Espace pour la vie - 2022

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GRANDS DOSSIERS ⊕ Place à la diversité ⊕ Travailler avec le vivant ⊕ Les insectes en vedettes

À DÉCOUVRIR ⊕ Les pollinisateurs indigènes du Québec ⊕ Les différentes formes de glaces dans le Système solaire ⊕ La météo comme marqueur identitaire au Québec ⊕ Gastronomie autochtone ⊕ L'architecture inspirée de la nature ⊕ Apprendre à apprécier les insectes


PHOTO Espace pour la vie/Claude Lafond


RÉDACTION

Gabrielle Anctil André-Philippe Drapeau Picard Marjolaine Giroux André Grandchamps Marc Jobin Bianca Joubert Annie Labrecque Sophie Lachance Valérie Levée Marion Spée RÉFÉRENCE ET VALIDATION

DESIGN GRAPHIQUE

orangetango RÉVISION LINGUISTIQUE

Séverine Defouni TRADUCTION

Ronald Clément INFOGRAPHIE

Stéphanie Rivet (Pulsation graphique)

Espace pour la vie PAR JULIE JODOIN

© ESPACE POUR LA VIE 2022

DANS CE NUMÉRO CULTURE FEUILLUE → 4 RENVERSER LA CRISE DE LA BIODIVERSITÉ GRÂCE À LA CONSERVATION → 6 ÉLARGIR LA RÉFLEXION SCIENTIFIQUE PAR LA DIVERSITÉ → 8 LE BIODÔME, UN MILIEU DE VIE STIMULANT POUR SES PENSIONNAIRES ! → 9 DANS LES COULISSES DE LA GRANDE SERRE → 10 GESTION DE COLLECTIONS ET D’ÉCOSYSTÈMES VIVANTS : FINE TACTIQUE EN COULISSES → 12 RÉALISEZ DES PHOTOS MACROS COMME LES PROS ! → 15 POLLINISATEURS INDIGÈNES DU QUÉBEC → 16 LA CURIOSITÉ : UN ÉLAN VERS L’INCONNU → 18 MILLE ET UNE MERVEILLES DE GLACES → 20 UN LEGS DE FROID → 22 DÉCOLONISER NOS PAPILLES → 24 CHASSER DES MÉTÉORITES AVEC LE PROJET DOMe → 25 QUAND L’ARCHITECTURE S’INSPIRE DE LA NATURE → 26 PASSER DE L’AVERSION À L’ADMIRATION → 28 CAMPS DE JOUR ESPACE POUR LA VIE : UN TREMPLIN POUR LA JEUNESSE → 30

Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022 ISBN 978-2-924977-05-7

DIRECTRICE PAR INTÉRIM, ESPACE POUR LA VIE

Prendre la mesure de l’immensité de la nature qui nous entoure. Saisir la préciosité de ce qui nous lie à notre environnement et à l’humanité. Avec ouverture, humilité et bienveillance. Après deux ans de pandémie, de confinement, de distanciation, de sourires masqués, comment faire autrement que d’envisager de prendre soin de nous, d’autrui et de ce qui nous tient en vie, de notre planète dans toute sa beauté et sa diversité ? Plus que jamais, les activités d’Espace pour la vie sont marquées par des échanges sincères et inclusifs, des collaborations généreuses, un apprentissage réciproque et une accessibilité accrue. En étant réellement à l’écoute et en encourageant la mise en commun des points de vue, nous souhaitons accroître notre impact collectif. Nous désirons contribuer à accélérer la nécessaire transition socioécologique et faire de la Terre un endroit où il fait bon vivre et grandir, ensemble, globalement et individuellement. Nous travaillons tout spécialement à intensifier notre coopération avec les communautés autochtones dont les savoirs traditionnels, partagés avec altruisme, nous permettent d’acquérir de nouveaux points de vue sur la compréhension que nous avons de notre monde. En témoigne, notamment, la riche programmation du Jardin des Premières-Nations du Jardin botanique, élément le plus visible de la complicité qui nous unit aux premiers peuples, et soutenue comme tant d’autres de nos programmes par la Fondation Espace pour la vie et ses donateurs et donatrices. Nos programmes d’engagement citoyen et de sciences participatives, comme Mission monarque, DOMe, Mon Jardin, les Jardins-jeunes ou le Défi biodiversité, ainsi que toutes les actions que nous menons avec des partenaires stratégiques, comme l’Équipe de rétablissement de la rainette faux-grillon du Québec, participent aussi de cette conviction : c’est en fédérant nos efforts que les choses changeront. Pour terminer, je vous invite vivement à découvrir la Métamorphose de l’Insectarium. Cette expérience intime du monde des insectes symbolise de manière particulièrement sensible le rôle que chaque élément du vivant joue dans l’équilibre de nos écosystèmes, aussi petit soit-il ou aussi effrayant puisse-t-il paraître si on ne cherche pas à mieux le connaître et le comprendre. Nous aurons de nombreuses occasions de nous rencontrer cette année, dans l’un de nos cinq musées, mais aussi dans les espaces publics de Montréal et à travers la province. Soyez les bienvenu.e.s à Espace pour la vie ! ⊗


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CULTURE FEUILLUE • PAR GABRIELLE ANCTIL

À quoi ressemble la forêt dans l’imaginaire québécois ? Il suffit de fermer les yeux pour voir l’étendue boréale où se distinguent quelques espèces iconiques : ici un pin, là des thuyas. À ces résineux se mêlent des bouleaux au tronc blanc qui ajoutent une touche jaune l’automne venu. Ces images font partie de l’identité de nombreux.ses Québécois.es. Et les autres cultures ? Comment imaginent-elles la forêt ?

AU PAYS DU SOLEIL LEVANT Les Japonais.e.s sont friand.e.s de randonnées pédestres en forêt, auxquels certain.e.s ajoutent des passe-temps comme la cueillette de champignons ou de plantes sauvages. « “Aller en forêt” est presque synonyme de “aller à la m ­ ontagne” », explique Sonia Dandaneau, agente culturelle aux Jardin et Pavillon japonais. Les montagnes occupent en effet près des »trois quarts du territoire japonais ! « Dans la religion Shinto, les dieux se trouvent dans les éléments naturels remarquables, comme une forêt particulièrement dense », ajoute l’agente culturelle. Cet endroit sera désigné avec le terme 森 mori, qui évoque une forêt dense, luxuriante, presque inaccessible, que l’on distingue de la forêt ordinaire, désignée par le terme 林hayashi.

PHOTO Shutterstock/Efired

Aujourd’hui encore, certains arbres et motifs végétaux ont une symbolique particulière. On verra ainsi parfois un pin, emblème de longévité, orner un plateau servant à présenter un cadeau pécuniaire lors d’un mariage.

