125 Agriculture du Maghreb février 2020

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Agriculture du Maghreb N° 125 - FÊvrier 2020

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Agriculture du Maghreb N° 125 - FÊvrier 2020

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SOCIÉTÉ D’ÉDITION AGRICOLE Sarl de presse Au capital de 100 000,00 dhs R.C.: 127029 I.F.: 01006251 Patente N° : 35870166 Autorisation : GROUPE HASSAN DERHEM 22 bis, rue des Asphodèles Résidence Zakia - Quartier Burger 20380 Casablanca Tél. : 212 (0) 522 23 62 12 212 (0) 522 98 07 71 agriculturemaghreb@gmail.com

www.agri-mag.com Directeur de publication Abdelhakim MOJTAHID

Rédacteur en Chef Ingénieur Agronome Abdelhakim MOJTAHID

Journalistes Ingénieurs Agronomes Abdelmoumen Guennouni Hind ELOUAFI

Ont participé à ce numéro : Pr. Ezzahiri Brahim Pr. Bouzrari Benaïssa Dr. Abbès Tanji Oussama Hamza Cabinet Brun Zaoui

Attachée de Direction Khadija EL ADLI

Directeur Artistique NASSIF Yassine

Imprimerie PIPO

Tous droits de reproduction autorisés avec mention impérative et complète du journal.

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Edito

Campagne 2019-20 Les cultures bour continuent de souffrir

E

n ce début février, la situation de la campagne en cours n’est pas bien reluisante. En effet, les précipitations ne sont pas au rendez-vous et les prévisions à court terme ne sont guère optimistes, d’où les inquiétudes ressenties par tous. L’inquiétude vient de la faiblesse des précipitations avec une mauvaise répartition dans le temps et dans l’espace, enregistrant un déficit pluviométrique important aussi bien sur le plan national par rapport à la campagne précédente (qui n’était pas fameuse) que par rapport à une année ‘’normale’’ (moyenne des 30 dernières campagnes) ou même sur le plan des régions qui accusent toutes un déficit marqué. D’après la météorologie nationale, le cumul national moyen à fin décembre (124,5 mm) a enregistré une baisse de 37,6% par rapport à la campagne précédente à la même date (199,5 mm) qui était elle-même déficitaire. Ainsi, actuellement nous sommes en milieu de cycle (2½ mois sur 6) et ce cumul n’a même pas atteint la moitié des niveaux habituels, Rappelons que le cumul pluviométrique au cours des 20 dernières années a varié entre 350 et 550 mm pour les campagnes moyennes à bonnes, sachant qu’il s’agit de moyenne nationale, avec de grandes différences entre le Nord relativement bien arrosé (600-700mm) et les autres zones de plus en plus sèches en allant vers les zones pré désertiques et sahariennes du Sud (30-100mm).

leur faiblesse, ont permis aux parcelles qui ont résisté jusqu’alors de reprendre des couleurs en attendant la suite. Les précipitations des trois prochains mois seront donc décisives. A signaler aussi que les légumineuses sont logées à la même enseigne.

En conséquence, la survenue tardive des premières précipitations automnales a causé un retard dans les travaux de préparation du lit de semences et des semis (mise en place des cultures). Ultérieurement, les faibles précipitations associées à une vague de froid qui a duré plusieurs semaines, ont causé des dégâts dont certains sont irréversibles. Ainsi, le retard de croissance a empêché les céréaliculteurs de procéder au désherbage et aux apports d’engrais de rattrapage et de couverture qui se font habituellement en cette période. Ce retard a engendré également un très faible taux de tallage qui est un facteur essentiel parmi les composantes du rendement éventuel. Heureusement, les précipitations enregistrées vers la mi-janvier, malgré

On serait alors amené à dire avec de nombreux historiens, que ‘’plus ça change plus c’est la même chose’’. Espérons que la nature nous démentira.

D’un autre côté, outre la faiblesse des précipitations, les barrages sont au plus bas, à un niveau inquiétant sachant qu’une partie des chiffres annoncés concerne les boues accumulées au cours des temps au fond des bassins. De même, les petits agriculteurs étant également éleveurs les difficultés se répercutent également sur l’élevage avec des pâturages quasi inexistants les obligeant à recourir aux aliments concentrés, dont les prix sont inversement proportionnels aux précipitations. D’ailleurs, les autorités ont commencé dernièrement à distribuer une aide pour l’alimentation du bétail dans certaines régions. En attendant, actuellement en milieu de campagne, les trois mois à venir seront déterminants pour le résultat final. De toute façon et au vu du déroulement de la première moitié du cycle, et si la météo continue comme avant, il serait illusoire de s’attendre à une ‘‘bonne’’ campagne. Dans ce cas, moins optimiste, les agriculteurs auront toujours les mêmes difficultés à payer leurs fournisseurs, à régler leurs dettes, à faire face aux dépenses de la campagne suivante…

Abdelhakim MOJTAHID Directeur de publication

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SOMMAIRE

pplément

6 Actualités 16 La tomate de plein champ :

une culture traditionnelle en constante adaptation

50 Risque de réémergence de la rouille noire du blé

54 Drosophila Suzukii

20 Résistances de la tomate

11 ans après, quels moyens de prévention et de lutte ?

26 Le Virus du fruit rugueux

58 La cercosporiose

aux bioagresseurs

de la tomate brune (ToBRFV) inquiète les producteurs)

30 Fertilisation raisonnée du melon 34 Botrytis de la fraise

Bien le connaitre pour mieux le combattre

38 Mildiou de la pomme de terre

Facteur limitant au rendement

de la betterave à sucre

60 Betterave à sucre dans le Gharb Principaux ennemis de culture

62 Traitements phytosanitaires Equipement de protection individuelle

64 Entretien et vérification des

42 « Nous luttons efficacement

et naturellement contre le Mildiou »

organes du grand matériel de traitement phytosanitaire

44 Maïs,

68 Maitriser la fertilisation de

46 Le grenadier

couverture des blés pour une production durable

le progrès par la génétique Conduite adaptée aux nouvelles variétés

74 Petites annonces

Nos annonceurs AGRIMATCO 35 AGRIMATCO 57 AGRIMATCO 59 AGRIMATCO 61 ALTERECO 37 AMPP 36 BASF 39 BASF 51 BIOIBERICA 55 BLF 67 4

CALIPLANT 47 CMGP 76 FLORAGARD 23 HITECH SEEDS 31 IRRI-SYS 7 IRRITEC 2 LALLEMAND 37 MAGHREB OLEAGINEUX 13 MAMDA 5 Agriculture du Maghreb N° 125 - Février 2020

MEDFEL 33 NUNHEMS-BASF 21 OXYGENIA 43 PIONAGRI 19 PIONAGRI 45 PLASTIC PUGLIA 24 SAKATA SEEDS 17 SEIPASA 25 TIMAC AGRO MAROC 69 TIMAC AGRO MAROC 73

UPL 41 UPL 53

ARABE

BASF CMGP HITECH SEEDS MAMDA VILMORIN ATLAS www.agri-mag.com


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Actu Actu Recherche

Ces plantes OGM vont-elles résoudre la faim dans le monde ? Céline Deluzarche

En corrigeant un «défaut» majeur de la photosynthèse, des chercheurs sont parvenus à faire pousser des plants de tabac 40 % plus grands. Ils espèrent étendre cette technique aux principales cultures alimentaires (riz, soja...). Cette dernière pourrait répondre aux défis des besoins croissants en nourriture. Utopie ou révolution agricole ?

« Nous avons réussi à « hacker » la photosynthèse », se félicite Amanda Cavanagh, biologiste à l’université de l’Illinois. Cette post-doctorante et ses collègues ont annoncé, ce 4 janvier dernier dans le magazine Science avoir réussi une percée majeure dans la productivité des plantes, permettant de doper leur rendement de 40 %.

La photorespiration, un « concurrent» néfaste de la photosynthèse

Au cœur de la photosynthèse figure une enzyme appelée Rubisco, qui permet aux cellules de produire des glucides à partir du dioxyde de carbone et de l’eau en présence de lumière. Mais cette enzyme a évolué dans des organismes vivant il y a des milliards d’années, lorsque les niveaux d’oxygène de l’atmosphère étaient plus bas. Aujourd’hui, elle s’avère d’une grande inefficacité : elle confond les molécules d’oxygène avec les molécules de CO2 environ 20 % du temps. Une erreur qui aboutit à la formation de glycolate et d’ammoniac, deux composés 6

toxiques qui doivent être dégradés rapidement avant qu’ils ne causent trop de dégâts. Pour cela, la plante met en œuvre un processus concur� rent de la photosynthèse, appelé photorespiration, qui lui permet de se débarrasser de ces poisons. « Le problème est que cela coûte à la plante une énergie et des ressources précieuses qu’elle aurait pu investir dans la photosynthèse pour produire plus de croissance et de rendement », explique Paul South, le chef du projet, dans le Financial Times.

148.000 milliards de calories perdues, chaque année, aux États-Unis par la photorespiration

Toutes les grandes céréales appelés C3 (blé, soja, riz...) ont ainsi recours à la photorespiration. Or, non seulement elles représentent les trois quarts des cultures qui fournissent les calories nécessaires à l’alimentation mondiale, mais « la Rubisco commet encore plus d’erreurs quand il fait chaud, ce

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qui aboutit à plus de photorespiration », explique Amanda Cavanagh. Le réchauffement climatique risque donc de faire baisser les rendements dans les années à venir. Éliminer la photorespiration apparaît alors comme la solution miracle : selon une précédente étude de 2016 parue dans Annual Review of Plant Biology, cela permettrait d’améliorer les rendements de soja de 36 % et de blé de 20 % mais également, de produire chaque année 148.000 milliards de calories supplémentaires de ces cultures pour la même surface aux États-Unis. Compte tenu de l’augmentation de la population, de l’urbanisation et des modifications des choix alimentaires, il faudra augmenter la production de 50 % à l’horizon 2050, estime la FAO (l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Or, la hausse de productivité des cultures n’est pas suffisante à l’état actuel pour atteindre cette cible. Cela signifie qu’il faudra accroître les surfaces cultivées, quitte à amputer les

forêts qui contribuent pourtant à limiter le réchauffement climatique.

Doper la photosynthèse : le graal des chercheurs en génétique

Cela fait de nombreuses années que les chercheurs du monde entier s’échinent à améliorer le processus de photosynthèse. En 2016, les chercheurs avaient déjà réussi à faire pousser du tabac 20 % plus grand, en permettant aux plantes d’utiliser plus efficacement la lumière. D’autres études ont été menées sur l’utilisation de gènes d’algues vertes ou de cyanobactéries pour concentrer le dioxyde de carbone autour de la Rubisco et favoriser ainsi son activité carboxylase. Certains efforts ont aussi porté sur l’amélioration de la dégradation du glycolate. Finalement, Paul South et ses collègues ont exploré une troisième voie, en ajoutant un gène d’algue Chlamydomonas et une malate synthase provenant d’une citrouille pour www.agri-mag.com


produire une enzyme bloquant le transport de réactifs à l’intérieur de la cellule et emprisonner le glycolate dans le chloroplaste. Libéré, le carbone perdu peut alors être utilisé par la plante pour la photosynthèse. Les essais sur des plants de tabac cultivés en champ ont montré des plantes poussant plus rapidement et 40 % plus grandes. « C’est une avancée extrêmement importante,

sais à la pomme de terre, relativement proche, la dolique (une sorte de haricot grimpant), puis à la tomate, au soja, au riz et aux autres céréales.

le premier progrès majeur dans la photosynthèse », reconnaît Maureen Hanson, biologiste à l’université de Cornell, qui a également conduit des recherches sur le sujet.

avant de voir des champs de « superblé » pousser dans nos campagnes. « Il faudra au moins 10 à 15 ans avant d’obtenir les premières autorisations de mise sur le marché», reconnaît Paul South. Plusieurs questions restent également en suspens. Obtiendra-t-on réellement plus de graines de soja et de tomates ou bien la plante se contentera-t-elle de produire des feuilles et des tiges en masse ? D’autre part, le processus de photorespiration n’est pas totalement inutile pour les plantes : il lui permet de se protéger en cas de rayonnement solaire intensif par transfert de photons. Elle jouerait également un rôle important dans la synthèse d’acides aminés. De plus, la photosynthèse n’est, et de loin, pas le seul processus impliqué dans la croissance des plantes : la disponibilité en eau, en azote et en nutriments jouent également un rôle majeur. Enfin, on peut également s’inquiéter des risques de dissémination génétique ou de disparition d’espèces : de telles « superplantes » auraient vite fait de prendre l’avantage sur les variétés naturelles. Même à supposer que l’on réussisse à transposer cette modification génétique à toutes les plantes, on peut s’interroger sur l’attitude des consommateurs à leur égard, tant la méfiance face aux OGM semble ancrée en Europe et ailleurs dans le monde.

Une technologie en accès libre pour les petits exploitants

Cette réussite couronne cinq ans d’efforts du programme RIPE (Realising Increased Photosynthetic Efficiency), un partenariat entre plusieurs universités américaines, européennes et chinoises pour améliorer la photosynthèse. La fondation Bill & Melinda Gates, la Fondation américaine pour l’Agriculture et la Recherche et le département britannique du Développement international y ont investi conjointement 70 millions de dollars. Comme le stipule la charte de la fondation Gates, toutes les avancées issues du projet seront mises gratuitement à disposition des petits exploitants agricoles, en particulier, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est. Les recherches ont été menées sur le tabac, une plante communément utilisée comme modèle pour les expériences scientifiques car son génome est parfaitement connu. De toute évidence, cela n’a pas grand intérêt en terme commercial. C’est pourquoi les chercheurs comptent à présent étendre leurs eswww.agri-mag.com

De nombreux obstacles scientifiques et réglementaires Il reste néanmoins un long chemin

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Actu Actu Entreprise

Yuksel Seeds

Journées portes-ouvertes à Almeria Le semencier Yuksel Seeds a convié les 15 et 16 janvier dernier soixante-dix professionnels de 20 nationalités aux journées portes-ouvertes organisées dans sa station de recherche et d’essais à Almeria. Un groupe de 15 opérateurs marocains, principalement des gérants de domaines agricoles et de pépinières maraichères, a également pris part à cet évènement, accompagné par l’équipe d’Agrosem, distributeur exclusif de Yuksel Seeds au Maroc. Ce voyage a également été l’occasion pour les professionnels marocains de découvrir ce qui fait la force de cette région réputée pour être le potager de l’Europe, grâce à la visite d’unités de production, de conditionnement et de commercialisation de fruits et légumes. Les invités ont ainsi pu découvrir la station de recherche et d’essais de Yuksel Seeds installée depuis deux ans en plein cœur de la zone de production sous serre à El Ejido. La station s’étale sur une superficie de 5,5 ha majoritairement occupés par des serres où sont menés des programmes d’amélioration de différentes espèces comme la tomate, le poivron, l’aubergine et le concombre. Après les explications sur la station et son fonctionnement, les professionnels ont pu visiter les essais qui y sont menés et constater de visu les performances des différentes variétés au stade commercial et pré commercial, accompagnés par l’équipe Yuksel pour répondre à leurs interrogations. Beaucoup de ces variétés ont suscité un vif intérêt parmi les visiteurs pour leurs

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différentes caractéristiques: rendement, vigueur, meilleure nouaison, résistances, calibre, coloration, fermeté, moins de cracking, etc. L’objectif des essais est de trouver pour chaque marché des variétés présentant un équilibre entre différents caractères recherchés tout en privilégiant les innovations. Par exemple, la fermeté exceptionnelle des variétés de tomate présentées et la résistance au cracking sont des critères recherchés par les exportateurs marocains, car leur offrant la possibilité de toucher des marchés de plus en plus lointains. La tomate en particulier est l’une des cultures stratégiques de Yuksel . Le semencier propose aujourd’hui une gamme des plus riches en formes et en couleurs. Mais il accorde également une

importance particulière aux saveurs. Ainsi, en plus des spécialités, il a commencé à développer depuis quelques années des variétés de gros calibre qui se distinguent par leurs qualités gustatives (Marmande noire, tomate rose, etc.) et dotées d’une bonne conservation. Comme l’explique M. Hicham Abba, Area Manager Europe de l’Ouest, Afrique du nord et Moyen Orient de Yuksel Seeds, « les échanges qui se font avec les professionnels lors de journées portes-ouvertes comme celles-ci sont très utiles pour comprendre les attentes des uns et des autres et adapter notre offre commerciale à la demande des marchés. A noter qu’en fonction de l’évolution des tendances de la consommation, une société semencière comme la nôtre se doit, non seulement de com-

prendre ces marchés, mais aussi de les prévoir afin de disposer au moment opportun de variétés performantes capables de donner entière satisfaction, depuis la production jusqu’à la consommation, sachant que la mise au point d’une nouvelle variété nécessite une dizaine d’années ».

A propos de Yuksel Seeds Yuksel Seeds est une entre-

prise familiale turque, née il y a 34 ans dans la principale région horticole du pays, Antalya. Elle est spécialisée dans la sélection, la production et la commercialisation de semences potagères destinées aux professionnels. Avec plus de 500 variétés enregistrées, Yuksel Seeds est aujourd’hui le plus grand semencier en Turquie (30% du marché) et avance à grands pas pour

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Actu Actu

devenir l’une des plus importantes sociétés grainières dans le monde. L’entreprise commercialise ses variétés dans 75 pays répartis comme suit : l’Asie (35%), l’Europe (30%), la zone Mena (30%) et l’Amérique latine (5%), et son professionnalisme lui permet de conquérir régulièrement de nouveaux marchés. Elle compte plusieurs filiales à tra� vers le monde, notamment un bureau de représentation au Maroc. Yuksel Seeds dispose de 5 stations de recherche à Antalya en Turquie en plus de celle d’Almeria et une autre au Pakistan. Sur les 380 ha de terrains dont dispose la société, 180 ha sont dédiés aux serres modernes utilisées dans le croisement, la production et la recherche. Grâce aux programmes de sélection qu’elle mène depuis plus de 34 ans, la société a pu développer des variétés hybrides de différentes espèces : tomate, poivron, aubergine, concombre, courgette, maïs doux, haricot, pomme de terre, brocoli, laitue, melon, pastèque et porte-greffes. Ces variétés ont été conçues pour répondre aux différents besoins des producteurs à travers le monde, selon les spécificités de leurs terroirs. A noter que la recherche représente une part importante des investissements et des effectifs de l’entreprise. Les différents départements, dont des laboratoires à la pointe de la technologie, travaillent en étroite collaboration afin de produire de nouvelles variétés et des semences de haute qualité. 10

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La parfaite maitrise de l’ensemble des process a d’ailleurs permis à Yuksel Seeds de bénéficier de la certification GSPP. Motivée par le dynamisme indéniable de la filière maraîchère marocaine, Yuksel Seeds est présent au Maroc depuis 2007 grâce à un solide partenariat avec son distributeur exclusif AGROSEM. Les deux partenaires ont pu développer de nombreuses variétés qui prennent en compte les spécificités des terroirs et des contraintes rencontrées par les producteurs marocains. Parmi les récentes introductions on peut citer les variétés de tomate Pamela (calibre 2) et Adriana (allongée) toutes les deux destinées à l’export, de même que les poivrons Princessa (type Kapia) et Cremy Elmas (type Cornoblanco). A noter également qu’à l’image de ces journées portes-ouvertes à Almeria, Yuksel et son distributeur Agrosem organisent régulièrement au Maroc des journées dans leur station expérimentale à Agadir pour présenter aux producteurs locaux les résultats des différents essais. D’autres tests sont parallèlement menés dans différents sites de la région chez des producteurs, afin d’observer le comportement des variétés dans différentes conditions agronomiques pour s’assurer de la stabilité de leurs performances avant le lancement commercial. En effet, les variétés de Yuksel jouissent d’une notoriété et d’une fiabilité prouvées du fait que la maison ne commercia-

lise que des variétés testées et approuvées à travers de nombreux essais et sur plusieurs années.

Echange d’expériences

Outre la découverte des spécificités et des nouveautés de Yuksel, le voyage a été une excellente opportunité pour l’échange d’expériences entre les professionnels venus du monde entier. Pour les opérateurs marocains présents, c’était l’occasion de découvrir les points communs avec l’agriculture marocaine ainsi que les problèmes vécus au quotidien par les agriculteurs espagnols et les solutions qu’ils ont trouvé pour les contourner. En effet, pour le Maroc comme pour le sud de la péninsule ibérique, l’agriculture représente un enjeu majeur, avec une grande similitude des conditions climatiques, édaphiques, cultures pratiquées et surtout la nécessité d’une bonne gestion des sols fatigués et des ressources hydriques limitées. A ces entraves d’ordre agronomique, s’ajoute l’évolution continue des exigences des chaines de distribution pour répondre aux attentes de clients à la recherche de fruits et légumes de grande qualité et sains, sans résidus de pesticides. Cette réalité a obligé ces exploitations agricoles à parier sur les nouvelles techniques et l’innovation afin de transformer les conditions adverses en opportunités, tout en privilégiant les solutions naturelles. De même, face à la concurrence (notamment marocaine) les producteurs espa-

gnols adaptent en continu leur offre. Dans le cas de la tomate par exemple, ils se focalisent sur des segments qui ne sont pas produits par les producteurs marocains pour des raisons diverses, notamment la tomate grappe, les spécialités, les tomates colorées (jaune, orange, chocolat, zébrée…) e autres produits de niche. L’une des tendances constatées lors de ce séjour est l’orientation de plus en plus vers la tomate rose de gros calibre, appréciés sur les marchés russe, polonais, chinois et japonais. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, bien que présentant une coloration rose, ces tomates sont parfaitement mures et sont dotées de qualités gustatives bien supérieures à celles de la tomate ronde ordinaire. Ces variétés pourraient bien être cultivées au Maroc pour diversifier encore plus son offre en tomate qui reste stable ces dernières années en termes de surface mais évolue davantage en termes de segmentation. Le seul obstacle relevé par les professionnels serait le fait que 40% de la production des serres au Maroc est écoulée sur le marché local, où le consommateur pourrait être réticent à l’idée d’acheter une tomate rose, du fait que dans son esprit la couleur rouge est synonyme de pleine maturité du fruit. En Europe, globalement la tomate standard ronde a toujours sa place dans les étals. Mais de plus en plus de consommateurs recherchent des options plus gustatives et plus originales que ce soit www.agri-mag.com


Visite de la coopérative CASI

dans les petits fruits (cerise, olivette), les tomates allongées, les grandes tomates (ananas, marmande, raf, coeur de boeuf, zébrée, noire de Crimée, etc.). Beaucoup de ces variétés étaient à la base des variétés OP avec une conservation limitée, mais quelques semenciers comme Yuksel Seeds sont parvenus à développer des hybrides à meilleure conservation sans pour autant altérer le gout. Au Maroc, certaines de ces variétés sont cultivées par quelques producteurs et de nombreux essais sont en cours. Ce qui limite leur expansion malgré leur intérêt c’est que dans nos conditions le cycle de production est très long, de ce fait il y a besoin de variétés offrant des plantes robustes. De plus, les fruits subissent de nombreuses manipulations (récolte, conditionnement, stockage, transport) ce qui n’est pas compatible avec la nature relativement fragile de ces variétés. Par contre, en Espagne, ces variétés se sont bien développées (deux cycles par an) vu que les fruits subissent moins de manipulations puisqu’elles sont écoulées directement sur le marché local et sur ceux des pays limitrophes. Par ailleurs, des observateurs s’attendent à ce que d’ici 2 ou 3 ans des producteurs marocains s’orientent eux aussi vers plusieurs cycles par an plutôt qu’un seul cycle long. Cette stratégie présenterait de nombreux avantages en rendement et en qualité. Ces aspects seront abordés en détails dans notre dossier spécial tomate export du nuwww.agri-mag.com

méro d’avril/mai.

