appelle oubli, qui peut constituer un seul-en-scène. Les metteurs en scène peuvent ainsi donner libre cours à leur inspiration. J’avais aussi envie d’incarnation, mon désir d’aller vers le théâtre a grandi : certaines choses y sont possibles comme faire se chevaucher des voix. Le roman, lui, reste linéaire, toujours une phrase après l’autre. Au théâtre, on

peut tenter la simultanéité. Parallèlement, cela m’intéresse de rechercher d’autres formes d’écriture, comme l’adaptation.

Parlez-nous de votre adaptation de L’Orage* d’Ostrovski pour Denis Podalydès.

LM Cela m’a surpris, car je ne parle pas le russe. Denis avait envie que la langue d’Ostrovski se frotte à celle d’un auteur contemporain, une langue où la question de l’oralité se pose. Il me fallait trouver une langue singulière. J’ai lu le maximum de traductions et, chaque fois, j’essayais de retrouver cette espèce de vivacité que le texte avait. Cela m’a fait réfléchir sur ce qu’était la création. Des situations que je n’avais pas écrites, je les faisais miennes. J’ai adoré faire ça.

26 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 TÊTE D’AFFICHE
PAR TRINA MOUNIER LES ROMANS DE LAURENT MAUVIGNIER SONT ÉCRITS DANS UNE LANGUE MAGNIFIQUE. UNE CHANCE : EN MARS, L’AUTEUR EST INVITÉ À LA FÊTE DU LIVRE DE BRON ET SUR LES SCÈNES DE THÉÂTRE. RENCONTRE.
* Aux Éditions de Minuit. Sortie : janvier 2023
FÊTE DU LIVRE DE BRON 03 > 05 MARS Table ronde « Littérature & Théâtre » Avec Laurent Mauvignier 05 MARS À 14H
fetedulivredebron.com L’ORAGE
Jean Louis Fernandez ©

Giboulettres de mars

DE LA FÊTE DU LIVRE DE BRON À QUAIS DU POLAR, EN PASSANT PAR LE MAGNIFIQUE PRINTEMPS DES POÈTES, MARS RÉSERVE UN AGENDA DE RENCONTRES LITTÉRAIRES

BIEN FOURNI. TRIPLE OCCASION DE DÉCOUVRIR DE GRANDES VOIX DE LA LITTÉRATURE, DE LA FRANCE À L’OURAL ET DE L’ORAL À L’ÉCRIT. À CHACUN SON MENU…

PAR MARCO JÉRU

Vous avez dit POLAR ?

MAGNIFIQUE PRINTEMPS

11 > 31 MARS

Divers lieux Lyon & région magnifiqueprintemps.fr

QUAIS DU POLAR

Michka Assayas, Florence Aubenas, Brigitte Giraud, Lola Lafon, Laurent Mauvignier (lire P26), Lydie Salvayre… Pour lancer les festivités littéraires, Bron affiche un programme pour le moins dru et alléchant. Sans oublier le poète-batteur Jean-Michel Espitallier (Du rock, du punk, de la pop et du reste), l’écrivain-ouvrier métallurgiste Robert Piccamiglio et le sémillant Philippe Jaenada qui, creusant sans coup férir son goût du fait divers et de l’enquête, revient avec Sans preuve et sans aveu sur les dysfonctionnements croissants des systèmes policier et judiciaire français. Façon de mêler habilement réel et fiction, à l’instar d’un autre auteur journaliste qui honorera en fin de mois Quais du Polar, le Colombien Santiago Gamboa. Après dix romans mêlant dérives mélancoliques et polars noir charbon (Perdre est une question de méthode, Nécropolis 1209…), celui qui est aussi philologue et diplomate, et qui est à Bogota ce que Leonardo Padura est à La Havane (un conteur aussi formidablement documenté que facétieux, l’érudition fermement chevillée à l’humour) revient cette année, avec Colombian Psycho, éclairer les affres de son beau pays – dont il fut exilé trente ans – et se mettre lui-même, écrivain, en abîme dans la terrible histoire de ses milices paramilitaires. En attendant ces rendez-vous sur les lumineux sentiers des lettres avec les merveilleux témoins du réel, les amoureux du verbe peuvent également consulter au plus vite le programme du Magnifique Printemps des poètes, articulé autour du thème des frontières. Parmi les lectures, rencontres et performances, on peut noter : une nuit du slam (11 mars) et un bal littéraire (16 mars) réunissant, autour de DJ Mademoiselle Charby, Lionel Lerch, Emmanuel Merle, Murielle Szak, Jindra Kratochvil et Judith Wiart – soit la fine fleur extra-boulistique des éditions du Clos Jouve. Alors n’attendez pas le printemps : fermez le ban, ouvrez le bal !

