QDE n°48: Société inclusive: et l'éducation dans tout ça?

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Société inclusive
et l’éducation dans tout ça ? Questions d'éduc . # 48 UN DOSSIER DE L'UNSA ÉDUCATION FÉVRIER 2023 La fédération UNSA des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture Collection Dossiers UNSA Éducation www.unsa-education.com accès sommaire première page page précédente page suivante dernière page
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Actualités

ÉDUCATIVES

LIVRE ANNIVERSAIRE

1962 – 2022 : l’APAJH a fêté 60 ans de vie associative et militante. L’évidence a été d’aller à la rencontre des personnes en situation de handicap, de celles et ceux qui au quotidien font bouger les lignes avec l’APAJH, militants bénévoles et professionnels à partir de l’expression de leurs attentes.

Leurs regards et leurs histoires individuelles témoignent que l’utopie d’une société inclusive, plus juste, solidaire et laïque, peut devenir une réalité. Qu’elle le devient chaque jour un peu plus. Trop lentement encore, mais les réussites à certains endroits, les expérimentations à d’autres, montrent assurément la voie des possibles. Le livre a pour ambition de mettre en lumière l’essence de ce mouvement citoyen, tout handicap et tous les âges de la vie. Cet ouvrage est réalisé en collaboration avec Théo Giacometti, photoreporter indépendant. Il comprend 82 portraits et témoignages, et est disponible au tarif de 10 euros TTC l’unité. A commander sur www.apajh.org frais de port offerts.

METIERS D’ART

Patrimoine, modernité et innovation sont au cœur de la reconnaissance des savoirs faire. Vous pouvez visiter des entreprises près de chez vous, lors des Journées européennes des métiers d’arts. La thématique de cette année est « Sublimer le quotidien », un thème pour illustrer l’importance des métiers d’art dans les foyers et la société française.

Elle mettra à l’honneur la région Aquitaine et l’Espagne. Programme complet pour le printemps 2023 sur : https://www.journeesdesmetiersdart.fr

SCIENCES PARTICIPATIVES

Si vous avez envie d’agir pour la planète, le Muséum d’histoire naturelle s’engage et vous donne les moyens de le faire à ses côtés. Le Muséum a mis en route plusieurs programmes de sciences participatives. Ils concernent l’observation de la faune, de la flore en milieu naturel ou urbain, de la biodiversité des sols, ou du littoral. Ils permettent également de pouvoir décrypter le ciel ou témoigner de l’histoire de votre environnement par la photographie.

https://www.mnhn.fr/fr/participer-a-la-science

Questions d' É duc . 2

LES LIVRES ET LES FRANÇAIS

Les Français lisent en moyenne 7 livres par an , d’après une enquête réalisée en septembre 2022 pour le Syndicat de la librairie française (SLF). Et ils sont 11% à en lire plus de 20 par an. Un peu plus d’ un Français sur cinq ne lit pas du tout de livres et 9% supplémentaires ne lisent pas plus d’un livre par an – soit près d’un tiers des Français qui lisent très peu, voire pas du tout. On parle ici de lecture de livres et pas de lectures sur écran. Néanmoins, il est bien paradoxal de tant miser sur les savoirs fondamentaux et la lecture chez les enfants quand les adultes eux-mêmes ne la pratiquent pas…

MARATHON

Paris 2024 approche et propose aux spectateurs de se lever des gradins pour vivre l’expérience des Jeux dans la peau d’un·e athlète.

Ainsi, le Marathon Pour Tous de Paris 2024 se déroulera sur le même parcours que la mythique course du Marathon olympique. Une distance plus courte de 10 km sur ce même parcours sera également proposée pour permettre à chaque sportif·ve – confirmé·e et débutant·e, jeune et moins jeune – de vivre une expérience unique.

La plateforme : https://terredejeux.paris2024.org recense toutes les initiatives sportives dans tous les territoires qui créent une émulation et du désir autour de cet événement planétaire, situé en France.

ART ET FAC

Le concours

PRIX « Non au Harcèlement »

En 2022, malgré la crise sanitaire, la mobilisation des élèves et des adultes a atteint un record absolu avec plus de  70 000 élèves qui ont présenté  1 854  projets de grande qualité, créatifs et touchants.

La session 2023 remettra 12 prix en avril, sélectionnés par des jurys dans toutes les académies. En illustration, le projet lauréat de la catégorie « affiche école élémentaire » réalisé par les élèves de l'école Nelson Mandela de Saint-Christoly de Blaye, académie de Bordeaux.

Multiplions les initiatives pour éradiquer ce fléau qu’est le harcèlement !

Expression de la volonté publique de soutenir la création et de sensibiliser à l'art de notre temps, l'obligation de décoration des constructions publiques communément appelée « 1% artistique » est une procédure spécifique de commande d’œuvres à des artistes qui s'impose à l’État, à ses établissements publics et aux collectivités territoriales. C’est dans ce cadre que le campus de l’université de Pau accueillera prochainement une œuvre contemporaine monumentale réalisée par Marianne Vieulès, plasticienne.

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nonauharcelement.education.gouv.fr

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L'inclusion sous le feu des questions

Manque d'accompagnement et de formation

L'apajh veut rendre visible les personnes handicapées

Quand l'alliance fait réseau

Scolariser de la maternelle à l'université

Quand tous les enfants sont des "pachas"

Prendre exemple sur la « Conception

universelle des apprentissages »

Au service des plus fragiles

Pour des AESH pleinement reconnu·es

Quand la prise en charge du handicap passe la vitesse supérieure

Des « rampes » cognitives pour faciliter les apprentissages

Favoriser le processus d’acculturation

Des "artistes" et non plus "autistes"

Pour aller plus loin

Actualités éducatives É dito Concepts et définitions
SOMMAIRE
18 20 21 22 12 5 11 10 7 2 14 8 16 13 23 24

Frédéric MARCHAND

Secrétaire général - UNSA éducation CPE

Morgane VERVIERS

Secrétaire générale adjointe - CPE

Béatrice LAURENT

Secrétaire nationale

Secteur Éducation et Culture

Professeure des écoles - Formatrice INSPÉ ont coordonné ce numéro auquel ont participé :

secteur ÉDUCATION ET CULTURE

Willie CHARBONNIER

Conseiller national, Professeur de mathématiques

Émilie FOUCRET

Conseillère nationale

Professeure des écoles

Jérôme GIORDANO

Chargé de mission Enseignement supérieur

Enseignant chercheur

Gilles LELUC

Conseiller national

Professeur de lettres modernes

Pascale MASSINES, Conseillère nationale, Infirmière scolaire

Hawa SALL

Chargée de mission

Conseillère principale d'éducation

Christèle SAUDER , Conseillère nationale, Directrice déléguée aux formations professionnelles et technologiques

Caroline SOREZ

Conseillère nationale

Cheffe d'établissement

Principale adjointe de collège

Stéphanie de VANSSAY

Conseillère nationale

Professeure des écoles

Questions d'éduc .

