La Sentinelle Mars-Avril 2020

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La Sentinelle Mars - Avril 2020 - n° 02

Avant-Propos

Tirer les leçons de la débâcle du coronavirus

Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Alost X - P109013

le syndicat militaire


Avant-propos

Tirer les leçons de la débâcle du coronavirus AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Nous sommes en guerre ! Une guerre contre un virus qui - à ce jour - a tué plus de 4 000 personnes en un mois, rien qu'en Belgique. Et ce, malgré des mesures de confinement aux conséquences économiques incalculables. Le gouvernement n'a pas vu venir cette pandémie et la catastrophe qui en découle. On peut déjà prévoir qu'après cette crise, nos politiciens ne parviendront pas, une fois de plus, à en tirer les bonnes leçons. Fin décembre 2019, via les médias, nous apprenons que dans la lointaine Chine, une étrange maladie pulmonaire a fait son apparition. Un peu plus tard, le désormais célèbre coronavirus est identifié. Bien avant que nous ne soyons confrontés au premier cas d'infection en Belgique, la ministre de la Santé Maggie De Block nous assure que ‘toutes’ les précautions possibles ont été prises. Quelques semaines après, lorsque la même ministre déclare sans honte que le ‘stock stratégique de masques’ a été perdu dans un entrepôt de la Défense, nous nous réveillons devant une réalité belge bien triste : celle où les politiciens exercent toute leur maîtrise du rejet de leurs fautes et de leur défaut de prévoyance sur les épaules des autres, pour sauver leur propre peau. Mais en attendant, les infos des médias se multiplient et les bévues se succèdent : commande de millions de masques de mauvaise qualité à des fournisseurs de douteuse réputation, trop peu de de tests pour déceler les infections, manuels inappropriés accompagnant les kits de test, réactifs insuffisants pour exploiter les tests, pas de

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réserves stratégiques d'équipements de protection, trop peu de capacités de test dans les laboratoires, un certain nombre de mesures de restriction inutiles, une communication chaotique dans laquelle les politiciens crient un jour que les mesures sont exagérées pour déclarer le lendemain qu’elles ne vont pas assez loin, absence de base juridique pour certaines mesures, maintien d'ordres semi-fascistes dans un certain nombre d'endroits parce qu’il vous est arrivé de vous asseoir sur un banc dans une ville où l’interdiction est réellement imposée, ‘oubli’ de compter les décès dans les maisons de repos, controverse sur l'utilité ou non des masques, objection auprès de l'UE parce qu'une région recevrait plus d'appui financier qu'une autre... Nos ministres continuent à tâtonner et cela devient de plus en plus embarrassant. D'autant plus que personne ne peut encore expliquer clairement pourquoi la Belgique - malgré des mesures draconiennes qui affectent notre économie et notre budget de manière exceptionnelle - fait désormais partie du ‘G7’ des pays du monde où le nombre de décès par Covid-19 est le plus élevé.

Heureusement, notre pays dispose toujours d'une ‘Réserve stratégique’ et notre armée est gardée en réserve au cas où les choses s'aggraveraient. Malgré le fait qu'un certain nombre de nos collègues militaires se mettent aujourd'hui au service de notre population dans cette crise du coronavirus, j'appelle les autres militaires à ne pas trop faire de publicité concernant nos ‘possibilités de déploiement stratégique’ pour le moment. Parce que vous et moi savons que notre ‘Réserve stratégique’ n’a plus que la peau sur les os et que ces mêmes politiciens clairvoyants qui s’imaginent que cette armée pourrait sans aucun doute mener une guerre plus conventionnelle ont déjà gratté tout ce qui pouvait l’être à la Défense. Qu’arrivera-t-il après cette crise ? Notre société - politiciens en tête - réfléchira-t-elle de manière approfondie à tous les autres dangers et risques auxquels notre monde globalisé est exposé ? En d'autres termes, tirera-t-on suffisamment de leçons du Covid-19 pour éviter une accumulation de gaffes comme celles d'aujourd'hui ? Qui assumera cette responsabilité ? 


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Colophon

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Tirer les leçons de la débâcle du coronavirus

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.

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Sus au virus !

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Une situation Dell-testable

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C’est une blague…

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01

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Photo couverture : Malek Azoug

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En avant, toute !

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Prescription électronique obligatoire – Quid de la double-jaune ?

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Notre spécialiste en pensions de réparation vous en dit plus

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TMAP, PhEF et Épreuves d’aptitude physique ?

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Quatre Jours de l’Yser et MESA

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Info

Sus au virus ! Le monde bout dans sa maison. Par la faute d’un simple virus, un milliard d’humains sont cloîtrés chez eux. Les informations anxiogènes de médias fébriles nous disent de faire confiance aux professionnels de la santé. Dans certains pays, les blouses blanches sont débordées. On a fait appel aux militaires. Et chez nous ? Vous avez peut-être vu ces camions de l’armée italienne transporter des dizaines de cercueils. Dans la région de Mulhouse, en France, l’Armée de Terre a déployé des moyens sanitaires afin d’accueillir des malades touchés par le Covid-19. En France toujours, certains hôpitaux sont dépassés par l’afflux de personnes contaminées et l’Armée de l’Air évacue des malades vers des structures hospitalières là où le Covid-19 n’a pas « trop » frappé. Un A400M allemand a même pris en charge des patients gravement atteints à Strasbourg pour les déposer à Stuttgart. En Belgique, au moment d’écrire cet article, les hôpitaux ne sont pas submergés et les effets du confinement se font ressentir, avec une stabilisation des hospitalisations. En attendant la décrue, les organisateurs de trajets des soins ont partagé les entrées en deux circuits (admissions normales et admissions coronavirus) ; d’autres réaménagent des blocs opératoires en salles de soins intensifs. Dehors, la Croix-Rouge a monté des structures d’accueil et de tri. Le ministre de la Défense annonce : « La Composante Médicale est prête à fournir six équipes composées chacune d’un médecin, un infirmier, dix ambulanciers et deux ambulances ».