L’EMPIRE DU MILIEU Plus de 60 % de la population chinoise habite la ville. Résultat : « Les gens vivent moins l’expérience de la forêt, » résume Fei Gao, agente culturelle au Jardin de Chine. La relation avec la nature devient ainsi plutôt affaire d’imaginaire – ou de vacances. « Les villes sont entourées de montagnes, les gens vont y faire des randonnées. C’est un passe-temps très apprécié des jeunes. »

découvre par hasard un village entouré d’arbres aux fleurs « odorantes, fraîches et belles » et où se sont réfugiés des gens désireux d’échapper à la vie politique de l’époque.

Tout comme au Japon, la religion chinoise accorde une i­mportance particulière aux forêts. Tao Yuan-Ming, un des plus grands poètes inspirés par le taoïsme, est connu pour son célèbre texte « Le récit de la source des fleurs de pêcher », dans lequel un pêcheur

Le texte est à l’origine d’une tendance chez les intellectuel.le.s, qui vont déménager à la campagne pour chercher de ­l’inspiration et s’éloigner des contraintes politiques des villes, un choix ­suscitant l’admiration de leurs pairs.


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PREMIERS PEUPLES JARDINS DE LUMIÈRE

Même au Québec, divers peuples ont une vision différente de la forêt. « Les Québécois.e.s disent qu’ils vont dans le bois, comme si c’était un lieu extérieur à eux. Plusieurs peuples autochtones considèrent plutôt qu’ils font partie de la forêt », détaille Myriam »Landry, agente culturelle au Jardin des Premières Nations. Elle cite la langue atikamekw où le mot notcimik signifie « dans le bois » mais aussi « là d’où je viens ».

JARDIN BOTANIQUE 2 SEPTEMBRE AU 31 OCTOBRE

Dans son œuvre, la poétesse innue Joséphine Bacon remarque que certains termes se perdent aujourd’hui, car son peuple fréquente beaucoup moins l’intérieur du territoire, le nutshimit, terme pour « dans le bois ». Elle décrit ce lieu avec éloquence dans son recueil Bâtons à message :

PHOTO Espace pour la vie/Claude Lafond

Mes sœurs les quatre vents caressent une terre de lichens et de mousses de rivières et de lacs, là où les épinettes blanches ont parlé à mon père. « La forêt n’est pas un lieu séparé, explique Myriam Landry. Elle repré sente tout ce dont on a besoin pour vivre. C’est le supermarché, la pharmacie. » De fait, la santé de cet écosystème est étroitement liée à celui des gens qui y habitent. « Si la forêt est malade, nous aussi sommes malades. » À l’inverse, la nature est également un lieu de guérison. Pour ces cultures et de nombreuses autres, la présence de la forêt, même lointaine, est un important marqueur d’identité. Qu’elle soit sacrée ou dédiée aux loisirs, la forêt est un endroit que l’on souhaite préserver et mettre en valeur. Les mots de Joséphine Bacon accompagneront votre visite du Jardin des Premières-Nations lors de l’événement Jardins de lumière à l’automne 2022. Un parcours immersif permettra

de voyager au cœur des principes spirituels qu’ont en c­ ommun la plupart des Premiers Peuples. Jardin de lumière vous permettra aussi d'admirer les lanternes illuminées du Jardin de Chine et de traverser le Jardin japonais sous un éclairage nocturne. ⊗

L’AMOUREUSE DE LA FORÊT « La mer et la forêt sont des amants, » écrit l'ostréiculteur japonais Shigeatsu Hatakeyama dans son livre du même titre, paru dans les années 1990. Il est à l’origine d’un mouvement de préservation de la baie de Kesennuma, au nord de son pays. Après avoir étudié l’environnement de cet endroit, il comprend que la présence d’arbres

sur les bords de l’eau favorise l’apport du fer aux habitants marins, dont les huîtres. Ses travaux inspirent une mouvance environnementaliste à travers le pays, lui valant même divers prix internationaux, dont le Forest Hero Award de l’ONU.


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RENVERSER LA CRISE DE LA BIODIVERSITÉ GRÂCE À LA CONSERVATION • PAR MARION SPÉE

PHOTO Shutterstock/K Hanley CHDPhoto

Le vivant est menacé. Il ne l’a jamais autant été. On estime qu’une espèce sur huit sur les quelque 1,2 millions d’espèces végétales et animales connues sur la planète est menacée d’extinction et que plusieurs espèces s’éteignent chaque jour. Si la crise climatique, plus médiatisée, effraie et laisse des traces (inondations, canicules, etc.), la perte de biodiversité est tout aussi alarmante. D’ailleurs, les deux enjeux sont liés et ont un point commun : l’activité humaine.


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« Ça n’est pas facile d’alerter sur ce sujet une population mondiale de plus en plus urbanisée », confie Evelyne Daigle, éducatrice et conceptrice scientifique à la Biosphère. Quand on n’est plus en contact avec la nature, on oublie parfois tous les services qu'elle nous rend, à commencer par manger, boire et respirer ! L’approche « Une seule santé » s’efforce justement de reconnaître l’interconnexion entre la santé des personnes, des animaux, des plantes et de cet environnement que l’on partage. Certain.e.s se demandent peut-être ce que ça change si une espèce de grenouille ou de chauve-souris disparaît. Ça peut être très abstrait, pourtant le maintien de la biodiversité est bel et bien crucial. En brisant un maillon de la chaîne, c’est tout un équilibre qui est mis en péril. Cela a des effets sur l’environnement, mais aussi parfois sur l’économie d’une région.

UN ÉQUILIBRE DÉLICAT Par exemple, sur la côte Pacifique de l’Amérique du Nord, on a longtemps chassé les loutres de mer pour leur ­fourrure, jusqu’à observer leur extinction dans certaines zones. ­Conséquence ? Les oursins, leurs proies, ont proliféré. Ils ont largement réduit les forêts d’algues marines qui servent d’abris aux larves de poissons ou de crabes. Ceux-ci n’ont pas pu atteindre leur taille adulte, et les pêcheurs n’ont pas pu les pêcher. « Cet effet domino illustre bien qu’en s’attaquant à un élément, la cascade d’événements qui s’en suit est telle que la chaîne entière est affectée, résume Évelyne Daigle. Toutes les espèces vivantes jouent un rôle important, elles ont des liens insoupçonnés entre elles. »

PHOTO Shutterstock/Awana JF

Un autre exemple ? Vous pensez peut-être que si une espèce de chauve-souris disparaissait, ça ne vous empêcherait pas de dormir. Et pourtant. Certaines chauves-souris sont des insectivores : une colonie de 300 individus peut manger jusqu’à 20 millions d’insectes en un été. Parmi ces insectes-là, certains sont nuisibles aux cultures de maïs. Autrement dit, préserver les chauves-souris pourrait contribuer à réduire l’utilisation des pesticides dans les champs de maïs.

