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La pénurie sur le marché du travail ne disparaîtra pas dans les années à venir PROF. DR SARAH VANSTEENKISTE (STEUNPUNT WERK)
E
n période de de haute conjoncture, le nombre de demandeurs d’emploi est faible et les postes vacants sont plus difficiles à pourvoir. Si l’économie se refroidit, ce problème devrait en principe se résoudre de lui-ême. Ce ne sera désormais pas le cas. Selon les analyses effectuées par Steunpunt Werk, nous ne devons pas compter sur cet effet dans les années à venir. À cause du vieillissement de la population, en effet, la pénurie sur le marché du travail ne se résorbera pas au cours de la prochaine décennie. Y compris dans le secteur logistique. La guerre des talents n’est pas terminée. Dans
nous constatons invariablement un double-
toute la Belgique, la pénurie de main-d’œuvre
ment par rapport à la période 1998-2003.
est actuellement à son point le plus élevé depuis longtemps. Si l’on regarde le nombre de demandeurs d’emploi par poste vacant, on constate que cette proportion est très faible dans chaque région. La pénurie se fait le plus sentir parmi les professionnels de la santé, le personnel informatique, les chauffeurs poids lourds, etc., Toutefois, le Forem et le VDAB décrivent également divers profils logistiques comme des professions en pénurie. LSteunpunt Werk s’attend à ce que la pénurie reste structurelle dans les années à venir. Nous constatons une augmentation du nombre de personnes ayant actuellement plus de 55 ans qui quitteront le marché du travail. Par rapport
MÊME DANS UNE ÉCONOMIE AU RALENTI La pénurie est structurelle. Ainsi, le nombre de personnes ‘en âge de travailler’ va diminuer dans les années à venir en Flandre. En Wallonie, ce chiffre reste assez stable, et à Bruxelles, il est même en augmentation. Dans le même temps, les jeunes entrent plus tard sur le marché du travail. Divers indicateurs indiquent un refroidissement de l’économie, ce qui peut avoir un impact sur la demande en preneurs d’emploi. Mais même avec cet impact, nous supposons que le départ des personnes de plus de 55 ans et l’évolution de la population en âge de tra-
à il y a vingt ans, ce chiffre a doublé. C’est
vailler continueront à provoquer une pression
le cas dans toute la Belgique également. De
structurelle.
restera un défi difficile à relever dans les années à venir. En Flandre, par exemple, 92% du groupe des 25 à 50 ans ayant un niveau d’études supérieures ont déjà un emploi. Dans un tel cas de figure, on se doute que de nombreuses entreprises pêchent dans le même petit étang. Les employeurs devront dès lors être plus ouverts à des profils auxquels ils n’avaient pas encore pensé. Dans la pratique, cela signifie recruter plus largement, créer plus de possibilités de croissance en interne et mieux réfléchir à la manière de former davantage les gens après leur recrutement.
RECONVERSION La clé réside donc en grande partie dans la formation et la reconversion. Néanmoins, on ne peut perdre de vue qu’une approche différente de la part des employeurs est indispensable. Nous devons davantage encourager la population à se former en permanence. Cela relève de la responsabilité tant de l’employé que de l’employeur. L’employé doit le vouloir et l’employeur doit lui offrir suffisamment de possibilités. Cela ne sera toutefois pas facile : libérer du temps pour des formations n’est pas évident quand on a trop peu de personnel.
2023 à 2028, la Flandre devra remplacer près de 400.000 personnes de plus de 55 ans. En
RECRUTER DIFFÉREMMENT
Wallonie, il y aura 160.000 remplacements à
Pour les employeurs, l’analyse du marché du
effectuer et à Bruxelles 50.000. Mais là aussi,
travail indique que la recherche de talents
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Voir aussi Randstad.be