Terre-net Le Magazine n°96

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N° 96 - JANVIER-FÉVRIER 2022 - 7 €

AGRITECHNICA INNOVATION AWARDS

Respecter le sol pour récolter des médailles nt ine contie Ce magaz ugmentée té a de la réali

DÉCRYPTAGE

COMPACTION

INTRANTS

ISSN 2112-6690

Emmanuel Macron a-t-il tenu Et si on arrêtait de matraquer La modulation de dose ses promesses ? nos sols ? se démocratise


Une innovation majeure contre le stress hydrique

GAINS JUSQU’À

200 € /HECTARE

Sécurisez vos efforts ! En gérant mieux sa ressource en eau grâce aux phytostérols, votre culture exprime tout son potentiel. 1

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Permettez à votre maïs de réduire ses besoins en eau grâce à une réduction de l’évapotranspiration. Aidez votre culture à stimuler son système racinaire et ainsi à accèder à une plus grande réserve d’eau.

Témoins - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

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www.elicit-plant.com ENTREPRISE FRANÇAISE


Revue éditée par : MEDIA DATA SERVICES

ÉDITO

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

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CIP Médias - 8, cité Paradis 75493 PARIS CEDEX 10 Tél. : 01 53 33 82 20 Media Data Services et CIP Médias sont des filiales du groupe NGPA, dirigé par Hervé NOIRET

RÉDACTION

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INFOGRAPHIE, FABRICATION

Conception graphique et maquettiste principale : Nathalie JACQUEMIN-MURTIN Responsable fabrication : Vincent TROPAMER assisté de Florian SANDOZ

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SERVICES GÉNÉRAUX, JURIDIQUE & FINANCIER

Responsable du contrôle de gestion : Céline CASSAGNE Administration/comptabilité : Valérie MARTIN Comptable général : Maxime LAPERCHE Tél. : 03 44 06 68 66

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SAS au capital de 1 500 000 € 829 606 599 RCS BEAUVAIS Pour Groupe ISA, Gérard JULIEN, directeur de la publication, Hervé NOIRET, directeur général NGPA Imprimé par RICCOBONO IMPRIMEURS – NEWS PRINT 1, boulevard d’Italie – 77127 LIEUSAINT N° 96 – janvier-février 2022 Dépôt légal : à parution - Diffusion : 70 000 exemplaires Crédits photos de la couverture : Luc Tiffay/Terre-Net Média/ Nathalie Tiers/Arvalis-Institut du végétal

Les innovations médaillées aux petits soins avec le sol

E

n ce début 2022, alors que chacun se souhaite le meilleur pour l’année qui démarre et surtout, croise les doigts pour que la planète sorte enfin de cette crise sanitaire… patatras ! Voilà que l’explosion des niveaux de contamination conduit les organisateurs d’Agritechnica à annuler l’édition prévue en février. La filière agroéquipements trépignait pourtant d’impatience à l’idée de pouvoir dévoiler ses innovations. Celles-ci se bousculaient d’ailleurs au portillon. En effet, côté nouveauté, les 163 candidatures qualifiées reçues par la DLG témoignent des surprises que le salon promettait à ses visiteurs. Robotique, digitalisation, automatisme, applications… les sujets sont variés, comme le traduisent les équipements mis en avant dans le dossier de ce numéro de Terre-net Le Mag. Une tendance se dégage du palmarès 2022 qui souligne la prise de conscience des industriels : la nécessité de respecter davantage le sol. C’est effectivement le support indispensable à toute forme de production végétale, à grande échelle. Depuis des années, innovation rime avec débit de chantier maximisé et équipements toujours plus lourds, les constructeurs s’étant efforcés de répondre à la problématique du manque de main-d’œuvre dans les campagnes. Le matériel est apparu comme la solution pour pallier le problème. Les nouvelles technologies sont venues remplacer la main de l’homme. Si seulement tout était simple dans la nature… De fait, le machinisme agricole peut même faire figure d’avant-gardiste tant il tient son rang en matière de robotisation et d’automatisation des tâches. Cependant, des freins restent à lever sur le volet réglementaire et ses implications économiques. Le contexte actuel, entre flambée des prix de l’énergie, de l’acier et des intrants, souligne aussi la nécessité de raisonner en prenant en compte le retour sur investissements. Ces derniers sont nécessaires, mais souvent très importants, ce qui suppose de tout calculer au préalable, en tenant compte de la volatilité des cours de la production agricole. Certes, des records ont été battus en 2021, mais qui sait à quel niveau de prix sera vendue la prochaine récolte ? Bonne lecture ! Sébastien Duquef

Soucieux de la préservation de l’environnement, Terre-net Média sélectionne des fournisseurs engagés dans une démarche environnementale. Ce magazine est imprimé sur du papier 100 % certifié PEFC issu de forêts gérées durablement. Les encres utilisées sont végétales. Tous les produits qui ont servi à la réalisation de ce magazine ont été recyclés ou retraités conformément à la certification IMPRIM’VERT. Origine du papier : Suisse - Taux de fibres recyclées : 52 % Certification : 2015-PEFC-SXM-117 « Eutrophisation » : Ptot 0,006 kg/t Éthique1

Éthique2

Remise des certificats d'envois postaux

Pas de publi-information dissimulée

Annonceurs & Agences

Lecteurs

JANVIER-FÉVRIER 2022 /

Le Magazine / 3


SOMMAIRE N° 96 Janvier-février 2022

P. 9 Adoptez la réalité augmentée !

Mode d’emploi

REPÈRES

6 Bon à savoir 8 Agenda 9 Adoptez la réalité augmentée !

Mode d’emploi

10 Décryptage : E. Macron a-t-il tenu

10

12

ses promesses au monde agricole ?

TENEZ-VOUS PRÊT

Et si on arrêtait de matraquer nos sols ? 18 Deux cultures par an sur la même parcelle grâce au relay cropping, pour le Ceta de Romilly-sur-Seine

ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL

TERRE-NET MÉDIA

12 TEMPS FORT

DOSSIER

20 Agritechnica Innovation Awards,

La modulation intraparcellaire des intrants se démocratise 38 Essai : le pulvérisateur Meteor R-Activ d’Évrard

ADOBE STOCK

NEWAT GMBH

30 TEMPS FORT

BRÈVES DES CHAMPS

38

la majorité des constructeurs ont tiré leur épingle du jeu 42 Le gel de fin d’année a profité aux agriculteurs 44 En 2022, restons fiers de notre métier d’agriculteur… ou pas ! 45 Éclairage : les principales nouveautés fiscales et sociales pour 2022 46 De nouvelles conditions d’emploi pour les produits à base de S-métolachlorer 48 Shopping

30 45

NATHALIE TIERS

40 En photos : crise sanitaire,

49 Sélections de matériels de seconde main Est joint à ce numéro, sur la totalité de la diffusion, un encart Farming Together

4/

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

ADOBE STOCK

ANNONCES D'OCCASION

OLIVIER JOLY

PARTAGE D’EXPÉRIENCE

18 20 CRÉDIT

respecter le sol pour récolter des médailles


PUBLI-COMMUNIQUÉ

Et si vous produisiez du gaz vert ? Valorisation de vos déchets, source de revenus complémentaires, création d’emplois locaux, production d’un engrais naturel (digestat), le gaz vert représente de véritables opportunités pour le monde agricole. De plus, de nouveaux mécanismes de financement sont en cours d’élaboration pour renforcer la rentabilité des projets. LE GAZ VERT MADE IN FRANCE

Avec 333 sites de méthanisation en novembre 2021 qui injectent dans le réseau, le gaz vert est déjà une réalité en France et se développe très rapidement (plus de 1 000 projets en cours). 90% des gisements disponibles pour produire le biométhane proviennent des agriculteurs. Le saviez-vous ? 80% des exploitations agricoles sont situées à moins de 10km d’un réseau de gaz existant. Terre agricole, la France dispose donc d’un excellent potentiel pour atteindre l’ambition d’injecter 30% de gaz vert dans les réseaux à moyen terme.

UNE ÉNERGIE 100 % RENOUVELABLE Le gaz vert, appelé aussi biométhane, est produit à partir de la dégradation des déchets organiques : effluents d’élevage, résidus de cultures, biodéchets, déchets agroalimentaires ou industriels. La décomposition de ces matières devient alors une vraie ressource puisqu’elle produit du biogaz qui, une fois épuré, devient du biométhane. Le gaz vert a les mêmes propriétés que le gaz naturel. Il peut donc être injecté très facilement dans le réseau de distribution de gaz existant et être utilisé pour le chauffage, l’eau chaude, la cuisson et même comme carburant avec le BioGNV.

UN ATOUT POUR LE MONDE AGRICOLE La méthanisation est un levier pour une agriculture durable et pérenne économiquement, avec un impact environnemental positif en contribuant à la réduction des gaz à effet de serre (GES) et à la préservation de la biodiversité. En plus du gaz vert, les méthaniseurs produisent du digestat, un engrais organique très intéressant qui permet aux agriculteurs

de réduire l’utilisation d’engrais chimiques et contribue au retour au sol des matières organiques. Un éleveur de porcs de la ChapelleJanson l’affirme : « Avec un cours du porc très fluctuant, la méthanisation est une bonne façon de se diversifier. C’est une activité complémentaire de l’élevage et des cultures. Notre lisier est disponible sur place pour alimenter l’unité de méthanisation. Le digestat produit est aussi très intéressant pour les cultures, puisqu’il vient remplacer l’engrais minéral. Cela représente une économie non négligeable de l’ordre de 30 000 € par an pour nos exploitations. »

« Cela représente une économie non négligeable de l’ordre de 30 000 € par an pour nos exploitations. »

COMMENT GRDF VOUS ACCOMPAGNE ? Principal gestionnaire du réseau de distribution de gaz en France, GRDF travaille à faciliter l’injection de gaz renouvelable dans le réseau de distribution. À ce titre, GRDF accompagne les porteurs de projet de méthanisation pour mener à bien chaque étape, de l’estimation des possibilités de production au pilotage du réseau.

Sur notre plateforme dédiée vous pouvez dès à présent : • Evaluer la faisabilité de votre projet • Visiter l’une des unités de méthanisation • Suivre l’actualité du biométhane • Échanger avec la communauté en posant vos questions sur le forum • Accéder à un carnet d’adresses de prestataires pour avancer sur votre projet.

Rendez-vous sur projet-methanisation.grdf.fr


REPÈRES Bon à savoir

Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr

INVESTISSEMENTS

Plus de 44 % des agriculteurs vont diminuer leurs investissements en 2022

TERRE-NET MÉDIA

En ce début d’année, 44,3 % des exploitants envisagent de réduire leurs investissements par rapport à l’année précédente. D’après un sondage réalisé sur terre-net.fr du 4 au 11 janvier, en 2022, les agriculteurs seront peu nombreux à faire évoluer à la hausse leurs investissements. Seuls 14,5 % envisagent une croissance de ces derniers, dont 4,2 % qui pensent les faire évoluer en forte croissance (les résultats de ce sondage sont indicatifs, l’échantillon n’a pas été redressé). Plus de 41 % ne vont rien changer par rapport à l’année dernière, mais 44,3 % vont faire évoluer leurs investissements à la baisse, et même en forte baisse pour 23,1 % d’entre eux. INFO FIRME

AGCO

AGCO EN PASSE DE RACHETER APPAREO SYSTEMS Agco vient d’annoncer être en négociation avec Appareo Systems pour un rachat. Une transaction qui permettrait au tractoriste d’élargir son offre en matière de technologies et d’intelligence artificielle pour fournir davantage de solutions intelligentes et de haute qualité aux agriculteurs. Le groupe américain souhaite investir dans l’ingénierie logicielle, le développement de matériels et la fabrication électronique. Le siège social d’Appareo Systems

PARTS DE MARCHÉ

TERRE-NET MÉDIA

Quelle marque a immatriculé le plus de tracteurs en France en 2021 ? Le bilan des immatriculations de tracteurs de l’année qui vient de s’achever compte toujours parmi les rendez-vous phares. Des premières estimations issues des données officielles du ministère de l’Intérieur (service des Immatriculations des véhicules) ont été publiées sur le site de Terre-net début janvier, quelques jours avant celles du syndicat des constructeurs. Vous l’aurez sans doute remarqué, des différences existent entre les chiffres qualifiés d’officiels par la filière tracteur et ceux annoncés par le site terre-net.fr. Et pourtant, les informations sont toutes extraites du même fichier source, celui du Système des immatriculations de véhicules (SIV) géré par le ministère de l’Intérieur. 6/

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

est installé à Fargo, dans le Dakota du Nord. La marque est spécialisée dans la recherche, le développement, la conception et la fabrication de technologies tangibles faisant appel à l’intelligence artificielle, à la mécatronique et à l’électronique innovante. Les solutions fournies sont axées sur des dispositifs de communication, de surveillance, de détection, de suivi et de contrôle utilisés dans les secteurs agricoles et dans l’aéronautique.

