Terre-net Le Magazine n°93

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N° 93 - JUILLET-AOÛT 2021 - 7 €

AGRICULTURE 4.0

Top départ ! nt ine contie Ce magaz ugmentée té a de la réali

COUVERTS VÉGÉTAUX

Blé hybride : quelles avancées ? Semer avant la récolte

ESSAI DEUTZ-FAHR

Le 8280 TTV à l’épreuve

ISSN 2112-6690

GÉNÉTIQUE


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ÉDITO

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

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Le plein d’idées pour se réinventer

C

’est plus qu’un virage numérique, c’est une profonde mutation que poursuivent les agriculteurs en vue de répondre aux questions sociétales, environnementales et économiques auxquelles ils font face. Seule, la digitalisation des équipements ne suit pas. Il était temps de remettre l’expertise, l’agronomie et la connaissance du vivant au centre du débat. En efet, l’époque où il suisait de se reposer sur le progrès de la génétique et de la chimie est bien révolue. La réglementation évolue et pèse lourd sur les travaux de recherche et développement des irmes, qui, même si les produits chimiques demeurent indispensables au maintien du niveau de productivité des parcelles, savent qu’elles ont mangé leur pain blanc tant les volumes sont appelés à diminuer. Comment faire pour maintenir la production mondiale de nourriture sans recette magique ? Tout laisse à croire que la réponse unique n’existe pas. Il faudra composer entre agriculture biologique, lutte raisonnée et techniques de conservation des sols. Sans oublier que le gigantisme du matériel agricole ne semble plus répondre à l’enjeu actuel car, indépendamment de la réalité économique, il serait nécessaire de s’interroger sur la problématique de la compaction des sols. L’épisode lié à la pandémie de Covid-19 et les inlexions dans les attentes des consommateurs ont mis en exergue la nécessité d’un renouveau dans la manière de produire. La crise sanitaire aura souligné l’importance de votre rôle au sein de la société. Et si, en réalité, l’agriculteur était ce proil de résistant, tombé dans la marmite de la résilience étant petit ? La capacité à se réinventer peut en impressionner plus d’un dans d’autres secteurs ! Dans un tel contexte de fourmillement d’idées et de curiosité technique, pourquoi ne pas prendre Innov-Agri, premier salon post-Covid, comme point de repère ? Son édition « Re-start » est de nature à donner des perspectives aux choix technologiques à efectuer au cours de la nouvelle ère agricole qui démarre. Bonne lecture ! Sébastien Duquef

Imprimé par RICCOBONO IMPRIMEURS – NEWS PRINT 1, boulevard d’Italie – 77127 LIEUSAINT N° 93 – juillet-août 2021 Dépôt légal : à parution - Diffusion : 70 000 exemplaires Crédits photos de la couverture : Luc Tiffay, Pixabay, Adobe Stock, Dimitri Lenourichel Soucieux de la préservation de l’environnement, Terre-net Média sélectionne des fournisseurs engagés dans une démarche environnementale. Ce magazine est imprimé sur du papier 100 % certifié PEFC issu de forêts gérées durablement. Les encres utilisées sont végétales. Tous les produits qui ont servi à la réalisation de ce magazine ont été recyclés ou retraités conformément à la certification IMPRIM’VERT. Origine du papier : Allemagne - Taux de ibres recyclées : 100 % Certiication : 2015-PEFC-SXM-117 « Eutrophisation » : Ptot 0,005 kg/t

Éthique1 Annonceurs & Agences Remise des certificats d'envois postaux

Éthique2 Lecteurs Pas de publi-information dissimulée

JUILLET-AOÛT 2021 /

LE MAGAZINE / 3


SOMMAIRE No 93 Juillet-août 2021

P. 9 Adoptez la réalité augmentée !

REPÈRES

Mode d’emploi

6 Bon à savoir 9 Adoptez la réalité augmentée !

Mode d’emploi 9 Agenda 10 Décryptage : transmission, comment

10

12

rendre sa ferme plus attractive ? 12 Stockage à la ferme : le climat change,

l’économie aussi. Et votre stratégie ?

LUC TIFFAY

s’attendre avec la nouvelle génération de blé hybride ? 20 Pulvérisation ciblée : les drones à la rescousse pour freiner l’utilisation des herbicides ?

PIXABAY

14 Génétique : à quelles avancées

TERRE-NET MÉDIA

TENEZ-VOUS PRÊT

14

DOSSIER 22 Agriculture 4.0 : Innov-Agri donne

ne pas semer avant la récolte ? 38 Essai du tracteur Deutz-Fahr 8280 TTV

20

BRÈVES DES CHAMPS 40 En photos : machinisme, les

32

22 38 ADOBESTOCK

nouvelles technologies au service du confort et de la sécurité 42 Couverts végétaux : un efet seulement fertilisant ? 43 Vu sur le web 44 Moisson : un début de campagne en dents de scie 45 Haut Conseil de la coopération agricole : quels leviers pour une meilleure gouvernance coopérative demain ? 46 Shopping 47 Export de céréales : un silo supplémentaire sur le port de Dunkerque

ANNONCES D'OCCASION 48 Sélections de matériels de seconde

Sont joints à ce numéro un encart national Agram et le catalogue Innov-Agri.

4/

LE MAGAZINE / JUILLET-AOÛT 2021

47

NORD CÉRÉALES

main

DIMITRI LENOURICHEL

32 Couverts végétaux : et pourquoi

TERRE-NET MÉDIA

PARTAGE D’EXPÉRIENCE

PIXABAY

le top départ à Outarville (Loiret)


05.05.2021

11:05

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REPÈRES Bon à savoir

Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr

BIOCARBURANTS

DAVID ROUMANET/PIXABAY

Quel impact aura la décision de Total sur la ilière végétale française ?

Le groupe TotalEnergies a annoncé l’arrêt, à partir de 2023, de l’utilisation d’huile de palme dans sa rainerie de la Mède (Bouches-du-Rhône) et dans l’ensemble de ses installations vouées à produire des biocarburants. La décision fait suite aux années de bras de fer entre Total et les opposants à l’huile de palme importée. Les agriculteurs reprochaient au produit de concurrencer les

huiles végétales françaises, en particulier la ilière colza, et les associations environnementales de nuire au climat et à l’environnement, en aggravant la déforestation en Asie du Sud-Est. La ilière française devrait être peu afectée par l’arrêt de l’huile de palme, surtout utilisée pour produire du biodiesel HVO (hydrotreated vegetable oil, soit de l’huile végétale hydrotraitée), tandis que

les oléoprotéagineux français sont axés sur du biodiesel sous forme d’ester, avec des process de transformation et des usages diférents. Le groupe Avril, qui s’était lancé en 2018 dans la production d’un carburant à base d’ester méthylique d’huile de colza, n’a pour l’instant pas souhaité réagir à l’annonce du groupe.

AGROÉQUIPEMENTS

MASSEY FERGUSON INSTALLE SA MAISON MONDIALE À BEAUVAIS

AGCO

Massey Ferguson continue de moderniser son usine installée à Beauvais, dans l’Oise, en vue de limiter les coûts de production de ses engins. À la suite du rachat du site Nestlé-Froneri, implanté juste en face, le constructeur a remis en état les installations pour optimiser le lux de marchandises. Seul bémol : l’avenue Blaise-Pascal, axe très fréquenté par les automobilistes, qui coupe les deux sites. Près de 50 millions d’euros vont être déboursés pour transformer le site en « maison mondiale de l’innovation » du groupe. 6/

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LAURE SAUVAGE lsauvage@terre-net-media.fr

36

C’est le nombre de tracteurs vendus au cours des enchères organisées le 15 juin 2021 par Ritchie Bros. Un modèle Fendt 826 Proi Plus, de 2019, dont le compteur totalise 1 638 heures, a changé de propriétaire contre la somme de 146 000 €. Le prix médian d’une transaction monte légèrement : 17 488 € au premier semestre 2021 contre 14 595 € sur la même période en 2020.


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REPÈRES Bon à savoir

AGENDA

SALON AGRICOLE

3 au 13 septembre

JUAN ROBERT

Tech&Bio passe sur trois jours Pour son édition 2021, le salon de l’innovation Tech&Bio durera trois jours au lieu de deux précédemment. Rendez-vous à Bourg-lès-Valence, dans la Drôme, du 21 au 23 septembre. En passant sur trois jours, les organisateurs visent à garantir la sécurité sanitaire des agriculteurs et répondent à la jauge maximale des 5 000 visiteurs par jour. Le programme technique n’est pas remis en question : les ateliers et conférences auront lieu à proportion équivalente à la précédente édition de 2019. Le nombre d’exposants, quant à lui, a même été revu à la hausse, passant de 350 à 375. De quoi satisfaire la demande grandissante dans les nouvelles techniques.

75e Foire de Châlons, à Châlons-en-Champagne (51) foiredechalons.com

6 au 10 septembre Congrès mondial de la Bio, à Rennes (35) owc.ifoam.bio/2021/fr

7 au 9 septembre Innov-Agri Re-start, salon plein champ, à Outarville (45) www.innovagri.com

10 au 12 septembre Les Terres de Jim, à Corbières (11) www.lesterresdejim.com

14 au 17 septembre Space, salon international de l’élevage, à Rennes (35) www.space.fr

21 au 23 septembre

LA CITATION

Un agriculteur sur deux va partir à la retraite dans les cinq à dix prochaines années. Attirer des jeunes relève d’une véritable question de souveraineté : on ne peut pas avoir d’agriculture sans agriculteurs. JULIEN DENORMANDIE, ministre de l’Agriculture, le 1er juillet lors de la présentation de la campagne de communication pour promouvoir les métiers du vivant

Tech&Bio, salon des innovations, à Bourg-lès-Valence (26) www.tech-n-bio.com/fr

5 au 8 octobre Sommet de l’élevage, à Clermont-Ferrand (63) www.sommet-elevage.fr

24 et 25 novembre 15e Rencontres de la fertilisation raisonnée et de l’analyse, à Clermont-Ferrand (63) comifer.asso.fr

27 février au 5 mars 2022 Agritechnica, salon mondial du machinisme, à Hanovre (Allemagne) www.agritechnica.com

CIRCULATION DES ENGINS AGRICOLES

Alors que la moisson a démarré sur les chapeaux de roues, Terre-net et la MSA ont organisé un webinaire pour rappeler les principaux risques liés à la circulation avec du matériel agricole, sur route, au champ ou à la ferme. Responsabilités du conducteur, charges maximales autorisées, âge et permis nécessaires, vitesse autorisée, port de la ceinture de sécurité, intervention sur une machine ou un outil, utilisation du GPS ou du smartphone, EPI… la liste est longue et non exhaustive. N’hésitez pas à revoir la présentation de Benoît Moreau, conseiller prévention à la MSA, en suivant ce lien : https:// register.gotowebinar.com/recording/7241736939646055439 8/

LE MAGAZINE / JUILLET-AOÛT 2021

SDIS 60

LA MSA DONNE UNE SÉRIE DE CONSEILS POUR PASSER UN ÉTÉ SANS ACCIDENT DU TRAVAIL


PRESSE À BALLES

Le GIEC alerte sur l’ampliication des aléas

100 ANS D’HISTOIRE RONDEMENT FICELÉS POUR LE NOUEUR CLAAS

Le rapport du GIEC publié le 9 août alerte sur l’a ggravation de la crise climatique, provoquée par les activités humaines. Ces dernières entraînent un surplus d’énergie provoquant la hausse des températures et la multiplication des aléas climatiques extrêmes. Si la neutralité carbone n’est pas rapidement atteinte, le réchaufement accentuera davantage les canicules, tout en diminuant les vagues de froid. Chaque demi-degré supplémentaire provoquera l’augmentation très sensible de l’intensité et de la fréquence des événements extrêmes. À +2 °C, les températures critiques pour la santé et l’agriculture seraient atteintes beaucoup plus fréquemment.

CLAAS

PIXABAY

CHANGEMENT CLIMATIQUE

L'année 1921 signe la naissance du premier noueur Claas fabriqué pour la lieuse à paille du constructeur. En 2021, plus d’un million d’unités sont sorties de l’usine allemande. Évidemment, le dispositif a évolué pour s’adapter au matériel actuel, à l’instar de la presse à balles rectangulaires haute densité nommée « Quadrant », dont la version la plus récente célèbre le brevet centenaire. La dernière évolution du système remonte à 2015 : la plaque de serrage du bec est repensée ain d’améliorer la iabilité du nouage et d’accepter une icelle de plus gros diamètre. La régulation automatique de la pression (Automatic Pressure Control) embarque, pour sa part, des capteurs qui surveillent en permanence la tension et gèrent la densité de la balle.

