Drosophila Suzukii
11 ans après, quels moyens de prévention et de lutte ? D. suzukii est un ravageur majeur des cultures fruitières présent à l›échelle mondiale dans un nombre croissant de pays et peut favoriser le développement d’autres maladies et ravageurs. Cette mouche a été découverte en 1916 au Japon, et dans les années 1930 elle était largement observée au Japon, en Corée et en Chine. En Europe, elle a fait son apparition en 2008 (Espagne et Italie-2009) et aux Etats Unis en 2008 sur la côte Ouest. Invasive, polyphage et prolifique, Drosophila suzukii est un ravageur redoutable contre lequel il faut mettre en œuvre tous les moyens de lutte nécessaires.
Au Maroc, les premiers spécimens de Drosophila Suzikii ont été découverts l’été 2013 sur une culture de framboisier dans la région du Loukos. Plus tard, une étude menée dans le Nord-Ouest du pays durant 2017 et 2018 par Ahmed Boughdad (ENA Meknès) et coauteurs, a précisé le degré d’attaque de drosophile dans la région. Ainsi, environ 15% des 100 exploitations agricoles enquêtées cultivant des petits fruits rouges se sont révélées infestées par D. suzukii dans le Gharb et le Loukkos. Le framboisier est le plus touché par D. suzukii (61%), suivi par le myrtillier (22%), le fraisier (11%) et le mûrier (6 %). Les pics d’infestations surviennent en Novembre-Décembre et de Mars à Juin.
Biologie et plantes hôtes
Drosophila suzukii peut attaquer la plupart des espèces de baies, fruits à chair tendre et de nombreux fruits sauvages. On estime que 80 à 90 espèces de fruits cultivés et sauvages sont aujourd’hui attaquées par ce bioagresseur, entraînant des pertes pouvant atteindre 80% de la production. C’est un ravageur redoutable des petits fruits (cerise, fraise, framboise, myrtille, prune...) et peut aussi attaquer les pommes, les poires et les tomates et raisins. Mais cette mouche préfère
s’attaquer particulièrement à tous les fruits à chair molle (fraise, myrtille, cerises, raisins) et à de nombreuses autres espèces cultivées au Maroc (figuier, pêcher, prunier…), ce qui lui permettrait de s’étendre à d’autres régions de production, surtout que les conditions climatiques au Maroc sont très favorables à son développement Contrairement aux drosophiles européennes (surtout Drosophila melanogaster, mouche du vinaigre), qui, attirées par le gaz d’éthylène se dégageant au cours du processus de maturation, ne pondent leurs œufs que dans des fruits trop mûrs et même pourrissants, les femelles de cette drosophile possèdent un ovipositeur assez puissant pour pénétrer dans les fruits sains qui sont encore sur la plantes pour y déposer les œufs. La robuste tarière de ponte des femelles et les taches foncées sur les ailes des mâles sont les principales caractéristiques qui différencient Drosophila suzukii des espèces indigènes de drosophiles.
Bien observer et reconnaitre D. suzukii
Chez la drosophile, ce sont les femelles adultes fécondées qui hivernent dans
des cachettes protégées sous des feuilles ou des pierres. Elles trouvent suffisamment de lieux d’hivernage et se réveillent dès que les températures dépassent 10 °C et les mouches ne migrent en général dans les cultures que quand les fruits commencent à changer de couleur, avant qu’ils ne soient mûrs. Une femelle peut pondre entre 300 et 600 œufs, plusieurs par fruit si la pression d’infection est forte. La ponte des œufs et les morsures des larves sont en plus, des portes d’entrée pour les maladies. Les petites larves blanches sortent des œufs après 1 à 3 jours, puis elles se nourrissent de la chair des fruits pendant 5 à 7 jours en passant par 3 stades larvaires. L’essentiel des dégâts est provoqué par ces larves : les fruits se recroquevillent et se transforment en bouillie. Les larves se nymphosent sur les fruits endommagés mais rarement dans la litière du sol. La nouvelle génération éclot ensuite après une diapause nymphale de 4 à 15 jours. La température optimale pour la multiplication de cet insecte se situe entre 20 et 25 °C. Le cycle de génération étant de seulement 10 jours dans ces conditions, jusqu’à 15 générations sont possibles par année. Vu que les drosophiles adultes peuvent vivre pendant 2 mois, plusieurs générations
Détermination
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Agriculture du Maghreb N° 125 - Février 2020
Il est possible de déterminer l’espèce avec certitude par l’observation des adultes. Les larves peuvent être confondues avec d’autres espèces de drosophiles ou de diptères, comme la mouche de la cerise. Pour confirmer la présence de Drosophila suzukii, il est recommandé de conserver les fruits affectés dans une boîte hermétique ou fermée avec un filet insect-proof à maille très fine et attendre au moins une journée après l’émergence des adultes pour identifier l’espèce : apparition de tâches noires sur les ailes des mâles, seul l’ovipositeur de la femelle visible à la loupe permet la détermination. Son identification précise repose sur différentes caractéristiques morphologiques qui doivent impérativement être observées. www.agri-mag.com