édito

Société inclusive : l’Éducation y prend sa part

Un sujet pas si facile mais d’une haute importance pour notre société, telle qu’on l’observe, telle qu’on la vit, telle qu’on la rêve. Inclure étant le contraire d’exclure, une société inclusive c’est donc une société qui éradique toutes formes de discriminations. Évidemment, cette société est encore un idéal, nous n’y sommes pas encore collectivement parvenus. Le monde de l’éducation y prend sa part.

L’UNSA Éducation a mis en réflexion lors de son Rendez Vous Annuel des Métiers 2022 comment mieux y arriver dans le respect de toutes les parties prenantes. Et parmi toutes les discriminations qui persistent, lors de cette journée déconcentrée en 30 lieux, les personnes les plus vulnérables, celles qui sont porteuses de handicap, visibles ou moins visibles ont été au centre des débats. Elles représentent 20% de la population française et cela peut aller jusqu’à 40% si on prend en compte le handicap temporaire.

Questions d' É duc . n°48 revient sur les contenus partagés en intelligence collective tout au long de cette journée. La fédération UNSA Éducation porte des revendications et des propositions avec ses syndicats et les personnels qu’elle représente pour mieux réussir l’éducation inclusive. Par manque de moyens humains et de solutions adaptées aux multiples cas individuels qu’elle touche, l’inclusion en éducation est encore trop souvent source de souffrances pour les personnels, les enfants et les familles concernées.

L'équipe éditoriale de "Questions d'éduc."

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Directeur de publication Frédéric MARCHAND Graphisme Cécilia Bertin - ceciliabertin.com Crédits photographique UNSA - Pexels - Pixabay www.unsa-education.com

CONCEPTS ET DÉFINITIONS

Handicap

Il est défini par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme étant une restriction ou une incapacité importante dans l'accomplissement d'une activité dans la vie quotidienne en raison d'un déficit physique ou mental, d'une maladie ou de toute autre forme de déficience.

EBEP

Les élèves à besoins éducatifs particuliers (EBEP) présentent des particularités qui nécessitent un soutien et des adaptations dans le cadre de leur scolarité.

Ces élèves ont des besoins spécifiques du fait de leur différence (troubles, haut potentiel,...), que l’école doit pouvoir prendre en compte pour qu’ils soient inclus.

Tous les élèves en situation de handicap sont des EBEP, mais tous les élèves à besoins éducatifs particuliers n’entrent pas forcément dans le champ du handicap.

LOI

La loi de 2005 pour le handicap a établi le principe de scolarisation des enfants handicapés dans le cadre de l'enseignement ordinaire avec les adaptations pédagogiques nécessaires.

La loi a également introduit un système de financement pour faciliter leur accès à l'éducation, ainsi que des dispositions pour aider les établissements à s'adapter aux besoins des élèves handicapés.

En outre, elle a instauré un droit à la compensation pour les enfants handicapés, qui doit couvrir le coût des services et des aides spécialisés nécessaires à leur scolarisation.

COMPENSATION

La compensation pour la scolarité des enfants en situation de handicap peut prendre différentes formes :

- des aides financières directes versées aux familles,

- des subventions pour les écoles et les services spécialisés,

- des réductions des frais de scolarité et des exonérations fiscales.

Elle peut également consister à permettre le financement de services et d’aides spécifiques, comme la mise à disposition de personnels spécialisés, des technologies adaptées et des aides à la mobilité.

Cette compensation a pour objectif de fournir aux enfants en situation de handicap les moyens nécessaires pour réussir à l'école et leur donner une éducation et des opportunités égales à celles des autres enfants. Elle est également conçue pour soutenir les familles et les établissements scolaires dans leur travail pour assurer l'inclusion.

Inclusion

On est passé depuis 2011 de la notion d’intégration scolaire à celle d’inclusion.

Dans la logique intégrative, les enfants doivent s'adapter à l'école ordinaire avec l'aide de dispositifs spécialisés, alors que la logique inclusive suppose que ce soit l'école qui s'adapte pour apporter une réponse au plus près des besoins de chaque élève.

Integration inclusion

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L’inclusion sous le feu des questions

Nous étions près de 1.000 participant·es réparti·es dans toute la France à saisir l'opportunité de ce grand évènement national organisé le 15 novembre 2022 par l’UNSA Education sur le sujet de l’inclusion, à l’école et plus largement dans la société.

Loin de toute démagogie, nous nous sommes exprimé·es avec beaucoup de sincérité, partageant nos expériences, notre quotidien. Ces moments d’échanges ont encore une fois mis en évidence un hiatus flagrant entre l’affichage politique, souvent coupé des réalités, et la diversité des analyses et des solutions proposées par les acteurs de terrain. Une nouvelle preuve que faire le pari de l’intelligence collective à travers ces ateliers participatifs est pertinent et constructif. Des pistes de réflexion et des propositions ont été faites autour de trois questions :

• Pour vivre ensemble, quelle société inclusive voulez-vous ?

• L’éducation inclusive, plus de ressemblances ? Plus de différences ?

• Quels leviers actionner pour mieux réussir l'éducation inclusive ?

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HUMAINS ET FINANCIERS
AESH STRUCTURES ADAPTÉES
participatifs
FORMATION PARCOURS/LIAISONS MOYENS
ACCOMPAGNEMENT
INDIVIDUALISATION ÉVOLUTION SOCIÉTALE VOLONTÉ POLITIQUE Ateliers
RENDEZ-VOUS ANNUEL DES MÉTIERS

Vous nous avez dit

Manque d’accompagnement et de formation : un constat partagé

La loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a véritablement changé le rapport au handicap et aux facteurs d’exclusion, en particulier dans l’éducation.

Plus de 430.000 élèves en situation de handicap sont accueillis dans les établissements scolaires dont une partie au sein des 10.272 dispositifs d'unités localisées pour l'inclusion scolaire (Ulis).

67.000 élèves sont scolarisés en établissement hospitalier ou en établissement médico-social.

132.200 AESH

accompagnent au quotidien ces élèves à besoins particuliers. Si personne ne souhaite véritablement revenir à la situation précédente qui invisibilisait ces publics, le tableau d’ensemble est cependant loin d’être entièrement positif.