Volontaires Si l’un ou l’autre parti politique a déjà réclamé l’emploi des militaires, les autorités disent que ce n’est pas encore nécessaire. La Composante Médicale peut assister le secteur civil tout en gardant assez de matériel pour son propre fonctionnement. Le gouvernement fédéral maintient la Défense en « réserve stratégique », sans pour autant la laisser inactive. L’Hôpital militaire Reine Astrid met trois ambulances à disposition d’hôpitaux civils. Comme un seul véhicule effectue entre 15 et 20 transports par cycle de 24h (avec une désinfection entre chaque mission), on imagine que cette aide soit bien appréciée. En accueillant dans son Centre des Grands Brûlés des blessés soignés dans les hôpitaux civils, l’HMRA permet aussi de dégager de l’espace, des

moyens techniques et du personnel pour les victimes du Covid-19. Ailleurs, des infirmiers et des brancardiers militaires prêtent main forte au personnel de maisons de repos débordées. Le concept de « réserve stratégique » doit être compris comme un dernier recours, lorsque les capacités civiles sont saturées. Les réserves sont donc préparées pour agir au moment opportun. Car si l’on active prématurément cette réserve, nous pourrions être confrontés à des situations difficiles, dont une certaine confusion dans une machine qui tourne assez bien. Ensuite, sans plus aucune capacité à côté, que ferions-nous ? Appeler à la solidarité européenne ? Nos voisins ont aussi ce virus à fouetter. Enfin, si nos militaires sont tous employés dans cette crise, quid des (rota- 

Photo : Kristof Moens

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Photo : Défense

 tions dans les) opérations s’ils attrapent le Covid-19 ? L’exemple de la frégate Léopold I est flagrant : pour un marin déclaré positif, c’était la fin de la mission d’escorte au porte-avions Charles De Gaulle. Le navire a dû rentrer à Zeebruges, une partie de l'équipage est en quarantaine et nous perdons momentanément une frégate. Dans le ciel, la Composante Air a ramené des Belges et des Européens, de Las Palmas, du Maroc, du Mali, du Rwanda ou d’ailleurs. À la fin mars, il restait encore quelque 20.000 Belges à rapatrier. Les millions de masques arrivés à Bierset ont été répartis à Peutie, par nos logisticiens et la Protection civile pour être acheminés vers les hôpitaux en besoin. Une bonne partie du personnel de la Défense reste en stand-by à domicile. Sur le territoire national, si environ 500 collègues opèrent encore pour OVG, la plupart des quartiers militaires travaillent en service minimum, avec le homeworking comme priorité. Plusieurs exercices et entraînements (inter)nationaux

ont été écourtés, reportés ou simplement annulés. Nombre de (ex-) militaires souhaitent aider et l’ont fait savoir haut et fort, soit auprès de leur hiérarchie, soit sur les réseaux sociaux. À NOH, nos infirmiers militaires sont sur le pied de guerre. Leur tenue de combat n’est peutêtre pas bariolée, leurs armes ne crachent pas de feu et leurs gilets pare-éclats sont faits de masques, de gants et d’overall jetables. Mais encore faut-il en disposer en suffisance. Aujourd’hui, ce combat contre un ennemi invisible oblige nos collègues de la Médicale à plus d’efforts encore et à modifier des habitudes déjà chamboulées. Car lorsque tous les hôpitaux civils seront surchargés, ce sera le tour de l’HM, où les cas de Covid-19 côtoieront les grands brûlés qui, de tous les patients, sont les plus grands immunodéprimés. Le Covid-19 aura démontré, encore une fois, l’utilité d’un grand hôpital militaire fédéral capable d'affronter une crise sanitaire ou une catastrophe à tout moment, avec son personnel

formé, équipé et respecté. Il sera grand temps, une fois cette crise terminée, d’adapter le statut des infirmiers militaires, véritables soldats de la santé, comme cela a été le cas pour d’autres fonctions spécialisées, et de revoir à la hausse les moyens de la Composante Médicale, véritable parent pauvre de notre armée. Pour les Covid du futur… Conséquences Pour la Défense, une des conséquences touchera aussi le recrutement. Plusieurs sessions d’incorporation de jeunes recrues ont été reportées. Les rangs ne sont pas rajeunis alors que les plus anciens partent à la retraite. Le fossé s’élargira encore plus. Sans oublier que si leur date d’incorporation est repoussée, ces jeunes pourraient trouver un job ailleurs. Les formations au sein de la Défense accuseront aussi un certain retard. Donc oui, le défi du Covid-19 aura des répercussions sur notre pays, sa manière de fonctionner et aussi sur ses moyens de défenses immunitaire et militaire. 

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Info

Une situation Dell-testable À la Défense, la tendance veut que, en plus des fonctions en cumul, les militaires supportent toujours plus de tâches pour pallier la disparition de capacités et services divers sensés leur permettre de faire leur job. C’est l’individu qui fait tout. Et s’il se trompe, ce sera bien de sa faute. Dernièrement, Lucas a reçu une bonne nouvelle : il va recevoir un laptop flambant neuf de marque Dell, avec un bel écran de bureau de 24 pouces et un clavier supplémentaire, des haut-parleurs, un combiné casque-microphone, une souris et un support pour y poser le clavier. Sa « loan » (fiche de prêt) mentionne les articles reçus et les montants respectifs. Et puis là, c’est la surprise ! Tout le packaging, c’est-à-dire les emballages en carton et plastique, est repris sur le document pour une valeur forfaitaire de 250 € ! Interloqué, Lucas demande à son store manager la raison de cette case inhabituelle et inattendue. La réponse se veut froide et fataliste : le matériel étant en leasing, il faudra le rendre, d’ici cinq ans, dans son emballage d’origine : « L’équipement doit être rendu avec son emballage. Sinon, vous payez une pénalité. » Des cartons mais pas que… Le stockage de ces boîtes est de la responsabilité de Lucas, puisqu’il est l’utilisateur final et que son unité ne dispose pas de l’espace nécessaire pour les garder pendant cinq ans. Au total, Lucas se retrouve avec sept boîtes en carton à garder chez lui, sans

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oublier les plastiques à bulles, modes d’emploi et autres membranes de protection. Un volume certes conséquent quand on sait que ce matériel fragile est généralement bien protégé.

L’équipement doit être rendu avec son emballage. Sinon, vous payez une pénalité. « La plus grande boîte a les dimensions suivantes : 65X45X50 cm. Je peux mettre les petites boîtes dans la grande, mais les plier n’est pas une option envisageable », se plaint Lucas. Sans compter que notre membre recevra plusieurs « kits » informatiques et se retrouvera donc avec plusieurs lots d’emballage. Mais notre membre refuse de signer la fiche de prêt, signifiant ainsi sa volonté de ne pas être tenu pour responsable des cartons. Et la suite ? La Défense a donc choisi d’imposer à son personnel qu’il garde les

emballages du matériel qu’ellemême a commandé pour lui. Ce montant forfaitaire élevé de 250 € représente aussi un bâton qu’on agite devant les yeux des utilisateurs du matériel. C’est tout de même cher payer pour quelques boîtes. Le flou règne aussi sur la pénalité en cas de perte d’un élément d’emballage. Les 250 € valent-ils pour tous les cartons ou une partie ? Les habitudes des firmes civiles font parfois peur et on peut craindre que dans le cas des militaires comme Lucas, Dell réclame l’ensemble pour la partie. 