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LE MAGAZINE / 9


Par NOM Par CÉLINE CLÉMENT mail ceclement@cipmedias.com

REPÈRES Décryptage

PIXABAY

Plus ils visitent de fermes, plus les porteurs de projet se rendent compte de la divergence entre leurs objectifs et ceux des cédants.

TRANSMISSION

Comment rendre sa ferme plus attractive ? Avant d’envisager la cession, autant se poser les bonnes questions pour rendre sa ferme attractive. L’accessibilité du foncier, l’état des bâtiments et des équipements, le montant de la cession ou encore l’évolution en bio sont des paramètres sur lesquels il est possible de réfléchir ou d’agir.

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Connaître les porteurs de projet Selon le répertoire départ installation (RDI), 77 % des porteurs de projet veulent s’installer en individuel ; 52 % en bio ; 35 % en productions animales (dont 20 % en lait) et un tiers en cultures (dont maraîchage et arboriculture) ; 89 % sur une surface inférieure à 75 ha. Parcelles groupées, taille cohérente avec le projet, montant de reprise maîtrisé, proximité d’un centre urbain… 10 /

LE MAGAZINE / JUILLET-AOÛT 2021

autant d’éléments transposables où que l’on soit en France. Le porteur doit s’adresser au « point accueil installation » (PAI) de son département, porte d’entrée du parcours d’installation en agriculture. La structure départementale, pilotée le plus souvent par les chambres d’agriculture, a une vision précise du proil des porteurs de projets et de leurs objectifs. Plus d’infos en réalité augmentée

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Anticiper Avant de céder sa structure, mieux vaut informer la chambre d’agriculture. Plus on démarre tôt, plus on peut mûrir son projet. Les réunions « transmission » permettent de mieux saisir le cheminement et la préparation nécessaires. Des formations encadrées par des experts sont également proposées. Elles ofrent davantage de visibilité sur les démarches et les diverses stratégies possibles.


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Évoluer vers l’agriculture bio ? Se lancer dans l’agriculture biologique peut peser lourd sur une trésorerie. Pour un jeune qui s’installe, cela représente deux années difficiles à absorber. Il faut acheter tous les intrants en bio, alors que les produits sont vendus en conventionnel. En revanche, une conversion entamée par le cédant peut avoir un impact significatif sur la décision du repreneur.

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Mettre en valeur les potentialités de la structure L’agriculteur cédant ne transmet pas seulement une ferme, il accueille un nouveau projet. Par exemple, des bâtiments ou des équipements maintenus en état et évolutifs (dimensions, usages) peuvent avoir une nouvelle carrière dans une autre production. Le montant de la reprise correspond alors aux potentialités de la ferme. La disponibilité ou non de la maison d’habitation est elle aussi un critère à prendre en compte.

6

Adopter une posture d’accueil Transmettre son exploitation est aussi une histoire de rencontre avec le ou les repreneurs. L’humain est donc primordial pour que les choses se passent bien. Le futur retraité doit, entre autres, adopter une posture d’accueil et être clair sur ce qu’il veut comme transmission.

CE QU’ILS EN PENSENT

homas Payen, en projet d’installation en Ille-et-Vilaine T. PAYEN

3

« Faire converger les besoins divergents des cédants et des repreneurs »

« Avec ma conjointe, nous cherchons à reprendre une ferme hors cadre. Il s’agit d’une reconversion professionnelle. Je suis ingénieur dans l’énergie et j’ai travaillé dix ans dans différents secteurs de la transition écologique. » Thomas Payen espère trouver entre 20 et 40 ha pour produire des céréales bios et les transformer en farine et en pain. « Nous sommes ouverts à diverses possibilités à 40 km autour de Rennes, ville où travaille ma compagne. » Le couple a déjà réalisé six ou sept visites, améliorant à chaque fois son expérience et sa stratégie en matière de recherche. « La divergence entre les objectifs des porteurs de projet et les structures à transmettre est importante ! Faire converger les deux est une tâche délicate qui prend du temps. »

Cyrille Herbert, installé depuis six ans C. HERBERT

Regrouper son parcellaire Avoir le foncier d’un seul tenant, c’est le rêve de tout exploitant agricole. En tout cas, c’est un critère de choix préférentiel pour les repreneurs puisqu’il ofre de meilleures conditions de travail ainsi qu’un environnement préservé, diminue les coûts de production, facilite le choix du système de production et confère donc, pour toutes ces raisons, plus de valeur à la ferme. Pour y parvenir, il est possible d’échanger (à l’amiable) des parcelles entre propriétaires ou locataires de cultures. Enin, mieux vaut anticiper la recherche d’un repreneur, car l’opération prend du temps, et se faire accompagner par un organisme agricole compétent, comme la chambre d’agriculture.

« Les cédants doivent se préparer au changement de production et à l’accueil de plusieurs projets »

Cyrille Herbert est éleveur laitier à Maen-Roch (Ille-et-Vilaine) depuis six ans. Après son BTS en machinisme agricole, où il a découvert l’élevage durant ses stages et a même été agent de remplacement pendant 18 mois, il s’est inscrit au « répertoire départ installation » (RDI) qui dispose de nombreuses offres. Finalement, en visitant une exploitation, « ça a tout de suite matché avec les cédants ». L’éleveur indique aussi que les cédants « qui ont passé leur carrière à faire du lait et à investir dans cet outil » doivent prendre conscience que beaucoup de repreneurs cessent la production après quelques années. Mais comment avoir confiance dans les projets atypiques ? « C’est un projet de vie, donc on s’y engage pleinement ! On met en œuvre tous les moyens nécessaires pour le construire et le réussir », rétorque Cyrille Herbert.

Le cédant est acteur de la transmissibilité de son exploitation. Au préalable, il importe donc qu’il réléchisse aux potentialités de sa structure, ain de mettre en valeur ses atouts. Enin, mieux vaut être ouvert aux évolutions, en tenant compte des attentes et des envies des successeurs.

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Bien rédiger l’offre de reprise L’objectif est d’attirer l’attention des porteurs de projet que le cédant aura ciblés. Pour cela, il est conseillé d’écrire un texte ni trop court, ni trop long, sans fautes d’orthographe, de ne donner que des informations sûres, de préciser la localisation du bien, en donnant des renseignements sur son environnement, et d’indiquer les conditions de reprise – y compris les biens que le porteur

n’est pas obligé de reprendre –, ainsi que la date de disponibilité de la ferme. Idéalement, celle-ci doit intervenir dans les deux ans, faute de quoi le candidat aura du mal à se projeter. Les atouts de la ferme seront mis en avant, de même que les avantages de sa reprise, mais sans trop en faire, car cela peut laisser supposer qu’il y a autant d’inconvénients. Enin, l’annonce doit inclure un numéro de téléphone, avec des plages horaires de disponibilité pour être facilement joignable. Dernier conseil : ne surtout pas mettre de prix. ■ Source : webinaire organisé par la chambre d’agriculture de Bretagne dans le cadre de la semaine régionale de l’installation et de la transmission, et de la quinzaine de la transmission/ reprise d’exploitations agricoles 2020 déployée à l’échelle nationale dans tout le réseau.

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TENEZ-VOUS PRÊT Conseils

Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr

STOCKAGE À LA FERME

Le climat change, l’économie aussi. Et votre stratégie ? Le stockage à la ferme n’est pas nouveau. Cellules, boisseaux ou cases de stockage à plat ont parfois déjà été installés par le prédécesseur. Là où les équilibres naturels et économiques qui prévalent depuis des décennies sont ébranlés, certains misent sur l’autonomie et la résilience.

L

a question du changement climatique a dépassé depuis longtemps le stade de la théorie. Sur le terrain, c’est une réalité qui contraint à s’adapter. Les événements météorologiques sont plus nombreux et plus extrêmes. La pression des ravageurs s’accroît par endroits. L’évolution des courbes de températures peut impacter le cycle d’une culture (comme celle du blé au stade végétatif), avec des conséquences sur les rendements. Sur le plan de la valorisation, la volatilité est décrite depuis plusieurs années comme une tendance de fond tant les facteurs d’évolution des cours sont devenus divers : - volumes produits ; - qualité de la récolte ; - écarts de compétitivité ; - variations de la demande ; - données réglementaires ; - tensions géopolitiques, etc. Ces facteurs contribuent à rendre le producteur de plus en plus déconnecté du niveau de valorisation de ses stocks de grains.

TOP 7 DES ZONES GÉOGRAPHIQUES PRATIQUANT LE PLUS LE STOCKAGE À LA FERME 1 Centre 2 Champagne-Ardenne 3 Lorraine 4 Bourgogne 5 Picardie 6 Bretagne 7 Pays de la Loire

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CHIFFRES CLÉS UN CONTEXTE DE MARCHÉS ET DE PRIX INCERTAIN - Blé : les écarts de productivité liés aux aléas climatiques augmentent. L’exemple de 2016 a été marquant avec une chute de 40 % du rendement moyen par rapport à 2015. Une projection jusqu’en 2050 montre que la douceur des températures hivernales expose 80 % du grenier à blé de la France à une perte de rendement de 2 à 10 %. (Source : Metigate.) - Céréales : la volatilité devient une tendance de fond en raison d’une sensibilité accrue aux faibles variations de production. (Source : « Perspectives Agricoles ».) - Colza : il était cultivé sur 1,5 million d’hectares entre 2013 et 2017, pour un rendement moyen de 34,2 q/ha. Depuis 2018, le rendement moyen ne dépasse plus 31 q/ha. Au cours des 45 dernières années, le colza a perdu en moyenne 5 q/ha en France à cause de la hausse des températures entre le 10 mai et le 10 juillet. (Source : FranceAgriMer.)

Le passage par le stockage tampon chez un organisme stockeur (OS) reste coûteux et sans certitude quant au résultat. Sans compter que le contexte de la in 2020 a mis en évidence de nouvelles fragilités dans les circuits mondialisés traditionnels. Un épisode comme celui de la Covid-19 ampliie la volatilité des cours des matières premières telles que le blé, l’orge, le maïs ou le colza. Parmi les facteurs spéciiques à cet événement, nous pouvons citer la chute de consommation de certains produits transformés, de matières premières alimentaires ou encore du pétrole, dont la faiblesse du cours avantage les productions d’Europe de l’Est. Le stockage n’est pas réservé au « gros » Plus de 40 % de la récolte française de céréales et d’oléoprotéagineux est stockée à la ferme. Mais, au-delà du volume, c’est le mode même et l’équipement associé, donc la capacité à conserver le grain, qui fait du

stockage un véritable outil d’indépendance. Plus il permet de jouer sur le long terme, plus il sera vu comme un « atout résilience ». Avec plus de 85 % de capacités de stockage chez les céréaliers et 60 % chez les éleveurs, les agriculteurs stockeurs se montrent déjà, pour la majorité, dans cette démarche de maîtrise de la valorisation de leurs récoltes. Le stockage à la ferme n’est pas l’apanage des grosses exploitations. Avec moins de 150 ha ou moins de 100 unités de gros bétail (UGB), des producteurs parviennent à calibrer leur installation de stockage pour en faire un outil d’indépendance et de compétitivité. L’instabilité conjoncturelle et climatique les incite à gagner en autonomie. Pour faire face aux limites de la mondialisation et contrer les efets du réchaufement, le stockage à la ferme ventilé et maîtrisé est un levier d’indépendance et de réactivité. ■ Plus d'infos en réalité augmentée


TERRE-NET MÉDIA

Stocker son grain à la ferme permet de maîtriser la valorisation de la récolte et de gagner en autonomie pour faire face aux limites de la mondialisation.