LES CAUSES D’UNE BIODIVERSITÉ FRAGILISÉE Mais qu’est-ce qui occasionne le déclin de la biodiversité ? Les scientifiques dénombrent cinq coupables, dont le dénominateur commun est l’activité humaine : la modification des habitats (fragmentation, destruction), la pollution, la surexploitation des ressources biologiques (comme la surpêche), les espèces exotiques envahissantes et bien sûr le changement climatique. « Au Panama, par exemple, les grenouilles dorées sont décimées par un champignon appelé chytride, explique Évelyne Daigle. À tel point que la dernière fois qu’un individu a été vu à l’état sauvage, c’était en 2007. » Selon les scientifiques, cet agent pathogène d’origine européenne, introduit en Amérique par l’homme, a vu ses effets exploser à cause de la dégradation de l’habitat naturel des grenouilles dorées, de la pollution des cours d’eau et des sécheresses.

LA CONSERVATION COMME REMPART Heureusement, l’espèce n’a pas disparu de la surface de la ­planète grâce à des programmes spécifiques de ­conservation. Avec une cinquantaine d’autres institutions zoologiques, le ­Biodôme participe à maintenir une population captive saine de grenouille dorée. Une sorte de réserve. Le but ? Les réintroduire dans leur milieu naturel. Plus localement, la tortue des bois est désignée comme vulnérable. Depuis 2014, l’espèce fait partie d’un plan de rétablissement chapeauté par Espace pour la vie et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). L’objectif est d’augmenter son faible taux de survie durant sa première année. Le principe est simple : les équipes du MFFP collectent des œufs et les font éclore. Les bébés sont ensuite transférés au Biodôme pour un ou deux ans, le temps d’être nourris et suivis par une équipe de soins animaliers et d’atteindre un poids jugé suffisant. Puis, les tortues sont relâchées dans la nature, près du site de ponte. Le moment est venu de se questionner sur nos choix et de ­modifier ceux qui sont à notre portée pour aider à protéger la biodiversité. Par exemple, opter pour des produits en vrac ou éviter le plastique à usage unique pour limiter la pollution dans les océans qui blessent ou étouffent de nombreux animaux marins. On peut aussi préférer une pâte à tartiner sans huile de palme, et ainsi donner un coup de pouce aux orangs-outangs qui voient leurs forêts indonésiennes partir en fumée à cause des plantations de palmiers à huile. « On a tous et toutes un rôle à jouer pour protéger la biodiversité », assure Évelyne Daigle. ⊗


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ÉLARGIR LA RÉFLEXION SCIENTIFIQUE PAR LA DIVERSITÉ •P AR VALÉRIE LEVÉE

Aujourd’hui, la science devient plus égalitaire, ouvrant davantage la porte aux femmes et plus généralement aux personnes issues de la diversité. Mais les travers et biais de la dominance masculine blanche persistent, dénonce l’astrophysicienne Chanda Prescod-Weinstein, elle-même née d’une mère noire, d’un père juif et qui se qualifie comme une personne non genrée. Professeure adjointe de physique et d’astronomie à l'Université du New Hampshire, elle y est aussi membre principal du corps professoral en études sur les femmes et le genre. Avec cette double fonction, elle observe la place des femmes et des minorités en science et plaide pour davantage d’inclusion, comme elle l’a écrit dans son livre The Disordered Cosmos. Elle constate qu’aujourd’hui encore, des comportements discriminatoires sévissent dans toutes les disciplines ­scientifiques et que la présence dominante des hommes blancs oriente la réflexion scientifique et le développement des connaissances. La physique n’y échappe pas. Prenant l’exemple du concept de la matière sombre parfois appelée noire (dark matter en anglais), Chanda Prescod-Weinstein se questionne si un.e scientifique de couleur aurait qualifié de « noire » cette matière, qui n’est à proprement parlé ni noire ni sombre, mais plutôt non lumineuse puisqu’elle n’émet pas de lumière. De même, le genre binaire des physiciens et ­physiciennes pourrait empêcher de voir des nuances dans la dualité ondes-corpuscules ou interpréter faussement les identités changeantes des neutrinos. Ce n’est donc pas seulement par principe d’égalité que la science doit être plus inclusive, mais aussi pour élargir la réflexion. Plus largement, Prescod-Weinstein défend l’idée

selon laquelle le contexte social, historique et politique influence le développement des connaissances. En conséquence, se priver de la diversité culturelle revient à se priver d’une diversité de perspectives et d’idées pour faire avancer les connaissances. Le milieu de la recherche scientifique doit donc se montrer i­nclusif et accueillir la pluralité. Cela passe par une démocratisation de l’accès à la science. Le Planétarium Rio Tinto Alcan s’y engage d’ailleurs avec des activités destinées aux jeunes filles. À travers le projet Aldébaran, le programme Cod’Elles, ou par son ­implication avec le Mouvement montréalais Les filles et le code, elles peuvent découvrir la programmation sans se sentir intimidées par la présence des garçons. D’autres activités mettent en vedettes les femmes de science qui deviennent des modèles inspirants pour les filles en leur donnant l’envie d’entreprendre des études scientifiques et d’enrichir la science de leur réflexion. Dans un esprit de pleine inclusion, c’est à la population dans toute sa diversité que le Planétarium Rio Tinto Alcan veut ouvrir le ciel avec des activités gratuites, sur place et en ligne, et inviter des citoyen.ne.s à prendre part à un programme de science ­participative. Après tout, la science est pour tout le monde. ⊗

PHOTO Shutterstock/Monkey Business Images

L’histoire de la physique et de l’astronomie a retenu les noms de Newton, Einstein, Hubble, Hawkins et bien d’autres, passant sous silence la contribution des femmes. À l’ombre des hommes, des astrophysiciennes, physiciennes et mathématiciennes ont pourtant fait avancer les connaissances dans leurs disciplines.