 Mais ne serait-ce pas la responsabilité de la Défense, contractuellement liée avec les firmes civiles, de s’acquitter de cette tâche ? L’on peut se demander si l’armée ne choisit pas la solution de facilité, pour alléger le système ILIAS et les gestionnaires de matériel, en imposant à son personnel un certain nombre de « broutilles » (à ses yeux) pour lesquelles elle ne veut perdre ni temps, ni argent, ni espace, mais qui ajoutent encore plus d’exaspération sur le dos des militaires. Tout faire reposer sur les épaules de l’individu et le « menacer » de le sanctionner ne donne rien de bon. Le militaire doit être en mesure de faire son travail, de remplir sa mission sans devoir se disperser dans des tâches inutiles. Fuites et riz noir De l’espace, parlons-en. « Je ne suis pas obligé de garder ces cartons à mon domicile. À la caserne, malgré les travaux, il y a des fuites et l’eau s’infiltre. Du « riz » noir au sol ou sur les étagères

On peut se demander si l’armée ne choisit pas la solution de facilité. nous indique que des souris se promènent allègrement dans les locaux. Vous pensez que les cartons aimeront ces conditions de stockage ? À la fin des cinq ans, je devrai payer ces cartons endommagés qui n’ont pas été stockés au sec et à l’abri des rongeurs ? Non merci ! », souligne Lucas. Un refus bien signifié à la hiérarchie et qui sans doute serait exprimé par nombre de militaires. Refus des cartons et donc refus du matériel : Lucas se retrouve sans équipement informatique car il a déjà rendu l’ancien. Une situation quelque peu agaçante et inattendue pour sa hiérarchie, habituée à ce que son personnel dise « Oui » à tout.

On peut alors se poser la question pour d’autres éléments de matériels commandés par l’armée : faudra-t-il que chaque utilisateur/rice stocke, chez lui/elle, les cartons et les plastiques de son équipement ? N’y-a-t-il pas assez de locaux ou de hangars sains susceptibles d’abriter ces boîtes, cageots, palettes et autres contenants ? N’y a-t-il pas dans cette situation une démission, une fuite des responsabilités de la part de l’armée ? Le syndicat militaire a saisi le gestionnaire de matériel à propos de cette problématique. Espérons qu’une solution soit dans les cartons de la DG MR. Si aucune solution ne sera dégagée, l’ACMP-CGPM se tiendra aux côtés des membres confrontés à une telle situation. Lucas est le nom d’emprunt fictif d’un militaire qui a refusé de signer sa « loan ». 

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Opinion

C’est une blague… 2020 commence bien mal pour le général. Voilà que son état-major lui annonce qu’il n’a pas les moyens de recruter les effectifs prévus, et c’est pire pour les femmes. Le général s’énerve, cette histoire est très mauvaise pour son image. Alors il ordonne : « S’il n’y a pas de moyens, faites preuve d’imagination ; je veux 2.100 nouveaux pour la fin de l’année, dont une bonne proportion de filles ! »

Dans les couloirs de la grande fourmilière d’Evere, les petits soldats ont entendu le général. Personne ne veut l’ennuyer, c’est mauvais pour la carrière. Alors on fait preuve d’imagination, comme il a dit. Le problème c’est qu’on a déjà presque tout essayé mais dans le privé, ils ont en même temps l’imagination et les moyens d’engager du monde. Qu’à cela ne tienne, cette fois, on imaginera plus fort ! Un plan se dessine au sein de l’imaginaire collectif du bloc H. Au fond de la salle de réunion silencieuse, un nouveau qui a peur de le regretter lève timidement la main : « On pourrait abaisser les critères ? » Du bout de la table, le patron lassé de toujours répéter la même chose, répond : « Ben non, ça fait déjà un moment qu’on fait ça ! On accepte déjà n’importe quoi : les étrangers, les M, les F et les X, les accros au GSM, les blafards avides de jeux électroniques, ceux qui ne font pas de sport, qui sont en décrochage scolaire et tous les anciens militaires qui acceptent la PVE ! » Le nouveau est vraiment suicidaire : « Euh, je voulais dire d’abaisser les critères de réussite une fois qu’ils sont

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engagés, pour en perdre moins… » Silence. Il faut un temps pour que tout le monde comprenne. Le plus important, ça a toujours été les chiffres du recrutement. Ce qui se passe après, on s’en tape. Mais bon, les temps sont durs, tout est bon pour se faire mieux voir du général. « Ok, vous pensiez à quoi au juste ? » Le nouveau, fier comme Artaban, se lance : « J’ai vérifié ; si on délibère les épreuves à 30% au lieu de la moitié des points, on gardera plein de candidats en plus ! » Le patron est content, en voilà au moins un qui fait preuve d’imagination : « Bonne idée ! Accepté ! ». À sa droite, un autre participant, encouragé par le succès du nouveau, s’enhardit : « Et si on acceptait les camés ? On aurait au moins un tiers de candidats en plus ! »… Shopping Center La réunion a été prolifique. Un seul officier a dû être muté d’office

à Arlon. Comme il se tape Neufchâteau - Bruxelles depuis quinze ans, aucun risque qu’il fasse de l’esclandre. À y repenser, le patron a d’ailleurs un doute : est-ce qu’il l’aurait fait exprès… ? En revanche, un commandant ‘fin de carrière’ a eu une idée géniale : on va recruter des meufs dans les centres commerciaux. Alors ça, c’est original ! Tout le monde sait que les jeunes femmes entre 18 et 25 ans passent leurs journées à faire du shopping ! En plus c’est le profil dont rêvent tous les vrais militaires : des blondes aux faux ongles, qui ne vont pas à l’école et qui ne courent pas trop vite (difficile avec les hauts talons et la jupe moulante). Vraiment parfait ! Du côté de la Composante Air, un plan secret a émergé à l’insu de tous. Pour recruter des jeunes qualifiés, on va diffuser tranquillement un pamphlet pour soudoyer les militaires. Tout spécialiste ‘bleu’ qui pourra convaincre deux candidats à se présenter pour un poste de technicien avion à l’Open Campus Day de Saffraanberg aura droit à un jour de dispense de service et - tadaaa ! - son nom au ‘Wall of Fame’ de Saff : i-r-r-é-s-i-s-t-ib-l-e ! 