Le modèle Almeria

Parallèlement aux journées portes-ouvertes, les professionnels conviés par Yuksel ont eu la chance de réaliser plusieurs visites intéressantes dans la région d’Almeria qui concentre 90% de la tomate espagnole. Ils ont ainsi pu découvrir une exploitation agricole dans la localité de Nijar, ainsi que la bien connue coopérative CASI (la plus importante coopérative de tomate en Espagne) et en fin la structure de commercialisation de légumes la UNION basée à El Ejido. L’Espagne compte en effet sur un modèle qui a fait ses preuves, basé sur une excellente organisation professionnelle en plus d’un système commercial et un branding très efficaces. Les producteurs sont regroupés dans des coopératives, ellesmêmes regroupées au sein de grands groupes (Casi, Unica, Agroponiente, Vicasol, …). Chacune de ces structures dispose d’un système d’encadrement, de conseil et de suivi des producteurs adhérents. Leur gamme de produits est très large couvrant tomate, melon, pastèque, …. Concernant la tomate, tous les segments à haute valeur ajoutée sont produits par les adhérents (grappe, allongée, grappe cerise, mini plume, tomate ronde classique, cocktail grappe, raf et raf chocolat, mini plume grappe…). Des essais variétaux sont menés chaque année (400-500 variétés) pour orienter le choix des agriculteurs. Ces groupes disposent de bureaux commerciaux à

Visite de la UNION

Visite de la UNION

Visite du palais Al Hambra à Granada

travers le monde et suivent de près les tendances des marchés pour adapter l’offre. Ils participent également à tous les grands salons internationaux de promotion des fruits et légumes à travers le

monde. Un article complet sera consacré à la coopérative CASI dans la prochaine édition d’Agriculture du Maghreb en collaboration avec l’équipe Yuksel Seeds. Agriculture du Maghreb N° 125 - Février 2020

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Actu Actu Entreprise

Des solutions naturelles pour une agriculture sans résidus

Fondée en 1998, Seipasa est une entreprise espagnole spécialisée en recherche, développement, fabrication et commercialisation de solutions naturelles pour l’agriculture, dont le siège est à L’Alcúdia (Valence). M. Mohcine Ousfani, responsable du projet de Seipasa en Afrique et Moyen Orient, nous donne plus de détails sur ce qui fait le succès des produits de cette entreprise innovante auprès des producteurs. Agriculture du Maghreb :Pouvez-vous nous décrire les domaines d’excellence de Seipasa ? Mohcine Ousfani : La large gamme de biopesticides, biostimulants et produits nutritionnels actuellement proposés par SEIPASA est le résultat de grands efforts de recherche et développement, année après année, pour développer les meilleures solutions pour une agriculture durable, des rendements élevés et, bien sûr, des récoltes sans résidus. Ces produits contribuent ainsi à l’obtention de fruits et légumes à haute valeur ajoutée et très appréciés par les marchés internationaux. C’est une alternative efficace aux pesticides synthétiques traditionnels pour lutter contre les ravageurs et les maladies des cultures Par ailleurs, les producteurs exportateurs qui ont des problèmes avec les résidus, trouvent la solution idéale dans les produits Seipasa, tous d’origine naturelle et sans résidus. AdM : Quelle est l’importance de la R & D & i pour une entreprise comme Seipasa M. O : Le succès de Seipasa commence au département R & D & i. En effet, 30% du personnel et 30% du budget annuel de l’entreprise sont dédiés à la R & D & i. Ainsi, depuis son inauguration en 2010, le centre expérimental SEIPASA a été un outil fondamental dans les progrès réalisés ces dernières années sur la voie de l’agriculture zéro résidus. Le centre, en collaboration avec le laboratoire de l’entreprise, centralise l’ensemble du processus de recherche, de développement de produits et de tests d’efficacité dans un espace unique capable

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M. Mohcine Ousfani, responsable du projet de Seipasa en Afrique et Moyen Orient

de reproduire les conditions des cultures du client, garantissant ainsi l’efficacité et la stabilité des produits. Différents tests sont effectués afin d’évaluer les performances de nouveaux traitements avant de passer au stade précommercial. Il y a aussi une évaluation des divers adjuvants, des doses efficaces, du comportement des traitements dans les conditions réelles du terrain, ou des mélanges avec d’autres produits de Seipasa ou d’autres fournisseurs, entre autres paramètres. AdM : Qu’est ce qui distingue les produits Seipasa des autres solutions biologiques ? M. O : Parmi les innovations importantes de Seipasa on peut citer l’obtention des formulations liquides très performantes comme le cas de la formulation patentée du produit FUNGISEI. Ce produit a été le gagnant de la cérémonie Agrow Awards 2017 comme la formulation la plus innovante de l’année. C’est un vrai challenge, formuler un biopesticide sous forme

liquide avec une stabilité au-delà de deux ans - avec la difficulté que cela implique lorsque la base est constituée de micro-organismes - sans recourir à des conservateurs ou à tout type de substance chimique. La formulation liquide donne une plus grande facilité d’utilisation par rapport aux biopesticides dans d’autres formats, réduisant la manipulation et l’exposition. L’agriculteur obtient une meilleure distribution, grâce à des applications plus homogènes dans les surfaces, donnant ainsi de plus grands rendements. De plus, il évite les taches de récolte qui peuvent se produire avec les restes inertes de la forme de poudre mouillable. Des études sur le terrain ont montré que les nouvelles formulations conçus par SEIPASA offrent aux biopesticides une efficacité équivalente aux produits chimiques, avec le grand avantage de produire sans résidus, sans oublier les avantages pour la santé et l’environnement d’être une solution totalement naturelle.

AdM : Pouvez-vous citer quelques exemples de vos solutions innovantes commercialisées au Maroc ? M. O : Sur le marché marocain, nous avons introduit 4 Biopesticides homologués pour de différents problèmes de culture. C’est le cas notamment de Fungisei que j’ai déjà cité précédemment et qui est à base d’une souche patentée du Bacillus Subtilis et qui représente une solution très efficace pour le control du Botrytis, de l’Oïdium, des maladies du sol, entre autres. Le Pyrecris est un insecticide polyvalent a base de la pyréthrine naturelle, homologué pour le control de la mouche blanche et le puceron. Le Seyland est une formulation naturelle pour stimuler les processus biologiques du sol et renforcer les racines. Le Nakar est un insecticide naturel qui présente un excellent contrôle par contact contre les insectes à carapace molle comme les pucerons, les cochenilles, les aleurodes et les acariens. Nous mettons également à la disposition des producteurs marocains une sélection de biostimulant et engrais foliaires formulés a base de matières premières de haute qualité. Quelque chose à ajouter ? M. O : Je tiens en fin à souligner que le succès de Seipasa repose également sur une équipe jeune et dynamique qui allie expérience et passion pour l’agriculture naturelle à zéro résidus. Cette équipe hautement qualifiée regroupe agronomes, chimistes, pharmaciens, techniciens commerciaux et spécialistes en marketing.

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IRRITEC

Fournisseur de solutions innovantes d’irrigation

La pénurie des ressources hydriques et l’accroissement des besoins alimentaires ont favorisé le développement de l’irrigation goutte-à-goutte dans le monde entier. Depuis sa création, Irritec s’est fixée pour objectif d’améliorer l’efficience de l’utilisation de l’eau en offrant une large gamme de solutions pour l’agriculture, les espaces verts, l’adduction d’eau et le secteur minier. En ce qui concerne le secteur agricole, Irritec est devenue une référence mondiale grâce au développement de solutions couvrant tous les besoins. En effet, Irritec conçoit, fabrique et distribue des produits et des systèmes complets pour l’irrigation, à savoir : les systèmes de mico-irrigation, d’aspersion, les canalisations, les systèmes de filtration, les automatisme, dispositifs de fertigation, etc. Depuis sa création, cette société sicilienne concentre ses efforts dans le domaine de l’irrigation et investit énormément dans la recherche et le développement de produits fabriqués en Italie en accord avec les objectifs de l’entreprise qui sont de simplifier le travail et d’optimiser l’utilisation de chaque goutte d’eau. De plus, les produits Irritec s’inscrivent dans une économie circulaire, car ils utilisent un plastique à faible impact tout en assurant les mêmes performances. Le but de ces produits est de fournir la bonne quantité d’eau à chaque culture individuelle, en garantissant un approvisionnement correct en nutriments aux bons moments et aux bonnes doses. Idéal à la fois dans les champs ouverts et dans les serres, les produits d’irrigation goutte à goutte Irritec sont la bonne solution pour tout type de culture, adaptés aux vergers, vignobles, cultures horticoles, serres et à toutes les situations où un débit précis est requis.L’un des produits les plus importants brevetés par Irritec, issu de la Recherche et du Développement, est la gaine eXXtreme™. L’innovation et le respect de l’environnement ont valu de nombreuses récompenses internationales à une entreprise qui se soucie avant tout des agriculteurs, des distributeurs et des revendeurs et d’avoir une irrigation d’excellence tout en préservant le bien le plus précieux de la planète : l’eau. Evolution de l’entreprise Avant de figurer parmi les leaders mondiaux du secteur de l’irrigation, la société Irritec est passée par plusieurs étapes importantes : - En 1974, M. Rosario Giuffrè, avec son frère Cono et son fils Carmelo, a fondé Irritec. A cette époque, l’activité principale de l’entreprise était la fabrication de stores en PVC. Basée à Capo d’Orlando dans la province de

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nalisations pour l’irrigation et les ouvrages hydrauliques. - Le début des années 90 a marqué le début du succès de l’entreprise : la production de lignes de goutteurs à Siplast (aujourd’hui Irritec) incluses dans le portefeuille Irritec a permis la fourniture de systèmes d’irrigation complets. En 1990, l’actuel directeur général, M. Carmelo Giuffrè, a décidé d’acheter un brevet qui a conduit Irritec à produire et à vendre la première série de lignes de goutteurs, suivie de la deuxième en 1991 et de la troisième en 1992. Aujourd’hui, Irritec distribue ses produits dans plus de 150 pays à travers le monde, compte plus de 700 employés, dispose d’une dizaine d’usines de production à tra�vers le monde, ainsi que des succursales commerciales stratégiques dans plusieurs pays. M. Bouchaib Idrissi, Responsable commercial et technique Maroc d’Irritec. Messine, elle ne comptait que 18 employés. - Dans les années suivantes, Irritec a commencé à grandir et Carmelo Giuffrè, 25 ans, a proposé une manière différente de traiter les plastiques. L’importance de l’économie d’eau et l’idée d’un avenir dans le domaine de l’irrigation ont fait que l’entreprise se concentre sur le secteur de la micro-irrigation. - Dans les années 80, les pratiques de la micro-irrigation, principalement répandues dans les pays du Moyen-Orient, aux ÉtatsUnis et en Arabie, ont également atteint l’Italie. Pour répondre aux nouvelles exigences des nouveaux systèmes d’agriculture et d’irrigation des espaces verts, Irritec a élargi son offre avec la production de ca-

Irritec au Maroc : Parmi les produits phares commercialisée par la société Irritec au Maroc, on peut citer : - la gaine avec labyrinthe la Irritec tape et aussi la dernière génération de gaine patentée Irritec la fameuse Exxtreme tape. - la gaine avec goutteur P1. - le goutteur intégré turbulent DPLINE. - le goutteur intégré autorégulant le Multibar C et la nouveauté de irritec Multibar F avec goutteur plat. - à cela s’ajoutent les stations de filtration automatique et les raccords en polyéthy� lène normal et agréé en eau potable. Pour toute information sur les produits Irritec, contacter : M. Bouchaib El Idrissi GSM : 0635 633 818 Mail : bouchaib.idrissi@irritec.com

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Actu Entreprise

AGRIMATCO

Fête ses 35 ans au service de l’agriculture marocaine La société Agrimatco a choisi la cité ocre Marrakech pour célébrer son 35ème anniversaire, le 16 Janvier dernier. La cérémonie a eu lieu dans un cadre convivial avec la participation de l’ensemble des équipes administrative, technique, marketing et commerciale de la société. L’occasion également pour le groupe Agrimatco de tenir sa réunion annuelle pour présenter le bilan des réalisations 2019 et les objectifs 2020.

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epuis sa création Agrimatco n’a pas cessé de se développer pour devenir actuellement un des distributeurs leaders du pays en semences et en solutions de protection des plantes. Avec des produits de qualité et une présence permanente dans toutes les régions agricoles du Maroc, Agrimatco a su se positionner comme un partenaire privilégié des producteurs qu’ils soient petits ou grands, tournés vers l’export ou le marché local. Une bonne connaissance

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de leurs besoins, permet à la société d’introduire des solutions adaptées dont plusieurs sont même devenus des références que ce soit dans le domaine des semences, de la protection phytosanitaire, du matériel de traitement ou encore de l’irrigation, ré-

pondant parfaitement aux exigences de l’ensemble des cultures. Il faut dire qu’Agrimatco est très sélective vis-à-vis de ses fournisseurs et ne représente que des sociétés leader dans leur domaine, développant des produits adaptés aux

conditions marocaines. Par ailleurs, faisant preuve d’une grande souplesse, Agrimatco suit de près l’évolution mondiale de l’agriculture. Ceci est notamment facilité par son appartenance à une multinationale implantée dans plus de 40 pays à travers le monde. La célébration du 35e anniversaire a aussi été l’occasion pour Monsieur Mohamed Miloudi, Directeur Général d’Agrimatco, de féliciter son équipe pour la progression continue qu’ont connues les différentes activités de la société.

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Filière

Région d’El Jadida

La tomate de plein champ : une culture traditionnelle en constante adaptation Abdelmoumen Guennouni

La production de tomate dans la région d’El Jadida a une histoire très ancienne puisqu’elle remonte à la période coloniale (encouragée par l’assurance du marché français et la proximité des centres de consomma� tion) et même plus loin. Les produits maraîchers hors saison d’El Jadida et Oualidia (zone Doukkala-Abda, aux conditions climatique particulièrement favorables) étaient connus aussi bien à l’échelon national qu’international. De la sorte, la région d’El Jadida s’est affirmée comme l’un des plus grands bassins de production de tomate de primeur et d’arrière saison avec le Souss Massa et la région de Casablanca.

Un contexte en évolution incessante

Pour l’histoire, il faut signaler que les exportations marocaines dépassaient largement le seuil des 100.000 tonnes pendant la fin des années 50 et un peu plus de 120 000 tonnes dans les années 60. 16

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Elles servaient en quasi totalité à approvisionner le marché français du mois de Novembre au mois de Juin (Série Etudes et Recherches, INRA Montpellier 1985). Plus tard, Les exportations ont augmenté de 20 % environ (142 000 tonnes en moyenne de 1970 A 1975) suite

au premier choc pétrolier de 1973, pour connaitre depuis la campagne 72/73 une régression continue qui les a maintenues depuis 1980 en dessous du seuil des 100 000 tonnes (90 000 tonnes en 83/84). Depuis, le Maroc a entrepris des actions de diversification des marchés et des www.agri-mag.com


M Bassit El Mokhtar

actuellement généralisées et bien connues des producteurs. Parmi ces techniques on peut signaler les méthodes de conduite, la production de plants, l’irrigation localisée, la maitrise de la fertilisation, la lutte contre les ennemis de la culture, etc.

Témoignage d’un producteur

Lors d’une visite dans la région d’El Jadida l’occasion s’est présentée pour rendre visite à un producteur de tomate et de longue date. Il s’agit de M Bassit El Mokhtar de Ouled Salah à quelques kilomètres à l’Est de l’ancienne ville maroco-portugaise qui s’appelait Mazagan il y a bien longtemps.

Un producteur averti en vaut deux

En plus de courgette et autres légumes, M Bassit produit de la tomate de plein champ depuis 13 ans, sur une superficie moyenne de 15 ha/an dont une partie en location auprès des agriculteurs

du voisinage. C’est un producteur connu dans le milieu professionnel pour son sérieux et son engagement assurant à ses cultures tous les besoins en intrants et facteurs de production et n’hésitant pas devant les dépenses et efforts nécessaires, même s’ils sont très coûteux. En même temps qu’il est très exigeant dans ses choix de variétés, de parcelles, … n’hésitant pas à essayer de nouvelles variétés (cellesci étant en constante évolution) et apports pour répondre aux besoins du marché en termes de tonnages

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productions ainsi qu’un ambitieux programme de modernisation et de mise à jour du secteur qui a permis d’améliorer la situation. En effet, après avoir occupé une large place dans la production et l’exportation de tomate côtelée de printemps, la région a pris une place prépondérante dans la production de tomate ronde et lisse, place renforcée avec la mise en place des cultures sous abris vers la fin des années 1970 dans le cadre de l’introduction par l’OCE (créé en 1965) des nouvelles techniques de production de primeurs destinés essentiellement à l’export (Plan de Développement du Maraichage Primeur). Les tomates de plein champ ont profité à leur tour du développement technologique pour l’amélioration de la production et de la qualité en passant des variétés fixées dont les semences étaient prélevées par les producteurs sur les fruits en fin de champ, aux variétés hybrides dotées des meilleures caractéristiques (résistances, productivité, transport, …) et qui sont

Tomate indéterminée de plein champ

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Contact : Abdelaziz Ahlafi Phone : +212 660 83 12 86 e-mail : Abdelaziz.Ahlafi@sakata.eu www.agri-mag.com

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Filière

Au centre M Bassit El Mokhtar (accompagné de M Chahid Bouchaib et Khayi Mohamed, producteurs de la région) A droite M. Abdelhak Rochdi, responsable commercial PIONAGRI. A gauche Yassine Masrour commercial zone centre Pionagri,

et de qualité.

Cycle de production

La production de tomate dans la région s’est limitée au plein champ après la libéralisation des exportations marocaines (depuis 1985 suite aux préconisations de la BM et du FMI) et la migration de la production sous abris vers la région d’Agadir. Ainsi, et d’après M Bassit, la production de tomate indéterminée de plein champ dans la région a lieu en deux créneaux : - Le créneau 1, caractérisé par un semis courant janvier-février pour une entrée en production en juin. Les variétés utilisées sont non tolérantes au Tylc (vu la faible pression du virus en cette pétiode) et à gros calibre permettant de limiter l’effet de la salinité de l’eau d’irrigation sur le calibre. Pour une culture bien conduite, comme celle de M Bassir, la production peut atteindre 100 à 130 t/ ha alors qu’elle ne dépasse pas 60 à

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80 t/ha en général surtout quand la salinité de l’eau est élevée et que la conduite de la culture n’est pas bien menée. - Créneau 2 au cours duquel les semis sont étalés entre avril et juin pour une production commençant en aout et pouvant se poursuivre jusqu’en décembre sachant que M Bassit a continué à récolter jusqu’à fin janvier cette année tant que les prix sont favorables. Cependant il doit arracher les plantes de tomate pour ne pas rater le créneau de la culture suivante. Les variétés adoptées pour ce créneau son vigoureuses et tolérantes au Tylcv en raison de la prolifération de la mouche blanche au cours de ce créneau. A signaler que la production des plants est effectuée localement par le producteur lui-même et que les plantules restent dans les plateaux en moyenne un mois jusqu’à leur plantation

Caractéristiques de la région

Dans la région, signale M Bassit, la salinité de l’eau d’irrigation est très fréquente et varie d’un puits à l’autre pouvant atteindre une conductivité électrique entre 3 et 5 milimhos/cm. Il rappelle dans ce sens, que plus la salinité de l’eau est élevée, plus elle a un effet dépressif sur la production. Ainsi une salinité de 5 mmhos/cm cause une chute de 25% de la production et avec 4 mmhos/cm la baisse est de 17% sachant que pour une production optimale un taux de 3 mmhos/cm et moins est nécessaire. La qualité du sol est essentielle également et les parcelles ayant déjà connu la production de tomate sont à éviter, d’où la difficulté de trouver des terrains relativement vierges dont les prix de location sont de plus en plus chers en plus des réticences de leurs propriétaires. La recherche de parcelles nouvelles est justifiée entre autres, par la nécessité de traitements des sols ayant déjà porté des cultures de tomate et dont le coût de traitement est plus élevé que le prix de la location.

Itinéraire technique

Depuis que M Bassit a commencé dans le domaine de la tomate plein champ, les techniques de production n’ont pas beaucoup évolué. - La plantation se fait avec une distance de 1,40 m entre rangs et 8090 cm entre plants sur les lignes (lignes jumelées avec alternance des plants des deux lignes) - La densité de plantation varie entre 16.000 et 18.000 plants à l’hectare, sachant que la conduite des plantes de tomate se fait sur deux bras (la tige principale et un rejet) - Dans cette configuration, chaque plante peut produire en moyenne 8 kgs de tomates - Le coût de production d’un hectare atteint 200.000 dh si on dispose déjà des outils de production et 220.000 dh/ha si ci c’est une première installation. Ainsi le prix de revient départ champ se situe entre 2,30 et 2,50 dh/kg - Sur le plan phytosanitaire les principaux fléaux enregistrés par la production dans la région sont le Tylc en été, Tuta absoluta à partir de mars, en plus des acariens toute l’année et l’oïdium. Les traitements sont coûteux et s’ils ne sont pas bien menés, les rendements peuvent être sérieusement affectés. www.agri-mag.com


Dans ce cadre, il faut signaler quatre pratiques culturales utilisées par les producteurs D’El Jadida : Décaler les dates de semis par rapport à la période d’activité de l’insecte et à son alimentation, arracher les mauvaises herbes qui peuvent héberger l’insecte ou le virus, éviter la plantation de cultures proches à risque de contamination comme le poivron et les haricots, utiliser des produits fertilisants pour renforcer la vigueur de la plante.

Commercialisation

Depuis l’arrêt du conditionnement et des exportations dans la région, la production de tomate plein champ est destinée exclusivement au marché local et aucune exportation n’est effectuée à partir de cette origine. M Bassit explique que les ventes se font sur place entre le producteur et les intermédiaires et les prix varient d’une année à l’autre et au cours de la même campagne et dépendent du marché, de l’offre et la demande. Certains producteurs peuvent tenter de vendre eux-mêmes leur production sur les marchés de Casablanca ou du Nord du Maroc mais les coûts élevés du transport et frais d’approche sont prohibitifs. En effet ils peuvent atteindre 15 à 17 dh par caisse (31 kg/ caisse) pour Casablanca et 25 dh pour le Nord. Par exemple, les prix de vente ont culminé cette année à 70 dh par caisse avec une évolution en dents de scie alors que l’année dernière ils étaient descendus jusqu’à 20 dh/caisse.

Quel avenir ?

Quand à l’avenir de la tomate de plein champ dans la région, M Bassit est très réservé surtout avec une offre de plus en plus importante alors que la demande ne suit pas. En outre, la production de tomate d’Agadir commence à se prolonger jusqu’à la période estivale qui est la principale sur le plan commercial pour les producteurs de la région. Par ailleurs cette production du Sud commence à les concurrencer également sur le créneau d’octobre novembre qui était dédié essentiellement à la région côtière d’El Jadida habituée à assurer une production de juin à décembre. En plus il fait remarquer que le gap entre le prix de vente entre producteur et consommateur est de trois fois ou plus, suite aux nombreuses interventions des intermédiaires. www.agri-mag.com

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Phytosanitaire

Résistances de la tomate aux bioagresseurs Source : INRA France

La première méthode de protection utilisée contre les bioagresseurs a été la résistance génétique. Ainsi, des plantes possédant de meilleures caractéristiques agronomiques et capables de produire en présence de parasites ont été sélectionnées dès le début de l’agriculture. C’est à partir de 1900 que commence à se réaliser une sélection sur des bases scientifiques. Les efforts déployés par les sélectionneurs depuis les années 1950 ont abouti à la création de variétés possédant de plus en plus de gènes de résistance, comme nous le verrons ultérieurement.