REPÈRES LA PRATIQUE DU STOCKAGE EN FRANCE En 2014, une enquête BVA a estimé la capacité française de stockage à la ferme (à plat et en cellules) à 30,8 millions de tonnes (Mt) équivalent blé, soit près de 42 % de la récolte totale moyenne de céréales et oléoprotéagineux. Ce tonnage est réparti de la manière suivante : 14,8 Mt (dont 58 % en stockage ventilé) dans les exploitations avec élevage et 15,8 Mt (dont 86 % en stockage ventilé) dans les exploitations sans élevage. 30 % de la récolte totale moyenne de céréales et oléoprotéagineux se trouve en stockage ventilé à la ferme. Le stockage, ventilé ou non, en détail (chiffres 2014) : - exploitations sans élevage de plus de 250 ha : 5,7 Mt

- exploitations sans élevage de 150 à 249 ha : 5,5 Mt - exploitations sans élevage de moins de 150 ha : 4,6 Mt - exploitations avec élevage de plus de 200 UGB : 4,6 Mt - exploitations avec élevage de 100 à 199 UGB : 3,8 Mt - exploitations avec élevage de moins de 100 UGB : 6,3 Mt Source : extrait du livre blanc intitulé « Stocker ses grains : un bon calcul ? » diffusé sur www.terre-net.fr. Pour télécharger la version complète : https://www.terre-net.fr/observatoiretechnique-culturale/strategie-technique-culturale/article/stocker-ses-grains-unbon-calcul-217-174726.html

JUILLET-AOÛT 2021 /

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Par SÉBASTIENPar DUQUEF NOM sduquef@terre-net-media.fr mail

TENEZ-VOUS PRÊT Cultures GÉNÉTIQUE

À quelles avancées s’attendre avec la dernière génération de blé hybride ?

PIXABAY

Accroître la production mondiale en répondant aux exigences sociétales, environnementales et politiques : pour relever le défi, les semenciers misent sur le blé hybride, plus résistant aux maladies et aux bioagresseurs.

Sélectionner génétiquement les variétés est une réponse à associer à l’évolution des techniques culturales pour répondre aux enjeux sociétaux, environnementaux et climatiques.

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PIXABAY

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près une saison 2020 dont la situation économique s’est achevée sur une note tendue pour beaucoup d’agriculteurs, avec des remises en cause permanentes par le grand public, la résilience des producteurs persiste. De nouvelles cultures se développent et les pratiques agronomiques évoluent à grande vitesse. Ces dernières sont souvent portées par des projets collaboratifs, indicatrices de nombreuses initiatives de la part des agriculteurs. Certains semenciers misent sur l’association des progrès génétiques et des avancées agronomiques pour proposer une solution pérenne aux exploitants leur permettant de répondre aux nouveaux déis. Lutter contre le parasitisme, s’adapter au changement climatique… : les centres de sélection planchent sur ces sujets, soutenus par le Fonds de soutien à l’obtention végétale (FSOV) ou par le Compte d’afectation spécial au développement agricole et rural (CasDAR). Résultat : de nouveaux hybrides débarquent sur le marché et, coûtant moins cher à produire, pourraient relancer la culture dans l’Hexagone. Une variété hybride est le fruit du croisement de deux lignées pures, bénéiciant de la double information génétique : celle provenant du parent mâle et celle du parent femelle. En termes de valeur agronomique, le constat est clair : elle est supérieure à celle des parents. C’est ce que les scientiiques appellent la « vigueur hybride », ou l’« efet hétérosis ». Le potentiel et la régularité du rendement en bénéicient, de même que la qualité du grain, généralement supérieure.

Le blé, espèce autogame, s’autoféconde, ce qui limite l’hétérosis, contrairement aux plantes allogames comme le maïs, dont la fécondation est croisée. Cependant, le potentiel de rendement d’un hybride peut dépasser de 15 % celui de la moyenne des parents. En conditions stressantes, l’efet hétérosis est renforcé, boostant davantage le bénéice par rapport aux lignées, en particulier sur le plan physiologique : résistance aux maladies, pouvoir de compensation tardif élevé, fort tallage… En matière de composantes de rendement, la plus impliquée concerne le poids de mille grains (PMG), supérieur chez les hybrides. Si la durée de remplissage du grain reste la même, la vitesse, elle, augmente. L’accumulation de matière sèche s’avère plus forte en présence de variétés hybrides. À noter que le prix de la semence est supérieur. En efet, sa production coûte cher puisqu’il faut modiier la biologie de la leur du blé. La fécondation a lieu en milieu clos, dans les glumelles qui renferment les pistils et les étamines. Ain d’hybrider les variétés, les sélectionneurs doivent donc castrer manuellement les plantes puis les polliniser avec l’autre variété. Autrement dit : une tâche impossible à réaliser à grande échelle pour produire des semences certiiées. Hybridation chimique ou via la stérilité mâle cytoplasmique (CMS) ? Dès lors, deux techniques sont envisageables. La première utilise des systèmes génétiques alliant stérilité mâle génétique et à

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GNIS

L’haplodiploïdisation est plus largement utilisée sur les espèces allogames telles que le colza, le maïs ou le tournesol.

Pour vérifier le potentiel de leurs variétés, les obtenteurs testent les hybrides en microparcelles, regroupées en plateformes expérimentales.

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restauration de fertilité (système CMS). Cette méthode, largement employée pour les espèces comme le tournesol ou le colza, s’avère peu aboutie dans le cas du blé. La seconde, assez complexe, fait appel à un agent chimique d’hybridation (ACH), comparable à un régulateur de croissance. Cet ACH inhibe la formation des grains de pollen, rendant le blé mâle stérile. Une femelle donc. Au champ, le producteur de semences alterne les mâles et les femelles. Les bandes femelles sont traitées avec de l’ACH, pour rendre ses leurs stériles. Par instinct de survie, les glumelles s’ouvrent pour capter le pollen extérieur, un phénomène baptisé « bâillement ». De ce fait, les bandes mâles adjacentes pollinisent les femelles. À la récolte, seules les bandes femelles prennent la direction de l’usine de semences, où la récolte est triée pour répondre aux normes de certiication. Le blé mâle part dans la chaîne de consommation. La technique appelée « CMS » a évolué, laissant entrevoir de nouveaux potentiels pour les variétés obtenues sans application de gamétocide. Les chercheurs ont obtenu la stérilité mâle cytoplasmique (CMS) chez le blé. La plupart des espèces végétales bénéicient à la fois de pollen et d’ovules. Les plantes dites « CMS » ne produisent pas de pollen. Dans ce cas, l’information génétique n’est pas portée par les chromosomes du noyau cellulaire mais contenue dans l’ADN des mitochondries, petits organes cytoplasmiques. Bien qu’elle ne soit pas naturelle, la stérilité CMS s’obtient grâce à la fusion de protoplastes. Deux cellules sont fusionnées : l’une avec un noyau ayant pour mission d’introduire la stérilité mâle de l’une vers l’autre, l’autre sans. Croiser deux lignées devient alors possible pour éviter l’autofécondation, à condition que la lignée dite « restauratrice


de fertilité » porte le gène dominant de fertilité, faute de quoi l’hybride sera stérile. En agriculture bio, la méthode pose question, car elle relève du génie génétique. La barrière de l’espèce est en effet transgressée, tout comme celle de la cellule. Il existe d’autres méthodes comme l’utilisation de l’auto-incompatibilité sur les choux.

Le potentiel de rendement de l’hybride peut dépasser de 15 % celui de la moyenne de ses parents.

Rendement, résistance aux maladies et aux bioagresseurs supérieurs Le blé hybride bénéicie d’un meilleur développement racinaire, le rendant capable de mieux exploiter l’azote disponible dans le sol. Et ce, qu’il provienne de la fertilisation ou de la minéralisation de la matière organique. Autre avantage : sa résistance aux maladies. La diférence est assez marquée, que ce soit en termes de proil sanitaire ou d’après les observations de parcelles traitées/non traitées. La stratégie fongicide doit donc être adaptée en fonction du contexte, un argument en faveur de la génétique face aux enjeux actuels : moins de dépenses, mais surtout moins de matières actives disséminées dans l’environnement. L’innovation, sur le plan de la multiplication, devrait permettre de diminuer le surcoût lié à la fabrication des variétés hybrides actuelles. En moyenne, les multiplicateurs annoncent 100 €/ha supplémentaires par rapport à une lignée pure. La réduction

du coût devrait relancer la culture du blé hybride qui, dans les années 2000, représentait jusqu’à 100 000 ha. Depuis, le soulé étant un peu retombé, la surface se situe plutôt autour de 40 000 ha. Réduire le recours aux produits chimiques est un enjeu pris au sérieux par les irmes. Ces dernières essaient de maximiser la tolérance génétique selon des critères déterminés. Par exemple, en multipliant les résistances polygéniques, ce qui freine le contournement ou le développement de résistances du côté des pathogènes. En bridant la progression des champignons, la résistance multigénique allonge en efet sa durée d’eicacité. Reste à adapter le choix variétal en fonction du contexte pédoclimatique et des diicultés que rencontrent les agriculteurs : cécidomyie orange, mosaïques, rouilles, piétin verse ou fusarioses. Gagner du temps grâce aux haploïdes doublés (HD) ? Créer une nouvelle variété démarre toujours par un croisement ! Celui-ci donne un hybride F1 (première génération), uniforme et hétérozygote. La génération suivante, la F2, met en évidence la ségrégation des critères parentaux. Les sélectionneurs commencent alors à choisir les individus selon les critères recherchés parmi les descendants les plus prometteurs. Il faudra a minima à

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La conversion de lignée en mâle stérile évite l’application de gamétocide en plein champ pour produire les semences à grande échelle.

sept générations d’autofécondations avant que les descendants soient considérés comme de nouveaux génomes homozygotes, autrement dit des plantes stables et homogènes. Depuis 30 ans, la culture in vitro a permis d’étudier d’autres techniques comme celle des haploïdes doublés (HD). Au laboratoire, les cellules destinées à produire les gamètes, mâles ou femelles, sont mises en culture. Les chercheurs régénèrent une plante à partir de cellules issues d’un croisement. On parle d’« androgenèse » avec des gamètes mâles et de « gynogenèse » avec des femelles. Autre possibilité : provoquer une fécondation anormale, à base de pollen dénaturé. Les plantes ainsi obtenues sont dites « haploïdes », c’est-à-dire qu’elles possèdent un seul exemplaire

UNE ARME POUR MIEUX SE DÉFENDRE SUR LES MARCHÉS ? À l’échelle mondiale, le blé français entre en concurrence avec celui des pays « low cost », comme l’Ukraine et la Russie. Dans ces pays, la main-d’œuvre est de six à huit fois moins chère, et les surfaces agricoles sans commune mesure. Les fermes vivrières côtoient les exploitations industrielles, dont la surface varie de 2 000 à plus de 10 000 ha. De quoi diluer les charges fixes, notamment celles de mécanisation. En France, la qualité et la régularité de la production sont des atouts à faire valoir sur les marchés. Il en va de même du côté du coût de mise sur le marché, qui reste assez faible grâce à l’efficacité de la filière et à la performance des équipements logistiques.

chromosomique. Reste ensuite à dupliquer le patrimoine génétique en appliquant de la colchicine pour perturber la méiose. Résultat : la plantule est directement homozygote. Les premiers résultats obtenus avec cette technique n’étant pas très probants sur le blé, les scientiiques ont d’abord misé sur le maïs. La méthode, mise au point par l’université de Hohenheim, à Stuttgart (Allemagne), consiste à développer un embryon haploïde sans féconder l’ovule. C’est le dispositif le plus utilisé à l’heure actuelle par les semenciers. Pour les espèces autogames, l’hétérosis attendu est moindre, car les lignées de départ sont déjà des génomes ayant été optimisés. La génétique pour produire davantage ? Pour à la fois satisfaire la demande intérieure et maintenir les exportations, les agriculteurs français ont dû, jusqu’au milieu des années 1990, accroître leurs rendements. En moyenne, depuis 50 ans, le rendement du blé tendre a gagné un quintal (q) par hectare et par an pour atteindre 79,1 q/ha en 2019. La hausse de productivité est à porter au crédit de la sélection variétale, les obtenteurs ayant créé des variétés au potentiel croissant en améliorant divers critères tels que la productivité, la tolérance aux maladies, la valorisation de l’azote… Depuis dix ans, les chifres stagnent. En cause, l’évolution climatique qui génère du stress, essentiellement en matière d’eau et de températures. Les hybrides semblent pouvoir ofrir une réponse intéressante grâce à leur tolérance plus importante. ■ Sources : Gnis, Arvalis.

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Par SOPHIE GUYOMARD sguyomard@terre-net-media.fr

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La détection des adventices permet de réduire de 70 à 90 % la quantité d’herbicides utilisée.