 Les moyens de ses ambitions Comme beaucoup de collègues, les dirigeants du syndicat militaire ont d’abord eu le réflexe de vérifier leur calendrier : le temps passe vite quand on s’amuse bien, on doit donc être le 1er avril ? Hélas, ces initiatives datent bien de février. Alors quoi, c’est une blague ? Non ? Un ‘fake news’ alors ?!? Bon, puisque c’est bel et bien vrai, il ne nous reste qu’à apporter la mauvaise nouvelle : « Mon général, si vous voulez recruter plus de femmes, inutile de miser sur Hunkemöller, Veritas ou Zara. Donnez-leur plutôt des avantages spécifiques quand elles tombent enceintes, l’accès à une crèche, à un logement abordable, un travail adapté proche de chez elles avec des horaires fixes, et surtout, surtout : une carrière solide sur laquelle elles peuvent compter, au lieu d’un contrat à durée déterminée proche du salaire minimum.

Et vous savez le plus beau ? Ce dernier critère est valable pour tous les candidats militaires, M, F et même X ! Puisque vous aimez les stéréotypes, sachez qu’on n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Si vous n’avez pas les moyens de vos ambitions, ayez au moins le courage d’admettre que vos ambitions dépassent vos moyens. » N’importe quoi Quant à accepter ‘n’importe quoi’ au sein de l’armée, c’est un vrai sabotage ! On manque déjà cruellement d’instructeurs compétents pour former assez de jeunes, alors désormais chaque place compte. La remplir avec un individu dont on sait dès le départ qu’il n’a pas le niveau, c’est compromettre tout l’effort de recrutement, saper le moral des anciens et mettre en péril la sécurité du personnel. On a déjà assez de soucis avec le Covid-19…

Enfin, au lieu de soudoyer des militaires pour amener des candidats, essayez plutôt de regagner leur confiance. On dit que la richesse d’une armée ne tient pas dans ses armes mais dans son personnel. À force de négliger celui-ci, vous avez perdu sa confiance. Posez-vous donc cette question : est-ce que VOUS recommanderiez à VOTRE enfant de s’engager comme temporaire pour 1.657€ mensuels ? Et travailler tout le week-end pour quelques dizaines d’euros ? Si vous voulez refaire des militaires, de VOS militaires, des ‘ambassadeurs de la Défense’, alors il est grand temps de les soigner correctement. Fini l’imagination, les rêves et les délires : maintenant il faut du concret !

Humour noir Rassurez-vous, l’ACMP-CGPM n’a rien contre les recruteurs dans les centres commerciaux, ni contre les officiers ‘synthèse’ d’Evere, ni même contre les généraux. À notre avis, les premiers méritent une médaille et on peut les remercier de faire ce boulot pas évident. Quant aux seconds, ils font de leur mieux pour sauver les meubles et nous sommes reconnaissants de leurs efforts dans le climat apocalyptique qui règne à la Défense. Vous l’aurez deviné, nous n’en avons pas contre les collègues qui tentent de colmater les fuites avec des bouts de ficelles, mais bien contre le système et les décisions aveugles de la classe politique. Ah, et si d’aventure vous êtes un(e) X accro à l’internet, blonde aux faux ongles, militaire en PVE ou si le carnaval d’Alost vous choque, comprenez qu’il faut prendre ce texte au ‘deuxième degré’ et avec un brin d’humour. Noir…

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Info

En avant, toute ! Des composantes militaires belges, c’est la Marine qui a les plus hautes ambitions pour l’avenir. C’est bien simple : il est plus rapide de citer ce qui ne changera pas que de faire la liste des nouveautés. Dans le climat morose actuel on a d’ailleurs bien du mal à imaginer que ces plans prestigieux soient autre chose qu’un doux rêve… Dans le courant de 2019, notre Marine a produit une série de présentations PowerPoint édifiantes concernant son avenir. Alors même que la composante plonge sous la barre symbolique des 1.300 militaires, nous apprenons qu’en plus de renouveler la quasi-totalité de la flotte, l’État-major prévoit que 2.340 collègues porteront l’uniforme bleu foncé en 2030, répartis en 1.668 marins (dont 585 à bord) et 672 externes. Sachant que 80% du personnel (matelots, sous-officiers et officiers) est désormais recruté sous le régime BDL et que la carrière-type des collègues court-terme ne dépasse actuellement pas les cinq ans, on peut se demander où la Marine va trouver assez de jeunes candidats pour s’embarquer dans l’aventure. Il est déjà difficile de recruter maintenant, qu’en sera-t-il dans quelques années, quand la vague de pensions qui touche l’armée atteindra la population civile ? Les entreprises en mal de personnel vont se battre d’autant plus pour attirer et retenir les talents dont elles auront désespérément besoin. Déjà en 2018, dans ces colonnes l’amiral Robberecht tirait la sonnette d’alarme : « Pour une situation saine, il faut au minimum trois marins à quai pour un à bord. Or pour le moment, en ce qui concerne les volontaires, nous

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en sommes à 1 pour 0,6 ! Socialement, c’est invivable ; il est urgent de recruter massivement. » Deux ans plus tard, la situation de la Marine a empiré. La lame de fond des départs va déferler encore pendant quelques années, le plus dur est à venir. Avec ses nombreux jobs techniques, la Marine devra nécessairement évoluer. Il est clair que pour atteindre ces objectifs, de gros changements seront nécessaires dans la gestion des ressources humaines. Il faudra impérativement prolonger la carrière au-delà des 8 à 12 ans proposés actuellement, rendre les rémunérations compétitives face au privé et surtout créer de toutes

pièces la considération envers les militaires qui fait aujourd’hui défaut chez nos politiciens. Vision futuriste Pour relever le défi du personnel, la Marine compte sur un renouvellement quasi total du matériel et de l’infrastructure. Bâtiments futuristes, systèmes d’armes avant-gardistes, navires spectaculaires et tenues au camouflage spécifique ; le but est non seulement de retrouver une capacité opérationnelle adéquate mais aussi et surtout de générer des vocations. Comme le disait l’amiral à la vue du dessin des nouveaux 

Chaque MCM sera plus gros que l’ensemble des CMT actuels !


fait, tonne pour tonne ils rivaliseront avec nos frégates actuelles !