800 €/t

Le cours du colza s’est envolé mercredi 5 janvier sur le marché européen, passant la barre symbolique des 800 €/t à brève échéance en séance. Alors que les cours du pétrole se stabilisaient à un niveau proche de leurs sommets en plus d’un mois, ceux de l’huile de soja et du canola (colza OGM canadien) étaient en hausse. Vers 16 h 30, sur Euronext, la tonne de colza gagnait 17 € pour s’échanger à 805,25 €/t sur l’échéance de février, et à 756,25 €/t sur celle de mai, pour environ 11 100 lots échangés.


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Revystar® XL : SGH07, SGH09 - ATTENTION - H302 : Nocif en cas d’ingestion - H315 : Provoque une irritation cutanée - H317 : Peut provoquer une allergie cutanée - H319 : Provoque une sévère irritation des yeux - H332 : Nocif par inhalation - H335 : Peut irriter les voies respiratoires - H362 : Peut être nocif pour les bébés nourris au lait maternel - H411 : Toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets néfastes à long terme - EUH401 : Respectez les instructions d’utilisation pour éviter les risques pour la santé humaine et l’environnement.


REPÈRES Bon à savoir

AGENDA

EXEL INDUSTRIES

26 février au 6 mars

Salon de l’agriculture au parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris (75) www.salon-agriculture.com

Le groupe renoue avec la croissance après avoir réduit sa dette de moitié

ADOBE STOCK

Exel Industries, tombé dans le rouge l’an dernier principalement du fait de dépréciations d’actifs liées à la crise sanitaire, affiche un bénéfice net de 43,50 M€ (contre une perte nette de 10,70 M€ l’année précédente), selon un communiqué. Le chiffre d’affaires annuel est en hausse de 16 %, à

876,80 M€, contre 754,4 l’an dernier. Le chiffre d’affaires en croissance intègre l’acquisition de la société Intec en janvier 2020 et des effets de change négatifs, notamment liés au dollar américain (-11,60 M€). Les ventes sont portées par la pulvérisation industrielle (+21,9 %) et agricole (+14,7 %), sans oublier les arracheuses de betteraves, en hausse de 18,7 %. « Toutes nos activités ont été affectées par les difficultés d’approvisionnement, mais sont parvenues à maintenir un niveau de service à nos clients acceptable malgré ces disruptions de la chaîne logistique », a souligné Yves Belegaud, expliquant que le groupe avait fait face au renchérissement des coûts de production « en limitant autant que possible son effet sur la rentabilité ». « Cette année, le groupe a poursuivi la diversification de ses activités en acquérant trois marques renommées dans l'industrie nautique », a-t-il ajouté.

10 au 12 juin

Terres en fête à Tilloy-lès-Mofflaines (62) https://terres-en-fete.com

15 et 16 juin

Salon Lin’Ovation à Crosville-la-Vieille (27) www.lin-ovation.com

28 juin au 1er juillet

Plant BioProtech 2022 à Reims (51) https://plantbioprotech-2022.b2match.io

7 et 8 septembre

Innov-agri Sud-Ouest à Ondes (31) www.innovagri.com

6 au 10 novembre

Sima au parc des expositions de Paris Nord-Villepinte (93) www.simaonline.com

LA CITATION

Mon vœu le plus cher est de maintenir le Salon de l’agriculture. Évidemment, la situation sanitaire doit être prise en compte. Avec les organisateurs, nous regardons ce qui peut être fait ; on y travaille. JULIEN DENORMANDIE, ministre de l’Agriculture, en réponse à la question d’une journaliste le mardi 4 janvier

CLAAS

CLAAS

UNE CROISSANCE À DEUX CHIFFRES MALGRÉ LA CRISE SANITAIRE

8/

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

Malgré la pandémie et les difficultés d’approvisionnement, 2021 restera un bon cru pour Claas. Son chiffre d’affaires grimpe de 18,7 % par rapport à 2020, soit presque 4,8 Md€. Le constructeur allemand mise sur une stabilité de la demande dans les principales régions de distribution. Thomas Böck, PDG du groupe, précise que la marque a « atteint dans toutes les régions du monde une croissance à deux chiffres et une nette amélioration

de sa rentabilité ». Les dépenses consacrées à la recherchedéveloppement ont atteint 262 M€ en 2021 (contre 237 M€ en 2020). Une somme essentiellement axée sur les nouvelles architectures électroniques et la numérisation des processus agricoles. Les investissements sont également restés élevés avec 138 M€ (contre 131 M€ en 2020), et notamment la réouverture de « l’usine du futur » pour la production des tracteurs au Mans.


DISPARITION

AXEMA

VOLKER CLAAS EST DÉCÉDÉ À L’ÂGE DE 57 ANS

UN NOUVEAU DIRECTEUR GÉNÉRAL EN FONCTION DEPUIS LE 1ER JANVIER

AXEMA

CLAAS

Volker Claas, petit-fils d’August Claas et membre du comité des actionnaires du groupe du même nom, est décédé à l’âge de 57 ans des suites d’une maladie grave. Outre ses fonctions d’associé et de représentant de la famille, il avait un rôle opérationnel dans l’entreprise depuis 1994. Spécialiste de l’analyse des marchés, il dirigeait l’équipe depuis 2004. « Ses connaissances techniques et ses conseils, notamment dans le marketing et la distribution, étaient remarqués. Collaborateurs, clients et partenaires l'appréciaient pour son style sympathique et franc. Son décès attriste profondément sa famille, les actionnaires, la direction et tous les employés », explique Thomas Böck, PDG du groupe Claas.

Jean-François Debrosse a pris ses fonctions de directeur général d’Axema le 1er janvier. Il succède à Alain Savary, en poste depuis douze ans. Le syndicat français des acteurs industriels de la filière des agroéquipements et de l’agroenvironnement rassemble 240 constructeurs et importateurs de matériels agricoles et d’espaces verts. Pour mémoire, Jean-François Debrosse avait été nommé directeur général adjoint début 2021, afin de permettre une passation progressive. Il a profité de son année pour rencontrer les membres d’Axema, comprendre leurs attentes, connaître les acteurs clés de la filière, et ainsi en saisir les enjeux. Sans oublier d’identifier les contours de la nouvelle stratégie du syndicat, désormais validée par le conseil d’administration.

INNOVATION

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Le Magazine / 9


Par DELPHINE JEANNE djeanne@terre-net-media.fr

TERRE-NET MÉDIA

REPÈRES Décryptage

PRÉSIDENTIELLE 2022

Emmanuel Macron a-t-il tenu ses promesses au monde agricole ? Candidat à sa réélection en avril prochain, le président sortant Emmanuel Macron pourra-t-il se prévaloir d’un bilan positif auprès du monde agricole ? En cinq ans, le chef de l’État a mis en œuvre un grand nombre de mesures annoncées en 2017, sans que les agriculteurs n’en perçoivent toujours les effets.

E

n 2017, la rémunération des agriculteurs figurait dans les priorités du candidat Emmanuel Macron. Un sujet qui devait être débattu dans le cadre d’États généraux de l’a limentation, « organisés 10 /

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

dès le début du quinquennat », promettait-il dans son programme agricole. Organisés en effet dès octobre 2017, ces États généraux ont donné lieu à la loi Égalim, promulguée en 2018, qui a intégré plusieurs mesures annoncées

par le candidat : fixation d’un seuil de 50 % de produits biologiques, écologiques ou locaux dans l’ensemble de la restauration collective en 2022, séparation du conseil et de la vente de produits phytosanitaires…


1

Encore peu de résultats sur la rémunération Le président, qui souhaitait également « redonner du pouvoir aux producteurs dans la chaîne de valeur », a encouragé le regroupement en organisations de producteurs. Néanmoins, cette première loi Égalim n’a pas tenu ses promesses en matière de rémunération des agriculteurs. Conscient de cet échec, le gouvernement a promulgué en octobre 2021 une deuxième loi, dite « Égalim 2 », destinée à mieux protéger cette rémunération.

2

Investir 5 Md€ dans la transformation de l’agriculture En tête des annonces les plus emblématiques de la campagne du futur président, on se souvient aussi des 5 Md€ d’investissement destinés à transformer et à moderniser la filière agricole. L’engagement est tenu, a souligné le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, à l’occasion de ses vœux en janvier. Le plan France Relance consacre 1,4 Md€ au secteur agricole, et le plan France 2030 prévoit 2,8 Md€ pour la filière agroalimentaire. À cela s’ajoutent les investissements divers réalisés au cours des cinq ans, a rappelé le ministre.

3

Des avancées sur le foncier, à défaut d’une loi Sur le volet foncier, les agriculteurs retiendront sans doute l’annonce en 2019, par le président lui-même, au Salon de l’agriculture, d’une grande loi foncière à venir. Sur ce point, la

MOINS DE 10 % DES AGRICULTEURS JUGENT POSITIVEMENT LE BILAN AGRICOLE D’E. MACRON D’après un sondage réalisé en ligne sur terre-net.fr du 26 octobre au 2 novembre 2021, 43,5 % des agriculteurs ne constatent, à leur échelle, aucune évolution suite à l’ensemble des actions mises en œuvre par Emmanuel Macron en faveur du monde agricole. Sur plus de 2 000 répondants, 25,6 % estiment même que l’actuel chef de l’État est « le pire président qu’on ait eu pour l’agriculture », et 21,8 % émettent un avis négatif concernant son bilan agricole. Néanmoins, 6,9 % se disent à l’inverse plutôt positifs, tandis que 2,2 % d’enthousiastes considèrent Emmanuel Macron comme « le meilleur président qu’on ait eu pour l’agriculture ». [NB : Les résultats de ce sondage sont indicatifs, l’échantillon n’a pas été redressé.]

promesse n’est pas tenue. En revanche, la majorité a fait voter et promulguer en décembre dernier une loi sur la régulation de l’accès au foncier au travers de structures sociétaires. Un fonds de portage du foncier à long terme a également été annoncé, fin 2021. Sa finalité est d’aider les futurs installés qui n’en ont pas les moyens à louer des terres via un bail rural en attendant de pouvoir les acheter s’ils le souhaitent.

4

Allègement des cotisations patronales Emmanuel Macron avait également promis, pour favoriser l’emploi, de transformer le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en allègement permanent de cotisations sociales. C’est chose faite : depuis janvier 2019, ce CICE est remplacé par un allègement pérenne de 6 % des rémunérations versées pour l’année en cours.

5

Un droit à l’erreur dans la future Pac

LA FIN DU GLYPHOSATE, UNE PROMESSE NON TENUE AU BÉNÉFICE DES AGRICULTEURS Dans le domaine des promesses non tenues par le président de la République, on peut citer celle d’interdire tous les usages du glyphosate avant 2021. Il ne s’agissait pas d’une promesse de campagne, mais d’une déclaration formulée sur Twitter en novembre 2017, dans laquelle Emmanuel Macron s’engageait à interdire l’utilisation du glyphosate en France « dès que des alternatives auront été trouvées, au plus tard dans trois ans ». Finalement, le président a tempéré ses propos, promettant de ne laisser aucun agriculteur sans solution alternative et prévoyant finalement une interdiction totale en 2023. Le chef de l’État attend désormais un alignement européen sur cette question pour éviter les distorsions de concurrence aux agriculteurs français.

Autre promesse faite aux agriculteurs, celle d’introduire un « droit à l’erreur » vis-à-vis de l’administration. Introduit dans la loi Essoc de 2018, le droit à l’erreur ne s’applique pas pour les déclarations Pac. En revanche, Julien Denormandie a obtenu que sa reconnaissance soit intégrée dans le règlement horizontal de la future Pac (2023-2027).

6

Convergence fiscale, sociale et environnementale La convergence fiscale, sociale et environnementale promise par le président est encore loin d’être acquise, néanmoins, ce chantier fait partie des priorités affichées dans le cadre de présidence française de l’Union européenne.

7

Mise en place d’outils de régulation La réforme de l’Assurance récolte, actuellement au Parlement, répond en partie à la promesse de mieux protéger les agriculteurs face aux risques climatiques et de développer « des outils de gestion des risques efficaces ».

8

Assurance chômage accessible aux exploitants agricoles Depuis un décret de juillet 2019, les non-salariés agricoles peuvent avoir droit à des indemnisations chômage de 800 € par mois pendant 182 jours (sous certaines conditions), une disposition promise par Emmanuel Macron en 2017. ■ JANVIER-FÉVRIER 2022 /

Le Magazine / 11


TENEZ-VOUS PRÊT Machinisme

Par ANTOINE HUMEAU redaction@terre-net-media.fr

COMPACTION

Et si on arrêtait de matraquer nos sols ? Comment concilier débit de chantier et respect des sols ? Au-delà des quelques règles de bon sens – tel éviter d’intervenir sur une parcelle humide –, de nombreuses solutions proposées par les manufacturiers existent pour réduire l’impact des machines. Tour d’horizon.