PULVÉRISATION CIBLÉE

Les drones à la rescousse pour freiner l’utilisation des herbicides ? Agriculteur à Remaucourt, dans l’Aisne, Laurent Cardon est passionné par les nouvelles technologies. En cette campagne 2021, il accueille sur son exploitation des essais des chambres d’agriculture de l’Aisne et de la Somme pour la détection des chardons par drone dans ses parcelles de betteraves sucrières. Selon les premiers tests, cela permettrait de réduire de 70 à 90 % l’utilisation des herbicides.

«

D

étection de maladies, quantiication de dégâts de gibiers, mesure du taux de levée des cultures… le drone répond à de multiples utilisations en agriculture », indique Aline Dupont, conseillère agro­ équipements connectés à la chambre d’agriculture de la Somme. Depuis deux ans, les chambres de l’Aisne et de la Somme travaillent sur la détection d’adventices 20 /

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par drone, en lien avec l’agence de l’eau Artois­Picardie et le Casdar1. Laurent Cardon, agriculteur à Remaucourt (Aisne), met à disposition une parcelle de bette­ raves sucrières de 11 ha. Féru de techno­ logies, il module déjà ses apports azotés et voit là « une opportunité supplémentaire pour limiter le recours aux intrants ». Semée le 23 mars 2021, la parcelle est hété­ rogène en raison du froid et des dégâts

causés par les lièvres. En matière de dés­ herbage des vivaces de type chardon, le fermier pulvérise en plein ou en localisé à la main. « Les images du drone permettent d’identiier la répartition des chardons dans l’interrang. En ressort une carte qu’il sufit d’intégrer au terminal de l’appareil. Il ne reste plus qu’à traiter les zones infestées », 1

Casdar : compte d’affectation spéciale développement agricole et rural


Aline Dupont, conseillère en agroéquipements connectés à la CA de la Somme, et Aymeric Lepage, conseiller agroéquipements à la CA de l’Aisne, précisent que la technique est d’autant plus efficace que la parcelle est moyennement sale.

« Le gain varie selon le niveau d’infestation et la répartition des adventices dans la parcelle. » ALINE DUPONT, ingénieure conseil en agroéquipements connectés

de préconisation. Diférents prestataires de services sont aussi à l’étude, comme Abelio, Phytodrone, Chouette et Alteia. « La première année, le traitement de l’image était spéciique. L’objectif était de diférencier les rangs de betteraves. Les zones en dehors

TERRE-NET MÉDIA

Entre 70 et 90 % de produit économisé Les premiers résultats des essais montrent qu’entre 70 et 90 % de produit peuvent être économisés par rapport à un passage en plein. « Le gain varie selon le niveau d’infestation et la répartition des adventices dans la parcelle, précise Aline Dupont. Plus la parcelle est moyennement infestée, et les adventices regroupées, plus la technique du tir ciblé s’avère intéressante. » Outre la pré­ cision, Laurent Cardon souligne aussi le confort de travail et le gain de temps que les producteurs recherchent. « Le droniste établit d’abord son plan de vol puis survole la parcelle », explique Aymeric Lepage, conseiller agroéquipements à la chambre d’agriculture de l’Aisne. Pour piloter l’engin, les conseillers doivent pos­ séder le certificat d’aptitude de télépi­ lote. Trois machines, de marque DJI, sont testées : les Phantom 4 RGB, Phantom 4 Multispectral (RTK) et Matrice 300. Elles embarquent chacune un capteur multi­ spectral de haute résolution. L’appareil prend 240 clichés par hectare, qui sont ensuite traités pour reconstituer la carte

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indique­t­il. La saison précédente, la méthode avait déjà été testée sur le maïs.

Plusieurs drones à hauteur et vitesse variables sont testés pour déterminer le modèle le plus précis.

étaient considérées comme adventices. Cette année, l’essai fait appel à de l’intelligence artiicielle, en vue de reconnaître spéciiquement les chardons des autres adventices », indique Aymeric Lepage. Résultat : sur les 11 ha de champ, seul 0,5 ha a été identiié comme étant à traiter, soit une économie de 80 % par rapport à une application en plein avec le pulvérisateur Horsch Leeb 5T de l’agriculteur. Un service disponible dès 2022 ? « Le service pourrait être proposé aux agriculteurs dès l’an prochain, si les résultats sont concluants, précise Aline Dupont. Il devrait être ajouté au pack “Proagri agriculture de précision” déjà commercialisé à l’échelle nationale et regroupant des prestations liées à l’agriculture dite “connectée”. Les ingénieurs évaluent aussi la capacité des appareils à gérer ces cartes de préconisation, base de travail du mode ciblé. Facilité d’intégration et précision de frappe sont observées de près, car, en matière de réactivité, tous les matériels ne se valent pas. Idéalement, il faudrait que la technique soit accessible avec un équipement classique, juste capable de moduler la dose et de couper des tronçons sans qu’il faille bénéicier d’un outil de dernière génération. » « Question tarif, diicile à dire tant que le service est en phase de tests, ajoute Aymeric Lepage. Cependant, l’idée est de le rendre économiquement accessible, surtout vu son intérêt écologique. Un herbicide spéciique “chardon”, en plein, sur des betteraves, coûte autour de 20 €/ha. C’est la limite à ne pas dépasser. » ■ JUILLET-AOÛT 2021 /

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DOSSIER

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AGRICULTURE 4.0

Innov-Agri marque le retour des salons agricoles au champ. L’événement devrait surtout pointer une rupture dans l’histoire agricole. La commune d’Outarville (Loiret), qui l’accueille du 7 au 9 septembre, deviendra alors le petit village gaulois synonyme de la résilience des agriculteurs et la vitrine de ce à quoi devrait ressembler l’agriculture de demain. Innov-Agri est aussi le salon du renouveau, le point névralgique où les solutions d’avenir se dessinent en vue de répondre aux problématiques actuelles et de faire face aux enjeux.

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LUC TIFFAY

TOP DÉPART !

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La caméra hyperspectrale Sniper de Berthoud détecte les plantes sur sol nu et identiie une adventice dans la culture grâce à l’intelligence artiicielle.

a 26e édition d’Innov-Agri, qui se tiendra à Outarville (Loiret) du 7 au 9 septembre, devrait marquer une étape importante dans l’histoire de l’agriculture. Certes, l’événement donne le coup d’envoi du retour des salons agricoles de plein air, presque deux ans après l’arrêt brutal dû à la pandémie de Covid-19. La crise sanitaire a souligné la nécessité de produire, quelle que soit la situation. Et, face au réchaufement climatique, il est urgent que la ilière réagisse. Le secteur des agroéquipements l’a compris et se mobilise d’autant plus pour innover et proposer des solutions aux exploitants leur permettant de répondre aux enjeux auxquels l’agriculture est confrontée : produire

L

Retrouvez plus d’informations en réalité augmentée sur la technologie Sniper en snapant cette page.

100 ha

L’édition « Re-start » d’Innov-Agri, du 7 au 9 septembre à Outarville (Loiret), n’est pas une version miniature ! Plus de 300 marques exposeront leurs innovations et bénéicieront de 30 ha pour démontrer la performance de leurs outils. Sept villages thématiques – agroécologie, protection des cultures, robotique, méthanisation, emploi et formation, contrat de solution, irrigation – offriront pour leur part davantage de conseils techniques et de formation autour de sujets d’actualité.

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davantage tout en limitant le recours aux produits chimiques pour préserver la planète. L’agroécologie a au moins le mérite de remettre l’humain au centre de la production agricole. La technique devrait rendre l’autonomie économique aux exploitations. Aux producteurs de reprendre désormais la main sur leurs systèmes de production, d’observer et comprendre leur sol, de réléchir, d’anticiper, de mettre leurs connaissances en pratique ou de les adapter pour créer un agroécosystème productif et durable. Même si la recette peut paraître simple, le vivant est diicile à comprendre. La science et l’agronomie doivent revenir au cœur de la rélexion et conduire évidemment les agriculteurs à se remettre en question sans cesse pour s’adapter aux évolutions naturelles. Ne plus chercher « ce qui marche » mais plutôt travailler à adapter son écosystème, à le rendre résilient pour produire davantage tout en tenant compte des conditions changeantes du vivant. En clair, faire évoluer ses pratiques pour trouver une forme de sérénité dans la production… Innov-Agri « Re-start » se positionne comme l’événement par lequel l’agriculture 4.0 sera lancée. Berthoud : le Sniper tire à vue les adventices ! Les sept villages du salon ont pour mission de faire germer des idées dans l’esprit des fermiers. À moyen terme, la protection des cultures devrait rester un

BERTHOUD

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

AGRICULTURE 4.0


pilier essentiel pour assurer la productivité des parcelles. Sans oublier, bien sûr, de préserver l’environnement et le capital sol, principales diicultés actuelles au regard de la complexité du sujet. Pour répondre à ces enjeux, il est nécessaire d’allier agronomie, phytotechnie et nouvelles technologies. Berthoud, par exemple, exposera sa dernière trouvaille, une solution de pulvérisation ultraciblée baptisée « Sniper ». Le constructeur annonce réduire de 40 à 85 % la quantité de produit utilisé par rapport au schéma classique. L’équipement embarque des caméras hyperspectrales bénéiciant d’une puissance de vision nettement supérieure à celle de l’œil humain. Les images récoltées, couplées à l’intelligence artiicielle, permettent de détecter les plantes sur sol nu mais également d’identiier une adventice dans la culture. En mesurant la couleur, la forme et la texture, l’électronique diférencie même une pierre d’un végétal. Question investissement, le coût annoncé est important : environ 1 400 € par mètre de rampe, soit 33 600 € pour un appareil de 24 m de largeur. Ceci dit, le retour sur investissement est rapide au vu des économies réalisées sur l’achat de produits phytosanitaires. Les premiers essais réalisés

VRAI ou FAUX ➜ Les adventices sont la première cible des constructeurs de robots. VRAI La plupart des fabricants proposent des plateformes autonomes, souvent spécialisées dans une seule tâche. Les adventices sont les premières cibles des robots, lesquels adoptent de multiples stratégies de désherbage, allant de la distribution ultralocalisée de désherbant au binage mécanique intra- et interrang, en passant par l’utilisation de lasers ou de micro-ondes pour dévitaliser les mauvaises herbes. ➜ L’agroécologie risque de limiter la diversité des systèmes de production agricole. FAUX La production est conçue autour de la diversiication des cultures et de l’allongement des rotations, ce qui renforce la biodiversité dans son rôle de facteur de production. ➜ La consommation d’eau destinée à irriguer les cultures doit être optimisée. VRAI Le changement climatique, la pression sociétale, la durabilité des exploitations, la qualité des produits, la diversiication ou encore le coût de l’énergie sont autant d’enjeux qui nécessitent de sécuriser ou développer la capacité d’irrigation pour y répondre. Sans compter que les outils numériques aident les producteurs à optimiser l’eau captée dans les nappes.