 chasseurs de mines : « Quand les jeunes verront ça, ils ne pourront pas résister ! » « Quand les jeunes verront ça, ils ne pourront pas résister ! » On savait déjà que la Marine sera équipée de deux frégates ultra-modernes, des géants de 146 m de long et de 6.000 tonnes (presque trois fois plus que nos anciennes frégates de la classe ‘Wielingen’), capables d’embarquer jusqu’à 180 personnes ! Finis les achats d’occasion chez nos voisins : ces nouveaux gros navires sont produits en coopération avec la Marine néerlandaise, qui a le ‘lead’ pour ce dossier. C’est la firme hollandaise Damen Schelde Naval Shipbuilding qui se chargera du gros œuvre, tandis que Thales Nederland livrera l’essentiel de l’électronique et de la conduite de tir. Notamment le système 'Above Water Warfare System' (AWWS) annoncé comme ultra-performant, le ‘top’ au niveau mondial. Les vieux chasseurs de mines ‘CMT’ de 536 tonnes seront quant à eux remplacés par six navires dits ‘polyvalents’, un marché sous direction belge attribué au consortium ‘Belgium Naval & Robotics’. Derrière ce nom se cachent deux grands noms de l’industrie française : ‘Naval Group’ et ‘ECA’.

Ce dernier construira une nouvelle usine de 5.000m² au port d’Ostende afin de produire les drones prévus dans le contrat. Drones Les nouveaux vaisseaux seront en fait très proches de la définition d’une corvette. Mais en plus de posséder un armement conséquent et un pont d’envol, ces unités emporteront des systèmes d’armes robotisés aériens et navals pour la lutte contre les mines. Ils pourront aussi être configurés de façon modulaire afin d’assumer une large gamme de missions. Avec plus de 80 mètres de long et un déplacement maximal de 2.800 tonnes, un seul de ces mastodontes sera plus gros que tous ses prédécesseurs réunis. En

Ces navires à la structure renforcée contre les explosions sous-marines disposeront d'un vaste ensemble de systèmes de surface et sous-marins commandés à distance, comme l’embarcation sans équipage ‘Inspector 125’. Cette plateforme innovante permet au navire-base et à son équipage de rester à une distance de sécurité. Elle augmente également la capacité de déploiement. L'Inspector 125 embarque à son tour plusieurs drones reliés au système de combat du navire de lutte contre les mines. Il s'agit d’engins sous-marins autonomes A18-M, de sonars remorqués T18-M et de systèmes d'identification et de destruction de mines, tels que le Seascan et le KSTER-C télécommandés. Tous les drones peuvent être déployés à partir de l'Inspector 125. Le paquet comprend également des drones volants et de dragage de mines. Chaque navire possèdera au total une dizaine de drones. Maritime Campus Antwerp Avec près de 33.000 tonnes de navires contre 13.000 actuellement, nul doute que la nouvelle 

Le Campus maritime, un fleuron naval à proximité du prestigieux ‘Museum aan de Stroom’ d’Anvers.

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 flotte va susciter des vocations. À quai aussi la transformation sera sensationnelle. Outre une rénovation majeure des infrastructures existantes, on note la création du ‘Maritime Campus Antwerp’, un complexe tout neuf installé sur l’Escaut, non loin du prestigieux ‘MAS’ (Museum aan de Stroom) d’Anvers. Celui-ci abritera entreautres le Centre de Compétences et de Carrières de la Marine, le ‘Maritime Safety Center’ dédié à la sécurité en mer et des logements tout neufs. On ne sait pas encore grand-chose de la nouvelle branche ‘Coastal Security’, si ce n’est que son Centre de Contrôle promet d’être futuriste. Enfin, le module ‘Harbour Protection’ situé à Bruges sera chargé, comme son nom l’indique, de la protection des ports et des infrastructures maritimes.

Laser naval de combat : la science-fiction devenue réalité. Que dire, si ce n’est que la Marine s’est lancé un défi extraordinaire. On ne peut qu’être abasourdi par l’audace de ces plans. L’avenir nous dira si ceux-ci relevaient du mirage ou de la réalité. Car si

l’aspect matériel semble en bonne voie, au niveau du personnel tout reste à faire. Les dix prochaines années seront décidément déterminantes pour la Marine. 

Belgica 2 Décidément, le remplacement de la flotte belge sera total puisque le Belgica a été récemment mis à l’eau au chantier naval Freire (Espagne) en vue de remplacer son prédécesseur du même nom, en service depuis 1984. Ce navire de recherches océanographiques est mis en œuvre par notre Marine au profit de l’État belge. Ici aussi on a mis les petits canots dans les grands puisqu’on passe de 1.200 à 3.700 tonnes ! Pas moins de 400m² de laboratoires seront à la disposition des scientifiques sur cet impressionnant navire dont l’étrange étrave est conçue pour affronter sans crainte une mer démontée. Pour son exploitation aussi, le Belgica 2 se veut ambitieux puisqu’il est conçu pour 300 jours de mer par an, pour lesquels il faudra bien sûr trouver des membres d’équipage dans les rangs déjà parsemés de notre Marine. La livraison est prévue pour novembre de cette année. Le Belgica sera donc la première unité de la ‘Marine 2.0’.

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Statut

Prescription électronique obligatoire Quid de la double-jaune ? Depuis le début de cette année, prescrire un médicament en ambulatoire devra obligatoirement se faire par voie électronique… sauf dans quelques situations exceptionnelles. L’obligation n’est donc pas totale et certainement pas pour la prescription double-jaune des militaires ! En ambulatoire ? Un médicament peut être prescrit en ambulatoire, c’est-à-dire que la prescription est faite au cabinet du prescripteur, au domicile du patient, lors d’une consultation à l’hôpital (hors hospitalisation), en maison de repos (et de soins), ou à d’autres endroits tels que les postes de garde, l’Institut de médecine tropicale, etc. Précisions Avant tout, sachez qu’ont été prévues quelques situations d’exception dans lesquelles le prescripteur pourra continuer de prescrire sur papier : le prescripteur (par exemple le médecin) a atteint l’âge de 64 ans au 1er janvier 2020 et/ou la prescription est faite en dehors du cabinet du prescripteur, par exemple au domicile du patient (ceci indépendamment de l’âge du prescripteur) et/ou en cas de force majeure... et pour les militaires : la prescription papier double-jaune reste d’application et valable ! La double-jaune Rappelez-vous que le médecin agréé peut prescrire des médicaments remboursés par l’INAMI ou des médicaments non-remboursés par l’INAMI. À la fin de la consultation,

vous pourriez donc repartir avec une prescription double-jaune (en papier donc !) reprenant les médicaments à retirer dans une pharmacie civile.

