transport
10 Portrait 12 Case Study 14 Rétro
GINO LIEVROUW
« LE MÊME TRAJET CHAQUE SEMAINE, ET ALORS ? » Gfectue le même parcours chaque semaine
ino Lievrouw (56 ans) de Hooglede-Gits ef-
et souhaite continuer comme ça jusqu’à sa retraite. Ce n’est peut-être pas le rêve ultime de la vie d’un chauffeur professionnel, mais la routine a aussi ses avantages. Geert De Temmerman
« Personne dans la famille n’était ou n’est chauffeur de poids lourd », entame Gino Lievrouw, marié à Ria depuis 38 ans. « Après avoir obtenu mon diplôme d’études secondaires, j’ai commencé à travailler dans une usine de chaises et j’y suis resté près de 15 ans. À un moment donné, une place de chauffeur s’est libérée et l’employeur m’a demandé si je ne voulais pas aller livrer les clients avec son petit camion. C’est comme ça que j’ai effectué mes premiers pas en tant que chauffeur professionnel. » Malheureusement, l’entreprise a fait faillite et Gino a dû chercher un autre emploi. « L’idée de devenir chauffeur international me trottait dans la tête depuis un certain temps déjà, mais bien sûr, ce n’était
10
pas évident. Contrairement à aujourd’hui, la demande de chauffeurs était là, mais si vous n’aviez pas d’expérience, les portes se refermaient tout de suite. M. Lensen, qui dirigeait alors une entreprise de transport de la région, m’a donné l’opportunité de me lancer et m’a tout appris : remplir un CMR, conduire un ensemble tracteur/semi-remorque ou encore utiliser un véhicule avec un chariot embarqué. » Aujourd’hui, 25 ans plus tard, Gino roule toujours pour M. Lensen qui, entre-temps a créé sa propre entreprise de transport avec ses enfants. L’entreprise, située à Roulers, dispose de 15 ensembles routiers et est spécialisée dans le groupage. TOUT LE MONDE NE VEUT PAS FAIRE ÇA « Au fil des ans, j’ai eu l’occasion de traverser une grande partie de l’Europe. Bien sûr, il faut aimer ce genre de vie car vous pouvez facilement avoir 10 à 15 clients à livrer et tous les chauffeurs ne sont pas faits pour cela. Et emprunter le même itinéraire chaque semaine rebute certains
chauffeurs. » Chaque lundi matin, Gino part de Roulers et fait d’abord du groupage en Belgique. Le mardi, il part en France dont il revient le vendredi après-midi. « Suivre le même itinéraire chaque semaine et rencontrer les mêmes clients peut sembler peu exaltant, mais pour moi ce n’est pas du tout ennuyeux. Je signerais des deux mains pour pouvoir le faire jusqu’à ma retraite. Cela présente même plus d’avantages qu’on ne pourrait le croire. Je connais les heures d’ouverture de chaque client ; où que j’aille, je connais les gens et je sais comment les aborder ; je sais où se trouve la machine à café, où je peux passer la nuit sur la route, où bien manger…. Ce sont peut-être des broutilles, mais tout cela me procure une certaine tranquillité d’esprit. Ca a forcément un impact sur mon style de conduite et, par extension, sur la sécurité routière. Je peux parfaitement calculer le temps à facturer par client et ainsi reprendre la route sans frustration. Quand on voit parfois les parkings surchargés le long des autoroutes et les sanitaires qui laissent souvent à désirer,