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HORSCH

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Les bineuses Horsch Transformer VF fertilisent au plus près des rangs Autre solution visant à faire chuter les IFT (indices de fréquence de traitement) : le désherbage mécanique. Les fabricants de matériels l’ont bien compris et sont nombreux à présenter des gammes d’outils de binage élargies offrant des performances accrues. Le constructeur allemand Horsch, par exemple, complète sa série de bineuses Transformer VF et propose des options supplémentaires. Avec l’acquisition récente de son compatriote Cross Farm Solution (CFS), l’Autrichien Pöttinger ajoute une bineuse mécanique et une houe rotative à son catalogue. Pour optimiser le désherbage mécanique, un nombre limité de passages de tracteur est requis. L’ajout d’un dispositif de fertilisation, notamment, permet d’apporter, en un seul passage, l’engrais au plus près du rang. Des tubes de descente sont alors positionnés devant les socs de façon à recouvrir légèrement de terre le fertilisant et à en limiter ainsi la volatilisation. Les fermes biologiques ne sont pas en reste puisqu’elles peuvent 26 /

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La tête de répartition et les tuyaux de descente vers chaque élément de la bineuse Transformer VF de Horsch permettent de fertiliser en localisé au moment du binage.

dorénavant limiter le salissement des parcelles en semant une seconde culture dans l’interrang. En période de récolte, la portance des engins s’en trouve en outre améliorée. Les outils de déchaumage évoluent eux aussi. Chez Sulky, le lancement récent d’une version « hybride » aux couleurs de Sky Agriculture en atteste. Dénommé « Methys », ce modèle a pour objectif de travailler supericiellement, entre 4 et 7 cm, ain de à

L’AVIS DE L’EXPERT

Aymeric Lepage, conseiller à la chambre d’agriculture de l’Aisne « Localiser l’engrais permet de diminuer sa quantité, sur maïs, d’environ 30 %. Épandre au moment du binage donne un coup de boost à la culture, à un stade (6-8 feuilles) où les besoins en azote sont importants. En plus d’apporter une économie en matière d’herbicide, la méthode limite la surface d’application d’engrais et donc, mathématiquement, en réduit la quantité. Nos essais ont montré une hausse du rendement de 2 q grâce à la localisation du “Super 46” au semis et de l’“Ammo 27” au binage, et ce, par rapport à un apport en pré-semis. Sans oublier l’économie côté facture d’azote ! La technique est certes intéressante mais nécessite une organisation de chantier différente. Il faut également prendre en compte l’investissement en matériel spécifique. À rendements équivalents, même en tenant compte du surcoût lié à l’achat du matériel, le gain tourne entre 5 et 10 €/ha grâce aux seules économies de fertilisants, un gain auquel il faut ajouter le rendement supplémentaire. »

AYMERIC LEPAGE

montrent un gain compris entre 40 et 70 €/ha… sans oublier l’aspect environnemental ! À l’heure où les produits de synthèse sont décriés, et les pulvérisateurs sujets à controverse, la technologie devrait jouer un rôle primordial dans l’amélioration des pratiques.


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Robots agricoles : ce n’est plus de la fiction, ça fonctionne Côté démonstration, pléthore de robots terrestres font le show sur les stands. Entre concept et look futuriste, la plupart des marques présentent des outils autonomes, travaillant sur une plateforme monotâche. Beaucoup d’aspects relatifs à la sécurité, au niveau d’autonomie et aux responsabilités restent à traiter avant que la réglementation n’évolue. Notons que, dès les premiers travaux, le sujet désherbage a monopolisé l’attention des chercheurs. Pulvérisation ciblée, travail mécanique dans l’interrang ou directement sur le rang : les initiatives pullulent. Les premiers appareils ont démarré leur activité dans le maraîchage, milieu où le parcellaire pose moins de problèmes, mais la technologie est prête. Stecomat importe le robot FD20 conçu par FarmDroid. L’engin gère le semis et enregistre la 28 /

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Sky Agriculture ajoute une trémie et une tête de répartition à son déchaumeur Methys pour semer des couverts végétaux sans passage supplémentaire.

position GPS de chaque graine. L’information est ensuite réutilisée au moment du désherbage mécanique, permettant ainsi de travailler au plus près de la plante sans endommager la culture puisque l’outil sait précisément où se situent les individus ! Il est même possible de biner à l’aveugle avant que la culture lève pour maîtriser la croissance des adventices en les éliminant dès le stade ilament blanc. Question énergie, la source la plus fréquemment utilisée est l’électricité. Le FD20 possède

L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

Damien Blondel, betteravier bio près de Reims (Marne)

« Le drone gère jusqu’à 6 ha/j » « J’exploite 220 ha en cultures biologiques. J’ai décidé de confier le semis et le désherbage mécanique de ma production de betteraves sucrières au robot FarmDroid FD20. Stecomat, le distributeur français de l’engin, gère la mise en route et le suivi pour le démarrage et l’entretien. L’objectif est clair : le désherbage mécanique demande beaucoup trop de temps, surtout en mode manuel. C’est ce qui m’a conduit à confier ce travail au robot. Le FD20 est entièrement autonome et travaille, en plus, entre et sur les rangs. Lancée à 900 m/h, la machine peut gérer jusqu’à 6 ha par jour. Question sécurité, si l’une des deux antennes GPS sort de la zone prédéfinie, le dispositif s’immobilise aussitôt. »

STECOMAT

limiter la propagation des graminées résistantes. L’outil se destine en particulier aux producteurs bios ou en ACS (agriculture de conservation des sols). En ajoutant une trémie ainsi qu’une tête de répartition, l’agriculteur sème, là encore, ses couverts végétaux en un seul passage. La consommation de carburant se voit aussitôt réduite, de même que les émissions polluantes. Le coût de production devrait ainsi diminuer, et l’environnement en proiter.


Pour créer un agroécosystème productif et durable, les agriculteurs doivent observer et comprendre leur sol, réléchir, anticiper, mettre leurs connaissances en pratique ou les adapter. même son propre panneau photovoltaïque, destiné à produire l’énergie nécessaire à l’alimentation des moteurs. En cas de surplus, des batteries stockent l’énergie pour l’utiliser la nuit venue. De quoi permettre à l’engin de travailler 24 heures sur 24. En cas de panne sèche, le robot attend sagement que le jour se lève pour reprendre le travail. Réinventer le tracteur pour anéantir la pollution De leur côté, les tractoristes cherchent des alternatives à l’énergie fossile. La traction doit devenir plus propre grâce aux moteurs utilisant les énergies

telles que le gaz, l’hydrogène ou l’électricité. Il est urgent de cesser les émissions polluantes, sous peine de inir par étoufer. Le groupe CNH Industrial a mis au point le tracteur Methane Power. Désormais opérationnel, il fonctionne déjà sur quelques exploitations. Le groupe vient en outre d’annoncer sa prise de participation au capital de Monarch Tractor. La marque a conçu un modèle 100 % électrique bénéiciant de deux modes de conduite pour maintenir sa polyvalence : 100 % autonome ou manuel. Les 40 ch sous le capot autorisent jusqu’à dix heures de travail sans recharger les batteries. Si le chaufeur recherche plus de puissance, le moteur délivre ponctuellement jusqu’à 70 ch. Le rechargement du tracteur s’opère sur une prise classique alimentée en 220 V. Au bout de cinq heures de charge, le bolide a retrouvé 100 % de sa capacité. Le principal intérêt agronomique de ce modèle tient à son poids, assez faible, limitant le tassement du sol. Et si la charrue devenait un outil agroécologique ? Actuellement, mieux vaut être prudent avant de parler labour. Le mot suit à déclencher d’éternels à

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FARMDROID

AGRICULTURE 4.0

débats. Le constructeur de charrues Demblon l’a bien compris et tente de redorer le blason de l’outil en lui apportant une touche agroécologique. Son modèle « mixte » vise à préparer des mulchs répartissant mieux la matière organique dans le sol. Celle-ci est enfouie non pas en fond de raie mais aux deux tiers, ce qui améliore sa dégradation et rend les minéraux plus accessibles pour la culture suivante. À noter que, les socs travaillant moins en profondeur, le dégagement sous bâti s’en voit aussitôt augmenté. Cet argument s’avère important pour ceux qui travaillent dans des parcelles à forts résidus, car les problématiques de bourrage se font oublier. De plus, la matière végétale, mieux mélangée à la terre, se dégrade plus rapidement. La filière des agroéquipements doit également prendre en considération la ressource en eau. Chaque mètre cube pompé dans les nappes phréatiques doit être utilisé avec beaucoup d’eicience. Pour répondre à cet enjeu, les matériels d’irrigation évoluent. Ils bénéicient des avancées technologiques et du numérique permettant d’aider l’agriculteur dans sa prise de décision. En se diversiiant, l’agriculture participe également à l’efort collectif consistant à limiter les émissions 30 /

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Le robot FD20 de FarmDroid mémorise la position des semences lors du semis pour ensuite biner au plus près de la plante sans dégrader la culture.

de gaz à efet de serre. Plutôt que de considérer les résidus organiques comme des déchets, pourquoi ne pas y voir un gisement d’énergie renouvelable ? C’est le cas de la méthanisation, ilière vertueuse qui transforme la matière organique en biométhane. Qu’il soit destiné à alimenter une génératrice électrique ou à être injecté dans le réseau GRDF, le gaz vert remplace celui qui est extrait du sous-terrain. La méthanisation est souvent mise en avant par les pouvoirs publics qui la considèrent comme une solution eicace pour lutter contre le réchauffement climatique. Cependant, l’investissement est lourd, et l’on ne s’improvise pas producteur de gaz ! Preuve cependant que le métier évolue. Pour éviter la levée de boucliers, mieux vaut expliquer le projet aux riverains. Le champignon vert fait peur, ou plutôt le risque d’explosion lié au gaz. Expliquer, rassurer, se montrer pédagogue : autant de missions qui s’ajoutent au métier de paysan. Alors que ce dernier avait plutôt tendance à vivre centré sur sa ferme, il lui faut s’ouvrir aux autres. L’agriculture est donc en pleine mutation, un mouvement sans doute accéléré par la crise sanitaire. Dans ce contexte, Innov-Agri se déinit comme le point de départ de la nouvelle ère agricole. ■



PARTAGE D’EXPÉRIENCE Cultures

Par SÉBASTIEN DUQUEF et ANTOINE HUMEAU Par NOM sduquef@terre-net-media.fr mail redaction@terre-net-media.fr

COUVERTS VÉGÉTAUX

Et pourquoi ne pas semer avant la récolte ?

ADOBESTOCK

Semer des couverts végétaux, pourquoi pas. Encore faut-il que les semences germent dans le sec de l’été ! C’est bien la dificulté en période de moisson, déjà très chargée en travaux. D’autant plus que, idéalement, le semis devrait être réalisé au plus tard 48 heures après le passage de la moissonneuse-batteuse, un délai à respecter sous peine de ne plus proiter de l’humidité résiduelle du sol.

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tée, voir la vidéo explicative d’Agro-Transfert)

Mathieu Arnaudeau, chargé de mission agronomie à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, conseille de bien choisir son mélange, ain qu’il soit adapté aux semis estivaux. « Mieux vaut opter pour les espèces à petites graines, qui nécessitent moins d’eau pour germer, comme le trèle d’Alexandrie, le radis fourrager, la moutarde d’Abyssinie… » Autre préconisation du spécialiste : « Semer dans des parcelles exemptes d’adventices, en particulier les vivaces telles que le liseron ou le laiteron, qui pourraient concurrencer la levée du couvert. » Une implantation à la volée En matière d’implantation, pas question de recourir au matériel de semis traditionnel. « L’opération doit être réalisée à la volée, indique Mathieu Arnaudeau. Pour y parvenir, l’exploitant a plusieurs possibilités : épandre grâce au matériel de fertilisation, utiliser un épandeur à microgranulés de type Delimbe ou bien faire appel à un drone. » Chacune de ces techniques présente ses avantages et ses inconvénients, et le coût d’implantation varie beaucoup de l’une à l’autre. Question raisonnement, le fermier doit voir au-delà de la réponse à une contrainte réglementaire. Il doit garder en tête que le couvert végétal a pour mission d’améliorer la structure du

sol ; il peut également intervenir dans le cycle de développement des maladies, en provoquant une césure. L’épandeur à engrais couvre 24 m La méthode utilisant l’épandeur à engrais permet de couvrir une largeur de 24 m, valeur qui correspond souvent à celle du passage du pulvérisateur. L’objectif est de limiter les dégâts au sein de la culture en place. Il apparaît donc impensable d’utiliser un outil de largeur diférente. Avec cette technique, la diiculté réside dans la capacité à faire voyager les graines sur toute la distance. Celles-ci s’avèrent souvent trop légères et nécessitent d’être enrobées dans une couche d’argile ain de les alourdir. Certains agriculteurs réalisent même leur propre préparation dans une bétonnière : ils y versent leurs semences auxquelles ils ajoutent un peu d’eau, de la à bentonite et de la mélasse de canne ain de les agglomérer.

PHILIPPE CHUPIN

M

ais alors, pourquoi ne pas semer avant de récolter la céréale en place ? Sans compter que c’est une alternative intéressante pour pallier le pic d’activité et donc le manque de temps en pleine période de bourre. En outre, les graines germent plus vite et ont davantage le temps de bien s’enraciner ain de prendre le relais dès la moisson. Pour être eicace, mieux vaut semer de trois à quatre semaines plus tôt, c’est-à-dire début juin. C’est alors que les conditions climatiques sont les plus favorables à une levée homogène. Une pluie de 10 à 15 mm semble parfaite pour coller les graines au sol et faciliter leur germination. Seul bémol : il faut obligatoirement semer à la volée pour ne pas endommager la récolte. ( En réalité augmen-

Le temps nécessaire à l’enrobage des semences est un des points faibles du semis à la volée avec un épandeur d’engrais : comptez trois quarts d’heure par hectare.