31 MARS > 02 AVR. quaisdupolar.com

Le grand rendez-vous du polar, c’est fin mars avec Quais du Polar. De Ellory à George, de Thorogood à Del Árbol, Thilliez, Cercas ou Ægisdóttir, la crème du genre débarque. Et quelques nouvelles têtes aussi, pour la première fois au pays des gones : Deepti Kapoor, Carmen Mola, Louise Oligny pour ne citer qu’elles. Vite fait. L’Espagne est à l’honneur avec son histoire torturée, franquisme et guerre civile en ligne de mire, ses ruelles sombres, ses plumes (une douzaine de noms à retenir) et ses polars. Pour les curieux, la « nouvelle vague espagnole » est à découvrir avec Javier Castillo, Santiago Díaz et Juan Gómez-Jurado (01/04).

Dans la série thèmes à l’affiche, « roman noir et journalisme » et « roman d’espionnage » seront disséqués. L’occasion de mettre en avant un nouveau genre d’espionnes ? Rencontre au sommet avec María Dueñas, Ava Glass et Melvina Mestre (01/04). Ceci n’est qu’un aperçu, à vos agendas. AH

27 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 LETTRES &
RATURES

Quand le réel percute l’écran

« C’EST UN ACTE DE FOI : QUAND JE VAIS AU CINÉMA, JE CROIS AU MONDE. » LE RÉALISATEUR ARNAUD DESPLECHIN A RAISON : LE CINÉMA S’INSPIRE AUSSI DU MONDE DANS LEQUEL ON VIT. QUATRE FILMS SORTIS EN 2022 EN FONT LA DÉMONSTRATION.

NOVEMBRE Cédric Jimenez (Sortie : 5 oct. 2022)

SIMONE Olivier Dahan (Sortie : 12 oct. 2022)

NOS FRANGINS Rachid Bouchareb (Sortie : 7 déc. 2022)

CORSAGE Marie Kreutzer (Sortie : 14 déc. 2022)

Les histoires racontées à l’écran se nourrissent parfois du réel. Un réel historique, comme dans Simone d’Olivier Dahan et Corsage de Marie Kreutzer, deux biopics – contraction de biographic picture – sortis en 2022. L’un raconte la vie de Simone Veil, l’autre celle de Sissi impératrice d’Autriche. Olivier Dahan n’en est pas à son premier essai : La Môme et Grace de Monaco, c’était déjà lui. Dans Simone, il prend le parti d’un montage non chronologique. Il reconstitue le réel de façon précise, notamment dans les scènes de déportation ou lorsque Simone Veil, alors ministre, est confrontée à l’extrême droite en défendant sa loi sur l’IVG. Elsa Zylberstein explique avoir travaillé son rôle pendant un an, se métamorphosant physiquement et faisant sienne la diction si particulière de celle qu’elle incarne à l’écran. Au contraire, Marie Kreutzer prend bien des libertés dans Corsage pour raconter l’émancipation fantasmée de Sissi. Elle multiplie volontairement les anachronismes : l’empereur François Joseph porte ainsi… un col roulé, et, encore plus fort, l’impératrice fait un magnifique doigt d’honneur. Comble de la réécriture historique, Sissi choisit sa mort à l’écran alors qu’elle fut assassinée en réalité sur les bords du lac Léman. Ici point de valse viennoise, la chanteuse Camille compose la musique, achevant de brouiller le récit.