Les familles sont mal accompagnées dans les méandres administratifs.

Les délais pour obtenir l’aide d’une AESH pour leurs enfants sont souvent beaucoup trop longs. Lorsque l'accueil doit être adapté dans un établissement spécialisé (IME, hôpital de jour, ITEP, …) les places manquent et les enfants se retrouvent en milieu ordinaire par défaut.

Les enseignant·es et les AESH sont souvent peu ou pas formé·es. Pire, lorsqu’un problème survient, ils et elles sont largement livré·es à euxmême et laissé·es sans solution par leur hiérarchie. Cet état de fait provoque chez certains une grande lassitude et parfois une grande détresse.

RENDEZ-VOUS ANNUEL DES MÉTIERS Questions d' É duc . 8

Revendications Revendications

Une prise de conscience de la part des décideurs publics de la situation réelle de l’inclusion aujourd’hui est primordiale. Oeuvrer pour l'inclusion scolaire passe nécessairement par des moyens humains et financiers conséquents. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Cela permettrait d’impulser une évolution sociétale vers plus d’inclusion. L’acceptation et le respect de la différence sont des sujets dont il faut s’emparer. Il est nécessaire de prendre en compte les spécificités du handicap, de promouvoir une culture de la différence et une meilleure connaissance de l’autre.

L’identification des besoins à l’école et dans l’environnement est un préalable indispensable. L’inclusion en milieu ordinaire n’est pas toujours possible ou souhaitable à temps complet. Plus de places dans les établissements spécialisés, davantage de Segpa et d’Ulis, des aides pour les enfants allophones plus nombreuses et mieux réparties sur le territoire, sont autant de mesures qui éviteraient un détournement des différents dispositifs. On éviterait un placement par défaut en milieu ordinaire sans autre mesure d’accompagnement, ce qui est souvent préjudiciable aux enfants et aux agents. Par ailleurs, il est nécessaire d’adapter les supports pédagogiques pour prendre en compte les difficultés de chacun.

Nous demandons une véritable reconnaissance des AESH

Un plateau technique accessible centralisant l’ensemble des professionnel·les (médecin, infirmier·e, éducateur·trice spécialisé·e, ergothérapeute, orthophoniste, …) est une idée à étudier. Cela permettrait d’institutionnaliser les temps d’échanges entre professionnel·les, une meilleure communication et un travail en équipe. La formation des acteurs est fondamentale. Ce pourrait être un lieu où seraient dispensées des formations solides, adaptées aux situations et aux publics pris en charge. Enfin cela faciliterait le lien, le dialogue avec les familles et l’accompagnement à la parentalité.

Un véritable statut, une évolution de la rémunération et des perspectives de carrières sont essentiels. Les AESH reçoivent souvent un salaire sous le seuil de pauvreté. Ces collègues ont des difficultés quotidiennes pour se nourrir, se loger, se soigner. Dans ce contexte de crise sociale et d’inflation, il est primordial de s’en préoccuper. Il faut aussi leur offrir des

possibilités d'évolutions vers d’autres métiers, par exemple, dans l’enseignement ou dans le secteur médico-social (deux filières en grande tension). La reconnaissance des acquis de l'expérience et la certification des compétences , associées à de réelles formations continues ouvriraient des portes et rendraient ce métier plus attractif (voir aussi p.18 et 19).

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Nous voulons des mesures fortes à la hauteur des enjeux
Nous appelons à une inclusion adaptée à chaque cas individuel et polymorphe
Nous revendiquons une organisation de l’inclusion scolaire qui réponde aux besoins

L’APAJH VEUT RENDRE VISIBLES LES PERSONNES HANDICAPÉES

L’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) est un mouvement citoyen engagé pour une société inclusive.

Il y a 60 ans, 2 enseignants, membres du syndicat national des instituteurs (SNI) mobilisent leur réseau pour que chaque enfant en situation de handicap puisse avoir le droit d’aller à l’école. L’Apajh est née et devient la première association à considérer et accompagner tout type de handicap, moteur, sensoriel, mental ou psychique, proposant des solutions d’accompagnement aux enfants, adolescent·es et adultes en situation de handicap, ainsi qu’à leurs proches aidant·es.

La fédération est relayée sur l’ensemble du territoire par la présence de 93 associations départementales dans l’Hexagone et en outre-mer afin de répondre aux spécificités et réalités locales. Ce sont ainsi 700 établissements et services de l’Apajh (foyers de vie, d’accueil, Esat, IME etc.) qui peuvent intervenir dans de multiples domaines, scolaires, de vie professionnelle ou quotidienne comme la santé ou l’hébergement.

DES RESSOURCES DES RESSOURCES

Site de l’Apajh : https://www.apajh.org

Interview de Jean-Louis Garcia, président de l’Apajh : https://www.youtube.com/ watch?v=w6cK8hQWUxY

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Réseau
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Réseau

La Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (FNASEPH) est un regroupement d’associations nationales et de collectifs associatifs départementaux en faveur des personnes porteuses de handicap.

Son objectif est de faciliter la scolarisation et de développer l’accompagnement de ces jeunes dans tous les lieux de vie, à l’école et dans la société. Cette fédération réunit des centaines de familles et s’implique dans les propositions de lois.

Au début de sa création, la FNASEPH se focalise sur l’aide humaine à apporter aux élèves porteurs de handicap. Depuis 2003, l’Éducation nationale gère les accompagnant.es des élèves en situation de handicap et la FNASEPH participe au collectif de pilotage pour la formation de ce personnel.

COMPENSATIONS

Forte de ses 24 associations, cette fédération élabore des propositions pour améliorer les pratiques et faire appliquer la loi de 2005 comme l’accessibilité, centrée sur l’environnement de vie (les “lieux de vie”) et son adaptation avec en point de mire l’inclusion des enfants porteurs de handicap.