Sources de résistance

Chez la tomate, la lutte génétique repose sur l’exploitation de résistances généralement monogéniques dominantes provenant d’espèces sauvages affines de l’espèce cultivée. C’est l’une des espèces modèles pour l’utilisation de résistances monogéniques dans les variétés cultivées. Les deux espèces sauvages qui ont jusqu’ici apporté le plus de gènes de résistance dans

dans les graines bien avant la maturation des fruits. Il faut donc recourir à leur extraction à l’état immature, c’est-à-dire 30 à 34 jours après l’hybridation, sans attendre les 55-60 jours nécessaires à la maturation des fruits de la tomate prise comme femelle. Les embryons sont cultivés in vitro sur milieu nutritif jusqu’à l’obtention de plantules. Une autre technique consiste à polliniser la tomate avec un mélange du pollen de la tomate avec du pollen

les variétés cultivées sont Solanum pimpinellifolium (ex Lycopersicon pimpinellifolium) et S. peruvianum (ex L. peruvianum). En prenant la tomate comme parent femelle, les croisements avec S. pimpinellifolium sont réalisés facilement. En revanche, les croisements avec S. peruvianum sont délicats et nécessitent de recourir à des techniques particulières comme le sauvetage d’embryons in vitro. Il en est de même avec l’espèce S. chilense (ex L. chilense), très voisine de S. peruvianum, et qui est à l’origine de récents travaux sur la résistance à plusieurs Begomovirus. L’hybridation de chacune de ces deux espèces avec la tomate produit des embryons qui avortent

de l’espèce sauvage. Cette pollinisation produit de nombreuses graines parmi lesquelles figurent quelques hybrides interspécifiques. Les hybrides F1 obtenus sont presque autostériles. Pour progresser vers le type tomate cultivée, les sélectionneurs doivent réaliser plusieurs générations de recroisements par la tomate. Le premier recroisement nécessite d’utiliser une des techniques employée pour l’obtention des plantes F1. Les recroisements suivants s’effectuent sans difficultés. Une autre espèce sauvage, S. habrochaites (ex L. hirsutum), a apporté des résistances à la tomate cultivée sans grande difficulté d’hy-

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bridation. Son rôle est devenu très important comme parent mâle des hybrides F1 utilisés comme porte-greffes, tant de la tomate que de l’aubergine. Ces hybrides sont réalisés en croisant une variété de tomate, porteuse de gènes dominants de résistance à plusieurs maladies notamment d’origine tellurique (« Ve », « I », « I-2 », « Fr », « Tm-22 » et « Mi ») avec un écotype de S. habrochaites, apportant de la vigueur et des résistances dominantes, dont une à la maladie des racines liégeuses (corky root) et l’autre à Didymella lycopersici. À ces résistances, il convient d’ajouter la résistance à Alternaria alternata f. sp. lycopersici contrôlée par le gène « Asc » présent dans la quasi-totalité des variétés cultivées, anciennes ou récentes. Des programmes de sélection utilisant d’autres résistances venant des espèces citées arriveront prochainement à leur terme. Des recherches de résistances exploitables sont conduites dans d’autres espèces de Lycopersicon, ainsi que dans des espèces éloignées appartenant au genre Solanum. Quatre espèces appartenant à ce dernier genre (S. lycopersicoides, S. juglandifolium, S. ochranthum et S. sitiens), regroupées dans la série « juglandifolia », présentent de fortes analogies morphologiques et chromosomiques avec des espèces du genre Lycopersicon. Ainsi, des hybrides F1 sont aisément obtenus avec S. lycopersicoides, espèce intéressante pour sa tolérance au froid et ses résistances au Cucumber mosaic virus (CMV), à Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis et à Botrytis cinerea. Des problèmes de stérilité et d’incompatibilité rendent toutefois difficiles les processus de rétrocroisement.

Nature, niveau d’efficacité et durabilité des résistances

La résistance est une caractéristique héritable qui diminue les effets du parasitisme. Son efficacité dépend de la combinaison de deux facteurs : - le niveau d’expression de la résistance ; - la durabilité, ou stabilité de la résistance dans le temps. www.agri-mag.com


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Situation des résistances disponibles chez les variétés cultivées et les porte-greffes

Ces deux facteurs possèdent chacun un déterminisme particulier :

Déterminisme du niveau de la résistance

Résistance et sensibilité sont les deux extrêmes d’un ensemble de réactions de la plante hôte. Selon le mécanisme impliqué, le niveau de la résistance apparaîtra plus ou moins élevé, d’où la distinction entre résistance absolue et résistance partielle. La résistance absolue, appelée aussi « verticale », est due à un phénomène d’immunité ou à un mécanisme d’hypersensibilité. Dans le cas d’immunité, la plante est totalement indemne de parasitisme. Cette résistance peut résulter d’une absence de fixation de l’agent pathogène sur l’hôte ou, dans le cas des virus, de l’absence chez l’hôte d’un élément ou d’une fonction essentielle à la réplication virale. La résistance à Mycovellosiella fulva, conférée par le gène « Cf-2 », est un bel exemple d’immunité ; elle est maintenant surmontée par la race 2 présente dans de nombreuses régions. Le terme d’« immunité » est souvent utilisé improprement pour dénommer une résistance qui se manifeste en absence de symptômes visibles, mais qui n’exclut pas la pénétration du bioagresseur. Lorsqu’intervient un mécanisme d’hypersensibilité, le processus d’infection demeure localisé et inactivé par la mort des tissus infectés. À température élevée, le mécanisme est plus lent et des symptômes peuvent apparaître. Deux exemples sont fournis par le gène « Tm-2² » de résistance aux Tomato mosaic virus (ToMV) et au Tobacco mosaic virus (TMV) et par le gène « Mi » conférant la résistance aux Meloidogyne spp. La résistance partielle, appelée aussi « horizontale », est caractérisée par la diminution du nombre de points de fixation des agents pathogènes sur l’hôte, le ralentissement de leur croissance et de leur développement dans les tissus et la diminution du nombre d’unités infectieuses émises. La résistance partielle à Phytophthora infestans, contrôlée par le gène « Ph-2 », illustre cette situation. Il résulte globalement de ces phénomènes une progression plus lente de la maladie sur la plante et de l’épidémie dans la culture. Une résistance partielle soutenue par de bonnes pratiques culturales et une protection phyto22

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sanitaire raisonnée peut éviter le développement d’une épidémie. La notion de résistance partielle ne doit pas être confondue avec la tolérance qui est une notion agronomique. Cette dernière caractérise le comportement d’une plante dans laquelle le parasite vit et se reproduit, comme dans une plante sensible présentant des symptômes typiques de maladie, mais dont le rendement n’est pas affecté. Cependant, il est fréquent de parler de « variétés tolérantes » en virologie pour caractériser des plantes qui permettent une multiplication active d’un virus sans extérioriser de symptômes typiques de la maladie, et dont le rendement n’est pas affecté.

Déterminisme de la stabilité de la résistance dans le temps

La stabilité des résistances de haut niveau peut être extrêmement variable selon les gènes les contrôlant. Ce n’est qu’après de nombreuses années d’utilisation que l’on peut évaluer avec fiabilité la durée d’une résistance ou l’importance pratique de l’adaptation d’un agent pathogène à une résistance donnée. La rapidité d’apparition de nouveaux pathotypes est extrêmement grande chez certains agents pathogènes comme Mycovellosiella fulva. À l’opposé, après de nombreuses années d’utilisation dans des conditions environnementales très variées, certaines résistances n’ont jamais été surmontées comme celle aux Stemphylium spp. D’autre part, il existe de nombreux exemples de résistances qui, bien que surmontées, continuent de présenter un intérêt pratique non négligeable dans certains contextes culturaux.

Une quinzaine d’agents pathogènes sont maintenant contrôlables par des résistances génétiques chez la tomate. L’efficacité de ces résistances est très variable, que ce soit pour leur niveau d’expression ou leur stabilité dans le temps face à l’évolution de la virulence des agents pathogènes. Les variétés sélectionnées pour leur résistance aux bioagresseurs sont surtout destinées aux cultures abritées, plus fréquemment et sévèrement parasitées. Leur potentiel de production étant très important, le prix élevé des semences résultant de coûteux programmes de sélection est facilement accepté. Certaines résistances mises en évidence depuis longtemps ne sont présentes que dans de rares variétés. Dans le cas de Pyrenochaeta lycopersici, la raison est complexe ; cette résistance est partielle et d’hérédité monogénique récessive, et le géne « pyl » qui la contrôle doit être présent dans les deux parents des hybrides F1. De plus, la pratique du greffage sur porte-greffes multirésistants possédant notamment un haut niveau de résistance à P. lycopersici diminue l’intérêt de la sélection d’hybrides F1 résistants à ce champignon tellurique. La résistance partielle à Phytophthora infestans, difficile à mettre en évidence par des tests précoces de sélection, n’a intéressé que peu de sélectionneurs. De plus, elle concerne une maladie aérienne pour laquelle de nombreux fongicides efficaces sont disponibles sur le marché. Les autres résistances, d’utilisation limitée, intéressent surtout les zones de production particulières (par exemple tropicales humides pour Ralstonia solanacearum) ou font l’objet de programmes relativement récents. La disponibilité de résistances monogéniques dominantes permet de cumuler dans les hybrides F1 un nombre croissant de résistances : les hybrides destinés aux cultures abritées offrent généralement 4 à 5

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résistances, certains en cumulent jusqu’à 7. Pour les cultures de plein champ, les variétés fixées possèdent 2 à 4 résistances. De plus en plus d’hybrides F1 de ces différents types de production disposent de ces résistances et contribuent à la protection durable de la tomate. Les porte-greffes disponibles ne sont pas très nombreux et peuvent être séparés en 2 groupes : - les hybrides F1 dans le type tomate cultivée avec plusieurs résistances aux maladies telluriques dont une résistance partielle à Pyrenochaeta lycopersici ; - les hybrides F1 interspécifiques entre la tomate cultivée et Lycopersicon hirsutum. Ces hybrides ont un système racinaire puissant supportant des températures plus basses que la tomate cultivée. Lycopersicon hirsutum, originaire des hauteurs andines, offre aussi un haut niveau de résistance dominante à Pyrenochaeta lycopersici.

Espoirs de nouvelles résistances à court terme

Devant l’efficacité et l’absence de nuisance pour l’environnement de la lutte génétique, d’importants programmes de sélection ont été et sont conduits dans le monde. Ils devraient permettre de contrôler un nombre croissant de bioagresseurs. Les techniques de biologie moléculaire utilisées pour marquer les gènes intéressant les sélectionneurs permettent la sélection de résistances difficiles à mettre en évidence par des biotests précoces. Elles facilitent ainsi la sélection de résistances partielles, oligogéniques ou polygéniques et le cumul d’un plus grand nombre de gènes de résistance. De sérieux espoirs de résistance sont envisageables pour pratiquement tous les types de micro-organismes phytopathogènes. Ils concernent pour plusieurs d’entre eux le contrôle de certaines races adaptées aux résistances actuellement disponibles dans des variétés cultivées. À titre d’exemple, les micro-organismes susceptibles d’être contrôlés par des résistances issues des espèces sauvages de Solanum (ex Lycopersicon) sont présentés ci-après. - Un nouveau pathotype de Fusarium oxysporum f. sp. lycopersici qui surmonte les gènes « I » et « I-2 » est maintenant présent dans différentes régions. Cette nouvelle race, désignée généralement « race 3 », est contrôlée par le gène dominant « I-3 » issu de S. pennellii (ex L. pennellii). Il a été introduit dans des lignées de tomate ; des hybrides F1 commerciaux résistants aux 3 races commencent à apparaître. - De nombreux travaux font état de résistances partielles à Alternaria tomatophila, provenant de diverses espèces sauvages dont S. habrochaites (ex L. hirsutum) et présentes dans différentes variétés commerciales. Cette résistance ne doit cependant pas être confondue avec celle efficace contre A. alternata f. sp. lycopersici qui est contrôlée par le gène dominant « Asc ». Cette résistance, présente chez la quasi-totalité des variétés cultivées anciennes et modernes, est référencée « résistance à l’Alternaria » dans certains catalogues semenciers. Cette indication prête à confusion : il ne s’agit en aucun cas d’une résistance à l’alternariose du feuillage provoquée par A. tomatophila. - Le gène « Ph-1 » de résistance à Phytophthora infestans a été surmonté avant même d’avoir été utilisé en sélection, et le gène « Ph-2 », incomplètement dominant et contrôlant une résistance partielle, a connu les mêmes déboires. Les sélectionneurs ont alors recherché une résistance plus efficace. Les espoirs portent maintenant sur le gène « Ph-3 » issu de S. pimpinellifolium (ex L. pimpinellifolium). 24

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- En ce qui concerne Oidium neolycopersici, les sélectionneurs visent à cumuler les gènes de résistance issus d’espèces sauvages afin d’assurer un haut niveau de résistance à différentes races récemment mises en évidence. - Des sources de résistance à Clavibacter michiganensis subsp. michiganensis sont connues depuis longtemps. Il s’agit de résistances partielles, avec des niveaux d’expression très influencés par les conditions de milieu. Issues d’espèces sauvages, elles sont à la base de programmes de sélection conduits dans le monde entier, dont les types variétaux destinés à la transformation industrielle semblent les plus avancés. - Différentes sources de résistance aux Xanthomonas spp. ont été mises en évidence. Les travaux de sélection visent à cumuler les résistances aux différentes races et à en obtenir une s’exprimant tant pour le feuillage que pour les fruits. Une résistance provenant de

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S. pimpinellifolium est particulièrement travaillée. - En ce qui concerne le Potato virus Y (PVY), les travaux portent essentiellement sur la résistance issue de S. habrochaites contrôlée par deux gènes : « pot1 », récessif, et « Pot-2 », dominant. Cette résistance est efficace tant à l’égard des souches provoquant une mosaïque que des souches nécrotiques. - Un gène dominant, stable à haute température et permettant de contrôler l’Alfalfa mosaic virus (AMV), a été mis en évidence dans une origine de S. habrochaites. Ce gène, dénommé « Am », intéresse les sélectionneurs des pays méditerranéens où l’AMV est parfois grave. - Pour le Tomato yellow leaf curl virus (TYLCV), la sélection tend à augmenter le niveau de résistance des hybrides en cumulant des gènes issus de différentes espèces sauvages. Des programmes de sélection sont également conduits pour contrôler les autres Begomovirus, dont la diversité est importante. - Le gène « Mi », utilisé depuis longtemps dans différents contextes culturaux pour combattre les nématodes à galles appartenant au genre Meloidogyne, est surmonté dans de nom-

breuses régions. Deux autres gènes issus de S. peruvianum (ex L. peruvianum) ont été introduits dans des lignées de tomate. Le gène « Mi-2 » contrôle les souches surmontant « Mi » mais s’avère, comme ce dernier, inefficace à température élevée. En revanche, « Mi-3 » permet de maîtriser les souches adaptées à « Mi » et se montre stable à haute température. Les sélectionneurs s’intéressent à ce gène, notamment pour les cultures de la tomate en zones chaudes et sols sableux, dans lesquels la température s’élève davantage au niveau des racines. Les programmes de sélection, aidés par le marquage moléculaire, cherchent maintenant à cumuler ces nouvelles résistances avec celles déjà disponibles et ayant fait leurs preuves dans le matériel commercialisé. À plus long terme, des résistances à d’autres bioagresseurs seront introduites dans les programmes de sélection. Des espoirs existent par exemple pour contrôler Verticillium albo-atrum, race surmontant le gène « Ve », Phytophthora nicotianae, Colletotrichum coccodes, Botrytis cinerea, Pseudomonas syringae pv. tomato (race surmontant le gène « Pto ») et le Pepino mosaic virus (PepMV). Des recherches sont également conduites pour contrôler génétiquement différents insectes, mais il est trop tôt pour en pronostiquer les résultats pratiques.

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Alerte Le Virus du fruit rugueux de la tomate brune (ToBRFV) inquiète les producteurs Découvert en Israël en 2014, le Virus du fruit rugueux de la tomate brune (Tomato Brown Rugose Fruit Virus en anglais) s’est répandu ensuite en Jordanie (2015) et en Arabie saoudite. Depuis 2018, il a atteint l’Allemagne et la Californie qui tentent de l’éradiquer, alors que le Mexique serait plus fortement touché. En 2019 s’ajoutent à la liste : la Turquie, l’Italie, la Chine, la Palestine et le Royaume-Uni. Le virus est également rapporté, mais non confirmé, aux Pays-Bas, au Chili, en Éthiopie, au Soudan et la première détection canadienne, bien que non confirmée, aurait eu lieu en Ontario (2019). Cependant, d’autres pays pourraient être concernés par la nouvelle, même si ToBRFV n’est pas encore officiellement établi.

L

e ToBRFV étant un virus émergent particulièrement dangereux et la tomate étant une culture importante dans la région Euro-méditerranée, l’OEPP (Organisation Européenne et Méditerranéenne pour la Protection des Plantes) a décidé en Janvier 2019 de l’ajouter à sa liste d’alerte.

Hôtes

La tomate et le poivron sont les 2 principaux hôtes du ToBRFV. On

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rapporte aussi les pétunias et plusieurs espèces de Nicotiana (p. ex. : tabac) qui développent des symptômes, tandis que certaines mauvaises herbes telles que Chenopodium spp., Chenopodiastrum murale et Solanum nigrum peuvent servir de réservoirs du virus. Il y a également un cas documenté d’infection dans l’aubergine au Mexique.

Symptômes

Les infections virales sont sournoises, si bien qu’une plante infectée peut paraître tout à fait saine, selon son degré de tolérance. Elle devient alors un foyer d’infection insoupçonné et peut propager la maladie aux variétés saines, mais sensibles au virus. L’occurrence et la gravité des symptômes varient en fonction des variétés et l’âge de la plante au moment de l’infection. Les symptômes les plus graves sont observés sur des plantes infectées à un jeune âge. La variété de tomates et les conditions de croissance (température et lumière) affectent également l’expression des symptômes, tout comme la charge en fruits et l’état nutritionnel. Concernant les conditions ambiantes, le virus semble plus dommageable sous abri qu’en plein champ et l’infection frappe plus sévèrement en périodes de stress comme lors des chaudes périodes estivales ou des périodes froides hivernales. Les symptômes se développent

généralement dans les 12 à 18 jours suivant l’infection, et la maladie peut entraîner des pertes de rendement de 30 à 70%, voire 100% dans certains pays. Les symptômes s’apparentent beaucoup à ceux du virus de la mosaïque du Pépino (PepMV) qui est un potexvirus, ainsi qu’aux 2 autres tobamovirus (virus de la mosaïque de la tomate [ToMV] et virus de la mosaïque du tabac [TMV]). - Sur tomate • Feuilles : chloroses (jaunissement), mosaïque ou marbrure, parfois plus étroites ou filiformes. • Calices (sépales des fleurs) : brunissement et nécroses aux extrémités. • Pétioles des feuilles et pédoncules : taches nécrotiques. • Fruits : taches pâles, jaunes ou brunes avec des symptômes pouvant être rugueux; maturation inégale; fruits déformés ou irréguliers; calibre ou nombre réduits; avortement. - Sur poivron • Feuilles : jaunissement, mosaïque ou déformation. • Fruits : déformation, jaunissement ou plages nécrotiques brunes ou des rayures vertes.

Tobamovirus et ToBRFV

Le virus de la tomate rugueuse brune a été identifié comme faisant partie du genre Tobamovirus, qui contient également le virus de la mosaïque du tabac et le virus www.agri-mag.com


de la mosaïque de la tomate. Ces virus sont très stables à l’extérieur de leurs hôtes végétaux, ce qui est inhabituel pour les virus végétaux. Les particules de tobamovirus peuvent survivre dans les débris des cultures, sur les outils, les piquets, les treillis métalliques, les conteneurs, les bancs de serre et les plateaux de semis pendant des mois, voire des années. Ces virus sont transmis mécaniquement dans la sève végétale infectée, ce qui signifie que tout ce qui transfère la sève végétale infectée d’une plante à une autre peut propager la maladie. Par conséquent, le ToBRFV peut être facilement disséminé pendant les opérations de production commerciale, y compris la production de semis, le repiquage, l’élagage, le palissage, le liage, la pulvérisation et la récolte. Le TMV et le ToMV sont des virus transmis par les graines, et il est possible que le ToBRFV soit transmis sur les graines de tomate. Il a également été signalé que le ToBRFV peut se propager par les bourdons. www.agri-mag.com

Modes de transmission

Ce virus fait partie du genre Tobamovirus et est facilement transmissible par différents moyens : Contact (mécaniquement) • Plante : tout ce qui peut transférer la sève d’un plant infecté à un autre lors des manipulations (plantation, travail sur les plants, pulvérisations, récoltes), par les restes de plantes ou matériel végétal infecté incluant les racines et le sol contaminé. • Visiteurs et travailleurs : mains, vêtements, appareils cellulaires ou autres, manipulation de fruits infectés (ex. : boîtes à lunch). • Équipements : outils de taille, contenants, boîtes, plateaux, cartons, palettes, chariots et voiturettes. • Structures : poignées de porte, lignes d’emballage et surfaces diverses. • Pollinisateurs et insectes ravageurs (broyeurs) qui se déplacent de plant en plant.

Semences • Le virus reste viable plusieurs années, principalement logé en surface sur les téguments, plus rarement à l’intérieur dans l’endosperme. • On rapporte que la transmission des semences aux transplants est assez faible et que c’est finalement la manipulation des quelques plants infectés qui propagent la maladie. Propagation • En pépinières (greffes ou boutures).

Mesures de contrôle

Une fois que le virus est introduit dans une zone donnée, les mesures de contrôle sont très limitées et reposent principalement sur l’élimination des plantes infectées et sur des mesures d’hygiène strictes. Des méthodes de test (ELISA, RTPCR) sont disponibles pour détecter le virus, notamment dans la graine. Agriculture du Maghreb N° 125 - Février 2020

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Phytosanitaire La vigilance est nécessaire pour éviter sa propagation, puisqu’il n’existe aucun moyen curatif. La PRÉVENTION et la BIOSÉCURITÉ en serre restent les meilleures alliées des producteurs. L’éradication est quasi impossible en serre, puisque sa présence est assez persistante dans l’environnement. En effet, ce virus est très stable en dehors des plantes hôtes et peut survivre des mois et des années sur les surfaces en l’absence de plantes hôtes.

Résistance variétale

Actuellement, aucune variété ne possède de gène de résistance contre ce virus. Par contre, la plupart des variétés possèdent les gènes de résistance aux 2 autres principaux tobamovirus, dont le TMV et/ou le ToMV : 0-2 (races 0-12), sans toutefois leur assurer une tolérance au virus ToBRFV. C’est différent dans le cas du poivron, puisque la résistance des variétés actuelles aux tobamovirus TMV et PMMoV semble leur conférer une certaine immunité contre le ToBRFV. Le plus grand laboratoire public d’analyse de semences au monde à l’Université de l’IOWA (Iowa State University Seed Science- ISU-SSC) travaille actuellement avec le département de l’agriculture du Mexique pour identifier le virus et stopper sa propagation, particulièrement sur les semences. D’ailleurs, propagateurs et grainetiers de partout dans le monde sont conscients du danger de transmission par les semences et les transplants, et prennent toutes les mesures disponibles pour désinfecter et certifier leur matériel. Ils travaillent également de concert pour identifier les gènes de résistance au ToBRFV. Cela devrait prendre quelques années avant de voir apparaître de nouvelles variétés résistantes sur le marché. A noter que même les variétés qui ne présentent que des symptômes bénins peuvent contenir des niveaux élevés de ToBRFV dans leurs tissus et peuvent servir de sources d’inoculum pour d’autres plants de 28

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tomates et de poivrons. Face aux problèmes phytosanitaires en général, beaucoup de semenciers travaillent dans des conditions hygiéniques strictes similaires afin d’empêcher l’apparition de nuisibles et maladies. Ils procèdent régulièrement à des inspections des champs et serres, les cultures étant également contrôlées par des organismes gouvernementaux externes de protection des végétaux. Les semences récoltées sont toujours testées quant à la présence de Tobamovirus. En ce qui concerne le test des semences, beaucoup de maisons grainières appliquent la méthode recommandée par l’ISHI pour le test des Tobamovirus qui détecte également le ToBRFV.