Souvent le cinéma s’intéresse aussi à des événements plutôt qu’à des personnes. Pour ancrer Nos frangins dans les années 1980 – le film reconstitue l’affaire Malik Oussekine et l’assassinat d’Abdel Benyahia en 1986 –Rachid Bouchareb utilise de vraies images d’archives. Mais il en crée également de fausses, pour le besoin du film, imitant le grain des reportages de l’époque. Le spectateur peut alors être perturbé par le flou entretenu entre réel et fiction. Néanmoins, le jeu très sobre des comédiens redonne de l’authenticité au récit. Et de la dignité aux personnes qui ont réellement existé.

Dernier exemple : le film de Cédric Jimenez, Novembre, relate les cinq jours d’enquête policière qui suivent les attentats du 13 novembre 2015. La traque des terroristes, particulièrement réaliste, tient le spectateur en haleine. Et pourtant, le film reste une fiction avec des personnages inventés. La volonté du réalisateur de représenter une femme témoin clé de l’enquête avec un foulard – alors qu’elle n’est pas voilée dans la vraie vie – a fait polémique, la fiction se heurtant au réel. Un carton explicatif a dû être ajouté en début de film pour rappeler que la mise en scène reste toujours au service de la fiction.

Alors le cinéma, miroir de la vie ? Peut-être… En réalité, l’image n’est jamais qu’une représentation.

28 ARKUCHI
MARS | AVR. 23
#34
7 E ART PAR MARTIN
CORSAGE, MARIE KREUTZER
BARNIER & VALÉRIE LEGRAINDOUSSAU

LES ÉCRANS DU DOC

21 > 26 MARS

Le Toboggan

Décines letoboggan.com

Le doc, c’est la vie

Le documentaire, c’est la vie. Dans tous ses états. La 12e édition des Écrans du Doc, à Décines, en offre de saisissants exemples. On pourra ainsi plonger dans la vie et le processus de création d’Annie Ernaux, prix Nobel de littérature qui a construit avec David Ernaux-Briot, son fils, Les années Super 8, un docu à partir des archives familiales. Il témoigne, comme son livre Les Années, d’une intimité en rapport avec son temps, et d’un style puissant. La vie, c’est aussi l’histoire de Reyhaneh Jabarri que raconte Steffi Niederzoll dans Sept hivers à Téhéran. En 2007, à Téhéran, la toute jeune « Rey » est condamnée à mort pour avoir tué l’homme qui tentait

Latin spirit

de la violer. À partir d’images filmées clandestinement et de témoignages, dont celui de sa mère, la réalisatrice allemande a reconstitué le combat de sa famille pour sauver la jeune femme, devenue symbole de la lutte pour les droits des femmes en Iran. Symbole et histoire qui résonnent fortement alors que les Iraniennes et Iraniens manifestent, sont emprisonnés et tués depuis la mort de Mahsa Amini, en septembre dernier. Autre film en sélection officielle à la Berlinale 2023, Sur l’Adamant de Nicolas Philibert, propose la visite d’un centre de jour psychiatrique différent puisque situé dans un bâtiment flottant sur la Seine… À la rencontre des patients et soignants qui s’y retrouvent au quotidien. La vie.

Depuis 1984, les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain donnent rendez-vous aux cinéphiles et autres curieux de ces cinématographies bouillonnantes. En 2023, une quarantaine de films sont programmés dont dix-huit en avant-première et sept inédits (en compétition, avec un prix du Public à la clé) pour cette 39e édition. L’occasion de prendre, évidemment, le pouls du monde dans une diversité de sujets et d’esthétiques (thriller, comédie, critique sociale, documentaire…), mais aussi de découvrir les dernières productions de cinéastes plus ou moins connus et de voir avant tout le monde quelques-uns des films nominés aux Premios Goya 2023. Dans la série : les films espagnols Creaturas de Carlos Vermut ou Suro de Mikel Gurrea et L’Eden (La Jauria) du Colombien Pulido. Après le focus sur l’Espagne en 2022, un thème fort se détache avec plusieurs films qui évoquent l’adolescence et la jeunesse, ainsi de Sublime de Mariano Biasin ou Chili 1976 de Manuela Martelli. Une édition, certes recentrée (à Villeurbanne), mais toujours haute en couleurs et en émotion. AH