La règle d’or : ne pas dépasser 17 t par essieu, car au-delà, le sol est compacté en profondeur.

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L

e tassement du sol occasionne des pertes de rendement systématiques de 5 à 30 % quel que soit le système, irrigué ou non (voir encadré ci-dessous). Celui superficiel, sur les dix premiers centimètres, est provoqué essentiellement par le passage de machines. En profondeur, entre 20 et 30 cm, il est dû à l’humidité du sol. « La porosité provoquée par le travail du sol crée une sensibilité au tassement », alerte par ailleurs Christian Savary, conseiller agroéquipement à la chambre d’a griculture de Normandie.

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QUEL IMPACT SUR LES CULTURES ? Le tassement en surface, sur les 25 premiers centimètres, est dommageable à la culture en cours. Selon les travaux menés dans le cadre du projet de transfert Sol-D’Phy dans les Hauts-de-France jusqu’en 2018, en culture de pommes de terre, l’enracinement est moins profond. Le cycle végétatif prend du retard et le rendement chute de 30 % sous le passage des roues. Les années sèches, le tassement de surface entraîne un défaut d’enracinement, notamment pour les racines pivotantes et les tubercules. En profondeur, les dégâts sont également préjudiciables : moins bon enracinement et productivité en baisse. Économiquement, l’impact n’est pas à négliger. D’après des tests réalisés en 2016, le rendement d’un blé de betteraves chute de 14 % dans les zones tassées au moment de la récolte. Soit un manque à gagner de 193 €/ha !

Pour réduire la pression au sol, les manufacturiers ont multiplié les innovations depuis une dizaine d’années. Les diverses solutions existantes consistent à mieux répartir la charge. Mais quelle que soit la situation, si l’on dépasse 17 t de charge par essieu sur des terres limoneuses et humides, elles sont tassées en profondeur au-delà de 30 cm. Efficacité relative des roues plus grandes ou plus larges Un pneu à grand volume d’air permet d’augmenter la surface d’empreinte au sol. Les manufacturiers en proposent désormais qui atteignent 650 à 900 mm de large pour les tracteurs de 200 à 250 ch de puissance (contre 420 à 520 mm de large en standard). Le diamètre s’étend lui aussi, certains modèles atteignent 2,15 m, voire 2,32 m chez Michelin, par exemple. « Les céréaliers constituaient la clientèle pour ces produits-là, mais désormais, les polyculteurs-éleveurs s’y intéressent également », note Jonathan Ramos, directeur technique et spécifications chez Trelleborg. Si le pneu à grand volume d’air permet de diminuer la contrainte en surface, il influence peu la propagation des contraintes en profondeur. Le jumelage : efficace et peu coûteux Le jumelage, aussi efficace que les pneus basse pression, consiste à doubler les roues sur chaque essieu, et donc la surface de contact au sol. La technique revient en vogue depuis cinq ou à

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TENEZ-VOUS PRÊT Machinisme

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Le jumelage des roues (ici lors de semis de maïs), assez efficace en conditions humides, est moins onéreux que les pneus basse pression si l’on opte pour des modèles d’occasion.

six ans, sans doute parce qu’elle est assez peu onéreuse, surtout si l’agriculteur opte pour des pneus d’occasion. « Excellent compromis entre le coût et la performance », commente Julien Hérault, conseiller indépendant en machinisme. Les adeptes

TANGUY BIDAUD

L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

Tanguy Bidaud, agriculteur sur 600 ha de grandes cultures et producteur laitier à Heuqueville (Eure)

« Jumeler ses roues, c’est le meilleur matériel » « Cela fait longtemps que l’on utilise le jumelage des roues, mais depuis deux ans, on est passé en 100 % jumelé. On a choisi cela pour le respect des sols. Et c’est aussi très adapté pour nos terrains en pente. Cela nous permet également de passer plus de puissance au sol. On a un Topdown, un déchaumeur lourd de 7 m que l’on tracte avec 370 ch, alors qu’il requiert plutôt 400 ch. On adapte la pression des pneus selon les saisons. Le principal inconvénient, c’est la circulation sur route. On est en convoi agricole avec un pick-up devant pour escorter. Malgré cela, je ne reviendrai pas en arrière. Les roues jumelées, c’est le meilleur matériel. Maintenant, il faut qu’on s’améliore sur nos pratiques, on y va trop quand c’est humide. »

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sont nombreux parmi les céréaliers du grand Bassin parisien, particulièrement pour les travaux de semis. « Si le sol est assez ressuyé, les roues jumelées sont plus intéressantes que les pneus basse pression », remarque Pascale Métais, ingénieure spécialisée sur la fertilité physique et la structure des sols chez Arvalis-Institut du végétal. Cependant, des inconvénients existent. Lorsque l’exploitant change de tracteur, il doit changer aussi son équipement. Autre point de vigilance : chaque pneu doit être identique pour avoir la même pression de gonflage, afin que le poids puisse être réparti de manière homogène. Et surtout, principal bémol : le gabarit routier. Certaines routes ne peuvent pas être empruntées. Au-delà de 3,5 m de large, le tracteur est considéré comme un convoi agricole de catégorie B, ce qui implique d’être accompagné par un véhicule pilote. Au-delà de 4,5 m, l’ensemble passe carrément en convoi exceptionnel. Les basse-pression : efficaces, mais onéreux Réduire la pression des pneus (en deçà de 1 bar) élargit la zone de contact au sol. Après les pneus standards sont apparus les pneus élargis, puis très élargis et, plus récemment, les pneus IF (improved flexion) et VF (very high flexion). Les IF sont capables de supporter 20 % de charge supplémentaire au champ et de rouler jusqu’à 65 km/h sur route. « La majorité des pneus montés sur les engins neufs en grandes cultures sont aujourd’hui des modèles de technologie IF », constate Guillaume Vidal, responsable marketing chez Michelin. Les VF, à flancs encore plus souples, acceptent une charge de 40 % supérieure à celle des


pneus standards. En situation humide, la solution est efficace à condition de réduire significativement la pression de gonflage. Ce type de pneus est apprécié notamment des céréaliers et des entreprises de travaux agricoles. D’après Julien Hérault, « ils sont plus flexibles, et aussi plus résistants dans le temps ». Mais également beaucoup plus chers à l’achat : + 53 % pour un pneu IF de taille équivalente au standard de Michelin 208 R 38, par exemple. Quant au pneu VF, son prix constitue le double de celui d’un standard. Le retour sur investissement n’est pas bien calculé, « il est difficile d’évaluer les gains en rendement », remarque Christian Savary. Outre le prix, la principale contrainte des pneus basse pression réside dans la nécessité de les dégonfler et de les regonfler selon qu’on passe de la route au champ et vice versa. Certains trouvent un compromis en les gonflant à 0,8 bar tout le temps et en roulant moins vite sur la chaussée. à

Le pneu de type VF est capable de supporter 40 % de charge supplémentaire à pression de gonflage identique. Mais il coûte deux fois plus cher qu’un modèle standard.

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MICHELIN

Avec le CTF, les passages sont archi compactés, des voies sacrifiées au profit du reste de la parcelle.


TENEZ-VOUS PRÊT Machinisme

Michelin a lancé il y a cinq ans son pneu adapté à la fois à la route et au champ baptisé Évobib. Sa surface d’empreinte augmente de 20 %.

MICHELIN

La firme Trelleborg a lancé le Pneutrac, un modèle à structure alvéolaire, « entre le pneu classique et la chenille », pour l’arboriculture et la viticulture. L’a bsence de flancs crée un effet chenille dans la répartition de la charge au sol. « Demain, la demande devrait arriver sur des plus grandes dimensions, pour les besoins de la grande culture », veut croire le directeur technique et spécifications de Trelleborg. Le pneu adapté à la route et au champ, révolution silencieuse Michelin a conçu le pneu Évobib, médaille d’or au Sima 2017, qui intègre la technologie VF et s’adapte à la route et au champ. Sa sculpture, réservée aux tracteurs de plus de 200 ch, change selon la pression de gonflage. Peu gonflé, c’est un pneu à chevrons, plus gonflé, il se transforme en pneu route. Jusque-là, la compaction du sol diminuait en allongeant la taille de l’empreinte. Avec Évobib, outre l’a llongement, l’élargissement de l’empreinte offre 20 % de surface supplémentaire en contact avec la parcelle. « C’est une évolution technologique majeure, en rupture avec le reste du marché », selon le conseiller indépendant en machinisme Julien Hérault. Le dispositif a été conçu spécifiquement pour le télégonf lage. « Le manque de démocratisation du télégonflage est la principale limite à son développement, déplore Guillaume Vidal. Côté prix, il est sensiblement plus cher. C’est sans doute l’autre frein principal, même si le

TÉLÉGONFLAGE : INTÉRESSANT DANS CERTAINES SITUATIONS

Le télégonflage permet de gonfler et dégonfler très rapidement ses pneumatiques en entrant et en sortant du champ. L’installation coûte entre 5 000 et 10 000 €.

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Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

ANTOINE HUMEAU

L’agriculteur actionne le compresseur directement depuis la cabine de son tracteur pour diminuer ou augmenter la pression de gonflage de ses pneus selon le besoin. Résultat, il optimise les performances de l’engin en matière d’adhérence au champ ou sur la route sans perdre de temps. C’est le principe du télégonflage. Avec un compresseur de haute capacité, gonfler ou dégonfler les pneus ne demande que deux ou trois minutes. L’installation est adaptée aux travaux qui enchaînent les phases champs-route. En clair, cela répond plutôt au besoin des entreprises de travaux agricoles et aux Cuma. Côté coût, comptez entre 5 000 et 10 000 €. Une somme dissuasive, d’autant plus qu’il est difficile de calculer le délai de retour sur investissement. « Pour le fermier qui sème la même parcelle pendant plusieurs heures, opter pour une installation de base s’avère plus intéressant », préconise Christian Savary, conseiller agroéquipement à la chambre d’agriculture de Normandie. Regonfler grâce au compresseur du tracteur demande entre dix et quinze minutes. « Pour celui qui fait beaucoup d’épandage, par exemple, ou de transport, mieux vaut choisir une solution de télégonflage équipée d’un compresseur indépendant, ajoute-t-il. Son débit varie de 2 000 à 4 000 L/min, c’est donc très rapide. »


L’AVIS DE L’EXPERT

JULIEN HÉRAULT

Julien Hérault, consultant indépendant en agroéquipement

« Le système a plus d’impact que les solutions technologiques »

« Les premiers facteurs de compaction sont la charge par essieu, l’humidité du sol et le taux d’argile. Toutes les solutions techniques existantes sont importantes pour réduire le tassement du sol, mais elles ne corrigent pas la compaction en profondeur, ou très peu. Si on veut cesser de tasser, il faut stopper le trafic ! Le système a plus d’impact que la technologie. En clair, si je passe en tout enrubanné au lieu d’une récolte ensilée, j’ai davantage de résultats qu’en faisant appel à une entreprise de travaux agricoles qui fait du télégonflage. Cela fait quarante ans que le débit de chantier est le premier critère de choix, à l’achat d’une machine. En contrepartie, on a peu à peu défoncé les terres. Sur les limons profonds des plaines céréalières, elles sont compactées sur plusieurs dizaines de centimètres. »

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manufacturier assure qu’il n’est “que 20 % supérieur” à celui d’un pneu VF. » La chenille : efficace en surface pour les charges lourdes La chenille constitue la solution qui apparaît comme imbattable pour compacter le moins possible en surface, mais qui demeure peu répandue hormis sur les prospectus ou sur certaines machines automotrices. Elle intervient en dernier recours lorsqu’il s’agit de passer avec de grosses charges. Le dispositif augmente très sensiblement la surface d’empreinte et limite significativement le tassement de surface. Pas celui en profondeur. Il est surtout valable sur terre meuble, pour des travaux d’épandage en sortie hiver et de reprise de travail du sol. À partir de 30 cm, aucune différence significative n’est observable entre la chenille et le pneu. C’est le résultat d’un essai mené dans les Hautsde-France avec une arracheuse de betteraves sur sol limoneux humide par l’association de transferts de résultats Agro transfert. « CTF », quèsaco ? Dernière solution : le controlled traffic farming (CTF). Le principe est simple, tous les chantiers sont effectués en utilisant l’autoguidage, qui a pour mission de faire passer le matériel toujours dans les mêmes empreintes. Il faut évidemment une installation RTK, ainsi que des outils ayant tous la même largeur de travail (ou un multiple). Les passages sont archi compactés, ils sont donc sacrifiés au profit du reste de la parcelle. Le CTF permet de concilier débit de chantier et conservation des sols. En Australie et en Amérique du Nord, la technique émerge, mais pas en France, le parcellaire n’étant pas adapté. Nos champs sont trop petits et surtout, l’équipement est hors de prix, car il faut que l’exploitant renouvelle son parc machines ou a minima modifie ses outils. Installer un élargisseur de voie pour obtenir la même distance entre les deux roues d’un essieu coûte très cher. ■

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Par SOPHIE GUYOMARD sguyomard@terre-net-media.f

TENEZ-VOUS PRÊT Cultures RELAY CROPPING

ADOBE STOCK

La technique du relay cropping consiste à semer la seconde culture alors que la première est toujours en place afin d’optimiser le passage de relais dès la récolte de la céréale.