Gestion de la culture

Il importe avant tout d’instaurer des mesures sanitaires préventives, puisqu’il n’existe aucune option chimique ou biologique pour lutter contre les virus, mis à part des vaccins qui ont été développés spécifiquement pour le virus de la mosaïque du Pépino dans la tomate. Les efforts pour gérer le ToBRFV se concentrent actuellement sur l’utilisation de semences et de plants repiqués propres et sur des pratiques d’hygiène strictes. Étant donné que le virus se propage facilement sur les mains et les vêtements, les travailleurs doivent être encouragés à se laver les mains régulièrement, à porter des vêtements propres tous les jours et à désinfecter les chaussures avant et après leur entrée dans les serres, ou à porter des combinaisons jetables et des couvre-chaussures propres et jetables en entrant dans les serres. Les travailleurs doivent se laver les mains avant et après avoir enfilé des gants. Lorsqu’ils déménagent dans de nouvelles serres, les travailleurs doivent se laver les mains et mettre de nouveaux gants, combinaisons et couvre-chaussures. Les outils utilisés dans les opérations de semis et de production de fruits doivent être régulièrement www.agri-mag.com


désinfectés à l’aide de solutions d’agents de blanchiment domestique. Il a été démontré que ces désinfectants aident à prévenir la transmission mécanique de plusieurs virus de la tomate, y compris le TMV et le ToMV, ils peuvent donc également aider à réduire la propagation du ToBRFV. Il est important de surveiller la concentration des solutions désinfectantes tout au long de la journée pour garantir que la bonne concentration est maintenue. Les travailleurs devraient être regroupés pour travailler dans des zones à effet de serre spécifiques, et le mouvement des travailleurs entre les zones devrait être minimisé. Les piquets, les plateaux de semis et les surfaces des serres doivent être soigneusement nettoyés et désinfectés entre les semis. L’introduction de boîtes, de plantes et d’autres matériaux provenant de sources externes dans les serres doit être limitée. Certains producteurs demandent aux travailleurs d’éviter d’apporter au travail des aliments contenant des tomates et des poivrons, car ces articles peuvent être des sources du virus. Seules des semences et des plants sains doivent être utilisés. Les sociétés semencières testent souvent les lots de semences de tomates pour détecter la présence de tobamovirus (y compris le ToBRFV). Des méthodes de détection spécifiques sont recommandées par la Fédération internationale des semences (ISF). Les sociétés semencières peuvent appliquer des agents désinfectants sur les semences pour réduire la présence de particules virales infectieuses. Les traitements par voie humide et sèche des graines se sont également révélés efficaces pour réduire la présence de certains virus de tomate transmis par les graines. Étant donné que le ToBRFV est un virus, ces procédures peuvent également être efficaces pour réduire la présence de ce pathogène. Dans les serres contenant des plantes infectées, les spécialistes recommandent de supposez que www.agri-mag.com

toutes les plantes peuvent être infectées. Il faut aussi commencer par travailler dans des serres contenant uniquement des plantes saines avant de travailler dans des abris contenant des plantes suspectées d’être infectées par le ToBRFV et retirer et détruire toutes les plantes qui développent des symptômes dès que possible pour réduire le risque de propagation de la maladie. Pour minimiser l’expression des symptômes, les producteurs peuvent réduire le stress des plantes et fournir des conditions de croissance optimales. La promotion d’un bon équilibre entre la croissance générative et végétative en réduisant les charges de fruits peut aider à réduire le stress des plantes, tout comme assurer des niveaux adéquats de fertilisation aux stades critiques de la croissance.

Autres mesures préventives

• Inspecter régulièrement les plants pour une détection hâtive. • En cas de doute, isoler le ou les plants suspects en les arrachant avec les racines, puis les déposer dans un sac pour éviter tout contact avec d’autres plants. • Par la suite, faire parvenir un échantillon de tissus symptomatiques à un laboratoire. • Dans le doute, restreindre l’accès et les déplacements dans la zone à risque de virus. • Éliminer et détruire (enterrer ou brûler) immédiatement les foyers

infectés. Il peut être important de détruire les plants tout autour, puisqu’ils ont potentiellement été infectés lors des diverses interventions. • Dans un cas d’infection, la rotation avec une autre culture peut être une solution à envisager. Plus la rotation est longue, plus les chances sont grandes de se débarrasser du virus. • Désinfecter les couteaux et les sécateurs après chaque usage. • Installer des pédiluves et des tapis de désinfection avant d’entrer dans la serre en prenant soin de remplacer régulièrement la solution désinfectante. • Désinfecter les chariots de transport et de pulvérisation, et tout autre objet en mouvement qui entre en contact avec la culture. • Visiter toujours une zone à risque en dernier. • Entraîner le personnel à reconnaître les symptômes et les mesures d’hygiène de base pour limiter une éventuelle contagion. • Demander aux visiteurs de porter une combinaison, des gants, un bonnet et des couvre-chaussures, puis de les retirer et les jeter en sortant ou en changeant de site. • Fournir des combinaisons de travail propres au personnel; ces vêtements doivent rester sur place et être lavés avec une eau très chaude, puisqu’en théorie, ce virus est désactivé à une température plus élevée (90-100 °C durant 10 minutes) si on compare avec le virus de la mosaïque du Pépino (65-70 °C durant 10 minutes). Agriculture du Maghreb N° 125 - Février 2020

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Détection Des méthodes comme le test ELISA (méthode immunoenzymatique) et RT-PCR (réaction en chaîne par polymérase à partir d’un échantillon d’ARN) sont actuellement disponibles, mais seul le RT-PCR spécifique au ToBRFV donne des résultats fiables. Les tests ELISA détectent les principaux virus TMV et ToMV et peuvent, par réaction croisée, détecter la présence d’un autre tobamovirus comme le ToBRFV sans l’identifier précisément.


Conduite

Fertilisation raisonnée du melon Cabinet Brun Zaoui

Le melon est un fruit très particulier sur lequel les questions de goût et de qualité sont à prendre en grande considération. Le consommateur est particulièrement exigeant en termes de qualité dont les critères sont nombreux et varient selon les goûts et les habitudes de consommation de chaque pays : calibre, couleur et texture de la peau (lisse, brodé), fermeté de la chair, taux de sucre, couleur de la chair, etc. Si quelques un de ces critères sont d’origine variétale, d’autres sont plutôt liés aux terroirs et au mode de conduite de la culture.

E

n plus des critères de qualité gustative et organoleptique, il faut se conformer aux critères de différents cahiers de charge. Il faut également assurer une bonne précocité et un rendement optimal au moindre frais. Pour assurer ces critères de qualité et avoir une part honorable dans le marché, notamment le marché européen où la consommation du melon est liée à la notion de plaisir et où les normes sont plus contraignantes, il faut bien raisonner la gestion de sa culture du melon. Cet article traite des notions de base

de la fertilisation raisonnée du melon. Cependant, il ne faut pas oublier que la culture raisonnée concerne l’ensemble des aspects de la production (choix des variétés, protection phytosanitaire, irrigation, cueillette,…). La fertilisation raisonnée du melon consiste à établir un plan de fumure prévisionnel qui sera ajusté en cours de la campagne en fonction du comportement de la culture et du suivi de paramètres culturaux (climat, nutrition, pH, EC,…).

Plan de fumure prévisionnel L’élaboration du plan

de fumure

prévisionnel consiste à déterminer d’avance la quantité, la répartition et le type d’engrais à apporter. Pour cela il faut : - Connaître les besoins de la plante et leur évolution au cours du cycle. - Evaluer la fourniture du sol et la biodisponibilité des éléments nutritifs. - Connaître les fertilisants et leur efficience. En plus, ces connaissances doivent être croisées avec l’exigence de la culture vis-à-vis des éléments nutritifs et sa sensibilité aux facteurs biotiques, ainsi qu’avec l’incidence des pratiques culturales sur l’efficience des fertilisants et la biodisponibilité des éléments. 1-Estimations des besoins Les besoins de la plante sont évalués comme suit : Besoin = rendement X exportations par unité de rendement 2-Evolution des besoins en cours du cycle Pour tous les éléments, les besoins augmentent fortement à partir de la floraison femelle et jusqu’au début de récolte. Dans le cas du calcium, 60% des besoins sont prélevés par la plante dans la quinzaine qui suit la floraison femelle.

Photo Agrimatco

3-Exigence du melon vis-à-vis des éléments minéraux L’exigence signifie que le melon va réagir très rapidement au manque par une baisse du rendement ou de la qualité, et réagir très favorablement à un apport. Le melon est considéré comme très exigeant vis-à-vis du magnésium et du phosphore et moyennement exigeant vis-à-vis du potassium. Concrètement, à l’encontre des

Tableau 1 : Exportations moyennes pour le melon en fonction du système de culture: Exportations en kg/tonne de fruit produit Système cultural N P2O5 K 2O MgO Plein champ 3.2 1.2 6.3 0.9 Chenille 3.5 1.5 6.5 1.4 Grand tunnel 3.9 1.7 6.9 1.7 30

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Fertilisation du melon considérations d’un grand nombre de producteurs et de techniciens, un rationnement en potassium sera moins préjudiciable qu’un rationnement en Mg ou en P. Fourniture du sol Pour évaluer la fourniture du sol, Il faut réaliser les analyses du sol et les interpréter selon un référentiel adapté. Il faut aussi croiser les informations tirées de ces analyses avec les conditions climatiques prévisionnelles. Pour plus d’informations nous renvoyons le lecteur aux articles parus dans Agriculture du Maghreb (le raisonnement de la fertilisation phosphatée, potassique et magnésienne - Les analyses de sols : quelles analyses demander ? A quelle fréquence les réaliser ? - Les bases échangeables)

Contrôle et ajustement

Le raisonnement de la fertilisation continue en cours de la culture par des contrôles et des ajustements des différents paramètres qui agissent sur la nutrition (conductivité, pH, humidité…) et des teneurs en éléments nutritifs dans le sol et dans l’appareille végétatif.

Azote

L’azote, comme le magnésium et le phosphore, est un facteur limitant du rendement du melon. Mais c’est aussi un facteur de qualité et de sensibilité aux maladies. Le melon doit satisfaire correctement à ses besoins en azote de la plantation à la nouaison. Les apports d’engrais doivent être répartis sur cette période. Les apports tardif sont souvent inutiles ou source de problèmes lié à la nouaison, au grossissement, à la qualité et à la sensibilité aux maladies (oïdium, acariens, pucerons). Le pilotage de l’azote est donc une pratique essentielle pour le raisonne-

ment de la fertilisation du melon. Pour plus d’informations sur le pilotage de l’azote nous renvoyons le lecteur à notre article « Les bases pour une gestion de la fertilisation azotée » paru dans Agriculture du Maghreb. Le schéma ci-dessus montre la grille de décision PILazoâ (une des méthodes normalisées pour le pilotage d’azote sur melon). Les tests azote sont fait sur le jus pétiolaire de la semaine 2 jusqu’à nouaison. Ils sont complétés par des analyses du stock minéral à la plantation pour assurer une disponibilité de 50 à 70 kg/ha. Après la nouaison, il faut suivre les teneurs en nitrate dans le sol. D’après notre expérience, les valeurs doivent être comprises entre 40 et 70 ppm.

Les autres éléments Phosphore, Potassium, Calcium Pour le contrôle de la nutrition phosphatée, potassique et calcique, il faut faire des analyses foliaires en cours de culture. Les phases clés sont : la pré-nouaison, le grossissement et le début de récolte. Magnésium Pour le contrôle de la nutrition magnésienne, la méthode est similaire aux

autres éléments (P, K et Ca). Cependant pour le magnésium, des apports systématiques sont conseillés dans les cas suivants : - Sensibilité variétale à la grille : apports foliaires complémentaires de Mg avant le début de récolte. - Charge importante de la plante : apports foliaires ou en fertigation au grossissement. - Temps chaud : apport du magnésium en foliaire. Pour la qualité des fruits (calibre, évolution du Brix), il faut faire des apports en cours de grossissement pour équilibrer le rapport Ca/K/Mg. Dans tous les cas, la fertilisation doit être arrêtée au plus tard, quinze jours avant fin récolte. Oligoéléments Tous les oligoéléments sont importants pour le melon. Il faut absolument étudier leur biodisponibilité par des analyses du sol. Cependant, le melon est particulièrement exigeant en molybdène et en Bore. Leur apport doit se faire de manière systématique - à la plantation pour le molybdène - au début de la nouaison pour le Bore.

Tableau 2 : Influence de la nutrition sur la production du fruit (d’après Huget et Cornillon, apparu dans le Melon, Ctifl 1991)

Témoin K faible Mg faible N faible P faible

% nouaison 21 20 7 15 7

Nitrate en ppm dans le pétiole > 4000 ppm 2500 – 4000 ppm 3000 – 3500 ppm 2500 à 3000 ppm Semaine après plantation 32

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Nbre de fruit par plante 6 4 2 2 1

Poids de la récolte 2503 2074 938 1015 423

Indice de production 100 82 37 40 16

Poids moyen du fruit 417 518 469 507 423

excés satisfaisant Apport de 20 à 25 kg d’azote par hectare dans la semaine Apport de 50 kg d’azote par hectare dans la semaine 2

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Fruits rouges

Botrytis de la fraise Bien le connaitre pour mieux le combattre

La moisissure grise est une maladie importante chez de nombreuses cultures. Chez la fraise, elle est fréquente et sévère. Les infections par Botrytis cinerea sont initiées lors de la floraison, mais demeurent latentes jusqu’à la mise à fruits. C’est lors de la maturation des fruits que la maladie s’exprime, car le contenu élevé en sucres des fruits favorise le développement de Botrytis. La maladie se manifeste parfois au champ, mais elle est surtout visible sur les fruits mûrs et récoltés. Les pertes en post-récolte peuvent être très élevées lors de saisons pluvieuses ou humides. Toutes les variétés de fraises sont sensibles à Botrytis, mais certaines le sont plus que d’autres. Les symptômes apparaissent généralement en foyer et la maladie se propage rapidement.

Cycle vital Le champignon hiverne dans le sol et les débris végétaux sous la forme de mycélium, de conidies ou de sclérotes. Sous la forme de sclérotes, Botrytis peut persister plusieurs années dans le sol, mais sous cette forme, Botrytis a peu d’impact dans les fraisières. C’est le stade conidie qui est la principale source d’inoculum dans les fraisières et elle provient des vieilles feuilles mortes. Le champignon est dispersé par le vent, les courants

Des fleurs de fraisier à différents stades de développement montrent un brunissement ou une brûlure débutant à l’apex des sépales (voir flèches) et progressant jusqu’aux pétales. Ce symptôme est causé par le champignon Botrytis cinerea, responsable de la moisissure grise. Il s’agit du tout premier stade de la maladie sur la fleur.

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d’air, l’eau (pluie, irrigation par aspersion, condensation), les outils, les insectes et les travailleurs. Les infections ont lieu lorsque les conditions sont humides (> 90 %), fraîches à tempérées (15 à 25 °C) et lorsqu’un contact est assuré avec de l’eau libre pendant 6 à 24 heures. Les précipitations jouent donc un rôle très important pendant la floraison et la formation du fruit. Le champignon pénètre dans les tissus par des blessures diverses, les tissus sénescents et rarement par les tissus sains. Les fleurs

Sur des feuilles de fraisier, des pétales se sont déposés et accolés aux feuilles, créant des taches ou des brûlures brunes et un jaunissement du limbe (voir flèches). Ces symptômes sont causés par le champignon Botrytis cinerea, responsable de la moisissure grise. En s’accolant aux feuilles, les pétales ont créé un film d’humidité entre la feuille et les pétales et cette humidité a offert les conditions propices au développement de la moisissure grise. Dans ce cas, les pétales étaient porteurs d’une infection latente de la maladie.

et les fruits sont plus sensibles aux infections que les feuilles saines.

Symptômes

- Sur fleur : toutes les parties de la fleur peuvent être affectées et brunir. Une sporulation brunâtre apparait sur ces tissus. Une ou plusieurs fleurs d’une même grappe peuvent être touchées. Les fleurs sont très réceptives aux conidies du champignon 2 à 3 jours après l’ouverture de celles-ci. Botrytis croit rapidement dans le filet des

Sur une fraise rouge (cv ‘Redcoat’), la portion du fruit située près des sépales présente une tache brune couverte d’un duvet grisâtre, d’aspect poudreux.

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étamines et le réceptacle et plus lentement dans le pistil. C’est pourquoi la pourriture débute souvent dans la zone du calice (sépales). Les fleurs fermées ne sont pas affectées. - sur feuille : les symptômes apparaissent généralement lorsque des parties de fleur tombent sur les feuilles. Les taches sont circulaires, avec ou sans jaunissement du limbe, débutant près de la marge. Elles se couvrent d’une sporulation grisâtre. - sur fruit : se manifeste n’importe où sur le fruit, mais débute généralement près du calice ou du pédicelle, dans la zone du calice. Les fruits infectés brunissent, sèchent et se momifient. Ils portent souvent une sporulation grisâtre, d’où le nom de pourriture grise.

Moyens de prévention

Les plantations suffisamment aérées, gérées avec un contrôle de la fertilisation et de l’irrigation, préviennent le développement accru de la pourriture grise. Le contrôle prophylactique du botrytis sur fraisier passe par des mesures préventives indispensables qui ont toutes pour objectif d’éviter le maintien de l’eau sur la plante et d’aérer la culture : densités de plantation adaptées pour faciliter la circula-

Sur fruits les symptômes ne sont pas toujours visibles au moment de la récolte. Ils s’expriment et se propagent à mesure que le fruit murit. Des infections secondaires peuvent également se produire par des blessures microscopiques sur les fruits après la récolte. Les symptômes de la pourriture grise peuvent apparaître aussi bien avant la récolte que sur les fraises déjà récoltées. La répartition des attaques de botrytis se fait au hasard puis en foyer et se généralise rapidement si les conditions de développement sont favorables. Le rhizome du fraisier peut également être atteint. Dans ce cas, une nécrose brun foncé à sa partie supérieure peut être observée par coupe longitudinale. Lorsque le rhizome est atteint, le botrytis peut provoquer soit la mort totale de la plante, soit le départ de bourgeons axillaires localisés sur la partie inférieure du rhizome. www.agri-mag.com

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Sur la grappe de fruits, on peut observer une gradation des symptômes sur la fraise. Un fruit blanc présente de sépales noircis (voir flèche noire), trois fruits rouges montrent une tache brune, avec ou sans duvet brun, près des sépales (voir flèches blanches) et finalement, des fruits plus mûrs qui sont presque complètement pourris et couverts d’un duvet brun. Cette grappe de fruits regroupe tous les symptômes potentiels de la moisissure grise sur une fraise.

tion d’air dans les rangs et volumes d’abris suffisants. Il est recommandé de choisir un site où l’air circule facilement, avec une bonne exposition au soleil, sur un sol qui se draine bien. Il est préférable d’orienter les rangs dans le sens des vents dominants, pour assurer un séchage rapide du feuillage et des fleurs afin de limiter le développement du champignon. L’utilisation du paillage plastique est préférable pour ne pas donner au botrytis les conditions idéales de son développement sur les parties aériennes du fraisier. De même, l’apport raisonné d’azote empêche ces conditions favorables à la maladie. Il faut également savoir que toutes les variétés de fraises sont vulnérables au botrytis, même si certaines le sont moins que d’autres. En effet, les variétés dont les fleurs et les fruits se trouvent en-dessus des feuilles, celles qui forment des fruits fermes avec un long pédoncule et des sépales ne se plaquant pas contre le fruit sont considérées comme moins sensibles. Cette sensibilité diminue encore si le cône central ne mûrit qu’après la 36

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chair qui l’entoure. Par ailleurs, pour assurer un meilleur contrôle du botrytis, l’observation en culture est très importante, notamment lorsque les fleurs sont blessées par le gel et donc plus sensibles aux infections. La vérification de la présence de brunissement sur les fleurs et les calices des fruits en développement, l’observation des signes de pourriture à mesure que le fruit mûrit et l’examen des centres de rangs, là où l’humidité relative est la plus élevée, sont des mesures de bon sens qui peuvent empêcher une épidémie conséquente de pourriture grise. En fin, l’enfouissement des résidus de culture dans le sol après la rénovation des fraisières coupe le cycle du champignon.

Choix et utilisation des fongicides

Pour le producteur, la réussite de la maitrise du botrytis permet d’obtenir des fraises plus saines et d’aborder plus sereinement la phase de commercialisation face aux exigences de plus en plus strictes des marchés : ab�sence de résidus, moins de www.agri-mag.com


Botrytis de la fraise pertes au stockage, au transport, sur les étals et chez le consommateur, etc. Les programmes de traitements fongicides doivent être définis en fonction du contexte de l’exploitation afin d’adapter au mieux le positionnement des produits de lutte. Selon le ou les stades de développement du Botrytis sur la parcelle, il conviendra de choisir le ou les fongicides présentant les modes adéquats d’action et de pénétration dans la plante (préventif et/ou anti-sporulant et/ou rétro activité, contact et/ou translaminaire, et/ou diffusant, systémique) en prenant en compte également leur polyvalence pour lutter contre d’autres maladies. Cette efficacité au champ permet en particulier d’obtenir plus de fraises saines à la récolte et d’aborder plus sereinement la phase de commercialisation face aux exigences de qualité (moins de pertes au stockage, au transport et sur les étalages). Il est recommandé de préférer les traitements en préventif, de respecter les doses recommandées et d’utiliser un programme englobant des fongicides issus de familles chimiques différentes. A noter que vu les exigences de plus en plus strictes des consommateurs, la lutte intégrée paraît de plus en plus la solution la plus adéquate pour faire face aux ennemis de la culture du fraisier. Il existe en effet des produits biologiques à base de souches du champignon Trichoderma ou de Pythium oligandrum comme solution au problème de pourriture grise. Ces produits sont utilisables avec les bourdons qui transportent les spores du Trichoderma vers les fleurs, l’organe le plus sujet aux attaques de Botrytis sur fraisier. De même il existe des produits visant la stimulation de l’activité microbienne utile du sol, rendant ainsi la nutrition hydro-minérale de la plante plus efficiente en plus de la protection et la stimulation du système racinaire et l’amélioration de l’autodéfense et la résiswww.agri-mag.com

tance au stress chez la plante.

Ne pas confondre

Sur les fruits, cette maladie peut être confondue avec la pourriture amère (Phytophthora cactorum), l’anthracnose (Colletotrichum acutatum) et la moisissure chevelue (Rhizopus stolonifer). Dans les deux premiers cas, il y a absence de sporulation grisâtre.

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Ennemi de culture

Mildiou de la pomme de terre Facteur limitant au rendement Au Maroc, le rendement moyen en pomme de terre reste faible par rapport aux potentialités qu’offrent les conditions de production dans notre pays. Parmi les nombreuses contraintes responsables de ce handicap, les maladies qui attaquent cette culture. Ces maladies peuvent toucher tous les organes de la plante et causer des dommages économiques importants handicapant la rentabilité de la culture : diminution du rendement, destruction totale ou partielle de la récolte, baisse de la qualité, … Ceci est particulièrement vrai pour le mildiou dont les attaques peuvent être violentes.

L

e mildiou est causé par Phytophtora infestans, champignon oomycète qui se conserve dans les tubercules infectés. Son développement est rapide et affecte essentiellement les parties herbacées. Il est favorisé par des températures journalières moyennes supérieures à 10°c, une humidité relative élevée (80-90%), de même

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que le temps nuageux et la pluie. Au Maroc c’est la plus redoutable des maladies cryptogamiques pouvant causer, selon les conditions météorologiques et le taux d’infestation, des dégâts très importants allant jusqu’à la destruction totale de la récolte. Les symptômes de la maladie commencent par l’apparition, sur la face supérieure des feuilles, de

tâches jaunâtres qui brunissent rapidement alors que, sur la face inférieure des feuilles, apparaît un duvet fin, blanc grisâtre. A partir de là sont disséminées (par le vent) des spores en nombre, le processus étant aggravé par une courte durée d’incubation. Les tiges attaquées noircissent et la plante peut être détruite en quelques jours. Les tubercules présentent des

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Le mildiou de la pomme de terre

tâches diffuses brunâtres sur l’épiderme, suivies durant le stockage, par un pourrissement complet (pourriture sèche) qui s’étend profondément à l’intérieur. La chair présente des zones à texture granuleuse de couleur brun-rouille. Des pourritures secondaires s’installent par la suite.

Méthodes de lutte

Protéger ses cultures est chaque année un nouveau défi puisqu’il s’agit d’adapter son raisonnement aux conditions climatiques et environnementales, aux menaces réelles, aux variétés plantées et aux contraintes économiques afin de préserver son rendement. Vu sa courte durée d’incubation et sa sporulation très importante, ce champignon devra susciter le plus d’attention de la part des producteurs de pomme de terre. Le meilleur moyen de s’en protéger est d’adopter des mesures préventives pour empêcher l’installation et la germination des spores.