REFLETS DU CINÉMA IBÉRIQUE & LATINO-AMÉRICAIN

18 > 28 MARS

Le Zola

Villeurbanne lesreflets cinema.com

29 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 Film AG © 7 E ART PAR FLORENCE ROUX
©
SEPT HIVERS À TÉHÉRAN, STEFFI NIEDERZOLL
DR

Risottotout chaud

4 PERSONNES

30 MINUTES

PAR FOODDENOU

40 MINUTES

Sobriété énergétique oblige, il fait frais. Mais voilà un bon plan pour se réchauffer et se régaler. Rien de tel qu’un bon risotto de saison fait maison ! C’est parti pour une petite demi-heure devant tes fourneaux. Tu commences par dorer l’oignon finement coupé dans l’huile d’olive, avant d’ajouter le butternut en petits cubes. Tu couvres le tout et tu laisses mijoter 10 minutes. Premières odeurs, premières vapeurs. Ne perds pas le rythme ! Les pleurotes se laissent émincer, clac clac clac, et le bouillon cube de légumes diluer dans 70 cl d’eau chaude. Il fait bon dans ta cuisine… Retour à la sauteuse, tu ajoutes le riz que tu laisses cuire une minute en remuant, puis tu verses le vin blanc. Coup de chaud. Le riz frémit et n’attend plus que son bouillon, à incorporer lentement louche après louche. Tu as le bout des doigts tout chauds. Vingt minutes, ça cuit tout doux. Tu as pile-poil le temps de t’occuper des pleurotes, un filet d’huile d’olive ou une noisette de beurre, elles sont déjà revenues. Hors feu, tu plonges le nez dans la sauteuse, ça fume et les bonnes odeurs envahissent la pièce. Miam miam. Tu es subitement affamé(e)… Sel et poivre, quelques brins de persil pour donner de la couleur, tu saupoudres de parmesan pour le goût et tu sers le tout avec les pleurotes. Fumant à souhait et gourmand au possible !

Horizontalement

1. Joues l’amoureux avec ta marguerite ? 2. Bandes écossaises. Fit prendre l’air.

3. Fille d’une Joséphine et mère d’un Napoléon. 4. Allongées. 5. Arrivé. Espace vert du désert. 6. A son château en Aveyron. Une de la famille. 7. Tisseras peutêtre des liens. Joue au Vélodrome. 8. Hume… mal ! Centre souvent en grève.

9. Faisaient du bruit dans le quartier.

10. Situé. Coupée sur le court.

Verticalement

A. Choisis de régler un achat en plusieurs fois. B. Ça coule. Négatif anglais. Note.

C. Comme des poires ou des pommes peu savoureuses. D. Il a donc un souteneur.

E. Éculée. Filets. F. Concerne le nouveau-né.

G. Fatiguais. Deux romains d’Italie.

solutions arkuchi 33

30 ARKUCHI #34 MARS | AVR. 23 POPOTE(S) jugeote
240 G DE RIZ ARBORIO 1 OIGNON 300 G DE COURGE BUTTERNUT 200 G DE PLEUROTES 1 VERRE DE VIN BLANC 1 CUBE DE BOUILLON DE LÉGUMES 70 CL D’EAU CHAUDE 40 G DE PARMESAN PERSIL, SEL, POIVRE ET HUILE D’OLIVE
H. Capitula à Appomattox. Réfléchi. Unité de mesure énergétique. I. Symbole chimique. Un secret pour Tintin. J. S’il est de "nœuds", quel imbroglio ! Par emploi abusif synonyme de juif. E M P R E I N T E S S U E A T O U T E S N N E U T E V E N D O R M E U S E N E A N T E R T I N E S S A I I N S E R T A R T E S O T E R I S M E L E N T E S S E S S S E N S E E S