Le Ceta de Romilly-sur-Seine produit et récolte deux cultures par an Le relay cropping consiste à produire et récolter deux cultures en un an sur la même parcelle. La technique implique de semer la seconde culture dès l’épiaison de la première. Depuis 2020, le Ceta de Romilly-sur-Seine (Aube) étudie les atouts de ce procédé, notamment pour alimenter le méthaniseur.

E

n France, la loi fixe le plafond de culture principale pouvant entrer dans la ration d’un méthaniseur à 15 %. Impossible d’aller au-delà. En revanche, les cultures intermédiaires peuvent être utilisées sans limite de quantité. C’est ce qui a conduit le Ceta de Romilly-sur-Seine à s’intéresser aux cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) d’été. Les périodes de sécheresse, récurrentes sur le secteur, ne simplifient pas la tâche en matière d’implantation des cultures. « Semer une Cive début juillet ne fonctionne en moyenne qu’un an sur quatre dans la région, quand la pluie est avec nous, 18 /

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témoigne Sébastien Vatin, conseiller agricole au Ceta de Romilly-sur-Seine. Il a donc fallu anticiper la date de semis de la Cive d’été, et le seul moyen a été de faire cohabiter cette dernière avec la culture précédente grâce à la technique du relay cropping. » Anticipation et organisation Lors de la dernière campagne, 5 ha d’essais en bandes ont donc été mis en place à la SCEA Ferme du Rhuez, chez Martin Neeser, agriculteur à Droupt-SaintBasle (Aube) et vice-président du Ceta. Comme le précise Arvalis-Institut du végétal, « le relay cropping se réfléchit dès le semis de la céréale en anticipant les

futures interventions. L’a rchitecture de semis doit tenir compte du matériel qui sera utilisé pour semer la culture d’été [...] et de la moissonneuse-batteuse qui récoltera la céréale ». L’orge d’hiver a ainsi été implantée à 175 graines/m² à l’aide d’un semoir type céréales de 15 cm d’écartement entre rangs. Deux rangs sur quatre ont été bouchés. « Si on avait fermé seulement un rang sur trois, la lumière aurait manqué, explique l’agriculteur. L’orge d’hiver, par rapport au blé, libère la parcelle environ quinze à vingt jours plus tôt, la plante relais a ainsi rapidement accès à davantage de lumière. Sans compter que sa hauteur de


Quels résultats ? Au moment de la récolte de la céréale, l’agriculteur doit veiller à son dispositif afin

CETA DE ROMILLY-SUR-SEINE

d’éviter d’endommager les plantes relais. Martin Neeser a choisi d’équiper sa coupe de patins Flexxifinger pour ne pas scalper les tournesols, maïs et sorgho. « Question rendement, la récolte d’escourgeon est inférieure de 20 % aux bandes témoins en plein », précise le conseiller du Ceta. La Cive, qui a bénéficié de l’irrigation, a été ensilée le 29 octobre 2020. Résultat : 9 t de MS/ha en sorgho et 6,5 t en maïs. Le choix d’ensiler la totalité de l’essai le même jour s’est fait par souci de simplification et de limitation des coûts. Pour le tournesol, la date s’est avérée trop tardive. Des premiers résultats plutôt satisfaisants, qui ont encouragé les exploitants à conduire de nouveaux essais durant la campagne suivante, sur 38 ha cette fois-ci. Parmi les principales pistes d’étude : augmenter la densité de semis de la céréale d’hiver afin de limiter la baisse de rendement, tester le semis des parcelles avec une orientation est-ouest pour limiter les effets d’ombrage, essayer le nouveau prototype de semoir conçu par Horsch, etc. ■

En augmentant la distance entre rangs, l’agriculteur peut semer la seconde culture sans trop dégrader celle en place.

Dès que la céréale est récoltée, la culture relais bénéficie de davantage de lumière pour se développer, son démarrage est rapide.

CETA DE ROMILLY-SUR-SEINE

tige facilite la récolte, comparée à celle de l’orge de printemps. » Côté Cive, trois cultures ont été testées : du tournesol à 85 000 pieds/ha, du sorgho à 230 000 graines/ha et du maïs à 110 000 graines/ha. Compte tenu de la date de semis, le choix s’est porté plutôt sur des variétés précoces. Le semoir utilisé est un prototype mis au point par Horsch. « C’est un modèle porté, avec des éléments Avatar modulables et mobiles sur la poutre, et une distribution électrique facile à régler », précise Sébastien Vatin. « L’intervention a connu quelques difficultés. Les sols resserrés dus aux fortes pluies hivernales et à la sécheresse n’ont pas facilité la pénétration des disques. Il aurait fallu fissurer la terre grâce à des dents pour la restructurer avant de semer », note l’expert. Des informations rapportées à Étienne de Saint-Laumer, chef produit de la marque en charge du sujet.

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Le Magazine / 19


DOSSIER Même si le virus a eu raison du salon de Hanovre, pas question de le laisser mettre à mal l’évolution technologique du matériel agricole. Automatisation, robotisation, numérisation, préservation des sols… le palmarès des Agritechnica Innovation Awards 2022 parle de lui-même !

AGRITECHNICA INNOVATION AWARDS

RESPECTER LE SOL POUR RÉCOLTER DES MÉDAILLES 20 /

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LUC TIFFAY

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Le Magazine / 21


DOSSIER

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

AGRITECHNICA

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lors que 2022 devait être synonyme de redémarrage pour Agritechnica, la DLG, société allemande organisatrice du salon de Hanovre, a finalement annoncé l’annulation de l’évènement. Habituellement organisé au mois de novembre les années impaires, celui-ci avait déjà été reporté à cause de la pandémie de Covid-19. Il devait se dérouler en février, mais la récente et rapide vague de propagation du variant Omicron a finalement conduit les dirigeants à rebrousser chemin, décision officiellement annoncée le 13 décembre dernier, après qu’une série de constructeurs – dont John Deere, JCB et Joskin –, eut annoncé leur retrait pour 2022. Seule certitude, ce n’est certainement pas un virus qui va

empêcher la filière agroéquipement d’innover ! Les bureaux d’études planchent pour offrir des solutions aux agriculteurs afin qu’ils soient capables de répondre aux enjeux environnementaux, agronomiques et sociétaux. Les Agritechnica Innovation Awards ont donc été maintenus et le palmarès dévoilé pour récompenser le travail des firmes. 17 médailles – 1 d’or et 16 d’argent – ont ainsi été distribuées. Le podium souligne la prise de conscience des constructeurs face à la nécessité de préserver davantage le capital sol et de mettre fin à l’obsession du débit de chantier toujours plus important. En effet, le manque de main-d'œuvre et la concentration des exploitations demandent sans doute une force de frappe plus importante, mais la compaction limite la productivité du sol. Effet inverse de celui recherché par le fermier…

NEXAT GMBH

En travaillant sur 14 m de large, le Nexat préserve 95 % de la surface du tassement du sol.

NEXAT : LE PORTE-OUTIL DE 14 M DE LARGE Nexat rafle l’or grâce à son porte-outil de 1 090 ch qui a suscité beaucoup de curiosité au sein des membres du jury. Son nom est l’acronyme de « Next Generation Agriculture Technology ». L’engin intervient quel que soit le travail à effectuer, dès lors qu’il concerne la production végétale, du travail du sol à la récolte en passant par le semis et la protection phytopharmaceutique. Différence notable avec la tendance actuelle : les outils sont portés plutôt que tractés. En cause, la productivité de l’ensemble qui serait supérieure à celle d’un attelage tracteur classique. Sans compter que selon la marque, 95 % de la surface du champ n’est plus foulée par les trains de chenilles sur sa version de 14 m, soit un gain de potentiel de rendement. Voir les images de l’engin en action.

L’appareil est conçu tel un robot, il est autonome et sa cabine pivote à 270° pour accroître la visibilité de l’opérateur. Au champ, il fonctionne de façon automatique et sur route, c’est l’agriculteur qui prend les commandes. Les outils sont attelés entre les quatre trains de chenilles électriques. Ceux-ci pivotent à 90°, de manière à permettre le déplacement sur route en restant au gabarit autorisé. Point de vue motorisation, deux blocs diesels indépendants 22 /

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l’un de l’autre fournissent chacun 545 ch, ce qui est suffisant pour entraîner les deux générateurs produisant l’électricité nécessaire à alimenter les organes fonctionnant à partir de cette énergie. Selon le constructeur, la version « pile à combustible » devrait prochainement compléter l’offre pour répondre aussi aux contraintes écoenvironnementales. Pour moissonner, il suffit d’atteler le module de récolte baptisé « Nexco ». Il promet de ramasser entre 130 et 200 t/h, et pour atteindre un tel débit de chantier, le rotor axial de 5,8 m de longueur est installé perpendiculairement au sens de la marche. Ainsi, le flux de récolte est introduit au centre du rotor, qui le divise en deux. C’est ce qui explique le débit de battage quasiment deux fois plus élevé qu’avec une machine traditionnelle. La paille est également mieux répartie grâce aux deux broyeurs qui assurent la répartition. Une sorte de double machine, deux modèles de 7 m soudés les uns aux autres. La trémie embarque jusqu’à 36 m3 de récolte, ce qui rend la remorque de transfert obsolète. Il suffit de vidanger directement en bout de champ, à raison de 600 L/s, soit moins d’une minute pour décharger. Autant dire que ça dépote !


DÉCHARGEMENT AUTOMATIQUE CHEZ KRONE Sur les 163 candidatures, 16 ont reçu une médaille d’argent. Krone a été récompensé pour sa fonction de déchargement « Exactunload » disponible sur sa gamme de remorques à fond tirant GX. En clair, l’opérateur entre la distance sur laquelle il souhaite vider le contenu de sa benne directement sur l’écran du terminal Isobus et l’automatisme s’occupe du reste. La vitesse de déchargement du fond tirant est calculée selon la distance indiquée, une alerte avertit le conducteur dès qu’il doit avancer. La vitesse de vidange peut aussi s’adapter à celle d’avancement du tracteur. Confort et sécurité devraient constituer des arguments forts pour promouvoir la méthode : le conducteur reste focalisé sur sa manœuvre et surveille le périmètre de la machine, plus besoin de rester concentrer sur la vidange. L’Allemand équipera d’abord les GX de 44 et 52 m3. Un tambour de démêlage pourra être ajouté si besoin. Le tapis tissé

KRONE

Les autochargeuses Krone GX déchargent automatiquement et sur la distance demandée par l’opérateur.

du fond sera tracté par deux chaînes de haute résistance et la paroi avant transparente par deux moteurs. Pendant le déchargement, l’ensemble sera amené vers la porte arrière grâce aux chaînes, ce qui ne comprime pas la récolte et garantit la régularité du débit de vidange.

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Le Magazine / 23


DOSSIER AGRITECHNICA

CLAAS

TERRANIMO INFORME DU RISQUE DE TASSEMENT

L’écran du terminal doté de la solution Terranimo affiche le risque de tassement sur trois couches du sol et met à jour l’information automatiquement dès qu’un paramètre est modifié.

Chez Claas, c'est une fonction interactive intégrée capable de protéger les sols qui a été récompensée. Le terminal du tracteur évalue lui-même le risque de tassement et l’indique à l’opérateur. Le système, baptisé Terranimo, ne représente aucune charge de travail supplémentaire pour le conducteur. Il lui suffit de sélectionner l’outil attelé et, en recoupant les données de l’assistance du Cemos avec celles de Terranimo, l’électronique simule le tassement possible. Dès qu’un paramètre est modifié, par exemple la pression de gonflage des roues, l’installation met à jour l’information et recalcule le risque de tassement sur les trois couches du sol.

CONTINENTAL NE MANQUE PAS D’AIR

Grâce au fluide Agro ContiSeal, l’agriculteur ne craint plus la crevaison.

Chez Fendt, c’est le système de filtre à air autonettoyant qui a séduit. Tous les modèles de tracteurs des gammes 900 Vario et 1000 Vario en bénéficient, autrement dit les engins de 296 à 517 ch de puissance. La technologie semble très prisée par les exploitants agricoles des zones à sol sec, soit principalement en Amérique du Sud et en Australie. La commande automatique évite à l’opérateur de s’arrêter pour nettoyer le filtre, la tâche s’opère toute seule à intervalle régulier. Ceux qui optent pour l’option installée d’usine profitent aussi de l’aspiration continue de la poussière. Toutes les trente secondes, le filtre est nettoyé par soufflage. À deux reprises, il est nettoyé avec un pré-cycle et un post-cycle de 10 secondes. Pour y parvenir, l’installation dispose de son propre réservoir d’air comprimé (12 bar) et d’une électrovanne pilotant le flux. Grâce à ce système, la durée de vie de la cartouche filtrante spécialement développée pour est de deux ans.

