Porquerolles : bien / patrimoine commun Notre héritage n’est précédé d’aucun testament.» René Char, Fureur et mystère, Feuillets d’Hypnos, feuillet 62 p. 190.
construit aussi à partir d’éléments inédits, émergents. Un paysage en tant que bien commun ne signifie pas que ce paysage doit être muséifié et conservé tel quel, cela signifie qu’il doit être transmis, alors qu’il évolue inévitablement.
Les paysages de Porquerolles sont paradisiaques, emblématiques, reconnus et partagés, à la fois par les îliens mais aussi par les visiteurs ou simples rêveurs d’un voyage prochain. L’imaginaire insulaire porquerollais a joué un rôle très important dans la construction d’un mythe de nature préservée, riche par sa faune et sa flore, à terre comme en mer. Cet imaginaire, associé à un sentiment d’héritage fort sont à l’origine de la construction du patrimoine commun que représente Porquerolles.
La question de la meilleure gestion de ces évolutions en relation avec le changement climatique correspond à une problématique particulièrement actuelle . Pour reprendre une expression d’Hannah Arendt, elle même reprise de René Char, ce bien commun que constitue Porquerolles est un « héritage sans testament » : liberté est laissée aux légataires de se saisir de l’héritage et de le réinterpréter. Le bien commun questionne le futur plus qu’il ne regarde un passé volontiers nostalgique. En outre, le bien commun met en avant la problématique de la responsabilité des acteurs et usagers vis-à-vis du collectif : collectif des prédécesseurs, qui ont façonné le paysage tel qu’il est perçu aujourd’hui, collectif des contemporains qui aspirent à partager ce bien « public », et collectif des absents : les générations futures.
Ces paysages insulaires ont alors été érigés en patrimoine national, au nom de leur capacité à exprimer une identité commune (Walter, 2004 ; Sgard, 2008). Ainsi, dans un contexte marqué par la menace du changement climatique, deux types de réaction émergent, non exclusives l’une de l’autre : une demande générale insistante pour conserver les paysages hérités au risque de leur muséification, et parallèlement, une volonté de se projeter dans l’avenir, aussi incertain soit-il, en s’interrogeant : quel sera le paysage du « vivre-ensemble » de demain ? Comment transmettre aux générations futures ce bien commun tel que nous l’avons en partie reçu et en partie construit ? Construit à partir d’éléments légués, puis ajustés, retravaillés, redéfinis en fonction des impératifs du présent, Rencontre avec Porquerolles
Cette responsabilité tant individuelle que collective des usagers actuels alerte sur l’importance d’afficher les priorités et les enjeux, et de faire dialoguer les différents acteurs . Carte des paysages
34
Porquerolles : Bien / patrimoine commun