Annecy Bonlieu. Bourg-en-Bresse Musée du Brou. Tannerie. Théâtre de Bourg-en-Bresse. Bourgoin-Jailleu Les Abattoirs. Brignais Le Briscope. Bron Espace Albert Camus. Ciné Les Alizés. Ferme du Vinatier. Jack Jack. Pôle Pik. Médiathèque de Bron. Université Lyon II. Caluire-et-Cuire Cinéma Le Méliès. Médiathèque B. Pivot. Radiant-Bellevue. Chalon-sur-Saône Espace des Arts. Musée N. Niepce. Chassieu Karavan Théâtre. Chazelles-sur-Lyon Musée du Chapeau. Corbas Le Polaris. Dardilly L’Aqueduc. Décines Le Toboggan. Écully Écully Cinéma. Médiathèque. Feyzin L’Épicerie Moderne. Médiathèque. Francheville L’Iris. Givors Médiathèque Max Fouché. Théâtre de Givors. Irigny Le Sémaphore. La Mulatière Aquarium de Lyon. Aux Bons Sauvages. Lyon 1 À Chacun sa tasse. L’Atelier Item. À Thou bout d’chant. Archipel Librairie. Art Up Déco. Auprès de mon arbre. Bar 203. Bel Ami. BistrO d’à cÔté. Bloom. Boîte à café. Broc’Bar. Boulangerie des Chartreux. CAUE Rhône. Chasseurs d’influences. Cinéma Polycarpe. Clef de Voûte. Condition des Soies. Delicatessen. Diable!. DRAC Auvergne-Rhône-Alpes. Espace 44. Fluxus. Fromagerie BOF. Galerie Ceysson & Bénétière. Galerie C. Mainguy. Galerie Céline Moine. Galerie Nörka. Halles de la Martinière. Jarring Effects. Kachka. Kraspek Myzik. L’Âne sans queue. La BF15. La Bonne Gâche. La Salle de Bains. Le 3e Fleuve. Le Bal des Ardents. Le Bleu du Ciel. Le Livre en Pente. Le Morfal. Le Réverbère. Le Voxx. Les Grimpeurs. Les SUBS. Librairie À Soi.e. Librairie Ouvrir l’œil. Mangiabuono. Manifesta. Mapraa. Maison Nô. Médiatone. Mongi Guibane. Ô Tao Bom. Opéra de Lyon. Radio Canut. Rés. Villemanzy. Sans Contrefaçon. Sofffa Terreaux. Spacejunk. Théâtre des Clochards Célestes. Tikki Records. Traboule Kitchen. Yoga Korner. Lyon 2 Archives Municipales. Atelier Parfumé. Autour de l’Image. BM Lyon 2. Boulangerie Saint-Marc. Chez Camille. Cycles Marchi. Fondation Bullukian. Galerie Em’Arts. Galerie SLIKA. Galerie Tatiss. Hôtel 71/Heat. La Cloche. Librairie des Arts. Librairie Expérience. Librairie Gibert. Librairie Passages. Maison Pochat. Marché Gare. MJC Confluence. Musée des Confluences. Musée de l’Imprimerie. Omart. Ories Galerie. Périscope. Théâtre-Comédie Odéon. TNG – Les Ateliers. Théâtre des Célestins. Théâtre des Marronniers. Université catholique de Lyon. Lyon 3 Archives départementales. Auditorium de Lyon. De L’Autre côté du Pont. BM Part-Dieu. BM Marguerite Yourcenar. Café du Rhône. École E. Cohl. Gnome et Rhône. Hooper. Improvidence Théâtre. Librairie du Tramway. Métropole de Lyon. Pieds Compas. Poltred. Salle des Rancy. Lyon 4 1150 Vintage. Agend’arts. Aquarium Ciné Café. Aux Trois Cochons. BM Lyon 4. Bistrot fait sa Broc. Bistrot des Voraces. Bonnesœurs. Burning Cat. Cavavin. Cave Tabareau. Cave Valmy. Chez Robert. Chez Simone. Coop du Zèbre. Diable Rouge. Fromagerie Galland. Galerie Françoise Besson. Galerie Vrais Rêves. L’Assiette du vin. La Famille. La Valise d’Élise. Le Grain de Folie. Labelalyce. Maison Jolivet. Modern Art Café. Ô Fournil