FENDT

Plus besoin de se préoccuper du nettoyage du filtre à air dans les ambiances de travail poussiéreuses, le tracteur équipé du dispositif Fendt gère automatiquement et à intervalle régulier.

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L’AVIS DE L’EXPERT

ROMAIN LUCAS

LES TRACTEURS FENDT NE MANQUERONT PLUS D’AIR NON PLUS

CONTINENTAL

Continental, pour sa part, a reçu une médaille d'argent pour sa solution anti-crevaison. Clou, piquet de métal, pierre… les obstacles pouvant endommager les pneus sont nombreux. Grâce à l’Agro ContiSeal, le manufacturier met fin à la crevaison. Le pneu contient du polymère breveté qui bouche aussitôt la moindre fuite d’air. « Crever peut vite coûter cher… L’Agro ContiSeal permet à l’engin de continuer de circuler même avec une perforation due à un objet dont le diamètre peut atteindre 12 mm. Gain de temps et d’argent à la clé ! » indique Benjamin Hübner, responsable des pneus agricoles pour la marque.

Romain Lucas, responsable produit tracteurs et télescopiques chez Fendt

« Automatiser le nettoyage du filtre à air multiplie sa durée de vie par 10 » « Notre système de filtration d’air automatique répond aux problématiques du Brésil et plus largement de l’Amérique du Sud. Leurs terres rouges très fines remplissent les filtres à air vitesse grand V. Avec notre dispositif, les poussières sont évacuées sans intervention humaine et sans avoir à stopper le tracteur. Quelle que soit l’utilisation, inutile de démonter pour passer la soufflette, ce qui allonge les intervalles de nettoyage et surtout, multiplie la durée de vie du filtre par 10 ! En Europe, ce sont plutôt les engins effectuant des travaux publics ou forestiers, voire des opérations à la chaux, qui sont visés. Sans oublier les équipements dont les plages de fonctionnement sont longues, les tracteurs qui tournent en 2/8 ou 3/8. Le temps réservé à l’entretien est souvent faible. Pour un constructeur, être médaillé d’argent aux Agritechnica Innovation Awards est une belle mise en avant qui souligne le savoir-faire et la capacité d’innovation de la marque. Fendt offre un concept intéressant et utile pour les clients et l’entretien de leurs montures. »


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DOSSIER AGRITECHNICA Le système Müthing combine un outil pour semer et un broyeur à axe horizontal.

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Müthing combine un système de semis et un broyeur à axe horizontal. La rangée de dents à ressort forme un peigne qui répartit la paille et génère de la terre fine. Juste derrière la partie broyeur, la rampe de semis dépose les graines sur le lit de

semence. Et enfin, le rouleau à prismes émiette les mottes de terre et fait remonter l’humidité du sol. En clair, moins de passages grâce à du travail simplifié et des outils combinés. Le sol en profite, la facture carburant aussi, et donc l’environnement.

AFFICHER LA PORTANCE DU SOL SUR SON TÉLÉPHONE

RAUCH

Toujours au rayon préservation du sol, Rauch, la filiale allemande de Kuhn, a été salué pour sa solution Terraservice, une technologie développée en collaboration avec des spécialistes suisses du numérique d’Agricircle. La capacité portante du sol est affichée sur des cartes numériques, zone par zone. L’application récupère les données du satellite Sentinel qui détermine leur taux d’humidité. Les algorithmes et l’IA (intelligence artificielle) traitent celles-ci à l’aide de modèles météorologiques et pédologiques. L’agriculteur bénéficie en permanence d’une

information à jour quant à la portance du sol. Il lui suffit de saisir les informations relatives au poids et aux pneus de sa monture et de l’outil attelé directement sur le site Internet ou via son smartphone. Le service compare la portance avec la pression exercée par la machine pour en déduire l’aptitude au trafic sur chaque zone de 10 m par 10. La couleur verte indique les endroits praticables, l’orange ceux où rouler est risqué et le rouge les zones où les dommages seront irréversibles. Au final, des trajets économisés et donc du carburant. En particulier au printemps, saison des épandages d’engrais où les fenêtres d’intervention sont souvent courtes. Sans parler du risque de s’enliser qui n’existe plus. En couplant ce système au téléguidage, le tracteur est même capable d’éviter les zones non porteuses.

Le Terraservice de Rauch permet à l’agriculteur de recevoir en permanence directement sur son smartphone une information à jour quant à la portance du sol.

QUAND LA BINEUSE CONDUIT LE TRACTEUR Le désherbage mécanique aussi bénéficie de travaux de modernisation. Mais le coût et le débit de chantier restent souvent pointés du doigt. Pour se détacher du lot, la bineuse Photoheyler de Heinrich utilise des rotors électriques, fixés en biais par rapport aux rangs semés. L’outil attelé à l’avant du tracteur ne bénéficie pas d’un châssis coulissant mais de caméras capables de piloter les roues du tracteur et de la bineuse simultanément. Avec plus de 1 ha/h en 12 rangs de betteraves, le débit de chantier attire l’attention.

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Voir la bineuse en action. HEINRICH

La bineuse frontale Photoheyler prend les commandes du tracteur et ne bénéficie donc pas d’un châssis pivotant, ce qui augmente son débit de chantier.

Seul impératif : semer avec un semoir monograine de grande précision de sorte que les plantes soient parfaitement implantées en quinconce – ce qui autorise au passage la pulvérisation ultraciblée.

MÜTHING

SEMER AVEC UN BROYEUR, ET POURQUOI PAS ?


164

ARROSAGE AUTOTRACTÉ CHEZ FASTERHOLT L’irrigation a également droit à ses innovations, comme l’arroseur mobile Fasterholt, qui combine un enrouleur et une rampe aluminium de 66 m de large. La bobine avance seule, sans intervention du tracteur puisqu’elle est autotractée. Le dispositif embarque jusqu’à 1 km de tuyau. Ne subissant pas de force de traction, ce dernier est repris et enroulé directement au sol.

Petit bémol : le poids élevé de l’équipement qui, évidemment, s’alourdit au fur et à mesure que le tuyau revient sur le support. Les 10 tronçons de la rampe sont alimentés indépendamment et une fonction de Section Control est annoncée par le fabricant. Objectif : ne plus arroser les parcelles voisines en évitant le recoupage.

FASTERHOLT

La bobine de l’enrouleur Fasterholt peut embarquer jusqu’à 1 000 m de tuyau.

En 2022, la DLG, la société organisatrice d’Agritechnica, a reçu 164 dossiers de candidature pour participer au concours de l’innovation agricole qu’elle organise à l’occasion du salon. Pour gagner une médaille, la machine (ou le dispositif) doit présenter un nouveau concept ou une technologie nettement améliorée dont l’objectif est de faciliter le travail quotidien de l’exploitant. Les critères décisifs sont le confort et la simplicité d’utilisation, ainsi que les intérêts économiques et environnementaux de la solution. Une commission composée d’experts, de scientifiques, de chercheurs et de conseillers décide des lauréats.

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Le Magazine / 27


DOSSIER AGRITECHNICA

UNE TÉLÉCOMMANDE POUR PILOTER LES ROBOTS À DISTANCE Les machines autonomes deviennent réalité en agriculture, ce qui a conduit Reichhardt GmBH à candidater pour sa télécommande intégrée nommée « SIS Remote ». Piloter à distance les robots autonomes via la télécommande et l’Isobus ? C’est possible et en termes de sécurité, le système répond aux obligations réglementaires en vigueur. Pour l’heure, le dispositif existe pour piloter le porte-outil à chenilles destiné à entretenir le paysage. En intégrant le module Smart Farming sans fil dans la commande sécurisée, la correction RTK du signal GPS et l’autoguidage, le module complète les processus déjà automatisés et rend l’utilisation des outils plus sûre. REICHHARDT

Pilotez le robot grâce à SIS Remote. Grâce à la télécommande intégrée SIS Remote, l’opérateur prend les commandes du robot à distance et connaît sa position en temps réel.

CHEZ ROSTELMASH, PLUS QUESTION DE DORMIR AU VOLANT Les constructeurs essaient également d’améliorer la sécurité liée à l’utilisation des machines. À l’image du Russe Rostelmash, qui installe un système intelligent de surveillance permanente du conducteur pour lutter contre l’endormissement. Il faut dire qu’à force d’automatiser, l’opérateur devient secondaire… Nom de code : RSM Ok ID.

Autre avancée notable, côté pulvérisation, le dispositif d’injection directe d’Amazone baptisé « DirectInject ». En soi, la solution n’est pas nouvelle, mais l’Allemand est le premier constructeur à l’installer sur un modèle de série. Le principe est simple : le pulvérisateur traite spécifiquement, en plus de la bouillie standard et au cas par cas. Le second circuit, contenant la bouillie et le produit supplémentaire, prend le relais aussitôt que la fonction est activée par l’opérateur depuis la cabine. Fini la pulvérisation en plein systématiquement. La quantité de produit économisée devrait directement se ressentir sur la marge. En outre, le nombre de passages diminue, à une période où le terrain n’est pas toujours très praticable. Lire le descriptif complet sur le site du constructeur. 28 /

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DirectInject permet de traiter spécifiquement, en plus de la bouillie standard, et au cas par cas.

AMAZONE

DIRECTINJECT PULVÉRISE À LA DEMANDE

ROSTELMASH

En surveillant en permanence l’opérateur, le système RSM Ok ID détecte son comportement et l’avertit en cas d’endormissement.


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PARTAGE D'EXPÉRIENCE Cultures

Par NATHALIE TIERS redaction@terre-net-media.fr

NATHALIE TIERS

Dans le diagnostic potentiel des sols proposé par Be Api, des profils culturaux sont réalisés par zone identifiée et analysés par un pédologue.

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AGRICULTURE DE PRÉCISION

La modulation intraparcellaire des intrants se démocratise De plus en plus d’agriculteurs se lancent dans la caractérisation intraparcellaire des sols dans le but de moduler les intrants, en particulier les engrais. Les économies et gains de rendement éventuels, et donc le retour sur investissement, dépendent beaucoup de leur situation initiale. Dans tous les cas, l’outil est un moyen d’améliorer la connaissance des sols et la justification des pratiques.

«L

e rendement d’une culture s’explique à 70 % par la fertilité et le potentiel des sols, c’est pourquoi nous proposons deux diagnostics, un fertilité et un potentiel », explique Laurent Maillard, responsable réseau de la société Be Api, créée par

la Coopération agricole. En 2021, il a constaté un bond des ventes de services liés à l’a nalyse des sols. Développés dans 28 coopératives, ceux-ci représentent désormais 180 000 ha pour le diagnostic fertilité et 50 000 ha pour le diagnostic potentiel.« Pour

le diagnostic fertilité, nous reconstituons l’historique de la parcelle à l’aide des cartes IGN depuis 1947 afin de découper des micro-parcelles de 80 ares en moyenne, détaille-t-il. Puis nous prélevons 18 carottages par micro-parcelle afin de réaliser des analyses de sol. à

JANVIER-FÉVRIER 2022 /

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PARTAGE D'EXPÉRIENCE Cultures

Le rendement d’une culture s’explique à 70 % par la fertilité et le potentiel des sols

NATHALIE TIERS

Maillard. L’équipement n’est plus un frein : il a pris de l’avance et la technologie est très souvent déjà disponible dans les exploitations, Cuma et ETA. En zone céréalière, 80 % des agriculteurs ont accès à un distributeur d’engrais permettant de moduler la dose. Le surcoût à l’achat est de l’ordre de 8 000 à 10 000 € et le marché de l’occasion se développe. »

La carte de mesure de la conductivité électrique révèle des profondeurs de sol variées, confirmées par les profils culturaux.

La cartographie ainsi élaborée permet de moduler à l’intérieur de la parcelle les apports de phosphore, potassium, magnésium et chaux. » Quand le sol est bien pourvu, des impasses sont possibles. Pour les zones en carence, en revanche, investir dans la fertilisation est conseillé. L’actualisation de la carte d’une année sur l’autre se fait en capitalisant les apports réalisés.