Active depuis 1996, la FNASEPH compte dans le paysage de l’inclusion des élèves en posant le principe d’inscription et de scolarisation dans les établissements scolaires (de la mater-

TÉMOIGNAGE

TÉMOIGNAGE

À propos de Gaspard*

Mon fils, Gaspard est un jeune autiste de 19 ans. Il suit une scolarité à temps plein en milieu ordinaire et obtient un bac pro « aménagements paysagers » en 2022. Ce parcours qui pourrait sembler idéal est truffé d’embûches. Chaque année, il a fallu recommencer : expliquer, remplir des dossiers, gérer la nouveauté, gérer les imprévus. Et le suivi, si chronophage, les heures passées dans les salles d’attente : psychologues, psychomotricien, orthophoniste, ateliers d’habiletés sociales… La différence de Gaspard apparaît dès ses 18 mois. Face aux premières crises, nous contactons l’association Asperger Amitié, et consultons un pédopsychiatre hospitalier. Le diagnostic est posé au cours de la PS de maternelle, le dossier de reconnaissance de handicap fait en MS. S’il nous a été assez simple d’accepter un diagnostic, accepter le mot « handicap » a été plus difficile. De nombreuses fois, sa scolarisation « à temps plein en milieu ordinaire » a été remise en cause et n’a toujours tenu qu’à un fil : celui de la bonne volonté des personnes autour de lui. Des AVS, puis AESH, des enseignantes dévouées et motivées, des personnels de direction qui ont accepté sans s’y connaître de plonger avec nous dans la différence.

Mon témoignage est un témoignage d’espoir. L’autonomie de notre fils est devenue un rêve accessible en rencontrant d’autres familles . C’est ce que j’essaye de transmettre aux jeunes parents que je rencontre et qui sont dans l’œil du cyclone.

*Par Anne-Sophie, la mère de Gaspard

nelle à l’université) de tout enfant sans exception, quel que soit le handicap. Placer l’élève dans une dynamique de parcours reste la priorité de cette fédération en favorisant la recherche des compensations du handicap et non son effacement.

https://www.fnaseph.fr

RESSOURCE RESSOURCE RENDEZ-VOUS ANNUEL DES MÉTIERS Questions d' É duc . 12
SCOLARISER DE LA MATERNELLE À L’UNIVERSITÉ

Quand TOUS les enfants sont des « pachas »

L’association « Les Pachas » située dans la Sarthe, au Mans, agit pour favoriser la mixité des enfants en situation de handicap et des enfants « bien portants ».

L'association « Les Pachas » fait le constat qu'accéder aux loisirs, quand on est touché par le handicap, n'est pas chose aisée. Parce que les parents d'enfants en situation de handicap ont peur de déranger le public, qu’il leur est difficile de supporter le regard de l'autre, qu’ils ont peur du jugement, etc...  Elle organise alors le weekend ou pendant les vacances scolaires des temps de rencontre dans des lieux culturels ou sportifs.

La force du groupe

« En y allant à plusieurs, c’est plus facile de faire abstraction du regard des autres » , relate Edith Mauboussin, éducatrice aux Pachas. Et d’évoquer le tableau d’une après-midi à la patinoire avec cinq enfants en fauteuil roulant et huit autres enfants autistes patinant au milieu de jeunes du milieu ordinaire. « Les sorties sont rares voire

inexistantes dans les familles touchées par le handicap. L’objectif est de redonner une bouffée d’air aux familles en remettant le loisir au centre de la famille et de la fratrie », poursuit l’éducatrice.

«  cinq jeunes sont accueillis par une équipe afin d’offrir un temps de répit aux parents et un espace de jeux à l'enfant »

Cette difficulté du handicap dans le « vivre ensemble » se rencontre aussi dans les lieux culturels publics à forte fréquentation tels que bibliothèque, salle de cinéma, théâtre, où l’expression et le déplacement de personnes handicapées, amenées parfois à rire ou pleurer bruyamment, doivent être pleinement acceptés par un public habitué à un silence absolu et un comportement attentif.

Soutenir les soutiens

Autre problématique à laquelle tente de répondre Les Pachas, celle de ces parents qui doivent s’arrêter de travailler pour prendre le relais de l’institution scolaire. L’association a créé pour eux un dispositif intitulé « La bulle » . Deux fois par semaine, sur deux demi-journées, cinq jeunes sont accueillis par une équipe de cinq personnes composée d’une éducatrice et de quatre bénévoles de l’association afin d’offrir un temps de répit aux parents et un espace de jeux et de socialisation à l'enfant.

« C’est un réel besoin sur le terrain » , assure Edith Mauboussin, qui reconnaît ne pouvoir répondre favorablement aux demandes grandissantes de parents, d’accompagnant·es ou d’aidant·es qui expriment la nécessité de souffler. Une activité de soutien qui mériterait d’être considérée d’utilité publique.

Questions d' É duc . 13
Grand angle

RENDEZ-VOUS ANNUEL DES MÉTIERS

PRENDRE EXEMPLE SUR LA « CONCEPTION UNIVERSELLE DES APPRENTISSAGES »

L’école est bien l’endroit qui accueille de manière obligatoire, tous les enfants de 3 à 16 ans, peu y déroge. La loi pose le cadre dans le code de l’éducation : « le service public d'éducation contribue à l'égalité des chances et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Il reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d'apprendre et de progresser. Il veille à la scolarisation inclusive de tous les enfants, sans aucune distinction ».

2005 et 2013 sont des étapes de l’évolution du cadre légal qui ont vu le système scolaire remplacer le mot Intégration par le mot Inclusion. Le ministère a d’abord changé des sigles : les CLIS, Classes pour l’intégration Scolaire, sont devenues les Classes pour l’Inclusion scolaire, mais

ça n’a pas suffi à changer la donne. Alors l’acronyme ULIS, pour Unité localisée pour l’inclusion scolaire, est apparu. Mais ça ne suffit toujours pas…

Julia Midelet, auteure, et formatrice CAPPEI (Certificat d'Aptitude Professionnelle aux Pratiques de l'Éducation Inclusive) en Inspé répond à nos questions.

QDE. Comment de votre place de chercheuse observez-vous cet avènement de l’école inclusive ? Changer les sigles suffirait-il à opérer « magiquement » un changement ? Pourquoi ce sujet est-il une source de difficultés professionnelles, et surtout comment atténuer, mettre en œuvre l’inclusion en limitant les souffrances des enfants, des familles, des professionnels ?

Julia Midelet

Changer de sigle ne suffit pas si les enjeux ne sont pas clairement explicités aux différents professionnels engagés autour de l’apprenant.

Je fais le choix de vous présenter trois enjeux et ce sont ces mêmes enjeux qui sont utilisés dans les différentes formations auxquelles je participe : auprès

des futurs enseignants, auprès des futurs enseignants spécialisés, auprès des futurs ergothérapeutes ou encore auprès de formateurs en entreprise. Il s’agit ici de mettre en avant la nécessité de faire culture commune c’est-à-dire d’avoir un langage commun, des points de repères qui permettent un réel travail « ensemble »

Tout d’abord il est important de s’accorder sur le sens des expressions et particulièrement les différences inhérentes aux deux expressions souvent utilisées l’une pour l’autre comme si elles étaient équivalentes : école inclusive ou éducation inclusive ?