L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

Philippe Chupin – Chavagnes-en-Paillers (85)

« Pour semer des couverts à l’aide d’un épandeur, j’enrobe mes semences »

ADOBESTOCK

ANTOINE HUMEAU

Adepte de l’agriculture de conservation des sols, Philippe Chupin sème des couverts à la volée sur 24 m avec un épandeur d’engrais. Une solution qui l’oblige à enrober ses semences. Chez Philippe Chupin, la couverture permanente des sols, c’est un principe. Voilà dix ans que cet agriculteur vendéen, installé à Chavagnes-en-Paillers, est passé au semis direct, puis à l’agriculture de conservation des sols. Pour chaque mise en place de couverts, l’homme teste, prend des photos, observe. Depuis deux ans, il participe à des essais de semis à la volée avant la récolte de céréales. « Habituellement, on sème un jour ou deux après la récolte, mais souvent on est débordés de travail et on est contraints de repousser, raconte-t-il. Le semis de couverts avant moisson permet d’étaler la charge de travail, et aussi d’augmenter les chances de réussite. »

Semer dans un blé propre « Je tiens à utiliser du matériel de la ferme pour rester autonome. L’enrobage des graines favorise la germination et, en attendant une humidité sufisante, les protège pour qu’elles germent seulement après la pluie. Moins de risque qu’elles crèvent ! Mais il faut compter trois quarts d’heure pour 1 ha, c’est beaucoup trop de temps ! », précise le producteur. Et d’ajouter : « L’idéal, c’est qu’il pleuve après le semis. Cette année, avec l’eau qu’on a eue, un peu chaque jour, beaucoup d’adventices ont poussé. Je ne pouvais pas les laisser se développer. Il faut donc semer dans un blé propre, sinon c’est inutile. Sans oublier la régularité du semis – pour avoir un couvert dense –, sans quoi le problème de salissement sera multiplié. Et il est impossible de passer un coup de broyeur comme si vous n’aviez pas fait de couvert. » Antoine Humeau

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PARTAGE D’EXPÉRIENCE Cultures

PHILIPPE CHUPIN

Grâce à l’enrobage de ses semences, Philippe sème à la volée de façon plus homogène sur toute la largeur de travail de l’épandeur d’engrais.

Idéalement, le semis doit être réalisé au plus tard entre 24 et 48 h après le passage de la moissonneuse-batteuse.

Semis à l’épandeur Delimbe : le plus simple Le recours à un épandeur de type Delimbe est sans doute la solution technique la plus simple si l’on considère qu’il suit d’atteler l’appareil à l’avant du tracteur. « Le souci, c’est la largeur d’épandage, prévient Mathieu Arnaudeau. Il n’est pas possible de gérer plus de 12 à 18 m, selon le modèle. » Des essais ont donc été menés en installant deux appareils de marque Delimbe sur la rampe du pulvérisateur, cette coniguration permettant de gérer une largeur supérieure, de 24 à 36 m. Le gain de temps est au rendez-vous, 34 /

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L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

Xavier Martin – Pouillé (85)

ANTOINE HUMEAU

Ainsi lestées, les graines gagnent en portée et proitent de l’hygrométrie résiduelle ainsi que de l’ombrage du blé. Une fois la céréale récoltée, le sol s’assèche, ce qui rend la germination des couverts potentiellement plus diicile, surtout si les terres de la ferme sont séchantes. La réussite est donc liée aux conditions météo. Idéalement, une pluie juste après le semis favorise la levée et maintient l’hygrométrie du sol. Il faut néanmoins veiller au niveau de salissement de la parcelle, car il est impossible de les gérer ensuite sans dégrader le couvert. Seul bémol, la méthode est un peu gourmande en eau puisque la bille d’argile en a besoin pour se désagréger, ce qui augmente l’humidité nécessaire. Dès lors, d’autres tests ont été menés visant à coller les graines, en agglomérant par exemple les plus petites semences autour d’un petit pois. Quoi qu’il en soit, la position de l’outil doit être la plus relevée possible ain de limiter le fouettement des épis. Quant aux espèces, des essais avec un mélange de sorgho, moha et phacélie, à 12,5 kg/ha, soit environ 300 graines au mètre carré, ont montré que la qualité de l’enrobage inlue directement sur la régularité du semis. Le réussir est donc primordial pour garder la densité de végétation nécessaire et limiter la croissance des adventices.

« Avec deux épandeurs fixés sur mon pulvé, je sème 40 ha de couverts en deux heures » Xavier Martin a testé le semis de couverts à la volée à l’aide d’épandeurs de granulés Delimbe fixés sur son pulvérisateur. Une solution qui se révèle aussi économique qu’efficace. Xavier Martin a pratiqué le semis avant récolte pour la première fois il y a trois ans avec sa coopérative, la Cavac. Objectif : faire rentrer ses couverts dans les surfaces d’intérêt écologique (SIE). Pour ses 243 ha, il lui fallait couvrir une quarantaine d’hectares avant la mi-août : une opération dificile au cours des années sèches, d’où la nécessité de travailler avant la récolte des céréales. « Outre le gain de temps, j’économise un passage de déchaumeur. J’ai bricolé un système sur la rampe de mon pulvérisateur à moitié dépliée, en ixant deux distributeurs de marque Delimbe à 18 m l’un de l’autre, pour semer sur 36 m en un passage. J’avais vu sur Internet qu’une Cuma bretonne avait fabriqué un dispositif comme ça, alors je m’en suis inspiré. » Chaque épandeur contient 40 kg de graines (moutarde d’Abyssinie, trèle et phacélie) qu’il projette à 18 m environ, soit un périmètre total de 36 m. L’investissement est modeste : 1 500 € pour les deux épandeurs et quelques câbles électriques pour les relier à la cabine du tracteur. « À 10 km/h, il me faut moins de deux heures pour semer les 40 ha », termine-t-il. Antoine Humeau

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PARTAGE D’EXPÉRIENCE Cultures Le drone permet de semer à la volée sur environ 4 à 5 ha à l’heure.

puisqu’il est inutile de passer le déchaumeur avant de semer. L’investissement, évalué à 1 000 € par équipement, s’avère, pour sa part, faible. Et à la vitesse où l’agriculteur peut travailler, autant dire que la solution se montre très eicace. Aucune perte de récolte avec le drone Si l’on raisonne en termes de dégâts dans la culture, le drone est le mieux placé pour éviter ces derniers. En efet, l’engin survole le champ et ne provoque aucune perte de récolte. Il pèse 25 kg, transporte 10 kg de semences (selon le modèle) et survole la parcelle à environ 3 m de hauteur. Grâce à une multitude de capteurs,

CHAMBRE D’AGRICULTURE DE VENDÉE

D. MAZOUÉ, CHAMBRE D’AGRICULTURE DES PAYS DE LA LOIRE

L’épandeur de type Delimbe, ixé sur le pulvérisateur, est un système peu coûteux – 1 500 € d’investissement – nécessitant de l’ingéniosité et un peu de bricolage.

l’engin reste toujours à distance constante du sol, quel que soit le relief de celui-ci. Son utilisation se révèle donc particulièrement intéressante pour les terrains en pente ou diiciles d’accès. La plupart des modèles actuels travaillent sur 6 m de large (un diamètre quatre fois inférieur à celui d’un épandeur) et ne bénéicient que d’une dizaine de kilos de réserve. Leur débit de chantier est donc faible face aux autres méthodes. Mathieu Arnaudeau est à la recherche d’une machine ofrant plus de capacités et d’autonomie, le facteur limitant restant le coût ! En efet, le tarif par hectare grimpe aussitôt et peut s’avérer dissuasif : de 30 à 50 €/ha, hors semences, si le chantier est réalisé par un prestataire. À

L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

Fabrice Guillet, Le Poiré-sur-Vie (85) FABRICE GUILLET : CHAMBRE D’AGRICULTURE DE VENDÉE

« Avec le drone, nous ne pouvons pas semer n’importe quelle graine » Associé du Gaec Monchemin (Vendée), Fabrice Guillet a expérimenté le drone pour semer ses couverts avant récolte. Une technique à la fois pratique et précise, mais coûteuse.

Voilà vingt ans que les six actifs du Gaec Monchemin pratiquent l’agriculture de conservation sur leurs 330 ha de parcelles : semis direct pour les blés, strip-till pour le maïs. Fabrice Guillet utilise un semoir Kuhn SD 3000 ainsi qu’un compil Duro. « Depuis deux ans, je teste le semis de couverts avant récolte pour qu'il bénéicie de l’humidité du sol et soit prêt à se développer dès les battages terminés. L’an dernier, j’ai expérimenté une nouvelle technique de semis à la volée faisant appel à un drone. » La chambre d’agriculture des Pays de la Loire

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a géré la prestation, réalisée par la société aquitaine Relet du Monde. Pour les terrains difficiles d’accès « Le débit de chantier est d’environ 4 à 5 ha/h, soit 30 à 40 ha en une journée, estime Lilian Marolleau, cogérant de Relet du Monde. Par contre, impossible de semer n’importe quelle graine, cela fonctionne pour les plus petites – jusqu’aux riz et tournesol –, mais pas pour le pois. » En semant des espèces différentes, l’agriculteur « voit ce qui marche », multipliant ainsi ses chances de réussite. « Le pois et le colza ont bien levé, note Fabrice Guillet. On a eu de la phacélie et de la moutarde, mais les graines de tournesol en surface ont été mangées. Le couvert manque de densité (seulement 20 % des graines ont levé) et de légumineuses. C’est autant d’azote que l’on n’irait pas chercher dans un sac ! », conclut le paysan. Antoine Humeau


À l’étude : la mise en terre des graines avant récolte En Bretagne, la chambre d’agriculture s’est intéressée à d’autres méthodes permettant la mise en terre des graines au moment de la moisson. Les techniciens de la ferme expérimentale de Kerguéhennec, dans le Morbihan, ont installé une barre de semis à dents directement sur la machine. En conditions sèches, les résultats sont bons, mais techniquement l’installation trouve vite ses limites en ratissant les andains de paille. Autre méthode : des éléments de semoir à disques issus d’un Xeos Pro de Sulky ont été installés directement sous le convoyeur. Des tuyaux pneumatiques acheminent les graines, distribuées électriquement selon un débit proportionnel à l’avancement de la batteuse. Le dispositif met in aux problèmes liés aux andains de

PHILIPPE CHUPIN

l’achat, l’appareil coûte entre 30 000 et 50 000 €. Sans compter qu’il n’est pas possible de gérer toutes les graines, à l’image des gros calibres de type pois. Autre critère à prendre en compte sur le chantier de récolte : la circulation des engins. Les déplacements se doivent d’être réléchis, car chaque passage détruira inévitablement des plantules. Même si la culture a tendance à compenser, mieux vaut donc limiter ceux des tracteurs-bennes dans la parcelle.

L’enrobage des graines, qui protège ces dernières avant leur germination, réclame de l’humidité pour se désagréger.

paille et facilite le transport. Reste cependant à valider son poids supplémentaire, lequel ne doit pas faire pencher la machine au-dessus de son PTAC. ■

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Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

PARTAGE D’EXPÉRIENCE Essai DEUTZ-FAHR 8280 TTV

« Une adhérence au top et beaucoup de possibilités de réglage »

DIMITRIS LENOURICHEL

Le dernier-né des tracteurs DeutzFahr délivre 287 ch et bénéficie de la nouvelle transmission à variation continue, passant de 0 à 60 km/h en quelques secondes. Confort, visibilité, adhérence, ergonomie, intuitivité… le constructeur entre dans la cour des modèles premium.