D’après le responsable, cette modulation permettrait un gain de 30 à 60 €/ha lié à l’homogénéisation des rendements et à d’éventuelles économies. « Quelles que soient la coopérative et la région, le retour sur investissement est en moyenne de trois ans, sachant que le diagnostic fertilité coûte 88 €/ha, auxquels s’ajoutent 7 €/ha de conseil annuel, indique Laurent

Différencier les objectifs de rendement Quant au diagnostic potentiel des sols, son objectif est d’estimer la profondeur et la réserve utile en eau des sols en mesurant la conductivité électrique. « Il se justifie dans les parcelles hétérogènes, souligne Laurent Maillard. À partir du zonage, des profils culturaux sont positionnés et analysés par un pédologue. La cartographie du potentiel est ensuite utilisée pour moduler la densité de semis. En maïs, on raisonne celle-ci en fonction de la réserve utile en eau. Dans les régions à

ARVALIS-INSTITUT DU VÉGÉTAL

L’AVIS DE L’EXPERT

Caroline Desbourdes, spécialiste agriculture de précision, Arvalis-Institut du végétal

« Ne pas trop attendre des cartes de caractérisation des sols »

« La mesure de la résistivité consiste à envoyer un courant électrique dans le sol. La résistance au passage de ce courant est liée à la profondeur du sol. Cette information est traduite en réserve utile en eau, bien que ce ne soit pas si simple. Elle permet à l’agriculteur d’améliorer la connaissance de ses parcelles, mais il n’y a pas de lien entre ce zonage et la répartition des éléments minéraux ; celle-ci vient de l’historique en termes de pratiques culturales (apports, etc.). Dans 10 parcelles où nous avons réalisé 10 analyses de sol par hectare, moduler les apports de P et K présente un intérêt économique lorsque la rotation comprend une culture exigeante comme la betterave ou la pomme de terre, mais pas dans une rotation de cultures à faible exigence (blé, colza). Dans le cas de la fertilisation

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Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

azotée du blé tendre, il est important de rappeler que le facteur limitant au moment de la mesure peut être le sol (2e apport) ou la plante (apport tardif). Cela implique des caractérisations et donc des coûts différents. Lors de l’apport tardif, l’ajustement de la dose vient de l’outil de diagnostic et non de l’outil de modulation. En blé, à condition que le diagnostic en fin de cycle soit fait à la fois sur les mesures de biomasse et de teneur en chlorophylle [cf. Farmstar], on peut espérer un gain de 2 q/ha, selon nos essais. Ce gain est identique lorsque la modulation est réalisée à la fois sur l’apport tardif et sur le deuxième apport. Quant aux cartes de rendement, elles se superposent rarement à celle de résistivité, à l’exception des années où est implantée une culture de printemps en année sèche, car le facteur principal est alors la réserve utile en eau. »


Vous faites avancer l’agroécologie.


PARTAGE D'EXPÉRIENCE Cultures

Bruno Bordier, agriculteur à Sancheville (Eure-et-Loir)

« J’économise 1 000 € sur 30 ha dès la première année »

« Je produis du blé tendre, du blé dur, du colza, du maïs, de l’œillette, des pommes de terre et des betteraves sur 100 ha. Mon matériel est en commun avec mon frère et nous avons acheté un épandeur avec modulation en 2016. L’hiver dernier, j’ai investi 79 €/ha sur 30 ha pour le diagnostic fertilité Be Api proposé par la Scael. J’apporte du phosphore tous les ans sur l’ensemble de mes terres, ainsi que 150 kg/ha de potasse sur maïs, colza, œillette et 500 kg/ha sur pomme de terre et betterave. Ces deux cultures sont exigeantes, donc il faut éviter les carences. Grâce aux cartes de modulation, je peux réduire mes apports dans certaines zones. Dès 2022, j’économise 35 €/ha. Sur pomme de terre, la dose de potasse oscillera entre 80-100 kg et 200-250 kg. Sur maïs, je vais faire l’impasse. Cet hiver, j’ai commandé des diagnostics fertilité sur 45 ha de plus. »

NATHALIE TIERS

80 % de carences en phosphore en Beauce En Eure-et-Loir, la coopérative Scael a développé les services Be Api sur 10 000 ha, dont une majorité de

L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

BRUNO BORDIER

où la culture est développée, les ETA commencent à être équipées pour moduler l’apport au semis. En céréales, il faut prendre en compte l’horizon de surface dans l’objectif d’obtenir une levée homogène. La distribution électrique permettant la modulation devient standard sur les semoirs à céréales vendus aujourd’hui. » Avec les cartes de potentiel, moduler les apports d’azote dès le début du cycle s’avère possible, en différenciant les objectifs de rendement à l’intérieur de la parcelle. Les apports d’azote de fin de cycle sont en revanche pilotés non plus en fonction du potentiel du sol, mais en fonction du développement végétatif de la culture. Le service Farmstar, basé sur l’imagerie satellitaire, est de loin le plus utilisé (13 000 agriculteurs, 76 000 parcelles, 600 000 ha). À partir de la réflectance de la lumière par les cultures, il calcule la biomasse (blé, colza) ainsi que la teneur en chlorophylle (blé), et donc les besoins en azote. Le diagnostic potentiel des sols de Be Api (valable à vie) coûte 62 €/ha, auxquels s’ajoutent 5 à 7 €/ha de conseil annuel pour la modulation du semis, et 7 à 14 €/ha de conseil annuel pour la modulation de l’azote. « Le bénéfice lié aux économies de semences et aux gains de rendement est de 10 à 20 €/ha en céréales et 30 à 50 €/ha en maïs, estime Laurent Maillard. Pour la modulation de l’azote, il est habituellement de 20 à 50 €/ha, ce qui équivaut avec les tarifs actuels à 40-100 €/ha. »

« Les cartes de rendement ne sont pas l’entrée de l’agriculture de précision, comme on a pu le croire, mais la sortie, indique Laurent Varvoux, de Terrena. Elles permettent d’observer l’effet de la modulation intraparcellaire des intrants, et éventuellement d’affiner les contours des zones définies par Fertilio e-RM. »

à

FARMSTAR : LES GAINS OBSERVÉS CHEZ TERRENA À la coopérative Terrena, dans l’Ouest, le service Farmstar s’appelle Fertilio Sat. Il a augmenté de 15 000 ha en 2021 pour un total de 86 000 ha. « Il y a davantage d’images et de fiabilité dans ces dernières, observe Laurent Varvoux, expert de l’amélioration de la fertilité du sol au service agronomie. Selon les cas, les agriculteurs appliquent une dose moyenne à l’hectare ou font

de la modulation intraparcellaire. » Depuis deux ans, les adhérents ont la possibilité de saisir les apports réellement réalisés ainsi que les rendements obtenus dans l’outil de conseil Consélio (via l’application Wiuz développée avec Axéréal). Ces données permettent la réalisation d’études comparatives entre utilisateurs et non-utilisateurs.

NB PARCELLES

RENDEMENT (Q/HA)

N APPORTÉ (UNITÉS/HA)

PROTÉINES

GAIN DE MARGE

521

33,6

142

-

-

COLZA AVEC FERTILIO SAT

689

35,6 (+2)

119 (-23)

-

110 €/ha

BLÉ SANS FERTILIO SAT

2 389

68,1

169

12,1

-

BLÉ AVEC FERTILIO SAT

2 872

71,9 (+3,8)

166 (-3)

12,4 (+0,3)

60 €/ha

COLZA SANS FERTILIO SAT

Source Terrena, campagne 2020-2021

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Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022


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PARTAGE D'EXPÉRIENCE Cultures diagnostics fertilité (500 ha de diagnostics potentiel des sols). « Il y a eu deux, parfois trois remembrements dans notre secteur, rappelle Florent Babin, chef produit marketing. L’élevage est peu développé, et les agriculteurs ont limité les engrais de fond lors des dix dernières années, tendues en trésorerie. Cela crée des carences, en particulier en phosphore dans 80 % des dossiers. Parfois le rendement décroche brutalement de 20 à 30 % et il faut plusieurs années pour redresser la barre. Les agriculteurs ont conscience de l’importance d’investir dans la fertilisation et préfèrent le faire bien en cartographiant les teneurs minérales de leurs sols. Ceux produisant des cultures exigeantes, comme la betterave ou la pomme de terre, en mesurent particulièrement l’intérêt. » Selon Florent Babin, les gains réalisés grâce au diagnostic fertilité sont assez directs. Le diagnostic potentiel des sols, cependant, est utile uniquement en cas d’hétérogénéité des sols et complexifie la façon de travailler en impliquant une différenciation des objectifs de rendement à l’intérieur des parcelles. D’où son déploiement plus confidentiel.

La résistivité électrique (Fertilio e-RM) – ou son inverse, la conductivité (Be Api) – est mesurée à l’aide de cette machine tirée par un quad, qui envoie un courant électrique dans le sol.

Accès à la donnée facile, mais… Basée dans le Gers, la coopérative Val-de-Gascogne s’étend jusqu’a ux Pyrénées. « Nous faisons partie des trois coopératives pilotes à l’origine de Be Api

L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

TONY BILLY

Tony Billy, polyculteur-éleveur à Moutiers-sousChantemerle (Deux-Sèvres)

« Mon premier réflexe a été le diagnostic du potentiel des sols »

« Nous cultivons à trois associés 110 ha de blé, maïs grain, triticale, colza et lupin, et nous élevons des chèvres, ovins viande et volailles de chair. En 2016, la Cuma a investi dans un distributeur d’engrais avec guidage GPS pour faire de la coupure de tronçons, comme nous le faisions avec le pulvérisateur. Il est équipé pour la pesée et la modulation. En 2017, j’ai démarré des diagnostics de potentiel de sol avec le service Fertilio e-RM de Terrena. Ils ont révélé différentes profondeurs au sein des parcelles. Avec la moissonneuse de l’ETA, j’ai aussi des cartes de rendement m’indiquant les exportations. Les variations vont du simple au double. Nous connaissons par ressenti les meilleures zones des parcelles et les moins bonnes, mais nous avons besoin de précision pour moduler les apports. Je suis globalement bien couvert en P et K grâce au compost issu des chèvres et volailles. À l’aide du GPS et des cartes de potentiel et de rendement, je module manuellement mes apports organiques. Pour l’azote sur céréales et colza, je module dès le début du cycle en différenciant les objectifs de rendement à l’intérieur des parcelles, puis en fin de cycle à l’aide de Fertilio Sat. Je commence aussi à moduler la densité de semis grâce à la distribution électrique en céréales et manuelle en maïs. Enfin, les analyses de sols par zone ont mis en évidence des écarts de pH allant jusqu’à 1 point. J’avais l’habitude d’apporter 1,5 t/ha de chaux tous les deux ans partout, j’ai donc relocalisé mes apports avec des zones à 0 et d’autres à 3-4 t/ha. Je suis très satisfait : je viens de reprendre 10 ha à un voisin et mon premier réflexe est de faire un diagnostic de potentiel des sols. »

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Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

en 2015, annonce Geoffrey Goulin, responsable communication et agriculture durable. Une cinquantaine d’adhérents ont réalisé des diagnostics fertilité et potentiel des sols sur plus de 5 000 ha. Nous couplons presque systématiquement les deux, puisqu’ils sont très complémentaires. Sur notre territoire, la topographie est vraiment hétérogène, donc la mesure du potentiel des sols est importante. » Pour quantifier les résultats obtenus par les agriculteurs, Val de Gascogne a regroupé sept témoignages dans un livre blanc. « Il faut être prudent, car beaucoup de facteurs entrent en compte dans l’élaboration du rendement, et le retour sur investissement varie en fonction des pratiques d’origine, prévient Geoffrey Goulin. Globalement, ce qui ressort est une meilleure connaissance des sols, la volonté de les remettre au cœur du système et une meilleure justification des apports d’intrants. » La coopérative estime le retour sur investissement entre deux et cinq ans, avec des gains de rendement moyens de 4 % et des économies d’intrants de 20 %. Pour prendre en main ces nouveaux outils et espérer en tirer un bénéfice, les coopératives soulignent l’importance de l’a ccompagnement par des techniciens. « C’est stratégique, affirme Laurent Maillard. L’accès à la donnée est facile aujourd’hui, mais il faut faire attention


L’AVIS DE L’AGRICULTEUR

NATHALIE TIERS

NATHALIE TIERS

Éric Commenge, agriculteur à Figarol (Haute-Garonne)

à l’interprétation. En raisonnant uniquement sur les cartes de rendement, on risque de se tromper. Elles visent plutôt à constater l’impact de la modulation dans le temps. »

« Les diagnostics de sols m’ont aidé dans ma transition vers l’ACS »

« Sur 112 ha, je cultive blé, maïs, colza, féverole, soja et sorgho. J’ai repris l’exploitation familiale il y a cinq ans et je voulais mieux connaître mes champs. Les diagnostics Be Api fertilité et potentiel des sols réalisés avec Val-de-Gascogne ont révélé des sols très hétérogènes. L’historique a montré qu’il y a eu des vignes et même de la forêt à certains endroits, et les différences en éléments minéraux sont frappantes. Avec un épandeur à engrais capable de moduler, acheté en copropriété, je cible les zones d’impasses et j’ai pu mesurer des économies d’engrais. Quant aux cartes de potentiel des sols, elles ont permis notamment de repérer des zones de compactage, des semelles de labour, et de débloquer la situation en introduisant des couverts à base de féverole et radis pour restructurer. Je me suis lancé dans l’ACS, et les connaissances apportées par les diagnostics m’ont aidé dans cette transition ; c’est un ensemble. Je suis très satisfait. Cela a un coût mais dilué sur dix ans, on a vite fait de le rattraper. »

Florent Babin ajoute : « Contrairement aux cartes de potentiel des sols, celles de rendement reflètent l’ensemble des aléas de l’année, y compris une attaque

de limaces en colza ou de jaunisse en céréales. Les techniciens des coopératives ont leur importance pour accompagner leur interprétation. » ■

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JANVIER-FÉVRIER 2022 /

Le Magazine / 37


Par OLIVIER JOLY et SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

PARTAGE D’EXPÉRIENCE Essai

La gamme de pulvérisateurs Évrard Meteor R-Activ comprend quatre modèles de 4 200 à 7 200 L de capacité.