Parler d’école inclusive veut dire parler de l’élève, scolarisé au sein d’un établissement scolaire. Les enseignants et les personnels de l’établissement scolaire sont amenés à travailler autour du projet scolaire du

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Entretien avec... Julia Midelet

jeune. Ce serait donc particulièrement les enseignants les plus à même d’accompagner le jeune sur cette voie inclusive.

Parler d’éducation inclusive est plus large au sens où il s’agit de considérer tous les lieux et temps où le jeune est un apprenant (à la crèche, au périscolaire, sur le temps de restauration, dans la cour de récréation, en classe mais aussi dans les espaces sportifs et culturels). De nombreux professionnels de tous horizons (et agissant sur la sphère personnelle, éducative, sociale, scolaire, médicale…) sont dans ce cas présent pour accompagner le jeune dans la construction de son parcours de formation. Une dynamique collective se doit de se mettre en œuvre entre les différents acteurs.

Un deuxième enjeu serait par conséquence de s’interroger sur les conditions de la coopération interinstitutionnelle et intercatégorielle. La nécessité de faire culture commune s’appuie sur trois piliers :

- Savoir coopérer : développer des compétences de travail, connaître les différents professionnels et leurs champs d’intervention réciproques ainsi que leurs référentiels de formation

- Vouloir coopérer : accepter de rendre compte de sa pratique, accepter le regard de l’autre et aller voir l’autre professionnel dans sa pratique, partager des outils, partager des points de vue

L'école inclusive : un défi pour l'école

Cet ouvrage de référence répond aux interrogations et accompagne les différents acteurs pour une intégration et un épanouissement de tous les élèves. Il offre des perspectives nouvelles et indispensables à l’école d’aujourd’hui. Les ensei-

- Pouvoir coopérer : construire des espaces et des temps de travail commun (pour l’enseignant, que cela fasse partie de son temps de service serait important car dans d’autres professions c’est le cas)

- En formation initiale et continue, s’interroger sur ce qui est commun aux différents champs professionnels et former ensemble ces professionnels de divers secteurs et statuts est très enrichissant et permettrait d’être plus à même de cerner les enjeux de l’accompagnement d’un jeune sans en arriver à un « empilement » des aides qui peut vite devenir illisible tant pour les professionnels que pour le jeune et sa famille.

Un troisième enjeu serait de s’interroger sur la mise en œuvre de deux concepts mis en avant notamment dans la loi du 11 février 2005 : la compensation et l’accessibilité. Si historiquement c’est la compensa-

gnants et les formateurs trouveront dans cette nouvelle édition actualisée des analyses, des référentiels, ainsi que des outils utilisables au quotidien et adaptables à chaque contexte éducatif.

tion qui a majoritairement été mise en œuvre pour permettre à un apprenant de suivre la classe avec les autres, cela revient à penser une individualisation de la scolarisation. Or, il est intéressant de penser une accessibilité plus globale des situations d’apprentissage en mobilisant par exemple les principes de la Conception Universelle des Apprentissages (CUA) développée par les Québécois. Pour le dire simplement, l’idée est d’anticiper au moment de la construction des séquences d’apprentissage, les obstacles possibles et de généraliser les aides pensées. Lorsque des adaptations sont proposées pour un jeune en particulier, il serait intéressant de se demander si ces adaptations ne pourraient pas, finalement, servir à tous les apprenants et les mettre en œuvre sans attendre que l’obstacle se révèle.

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L'école inclusive Pascal Bataille, Julia Midelet éd. ESF Sciences Julia Midelet, docteure en sciences de l’éducation, Inspé de Caen, responsable de formation Cappei.

Le MENJ, mauvais élève de l’inclusion

Lors de la deuxième édition du Rendez-vous annuel des métiers, Anne Barbero, trésorière générale adjointe du syndicat A&I qui a été en charge de l’inclusion des personnels à l’administration centrale du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse (MENJ), a dressé un état des lieux de l’inclusion au sein du ministère et pointé les difficultés pour se conformer aux obligations légales.

Comme l’a rappelé Anne Barbero lors de la conférence inaugurale, « le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse ne pratique pas l’inclusion mais l’intégration ». Une nuance qui est de taille. Car on « intègre » des gens en situation de handicap lorsqu’on met en œuvre des dispositifs d’accompagnement, de soutien ou de rééducation pour aider l’individu en situation de handicap à s’adapter. Mais lorsque l’on fait le choix de l’inclusion, c’est le système qui est repensé, assoupli pour devenir inclusif et permettre aux personnes en situation de handicap de trouver une réponse à leurs besoins particuliers.

De la ségrégation à l’inclusion

La loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » marque la naissance d’un nouveau paradigme social. Après une école qui était fondée sur la ségrégation, et qui avait évolué vers une école de l’intégration, nous sommes alors entrés dans l’ère de l’inclusion.

On peut malheureusement constater aujourd’hui que nous n’y avançons qu’à très petits pas. Il n’est pas ici question d’évoquer la situation dans les écoles, qui fait l’objet d’une politique certes volontariste bien que peu financée mais celle du traitement des agents du MENJ où force est de constater qu’ il y a un important retard en matière d’inclusion.

Ratio préoccupant

Notre institution se trouve être celle qui comporte dans ses effectifs le plus faible taux de personnels en situation de

handicap par rapport aux autres ministères et qui consacre le moins de personnels référents à la gestion du handicap et de l’inaptitude avec un ratio préoccupant de 1 pour 1000.

Pourtant, la circulaire du 13 mars 2022 institutionnalise la fonction de « référent handicap » qui est devenu un métier pleinement reconnu au sein du ministère mais qui du fait de sa faible représentation est souvent difficilement visible, notamment dans des académies géographiquement étendues malgré le déploiement de relais départementaux.

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Politique RH

Cet élément concourt à la difficulté de recenser les agents en situation de handicap ou d’inaptitude et au grand différentiel qui subsiste entre le taux actuel de bénéficiaires de l’obligation d’emploi de personnes handicapées et le taux légal de 6 % minimal. De plus, « à moins qu’il y ait besoin d’un aménagement spécifique, on n’incite pas ces agents à se faire recenser » , regrette Anne Barbero, qui déplore également une politique de recrutement qui ne tient pas compte de la situation particulière que représente le handicap et qui n’a pas su se saisir d’opportunités comme celle de pouvoir recru-

RENDEZ-VOUS ANNUEL DES MÉTIERS

ter des apprentis. D’où moins de 600 nouveaux personnels handicapés chaquée année.