Prévention

Avant de passer à la lutte chimique il est nécessaire de commencer par les méthodes culturales préventives pour empêcher l’installation et la germination des spores. Les principales d’entre elles commencent par : - une rotation culturale efficace en évitant que des solanées ne reviennent sur la même parcelle après plusieurs années (3 à 5). 40

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- de même on peut recourir à des variétés résistantes ou tolérantes à cette maladie, si elles existent, - utiliser des semences, de préférence sélectionnées, saines - brûler les résidus des cultures précédentes afin de diminuer l’inoculum primaire, - le terrain destiné à la culture doit être sain et éventuellement désinfecté et traité contre les nématodes - en outre, il est préférable d’éviter la salinité du sol et de l’eau d’irrigation. En plus il est nécessaire d’améliorer les conditions de production : - augmenter l’espacement entre les rangs de plantation, - éviter les excès d›azote, - éliminer les fanes et plants malades, - éliminer les adventices et plants spontanés de PDT qui constituent un foyer de contamination, - effectuer un bon buttage, - éviter l’irrigation par aspersion

La lutte chimique

Le programme de lutte contre le mildiou doit être adapté en fonction de la situation géographique, les régions étant plus ou moins sensibles aux maladies, et de l’historique de la parcelle. En fonction des conditions climatiques (pluies, humidité élevée et températures favorables, temps nuageux, brouillard, rosée fréquente, etc.), en cours d’année, il peut être né-

cessaire d’ajuster son programme. Pour être efficace, le programme fongicide doit être réalisé en préventif. Le suivi et les observations réalisées sur le terrain permettent d’adapter les cadences de traitements. Une fois que la maladie s’installe, il faut traiter à l’aide des fongicides systémiques en veillant à recouvrir de bouillie toutes les parties de la plante. Il est recommandé d’alterner les familles chimiques de produits de traitement afin d’éviter le phénomène d’accoutumance. De nombreux produits, à utiliser en préventif, existent. Il convient de choisir des produits adaptés à la situation : en fonction de leur mode d’action, de la pression de la maladie, des conditions de lessivage et de l’évolution de la culture. De manière générale, privilégier des produits hauts de gamme est gage de qualité. Ces produits sont composés de matières actives haut de gamme. Ils disposent ainsi d’une bonne résistance au lessivage et offrent un mode d’action plus complet. En fin, Il est important de noter que l’efficacité de la protection fongicide dépend également de la qualité de l’application des fongicides (pression, volume, vitesse, et type de buse). Les différents types de produits: - Type 1 : Produits de contact sans protection des tubercules. Ils assurent action préventive par deswww.agri-mag.com


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long de la saison de culture, selon le stade phénologique, la pression de la maladie et l’état sanitaire du champ - du moment d’application à Intérêt d’un système d’avertissement

truction des spores lors de la germination - Type 2 : Produits de contact ou assimilés, avec protection des tubercules. Forte action préventive sur les spores. Diminution du potentiel de germination. Action de protection du feuillage, des tiges et des tubercules - Type 3 : Produits pénétrants ou translaminaires (pénètrent dans la plante) avec ou sans rétroaction

(curativité). Action de protection du feuillage, des tiges et des tubercules L’efficacité de la protection fongicide dépend: - de la qualité de l’application : pression, volume, vitesse, et type de buse - des conditions météorologiques - du choix du fongicide : différentes propriétés seront requises tout au

Vis-à-vis du consommateur un programme de gestion intégrée de la production et la protection doit être mis en place pour faire face à l’ensemble des contraintes et offrir un produit de qualité avec peu ou pas de résidus. Pour la production destinée à l’export des cahiers de charges sont établis et respectés alors que le marché local, moins strict, nécessite aussi plus d’efforts pour un meilleur respect du consommateur et de l’environnement.

Entretien

« Nous luttons efficacement et naturellement contre le Mildiou » Patrick Georget, PDG d’Oxygénia

Publi-Reportage

A l’évocation de la problématique « Mildiou/pomme de terre », Patrick Georget esquisse un sourire qui en dit long. Il en profite pour nous glisser que le principal souci des producteurs concerne aussi et surtout le calibre des tubercules. «quant au mildiou, sachez que c’est un champignon que nous combattons très efficacement et de façon 100% naturelle depuis plusieurs années…et pas uniquement sur la pomme de terre ». Entretien. Agriculture du Maghreb : Pourquoi dites vous que le mildiou n’est pas une problématique ? Patrick Georget : Tout simplement parce que nous avons un traitement naturel qui fonctionne très bien depuis plusieurs années. Il suffit d’associer notre silice Oxysol à notre condi-

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tionneur d’eau Oxyflor. D’une part, notre silice, énergisée en oxygène, favorise l’Oxydo réduction et amé� liore la photosynthèse. D’autre part, notre conditionneur d’eau Oxyflor va « sécher » le champignon. C’est un conditionneur d’eau naturel, biodégradable et sans aucun résidu, aux vertus fongicides, virucides

et bactéricides. C’est le seul produit agréé, non toxique et écologique, dans la directive des biocides. AdM : Pour quels résultats ? PG :Positifs !! Il n’y a pas de raison que notre technologie fonctionne très bien en France et pas ailleurs. Nous avons aussi eu des essais positifs au

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Tableau : Test réalisé en 2017 chez EARL Petit Beauvoir (Groupe CAVAC) en Vendée (France).

l’important dans la culture des pommes de terre c’est d’assurer l’homogénéité du calibre des tubercules. Cela simplifie et facilite les ventes.

Maroc. Nous pouvons intervenir de façon curative ou préventive, que ce soit sur le mildiou, le Botrytis ou l’Oïdium. En raison de l’efficacité de notre traitement, je consi-

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dère qu’il ne s’agit pas vraiment d’une problématique. L’un des soucis majeurs des producteurs aujourd’hui, c’est le calibre des pommes de terre. Je m’explique :

AdM : Votre silice Oxysol a des effets en ce sens ? PG : En 2017, nous avons réalisé des tests sur la pomme de terre de Noirmoutier avec la CAVAC (Coopérative Agricole de Vendée fondée en 1965 et qui regroupe 10 000 agriculteurs). Nous avons fourni la silice et avons dû nous engager auprès du producteur à le dédommager en cas de perte de production par rapport au témoin. Heureusement ce ne fut pas le cas. En contrepartie le producteur suivait notre protocole à la lettre pour une parcelle de 2500 m² , à savoir: diminuer de 50% les doses de son produit chimique anti mildiou, appliquer chaque semaine pendant le cycle 60g Oxysol (dans les 50 Litres de bouillies)+ 4% Oxyflor. Résultat : pas de mildiou et une meilleure homogéneité des patates (cf tableau).

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Maïs, le progrès par la génétique Le maïs est aujourd’hui la première céréale mondiale. Sa production dépasse le milliard de tonnes, et devrait continuer à progresser pour les prochaines années. Le maïs est en effet une ressource essentielle, destinée aux trois quarts à l’alimentation animale. Quelles sont les raisons d’un tel essor ?

Des rendements qui progressent toujours

La première raison de la place du maïs au niveau mondial tient en un mot : ses rendements. La culture a bénéficié d’un formidable progrès génétique depuis plus de 50 ans. A titre d’illustration en France, en 1948, le maïs était cultivé sur 300 000 ha avec un rendement moyen de 14 q/ha, 20 ans plus tard, les surfaces doublaient, et les rendements aussi. 40 ans plus tard, les rendements enregistrés avaient de nouveau doublé et approchaient les 60 q/ha. En 2017, la France a produit 14 millions de tonnes de maïs grain, avec un rendement moyen de 103 q/ha. Le gain de rendement a été régulier et ne ralentit pas. Aujourd’hui, il est estimé de 1,2 %/ha/an toutes précocités et régions confondues. En grain, cela représente entre 1 et 1,2 q/ha/an, et en fourrage entre 0,10 et 0,15 tonne de MS/ha/an. C’est aujourd’hui la seule culture cultivée en France dont les rendements continuent d’augmenter, puisque à titre de comparaison les rendements en céréales à paille et en oléagineux stagnent depuis les années 2000.

Un progrès génétique pour des variétés toujours plus rustiques

Un tel essor des rendements est dû à une sélection dynamique qui explore différentes voies de progrès. 44

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Parmi celles-ci, il faut citer le travail lié à la résistance aux températures basses lors du démarrage de la culture. C’est ainsi que le maïs a pu rapidement conquérir les grandes zones d’élevage, et gagner sa première place dans les auges des exploitations de ruminants. Les plantes cultivées aujourd’hui valorisent également mieux l’eau et résistent bien au stress hydrique, gardant des rendements élevés même lors d’étés difficiles. Il existe aussi une meilleure résistance aux températures parfois extrêmes rencontrées dans les zones continentales ou dans le sud. Ainsi, les feuillages restent verts plus longtemps, et la photosynthèse se poursuit tout au long du cycle, y compris pendant la phase de remplissage des grains. Il faut également souligner que les sélectionneurs ont progressivement réalisé un tri variétal vis-à-vis des principales maladies rencontrées (l’helminthosporiose, les fusarioses…).

Pour choisir sa variété, l’agriculteur dispose aujourd’hui d’une multitude de critères : attention tout de même à bien les choisir. Il existe donc un panel de critères de choix dans lesquels il est vrai, il est assez difficile de s’y retrouver. Le choix d’une variété se fera dans un premier temps sur des critères agronomiques, la valeur alimentaire interviendra pour départager des variétés de rendement proche.

Le choix de la variété doit se décider essentiellement sur des résultats d’essais dans votre petite région qui permet au mieux d’évaluer le potentiel des différentes variétés. Bien sûr, il reste nécessaire de varier sa sole de maïs en plusieurs variétés permettant ainsi de limiter les risques. Quant au choix de nouvelles variétés, il est recommandé de ne pas les généraliser dans un premier temps, il est préférable de garder des valeurs sûres.

Des variétés adaptées aux besoins des animaux

Depuis les premières études spécifiques liées à la qualité des maïs pour l’alimentation animale, la sélection n’a jamais ralenti pour proposer aux éleveurs des variétés adaptées aux besoins des animaux. L’évaluation de la valeur alimentaire du maïs fourrage a toujours fait l’objet de travaux importants, y compris récemment à travers un travail qui a abouti en 2017 à une meilleure prédiction de la digestibilité et de la valeur énergétique du maïs. Il est important de souligner que l’estimation précise de la valeur alimentaire du maïs permet d’améliorer sa valorisation dans la ration, et de satisfaire au plus près les besoins des animaux, pour une meilleure compétitivité des exploitations d’élevage.

Source : Terre-net

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Arboriculture

Le grenadier Oussama Hamza

Consultant externe, Caliplant-Pomgenesis

Conduite adaptée aux nouvelles variétés

Cultivée depuis l’antiquité et mondialement connue pour ses vertus médicinales et anti cancérigènes, la grenade, fruit du grenadier (Punica granatum, famille des Lythracées anciennement Punicaceae) se place en deuxième position en termes de concentration en composés antioxydants derrière le Goji et devant la myrtille.

A

l’échelle mondiale, la culture de la grenade a connu un véritable boom ces deux dernières décennies. Cette expansion s’est aussi accompagnée par l’essor de nouvelles variétés issues de programmes d’hybridation, appelées à répondre à diverses problématiques à savoir l’amélioration du rendement, de la qualité interne et externe des fruits, de la qualité organoleptique… Cet engouement pour la grenade en tant que produit est le fruit d’une campagne de recherche et de Marketing qui a été financée par une multinationale mondialement connue et qui a fait du produit grenade son emblème. En effet les maintes propriétés anti

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cancérigènes découlent des recherches entreprises, ses propriétés bénéfiques continuent à faire l’objet de découvertes et de publications.

té géographiquement, il continue de croître au fil des années. L’un des points forts de la grenade est son important taux d’exploitation du produit ainsi que de ses sous produits. En effet les fleurs sont utilisées dans l’indusChoix variétal Il existe actuellement deux trie cosmétologique afin d’en exmarchés de commercia- traire les huiles essentielles, les lisation de la grenade : fruits peuvent être vendus pour le - Le premier est celui des variétés marche du frais ou pour l’industrie classées comme « sucrées ». Ce (jus, arilles) et en fin l’écorce des marché répond à la demande du fruits peut être utilisée dans l’inconsommateur du sud du bassin dustrie pharmaceutique. méditerranéen et a eu tendance à Le choix variétal doit être condise stabiliser en termes de volume tionné en premier lieu par le maret de valeur au cours des deux der- ché vers lequel l’agriculteur désire écouler sa production. Ce marché nières décennies. - Le second marché est celui doit être compatible avec le terroir des variétés rouges considérées dans lequel il se trouve, c’est pour comme semi-acides ou acides. cela que dans les zones arides ou Ce marché ne pouvant être délimi- semi arides la tendance est de privilégier des variétés précoces alors que dans les zones littorales ou en altitude il serait préférable d’opter pour des variétés de saison et/ou tardives. Comme évoqué précédemment l’avènement de nouvelles variétés issues d’hybridations naturelles ont permis de répondre aux exigences du consommateur final et ce en déplaçant progressivement les variétés classiques qui sont dans la plupart des cas des variétés populations et dont il existe plusieurs dizaines ou centaines de clones. Le grenadier en tant qu’espèce commerciale demeure une variété qui est utilisée comme franc de pied. Jusqu’à présent l’usage de variétés www.agri-mag.com


greffées demeure marginal pour la simple raison qu’il n’existe qu’un seul porte greffe officiellement recensé et patenté en Israël, sa principale vertu étant de réduire considérablement l’émission de rejets. Dans des pays comme l’Iran ou la Turquie, les instituts de recherche agronomique se sont attelés à trouver des solutions concrètes face aux contraintes édapho-climatiques. Ceci a été réalisé en utilisant les caractéristiques génotypiques de certaines variétés recensées qui ne produisent pas des fruits de bonne qualité mais dont les traits de résistance aux contraintes abiotiques sont toutes avérées (résistance à la sécheresse, moindre sensibilité à la chlorose ferrique, résistances à certaines maladies telluriques…).

ainsi sa très forte sensibilité aux attaques de Phytophtora (une des problématiques majeures sur grenadier). C’est pour cette raison que l’on recommande d’éviter la création d’un milieu

humide avoisinant à la zone du tronc qui est en contact avec la superficie du sol. La démocratisation de l’irrigation localisée a permis de réduire considérablement cette problématique. Néanmoins

Conduite technique du grenadier

L’expression du potentiel génétique variétal requiert une gestion culturale qui répond aux spécificités intrinsèques de la variété mais aussi aux conditions edapho-climatiques. La conduite culturale du grenadier n’est pas aussi aisée que certains peuvent le penser, l’obtention d’une production de qualité implique l’adoption de techniques culturales bien définies.

La fertirrigation

Le grenadier est une espèce dont les besoins en eau sont assez conséquents. Les besoins hydriques de la grenade varient de 5.000 à 6.500 m3/ha/an et peuvent dépasser ce chiffre dans des zones désertiques à semi-désertiques. Cependant la gestion des apports hydriques sont déterminants quand à la pérennité commerciale du verger en premier lieu mais aussi par rapport à la qualité des fruits obtenus. En effet le grenadier est une espèce qui est plantée franc de pied (dans 99% des cas), expliquant www.agri-mag.com

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Grenadier

Différents systèmes de palissage du Grenadier

il est fortement recommande d’éloigner les porte rampes des la première année afin de favoriser l’enracinement mais aussi d’éviter l’installation du champignon. Les apports hydriques doivent être également bien rationnalisés afin d’éviter les déficits (plus forte sensibilité au sunburn) ou les excès (attaques de phytophtora) ou l’alternance des deux phénomènes (recrudescence du phénomène de cracking). L’optimisation de la ressource hydrique peut aussi s’effectuer à travers la mise en place de la toile hors sol, le grenadier s’y adaptant d’une manière remarquable. L’usage de la toile hors sol peut être considéré comme faisant partie intégrante de l’agriculture de conservation. Elle consiste en le déploiement sur la ligne de plantation d’une membrane géotextile poreuse permettant l’aération, l’oxygénation et les échanges gazeux. On réduit ainsi considérablement l’évapotranspiration mais aussi la concurrence entre l’espèce exploitée et les plantes adventices pour l’eau et les éléments nutritifs apportés, en d’autres termes grâce à cette technique on optimise les apports hydriques et nutritifs. On estime que dans ce cas, l’économie d’eau et en engrais est de l’ordre de 30 à 40 % surtout lorsque la gestion de l’irrigation est accompagnée par la mise en place de tensiomètres ou de sondes. En termes nutritionnels, le calcium 48

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et le potassium jouent un rôle de premier ordre afin de réussir un fruit dont le calibre est conforme aux normes mais surtout réduire les problèmes liés au sunburn et au cracking, le sunburn pouvant être un catalyseur du cracking.

L’éclaircissage

Un taux de nouaison élevé peut être considéré comme une contrainte pour le grenadier dans la mesure où son bois est élastique et qu’il a tendance à se rompre facilement sous le poids des fruits. Par ailleurs, et afin d’obtenir des fruits en adéquation avec le calibre commercial recherché mais aussi afin qu’ils soient dépourvus de défauts esthétiques (forme parfaite, absence de cicatrices …), il est primordial de recourir à l’éclaircissage. L’éclaircissage peut aussi être un moyen de diminuer l’impact de la principale contrainte physiologique chez cette espèce à savoir le coup de soleil ou sunburn et ce en éliminant les fruits exposés au rayonnement direct ou ceux dont l’exposition est la plus à risque (exposition directe en deuxième moitie du jour durant les mois de fort rayonnement solaire). Ceci permettra l’obtention d’un calibre qui répond le mieux aux critères commerciaux mais aussi de maintenir un équilibre entre la végétation et le grossissement des fruits. L’éclaircissage concerne aussi les fleurs, le grenadier étant une espèce dont le nombre de vagues

florifères est compris entre trois et quatre (en fonction de l’âge du verger et de la charge des arbres). Les fruits de qualité sont issus de la première et deuxième floraison, les fruits issus des floraisons suivantes se distinguent par une mauvaise qualité et l’impossibilité de leur commercialisation. C’est pour cette raison qu’il est primordial de supprimer la troisième et quatrième vague florifère et ne pas permettre qu’elle noue étant donné que les fruits qui en découleront constitueront une concurrence directe avec les fruits en cours de maturité mais aussi que le cout énergétique qui en découle peut être très élevé pour l’arbre.

Le palissage

Comme mentionné précédemment, la typologie du bois du grenadier implique une grande fragilité. C’est pour cette raison que cette espèce requiert une structure de support qui peut être de plusieurs types (en bambous, en V, en T…). La mise en place d’une structure métallique permet d’amplifier la masse foliaire de l’arbre et par conséquent induire un plus grand nombre de structures fructifères. La structure permet l’ouverture de l’arbre à un angle déterminé et la mise en place des étages fructifères qui faciliteront aussi les opérations culturales telles que l’éclaircissage, la taille ou la récolte. On compte généralement 3 étages fructifères, le troisième pouvant être utilisé comme «parapluie » et www.agri-mag.com


ainsi créer l’ombrage nécessaires aux deux étages inferieurs et ce afin de minimiser l’impact du sunburn sur les fruits. La taille d’un verger conduit avec une structure de palissage diffère de celle d’un verger classique dans le sens ou l’objectif recherché est l’obtention d’un maximum de superficie foliaire qui garantira une floribondité plus importante ainsi qu’un nombre de fruits final. Pour cela lors de la taille certains gourmands pourront être arqués et ce dans le but de les leur induire la mise à fruit.

Culture sous filet

Largement diffusée sur d’autres espèces, la culture du grenadier sous filet a fait son apparition afin de répondre à deux principales problématiques à savoir le sunburn et l’obtention d’un calibre commercial convenable pour les variétés extra précoces.

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Le choix des caractéristiques du filet est crucial dans la mesure où il doit être capable de filtrer les longueurs d’ondes nocives pour la plante mais aussi pour le fruit. Le filet fait également office de protection anti-grêle dans les zones pouvant être considérées comme à risque. A l’intérieur du filet se crée un microclimat caractérisé par une température moyenne inferieure à la température extérieure, permettant à l’arbre de maintenir une activité soutenue sans souffrir d’aucun type de stress qui pourrait résulter des conditions climatiques. Le maintien d’une activité physiologique optimale durant la phase de grossissement du fruit permet au végétal de canaliser toute son énergie au profit de l’organe fructifère et de réussir à obtenir le calibre commercial recherché.

Protection Phytosanitaire

Le grenadier est sujet à divers ravageurs et maladies, on citera principalement :

Les ravageurs

- Pucerons (Aphis punicae Passerini, Aphis gossypii Glover) - Thrips - Acariens (Tenuipalpus punicae Prit. And Baker, Eriophyes granati Canestrini )

- Cicadelles - Certaines espèces de lepidoptères (Cryptoblables gnidiella Milliere Ectomyelois ceratoniae Zelle) - La cochenille australienne (Planococcus citri Risso ) - La cératite (Ceratitis capitata wied) - Nématodes (Meloidogyne spp; Helicotylenchus spp)

Les maladies

- Alternaria spp. - Phytophtora spp.

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Céréaliculture

Risque de réémergence de la rouille noire du blé Pr. Ezzahiri Brahim / IAV Hassan II - Rabat

Historiquement, la rouille noire était la principale maladie du blé au Maroc jusqu’aux années 1970 qui ont connu l’introduction et la généralisation de variétés résistantes issues de germoplasme développé par le centre international CIMMYT au Mexique. Depuis cette époque, la maladie est devenue rare et sporadique. Elle a été observée de temps en temps en zones montagneuses sur des variétés locales du blé. Seulement, et depuis deux ans, nous avons relevé des indications de la possibilité de retour à grande échelle de cette maladie au Maroc.

D

ans cet article, nous décrivons la maladie et les conditions de son développement dans un premier temps. Nous présentons ensuite nos observations de terrain sur les indices de réémergence imminente de cette maladie au Maroc et les propositions de mesures de prévention et de lutte à entreprendre à court et moyen termes.

Agent causal et symptômes de la rouille noire

Figure 1. Pustules de rouille noire sur feuille, tiges et glumes de l’épi

La rouille noire appelée aussi rouille des tiges est une maladie redoutable du blé. Elle peut occasionner des pertes de rendement pouvant aller jusqu’à 70%. Cette maladie est causée par le champignon Puccinia graminis f.sp. tritici doté de grandes capacités de survie, d’adaptation et de dissémination. La maladie se manifeste sous forme de pustules allongées de couleur rouge-brique à marron foncé. Elle se développe sur les feuilles, les tiges et les glumes des épis (Figure 1). Ces pustules composées de spores qui assurent la dissé-

mination rapide de la maladie. En fin de cycle du blé, les pustules du champignon sont transformées en forme de conservation de couleur noire, ce qui explique le nom attribué à la maladie.

Cycle de la maladie

Le champignon responsable de la rouille noire possède un cycle complexe composé de deux phases asexuée et sexuée, exigeant deux hôtes distincts. La première phase se passe sur blé, considéré comme hôte principal du champignon en assurant sa multiplication active. La phase sexuée exige un hôte alternatif du genre Berberis. Les rôles joués par cette phase sont la survie et la création de la variabilité du champignon. Au Maroc, il existe une espèce Berberis hispanica appelée communément épine-vinette qui est l’hôte alternatif de la rouille noire. Cette espèce pérenne se trouve à plus de 2.500 m d’altitude dans le Haut Atlas, le Moyen Atlas et le Rif. Dans les conditions marocaines, cet hôte

alternatif peut jouer occasionnellement un rôle dans la variabilité du champignon en générant de nouvelles races de ce dernier par le biais de recombinaisons génétiques. Pour la survie du champignon nous avons des évidences de sa conservation en zones côtières irriguées sous forme asexuée sur des repousses du blé.

Conditions de développement de la maladie

Le développement de la rouille noire est favorisé par des conditions humides et chaudes (15 35°C). Ce qui fait que le risque de la maladie augmente à la sortie de l’hiver, surtout lorsque le printemps est doux et pluvieux. Le prolongement du cycle de la culture par la subsistance de conditions humides en avril-mai rend les variétés sensibles du blé très vulnérables aux attaques du champignon.