Cyril Couet conquis par le Meteor R-Activ Il y a un an, Cyril Couet a acheté le pulvérisateur Évrard Meteor R-Activ. L’agriculteur normand livre ses impressions sur l’équipement.

C

yril Couet, installé sur 200 ha (blé tendre, colza, lin, betterave sucrière, escourgeon et maïs) à Saint-Martin-du-Tilleul, dans l’Eure, a remplacé en octobre 2020 le pulvérisateur Caruelle de l’exploitation, après dix-sept ans de bons et loyaux services. Son choix s’est porté sur le dernier-né de la gamme Évrard, le Meteor R-Activ. Un outil de 5 200 L de capacité équipé de rampes de 36 m. « J’avais le choix entre Horsch, Kuhn et Évrard. Or je ne voulais pas d’une coupure électrique, ce qui a écarté le modèle Kuhn. La différence entre les deux autres constructeurs s’est faite sur le prix », explique le fermier, qui passe huit à neuf fois sur chaque culture, soit 1 800 ha travaillés chaque année. 3 bar quelle que soit la vitesse L’agriculteur apprécie l’écran tactile : « J’ai pris le plus grand, celui de 12 pouces, pour plus de facilité

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Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

LE METEOR R-ACTIV EN BREF Type : traîné Capacité de la cuve : 5 200 L Rampes : aluminium 3 bras de 36 m de large Dégagement sous châssis : 80 cm Stabilisation : cadre LPA6 Circulation : continue PPI Cuves de rinçage : 520 L et 90 L Nettoyage : 2 buses rotatives dont 1 par pression, 1 gâchette de nettoyage

pour appuyer sur les icônes. D’un côté, la carte GPS et les coupures de tronçons, de l’autre, les informations sur le travail en cours. C’est complet ! » Et d’ajouter : « Atteler est un jeu d’enfant grâce à la béquille hydraulique. » Par ailleurs, les rampes à trois bras sont compactes et ne dépassent pas au-dessus de la cabine. La version choisie est en aluminium et équipée de l’option Duo-Spray. « La première buse sert au démarrage, explique Cyril Couet. Quand la vitesse augmente, je bascule sur la deuxième. Et dès que j’atteins la vitesse cible, le travail s’effectue avec les deux buses simultanément. À 7 km/h ou à 16, la pression reste à 3 bar. » Remplissage automatique de la cuve Autres atouts de l’appareil : l’accès facile et la protection des organes tels que l’incorporateur, la Command-Box et les filtres. « Tout est à portée de main et protégé sous les capots, souligne Cyril Couet.

OLIVIER JOLY

PULVÉRISATEUR ÉVRARD


1. Toutes les bouches (aspiration, refoulement et remplissage de la cuve de rinçage) sont installées du même côté pour gagner en facilité d’utilisation. 2. L’incorporateur se règle en hauteur afin de s’adapter au poids du bidon. 3. Atteler/dételer est un jeu d’enfant grâce à la béquille hydraulique.

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4. Les deux cuves de rinçage, respectivement de 90 et 520 L, sont placées à l’avant pour reporter du poids sur le tracteur et ainsi améliorer son adhérence. 5. Il suffit de relever le capot pour accéder aux filtres d’aspiration et de pulvérisation. 6. Le cadre de rampe baptisé « LPA6 » chez Évrard stabilise parfaitement l’installation.

PHOTOS OLIVIER JOLY

7. Le modèle acquis par Cyril Couet profite de 5 200 L de capacité et de rampes à trois bras en aluminium mesurant 36 m de large. 8. En cabine, l’opérateur a toutes les fonctions à portée de main grâce au terminal couleur à écran tactile de 12 pouces.

Et la passerelle est spacieuse. » Le remplissage de la cuve principale a également conquis le producteur : « Je saisis soit le volume total souhaité, soit le volume à pulvériser à l’hectare. Ensuite, j’actionne l’aspiration et quand le volume est atteint, le dispositif se coupe automatiquement et passe en mode pulvérisation. » Le professionnel poursuit : « L’incorporateur est réglable en hauteur, ce qui permet d’ajuster sa position en fonction du poids du bidon. Seul bémol : le débit d’aspiration est un peu juste. » Enfin, les bouches d’aspiration, de remplissage et de refoulement sont toutes installées côte à côte. « C’est pratique à l’usage », relève notre homme. Côté conception, « le cadre LPA6 stabilise la rampe et, grâce à l’essieu suiveur, le pulvérisateur roule dans les traces du tracteur. La culture est ainsi préservée ». Outre la qualité de l’éclairage, Cyril Couet apprécie le cadre suspendu, indépendant du châssis, qui offre davantage de confort sur la route. Selon lui, les carénages, par contre, masquent les roues et compliquent les manœuvres en marche arrière. « C’est un point qui pourra sans doute évoluer, indique-t-il. Tout comme le rinçage des rampes et de la cuve principale. Il faut piloter différents interrupteurs, ce serait plus facile avec une fonction automatique. » L’agriculteur conclut : « Mon choix tient aussi au côté “made in France”, puisque l’usine d’assemblage de la marque est installée à Beaurainville, dans le Pas-deCalais. Sans oublier la proximité du concessionnaire, c’est important en cas de problème. » ■

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LES

- Accès facile aux différents organes - Précision et réactivité de la pulvérisation - Remplissage automatique de la cuve LES

- Capacité du compresseur d’air trop faible - Carénages masquant les roues - Absence d’un automatisme pour gérer le rinçage JANVIER-FÉVRIER 2022 /

Le Magazine / 39


BRÈVES DES CHAMPS En photos

Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

CRISE SANITAIRE

La majorité des constructeurs ont tiré leur épingle du jeu Est-ce nécessaire de rappeler les conditions particulières de la saison 2021 ? Chacun a sans doute été confronté aux difficultés d’approvisionnement, aux délais hallucinants de certaines pièces. Des usines tournent toujours au ralenti, d’autres sont carrément à l’arrêt. Et pourtant, les records de chiffres d’affaires et les développements des sites industriels se poursuivent.

Naïo Technologies La start-up toulousaine fête ses 10 ans ! Créée en 2011, elle a déjà livré plus de 250 machines à travers le monde. Cinq modèles au catalogue : Oz, Dino, Ted, et deux nouveautés.

Claydon

NAÏO TECHNOLOGIES

Les semoirs portés Évolution rejoignent la gamme des modèles Hybrid au catalogue, afin de répondre aux besoins des agriculteurs en semis direct.

+ 24 % en 2021 : c’est la croissance du chiffre d’affaires – porté à 420 M€, un nouveau record –, du fabricant suédois, en forte augmentation sur les marchés russes, canadiens, suédois, allemands et anglais.

MASSEY FERGUSON

CLAYDON

Väderstad

Pour célébrer son 175e anniversaire, le constructeur change le design de son logo au triple triangle et adopte un nouveau slogan : « Born to farm ». 40 /

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

VÄDERSTAD

Massey Ferguson


MASCHIO GASPARDO

Maschio Gaspardo Son usine roumaine, construite en 2003, qui fabrique des outils de travail du sol passif, des charrues et des presses à balles rondes, s’est agrandi. Elle s’étend désormais sur 26 000 m² avec l’objectif de produire 5 000 machines par an.

Lemken La version 2022 du rouleau plombeur Variopack gagne en précision grâce à la précontrainte soit mécanique (de série), soit hydraulique à boule d’azote (en option).

CLAAS

Krone Le chiffre d’affaires de la branche machines agricoles du constructeur progresse de 11,1 %. Au total, la marque a vendu pour 813,50 M€, contre 731,90 M€ l’année précédente.

KRONE

Malgré l’épidémie de Covid-19, le bilan de la marque pour 2021, présenté le 16 décembre dernier, se révèle très positif, avec une croissance par rapport à 2020 qui frôle les 19 %.

LEMKEN

Claas

JANVIER-FÉVRIER 2022 /

Le Magazine / 41


Par SOPHIE GUYOMARD sguyomard@terre-net-media.fr

BRÈVES DES CHAMPS Online LA REVUE DES RÉSEAUX

Le gel de fin d’année a profité aux agriculteurs Dans plusieurs régions, les gelées de décembre ont offert aux agriculteurs une courte fenêtre météo propice à la destruction des couverts et à la préparation des terres… En témoignent leurs nombreux partages de photos et vidéos sur les réseaux sociaux.

42 /

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022



Par CÉLINE CLÉMENT ceclement@terre-net-media.fr

BRÈVES DES CHAMPS Paroles de lecteurs

En 2022, restons fiers de notre métier d’agriculteur… ou pas ! Le 31 décembre au soir, la rédaction de Terre-net a souhaité la bonne année à ses lecteurs sur son site Internet. À leur tour, les agriculteurs présentent leurs vœux, remerciant les journalistes de les « laisser s'exprimer » sous chaque article. PàgraT : « Bonne année à toute l’équipe de Terre-net, tant dans vos vies personnelles que dans la recherche d’articles clairvoyants sur l’agriculture. Bonne année également à tous mes collègues agriculteurs. Que 2022 vous apporte bonheur, santé et des revenus agricoles décents ! »

Gus : « Et merci d’offrir ce lieu de discussion [via les commentaires sous les articles, NDLR] à tous les galériens de la terre. On y confronte nos expériences, on y débat, on y découvre le quotidien d’autres exploitants agricoles, on s’y écharpe parfois, même si c’est souvent sur des malentendus… Bref, ça nous conforte et nous réconforte. »

monde dématérialisé du web, est une excellente idée. Bonne année 2022 à vous aussi et à tous les internautes, sauf les trolls bien sûr ! »

tracteur4 : « Malgré la dureté du métier d’agriculteur, une heureuse année à tous ! Prenez bien soin de vous par les temps qui courent. »

« Et merci d’offrir ce lieu de discussion à tous les galériens de la terre ! » GUS

Vik :

Maxens :

« L’occasion de partager nos idées ou notre colère. Des fois, ça fait du bien, car seul devant mon ordi à la campagne… »

« Meilleurs vœux à tous les chefs d’entreprises agricoles, les pieds sur terre, qui galèrent face à une administration déconnectée du terrain. »

Maxens :

Jean :

« Oui, merci à Terre-net de nous laisser nous exprimer, avec nos visions différentes, et ce malgré les usurpateurs, ou ceux qui insultent… en espérant que cet espace d’expression et de découvertes de la diversité de l’agriculture perdure le plus longtemps possible. »

« Je ne sais plus trop s’il est préférable d’avoir une production médiocre avec des prix qui s’envolent ou une récolte record avec des prix en berne. »

Bruno 02 : « En guise de bonne année, remettre les femmes et les hommes au cœur de Terre-net, qui gravite pourtant dans le 44 /

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

Gibero : « Même pour les vœux, tu ne peux pas t’empêcher d’être provocateur. Alors à mon tour : longue vie à la chimie pour que l’on puisse tous manger en qualité et quantité ! »

Maxens : « On ne doit pas être dans le même monde. Cinq années à cumuler les mauvaises années, et alors que les prix sont bien orientés, la facture d’engrais explose… ravi pour toi si tu n’as pas besoin de prix corrects, moi cela n’épongera même pas les courts termes… »

Etibal : « Plein de subventions agricoles ! »

Momo : « Moi, j’en veux pas de vos subventions. C’est décidé, les bêtes partiront avant l’hiver prochain, le taureau s’en est allé il y a bientôt six mois et, dans trois mois, je commence les livraisons à l’abattoir donc non, pas de subventions, déjà que ça va faire pas mal de revenus, va falloir la jouer fine pour pas trop payer non plus… »

Abeille : « Bonne et heureuse année à tous, et surtout, bonne santé, en espérant que beaucoup moins de pesticides soient épandus ! La santé avant tout ! »

Popeye : « Que 2022 arrête l’érosion de l’élevage, car sans élevage, plus de sols fertiles… »

Momo : « Je ne souhaiterai pas une bonne année ni une bonne santé à mes vaches parce que cette année, je vais les mettre à l’abattoir… » ■


Par DELPHINE JEANNE djeanne@terre-net-media.fr

BRÈVES DES CHAMPS Éclairage FISCALITÉ

Les principales nouveautés fiscales et sociales pour les agriculteurs en 2022 Qui dit nouvelle année dit nouvelle loi de finances et avec elle, certains changements pour le monde agricole. Retrouvez la liste des principales évolutions non seulement fiscales, mais aussi sociales, qui entrent en vigueur en 2022.