Lourde sanction financière

La conséquence en est, outre la mauvaise image de l’institution, la lourde sanction financière pour non-respect des obligations légales avec le paiement d’une « amende » sous la forme d’un reversement au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) correspondant au différentiel précité. Jusqu’à présent, le MENJ avait été épargné car exonéré au titre de la prise en

L’INCLUSION AU MENJ EN CHIFFRES

Taux d’obligation d’emploi de PH fixé par la loi :

6 % de l’effectif total

3,38 % d’agents en situation de handicap en 2021 contre 3,71 % en 2018

4,65 % dans la FP d’État, 6,76 % dans la FP territoriale et 5,67 % dans la FP hospitalière en 2018

charge des AESH mais depuis 2021, cette exonération s’éteint progressivement et la facture s’accroît (voir encadré).

Il devient donc urgent d’agir, pour réussir d’abord l’inclusion dans ce qu’elle représente au titre de l’égalité des chances et des droits, mais aussi accompagner le reclassement des personnels en situation d’inaptitude au travail, notamment du fait de l’allongement des carrières professionnelles.

Moins de 35.000 agents sur un effectif global d’1,2 million d’agents

Objectif d’atteindre au moins 60.000 agents

31 correspondants PH académiques

5 personnels dédiées au handicap à l’administration centrale Soit près de 1 pour 1000

Pénalités versées

au Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la Fonction Publique (FIPHFP)

15 M€ en 2021

30 M€ en 2022 (estimation)

INVESTISSEMENT ANNUEL

45 M€

dont 30 M€ consacrés aux allègements de service.

Questions d' É duc . 17

Accompagnement scolaire

POUR DES AESH PLEINEMENT RECONNU·ES

Voici les principales revendications du SE-UNSA, concernant le statut, les droits et les missions des AESH :

• Une évolution du cadre réglementaire de recrutement des AESH, permettant aux personnels qui le souhaitent de travailler à temps complet en exerçant leurs missions sur tous les temps éducatifs.

• Une revalorisation significative de la grille de rémunération, le maintien d'écarts significatifs entre les différents échelons et la création d'un corps spécifique de fonctionnaires pour ces personnels.

• La création d'une indemnité de fonctions pour les AESH qui reconnaît les sujétions spécifiques à ce métier.

• Les AESH doivent être reconnu·es comme membres de l'équipe éducative à part entière.

FORMATION

• Tous les personnels, CDD et CDI, accompagnants d'élèves

L’ensemble de nos revendications sur le site du SE-UNSA : https://enseignants.se-unsa. org/-AED-AESH-CUI-11-

en situation de handicap volontaires doivent pouvoir suivre la formation au Diplôme d’état d’accompagnant éducatif et social (DEAES). Le temps de travail doit être aménagé en conséquence, les frais d'inscription et de déplacement pris en charge par l'employeur, et le DEAES reconnu comme diplôme de niveau 4.

• Les formations intercatégorielles doivent également être développées pour facili -

«  Tous, doivent pouvoir suivre la formation au Diplôme d’état d’accompagnant éducatif et social »

ter le travail collaboratif notamment avec les enseignant·es. Une stabilité dans l'accompagnement d'un élève doit être favorisée si elle correspond aux besoins de l'élève, et aux souhaits de la famille, de l'AESH et de l'enseignant·e.

• Le développement, sur tout le territoire, de modules de formation continue spécifiques pour

les AESH, éléments essentiels de leur professionnalisation. Un accès plus grand aux Modules de formation d'Initiative Nationale (MIN) doit également leur être permis.

PIAL

Nous demandons enfin la tenue d'un groupe de travail affectation des AESH dans chaque département. La mise en œuvre du dispositif PIAL ne doit pas dégrader les conditions de travail des AESH. Cela implique notamment qu'ils soient systématiquement associés à l'élaboration de leur emploi du temps. Pour les AESH exerçant sur plusieurs établissements, nous revendiquons la prise en compte effective du temps de déplacement dans leur emploi du temps sans nuire au temps d'accompagnement, et le remboursement rapide des frais de déplacement réellement engagés par l'agent.

Questions d' É duc . 18
À
SAVOIR À SAVOIR

temoignage

Améliorer et reconnaître la formation des AESH

Sandrine, AESH

Sandrine a débuté sa carrière comme AED avant de devenir AESH en 2014. Après avoir eu plusieurs missions en école primaire, elle accompagne pour sa première année en lycée général et technologique un jeune qui a des troubles autistiques. Elle l’aide pour les prises de note (dysgraphie) et facilite le lien avec ses professeurs et ses camarades.

Entretien.

Comment êtes-vous entrée dans la profession et quelles étaient vos motivations ?

J’ai choisi ce métier pour répondre à des contraintes familiales et j’ai poursuivi car j’ai trouvé l’expérience très enrichissante. Le milieu scolaire, la relation avec l’élève, se sentir utile au quotidien, rendent cette profession très intéressante et motivante.

Comment avez-vous été formée, accompagnée ?

J’ai bénéficié d’une formation d’adaptation à l’emploi pendant les deux premiers mois après recrutement, pour un volume de 60 heures. Le seul accompagnement a été les réunions éducatives avec les différents participants et le corps enseignant, sinon on se sent assez seule. Je trouve que la formation initiale n’est pas assez approfondie et aucune formation complémentaire n’est prévue, notamment pour répondre aux profils différents des élèves que nous accompagnons.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

La solitude face à des situations difficiles et des enseignants dépassés. Notamment lorsque j’ai dû accompagner simultanément quatre élèves dans une classe de primaire dans laquelle la professeure n’avait pas du tout été formée à ces profils. Il y avait aussi un manque de suivi de certaines familles. Je me suis sentie désemparée et complètement inefficace.

Quelles évolutions devraient être apportées pour améliorer ces conditions de travail ?

Il faudrait assurer une formation initiale plus conséquente et des formations ponctuelles régulières pour s’adapter aux handicaps. Ces formations devraient être prises en compte dans le temps de travail, ce qui permettrait une meilleure rémunération de nos métiers dans le cadre d’un plein temps. Suivre plus de deux élèves simultanément dans une classe est impossible car généralement ils ne présentent pas les mêmes troubles.

Il faudrait donc limiter le nombre d’élèves suivis. Le manque de matériels peut être également pénalisant pour le jeune.

Il faudrait un budget minimum selon la situation. Enfin, la coordination entre les différents intervenants, les familles, et l’équipe pédagogique n’est pas toujours organisée. Et la précarité des AESH freine leur investissement dans la durée sachant qu’elles ne seront peut-être plus présentes dans l’établissement l’année suivante.

