Culture sucrière
La cercosporiose de la betterave à sucre Les maladies fongiques foliaires qui touchent la betterave à sucre au Maroc sont la cercosporiose, l’oïdium, la rouille, les taches de Phoma et l’alternariose. Parmi ces maladies, la cercosporiose est la maladie la plus redoutable, pouvant causer des dégâts économiquement importants et à grande échelle. Elle peut atteindre des proportions épidémiques en années pluvieuses et humides nécessitant ainsi des interventions de lutte généralisées et répétées. A titre d’exemple, plusieurs épidémies importantes de cette maladie ont été enregistrées dans le périmètre des Doukkala pendant les campagnes pluvieuses, notamment en 2009-10 et 2010-11. Dans les périmètres du Gharb et du Loukkos, la cercosporiose a atteint des niveaux d’attaque exceptionnellement graves lors de la campagne 2010-11, marquée par des pluies abondantes au début du cycle, mais aussi en avril et en mai. Dans les situations de fortes attaques de la betterave à sucre, les feuilles se dessèchent entraînant une défoliation sévère des plantes (Figure 1). La plante réagit par émission de nouvelles feuilles qui seront détruites à leur tour. Parallèlement, le collet s’allonge et il s’ensuit des pertes appréciables en poids, en sucre et en qualité.
Symptômes de la cercosporiose
Biologie et développement Conservation de l’agent pathogène En absence de la plante-hôte, l’agent pathogène Cercospora beticola se conserve dans les débris des feuilles de la betterave à sucre à la surface du sol sous forme de stroma (mycélium fortement soudé en agrégats). Infection de la betterave à sucre L’infection de la betterave à sucre par Cercospora beticola peut avoir lieu précocement en automne. Les premières taches peuvent apparaître sur les cotylédons. Cependant, les premiers symptômes de la maladie apparaissent le plus souvent au stade 6 à 10 feuilles. Les tâches de cercosporiose se développent rapidement par temps pluvieux, humide et tiède. En général, les températures de jour de 26 à 32°C et la température de nuit au-dessus de 15°C favorisent le développement de la maladie. Les différentes phases du cycle de l’infection, à savoir la germination, la colonisation et la sporulation sont dépendantes
des conditions climatiques spécifiques. Germination des spores Le processus de germination des spores et de la pénétration à travers les stomates dépend de la présence de l’eau libre et des températures favorables. L’optimum de germination des spores a lieu entre 24 et 29°C, et des durées d’humectation de 48 à 72 heures. Période d’incubation (colonisation mycélienne) La durée d’incubation est variable. Elle dépend de la température succédant à l’inoculation ainsi que l’humidité relative du milieu. Elle est de 7, 8 et 9 jours, lorsque la température est de 29°C et les humidités relatives de saturation de l’ordre de 48, 24 et 12 heures, respectivement. Sporulation Elle est maximale à des humidités relatives proches de 100% pour des périodes de 10 à 24 heures. Elle est stimulée à la lumière mais pas l’obscurité. Les spores de cercosporiose sont produites plus facilement aux températures de 20-26°C et une humidité relative de 90-100%, et s’arrêtent à des températures inférieures à 10°C.
Photos Pr Brahim Ezzahiri
Ils apparaissent sous forme de taches circulaires, légèrement déprimées, mesurant 3 à 5 mm de diamètre à la maturité. Ces lésions se distinguent par une couleur marron clair au centre et sont bordées de rouge ou de brun (Figure 2). Pendant les périodes d’humidité relative élevée et de rosée, les taches deviennent grises. Ceci est dû à la production de spores sur le
stroma et qui vont assurer la dissémination de la maladie lorsque les conditions de température et d’humidité sont favorables.
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Figure 2.
Figure 1.
Dégâts de la cercosporiose : perte massive du feuillage
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Agriculture du Maghreb N° 125 - Février 2020
Symptômes de la cercosporiose
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