Il revient donc au prescripteur (au médecin) de vérifier que vous êtes bel et bien un militaire ; ce n’est pas au pharmacien à effectuer ce contrôle.

Ce document reste donc, non seulement valable, mais indispensable si vous tenez à ce que la Défense prenne en charge le ticket modérateur sur tous les médicaments qui sont remboursés par l’INAMI (à savoir via la mutualité) et/ ou le coût des autres médicaments (ceux de la fameuse liste D de la Défense ; quelques 53 médicaments). Cette prise en charge se réalise automatiquement à la pharmacie civile en donnant la prescription papier double-jaune, attestant ainsi aussi que vous êtes bel et bien un ayantdroit de la Défense.

Prescription électronique et Défense Même avec une prescription électronique (pour la partie INAMI), la prescription duplicata officielle (le feuillet jaune) est toujours obligatoire. Le contenu de la prescription électronique peut être imprimé au dos de ce duplicata (jaune) et forme ainsi également la preuve de prescription électronique (PPE : un droit du patient) ; cela ne doit ni être signé par le prescripteur, ni reprendre le numéro de matricule du militaire qui peut être identifié par la Défense via le Numéro d'Identification à la Sécurité sociale (NISS) renseigné sur la PPE. Il va de soi que ledit contenu de la prescription électronique doit reprendre exactement ce qui est repris sur le duplicata, à savoir le même NISS, le même prescripteur, la même date et les mêmes médicaments, sans le moindre autre ajout manuel. Le duplicata jaune constitue, pour le pharmacien, la garantie de l’intervention de la Défense. 

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Statut

Notre spécialiste en pensions de réparation vous en dit plus « Vous êtes involontairement victime d'un accident de service entraînant des lésions corporelles et les misères commencent alors ! » Il s'agit d'une rengaine souvent entendue parmi les militaires. Heureusement, le syndicat militaire ACMP-CGPM dispose de plusieurs spécialistes qui peuvent vous aider dans cette procédure très spécifique des "pensions de réparation". Un de nos experts les plus aguerris dans ce domaine est Fritz Gallein. Nous lui donnons la parole pour l'occasion. serait exposé au coronavirus dans le cadre de ses activités professionnelles ? Les militaires qui, par exemple, sont employés à l’Hôpital militaire et courent un risque nettement accru d'être infectés par le virus, peuvent en effet bénéficier d'une pension de réparation. En fait, la DG H&WB a récemment publié une note à ce sujet. Obtient-on automatiquement ce type d'indemnisation lorsqu’on est victime ? Qu’est-ce qu’une pension de réparation ? Tout militaire qui a subi un dommage corporel ou mental indépendant de sa volonté, pendant et par le service, peut avoir droit à une indemnisation. La Défense ne connaît pas les notions "accidents du travail" ou "maladies professionnelles". Le personnel militaire peut, afin d'obtenir une éventuelle indemnisation, entamer une procédure auprès de la Commission des Pensions de Réparation. Cela s'applique-t-il également, par exemple, lorsqu'un militaire

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Non, sauf si vous avez un chef qui fera tout pour vous aider. Et quand bien même, dans la plupart des cas, c'est la victime militaire elle-même qui doit prendre l'initiative. Il n'y a pas de délais pour l'introduction d'une demande d'indemnisation, mais il est préférable d'entamer la procédure le plus tôt possible afin d'éviter d'éventuelles pertes financières. Si la demande est envoyée plus de trois mois après les faits, tout éventuel paiement d'indemnisation ne remontera qu'au premier jour du mois de l’introduction valable de la demande. La demande doit reprendre exac-

tement la même dénomination que la lésion qui figure sur le Mod 150 ou sur les autres documents médicaux. Lorsque vous devez prendre vous-même l'initiative, cela signifie-t-il aussi que vous devez prouver que votre lésion est le résultat d'un accident de service ? Exactement ! Souvent, cela ne facilite pas la procédure. La charge de la preuve incombe en effet au demandeur. À part le rapport médical (Mod 150) qui est en fait indispensable, tout peut être utilisé comme preuve. Les déclarations de témoins, les certificats médicaux, le programme de l'unité, un ordre écrit de la mission, un PV... Attention, pour être valables, tous les documents doivent être signés avec le texte exact : "J’affirme sur l'honneur que cette déclaration est sincère et complète." Vous frappez à la porte du syndicat et introduisez votre demande. Que se passe-t-il alors ? Après vérification de la demande par le Service Fédéral des Pensions (SFDP), le dossier est 


 transmis à l’Office Médico-Légal (OML). Le requérant sera invité par ce service à passer une expertise médicale. Le médecin-expert de l’OML examine vos lésions physiques et/ou psychiques. Il vérifie l’origine des lésions et si elles sont effectivement liées aux faits invoqués. Il fixe un pourcentage d'invalidité à l'aide du Barème Officiel Belge des Invalidités (BOBI). Une échelle temporaire de taux dégressifs (échelle dégressive d’invalidité) peut également être établie, par exemple, le jour de l'accident, invalidité à 100% ; 2 semaines à 20% pour terminer avec une invalidité résiduelle de 2%. L’OML proposera également les pourcentages imputables aux facteurs étrangers (FE) à déduire. Et si vous n'êtes pas d'accord avec l'expertise ? À qui faut-il alors s’adresser ? Après l'expertise médicale, votre dossier sera transféré à la Commission des Pensions de Réparation (CPR). Après avoir reçu le rapport de l’OML, cette commission transmet sa proposition au candidat et l'invite à être présent durant une de ses séances. La présence n'est pas obligatoire, mais comme la Commission prendra de toute façon une décision à ce moment-là, il vaut mieux être présent ou se faire

représenter. Et même si la Commission des Pensions de Réparation ne peut pas modifier le pourcentage d'invalidité fixé par l’OML, elle peut, sous réserve d'une argumentation suffisante, soit renvoyer le dossier à l’OML pour réexamen, soit ajuster le pourcentage dus aux facteurs étrangers. Il existe également de nombreux malentendus auprès des militaires sur cette procédure compliquée. Y a-t-il des détails intéressants ou des "trucs et astuces" que vous pouvez partager avec nos lecteurs ? Absolument. En voici quelques-uns : - Par exemple, les dommages matériels et moraux ne peuvent pas être ‘récupérés’ par la Commission des Pensions Réparation. La pension de réparation porte sur une compensation forfaitaire couvrant tout. - En outre, il faut au moins une invalidité de 10% pour obtenir une indemnité, à savoir une pension de réparation. - Presque toutes les invalidités qui étaient ou deviennent ‘indemnisables’ sont automatiquement revues après cinq ans. Si l'invalidité est toujours présente ou, qui sait, s'est même aggravée, la pension de réparation est accordée à vie. - Dès que l’invalidité totale est ‘indemnisable’ et dépasse 10 %, le pourcentage est arrondi au multiple de 5 immédiatement supérieur. - S'il existe plusieurs lésions pour lesquelles une invalidité a été accordée, il ne suffit pas de faire une simple addition pour atteindre un pourcentage total. Par exemple :