Questions d' É duc . 19

Coopération

QUAND LA PRISE EN CHARGE DU HANDICAP PASSE LA VITESSE SUPÉRIEURE

L’enseignement supérieur progresse dans l’inclusion des étudiant·es en situation de handicap. Une enquête de 2019 du MESR1 montre qu’ils·elles représentent 1,7% des effectifs avec une nette évolution de leur nombre, qui est passé de 7650 étudiant·es à la rentrée 2002 à 51.000 en 2021.

Cette progression, de plus en plus forte chaque année, est le résultat d’une meilleure considération des handicaps avec des dispositifs d’accompagnement en plus grand nombre et mieux pensés. Par exemple, il existe un panel d'aménagements que les établissements peuvent proposer lors d’examen : temps majoré, salle particulière, mise à disposition de matériel adapté, un·e secrétaire, temps de pause, épreuve aménagée, aide à la communication (interprète, codeur).

Bien sûr, l’inclusion dans les parcours du supérieur ne se limite pas à ces dispositions. Le ministère a d’ailleurs doublé le financement pour l’inclusion dans les universités pour atteindre 15 M€. On trouve donc à dispositions des équipes pédagogiques des vademecum et guides pour mieux prendre en charge ces étudiant·es 2 , la mise en place de cellules handicap dans les établissements 3 pour les identifier et leur apporter des solutions adaptées (mise en place de plans PAEH 4), ou même des programmes nationaux tel que Aspie-Friendly 5

Ce dernier programme, qui s’inscrit dans la stratégie nationale autisme, est financé par le Programme Investissement Avenir (PIA) et engage les universités dans une meilleure prise en charge des étudiant·es qui souffrent d’autisme pour les conduire à une meilleure insertion professionnelle. Ce projet, financé sur 10 ans, fait intervenir 25 établissements du supérieur partenaires sur le territoire métropolitain et propose des ressources, formations et ateliers dédiés à la prise en compte de l’autisme6

Bien d’autres dispositifs, nationaux et locaux sont déployés dans l’enseignement supérieur et permettent à nos étudiant·es en situation de handicap d’être de plus en plus nombreux·ses à mieux réussir, les chiffres le démontrent. Cette dynamique est à encourager.

DES RESSOURCES DES RESSOURCES

(1) https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/ sites/default/files/2021-11/ pour-une-universit-inclusive-15145.pdf

(2) https://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/ fr/les-outils-de-professionnalisation-de-l-accompagnement-des-etudiants-46506

(3) https://www.univ-amu. fr/fr/public/mission-handicap-amu

(4) https://www.onisep.fr/ formation-et-handicap/ les-parcours-de-scolarite/ Projets-de-scolarisation/ le-paeh-plan-d-accompagnement-de-l-etudiant-en-situation-de-handicap

(5) https://aspie-friendly.fr/

(6) https://aspie-friendly.fr/ les-ressources/

24 % 14 % 14 % 13 % 12 % 7 % 5 % 4 % 3
3
%
%
Troubles du spectre de l'autistique Troubles cognitifs Troubles auditifs Plusieurs troubles associés Troubles viscéraux Autres troubles et troubles non divulgués Troubles moteurs Troubles psychologiques Troubles du langage et de la parole Troubles visuels
Questions d' É duc . 20
Répartition des étudiants en situation de handicap par niveau de formation (Enquête 2019 « Pour une université inclusive » - MESR)

Numérique

DES « RAMPES » COGNITIVES POUR FACILITER LES APPRENTISSAGES

A l’instar des rampes d’accès pour les personnes à mobilité réduite, des méthodes ou des outils peuvent accompagner les élèves ayant des difficultés d’apprentissages et qui ont besoin d’une adaptation pédagogique sous la forme de rampes cognitives.

Des applications de gestion de classe avec des tablettes permettent de mettre en place des séquences différenciées selon les difficultés de chacun sans stigmatiser les élèves car l’outil est le même. Seul le contenu ou les vecteurs d’apprentissages sont différents et visibles uniquement des individus, non de la classe. Ces applications adaptées et innovantes permettent également de prendre en compte les difficultés de lecture ou d’écriture.

Il existe également de nombreux logiciels qui facilitent la lecture au primaire pour les élèves dyslexiques, en adaptant les contenus et en proposant des outils spécifiques. Des compléments en version audio des manuels scolaires peuvent également venir en soutien. Le service d’aide pédagogique à domicile (SAPAD) utilise des robots de téléprésence pour les élèves qui ne peuvent pas venir en classe (maladie, phobie scolaire,) afin de leur permettre d’assister aux cours et de conserver le lien social.

DES RESSOURCES DES RESSOURCES

• Les robots de téléprésence au service des élèves empêchésLaurent Gallon et Françoise Dubergey : https://hal-univ-pau.archivesouvertes.fr/hal-03576702

S ‘ADAPTER AUX BESOINS DES ÉLÈVES

La thèse du chercheur canadien Kevin Hautcoeur sur « L’utilisation de la technologie au service de l’inclusion » (2019) 1 met en avant le changement de paradigme : « Ce ne sont plus les élèves qui doivent s’adapter à l’environnement, mais l’environnement qui doit s’adapter aux besoins des élèves » .

En étudiant l’utilisation des logiciels, Kahoot!, OneNote, Powtoon et de la synthèse vocale, il a démontré que ces outils avaient favorisé l’inclusion scolaire et également montré qu’ils permettaient « d’optimiser le potentiel des autres apprenants de la classe. L’utilisation de la technologie donne accès à une richesse d’interactions sociale et inclusive incomparable aux apprenants » . Cette efficience repose bien entendu sur une formation des enseignants pour la prise en main de ces outils et des équipements informatiques adaptés qui ne sauraient remplacer les accompagnants mais qui peuvent être un soutien aux équipes pédagogiques pour faciliter l’inclusion par la pédagogie différenciée.

(1) : « L’utilisation de la technologie au service de l’inclusion » par Kevin Hautcoeur. Faculty of Graduate Studies and Research de l’université de l’Alberta. En vue de l’obtention du diplôme de Maitrise en sciences de l’éducation – Études en langues et culture

Questions d' É duc . 21

Favoriser le processus d’acculturation

En France, l’immigration est un phénomène sociétal important. Les recensements de l’Insee estiment que près de 10% de la population est « issue de l’immigration ».

L’idéologie monolingue est concomitante de l’émergence du concept d’État-nation. L’école devient le pilier et la garante de l’unité du pays. Un soutien scolaire spécifique pour les enfants migrants qui ne parlent pas le français est alors mis en place dès les années 1970.