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LE BIODÔME, UN MILIEU DE VIE STIMULANT POUR SES PENSIONNAIRES ! • PAR ANNIE LABRECQUE

Le public qui navigue entre les écosystèmes du Biodôme ne le remarque pas au premier coup d’œil. Mais ici et là, on retrouve diverses activités d’enrichissement pour les animaux. « Nous les offrons pour améliorer la qualité de vie de l’animal en nous basant sur son histoire naturelle », explique Sabrina Ridel, animalière à la coordination du bien-être animal. Ces différentes formes d’enrichissement (sensoriel, ­alimentaire, cognitif, physique, social) stimulent les animaux à faire des choix et à reproduire des comportements qu’ils présentent dans leur milieu naturel et qui leur procureront du bien-être. Bref, faire de l'enrichissement, c'est donner des occasions à ­l'animal de s'épanouir. Les activités proposées sont nombreuses, variées et surtout essentielles pour la santé physique et cognitive de l’animal. Par exemple, on réveillera l’instinct de chasseur des lynx en ­plaçant une boîte tout en haut d’un arbre. Cette activité ­stimulera à la fois le côté physique, le sens olfactif et la ­capacité de manipulation de l’animal. Ce nouvel objet, qui dégage l’odeur de sa petite proie, attirera leur attention. « Les lynx aperçoivent tout de suite la boîte. Ils sautent et montent dans l’arbre pour aller la chercher et l’ouvrir avec leurs griffes pour obtenir la souris à l’intérieur », raconte Lassine Traore, technicien en soins animaliers du Biodôme. Pour d’autres, comme les castors, ils « doivent gruger le tronc des arbres avant de récolter et manger les légumes qui ont été piqués sur les branches », décrit Sabrina Ridel. La plupart des objets servant à l’enrichissement sont ­confectionnés à partir de matériaux recyclés. C’est ainsi que des bouts de tuyaux en PVC deviennent des pièces d’un casse-tête cachant de la nourriture et du tissu ­provenant d’anciens harnais de sécurité peuvent se transformer en hamacs pour les résidents du Biodôme.

Tous les animaux doivent obtenir des activités d’enrichissement. Les technicien.ne.s en soins animaliers les adaptent en fonction de chaque espèce. Lassine Traore mentionne que la clé est de bien connaître la biologie de l’animal. Une activité d’enrichissement n’a pas besoin d’être complexe. Par exemple, pour stimuler les reptiles, on peut déplacer la lampe chauffante d’un endroit à l’autre pendant la journée comme le ferait le Soleil. « Le serpent, qui aime se réchauffer, doit changer de place dans son habitat pour profiter de la lampe chauffante », indique Sabrina Ridel. L’enrichissement des espaces de vie se révèle une stratégie gagnante pour le bien-être des animaux. En usant de beaucoup de créativité, les équipes de soins animaliers du Biodôme ­bonifient de plusieurs façons le milieu de vie des petits et grands animaux ! ⊗

PHOTO Espace pour la vie/Claude Lafond

En usant de beaucoup de créativité, les équipes de soins animaliers du Biodôme bonifient de plusieurs façons le milieu de vie des petits et grands animaux !


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DANS LES COULISSES DE LA GRANDE SERRE • PAR VALÉRIE LEVÉE

PHOTO Shutterstock/Marcel Derweduwen

Fin février, la Grande serre du Jardin botanique ouvre ses portes pour l’événement printanier Jardin de l’étrange. Dans une symphonie végétale où se côtoient des plantes flamboyantes, énigmatiques, ­succulentes, géantes et autres extravagances, le public peut admirer les belles fleurs en houppettes oranges de Stifftia chrysantha, les étranges fleurs du Dorstenia bahiensis, les phylloclades du Muehlenbeckia platyclada et bien d’autres curiosités végétales. Pour offrir ce spectacle, l’équipe horticole du Jardin botanique a travaillé plusieurs semaines, voire des mois, et bravé une succession de difficultés.


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« Il y a autant de défis à relever que de plantes à cultiver », affirme l’horticultrice spécialisée Josée Massé. Chaque plante a en effet son propre rythme de croissance. Un premier défi est de les faire fleurir au bon moment pour l'ouverture de l'exposition. Pour les plantes commerciales, les temps de production sont connus et l’équipe peut établir un calendrier avec les dates de semis, de divisions, de bouturage, de rempotage… propres à chaque plante. Néanmoins, toutes ces plantes poussent sous des climats différents : elles ont des exigences particulières de température, d'humidité et de lumière tant pour leur croissance que pour leur floraison. Dans les serres, l'équipe reproduit donc une diversité de conditions environnementales en jouant sur les consignes de température, d’humidité et d'arrosage. Des plantes qui ont besoin d’une période de dormance font un séjour au caveau ; des bulbes vont même au réfrigérateur. Ces conditions de culture se compliquent encore au moment de la floraison qui, pour certaines plantes, dépend de la longueur du jour. On ajoutera alors un éclairage artificiel à l’une ou, au contraire, on installera des toiles opaques pour simuler une longue nuit. Ça, c'est quand les conditions de culture des plantes sont connues ! « Le défi se corse lorsqu'on se livre à des expérimentations sur des plantes plus rares », relève Josée Massé. Il faut alors tester diverses conditions d'éclairages, de températures et d'arrosage, surveiller la réaction des plantes en espérant trouver la condition gagnante.

Enfin, le jour J approche et toutes les plantes sont prêtes pour l'exposition. Ici, un autre défi se présente : leur déplacement vers la serre d'exposition. Si la plupart des plantes ne subissent pas de stress, « quelques-unes ont parfois le mal des transports et affichent une mine basse à l’arrivée dans la serre », observe Josée Massé. D’autres réagissent mal au changement des conditions environnementales entre la serre de production et celle d’exposition. « La difficulté réside dans le fait de rassembler toutes ces plantes aux exigences culturales différentes dans un seul et même endroit », explique Viviane Fortier, horticultrice spécialisée de la serre thématique. Dans leur nouveau lieu de résidence, les conditions ne sont pas strictement homogènes, ce qui permet à la savante équipe d’installer les plantes aux endroits qui leur conviennent le mieux. Ainsi, la plupart vont surmonter le stress du transport et s’adapter à leurs nouvelles conditions avant l’ouverture des portes. C’est le jour J. Tout est prêt, les plantes sont parées de leurs plus beaux atours et l'exposition peut enfin accueillir le public. Cependant, l'équipe d’horticulture doit continuer d'être ­quotidiennement aux petits soins autour de chaque plante pour qu’elle reste en santé jusqu’à la fin de l'exposition. Les feuilles séchées sont coupées, de même que les fleurs fanées, pour favoriser une deuxième floraison et des plantes de réserve viendront remplacer celles qui ont perdu leurs fleurs. Maintenir la floraison et le coloris du feuillage de toutes ces plantes aux exigences différentes durant toute la durée de l'exposition est le dernier défi. « C'est pourquoi l'événement ne dure que quelques semaines et qu’il faut saisir l’occasion et venir le voir », recommande Viviane Fortier. ⊗