Indicateurs de réémergence de la rouille noire au Maroc

Les observations sur deux années Figure 2: Pustules de rouille noire sur des talles tardives non récoltées du blé tendre à proximité de Sidi Slimane dans le Gharb

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Figure 3. Plante attaquée par la rouille noire dans un champ de blé tendre près de Dar Guedari dans la région du Gharb

Figure 4. Champ du blé tendre sévèrement attaqué par la rouille noire près de Dar Guedari dans le Gharb

nous ont permis de constater que la rouille noire du blé est en train de s’installer dans la région du Gharb sur la base des constatations sur le terrain et selon la chronologie suivante :

22 juin 2018 :

Nous avons observé la présence des pustules de la rouille noire sur des plantes non récoltées du blé tendre à proximité de Sidi Slimane dans le Gharb (Figure 2)

2 mai 2019 :

Nous avons détecté la présence de la rouille noire dans un champ du blé tendre situé dans la région de Dar Guedari dans le Gharb (Figure 3).

12 juin 2019 :

Figure 6. Foyer de survie de la rouille noire du blé localisé près de Mograne dans la région du Gharb.

La rouille noire s’est généralisée dans le champ de blé tendre qui a été repéré auparavant près de Dar Guedari dans la région du Gharb (Figure 4). Les plantes attaquées ont versé et le rendement et la qualité du grain ont été sévèrement réduits (Figure 5).

24 décembre 2019:

Nous avons détecté un foyer de survie de la rouille noire près de

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Mograne dans la région du Gharb (Figure 6). Il s’agit d’un champ où le blé tendre a été semé en mélange avec du bersim pour un usage fourrager. A la date du 24 décembre 2019, le blé se trouvait au stade de remplissage du grain.

Indicateurs de risque de développement de la rouille noire cette campagne

Le développement épidémique de la rouille noire dépend de la pré�sence du champignon sous forme de foyers primaires en automne, de la sensibilité des variétés cultivées et des conditions climatiques. Concernant le premier facteur, la détection le 24 décembre 2019 d’un foyer primaire de la rouille noire est une indication que le champignon a réussi sa survie estivale et constitue une menace pour la culture du blé au moins dans la région Nord-Ouest du Maroc. Pour le deuxième facteur, nous avons observé que les variétés à haut potentiel de production et qui sont appréciées par les agriculteurs sont très sensibles à la maladie. Reste le troisième facteur qui va déterminer la précocité et l’ampleur des attaques de la rouille noire. L’expan-

A

Figure 5. Impact de la rouille noire sur la qualité du gain du blé (a : sain, b malade)

B

sion rapide de la maladie sur les variétés sensibles du blé, du moins dans la région Nord Ouest du Maroc, serait favorisée par la persistance d’un temps doux et humide en hiver et au printemps.

Actions de prévention et de lutte Des mesures doivent être envisagées à court et moyen termes pour pouvoir remédier à une éventuelle réémergence de la rouille noire sur blé. A court terme, il serait utile de renforcer la surveillance phytosanitaire pour pouvoir détecter les premiers signes de présence de la rouille noire et d’appliquer des fongicides ciblant cette maladie dans les zones à risque. A moyen terme, il est important d’établir une stratégie nationale visant la prévention du développement de la rouille noire, en caractérisant les races du champignon responsable, en initiant un criblage des variétés pour leur résistance, en procédant au retrait progressif des variétés sensibles et en renforçant les actions de sensibilisation sur le positionnement et le choix des fongicides efficaces contre cette maladie.

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Drosophila Suzukii

11 ans après, quels moyens de prévention et de lutte ? D. suzukii est un ravageur majeur des cultures fruitières présent à l›échelle mondiale dans un nombre croissant de pays et peut favoriser le développement d’autres maladies et ravageurs. Cette mouche a été découverte en 1916 au Japon, et dans les années 1930 elle était largement observée au Japon, en Corée et en Chine. En Europe, elle a fait son apparition en 2008 (Espagne et Italie-2009) et aux Etats Unis en 2008 sur la côte Ouest. Invasive, polyphage et prolifique, Drosophila suzukii est un ravageur redoutable contre lequel il faut mettre en œuvre tous les moyens de lutte nécessaires.

Au Maroc, les premiers spécimens de Drosophila Suzikii ont été découverts l’été 2013 sur une culture de framboisier dans la région du Loukos. Plus tard, une étude menée dans le Nord-Ouest du pays durant 2017 et 2018 par Ahmed Boughdad (ENA Meknès) et coauteurs, a précisé le degré d’attaque de drosophile dans la région. Ainsi, environ 15% des 100 exploitations agricoles enquêtées cultivant des petits fruits rouges se sont révélées infestées par D. suzukii dans le Gharb et le Loukkos. Le framboisier est le plus touché par D. suzukii (61%), suivi par le myrtillier (22%), le fraisier (11%) et le mûrier (6 %). Les pics d’infestations surviennent en Novembre-Décembre et de Mars à Juin.

Biologie et plantes hôtes

Drosophila suzukii peut attaquer la plupart des espèces de baies, fruits à chair tendre et de nombreux fruits sauvages. On estime que 80 à 90 espèces de fruits cultivés et sauvages sont aujourd’hui attaquées par ce bioagresseur, entraînant des pertes pouvant atteindre 80% de la production. C’est un ravageur redoutable des petits fruits (cerise, fraise, framboise, myrtille, prune...) et peut aussi attaquer les pommes, les poires et les tomates et raisins. Mais cette mouche préfère

s’attaquer particulièrement à tous les fruits à chair molle (fraise, myrtille, cerises, raisins) et à de nombreuses autres espèces cultivées au Maroc (figuier, pêcher, prunier…), ce qui lui permettrait de s’étendre à d’autres régions de production, surtout que les conditions climatiques au Maroc sont très favorables à son développement Contrairement aux drosophiles européennes (surtout Drosophila melanogaster, mouche du vinaigre), qui, attirées par le gaz d’éthylène se dégageant au cours du processus de maturation, ne pondent leurs œufs que dans des fruits trop mûrs et même pourrissants, les femelles de cette drosophile possèdent un ovipositeur assez puissant pour pénétrer dans les fruits sains qui sont encore sur la plantes pour y déposer les œufs. La robuste tarière de ponte des femelles et les taches foncées sur les ailes des mâles sont les principales caractéristiques qui différencient Drosophila suzukii des espèces indigènes de drosophiles.

Bien observer et reconnaitre D. suzukii

Chez la drosophile, ce sont les femelles adultes fécondées qui hivernent dans

des cachettes protégées sous des feuilles ou des pierres. Elles trouvent suffisamment de lieux d’hivernage et se réveillent dès que les températures dépassent 10 °C et les mouches ne migrent en général dans les cultures que quand les fruits commencent à changer de couleur, avant qu’ils ne soient mûrs. Une femelle peut pondre entre 300 et 600 œufs, plusieurs par fruit si la pression d’infection est forte. La ponte des œufs et les morsures des larves sont en plus, des portes d’entrée pour les maladies. Les petites larves blanches sortent des œufs après 1 à 3 jours, puis elles se nourrissent de la chair des fruits pendant 5 à 7 jours en passant par 3 stades larvaires. L’essentiel des dégâts est provoqué par ces larves : les fruits se recroquevillent et se transforment en bouillie. Les larves se nymphosent sur les fruits endommagés mais rarement dans la litière du sol. La nouvelle génération éclot ensuite après une diapause nymphale de 4 à 15 jours. La température optimale pour la multiplication de cet insecte se situe entre 20 et 25 °C. Le cycle de génération étant de seulement 10 jours dans ces conditions, jusqu’à 15 générations sont possibles par année. Vu que les drosophiles adultes peuvent vivre pendant 2 mois, plusieurs générations

Détermination

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Il est possible de déterminer l’espèce avec certitude par l’observation des adultes. Les larves peuvent être confondues avec d’autres espèces de drosophiles ou de diptères, comme la mouche de la cerise. Pour confirmer la présence de Drosophila suzukii, il est recommandé de conserver les fruits affectés dans une boîte hermétique ou fermée avec un filet insect-proof à maille très fine et attendre au moins une journée après l’émergence des adultes pour identifier l’espèce : apparition de tâches noires sur les ailes des mâles, seul l’ovipositeur de la femelle visible à la loupe permet la détermination. Son identification précise repose sur différentes caractéristiques morphologiques qui doivent impérativement être observées. www.agri-mag.com


apparaissent en parallèle, ce qui explique l’énorme pression infectieuse qui se développe à la fin de l’été et en automne. Le cycle débute dès l’apparition des premiers fruits comme les cerises et les fraises en tout début de maturation. La couleur des fruits constitue un facteur prépondérant d’attractivité pour l’insecte notamment dans le spectre rouge foncé à violet. L’insecte est très mobile au sein de la parcelle, entre parcelles mais aussi à une échelle locale voire régionale. Il se déplace à la recherche de sources de nourriture, d’hôtes pour se reproduire et en fonction du climat. La pression de l’insecte est très liée à l’environnement de la parcelle. Sa répartition au sein d’une petite région n’est pas homogène et régulière dans l’espace et dans le temps, ce qui rend la lutte très difficile.

Stratégie de protection

De l’avis des experts, beaucoup de facteurs constituent un grand risque que Drosophila suzukii s’installe durablement et provoque de grosses pertes de récoltes, notamment : le grand nombre

uzukii

Larves de Drosophila Suzukii d’œufs pondus, la succession rapide des générations, la forte densité de plantes hôtes cultivées ou sauvages, la bonne adaptation au climat ainsi que la forte mobilité des mouches et leur dissémination potentielle dans les fruits récoltés. Le recours à la lutte chimique seule ne suffira pas pour maîtriser ce ravageur car on peut s’attendre à ce que Drosophila suzukii développe rapidement des résistances, sans oublier que des traitements seraient nécessaires pendant les récoltes puisque les attaques surviennent peu avant et à cause de l’immigration permanente de nouvelles drosophiles dans les plantations et de l’étalement des récoltes de la plupart des espèces de petits fruits. Il faudra donc utiliser de multiples stratégies à long terme pour assurer une maîtrise durable et efficiente de ce ravageur. Mesures prophylactiques et indirectes Les mesures indirectes sont celles qui

créent des conditions défavorables pour les populations de drosophile et réduisent ainsi le risque d’infestation (par exemple, fertilisation et travail du sol, gestion des cultures, effeuillage, récolte et hygiène, nouvelle plantation avec des variétés moins sensibles) ou les empêchent de pénétrer ou de pondre des œufs (filets et piégeage de masse). De même, il s’agit d’éviter d’attirer la drosophile et de vider sur place le contenu des pièges de surveillance des drosophiles et des pièges à guêpes. Toutes les mesures qui peuvent éviter la pullulation de l’insecte dans les cultures doivent être prises. Il est donc recommandé de : - éviter de trop espacer les cueillettes des espèces à récolte étalée comme les framboises et les fraises. Les fruits à pleine maturité sont en effet plus exposés aux pontes. - assurer une bonne aération des plan-

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tations (nettoyage régulier des vieilles feuilles sur fraisier, éclaircissage des latérales basses excédentaires et limitation du nombre de cannes/mètre linéaire sur framboisier). - ne pas laisser de fruits en sur-maturité ou infestés sur le plant ou tombés au sol. Ces déchets sont à évacuer des parcelles de cultures et à détruire régulièrement au moment de la récolte. - ne pas laisser de fruits sur les cultures si la récolte est compromise. Un simple traitement généralisé de la culture à «sur maturité » est déconseillé dans la mesure où il ne garantit pas une efficacité à la fois sur les adultes, les pontes et les larves. - pose de filets à mailles extrêmement serrées (cependant risque de problème d’attaque fongique à cause de la mau�vaise circulation de l’air, temps de pose et prix des filets élevés impossible à répercuter sur le prix de vente des fruits, pollinisation impossible des plants de fraisiers remontants, réduction de la photosynthèse). - mise en place autour et dans les parcelles de pièges à vinaigre spécifiques (efficacité aléatoire et coûts en temps de fabrication, pose et entretien importants et difficile à répercuter sur le prix de vente des fruits). Par ailleurs, les fruits touchés ou à sur-maturité qui sont récoltés par mesure prophylactiques doivent être placés dans des sacs en plastique fermés hermétiquement et laissés au soleil pour permettre une forte élévation de la température. En cas d’enfouissement, l’emplacement doit être profond, plus de 30 cm, mais le risque de réémergence persiste. Le compostage n’est pas conseillé. La destruction est contraignante sur les exploitations mais elle est nécessaire. Les expériences en parcelle ont montré que sans évacuation et destruction des fruits touchés, les dégâts sont toujours aussi importants. Pour les fruits rouges, fraise et framboise, les cueillettes serrées sont préconisées. Les dégâts ont souvent été moins importants dans les fraiseraies récoltées trois fois par semaine plutôt que deux. 56

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La prophylaxie est incontournable, explique un professionnel, en citant l’exemple d’un producteur sur deux hectares de petits fruits qui, en supprimant un roncier proche des serres, taillant strict, supprimant les drageons ayant produit, cueillant rapproché, éliminant les fruits en sur maturité, a surmonte le problème Drosophila.Cette prophylaxie est aussi efficace contre le botrytis. Mais il s’agit là d’un vrai travail qui nécessite de sensibiliser et de former le personnel et qui a un coût.

Piégeage de Drosophila suzukii

L’utilisation de pièges est recommandée aussi bien pour la surveillance que pour la lutte (piégeage de masse). Le piégeage de surveillance a pour but de détecter les premiers vols afin de déclencher si nécessaire les moyens de lutte. Certains producteurs fabriquent eux mêmes des pièges artisanaux à partir d’une simple bouteille en plastique, avec des séries de trous, et un attractif constitué d’eau, de vinaigre de cidre, liquide vaisselle. Il existe également d’autres mélanges à base de levure boulangère + Sucre + Eau ou macérât de framboise. Mais face à ces pièges ‘’artisanaux’’, les fabricants de pièges professionnels mettent en avant de nombreux avantages de leurs pièges performants et de l’attractif utilisé, notamment : - La couleur rouge spécialement étudiée pour attirer le plus grand nombre de drosophiles. En effet, tous les rouges n’attirent pas au même degré la Drosophila suzukii. - Rapport idéal Volume du piège/surface d’évaporation (trous) : un bon piège doit évaporer de manière suffisante afin que les drosophiles puissent détecter l’odeur de l’attractif avant celle des fruits de la culture. - Forme des trous : pour rendre difficile la sortie de l’insecte - Matière plastique durable : ce qui permet de réutiliser le piège pendant plusieurs saisons, d’où son avantage économique par rapport à des pièges moins stables.

Les attractifs élaborés par les sociétés spécialisées offrent également plusieurs avantages : - Sélectivité : La majorité des attractifs ne sont pas spécifiques pour D. suzukii, mais attirent toutes sortes d’insectes. Donc si le piège n’est pas sélectif, la contamination par d’autres insectes rendra impossible la lecture du piège. - Propreté et transparence : l’attractif étant liquide et transparent il rend l’observation des drosophiles beaucoup plus facile dans le piège. De plus, au moment de changer le piège, il n’y a que très peu de salissures. Les levures utilisées dans les pièges artisanaux ne sont pas transparentes et salissent le piège. - Attractif toute l’année : il est à base de vinaigre et d’autres composés qui le rendent encore plus appétant pour D. suzukii. Les levures, elles, ne sont efficaces que lorsque les températures sont élevées et elles n’attirent pas les drosophiles de manière égale sur toute la saison. - Longévité : il peut durer jusqu’à 2 ou 3 semaines en conditions de températures fraiches. Les levures durent moins. Si D. suzukii a déjà été détectée dans la culture, le piège peut être installé dans celle-ci. Dans le cas contraire, il est préférable d’installer le piège en dehors (extérieur du tunnel, haie proche du verger etc.) afin de ne pas favoriser l’entrée de D. suzukii dans la culture. Il existe beaucoup de variabilité dans les résultats de piégeage en fonction des formes, couleurs et attractifs utilisés mais pour un suivi des populations, tous les pièges fonctionnent.

Piégeage de masse

Il peut être fait avec les mêmes pièges que pour la surveillance du vol, mais il faut poser un piège tous les deux à dix mètres. Au début de la coloration des fruits, les pièges doivent être posés d’abord dans les bords des parcelles pour retarder l’immigration des drosophiles dans les cultures. Plus tard, les pièges doivent être disposés dans toute la culture selon un quadrillage. www.agri-mag.com


Raisonner la lutte phytosanitaire

D’après l’enquête menée par M.Boughdad, des traitements à base de spinétorame, d’azadirachtine, de cyantraniliprole, de déltaméthrine ou/et de lambda-cyhalothrine sont effectués contre cette drosophile sur les petits fruits rouges au début de leur maturité. A court terme, la lutte chimique peut permettre de limiter les attaques de D. suzukii, mais les possibilités importantes de mutation de cet insecte risquent de favoriser les phénomènes de résistance. De plus, l’utilisation répétée d’insecticides à large spectre, toxiques sur les auxiliaires, est un handicap au développement de la production intégrée. Ceci est d’autant plus vrai que la disparition de la faune auxiliaire induit de fortes attaques des autres ravageurs (thrips, acariens...). A noter que la lutte individuelle n’est pas suffisante. Il faut en effet une mobilisation générale des producteurs des régions concernées pour contrôler efficacement cet insecte.

Solutions de bio contrôle

Parmi les raisons qui font que les

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bioagresseurs comme Drosophila suzukii causent autant de dégâts, c’est souvent parce qu’il y a peu voire aucun prédateur susceptible d’entraver leur développement. Des chercheurs européens et asiatiques ont mené des prospections afin d’identifier les ennemis naturels de Drosophila suzukii dans sa région d’origine au Japon. Ces recherches sur le terrain ont permis l’identification d’au moins 8 espèces d’hyménoptères parasitoïdes. Les résultats préliminaires sont plutôt encourageants puisqu’un des candidats, une micro-guêpe appartenant au genre Ganaspis (qui se développe au détriment de la larve de drosophile), montre une nette préférence à attaquer D. suzukii seulement lorsqu’elle se trouve associée à des fruits frais. Ces recherches doivent toutefois être poursuivies et validées avant qu’une éventuelle demande d’autorisation d’introduction dans l’environnement soit déposée. Les champignons entomopathogènes comme option de lutte biologique sont également une piste prometteuse. Des chercheurs de l’université de Wageningen aux Pays-Bas ont constaté que l’utilisation d’un nouvel isolat du champignon Metarhizium robestii (entomo-

pathogènes) réduit très efficacement la reproduction des mouches vierges de suzukii. Il reste cependant quelques obstacles à gérer avant que ce produit ne devienne commercialisable. La lutte avec le champignon entomopathogène doit être très attrayante (utilisation d’un puissant attractif ) et capable de protéger les fruits dans le champ. Il faut noter que la stratégie ne pourrait fonctionner que si elle est utilisée à un stade précoce de la saison, avant la maturation des fruits. Le type d’appât suffisamment attrayant est encore inconnu et fera l’objet de la recherche suivante.

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Culture sucrière

La cercosporiose de la betterave à sucre Les maladies fongiques foliaires qui touchent la betterave à sucre au Maroc sont la cercosporiose, l’oïdium, la rouille, les taches de Phoma et l’alternariose. Parmi ces maladies, la cercosporiose est la maladie la plus redoutable, pouvant causer des dégâts économiquement importants et à grande échelle. Elle peut atteindre des proportions épidémiques en années pluvieuses et humides nécessitant ainsi des interventions de lutte généralisées et répétées. A titre d’exemple, plusieurs épidémies importantes de cette maladie ont été enregistrées dans le périmètre des Doukkala pendant les campagnes pluvieuses, notamment en 2009-10 et 2010-11. Dans les périmètres du Gharb et du Loukkos, la cercosporiose a atteint des niveaux d’attaque exceptionnellement graves lors de la campagne 2010-11, marquée par des pluies abondantes au début du cycle, mais aussi en avril et en mai. Dans les situations de fortes attaques de la betterave à sucre, les feuilles se dessèchent entraînant une défoliation sévère des plantes (Figure 1). La plante réagit par émission de nouvelles feuilles qui seront détruites à leur tour. Parallèlement, le collet s’allonge et il s’ensuit des pertes appréciables en poids, en sucre et en qualité.

Symptômes de la cercosporiose

Biologie et développement Conservation de l’agent pathogène En absence de la plante-hôte, l’agent pathogène Cercospora beticola se conserve dans les débris des feuilles de la betterave à sucre à la surface du sol sous forme de stroma (mycélium fortement soudé en agrégats). Infection de la betterave à sucre L’infection de la betterave à sucre par Cercospora beticola peut avoir lieu précocement en automne. Les premières taches peuvent apparaître sur les cotylédons. Cependant, les premiers symptômes de la maladie apparaissent le plus souvent au stade 6 à 10 feuilles. Les tâches de cercosporiose se développent rapidement par temps pluvieux, humide et tiède. En général, les températures de jour de 26 à 32°C et la température de nuit au-dessus de 15°C favorisent le développement de la maladie. Les différentes phases du cycle de l’infection, à savoir la germination, la colonisation et la sporulation sont dépendantes

des conditions climatiques spécifiques. Germination des spores Le processus de germination des spores et de la pénétration à travers les stomates dépend de la présence de l’eau libre et des températures favorables. L’optimum de germination des spores a lieu entre 24 et 29°C, et des durées d’humectation de 48 à 72 heures. Période d’incubation (colonisation mycélienne) La durée d’incubation est variable. Elle dépend de la température succédant à l’inoculation ainsi que l’humidité relative du milieu. Elle est de 7, 8 et 9 jours, lorsque la température est de 29°C et les humidités relatives de saturation de l’ordre de 48, 24 et 12 heures, respectivement. Sporulation Elle est maximale à des humidités relatives proches de 100% pour des périodes de 10 à 24 heures. Elle est stimulée à la lumière mais pas l’obscurité. Les spores de cercosporiose sont produites plus facilement aux températures de 20-26°C et une humidité relative de 90-100%, et s’arrêtent à des températures inférieures à 10°C.

Photos Pr Brahim Ezzahiri

Ils apparaissent sous forme de taches circulaires, légèrement déprimées, mesurant 3 à 5 mm de diamètre à la maturité. Ces lésions se distinguent par une couleur marron clair au centre et sont bordées de rouge ou de brun (Figure 2). Pendant les périodes d’humidité relative élevée et de rosée, les taches deviennent grises. Ceci est dû à la production de spores sur le

stroma et qui vont assurer la dissémination de la maladie lorsque les conditions de température et d’humidité sont favorables.

2

1

Figure 2.

Figure 1.

Dégâts de la cercosporiose : perte massive du feuillage

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Symptômes de la cercosporiose

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Figure 3. Variété résistante à la cercosporiose (à gauche)

Dissémination des spores Elle se fait selon une périodicité diurne. Le nombre de spores piégées commence à augmenter le matin à partir de 8 heures et diminue vers 19 heures. Le pic est atteint à 11 heures : la dissémination devient importante quand le taux d’humidité relative diminue en dessous de 90% et la température augmente au dessus de 20°C. Ces spores sont disséminées par le vent et l’eau (irrigation et pluie).