L

es agriculteurs sont concernés par différentes mesures fiscales qui entrent en vigueur ou évoluent cette année, dans le cadre de la loi de finances, notamment, et dans celui d’autres accords ou lois introduisant des nouveautés. Retrouvez les principaux changements intervenus le 1er janvier.

Différentes mesures fiscales sont entrées en vigueur ou ont évolué cette année dans le cadre de la loi de finances, mais d’autres lois et accords introduisent des nouveautés pour 2022.

✔ Augmentation du crédit d’impôt pour remplacement de l’exploitant La loi de finances pour 2022 augmente de 10 % le crédit d’impôt accordé aux agriculteurs dans le cadre d’un remplacement pour maladie ou accident du travail. Il passe ainsi de 50 à 60 %, et est prolongé en 2023 et en 2024. Cette mesure fait partie du dispositif de lutte contre l’épuisement. Le Crédit d’impôt innovation (CII), auquel ont droit, entre autres, les PME du secteur agricole, est reconduit jusqu’à fin 2024 et augmenté de 20 à 30 % (taux majoré pour l’outre-mer à 60 %). ✔ Exonération de TFPB pour les coopératives Les coopératives qui mettent à disposition d’un tiers tout ou partie de leurs locaux équipés de moyens de production peuvent être exonérées de la Taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB). Pour cela, il faut que l’entité disposant des locaux assure la transformation exclusive des produits des adhérents coopérateurs sous les labels AOC/AOP, IGP et STG. ✔ Les fusions de sociétés agricoles neutres fiscalement La loi de finances institue la neutralité fiscale pour les fusions de sociétés agricoles, plaçant ces opérations en dehors du champ de la cessation d’activité. La mesure concerne les sociétés à objet agricole soumises à l’impôt sur le revenu, à savoir les Gaec, EARL, SCEA, certaines SARL et les SNC. Les

ADOBE STOCK

✔ Crédit d’impôt bio revalorisé et prorogé Le crédit d’impôt pour les exploitants en agriculture biologique est prorogé pour trois ans, soit jusqu’en 2025, et a été augmenté à 4 500 €. Il est par ailleurs cumulable avec l’aide à la conversion à l’agriculture biologique jusqu’à 5 000 € par an. Par ailleurs, comme l’année dernière, les exploitations agricoles certifiées Haute valeur environnementale ont droit à un crédit d’impôt à hauteur de 2 500 €. Cette mesure concerne les exploitations avec une certification valide au 31 décembre 2021 et celles qui seront certifiées en 2022.

personnes physiques associées peuvent bénéficier d’un report d’imposition des plus-values. ✔ Revalorisation des salaires Paru au Journal officiel le 1er décembre, l’arrêté d’extension du troisième avenant à la Convention nationale de la production agricole et des Cuma prévoit une revalorisation des salaires consécutive à la revalorisation du Smic (+ 2,2 % depuis le 1er octobre 2021). Ainsi, l’accord prévoit une augmentation de 2,2 % sur les niveaux 1 à 6 de la grille, et de 2,5 % sur les niveaux 7 à 12, une évolution applicable au plus tard au 1er janvier. Les salariés des entreprises de travaux agricoles et du paysage bénéficient aussi d’une révision à la hausse des salaires minimaux. ✔ Revalorisation des petites retraites des conjoints Adopté début décembre, le texte entérinant la revalorisation des petites retraites agricoles des conjoints collaborateurs et aides familiaux entre en vigueur en ce début d’année. Il concerne en grande majorité des femmes d’exploitants et permet une augmentation moyenne des pensions de 100 € par mois. À carrière complète, le minimum de retraite passe à 700 €, contre 555 € auparavant. ■ JANVIER-FÉVRIER 2022 /

Le Magazine / 45


Par SÉBASTIEN DUQUEF sduquef@terre-net-media.fr

BRÈVES DES CHAMPS Le saviez-vous ? PROTECTION DES CULTURES

De nouvelles conditions d’emploi pour les produits à base de S-métolachlore

«P

our donner suite à une procédure réglementaire, de nouvelles conditions d’emploi ont été fixées pour tous les herbicides grandes cultures à base de S-métolachlore, a indiqué Syngenta. L’objectif est de réduire la quantité utilisée par hectare et de renforcer les mesures de gestion des risques sans renoncer toutefois à l’utilisation de la matière active dans la gestion du développement des graminées, y compris les résistantes, dans la rotation. » Les nouvelles conditions d’emploi s’appliquent dès à présent et sont déclinées par culture. Sur maïs (grain et fourrage), sorgho, tournesol et soja, la dose annuelle de 1 000 g/ha ne doit pas être dépassée. Une zone non traitée de 20 m par rapport aux points d’eau comportant un dispositif végétalisé permanent non traité d’une largeur de 5 m doit être respectée sur maïs (grain

La quantité de S-métolachlore utilisée à l’hectare doit diminuer et les mesures de gestion des risques doivent être renforcées.

ADOBESTOCK

Les produits à base de S - métolachlore doivent répondre à de nouvelles conditions d’utilisation fixées par la réglementation. Objectif : diminuer la quantité utilisée par hectare et renforcer les mesures de gestion des risques.

et fourrage), sorgho, tournesol, soja et betteraves industrielles et fourragères. Enfin, pour toutes les cultures homologuées, aucun produit à base de S-métolachlore ne doit être appliqué sur une parcelle drainée en période d’écoulement des drains. Des recommandations supplémentaires Les autres conditions d’emploi et le classement restent inchangés, mais des recommandations supplémentaires ont été formulées. Le S-métolachlore ne doit pas être appliqué sur les aires d’alimentation de captage prioritaires et les zones sensibles afin de protéger les eaux destinées à la consommation humaine (EDCH). Sur tous les types de maïs, la quantité maximale de 1 000 g/ha/an de S-métolachlore doit être respectée et, sur maïs grain et fourrage, dans le cas de parcelles à proximité d’un

QU'EST-CE QUE LE MÉTOLACHLORE ? Le S-métolachlore est une substance active herbicide ayant un mode d’action racinaire. Il est issu de la famille des chloracétamides. Le produit entre dans la composition de différents herbicides, seul ou associé à d’autres substances actives. Selon les cultures et les spécialités, il peut être utilisé du stade pré-semis au post-levée précoce sur maïs, tournesol, betterave, sorgho, soja, millet-moha, haricot et plantes porte-graines mineures. Les principaux produits homologués sont : Mercantor Gold, Elina, Dual Gold Safeneur, Aliseo Gold Safeneur, Camix, Calibra de Syngenta, Deluge 960 EC de Belchim, S-Métolastar de Life Science LTD, Amplitec C de Ascenza France.

46 /

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

point d’eau de surface, la post-levée précoce avec une dose adaptée apportant entre 800 et 1 000 g/ha de S-métolachlore doit être préférée. En cas d’utilisation en pré-levée, le désherbage sur le rang est à privilégier. Par ailleurs, pour protéger l’eau et l’environnement, des buses à réduction de dérive doivent être utilisées quelle que soit la culture. Elles autorisent à réduire la ZNT de 20 à 5 m à condition de mettre en place un DVP de 5 m. Plus de vingt ans d’utilisation La première autorisation des produits contenant du S-métolachlore remonte à 1998. À noter que le métolachlore, utilisé entre 1974 et les années 2000, peut être à l’origine des mêmes métabolites que le S-métolachlore. Les données de vente sur la période 2009-2019 situent toujours le S-métolachlore parmi les 10 substances les plus vendues en France. Les instituts techniques de référence comme Arvalis-Institut du végétal, Terres Inovia ou l’ITB préconisent les produits à base de S-métolachlore pour le désherbage du maïs, du tournesol et de la betterave sucrière contre les graminées estivales (panic, sétaire, digitaire, vulpin, raygrass), notamment en situation de résistance. ■


PUBLI-INFORMATION

Monoculture du maïs : pour un désherbage efficace et durable Les temps changent, les exigences aussi : les solutions de désherbage doivent être plus flexibles dans leur mise en place, plus performantes dans le temps, mais aussi plus respectueuses des ressources en eau. Avec l’herbicide Adengo® Xtra, les maïsiculteurs sont triplement gagnants.

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Avant toute utilisation, assurez-vous que celle-ci est indispensable. Privilégiez chaque fois que possible les méthodes alternatives et les produits présentant le risque le plus faible pour la santé humaine et animale et pour l’environnement, conformément aux principes de la protection intégrée, consultez http://agriculture.gouv.fr/ecophyto. Pour les usages autorisés, doses, conditions et restrictions d’emploi : se référer à l’étiquette du produit ou à la fiche produit sur www.bayer-agri.fr - Bayer Service infos au N° Vert 0 800 25 35 45.

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Grâce à sa souplesse d’application, l’herbicide Adengo® Xtra est utilisable de la pré-levée à la post-levée précoce du maïs. Il permet ainsi de gagner en rentabilité en privilégiant le positionnement dès la pré-émergence pour limiter le stock d’adventices et sécuriser son rendement.

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Par la rédaction redaction@terre-net-media.fr

BRÈVES DES CHAMPS Shopping JOHN DEERE

John Deere vient de dévoiler son tracteur 100 % autonome commercialisable en série. La marque américaine gère automatiquement la machine – réalisée sur la base d’un modèle 8R, équipée du guidage GPS et des dernières avancées technologiques – sans aucune intervention de l’opérateur. Le bolide embarque 12 caméras dont le rôle est de détecter les obstacles à 360° autour de lui. Le dispositif calcule les distances en temps réel à une fréquence

importante : 100 analyses chaque milliseconde ; des informations nécessaires pour que l’électronique pilote les déplacements de l’engin et, si nécessaire, stoppe tout immédiatement. La position GPS est analysée en permanence à 2,5 cm de précision. Dès que le tracteur quitte son périmètre, il est stoppé. Côté agriculteur, deux solutions : soit rester en cabine et faire autre chose, soit laisser le robot travailler seul. En cas d’anomalie, une alarme retentit.

BARRES DE COUPE

LE TÉLÉGONFLAGE PETIT BUDGET SE NOMME AGRIWIN

MACDON DISTRIBUÉ CHEZ CASE IH ET NEW HOLLAND

La marque Agriwin a été déposée par Sodijantes, et son système de télégonflage petit budget exposé au salon des ETA à Tours. Son nom : Agriwin-éco. Il s’agit d’un boîtier électronique installé en cabine qui pilote la pression des pneumatiques. Le dispositif s’adapte sur la plupart des engins agricoles, ce qui rend la technologie accessible au plus grand nombre d’agriculteurs soucieux de préserver leur sol. Le système est disponible à la vente auprès des revendeurs de pneumatiques et des concessionnaires agricoles. Le prix du boîtier et du kit de télégonflage pour deux essieux (pour tracteur quelle que soit la marque du moment qu’il bénéficie de freins pneumatiques) est fixé à 3 500 € HT hors frais d’installation.

Les barres de coupes MacDon sont désormais distribuées par le réseau de Case IH et New Holland dans le monde entier, exception faite de l’Amérique du Sud. L’entreprise installée au Canada est bien connue pour ses barres de coupes à tapis, ses cueilleurs à maïs et ses faucheuses automotrices. Le partenariat de distribution établi avec le groupe CNH Industrial concerne les gammes de coupes à tapis uniquement, pour compléter la gamme de coupes à vis de Case IH et New Holland, qui continuent d’être fabriquées dans les usines du groupe. Les modèles MacDon seront fabriqués aux couleurs habituelles de la marque de moissonneuses-batteuses.

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Lemken installe un broyeur répartiteur sur l’Héliodor 9 Lemken propose un broyeur répartiteur sur son déchaumeur à disques Héliodor 9. Le dispositif est un modèle DosiMat DMX d’origine Vogelsang, bénéficiant du rotor à couteaux dont le rôle est d’homogénéiser le lisier. La matière est ensuite répartie vers les canaux de distribution sans risque de bouchage. Les tuyaux injectent le lisier directement derrière la première rangée de 48 /

Le Magazine / JANVIER-FÉVRIER 2022

disques du déchaumeur, puis il est aussitôt incorporé au sol grâce à la seconde rangée de disques et au rouleau. La combinaison déchaumeur-broyeur ne nécessite pas beaucoup de puissance en matière de traction, ce qui répond aussi à la problématique de la flambée des prix des engrais. En effet, le potentiel fertilisant du lisier n’est pas dégradé par volatilisation, la matière

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Le rêve devient réalité : premier modèle commercial autonome pour 2022

organique profite mieux au sol. Question disponibilité, la marque a annoncé mars 2022.


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