DES ODEURS DE FLEURS INATTENDUES • PAR VALÉRIE LEVÉE

Mmm, humez le doux parfum du lilas ou de la lavande ! Les fleurs sont souvent synonymes de douces fragrances, mais une visite de la serre des orchidées du Jardin ­botanique vous réservera des surprises. Mettez le nez dans les fleurs de Meiracyllium trigem et une odeur de cannelle viendra titiller vos narines tandis que dans celles du Gongora ­unicolor ‘JBM’, ce sera plutôt le chocolat ! De nombreuses autres fleurs vous offrent des parfums tout aussi inusités quoique bien plus désagréables. Les ­délicates petites fleurs roses d’Ancistrochilus ­rothschildianus qui sentent le poisson risquent de vous faire plisser le nez. L’étrange

fleur de Bulbophyllum arfakianum pourrait vous attirer, mais gare à son odeur de fromage qui vous fera battre en retraite. Et que dire de Bulbophyllum echinolabium aux effluves d’excréments, et de l’odeur de cadavre de Bulbophyllum hamelinii ‘JBM’ ! Ces étranges parfums sont le fruit d’une ­coévolution entre la plante et les insectes qui les pollinisent. ­D’ailleurs serez-vous surpris.e d’apprendre que les ­orchidées du genre Bulbophyllum aux odeurs ­nauséabondes sont généralement pollinisées par des mouches ?


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GESTION DE COLLECTIONS ET D’ÉCOSYSTÈMES VIVANTS : FINE TACTIQUE EN COULISSES • PAR MARION SPÉE

PHOTO Espace pour la vie/Claude Lafond

Présenter des populations d’animaux, d’insectes et d’arthropodes au public, c’est gérer en coulisses d’innombrables détails. C’est jongler avec une ­multitude d’éléments : les lois, les permis d’importation et d’exportation, les affinités entre espèces ou individus, les naissances, les échanges, les dons ou encore les renouvellements. C’est bien plus compliqué que de transférer un joueur de ­hockey d’une équipe à une autre, même si ça fait couler moins d’encre dans les journaux.


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AU BIODÔME : DÉFI DE COHABITATION ET DE GÉNÉTIQUE Dans l’établissement, la plupart des habitats sont des écosystèmes abritant plusieurs espèces différentes. La cohabitation y est absolument essentielle et le choix des espèces, un beau casse-tête ! S’il est relativement facile de ne pas mettre des proies et des prédateurs ensemble, certaines combinaisons sont moins évidentes à éviter. « Par exemple, il existe des parasites chez les oiseaux qui nécessitent la présence de mollusques pour compléter leur cycle de vie. Il faut donc éviter de les mettre les uns en présence des autres », illustre Gheylen Daghfous, conservateur des Collections vivantes au Biodôme.

Gérer les collections vivantes implique de maintenir des ­populations saines génétiquement. Pourquoi ? Notamment pour éviter l’apparition de maladies héréditaires, garantir une diversité génétique qui favorise l'adaptation des i­ndividus à leur milieu et assurer une population de réserve pour la conservation de l’espèce. Voilà un autre atout d’être membre de l’AZA. « Ça permet une gestion à l’échelle de la population », spécifie Gheylen Daghfous. Le choix des partenaires ne se ­restreint pas aux seuls pensionnaires du Biodôme, mais à tous ceux des nombreuses institutions membres de l’AZA. Cerise sur le sundae, pour certaines espèces telles que le tamarin-lion doré ou le manchot royal, le Biodôme participe à des programmes spécifiques de pérennisation supervisés par l’organisme ­d’accréditation. Des biologistes spécialistes en la matière cherchent spécifiquement les meilleurs appariements possibles chez ces espèces pour préserver la diversité génétique. C’est du sur-mesure !

À L’INSECTARIUM : LE DÉFI DU RENOUVÈLEMENT « Pour la réouverture, on m’a demandé de renouveler le plus possible la collection vivante à présenter », affirme ­Stéphane Le Tirant, conservateur de la collection scientifique de l'Insectarium. Tout un défi ! Pour montrer des exclusivités, il faut trouver des insectes qui n’ont jamais été élevés en sol m ­ ontréalais et s’adresser à des fournisseurs capables de sortir des ­sentiers battus. Heureusement, l’équipe peut compter sur les contacts que l’entomologiste a établis partout dans le monde en plus de 30 ans de carrière. Pour dénicher les perles rares,

PHOTO Espace pour la vie/Claude Lafond

Pour l’aider, le Biodôme peut compter sur l’expérience de ­partenaires, membres comme lui de l’Association des Zoos et Aquariums (AZA). L’AZA est un organisme d’accréditation qui garantit des normes d’intégrité, de santé et de bien-être aux espèces sauvages en captivité ; c’est aussi un précieux réseau.

elle s’est donné des critères de sélection : ces petites bêtes doivent pouvoir être importées au pays et exportées ailleurs, avoir une longévité accrue, un potentiel éducatif intéressant et surtout être spectaculaires ! Émerveiller les visiteuses et visiteurs reste le but. Le Grand Vivarium sera ouvert toute l’année et pourra accueillir des spécimens venus du monde entier. Et ça n’est pas tout ! Outre des papillons, l’espace accueillera des fourmis, des scarabées et de nombreux autres spécimens à découvrir. « On est la première institution au Canada à avoir le droit de mettre en exposition plusieurs types d’insectes dans une telle serre », s’enthousiasme l’entomologiste. De vrais précurseurs. L’équipe se prépare depuis des années à accueillir de nouvelles espèces. Mais, six mois avant l’arrivée de la pandémie mondiale de COVID-19, les choses commençaient déjà à se compliquer. Certains transporteurs habituels ont annoncé cesser tout transport d’arthropodes. Il faut dire que des scorpions s’étaient échappés


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GRAND DOSSIER - TRAVAILLER AVEC LE VIVANT

PHOTO Espace pour la vie/Thierry Boislard

durant un vol, laissant les pilotes dans un état de stress compréhensible. Puis, la pandémie a ajouté un cran de complexité, en entraînant la fermeture de nombreux vols aériens. Alors il a fallu trouver des plans B, s’appuyer sur les fameux contacts de l’entomologiste et compter sur le savoir-faire de toute l’équipe. « Par exemple, j’ai fait venir des insectes d’Indonésie, en les faisant transiter par le Japon, Hong-Kong et Singapour, explique Stéphane Le Tirant. Un ami entomologiste les a récupérés à Berlin, les a gardés en captivité, les a fait pondre jusqu’à ce qu’on puisse les ramener ici ». Tout un détour. Vu les efforts déployés pour dénicher des perles rares des quatre coins du monde, l'équipe est plus que fière de les ­présenter enfin au public ! ⊗ ↑

Stilpnochlora couloniana, une espèce de sauterelle qui sera présentée dans le nouvel Insectarium.