Principe de lutte contre la cercosporiose

La lutte contre la cercosporiose se base sur des méthodes culturales préventives, l’utilisation de variétés résistantes et la lutte chimique. Les méthodes culturales visent à réduire l’inoculum primaire par le biais de la rotation et l’enfouissement des résidus de la betterave à sucre. Les semis tardifs (après mi-novembre) réduisent les risques d’infection précoce de la culture par la cercosporiose, entraînant par conséquent, moins de dégâts à la culture que les semis d’octobre. Il existe aussi des variétés résistantes à la cercosporiose (Figure 3), qui permettent de maintenir la maladie à des niveaux économiquement acceptables même sous des conditions favorables à l’infection. Le recours à la lutte chimique est souvent nécessaire, lorsque la variété est sensible, et les conditions favorables à l’infection et à la dissémination de l’agent pathogène. Au Maroc, 28 produits sont homologués contre la cercosporiose, appartenant à deux catégories : - La première contient les fongicides de contact. Cependant ils ne sont pas adaptés à la protection de la betterave à sucre vu leur mode d’action limité et par conséquent, leur usage reste absent sur cette culture. - La deuxième catégorie englobe les fongicides systémiques, appartenant aux familles de triazoles ou leur association avec les strobulirines. Ces fongicides sont adaptés à la protection de la betterave vu leur flexibilité d’usage et leur rémanence. La famille des triazoles est représentée par plusieurs substances actives (difénoconazole, époxiconazole, etc.). Ces substances sont préventives et curatives. Dans le contexte d’une protection raisonnée, il est important de considérer, en plus du choix du bon fongicide, le positionnement des traitements qui est choisi en fonction du risque de développement de la maladie.

sence de la maladie et l’utilisation des données climatiques pour la prévision du risque d’infection. Les premiers symptômes de la cercosporiose apparaissent à des stades variés. L’infection est favorisée par des périodes prolongées d’humidité de saturation, et des températures supérieures à 15°C. Le développement ultérieur de la maladie est conditionné par la fréquence de périodes favorables. Celles-ci correspondent à des périodes pluvieuses, des durées prolongées de rosée et des températures supérieures à 15°C. Pour suivre le développement de la maladie, on effectue des prospections régulières pour la détection des premiers symptômes de la cercosporiose, dès la fermeture des rangs. Lorsqu’on constate la présence de la maladie dans un champ de betterave, on observe 100 feuilles en

3

prélevant une feuille de la couronne moyenne sur 100 plantes réparties au hasard le long d’une diagonale. Le traitement est déclenché lorsque 5% des feuilles présentent les symptômes de la maladie ou une moyenne de 12 taches par feuille (sévérité de 0,5%), sachant que le seuil de nuisibilité correspond à une sévérité d’attaque de 3% (80 taches/feuille). Extrait d’un article de Pr Brahim Ezzahiri - IAV Hassan II

Aide à la décision du traitement fongicide Le raisonnement du traitement fongicide de la betterave contre la cercosporiose se base sur le pilotage de la culture pour la détection de la préwww.agri-mag.com

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Culture sucrière

Betterave à sucre dans le Gharb

Principaux ennemis de culture

L

e feuillage de la betterave à sucre est sujet à de nombreuses attaques parasitaires depuis l’apparition des premières feuilles jusqu’au dernier jour de récolte. En effet, en plus des maladies cryptogamiques, plusieurs espèces d’insectes se succèdent sur la parcelle à différents stades de la culture et peuvent attaquer la jeune plantule dès son émergence du sol, dévorer le feuillage jusqu’à son ultime stade de développement pour enfin tout détruire à quelques jours de la récolte. Les insectes du sol, le cleone mendiant, les limaces, les escargots, la casside et les noctuelles sont les principaux ravageurs répertoriés sur les parcelles de la betterave. On assiste ainsi dès l’installation de la culture à des attaques : - des insectes du sol menaçant la densité du peuplement, - des limaces et des noctuelles qui détruisent les jeunes plantules provoquant des manques de levée - des infestations par le cléone mendiant qui dévore les plantules, les feuilles et colonise les racines. - Mais le grand défi reste désormais la casside, petit coléoptère qui s’adapte parfaitement aux conditions du périmètre du Gharb. Ses apparitions sont de plus en plus précoces, ses impacts de plus en plus inquiétants et sa capacité de résistance aux divers insecticides alarmante.

Manque de levée et faibles peuplements

Dans les différents périmètres sucriers du royaume, les vers gris (Agortis sp), les taupins (ver fil de fer), le cléone mendiant (Comorrhynchus mendicus) et les limaces sont

Limace

Escargot

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les ennemis les plus redoutables de la betterave. Les attaques larvaires du vers gris peuvent causer des dégâts au niveau des collets allant jusqu’à la destruction complète de la plante. La régularité et la qualité du peuplement sont ainsi détériorées puisque les attaques se produisent le plus souvent le long des lignes. Les adultes du cléone et les larves des taupins qui dévorent à leur tour les coléoptiles et les jeunes plantules qui viennent d’émerger peuvent engendrer parfois la destruction totale de la culture.

Les limaces

Elles peuvent être particulièrement voraces et leur infestation est très importante par temps humide (surtout après les pluies). Elles détruisent les jeunes plantules, affectant sévèrement la densité du peuplement, si les interventions appropriées ne sont pas effectuées dans l’immédiat. En effet, après les premières pluies, les limaces quittent leurs abris et envahissent la culture de la betterave à la tombée de la nuit. Leurs attaques peuvent avoir lieu, sans que l’agriculteur s’en rende compte. Elles réduisent sérieusement la levée imposant ainsi le re-semis. La présence des limaces dans le champ est reconnue par l’apparition de traînées de mucus épais blanc sur le sol. Au Loukkos, par exemple, 3.000 ha ont été détruits en 1986 à cause de ces mollusques. Pour les mesures de lutte, l’application actuellement de certains produits, comme traitement préventif, a donné des résultats très satisfaisants. Cependant, 2 à 3 applications sur les bordures des parcelles

Cléone mendiant

sont nécessaires si le début de la campagne est assez humide.

Les escargots

Ils sont observés sur la betterave dans les parcelles entourées par les mauvaises herbes qui constituent des abris pour ces ravageurs. Les dégâts se manifestent par des perforations des feuilles pouvant en cas des fortes attaques causer des pertes dues à la réduction considérable de la surface foliaire. Les agriculteurs doivent donc détruire les mauvaises herbes à proximité des parcelles et utiliser des herbicides au pourtour des champs.

Le cleone mendiant

Au début des années 90, il était ré�pandu dans toutes les régions du Gharb et du Loukkos. A l’époque, plus de %90 des parcelles étaient plus ou moins infestées et certaines superficies ont été totalement détruites causant un manque à gagner aussi bien pour les sucreries que pour les agriculteurs. En dévorant les jeunes feuilles nouvellement formées, les adultes obligent les agriculteurs à re-semer leurs champs. Les larves peuvent creuser des galeries profondes sur les racines entraînant leur dessèchement et par conséquent la mort de la plante entière. Dans le cas d’une attaque importante, une plante peut contenir jusqu’à 10 larves de cléone. Cependant, les prospections réalisées ces dernières années dans les zones betteravières du Gharb ont révélé la présence irrégulière de ce ravageur.

Casside www.agri-mag.com


La Casside

Avec une fréquence de 100%, la casside (Cassida vittata) est le ravageur de la betterave sucrière le plus rencontré dans toutes les zones prospectées. Cependant, le pourcentage de plantes attaquées peut varier d’une parcelle à l’autre. Les dégâts sont très variables allant de quelques perforations de la surface foliaire jusqu’à la destruction complète du feuillage de toute la parcelle. Le seuil de tolérance économique est géné�ralement largement dépassé dans les parcelles prospectées. Une étude sur l’impact de cet insecte sur la betterave à sucre a montré qu’il peut détruire non seulement la masse foliaire de la plante, mais aussi induire une baisse importante de taux de sucre et du rendement en racines. Le rendement en racines est également affecté, pouvant chuter de 2 à 6t/ ha selon la sévérité des attaques. Le taux de sucre peut enregistrer une baisse de 2%. Le Maroc est l’un des rares pays africains et méditerranéens où canne et betterave à sucre coexistent sur la même parcelle. Mais, la synergie observée sur le plan agronomique est loin d’être confirmée sur le plan phytosanitaire. La canne à sucre peut constituer une source d’infestation pouvant à la longue causer des grandes pertes à la betterave. La casside trouve refuge entre les gaines de la tige de la canne à sucre, lui permettant d’échapper aux différentes conditions de l’environnement : froid et gel en hiver et fortes températures estivales. Chaque tige peut héberger en moyenne 2 à 3 adultes de casside. Dans les conditions normales, 1ha de canne compte de 100.000 à 120.000 tiges, qui abritent entre 300.000 à 360.000 adultes de cassides affamés et prêts à infester les quelques 80.000 plants de betterave avoisinants (densité potentielle d’1 ha dans le Gharb). Après une période d’accouplement de quelques jours, les premiers œufs sont déposés et fixés à la face inférieure des feuilles, à proximité des nervures. Après une période d’incubation, a lieu le développement larvaire qui est fortement influencé par les températures. Il est d’autant plus court et plus important avec les températures élevées. Les larves de cet insecte sont les plus à craindre. Elles commencent à dévorer l’épiderme et le parenchyme des feuilles transformant ainsi les plantes en véritables passoires. Les pertes sont plus sévères avec l’élévation des températures. www.agri-mag.com

Plant de betterave colonisé par les adultes de la casside dépassant de loin le seuil d’intervention établi dans le Gharb.

Les traitements phytosanitaires doivent en principe être effectués en alternant des produits appartenant à différentes familles pour mieux

Feuille de betterave criblée et transformée en passoire par les larves de la casside.

contrôler l’insecte et éviter le développement de résistance. Extrait d’un article de Dr. Nadif Abdelamjid

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Phytoprotection

Traitements phytosanitaires Equipement de protection individuelle

Dr. Abbès Tanji, Spécialiste du désherbage

Les manipulations des produits phytopharmaceutiques et leur épandage ou pulvérisation présentent des risques importants pour la santé des agriculteurs et des ouvriers agricoles ainsi que pour l’environnement. Cette note insiste sur l’équipement de protection individuelle nécessaire aux agriculteurs et aux ouvriers pour se protéger de l’exposition aux pesticides.

L

es pesticides possèdent tous, à différents degrés, un potentiel donné de toxicité. Malheureusement, ces produits peuvent aussi être toxiques pour des organismes non visés dont l’humain. La notion de risque peut être définie par une équation simple : risque = toxicité x exposition. Donc, à la limite, tous les pesticides pourraient éventuellement être responsables de l’apparition d’effets toxiques si la quantité de produit absorbée dépasse un certain seuil. La dangerosité des produits phytopharmaceutiques pour la santé humaine est identifiée par les pictogrammes

et les phrases de risque indiqués sur les étiquettes des emballages. Lors de leur manipulation, les pesticides sont susceptibles de pénétrer le corps humain par différentes voies (cutanée, respiratoire, orale, oculaire). Il est vrai que les vêtements de protection permettent de limiter les contaminations, cependant leur port doit être complété par des mesures d’hygiène et d’organisation du travail : - préparer la bouillie dans un lieu prévu à cet effet, - ne pas manger, boire ou fumer pendant les traitements, et - se laver les mains ou prendre une douche après les traitements.

Traitement des céréales sans gants et autre équipement de protection individuelle Traitement de la cochenille du cactus sans équipement de protection individuelle

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Eviter l’intoxication par les pesticides est essentiellement une question de prévention. Le port systématique de vêtements de protection (combinaison, bottes, gants, lunettes, masque et chapeau) évite l’intoxication directe et aiguë, mais prévient également des effets à plus long terme liés à une toxicité chronique. Il est malheureux de constater que les applicateurs de pesticides sont souvent réticents à porter ces vêtements de protection, le plus souvent pour des raisons de confort. Cependant, il faut prendre conscience que ces accessoires sont nécessaires et qu’il faut les porter systématique-

Traitement des céréales en utilisant l’équipement nécessaire de protection individuelle

Traitement du maïs sans équipement de protection individuelle

Remplissage de la cuve sans équipement de protection

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Traitement de l’arachide sans équipement de protection individuelle Traitement de la pomme de terre sans équipement de protection individuelle

ment lors de l’utilisation des produits phytosanitaires. En effet, les pesticides ne doivent jamais être utilisés par des applicateurs ne portant pas de pantalons longs, de chemises à manches longues, de bottes, de gants, de lunettes, de masque et de chapeau. La combinaison Il faut choisir une combinaison légère. Une fois souillé, ce vêtement de traitement doit être nettoyé seul sans qu’il soit mélangé avec le linge familial au risque de le contaminer. Les bottes Il faut choisir une paire de bottes imperméables pour protéger les pieds lors de la réalisation des traitements. Afin d’éviter l’écoulement de la bouillie dans les bottes, faut veiller à recouvrir les bottes par le pantalon ou la combinaison. Les gants Le port des gants imperméables est nécessaire que ce soit lors de la préparation de la bouille, pendant les traitements ou lors de toute manipulation de pesticides ou du pulvérisateur. Les gants doivent être étanches à l’eau, et il faut bien les utiliser et surtout bien les retirer comme suit : 1. Avant de les retirer, laver soiwww.agri-mag.com

Remplissage de la cuve du pulvérisateur sans équipement de protection individuelle

Dosage des produits en utilisant l’équipement de protection individuelle

gneusement les mains gantées. 2. Retourner le haut des gants ainsi lavés. 3. Retirer les gants en tirant sur les bords retournés afin d’assurer le séchage de l’intérieur pour une utilisation ultérieure. 4. Se laver les mains nues à l’eau et au savon. 5. Jeter les gants qui présentent des défauts (perforation, coupure). 6. Il ne faut jamais retirer les gants sans s’être lavé les mains gantées. Les lunettes L’œil est particulièrement sensible aux pesticides. De plus, c’est une bonne voie de pénétration due à son humidité et sa vascularisation. Le port de lunettes correctrices ne dispense pas du port d’une protection oculaire. Il faut impérativement protéger les yeux lors des traitements surtout quand l’étiquette des emballages de pesticides présente les pictogrammes corrosif ou tête de mort (très toxique ou toxique) ou que l’on peut lire les phrases de risques suivantes: provoque des brûlures, risque de lésions oculaires graves et irritant pour les yeux. Le masque Le port du masque sera nécessaire lors de l’utilisation de pesticides dont l’étiquette mentionne les

Préparation de la bouillie sans équipement de protection individuelle

phrases de risque suivantes : nocif, toxique ou très toxique par inhalation, dégage des gaz toxiques au contact de l’eau, irritant pour les voies respiratoires, peut entraîner une sensibilisation par inhalation. Le chapeau Le port d’un chapeau à large rebord et imperméable ou un bonnet est nécessaire pour protéger les cheveux, les oreilles, la nuque et le cou. Conclusion Les produits phytophamaceutiques peuvent impacter la santé des agriculteurs, et de nombreuses études attestent aujourd’hui du lien entre exposition à ces produits et survenue de certaines maladies : cancer, perturbations endocriniennes, troubles neurologiques, etc. Pour minimiser les risques de toxicité de ces produits, il est nécessaire de continuer à sensibiliser les agriculteurs et les ouvriers agricoles à l’importance de se protéger des expositions à ces produits en portant l’équipement de protection individuelle. Agriculture du Maghreb N° 125 - Février 2020

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Agro-Equipement

Entretien et vérification des organes du grand matériel de traitement phytosanitaire Pr. Bouzrari Benaïssa, Département d’Energie et Agroéquipements / Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II

Comme tout autre équipement agricole, le matériel de traitement phytosanitaire des cultures nécessite, en vue d’un usage correct, des vérifications et un entretien minutieux qui doivent être réalisés en fonction des différentes périodes d’exécution du travail. On distingue trois principaux entretiens et vérifications des appareils de traitement : une intervention journalière avant et après le travail, une seconde qui s’insère entre traitements successifs utilisant des produits différents et une dernière, réalisée annuellement, à la fin des travaux de traitement. Du point de vue technique, ces différentes tâches peuvent être exécutées par tout utilisateur habitué au traitement avec un tel équipement. L’ENTRETIEN JOURNALIER

L’entretien journalier est la première garantie à ce qu’une machine fonctionne correctement pendant la période de traitement. Rien de plus dangereux et dégradant que les impuretés qui restent collées à des éléments sensibles comme les filtres, les buses, les clapets, les raccords, les dispositifs d’anti-gouttes et autres organes. Loin de toute exhaustivité, les consignes qu’il convient de respecter par les utilisateurs peuvent être groupées et présentées en six rubriques comme suit : 1. Au niveau de la cuve principale et des cuves de rinçage Les points suivants résument de manière claire ce que les utilisateurs doivent faire : · Ne jamais laisser de bouillie dans le pulvérisateur en fin de journée de travail, car il y a un grand risque

de colmatage, par dépôt de bouillie dans certains organes comme les filtre, les buses, les pastilles, les clapets, ... Si jamais il reste une certaine quantité de bouillie en fin de journée, il faut alors vider complètement l’appareil dans des fûts même si le produit doit être épandu le lendemain. Les fûts utilisés doivent être à fermeture étanche pour éviter toute contamination du milieu environnant. Après la vidange, il convient de procéder au rinçage de la cuve puis à son remplissage avec de l’eau claire, à bien pulvériser jusqu’à s’assurer de la propreté de tous les circuits de liquide. Si le produit employé dans le traitement est huileux, l’utilisation d’un détergent s’impose en plus d’un rinçage minutieux à l’eau claire. Si le produit est un herbicide-hormone, l’utilisation d’une solution ammoniacale à 2% suivie de plusieurs rinçages à l’eau est d’une

grande aide. Si la bouillie contient un résidu de cuivre, employer du vinaigre à raison de 1% (1 litre pour 100 litres d’eau claire) qu’il convient de laisser dans la cuve pleine pendant 2 heures au moins avant de rincer abondamment à l’eau. Noter bien que le cidre de pomme a un très grand pouvoir détergent. Il est capable de nettoyer efficacement même une pièce d’acier très fortement rouillée si elle y séjourne près de 24 heures. · S’assurer du bon fonctionnement du système d’agitation du produit dans la cuve et le réparer s’il présente des anomalies. · Vérifier l’état et la propreté de la cuve de rinçage ainsi que les flexibles qui l’équipent. Sur certains appareils de traitement, il existe deux cuves : une, de petite taille, pour le lavage des mains et une pour le rinçage généralisé de la cuve, de la tuyauterie et de l’extérieur du pulvérisateur. 2. Sur l’ensemble du pneumatique, de la transmission, de la suspension et de la signalisation routière L’entretien et les vérifications que nécessitent ces différentes composantes peuvent être présentés comme suit : · Vérifier régulièrement l’état et la pression des pneus du pulvérisateur : le sous gonflage et la surpression des pneumatiques les usent et les détériorent prématurément. Un éclatement de pneu pendant le travail, non remarqué à temps, peut entraîner des conséquences néfastes sur les rampes, la culture, l’homogénéité de répartition ainsi que sur d’autres organes de l’appareil.

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· Les organes tournants doivent être en bon état de fonctionnement et bien lubrifiés (pompe à graisse pour les uns, burette à huile pour les autres). · Le vérin de dévers, les amortisseurs de rampes et les biellettes de suspension doivent fonctionner correctement. S’ils comportent la moindre anomalie, tâcher de les régler ou de les réparer le plus tôt possible. · L’équipement de signalisation routière doit être réparé ou remplacé si le pulvérisateur doit emprunter une voie ou une piste communale pour se rendre au lieu du travail. 3. Pour la pompe hydraulique, les filtres, le dispositif de régulation de la pression et les manomètres L’ensemble de ces organes est précis et sensible. Pour cela, il est nécessaire queles utilisateurs de vérifient, un à un, les points suivants : · En cas de perte de pression, vérifier le débit de la pompe. La technique consiste à remplir la cuve entièrement et mesurer, pendant un temps donné, une quantité de liquide refoulé qui peut être mesurée en rapportant le volume nécessaire au remplissage de la cuve. · L’huile du carter de la pompe doit être portée à niveau en cas de baisse et les fuites repérées et réparées. Si le débit et la pression sont nuls ou insuffisants, la pompe doit être contrôlée et réparée. · La pression dans la cloche à air doit être comprise entre 30 et 60% de la valeur de la pression de service. Dans la pratique, on recommande comme pression de la cloche à air : 1,5 bars, 3 bars, 5 bars et 6 bars, respectivement pour des pressions de service de l’ordre de 2,5 bars, 5 à 10 bars, 10 à 15 bars et 15 à 20 bars. En cas de baisse de cette pression, il est impératif d’en chercher la cause et d’y remédier rapidement. Une www.agri-mag.com

membrane de cloche percée, par exemple, provoque des pulsations facilement remarquées au niveau des jets induisant une répartition non homogène. Ils se traduisent par des à-coups de grande fréquence qui accélèrent la fatigue des organes du pulvérisateur (régulateur de débit, canalisation et raccords, tuyauterie, buses, cadre, etc. · Les tamis de remplissage et à l’aspiration ainsi que tous les filtres (filtres à l’aspiration et au refoulement de la pompe, filtres à bol des tronçons de rampes, filtres des buses) doivent être nettoyés ou remplacés s’ils sont hors usage. · Le manomètre doit bien revenir à zéro lorsque la pression est annulée. De même, il doit fonctionner correctement et être précis. Si ce n’est pas le cas, il doit être remplacé. En principe, il doit être mis au contrôle technique, périodiquement. Il existe, aussi, d’autres indicateurs du mauvais fonctionnement d’un manomètre : si les dispositifs d’anti-égouttage ne s’ouvrent pas à la pression normale (entre 0,8 et 1 bars), si une buse neuve, remplaçant une autre buse usée, ne fournit pas, pour une pression donnée, le débit indiqué par le constructeur, ... Les tolérances admissibles pour les manomètres de pulvérisation sont de l’ordre de 2,5% de la pleine échelle. · Le régulateur de pression doit être en bon état de fonctionnement. Dans le cas contraire, il faut contrôler tous ses organes et remplacer ou réparer ce qui est défaillant. S’il s’agit d’un dispositif à ressort, il faut vérifier, périodiquement l’étalonnage du ressort. · Les joints et les raccords peuvent durcir à la longue et céder pendant le travail. En cas de fuite, vérifier les joints et bien serrer les éléments entre eux. Si les fuites persistent, remplacer les joints.

· l’hydro-injecteur est un élément très utile. Il doit être utilisé correctement. En cas de dysfonctionnement, vérifier l’aspiration et démonter, si c’est nécessaire, pour analyser l’anomalie de près en vue d’y remédier correctement. 4. Au niveau de la rampe, des canalisations porte-buses, des flexibles et des buses En ce qui concerne cette partie, l’attention doit être portée, particulièrement, aux conseils suivants : · Secouer la rampe manuellement par son extrémité et observer son comportement puis repérer et corriger tout jeu ayant lieu au niveau des amortisseurs ou des articulations des biellettes de suspension ou des liaisons articulées entre tronçons. · Les tuyaux fatiguées, pliés, coudés, torsadés, présentant des fissures de fatigue ou pendant sous le jet de pulvérisation doivent être repérés et rectifiés ou remplacés. · L’opérateur doit s’assurer du serrage des raccords filetés et de celui des douilles des buses. · Les buses doivent être adaptées au type de traitement à effectuer (herbicide, fongicide, insecticide). A la fin de la journée de travail, ils doivent être démontées et nettoyées à l’aide d’une brosse fine. N’utiliser ni fil d’acier, ni objets métalliques. On peut aussi utiliser de l’air comprimé mais à condition de se protéger le visage. Le soufflage à la bouche est à proscrire car les produits phytosanitaires sont toxiques, corrosifs et irritants. · Les systèmes anti-gouttes défectueux peuvent se remarquer facilement. Il convient de vérifier toujours leur état de fonctionnement pour les remplacer ou les réparer avant de commencer le travail de pulvérisation. · Pendant le montage des buses, Agriculture du Maghreb N° 125 - Février 2020

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l’opérateur doit vérifier l’orientation des jets et la rectifier s’il y a décalage. Au droit de la ventilation et des tuyères Dans un pulvérisateur arboricole à jet porté ou pneumatique, il est recommandé de s’assurer de l’état de fonctionnement du ventilateur une fois lancé à sa vitesse nominale et avant d’ouvrir l’alimentation de la rampe. Un ventilateur fonctionnel doit tourner au régime nominal sans vibration aucune. De même, à l’arrêt, une simple poussée axiale sur les pales peut renseigner sur le jeu du palier. En ce qui concerne l’opérateur et l’appareil tout entier A la fin de la journée du travail, l’opérateur est tenu formellement de bien rincer l’appareil et les vêtements de protection, de bien se laver les mains et le visage puis de se doucher abondamment à l’eau claire.