3 invalidités à 10%, 6% et 5% ne sont pas égales à 21% (arrondis à 25%) mais : 10% + 5,4% (6% de 100% - 10%) + 4,43% (5% de 100% - 10% - 5,4%) = 19,83% (arrondis à 20%). - Pour fixer le pourcentage, l’OML se fonde sur les documents médicaux, l'expertise de(s) lésion(s) du requérant et ce que ce dernier déclare au(x) médecin(s). Parfois, le requérant parle trop, comme s'il était chez le médecin généraliste, donnant ainsi au médecin de l’OML des arguments pour prendre en compte (trop) de facteurs étrangers ou même pour ne pas retenir le lien de causalité ! Il est préférable que le requérant s’en tienne uniquement aux informations sur sa(ses) lésion(s) et l'incident/l’accident à la base de la demande. Pensez à cette sagesse militaire bien connue : tout ce que vous dites peut également être utilisé contre vous. Pensez-vous que les militaires sont généralement suffisamment informés à ce sujet ? Tous les militaires qui connaissent l'existence de la procédure de la pension de réparation, devraient informer leurs collègues, en particulier les chefs sur le terrain, tels que les commandants de compagnie et les adjudants d'unité. La CGPM, pour sa part, publie régulièrement un article à ce sujet dans La Sentinelle et tous les délégués peuvent être contactés à tout moment pour obtenir plus d'explications et éventuellement aider à constituer un dossier. Merci pour ces sages paroles, Fritz. Et si nos militaires font appel à vous, nous savons qu'ils finiront entre de bonnes mains. 

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Statut

TMAP, PhEF et Épreuves d’aptitude physique ? Ces derniers temps, ce sujet a encore provoqué maintes questions de la part des militaires. En effet, des informations diffusées par la presse en février 2020 ont contribué à créer, de nouveau, un certain flou concernant d’une part, l’obligation de présenter les PhEF et d’autre part, les conséquences statutaires qui y sont liées.

En 2015, les ‘Tests Militaires d’Aptitude Physique’ (TMAP) ont cédé leur place au ‘Physical Evaluation Fitness’ (PhEF - les évaluations physiques fitness). À une date non encore déterminée, la terminologie ‘Épreuves d’aptitude physique’ devrait voir le jour, mais les PhEF resteraient l’outil pour évaluer la condition physique de base de tous les militaires. La loi du 28 février 2007 fixant le statut des militaires et candidats militaires du cadre actif des Forces armées (le fameux statut du ‘G1’ pour lequel le syndicat militaire ACMP-CGPM a été le seul syndicat à ne PAS avoir donné son accord à l’époque, contrairement à ce que certains prétendent), prévoit que le militaire est apprécié quant à son aptitude physique. Cette appréciation est effectuée sur la base de critères d’aptitude physique. Les épreuves qui permettent de mesurer l'aptitude physique du militaire, sont regroupées sous le vocable PhEF (Physical Evaluation Fitness).

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Précisions sur les PhEF ACTUELLEMENT, nous pouvons préciser ceci (pas applicable aux candidats militaires) : - Obligation pour TOUS les militaires (quelle que soit la fonction, la filière de métiers, le pôle de compétence, le poste occupé, …) de présenter les PhEF annuellement, idéalement avant le 1er juillet, mais pour le 31 décembre au plus tard. Cependant, pour les militaires nés avant ou durant l’année 1964 (ceci est une disposition légale du G1) et donc maintenant âgés de 56 ans ou plus, c’est facultatif. Ne pas présenter les PhEF (quand ils sont obligatoires) sans justification (AMS, exemption médicale particulière de service totale/partielle, …) peut donc constituer une transgression disciplinaire et donc éventuellement conduire à une sanction disciplinaire lors d’une procédure disciplinaire. - Les PhEF comptent deux épreuves :  L’épreuve « Core Stability » (Le « left & right side bridge »)

avec comme épreuve alternative celle du « Biering-Sörensen ».  L’épreuve aérobie (la course) avec comme épreuve alternative celle des 12 minutes de natation ou celle sur vélo. - Échec si pas 50% dans chacune des deux épreuves. S’il y a un échec lors du premier essai, il faut alors présenter un nouvel (de nouveaux) essai(s) avant la fin de l’année calendrier. En cas d’échec définitif, il n’y a aucune ‘conséquence statutaire’. En d’autres termes, le militaire en échec ne peut voir sa catégorie d’aptitude (CatApt) évoluer de ‘A’ vers ‘B’. Ensuite de ‘B’ vers ‘C’ à la suite d’un deuxième échec définitif successif, voire de ‘C’ vers ‘D’ après un troisième échec définitif successif. Dès lors, aujourd’hui, il est impossible d’avoir une CatApt ‘D’ suite à un échec aux PhEF et donc risquer de perdre la qualité de militaire. La réussite des PhEF est un 


 objectif à atteindre car le plein exercice du métier militaire sans aucune restriction ou limitation implique d’avoir et de maintenir une condition physique minimale qui est donc ‘attestée’ par la réussite des PhEF. Dès lors, bien des acteurs accompagnent le militaire ‘en difficulté/échec’ : l’(Assistant) Physical Training Instructor ((A)PTI), le Remedial Instructor (RI), le

médecin d’unité, la Medicine-Nutrition-Fitness (MeNuFit), … - Les militaires du cadre de réserve doivent aussi se soumettre aux PhEF, mais sans connaître un éventuel changement de CatApt (lorsque ce mécanisme sera mis en vigueur) en cas de non-réussite. Ce qui serait le cas pour les militaires du cadre actif si la loi est appliquée.