RENCONTRE ENTRE DEUX LOUTRES

DES AMANTS RÉUNIS CHEZ LES PHYLLIES

• PAR MARION SPÉE

• PAR MARION SPÉE

Comment faire en sorte que deux loutres venant de milieux différents s’apprivoisent et cohabitent ? « Ça prend une lente introduction, une fine observation et le temps dont elles ont besoin », répond Cylia Civelek, technicienne en soins animaliers et plongeuse au Biodôme. La femelle y était déjà depuis plusieurs mois quand son jeune colocataire est arrivé du Zoo de Calgary. Les présentations ont commencé par des échanges olfactifs. « Chaque individu a reçu des selles et de la paille imprégnée de l’odeur et des phéromones de l’autre », explique la spécialiste. De quoi établir une communication par l’odorat, cruciale chez les loutres. Puis elles ont été mises de temps en temps dans des cages adjacentes aux parois opaques, pour s’entendre et continuer à se sentir, mais sans se voir. L’étape suivante ? Se nourrir côte à côte, avec un simple grillage entre les deux. Enfin, les deux mammifères ont partagé leurs quartiers dans l’écosystème de l’Érablière des Laurentides. Depuis, ils ont des comportements sociaux, dorment et nagent ensemble.

Un mystère plus que centenaire persistait chez une espèce rare d’insectes feuilles de Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Phyllium asekiense : on ne connaissait que des spécimens femelles. Il faut dire que chez les phyllies, le dimorphisme sexuel est marqué : les mâles et les femelles ne se ressemblent pas du tout. Aussi, leur camouflage sophistiqué les rend difficiles à observer et encore plus à capturer. Un casse-tête donc pour les entomologistes. Coup de chance ! L’un des très nombreux contacts de Stéphane Le Tirant, conservateur de la collection scientifique à l’Insectarium de Montréal, lui envoie des œufs de Phyllium asekiense. Après s’en être minutieusement occupé pendant plusieurs mois, l’équipe de technicien.ne.s en entomologie de l’Insectarium a vu les larves prendre leur aspect d’adulte. Et surprise : le mâle qu’on associait jusqu’à lors à une espèce de N ­ anophyllium appartient en fait à la même espèce que celles des femelles ! Des tests ADN ont confirmé la trouvaille. Les amants perdus sont enfin réunis… sous le même nom : Nanophyllium asekiense.


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GRAND DOSSIER - LES INSECTES EN VEDETTE

RÉALISEZ DES PHOTOS MACROS COMME LES PROS ! PHOTO Shutterstock/Icemanphotos

• PAR ANNIE LABRECQUE

Vous voulez réussir vos photos d’insectes avec votre cellulaire ? Voici quatre conseils judicieux de la part du photographe André Sarrazin, collaborateur depuis plus de dix ans de l’équipe d’Espace pour la vie.

N 1 : MAÎTRISEZ LES FONCTIONS DE VOTRE CELLULAIRE O

Renseignez-vous sur les limites de l'appareil photo de votre cellulaire, car les fonctions et performances varient d’un téléphone à l'autre. Puisque le zoom suffit rarement, approchez-vous autant que possible de votre sujet. Essayez de faire la mise au point sur les yeux de l’insecte pour de meilleures photos. L’insecte ne tient pas en place ? Maximisez vos chances de le capter en plein vol en optant pour le mode rafale.

NO 2 : CHOISISSEZ LE BON MOMENT Selon André Sarrazin, vous obtiendrez de meilleures images tôt le matin ou en fin de journée. Il peut être opportun de photographier les libellules et les papillons avant 9 h, soit le moment de leur envol matinal.

Évitez de prendre vos clichés entre midi et 14 h, là où le soleil est à son maximum, pour ne pas surexposer vos photos. Pensez à utiliser un chapeau pour faire de l’ombre.

NO 3 : S'ARMER DE PATIENCE Les insectes peuvent s’envoler ou se cacher à votre approche. Soyez patient.e.s et restez au même endroit ! Les libellules, par exemple, reviennent à leur lieu d'origine au bout d’un certain temps. Vous voulez croquer des papillons sur le vif ? Essayez de porter une attention particulière à leurs ailes. Dans l’excitation, on ne remarque pas qu’elles peuvent parfois être abîmées. La solution : prenez plusieurs photos de spécimens différents.

NO 4 : UN INSECTE VU SOUS PLUSIEURS ANGLES Évitez de photographier l’insecte avec un angle de 45°. Lorsque cela est possible, mettez-vous au même niveau que votre sujet et photographiez-le sous au moins trois angles différents : de gauche, de droite et du dessus. N’hésitez pas à partager vos photos sur nos réseaux sociaux en nous identifiant ! @espacepourlavie ⊗


POLLINISATEURS INDIGÈNES DU QUÉBEC • PAR SOPHIE LACHANCE

Dans le parc de votre quartier ou sur les quelques fleurs qui parsèment votre balcon, une opération d’importance capitale bat son plein : la pollinisation. En effet, les abeilles, les papillons, les syrphes et certains coléoptères butinent d’une fleur à l’autre, transportant le pollen nécessaire à la reproduction de milliers d’espèces de plantes.

Andrène de Dunning Andrena dunningi

C’est ainsi qu’ils assurent la diversité végétale… et celle de nos ressources alimentaires ! Une bouchée sur trois de notre assiette est en effet issue du travail colossal qu’effectuent ces petits êtres infatigables, fragilisés notamment par la perte de leurs habitats. Sans eux, on ne pourrait se délecter de tartinades à la fraise, ou encore manger les pommes cueillies au verger à l’automne. La prochaine fois que vous remarquerez les vives rayures jaunes et noires d’une abeille ou d’un syrphe, ayez une pensée pour les saveurs que vous offrent les pollinisateurs !

Cuivré d'Amérique Lycaena phlaeas

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Admirez ici quelques-uns des pollinisateurs bien de chez nous.

Scarabée du rosier Macrodactylus subspinosus


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Scarabée maculé Gnorimella maculosa

Halicte vert Agapostemon virescens

FAIRE UNE PLACE AUX INSECTES POLLINISATEURS Avec la collaboration d’André-Philippe Drapeau Picard et ­Marjolaine Giroux, préposé.e.s aux renseignements ­entomologiques de l’Insectarium Vous souhaitez inviter les insectes pollinisateurs dans votre jardin ? Des aménagements simples suffisent ! Pour assurer leur survie, offrez-leur nectar et pollen ainsi que des conditions de vie favorables. Voici quelques grands principes : •A ménagez une diversité de plantes nectarifères dont la floraison se déroule du printemps à l’automne. Vous pourrez ainsi admirer les pollinisateurs à l'œuvre au gré des saisons. •F aites une place aux plantes indigènes. Elles répondent généralement beaucoup mieux aux besoins alimentaires saisonniers des pollinisateurs qui y sont bien adaptés.