ENTRETIEN ENTRE TRAITEMENTS SUCCESSIFS AVEC PRODUITS DIFFERENTS

Lors du passage d’un traitement phytosanitaire avec un produit donné à un traitement utilisant un produit différent (exemple : passage d’un herbicide à un insecticide ou à un fongicide), il est recommandé de refaire les mêmes opérations de rinçage indiquées pour l’entretien journalier. L’objectif principal de cette opération est d’éviter toutes phytotoxicités pour les traitements ultérieurs et qui peuvent être causées par d’éventuelles traces de produits précédemment utilisés. Le permanganate de potassium dosé à 10 grammes/ litre d’eau claire est d’une grande efficacité pour le nettoyage s’il est ajouté dans la cuve à la fin de la journée de travail pour y rester toute la nuit en vue d’être pulvérisé le lendemain matin sans embout de buses et sans filtres.

opérations d’entretien consignées plus haut. Les organes de la machine doivent être débarrassés de la moindre trace de produits déposés risquant de les colmater ou les corroder. Les pièces usées, détériorées ou présentant un jeu critique doivent être immédiatement réparées ou changées. Les éléments structuraux du châssis ou de la rampe qui sont déformés, fissurés ou cassés doivent être redressés ou soudés. Ceux qui sont corrodés doivent être brossés, frottés avec toile-émeri puis peints. De même, les organes tournant (prises de force, chaînes, pompe, poulies, ...) sont à nettoyer minutieusement, huiler ou graisser. Les organes en caoutchouc soumis à des pressions alternatives comme celles équipant les pistons de la pompe ou la cloche à air doivent être vérifiés et remplacés s’il le faut. En maintenance préventive, la durée préconisée pour ces membranes est une fois tous les deux ans. Les filtres, les joints, les buses, les raccords, les flexibles, ..., sont à changer ou à rincer minutieusement selon leur état. Les organes sous pression comme les roues et la cloche à air nécessitent d’être dépressurisés. Dans le cas de matériel traîné ou automoteur, les roues doivent être démontées, dépressurisées et mises à l’abri puis le matériel ajusté sur cales bien fermes dans un abri clos pour le protéger des intempéries et de tout autre risque. A la fin de toutes les opérations de maintenance (entretien, nettoyage, réparation, remplacement d’or-

ganes), le pulvérisateur doit être rincé aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur avant d’être mis à l’abri. Enfin, la dernière opération à faire consiste à consigner dans un carnet d’entretien les réparations et les travaux d’entretien effectués sur les différents organes de l’appareil.

RECOMMANDATIONS

Quatre recommandations méritent d’être déclarées et entendues : · Mise sur pied d’organismes régionaux agrées pour le contrôle périodique des appareils de traitement et ce à l’instar des visites techniques obligatoires des véhicules automobiles. · Mise sur pied de centres d’essai et d’évaluation avec mailles ne laissant passer que ce qui répond aux normes européennes et est adapté aux conditions locales d’utilisation. · Encouragement de la fabrication locale des appareils de traitement et de bon nombre d’agroéquipements de conception et de fabrication simple. Cela peut encourager l’implantation, dans le pays, de tout un réseau d’unités industrielles de fabrication et de sous-traitance (fabrication de pompe de pulvérisation, de cuves, de buses, de flexibles, de canalisations, etc.) et aider à la création d’emplois pour des centaines de jeunes (cadres, techniciens et ouvriers). · Organisation de formations pratiques sur les réglages, l’utilisation et la maintenance d’appareils, aussi bien conventionnels que modernes, au profit des utilisateurs.

ENTRETIEN D’HIVERNAGE

A la fin de chaque campagne de traitement, il est impératif de préparer l’hivernage de l’appareil en répétant l’ensemble des vérifications et 66

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Céréaliculture

Maitriser la fertilisation de couverture des blés pour une production durable Abdelmoumen Guennouni

L

es engrais sont des substances fertilisantes organiques ou minérales, destinées à apporter aux plantes des éléments nutritifs, nécessaires pour améliorer leur croissance, augmenter le rendement et améliorer les qualités des produits. Leur utilisation permet également d’accroitre ou de maintenir la fertilité des sols.

Pourquoi des engrais de couverture ?

Le rendement final d’une culture s’élabore en plusieurs étapes, tout au long de son cycle végétatif . La fertilisation (apports d’engrais …), composante principale du rendement, peut être apportée aux cultures en deux périodes : - En fond : Un engrais de fond est une matière fertilisante qui compense l’appauvrissement des sols, les renforce et les prépare pour la culture suivante. Les engrais de fond (phosphore, potasse,…) peu mobiles, sont incorporés au sol au moment de la mise en place des céréales. Ils ont une action lente 68

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sur le sol et libèrent progressivement leurs nutriments dans la terre. - En couverture : La fumure de couverture est l’apport d’engrais minéral en surface sur une culture déjà installée. La fertilisation azotée, plus ou moins rapidement assimilable par les plantes, est la seule utilisable en couverture, en raison de sa forte solubilité dans l’eau et des risques de lessivage lors des précipitations car les engrais azotés ne sont pas retenus par le pouvoir absorbant du sol. Après la germination des semences, les plantules sont nourries par les réserves contenues dans le grain. L’absorption d’azote minéral du sol commence dès le début du tallage et s’accélère au cours de la montaison et se réduit par la suite sachant que en hiver, période où le sol est encore froid, la minéralisation est ralentie, d’où l’importance des apports de nitrates.

Fondements pour la conduite de la fertilisation azotée

Les besoins en apports azotés des céréales sont d’autant plus importants que les varié-

A l’instar de toutes les cultures, les céréales ont besoin de fertilisation pour assurer leur croissance et le rendement recherché par les producteurs. En effet, les réserves que le sol peut fournir, sujettes à de fortes variations, s’avèrent insuffisantes et cette déficience doit être compensée par des éléments nutritifs apportés par les céréaliculteurs et qui sont contenus dans les engrais. tés actuelles, plus productives, nécessitent de grandes quantités d’azote et que l’apport d’engrais organiques sous forme de fumier, même s’il enrichit le sol par sa minéralisation progressive et contribue à l’amélioration de l’activité biologique des sols, n’est plus pratiqué en céréaliculture conventionnelle d’autant plus qu’il est susceptible de transmettre des ennemis de la culture (spores de champignons, parasites). La fertilisation azotée, facteur décisif dans l’intensification de la production céréalière, est difficile à maîtriser en raison de la complexité des facteurs qui peuvent influer sur son action. La principale difficulté dans la maitrise de la fertilisation azotée de couverture est que le sol ne peut pas stocker suffisamment longtemps les engrais azotés en raison de leur extrême solubilité dans l’eau (pluies ou irrigation) et leur lessivage en cas de fortes précipitations. A rappeler que l’excès d’azote peut entrainer la verse physiologique (voir encadré), favoriser le développement de maladies, la pollution des nappes phréatique par les nitrates et www.agri-mag.com


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Fertilisation de l’air par dénitrification (transformation de nitrates en gaz). Par ailleurs, dans le calcul des quantités à apporter, il faut savoir qu’il n’existe pas une dose unique pour toutes les parcelles et que les besoins peuvent varier en fonction de plusieurs critères : les apports d’éléments fertilisants qui ont été effectués auparavant, les cultures précédentes, les caractéristiques du sol, les conditions climatiques de l’année, des conditions de croissance de la culture, … Ainsi, en cas de précédent légumineuse ou culture ‘’intensive’’ comme la PDT … (ou faisant appel à la matière organique), il est nécessaire de prendre en considération le reliquat de cette culture pour raisonner la fertilisation de la culture céréalière (Analyse du sol, foliaire) Ainsi, l’objectif est d’ajuster la fertilisation azotée au cycle d’absorption des cultures pour être au plus prés de leurs besoins. Il faut donc éviter d’épandre inutilement de l’azote sur des zones de la parcelle incapables de valoriser l’azote apporté et par conséquent d’éviter un état de sur-fertilisation. Par ailleurs, contrairement à ce que pensent

La verse un problème évitable

Chez les céréales la verse est un accident de végétation donnant un aspect couché à la culture dû soit à un trouble nutritionnel (verse physiologique), une attaque parasitaire (verse parasitaire) ou un incident d’ordre atmosphérique (verse mécanique). Selon la période de sa survenue, elle peut compromettre gravement le rendement. Liée le plus souvent à un déséquilibre (excès ou mauvaise application) de l’alimentation azotée, la verse physiologique peut être également due à un défaut d’ensoleillement ou autres conditions climatiques (orages, vents, fortes précipitations), un peuplement trop dense, à l’envahissement par les mauvaises herbes, date et profondeur du semis... Selon les situations, une ou plusieurs applications préventives (précocement, en début de cycle) d’une molécule comme le chlorure de chlorocholine (C.C.C.) ou de combinaison de différentes molécules anti-verse (raccourcisseurs) permettent le raccourcissement des entrenoeuds de la partie inférieure de la tige et, par conséquent, la réduction des risques de verse physiologique. Cependant, les régulateurs de croissance ont pour principe de freiner temporairement le métabolisme de la plante. Une application sur des cultures déjà stressées ou peu actives peut donc s’avérer fortement préjudiciable et provoquer d’importantes phytotoxicités. Il est donc indispensable de n’appliquer de telles substances que lors de conditions climatiques favorables et sur des plantes en bon état végétatif. La création de variétés de céréales à paille courte ou plus ou moins résistantes, a également permis de limiter la verse.

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du total doit être apporté en fond, avant semis. Le restant de la dose d’azote à apporter en couverture est de 85% de la quantité totalité calculée au départ.

Pourquoi fractionner les apports azotés ?

certains producteurs, l’apport précoce ne fait pas taller : le nombre de tiges principales, donc les talles primaires les plus importantes pour le futur peuplement épis, est indépendant de la nutrition azotée mais dépend principalement de la variété, de la date de semis, du cumul de température et de la longueur du jour. Par contre, une suralimentation azotée en début de cycle aura tendance à faire monter des talles secondaires inutiles qui risqueront de consommer de l’eau et des nutriments sans contribuer à l’élaboration du rendement.

Stratégies de fertilisation

La base de toute stratégie de fertilisation des céréales est de commencer par évaluer les objectifs de rendement dans les conditions de la parcelle (précédent cultural, type de sol, réserves, …), de la campagne (pluviométrie probable, climat), de la variété, des soins apportés à la culture, … Une fois déterminé ce rendement, l’agriculteur peut passer au calcul des quantités d’éléments fertilisants nécessaires à sa culture. Les doses totales d’engrais à apporter sur le cycle sont réparties entre engrais de fond (N, P, K, …) et de couverture (essentiellement azotés). Le raisonnement de la fertilisation azotée des blés, dur et tendre, doit intégrer trois critères majeurs : la dose totale, le fractionnement et la forme de l’engrais.

La dose

Les doses d’engrais azotés à appliquer en couverture représentent la dose totale calculée initialement dont il faut ôter ce qui a été apporté en fond. Sans oublier que la matière organique (restitution de la paille, apports de fumier ou similaire, toutes deux presque pas pratiquées chez nous) ou l’inclusion de légumineuses dans la rotation joue un rôle primordial. En effet, elle intervient dans l’entretien de la vie et la fertilité des sols et de leur richesse sur le long terme, en éléments minéraux. Concernant la répartition entre engrais azotés de fond et de couverture, et vu les faibles besoins des céréales en début de cycle (les réserves contenues dans le grain suffisent pour le démarrage), on estime que seuls 15%

Les besoins en éléments nutritifs de la plante ne sont pas réguliers tout au long du cycle de production. En conséquence, les engrais azotés sont de préférence, fractionnés en plusieurs apports selon les conditions de culture et les phases de développement des plantes, Malgré le travail supplémentaire que ça occasionne, les avantages du fractionnement sont nombreux et amplement justifiés. En effet, en limitant les apports précoces, le fractionnement permet de : - Compenser la forte mobilité de l’azote due à sa grande solubilité, - Bien couvrir les besoins de la culture sur tout son cycle, - Éviter les pertes par lessivage, volatilisation ou dénitrification, - Ajuster la dose selon l’état de la végétation et l’importance des précipitations (ou de l’irrigation), - Atteindre le rendement optimal, - Meilleure utilisation de l’azote apporté, puisqu’il permet de suivre au plus près les besoins en azote du blé tout au long de son cycle, - Limiter le reliquat post récolte, inutilement perdu, - Maximiser la teneur en protéines, essentielle pour la transformation. Dans les régions à plus forte pluviométrie ou en irrigué, l’engrais de couverture doit être fractionné en deux ou trois apports. En outre, en cas de forte pluviosité des apports supplémentaires (5 à 30%) doivent être effectués pour compenser les pertes par lessivage, surtout en sols légers (sableux). De nombreuses méthodes ou des outils d’aide à la décision de plus en plus perfectionnés, permettent de chiffrer la dose totale d’engrais azotés et leur fractionnement sur le cycle de la culture. Certaines méthodes empiriques préconisent : - 1/3 de la dose totale au semis + 2/3 de la dose totale au stade épi à 1cm, - 1/3 de la dose totale au semis + 1/3 au stade épi à 1 cm + 1/3 au stade montaison - répartir les doses de couverture en 3 apports (voir schéma ci-après). Les experts s’accordent pour dire que le fractionnement en trois apports est la stratégie la plus efficace pour viser à la fois des hauts rendements et des fortes teneurs en protéines. NB : Les teneurs en protéines du grain sont influencées par plusieurs facteurs dont : la variété cultivée, l’azote apporté (dose towww.agri-mag.com


tale, forme, fractionnement, interaction avec d’autres éléments) et autres facteurs agro-climatiques (climat, sol, etc.). A signaler que l’azote contenu dans les grains provient pour 80% de d’azote absorbé avant la floraison et 20% de l’absorption post floraison. Apports tardifs et protéines La troisième application d’azote est considérée comme un apport de « confort ». En effet, l’absorption d’azote allant à la production de protéines dans le grain a lieu plus tard que celle allant à l’amélioration du rendement. Ainsi, l’amélioration du taux de protéines des blés passe par un dernier apport courant montaison à début épiaison. La teneur en protéines est une qualité importante des blés. C’est un facteur essentiel pour les minotiers même s’il n’est pas actuellement pris en considération chez nous pour la commercialisation. Pour le blé dur, les besoins en azote sont supérieurs à ceux du blé tendre. Une fertilisation azotée bien maitrisée, en plus de concilier rendement et taux de protéines élevé, permet d’éviter ou de limiter le mitadinage (accident physiologique qui se produit lors de la maturation et provoque l’apparition de portions farineuses dans l’albumen, altérant les qualités de la farine). L’objectif est d’atteindre autour de 14 % de protéines dans le grain, afin de produire des pâtes d’une tenacité suffisante, et la conduite adéquate de la fertilisation azotée est primordiale pour atteindre cet objectif. Pour rappel, le blé dur est plus riche en gluten, mélange de protéines qui a une très grande importance dans le processus de panification.

Les types d’engrais de couverture

portante par lessivage en cas de fortes précipitations. L’ammonitrate est l’engrais azoté le plus utilisé en cours de culture en raison de sa souplesse d’utilisation, de son effet immédiat, … 3. L’urée (46%) : elle subit, en 7 à 10 jours, une double transformation avant de devenir accessible aux plantes. Elle se transforme en azote ammoniacal (par hydrolyse) puis en azote nitrique après nitrification. C’est aussi l’engrais azoté le plus économique, puisque l’unité fertilisante coûte moins cher que le nitrate d’ammoniaque et l’ammonitrate (la plus chère). L’urée est utilisable à toutes les époques de l’année et principalement en couverture. Cependant, son épandage sur sol sec en période chaude peut entraîner des pertes par volatilisation et des brûlures sur la culture. Ces trois types, et principalement le sulfate d’ammoniaque, ont la propriété d’être acidifiants, ce qui est préconisé pour les sols basiques (cas le plus fréquent au Maroc).

Quantités et stades pour les apports de couverture

Au vu de ce qui précède, l’agriculteur devrait raisonner ses apports de couverture de façon à fournir à sa culture les quantités nécessaires conformément à ses besoins tout au long du cycle. Il est inutile de dépasser les doses calculées puisque l’excès d’azote a de nombreux effets négatifs pour la céréale. Ainsi, il peut provoquer la verse avec perte de rendement, de qualité et difficultés de récolte, le rallongement du cycle et une croissance végétative plus rapide aux dépens de la qualité du grain. Il augmente aussi

la sensibilité aux maladies cryptogamiques, de même qu’il est économiquement injustifié (dépenses supplémentaires n’améliorant pas le rendement) sans oublier les effets sur l’environnement (pollution aux nitrates des nappes). A titre indicatif, un exemple est donné dans le tableau ci après, dans le cas d’un champ de blé dans une région bour favorable en année de précipitations ‘‘normales’’ pour un objectif de rendement de 30 à 50 qx/ha : Rendement N Total*

Fond

30

90 – 105

13-15

77 – 90

40

120 – 140

18-20

102 – 120

50

150 - 175

22-25

128 - 150

espéré (qx/ ha)

* La dose totale d’azote a été calculée sur la base de 3 (blé tendre) à 3,5 (blé dur) kgs d’azote par quintal de blé à récolter, les analyses (sol, feuilles, …) restant indispensables pour le calcul précis des quantités à apporter à la culture. Dans nos conditions, les doses d’azote calculées pour la couverture, sont apportées au mieux, en deux fois, si les précipitations sont suffisantes, et rarement en 3 fois : - Le premier apport s’effectue au stade tal-

L’azote comme engrais simple existe sur le marché marocain sous trois formes principales figurant ci-après avec leurs caractéristiques et utilisation principale : 1. Le sulfate d’ammoniaque (21%) : l’azote ammoniacal résulte de la transformation plus ou moins rapide, par l’activité microbienne, de l’azote organique du sol. C’est une forme transitoire qui sera transformée en azote nitrique (nitrification). Le sulfate d’ammoniaque est utilisé en engrais de fond en raison de son action lente et progressive et de sa faible perte par lessivage. En plus, certains agriculteurs optent pour son utilisation en début de culture en raison de l’effet pesticide qu’exerce le souffre qu’il contient (23 à 24 %) 2. L’ammonitrate (33,5%, moitié azote nitrique, moitié ammoniacal) : associe l’effet ‘’coup de fouet’’ de la partie nitrique, plus mobile et directement assimilable par les plantes, et l’action moins rapide de la partie ammoniacale. Les nitrates, non retenus par le complexe argilo-humique du sol, sont très solubles dans l’eau et risquent une perte imwww.agri-mag.com

Couverture

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Fertilisation lage (qui commence après la 4ème feuille), mais peut être légèrement retardé si l’apport de fond était plus élevé. Les quantités à apporter ne devraient pas dépasser le 1/3 ; - Le deuxième apport, semi-tardif, doit survenir au stade montaison et les quantités d’azote représenter les 2/3 restants sauf en cas de faibles précipitations. Dans ce dernier cas et éventuellement pour améliorer le taux de protéines dans le grain, une partie de la dose pourrait être reportée à un troisième apport au stade gonflement. Pour le blé dur, ce troisième apport, essentiel pour la richesse en protéines, peut être retardé jusqu’au stade dernière feuille. Dans tous les cas, l’agriculteur connaissant mieux ses parcelles et sur la base de ses observations et éventuellement d’analyses, est le mieux placé pour ajuster ces différents calculs et répartitions aux besoins réels de ses cultures. Cependant, dans la pratique céréalière marocaine, la grande majorité des agriculteurs utilisant des engrais (environ 50%, sur 20% des superficies, essentiellement des exploitations moyennes à grandes) se bornent généralement, à des apports inférieurs aux recommandations techniques, assez mal réparties sur le cycle et en corrélation directe avec les précipitations. En effet, ils se limitent à quelques quintaux de DAP (18-46-0) ou d’autres formules en fond selon les types d’engrais disponibles et selon leurs moyens de financement, et de l’ammonitrate (33% N) en couverture (entre tallage et montaison). Les quantités apportées en couverture sont fluctuantes et dépendent des années, des précipitations et des prix des engrais azotés sur le marché, sujets à de fortes spéculations par les intermédiaires. Habituellement, le raisonnement des petits producteurs (échaudés par plusieurs années de sécheresse ou faiblesse des précipitations) est dicté par la peur des aléqs climatiques. Aini, ils apportent le moins possible en engrais de fond en pensant compenser par des apports ultérieurs de couverture si les précipitations sont suffisantes, sans même tenir compte de la composition de ces engrais.

fonctionnent de façon différente et peuvent être classés en fonction des indicateurs pris en compte (croissance, couleur, teneur en nitrates et chlorophylle). Il existe également de multiples logiciels ou applications qui aident à la réalisation du bilan prévisionnel de fertilisation ainsi que des outils de plus en plus perfectionnés : testeurs portatifs, capteurs montés sur le tracteur, drones, imagerie et outils satellitaires, …. Cependant ces outils, de prix variant fortement et d’utilisation hors de portée de la majorité des agriculteurs, sont quasiment inconnus des producteurs marocains. Leur utilisation pourrait être envisagée par les agents d’encadrement, les agrégateurs, des opérateurs privés ou par des groupements de producteurs. NB : Il est préférable, si l’accès aux parcelles est possible, de désherber avant d’apporter les engrais de couverture pour éviter la concurrence par les adventices.

Techniques d’application des engrais de couverture

Sur les petites parcelles, les engrais de couverture peuvent être apportés manuellement alors que sur des superficies plus grandes l’utilisation d’épandeurs permet des gains importants en termes de temps (fenêtre réduite), de rentabilité et d’homogénéité (uniformité) d’application. Cependant, il est souvent difficile de trouver le bon compromis entre l’accès du tracteur dans le champ et la nécessité d’humidité pour l’apport d’engrais azotés (sols trop ou pas assez humides). En effet, l’apport d’engrais de couverture nécessite un minimum d’humidité et le passage du tracteur avec un épandeur chargé en engrais est plus difficile en terrain lourd, trop humide et en plus il laisse des traces qui seront très gênantes pour le travail de la moissonneuse-batteuse. Les distributeurs d’engrais les plus utilisés au Maroc sont des appareils centrifuges portés par le tracteur et constitués d’une trémie de capacité variable (300 à 400 kgs ou plus selon les modèles). La trémie est munie d’un

agitateur pour éviter tout engorgement de l’outil. L’épandage de l’engrais, qui s’écoule par gravité, se fait par projection des granulés à une distance pouvant aller jusqu’à 10 m grâce à deux ou le plus souvent un seul disque horizontal, situé à la base de la trémie, et entraîné à grande vitesse par la prise de force du tracteur. A remarquer que la quantité d’engrais tombant aux extrémités des planches est plus faible que le reste de la largeur de travail. Pour compenser cette hétérogénéité, on peut réduire la distance entre les passages du matériel pour que les deux largeurs successives se recouvrent légèrement. Les principaux défauts de la fertilisation minérale sont dus à plusieurs facteurs dont on peut citer : - Insuffisance des doses totales apportées - Mauvaise répartition des apports et leur fractionnement - Production dépassant les rendements prévus initialement Pris entre des conditions climatiques imprévisibles et incertaines, ainsi que des coûts élevés de la rubrique fertilisation, certains céréaliculteurs rechignent à apporter dès la préparation du lit de semences, les doses recommandées d’engrais indispensables pour une production convenable. Ils pensent pouvoir se rattraper en cours de culture si les précipitations sont au rendez-vous, avec les apports de couverture. Cependant cette démarche, valable pour les engrais azotés de couverture ne l’est pas pour la plupart des autres éléments fertilisants qui, apportés en cours de culture, sont quasi inefficaces en raison de leur faible mobilité et n’atteignent pas le niveau racinaire. Certaines formes d’engrais pouvant jouer ce rôle sont trop coûteuses et ne risquent pas d’être utilisées par des agriculteurs en période de vaches maigres (en printemps) pour raison de trésorerie déficiente. Un vrai dilemme kafkaïen !

Outils de pilotage de la fertilisation azotée

Ce sont des outils d’aide à la décision qui visent à optimiser les apports azotés sur la culture et viennent en complément du calcul initial de la dose pour positionner les apports et éventuellement de les ajuster, sachant que le pilotage de la fertilisation azotée est en constante évolution. Ainsi, en plus des méthodes de calcul des apports (reliquats et bilans azotés), il existe un grand nombre d’outils, certains pouvant être utilisés directement par les agriculteurs, d’autres nécessitant une intervention externe. Ils 72

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