Pour favoriser le processus d’acculturation des élèves allophones nouvellement arrivés (EANA), le principe d’inclusion scolaire se conjugue à de nouveaux codes scolaires d’appropriation d’une nouvelle langue afin de garantir l’accès à une scolarité en milieu ordinaire dans les meilleures conditions en prenant en compte leurs besoins spécifiques.

Les Unités pédagogiques pour élèves allophones (UPE2A) sont créées à la suite de la circulaire de 2012. Elle stipule que les élèves sont inscrits dans leur classe d’âge tout en bénéficiant d’un accueil en UP2A à mi-temps pour développer leurs

compétences en français via un enseignant qualifiés en français langue seconde (FLS). Ce dispositif dure 18 mois.

Le cas de élèves ukrainiens

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine génère le déplacement de 3 millions de personnes en Europe et l’accueil en France de 17.677 élèves ukrainiens qui n’ont pas vocation à rester sur le territoire français. Des ressources sont donc proposées sur le site Éduscol pour les élèves souhaitant conserver un lien avec leur langue, leur culture et le système scolaire ukrainien.

Un dispositif non évalué

Les études sur les résultats du dispositif sont rares et il semble que la réussite scolaire est fragile pour certains groupes ethnolinguistiques. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que l’institution ne lance pas d’enquêtes statistiques sur la réussite scolaire des enfants migrants.

En revanche, de nombreuses enquêtes qualitatives (Auger 2010 ; Cadet, Mangiante et Laborde-Milac, 2009 ; Simon, Dompmartin-Normand, Galliagani et Marie Sandoz, 2015 ; Goï, 2015) montrent la difficulté

des enseignants à travailler avec ces élèves faute de formation spécifique, de suivi et de matériel.

Effectifs

En 2020-2021, 64.564  élèves allophones nouvellement arrivés ont été scolarisés, dont 44 % dans des écoles élémentaires, 40 % dans des collèges et 16 % dans des lycées

Questions d' É duc . 22
Intégration
« La réussite scolaire semble fragile pour certains enfants migrants ».

DITES « ARTISTES » ET NON PLUS « AUTISTES »

Certains artistes travaillent de concert avec des associations qui favorisent la créativité des jeunes en situation de handicap dans le cadre d’ateliers ou d’œuvres collectives. Comme l’artiste peintre tourangeau Michel Saint-Lambert.

« Faire des jeunes non plus de simples consommateurs mais des co-créateurs, les ouvrir à la culture en vivant des actions concrètes et en les valorisant ». Tel est l’objectif de l’association les Elfes en Touraine, qui permet à des jeunes de la DAME (Dispositif d’accompagnement Médico-Educatif)

Robert Debré de Luynes ayant des troubles autistiques ou une déficience légère en invitant Michel Saint Lambert pour une œuvre collective de fanions aux couleurs flamboyantes.

Sentiment de fierté Durant quatre séances d’une heure, dix adolescents

L'artiste

Michel Saint-Lambert est un artiste peintre né en 1957 à Saint-Denis à La Réunion. Il vit en Touraine depuis plus de trente ans et tire son inspiration de ses innombrables voyages. La création lui permet de poser sur la toile ses souvenirs, afin de les partager et de les rendre « éternels ».

Site internet de l'artiste : https://www.galerie. garnierdelaporte.com/process. php?artiste=Michel%20SaintLambert

découpent, peignent, cousent, créent. Chaque élève reçoit un fanion préalablement découpé dans de vieux draps et peint à l’acrylique. Shééna, une jeune du groupe, se réjouit de participer au projet. « Ça fait bizarre de créer avec un artiste » , avouet-elle, non sans une certaine fierté de « réussir » à produire une œuvre collective.

L’œuvre finale sera envoyée à une famille de navigateurs qui parcourent l’Atlantique depuis plusieurs mois. Les jeunes les suivent tout au long de leur voyage, échangent avec eux, travaillent leur géographie. Le projet a donc cette

double dimension, culturelle et humaine.

Apport mutuel

Pour l’enseignante spécialisée Mélanie Reboussin, investie dans cette action, « la pédagogie de projet met du concret et donne du sens aux élèves. » Pour Michel Saint-Lambert, « c’est un vieux rêve de gamin, j’ai toujours voulu voir des artistes rentrer à l’intérieur de l’école, amener la culture de l’extérieur vers l’intérieur » . Et puis « les jeunes sont une source d’inspiration. J’aime les regarder créer » . L’artiste n’hésite pas à évoquer une réelle créativité communicative et partagée : « Je me sens avec eux comme une éponge qui absorbe tout et je reprends certaines de leurs idées dans mes propres œuvres » . Dans ce projet, chaque partie explique y trouver son compte : l’enseignante et les deux éducateurs qui apprécient d’avoir des élèves investis, l’artiste qui est reconnaissant de cet apport mutuel et les élèves qui sont heureux de pouvoir s’émanciper dans un projet de telle ampleur. De par la richesse de l’expérience, la rencontre humaine avec l’artiste a permis à ces jeunes d’effacer ce sentiment de handicap.

Questions d' É duc . 23 Art et culture

Pour aller plus loin DES LIVRES

autres ressources

Association L’AFMD (Association des Managers de la diversité) milite pour que dans le monde du travail, diversité et inclusion soient pris en compte.

https://www.afmd.fr

Vidéo :

L’inclusion un idéal de société qui passe par l’éducation, un épisode de « Parlons Public » une émission de Weka-TV en partenariat avec La Casden, la banque coopérative de la fonction publique.

https://www.weka.fr/actualite/weka-tv/parlezvous-public/l-inclusion-un-ideal-de-societe-quipasse-par-l-education-157063/

Podcast : Le rebond

Questions d'éduc. :

une revue de l'UNSA Education

Dans ce podcast, « Le Monde » interroge des personnalités sur leur rapport au handicap et la façon dont elles vivent avec. Il y a celui avec lequel on naît ; celui qui arrive à cause d’un accident ou d’une maladie ; celui qui nous concerne directement ou qui touche un proche. Le handicap partage la vie d’un Français sur cinq. Il peut être physique, cognitif, psychique ou mental. Il peut bouleverser le quotidien, la famille, le travail, la scolarité mais aussi créer des opportunités et permettre des rencontres.

thématique, numérique et gratuite qui aborde sous différents angles, et avec des regards complémentaires, une question d'éducation

https://www.lemonde.fr/podcasts/article/2022/03/29/rebond-vivre-avec-lehandicap-le-nouveau-podcast-du-monde_6119658_5463015.html

https://www.unsa.org

Questions d'éduc .
UN DOSSIER DE L'UNSA ÉDUCATION

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