Abeille cotonnière Anthidium sp.

•A ttirez les abeilles solitaires. Inoffensives, elles construisent leur nid dans les sols sablonneux, les tiges creuses, le bois mort, les crevasses et les interstices divers. Consacrez-leur un petit coin de jardin ou tolérez les aménagements qu’elles fabriquent d’elles-mêmes. •N ’utilisez pas de pesticides. En rendant votre jardin accueillant pour les pollinisateurs, c’est toute la faune entomologique qui s’en portera mieux. Avec de la créativité, les murets de pierre, les plantes couvre-sol ainsi que le petit coin fleuri au fond du jardin deviendront vite une terre d’accueil pour les insectes, les oiseaux et une multitude d’êtres vivants.

PHOTO Espace pour la vie/André Sarrazin

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•C réez des microclimats. Les haies et les murets fleuris protègent des vents tout en offrant des abris de choix.


CURIOSITÉ SCIENTIFIQUE

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LA CURIOSITÉ : UN ÉLAN VERS L’INCONNU •P AR BIANCA JOUBERT

PHOTO Shutterstock/Maria Sbytova

Pourquoi le ciel est-il bleu ? Pourquoi les escargots aiment-ils la pluie ? Les arbres ont-ils soif ? Nos questions sont portées par la ­curiosité. État fondateur de l’expérience humaine, celle-ci nous rapproche de ­l’enfance. Et la soif de connaissances des scientifiques ne diffère pas tant de celle des enfants, du promeneur dans la nature ou des visiteurs et visiteuses des musées…


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CURIOSITÉ SCIENTIFIQUE

La curiosité intellectuelle engendrant les découvertes scientifiques a souvent pour moteur l’émerveillement. Une manière de questionner le monde, un appel de l’inconnu qui guide les chercheurs et chercheuses, avides de réponses ou d’étonnement, dans leurs patientes expérimentations.

LA JOIE DE CONNAÎTRE Pour plusieurs, la science est en elle-même source de joie. Ce sont des questions simples, en apparence naïves, qui mènent à la joie de connaître, chère à Fernand Séguin, et aux confins des possibles. Sans curiosité, pas de recherche !

Mais comment provoquer l’intérêt pour l’univers immobile et silencieux des plantes ? « On ne force pas la curiosité, on l’éveille », dit l’auteur Daniel Pennac. Le Jardin botanique, à la croisée des chemins de la recherche, de la science, de la culture et de l'éducation, travaille à retisser le lien avec le monde végétal et à l’enrichir. Dans cet esprit, l’équipe du Jardin botanique prépare un ­événement inédit à l’été 2022, et il ne manquera pas ­ d’attiser votre curiosité et de nourrir votre émerveillement ! bit.ly/vosquestionsEPLV ⊗

C’est elle qui a poussé par exemple Simon Joly, chercheur au Jardin botanique, à analyser avec son collègue Daniel Schoen, de l'Université McGill, plus de 2500 espèces de plantes à fleurs pour vérifier avec succès une hypothèse de Darwin vieille de 150 ans sur les « fleurs invisibles ». L’idée que ces fleurs ­procureraient une assurance à la reproduction à ­certaines espèces n’avait pas encore été testée malgré le passage de ­nombreuses générations de botanistes. Il s’agit d’ailleurs de l’une des 10 découvertes de 2021, selon Québec science.

CULTIVER L’ÉMERVEILLEMENT ET L’ESPRIT D’INVESTIGATION

LA TERRE EST BLEUE COMME UNE ORANGE*

Loin d’être inertes, les plantes ne cessent de nous surprendre. Leur étrangeté, leur diversité inouïe, leurs ingénieuses stratégies pour accéder à leur nourriture, conquérir de nouveaux territoires, réagir à leur environnement, se défendre ou même communiquer méritent toute notre curiosité.

• PAR BIANCA JOUBERT

Le mot vient d’ailleurs du latin cura, le soin. Une personne curieuse est donc par essence une personne qui prend soin. Et pour prendre soin, il faut porter attention. « Si, dans les musées, on est très attachés à la transmission des connaissances, on s’applique aussi à stimuler la curiosité. À rendre les gens attentifs, curieux de la nature, d’eux-mêmes et des autres, en cultivant un esprit d’investigation riche en émotions et en sensations », explique Annabelle Mimouni, agente de projets éducatifs au Jardin botanique.

FAIRE ÉVOLUER NOTRE PERCEPTION DES VÉGÉTAUX Apparues sur Terre il y a environ 470 millions d’années, les plantes ont tranquillement colonisé la terre entière et permis au monde animal de s’épanouir à son tour. Parfois sous-estimées, elles n'ont pourtant pas encore livré tous leurs secrets... De récentes recherches ont, par exemple, montré que les arbres ont recours à une forme de communication entre eux et avec d'autres espèces.

Vous êtes curieux et curieuses de nature ? Vous vous demandez pourquoi les plantes sont vertes et non bleues ; comment flottent les nénuphars et s’illuminent les lucioles ; pourquoi l’océan est salé ; que mangent les étoiles de mer ; combien de piquants a le hérisson et pourquoi les éléphants dorment debout ?

APPEL AUX CURIEUSES ET CURIEUX ! L’équipe d’Espace pour la vie est impatiente de connaître les interrogations de la communauté. Osez poser toutes les questions sur la nature qui traversent naïvement votre esprit. Débridez votre curiosité ! Il n’y a pas de mauvaises questions… Celles des enfants frôlent la poésie ; à votre tour de répondre à l’appel. Rendez-vous en ligne pour formuler librement vos questions, les plus simples comme les plus folles. Les concepteurs et conceptrices d'Espace pour la vie s’en serviront comme d’une boîte à suggestions qui stimulera leur créativité ! *Selon Paul Éluard, L’amour la poésie, 1929


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GLACES DANS L'ESPACE

MILLE ET UNE MERVEILLES DE GLACES •P AR ANNIE LABRECQUE, AVEC LA CONTRIBUTION DE MARC JOBIN, ASTRONOME, PRÉPOSÉ AUX RENSEIGNEMENTS ASTRONOMIQUES AU PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN

La glace est présente un peu partout sur notre planète. Elle peut refroidir notre verre d’eau, se former à la surface des lacs pendant l’hiver ou encore, dominer le paysage de l’Arctique et de l’Antarctique. Sur Terre, on désigne la glace comme de l’eau à l’état solide. Ailleurs dans le Système solaire, la pression et la température sont différentes – elles peuvent être extrêmes ! – et affectent l’état des molécules (solide, liquide, gaz). Sur certaines lunes ou planètes, des gaz tels que l­’ammoniac ou le dioxyde de carbone se retrouvent sous forme de glace à cause des ­conditions ambiantes. La glace est ainsi un terme général englobant différentes ­substances, pouvant revêtir des formes étonnantes. Explorons ces p ­ aysages glacés !