T

out droit sorti de l’usine allemande de Lauingen, le tracteur 8280 TTV de DeutzFahr en a sous le capot. Son moteur à six cylindres de 6,1 L de cylindrée délivre 287 ch de puissance et 1 226 Nm de couple. Les ingénieurs de la marque ont opté pour le bi-turbo et le common rail injectant le GNR à 2 000 bar. Évidemment, le bloc est conforme aux exigences de la norme d’émissions Stage V. Côté transmission, place à la boîte à variation continue T7780, le dernier cri du groupe SDF. Une sorte de transmission composite adaptative, dont la capacité d’accélération est surprenante et qui garde une décélération progressive et réactive aux variations de charge, complétée par des freins à disques secs à l’avant. La prise de force gère deux régimes à l’avant et trois à l’arrière. Le circuit hydraulique CleanOil débite jusqu’à 160 L/min en load sensing et proite de 90 L d’huile exportable. Côté relevage, le molosse est plutôt musclé avec 11 t de capacité à l’arrière et une charge admissible de 16 t. 38 /

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LE DEUTZ-FAHR 8280 TTV EN BREF Motorisation : Deutz, 6 cyl. bi-turbo, 6,1 L Puissance : 287 ch Couple maximal : 1 226 Nm Transmission : variation continue SDF T7780 Prise de force AR : 3 régimes de série : 540 Eco, 1 000 et 1 000 Eco (–18 % de consommation de carburant en mode Eco) Capacité de relevage AR : 11 t Débit hydraulique du circuit : 160 L/min en load sensing ; 90 L exportable Autoguidage : système SDF Guidance ; fonctions TIM, Auto-Turn et XTend.

Cabine confortable et connectée La cabine du 8280 TTV est connectée afin d’optimiser et de gérer les tâches. Le dispositif CFS (Connected Farming System) embarqué est compatible Isobus. L’opérateur pilote jusqu’à 200 tronçons et module la dose via son terminal en cabine. La fonction TIM (Tractor Implement Management), pour sa part, permet à l’outil de prendre le contrôle du tracteur ain de maximiser son débit de chantier. L’autoguidage SDF Guidance gagne en précision grâce à sa nouvelle antenne, son module CTM et la fonction Auto-Turn. Cette dernière gère automatiquement le demi-tour en bout de champ. La technologie XTend autorise, quant à elle, la duplication de l’écran du terminal iMonitor 3 sur la tablette ou le smartphone, à distance. Le pont avant suspendu proite du système intelligent fonctionnant selon trois modes (Auto, Normal ou Soft), et la cabine MaxiVision 2 rehausse le confort. Cette dernière est indépendante du capot pour éviter les remontées de vibrations, de bruit et de chaleur du moteur. L’agriculteur proite aussi de 50 000 lm grâce aux feux à LED.


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1. Une fois la remorque Joskin à trois essieux attelée au tracteur, le convoi en impose sur la route. 2. Les masses de roues apportent de la stabilité et renforcent l’adhérence du tracteur. 3. Le bolide est équipé de la double ligne de freinage hydraulique et pneumatique. 4. Le gabarit de l’engin impose l’installation d’un escalier à quatre marches, ce qui ne facilite pas l’accès à bord, en particulier lorsqu’il s’agit de monter et de descendre régulièrement. 5. Le pont avant bénéficie de la suspension intelligente qui détecte la charge sur l’essieu et adapte en permanence le niveau d’amortissement. 6. L’accoudoir regroupe l’essentiel des fonctions du tracteur et permet de tout piloter du bout des doigts.

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L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

TERRE-NET MÉDIA

Dimitri Lenourichel, polyculteur-éleveur à Formigny-la-Bataille (Calvados)

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« Le plus bluffant reste l’adhérence »

La première réaction de Dimitri Lenourichel ne se fait pas attendre : « Le gabarit impressionne et, une fois le tracteur lancé à 60 km/h, mieux vaut garder les mains sur le volant et rester concentré ! Le poids offre une bonne assise sur la route, difficile de le déloger de sa trajectoire ! » « Côté accélération, ça pousse fort. Avec mon déchaumeur à dents Bonnel de 5 m attelé, en terrain non travaillé et à 30 cm de profondeur, pas de quoi le déstabiliser. Les chevaux sont bien là, aucun doute, confirme l’agriculteur, mais le plus bluffant reste l’adhérence. Faire patiner le tracteur, véritablement scotché au sol, est mission impossible, et ce, d’autant plus avec les masses de roues arrière de plus de 1 t chacune. » Dimitri Lenourichel regrette en revanche que le système de guidage forcé des essieux de la benne Joskin Trans-Space 8000/27, stockée dans son hangar, nécessite des adaptations. « Sillonner les routes avec le convoi aurait permis de vérifier que le confort est au niveau des arguments de la marque ! » L’agriculteur n’a rien trouvé à redire en matière de visibilité, excepté la vue sur le piton. « Difficile d’atteler sans être contorsionniste. Il manque un rétroviseur sur la vitre arrière, fort utile pour manœuvrer seul », souligne-t-il.Notons que le fermier n’est pas un habitué de l’environnement numérique Deutz-Fahr. Un temps d’adaptation est nécessaire pour apprivoiser l’engin. « Sans la prise en main du constructeur, difficile d’utiliser pleinement les multiples réglages possibles. L’intuitivité peut davantage être améliorée ». Enfin, question sonorité, « le sifflement du moteur est important. Ce son est certainement lié au bi-turbo qui le booste, mais, à la longue, c’est fatigant. J’ai le même bruit sur mon tracteur actuel, qui est plus ancien. Dommage, on s’attend à mieux sur un modèle de dernière génération », conclut l’éleveur. Retrouvez plus d’informations ainsi que la vidéo de l’essai en snapant cette page.

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- Accélération rapide. - Poids important améliorant la stabilité sur route. - Confort de la cabine haut de gamme. LES

- Absence de visibilité sur le piton. - Terminal peu intuitif. - Sonorité du moteur. JUILLET-AOÛT 2021 /

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BRÈVES DES CHAMPS En photos P. LUCAS

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

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Par CÉLINE CLÉMENT ceclement@terre-net-media.fr

BRÈVES DES CHAMPS Paroles de lecteurs

Couverts végétaux

Un efet seulement fertilisant ? Le rôle de l’interculture dans la fertilisation azotée n’est pas couvert d’éloges par tous. Certains soulignent les résultats trop aléatoires par rapport au coût supplémentaire, quand d’autres pointent son intérêt pour lutter contre le réchauffement climatique en limitant l’irrigation. Éric Letinois

Nanard3

« Les cultures intermédiaires coûtent à une ferme mais n'apportent rien. »

« Si on couvre les sols l'été avec des plantes vivantes, on peut provoquer un microclimat favorable aux précipitations. Donc l'eau apportée sur les cultures retombera sous forme de pluies. Si tout le monde joue le jeu de la couverture végétale des sols, l'irrigation ne sera plus nécessaire car avec les couverts, on va réduire le réchauffement climatique et favoriser des précipitations plus régulières. Sans parler que la couverture permet d'augmenter l'absorption du CO2. »

Philippe Leneveux « Exact @Éric Letinois ! »

Éric Gt « Des effets dépréciatifs sur la culture suivante. […] Avec les deux hivers pluvieux que l’on a eus, j’aimerais bien voir les palettes d’antilimace épandu… Travail en plus, coût de la semence, gazole brûlé pour l’implantation et la destruction, levée hypothétique… D’après une étude de l’Inra, les couverts végétaux seraient grosso modo bénéfiques une année sur cinq ! Juste valables dans un jardinet ou chez ceux qui ont des terres faciles… »

« En 2020… rien ! Zéro levée par endroits car trop sec ! »

Jean-Pi

David David

« On a encore beaucoup à apprendre. Et, si je puis dire, la soif de connaissance est motivante. Conscient qu'il ne faut jamais laisser un sol nu, je sais aussi qu'il faut s'approprier les bons mélanges, afin de maximiser les profits pour le sol et la culture suivante, ou la valorisation pour le troupeau au bon moment. […] Tout est tellement dépendant de la météo qu’il ne faut pas, je pense, mettre tous ses œufs dans le même panier. Donc, s’il y a plus de temps à passer pour mettre cela en place et obtenir un résultat, je n’ai rien contre au contraire c’est notre taf, mais attention à la maîtrise agronomique… » 42 /

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ampleur pour les cultures et couverts d’été, elle permettrait de réduire considérablement la température à la surface du sol et d’empêcher les sécheresses. »

Ptiloui « Ce n’est pas un scoop qu’il faille couvrir les sols tout au long de l’année. [Concernant l’irrigation, il n’est] pas vraiment d’accord. Elle ne concerne que 4 % de la SAU en France et capte déjà pour ça énormément d’eau. On ne pourra pas aller bien plus loin. Par contre n’oublions pas les arbres !! Ils limitent fortement la vitesse des vents, donc la transpiration des plantes, maintiennent la fraîcheur et font circuler l’eau : jusqu’à 50 m3/jour évaporé pour 1 ha de forêt ! D’où l’intérêt de stocker l’eau dans les nappes en période d’excès pour la faire remonter en période sèche. Alors que l’irrigation en période sèche contribue au lessivage des sols et empêche la remontée des éléments minéraux par capillarité. »

PàgraT « La capacité de rétention d’eau par la MO est très largement supérieure à celle du sol. […] Lorsqu’un sol est couvert par de la végétation, la pluie n’est pas évaporée aussitôt. […] Voir la vidéo d’Allan Savory “Comment transformer nos déserts en prairies et inverser le changement climatique”.[…] C’est un sol couvert en permanence qui fait tomber la pluie. Et ce dernier point, même les écolos ne l’ont pas compris, puisqu’ils font tout pour empêcher l’irrigation alors que pratiquée en grande

PàgraT « Il est faux de dire que le volume d’eau en France est insuffisant, sachant qu’une bonne partie part vers la mer. Il manque juste la volonté de la stocker. […] Ce faisant, il ne s’agit pas non plus de négliger la couverture des sols au sens large (couverts, haies, agroforesterie, ACS, etc.). L’irrigation constitue une assurance récolte, bien plus efficace qu’un contrat d’un groupe assurantiel, d’autant plus avec le changement climatique en cours. » ■


Par SÉBASTIEN DUQUEF et SOPHIE GUYOMARD sduquef@terre-net-media.fr sguyomard@cipmedias.com

MRAGRIFRANCE

DAVID FORGE

➜ À VOIR SUR YOUTUBE Une journée dans une ferme XXL MR’AgriFrance publie des images à couper le souffle au regard de la taille du matériel qui travaille dans ces parcelles girondines. En moyenne, l’agriculteur spécialisé dans la production de pommes de terre et de maïs semences laboure jusqu’à 60 ha par jour grâce à la charrue Grégoire Besson de 17 corps. Sans parler des autres outils dont le débit est tout aussi fou. Entre chenillard Challenger de 750 ch, tracteur à roues Fendt 1042 Vario et autres semoirs portés de 16 rangs, le parc machine est conçu pour envoyer du lourd.

➜ À VOIR SUR YOUTUBE Andainage de colza en Indre-et-Loire Pour éviter d’attendre que les siliques du pied mûrissent, et ainsi limiter l’égrenage, David Forge publie une vidéo sur sa chaîne YouTube qui montre un chantier d’andainage. Face aux risques d’orage et de développement de maladies, l’agriculteur préfère recourir à la technique pour sa parcelle. Objectif : homogénéiser la maturité des siliques. Le gain moyen observé est de 4 à 5 q/ha, sans compter le taux d’impuretés réduit et celui d’humidité plus homogène dans la parcelle. La faucheuse-andaineuse a été modifiée pour répondre aux besoins du producteur de porte-graines (rehaussement, ajout de palpeurs pour faucher plus bas…).

A LONG WAY

TOGETHER

➜ À VOIR SUR YOUTUBE Alexandre Richard teste la charrue en planche réversible du Turc Ilgi Le prix du matériel turc éveille votre curiosité et vous aimeriez vérifier la qualité de son travail ? C’est justement ce que propose Alexandre Richard, agriculteur près de Châteauroux, dans l’Indre. Le jeune producteur est aussi le patron du site de vente en ligne de pièces agricoles Prodealcenter.fr. Depuis peu, il importe carrément des outils agricoles de la marque turque Ilgi. Pour convaincre les sceptiques, l’internaute publie une vidéo de l’essai de la charrue réversible à cinq socs, destinée au labour en planche. Verdict en images.

ALEXANDRE RICHARD

BRÈVES DES CHAMPS Vu sur le web

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Par SOPHIE GUYOMARD sguyomard@cipmedias.com

BRÈVES DES CHAMPS Online LA REVUE DES RÉSEAUX

Moisson : un début de campagne en dents de scie Comparée aux dernières campagnes, la moisson 2021 démarre plus tard pour 58,7 % des agriculteurs, selon un sondage Terre-net. Et les conditions climatiques actuelles freinent l’avancée dans plusieurs régions. Et chez vous ? N’hésitez pas à partager ce qui se passe dans votre secteur sur notre site Terre-net.fr.