des Artistes. L’Oiseau perché. Paddy’s Corner. Sibilia. Théâtre de la Croix-Rousse. Un Grain dans le Grenier. Villa Gillet. Vivement Dimanche. Lyon 5 Acting’s Studio. BM du 5e. CRR de Lyon. École de Cirque Ménival. ENSATT. Espace Gerson. Galerie L’Œil Écoute. Librairie Virevolte. LUGDUNUM Musée. Lyon Particule. La Mi Graine. MJC du Vieux-Lyon. MJC Saint-Just. Musées Gadagne. Le Sonic. Théâtre du Point-du-Jour. Lyon 6 BM du 6e. MAC Lyon. Lyon 7 Arts en Scène. Bibliothèque Diderot. Café Pimpon. CHRD. Cinéma Comœdia. COREP. De L’Autre Côté du Pont. EAC Lyon. École de Condé. ENS. La Commune. Le Court-Circuit. Le Ptit Bouclard. Le Flâneur. Les Fauves. Galerie Tator. HO36 Montesquieu. IEP. Kargo Kult. Librairie La Madeleine. Librairie La Voix aux Chapitres. Librairie Rive Gauche. Librairie Terre des Livres. Livestation DIY. Mama Shelter. Mimo. Mowgli. Ninkasi Kafé. Sofffa Guillotière. TANDEM. Théâtre de L’Élysée. Lyon 8 Institut Lumière. Maison de la Danse. Médiathèque de Bachut. MJC Monplaisir. NTH8. Salle Genton. Lyon 9 Au Bonheur des Ogres. Cave Valmy. Ciné-Duchère. CNSMD. Fondation Renaud. L’Attrape-Couleurs. La 9e Bulle. Les Mangeurs d’Étoiles. Médiathèque de Vaise. Musée Jean Couty. TNG. Mâcon Cave à Musique. Le Théâtre, Scène nationale de Mâcon. Musée des Ursulines. Miribel L’Allégro. Mornant Espace Jean Carmet. Neuville-sur-Saône La Maison Jaune. Médiathèque. Oullins La Mémo. MJC d’Oullins. Le Syndrome Peter Pan. Théâtre de La Renaissance. Pierre-Bénite Maison du Peuple. Médiathèque E. Triolet. Portes-Lès-Valence Train-Théâtre. Rillieux-la-Pape CCNR. Espace culturel Marcel André. Médiathèque L’Échappée. MJC Ô Totem. Saint-Étienne Cité du Design. Comédie de Saint-Etienne. Le Fil. Le MAMC. Musée d’Art et d’Industrie. Musée de la Mine. Opéra de Saint-Étienne. Saint-Fons Médiathèque Roger Martin du Gard. Théâtre Jean Marais.  Saint-Genis-Laval La Mouche. Médiathèque B612.  Saint-Priest Cinéma Le Scénario. Médiathèque Fr. Mitterrand. Théâtre Théo Argence. Saint-Vallier Ciné-Galaure.  Sainte-Foy-lès-Lyon Bibliothèque. Ciné-Mourguet. Tassin-la-Demi-Lune Cinéma Le Lem. L’Atrium. Librairie Pleine Lune. Médiathèque. MJC Omega. Vaulx-en-Velin C.C. Charlie Chaplin. Cinéma Les Amphis. École d’architecture. ENTPE. Planétarium. Valence Comédie de Valence. Vénissieux Bizarre! C.A.P. Madeleine Lambert. Cinéma Gérard-Philipe. Médiathèque Lucie Aubrac. Théâtre de Vénissieux. Vienne Théâtre de Vienne. Villefontaine Le Vellein. Villefranche-sur-Saône Auditorium. Cinéma Les 400 Coups. Conservatoire. Galerie Le 116art. Librairie des Marais. Médiathèque Mendès-France. Musée Paul Dini. Office du Tourisme. Théâtre de Villefranche. Villeurbanne Bieristan. Campus de la Doua. CCO. CCVA. Cinéma Le Zola. Galerie Domus. ENMDAD. ENSSIB. Espace Info. Espace Tonkin. Institut d’art contemporain. IUFM. La MLIS. Le Rize. Le Totem. Pôle Emploi Scènes & Images. Pôle Pixel/Studio 24. Théâtre Astrée. Théâtre de l’Iris. TNP. Toï Toï Le Zinc. 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