- En tant que tels, les PhEF ne font pas partie de l’évaluation professionnelle (entrée en vigueur au 1er janvier 2020 malgré les non-accords et l’avis défavorable de l’ACMP-CGPM). Le comportement adopté par le militaire par rapport aux dispositions réglementaires des PhEF pourrait cependant influer négativement l’évaluation de l’une ou l’autre compétence comportementale (Attribution d’une mention ‘Insuffisant’). - Il ne faut pas confondre les PhEF qui évaluent la condition physique de base avec les autres épreuves dites ‘fonctionnelles’ pour évaluer la condition physique fonctionnelle, comme le test d’endurance 15 km, les Tests de combat Para-Cdo, les tests fonctionnels des pompiers d’aérodrome, … Leur non-réussite pourrait donc entraîner à terme un changement de fonction. PhEF pendant la crise du coronavirus Les moments particuliers nécessitent des décisions particulières. L'autorité vous encourage à maintenir votre condition physique. D'autre part, pour cette année, la date limite pour passer le PhEF est postposée au 15 décembre 2020. Le résultat obtenu en 2019 sera également valable pour l'année 2020. D’autres questions ? N’hésitez pas à contacter votre délégué local ! 

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Info

Quatre Jours de l’Yser et MESA Cette année à nouveau, le syndicat militaire ACMP-CGPM sera présent sur le parcours des deux plus grandes marches militaires : la MESA dans les Ardennes et les Quatre Jours de l’Yser. Les Quatre Jours de l’Yser Cette marche annuelle internationale de la Défense se tiendra du 18 au 21 août 2020 pour sa 48e édition. Chaque année, près de 10 000 marcheurs militaires et civils se rassemblent pour ce grand événement. Pour encadrer et organiser cette manifestation, des centaines de militaires du Bataillon d’Artillerie de Lombardsijde soutenus par des éléments d’unités MP, logistiques et médicales sont mobilisés. La Défense n’est pas la seule responsable d’une telle organisation. Elle est le fruit d’une collaboration avec les autorités des villes de Coxyde, Dixmude, Nieuport, Poperinge et Ypres. Cette fois encore, pour la 19e fois d’affilée, un peloton de marcheurs prendra le départ sous la bannière de l’ACMP-CGPM. Pour plus d’infos, surfez sur : www.vierdaagse.be/fr/index.html

Les membres qui désirent rejoindre notre peloton peuvent contacter Filip Duquesne au 0476/28 89 89 ou filip.duquesne@gmail.com MESA La Marche Européenne du Souvenir et de l’Amitié (MESA) aura lieu cette année du 23 au 26 juin. Entre Marche-en-Famenne, Saint-Hubert, Bastogne et Durbuy, ce sont les paysages ardennais les plus somptueux qui attendent les marcheurs pour cette 54e édition. Chaque jour, les participants pourront choisir entre des parcours de 8, 16, 24 ou 32 km. Comme en 2019, l’ACMP-CGPM sponsorise l’événement. Nos délégués planteront leur stand dans la zone des départs et arrivées. Vous y trouverez bien sûr un chaleureux accueil mais aussi une information complète sur le syndicat militaire et les grands dossiers en cours. Nos

Photo : Concetto Bandinelli

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Photo : Concetto Bandinelli

spécialistes seront en outre disponibles pour assister tout militaire qui le désire. Passez certainement nous voir car, cette fois encore, vous pourrez tenter de gagner un vol en montgolfière pour deux personnes en participant à notre grand concours ! Si la MESA 2020 devait être annulée, les organisateurs ont déjà décidé de la reporter à l’identique à l’année prochaine, du 22 au 25 juin. Consultez le site de l’organisation pour plus d’infos : http://www.marche-mesa.com/ MESA ou Quatre Jours de l’Yser ? Et pourquoi pas les deux ? Chaque marche est un grand moment de fraternité et l’occasion de découvrir une région magnifique et accueillante de notre pays, avec l’ACMP-CGPM, bien sûr ! Bien entendu, ces événements auront lieu si et seulement si les autorités fédérales lèvent les mesures de confinement liées à la crise du coronavirus. Pour rester informé(e), visitez régulièrement les adresses de sites mentionnés ci-dessus. 


NAISSANCES

ANNA – 13/04/2017 Dans la famille de Nick LIEFHOOGE (Ypres) RONIN – 20/10/2019 Dans la famille de Terence KYNDT (Ostende) NOA-MARIE – 29/10/2019 Dans la famille de Michael TIELENS (Genk) ENOHA – 26/11/2019 Dans la famille de Geoffrey MEURISSE (Braine-l’Alleud) CEN – 25/12/2019 Dans la famille de Cuno DEMEYER (Deinze)

MARIAGES

04/04/2017 François PINEDO JIMENEZ et Céline DE ALMEIDA BAPTISTA (Sambreville) (Par cohabitation légale) 20/02/2020 Erwin BURM et Cindy VAN DE POEL (Sint-Niklaas) 28/02/2020 Jean-Pierre VANDEWEYER et Marleen BUSKENS (Maasmechelen) 28/02/2020 Gerard DE CUYPER et Jessica FAFNIR (Ohey)

NECROLOGIE

THOMAS – 26/12/2019 Dans la famille de Xavier COLLART (Auderghem)

CLAUDE COYSMAN 1934 - 11/02/2020

KAYDEN – 11/01/2020 Dans la famille de Patrick MERKEN (Geel)

LISETTE VANDOREN, Epse VANDERWEGEN 1932 - 18/02/2020

RUTH – 20/01/2020 Dans la famille de Nick LIEFHOOGE (Ypres)

MARCEL PATYN 1926 – 05/03/2020 Marcel était un de nos plus anciens membres. Il s’était affilié en 1948 !

NOAH – 28/01/2020 Dans la famille de Nordine NAKKACH (Genk) HUGO – 17/02/2020 Dans la famille de François PINEDO JIMENEZ (Namur)

- Janvier : 109,69 points - Février : 109,71 points - Mars : 109,53 points

Indice santé - Janvier : 109,72 points - Février : 109,87 points - Mars : 109,96 points

L'indice santé des quatre derniers mois (décembre 2019, janvier, février et mars 2020) s’établit à 107,49 points.

LUCIEN – 09/01/2020 Dans la famille de Alice MORISSE et Michaël VERELST (Liège)

ACHIEL – 22/01/2020 Dans la famille de Siemen POLLARIS (Hasselt)

Indice des prix à la consommation

LUDOVICUS UYTTEBROECK 1934 – 06/03/2020

L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales, fixé à 109,34 points, n’est pas atteint. Le précédent dépassement de l'indice-pivot remonte au mois de février. Dès lors, les allocations sociales et les pensions ont été indexées de 2% en mars. Les salaires du secteur public sont indexés de 2% en avril. Source : Statbel

WILLIAM DE WILDE 1929 – 03/12/2019 ROGER ETIENNE 1937 – 23/03/2020

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