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BRÈVES DES CHAMPS Éclairage

Par DELPHINE JEANNE djeanne@terre-net-media.fr

HAUT CONSEIL DE LA COOPÉRATION AGRICOLE

Quels leviers pour une meilleure gouvernance demain ? La question de la gouvernance est devenue un point d’achoppement entre les agriculteurs coopérateurs et leur conseil d’administration. La coopération reste d’actualité, mais un travail est à mener pour redonner de la lisibilité au modèle face aux enjeux actuels.

La taille des coopératives a grossi pour répondre aux enjeux de marché, ce qui ajoute de la complexité à leur fonctionnement.

La formation : un atout pour améliorer la relation avec les coopérateurs « Il faut créer des sections territoriales pour prendre en compte les spéciicités, ajoute Gilles Bars, mais aussi aller dans les territoires pour porter l’information, dire quel marché est là, prégnant pour la coopérative. La section territoriale, c’est l’endroit où l’on est en contact direct avec l’adhérent. On y parle des spéciicités de l’agriculteur, du quotidien. » Les nouvelles générations attendent aujourd’hui autre chose de leur coopérative, conviennent les participants. « Le second enjeu,

DIMITRIS VETSIKAS/PIXABAY

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ans le cadre de ses missions renforcées par la loi dite « Egalim », le Haut Conseil de la coopération agricole (HCCA) a rédigé un guide de gouvernance destiné à favoriser les bonnes pratiques au sein des coopératives. Car, si le modèle fait l’objet de critiques, les trois quarts des agriculteurs restent aujourd’hui adhérents d’une coopérative agricole. L’un des premiers enjeux apparaît donc de renforcer le lien entre les coopératives et leurs adhérents. « Je ne pense pas que le processus se délite, indique Dominique Chargé, président de Coop de France, lors d’un débat organisé le 30 juin par le HCCA, mais notre rôle consiste à adapter notre coopérative aux conditions sociales et économiques de notre époque. L’organisation et la gouvernance vont donc évoluer par rapport aux nouvelles attentes et demandes. » Si la taille des coopératives est parfois critiquée, il ne faut pas oublier que les structures ont grossi « pour répondre aux enjeux de marché », rappelle Gilles Bars, membre du comité directeur du HCCA. Néanmoins, la taille ajoute de la complexité. « Les coopératives existent pour répondre aux besoins des coopérateurs. Il faut donc connaître ces besoins, ce qui passe par le maintien de la proximité », estime de son côté Évelyne Guilhem, présidente d’une Cuma dans l’Aude. Il est indispensable, selon cette dernière, de créer des lieux d’échanges pour recueillir les besoins des associés coopérateurs et maintenir l’animation territoriale.

c’est celui des services proposés à nos adhérents. Le niveau de formation des agriculteurs est de plus en plus élevé, les exigences sont donc de plus en plus importantes en matière de compétences », explique Évelyne Guilhem. La présidente de Cuma souligne que la formation est un véritable atout pour améliorer la relation avec les associés coopérateurs, et notamment les nouveaux adhérents qui n’ont pas nécessairement la connaissance du fonctionnement d’une coopérative agricole et de sa gouvernance. « Il faut réintéresser le jeune à cette logique, airme Dominique Chargé. Nous sommes dans un dispositif collégial, participatif, ce n’est pas la volonté d’un seul homme. » La coopérative reste le prolongement de l’exploitation, « on y investit, on est maître de la destinée de notre production », rappelle-t-il. Le rôle de la coopérative agricole consiste à accompagner les agriculteurs dans une production plus en phase – en quantité et en qualité – avec les nouvelles attentes des marchés. Si l’individualisation des projets est caractéristique des attentes actuelles, il ne faut pas oublier que la coopération établit également, comme le souligne Dominique Chargé, « une solidarité entre plusieurs productions dans un territoire, ce qui permet de passer les moments dificiles, mais aussi une solidarité transgénérationnelle : la coopérative est un outil collectif qui doit continuer à assurer l’activité agricole et économique de son territoire ». ■ JUILLET-AOÛT 2021 /

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Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr

BRÈVES DES CHAMPS Shopping BEDNAR

En vue de suivre la tendance en matière de travail du sol et de semis, Bednar fait son entrée sur la scène des outils animés avec ses herses rotatives Kator. La popularité de ce matériel n’est plus à démontrer, en particulier pour les équipements de petite taille, en combinaison avec un semoir. C’est la raison pour laquelle le constructeur entame sa collaboration avec l’entreprise italienne

Moreni, spécialisée dans la fabrication de herses rotatives. Les deux sociétés familiales espèrent trouver le partenaire idéal pour, d’un côté, fabriquer le matériel et, de l’autre, le commercialiser. La gamme d’outils animés à la couleur jaune est baptisée « Kator ». Les premiers exemplaires sont annoncés pour 2022 en versions de 3 à 6 m de largeur.

TÉLESCOPIQUES

MATÉRIEL DE SEMIS

MLT 961 NEWAG XL : LE NOUVEAU POIDS LOURD DE MANITOU

LEMKEN PASSE À L’HEURE DES CULTURES ASSOCIÉES

Manitou enrichit sa gamme de télescopiques de forte puissance en coiffant la série MLT NewAg XL par le modèle 961-160 V+ L. L’engin est capable de soulever 6 t jusqu’à 9 m de haut. Sur le marché européen, il embarque un moteur conforme à la norme antiémission Stage V développant jusqu’à 156 ch et 805 Nm de couple. Il atteint sa valeur maximale au régime de 1 350 tr/min, de quoi limiter la consommation de carburant. Pour booster ses performances et son débit de chantier, la marque a conçu un godet de 4 500 L spéciiquement pour la bête, sans oublier la technologie, le confort, la visibilité et la sécurité. Son coût de possession diminue de 500 € par an, selon le communiqué du groupe ancenien.

La trémie installée sur le semoir Solitair 9 de Lemken contient 1 850 L en version Single-Shot. Sa capacité est divisible grâce à une paroi mobile, qui compartimente le réservoir à 50-50 ou 40-60. Chaque unité alimente un doseur électrique. La réunion des deux produits s’opère via le « Y » installé en amont de la tête de répartition. Celle-ci mélange et répartit les deux produits sur le rang. En version DoubleShot, les circuits de transport des semences restent indépendants et bénéicient donc chacun d’une tête de répartition. Les tuyaux de transport pneumatique se rejoignent au niveau de chaque élément de mise en terre, l’un à l’avant et l’autre à l’arrière.

LEMKEN

MANITOU

BEDNAR

Kator : des herses rotatives de 3 à 6 m au catalogue

Textos ➜ Produits phytos et santé : le lien se précise pour six maladies graves Les produits phytosanitaires à nouveau pointés du doigt : il existe une présomption forte de lien entre l’exposition professionnelle à ces produits et six maladies graves, dont certains cancers et des troubles du cerveau, selon une vaste expertise française publiée le mercredi 30 juin 2021. ➜ Loi Egalim 2 : les PME agroalimentaires s’estiment sacrifiées Après l’adoption de la proposition de loi dite « Egalim 2 » par l’Assemblée nationale, la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (Feef) alerte sur l’oubli des spécificités des PME agroalimentaires dans les mesures qui permettent de sécuriser les tarifs. Elle rappelle aussi la nécessité de 46 /

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répercuter les coûts agricoles et ceux de transformation à la grande distribution. ➜ Climat : les forêts françaises, puits de carbone en difficulté Les forêts françaises, indispensables dans la lutte contre le réchauffement climatique, n’ont capté que les trois quarts du carbone escompté entre 2015 et 2019, s’inquiète le Haut Conseil pour le climat. Ce dernier souligne la fragilisation de ces puits de carbone essentiels. ➜ Gastronomie et terroirs : le Tour de France met l’agriculture à l’honneur Si les Français ont été éliminés de l’Euro, les amateurs de sport ont pu se rattraper avec le Tour de France, l’événement qui met généralement les agriculteurs à l’honneur. Comme tous les ans, la Fédération nationale des syndicats

d’exploitants agricoles (FNSEA) a lancé son concours « Les agris aiment le Tour » incitant ces derniers à réaliser dans les champs des œuvres de grande envergure pour donner une image positive de l’agriculture dans les territoires. ➜ Sécheresses et ressources en eau : un nouveau décret d’encadrement Le gouvernement a adopté un nouveau cadre sur l’utilisation de l’eau, notamment les prélèvements pour l’agriculture, sujet récurrent de tensions autour d’une ressource menacée par le changement climatique. Le texte prévoit l’autorisation temporaire de prélèvements supérieurs, à condition de s’inscrire dans une perspective de retour à l’équilibre quantitatif aux échéances ixées par les schémas directeurs de gestion de l’eau.


BRÈVES DES CHAMPS Le saviez-vous ?

Par LAURE SAUVAGE lsauvage@terre-net-medai.fr

EXPORT DE CÉRÉALES

Un silo supplémentaire sur le port de Dunkerque La société d’intérêt collectif agricole Nord Céréales a lancé un grand plan d’investissement. Celui-ci passe notamment par la construction d’un nouveau silo. Objectif : pérenniser ses débouchés et s’ouvrir à de nouveaux marchés.

N

NORD CÉRÉALES

ord Céréales lance un plan d’investissement de 32 millions d’euros sur les trois ans à venir. Pour cette société d’intérêt collectif agricole (Sica) détenue par les acteurs du monde céréalier des Hauts-de-France, il s’agit notamment d’accroître les capacités de stockage, de pérenniser et renforcer un outil performant en mesure d’anticiper les nombreux déis à venir. L’enveloppe allouée servira à rénover le site et surtout à construire un nouveau silo sur le port de Dunkerque. Les travaux ayant pris un peu de retard, l’outil devrait être opérationnel en 2023. « Il aura 49 000 t de capacité et apportera de la sécurité en plus de l’autre silo, qui a déjà 35 ans, détaille Joël Ratel, le directeur de Nord Céréales. L’outil visera non seulement à développer nos activités sur les marchés d’importation et d’exportation, mais également à aller en chercher de nouveaux. » Nord Céréales projette aussi d’investir dans un troisième portique de déchargement des barges, un mode de travail amené à se développer, plus économique que le camion, donc susceptible d’améliorer la compétitivité du grain à l’export. À ce titre, la structure compte sur la concrétisation de la liaison luviale Seine-Nord Europe, annoncée pour 2028. Joël Ratel signale un autre objectif, « agrandir [le] hinterland », c’est-à-dire l’arrière-pays qui reçoit et approvisionne le port en marchandises. « La provenance de nos céréales est stable : Nord, Pas-de-Calais, Picardie… L’objectif est de se développer vers l’Est et le Grand Est, avec des arrivées en train. »

Laurent Bué (à gauche) et Joël Ratel, respectivement président et directeur de la Sica Nord Céréales, prévoient d’investir 32 millions d’euros pour construire un silo supplémentaire sur le port de Dunkerque.

Leader dans l’export de céréales en Chine La campagne qui vient de s’achever est quant à elle qualiiée de « bonne surprise » au vu d’un « bilan contrasté concernant les quantités récoltées sur la campagne 2019-2020 » et des conséquences de la crise sanitaire sur l’accès aux outils de manutention. Avec 2,2 millions de tonnes (Mt) de céréales expédiées depuis le terminal de Dunkerque contre 2,8 Mt sur l’exercice précédent, le site de Nord Céréales devient le « second silo portuaire français derrière Rouen ». La Sica a exporté 1,6 Mt de blé, 612 000 t d’orge et 9 691 t de pulpe de betterave, « un petit dossier car il y a eu peu de rendement betteravier », explique Joël Ratel. Côté destinations, la Chine a encore pris de l’ampleur, faisant de Nord Céréales le « leader en céréales vers la Chine ». L’empire du Milieu a importé près de 1,64 Mt de céréales depuis Dunkerque en 2020-2021, contre 1,23 Mt en 2019-2020. « C’est un marché que nous ne connaissions pas il y a trois ans, souligne le directeur de la Sica. Cette augmentation est logique : la Chine veut reconstituer ses stocks ; la population croît et consomme des produits de plus en plus sophistiqués. » Un débouché de taille pour le blé français, donc ! ■ JUILLET-AOÛT 2021 /

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