MONDES DE GLACES PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN

PHOTO NASA/JPL/University of Arizona

DÈS LE 12 DÉCEMBRE


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GLACES DANS L'ESPACE

SONDER LES GLACES DANS LE SYSTÈME SOLAIRE Les planétologues étudient depuis longtemps les calottes glaciaires de Mars. Ces calottes sont composées principalement de glace d’eau, mais aussi de dioxyde de carbone sous forme solide, que l’on connaît mieux sous le nom de « glace sèche ». Elle se retrouve surtout aux pôles, là où des températures inférieures à -78 °C permettent au gaz carbonique de passer directement à l’état solide.

PHOTO NASA/JPL-Caltech

Un autre objet céleste qui suscite beaucoup de curiosité est Encelade, une petite lune glacée d’à peine 500 km de diamètre qui tourne autour de Saturne. Encelade possède un paysage unique avec ses quatre « rayures de tigre », des structures géologiques situées près du pôle Sud. Ces rayures, aperçues pour la première fois par la sonde spatiale Cassini en 2005, sont associées à des fissures parallèles longues de 130 km. Il s’en échappe des jets d’eau et de molécules organiques, démontrant ainsi la présence d’un océan liquide sous la croûte glacée de la lune. Un phénomène exceptionnel se manifeste aussi sur Encelade et sur d’autres satellites glacés : des éruptions de cryovolcans, ou « volcans de glace ». Ils projettent des panaches d’eau sous pression dans l’atmosphère ténue de ces lunes où règne un froid intense, avec des températures pouvant atteindre -130 °C. L’exploration de la planète naine Pluton par la sonde New Horizons a dévoilé un grand bassin d’impact en forme de cœur. Une partie de cette dépression, nommée Sputnik Planitia, est remplie de glace d’azote. Sur les images prises par la sonde, on remarque que la surface de cette région présente de multiples formes polygonales adjacentes les unes aux autres. La formation de cette courtepointe glacée intriguait les scientifiques. Grâce à des simulations numériques, ils croient que ce paysage apparaît sous l’action de la sublimation de l’azote, qui se transforme directement de solide en gaz, sans passer par l’état liquide. En comparaison avec la Terre, Pluton se trouve très loin du Soleil ; il y fait donc extrêmement froid. La température moyenne y est de -223 °C. Pourtant, à certains endroits, l’environnement de la planète naine rappelle étrangement celui de la Terre avec de hauts sommets enneigés. Mais ces montagnes seraient faites de glace d’eau, dure comme de la pierre. Et la « neige » qui les recouvre serait plutôt un givre de méthane. Les comètes ne passent pas inaperçues et offrent l’un des plus beaux spectacles célestes. Lorsqu’elles approchent du Soleil, leur noyau de glaces d’eau, d’ammoniac et de gaz carbonique, entremêlées de petites particules rocheuses, se réchauffe et libère les gaz et la poussière. C’est ce qui donne leurs queues qui s’étirent parfois sur des millions de kilomètres.

Un océan liquide se cache probablement sous la croûte glacée d'Encelade, une lune de Saturne.

AILLEURS DANS LA VOIE LACTÉE Située à 33 années-lumière de notre Système solaire, l’exoplanète Gliese 436 b est aussi digne de mention. D’une taille comparable à Neptune, la température sur Gliese 436 b est estimée à 439 °C ! Compte tenu de sa taille et de sa densité, les scientifiques émettent l’hypothèse qu’elle est constituée en grande partie d’une forme rare de glace d’eau, la « glace X ». Malgré la température élevée, celle-ci reste sous forme solide à cause de la pression inouïe engendrée par l’énorme gravité de la planète. En fouillant le cosmos, on y découvre sans cesse des mondes aux conditions extrêmes et variées, où la glace prend des formes inusitées. Au plus grand émerveillement des scientifiques ! ⊗


MÉTÉO ET CLIMAT

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UN LEGS DE FROID • PAR GABRIELLE ANCTIL

« Les hivers enneigés de votre enfance ne reviendront jamais », titrait Radio-Canada en 2019, dans un article où le journaliste Naël Shiab analysait les données de stations météorologiques partout au pays afin de déterminer l’impact de la crise climatique sur le couvert neigeux. « [Montréal] a perdu près de deux semaines de neige au sol, au fil des décennies », note le ­journaliste – une situation similaire à travers la province.

PHOTO Alexandre Provost

Les impacts des bouleversements climatiques font désormais partie de notre quotidien. Ils se voient dans les inondations, les épisodes de chaleur record et autres feux de forêt qui font les manchettes presque chaque jour. Ils viennent aussi toucher un aspect important de la culture québécoise : la météo.


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MÉTÉO ET CLIMAT

LA CULTURE CLIMATIQUE

Pourquoi ne pas avoir construit de manière à éviter ce ­danger ? », questionne la chercheuse.

Il est aisé de confondre météo et climat, mais la différence est majeure. Cette distinction est d’ailleurs abordée dans plusieurs activités et expositions de la Biosphère. La météo se mesure sur une période plutôt courte, comme une journée ; le climat correspond à l’analyse agrégée du comportement de l’atmosphère à plus long terme. Une journée chaude n’est ainsi pas le marqueur du réchauffement de la planète, mais un été où la température moyenne aura été anormalement élevée, au cours d’une décennie elle aussi très chaude, oui.

Une lueur d’espoir tout de même : « Le fait que nous devions constamment nous ajuster au climat nous a donné une grande capacité à s’adapter aux nouvelles situations », souligne Marie-Hélène Roch. Il est vrai qu’un.e nouvel.le arrivant.e doit développer des compétences qui peuvent sembler ­normales pour quiconque compose avec ces variations depuis le début de sa vie. Un exemple : l’habillement en pelures d’oignon, un enseignement directement transmis par les peuples autochtones aux premiers colons.

Quelles que soient leurs sources, les variations de température ont tout de même pour effet de permettre aux Québécois.e.s de s’adonner à l’une de leurs activités préférées : parler de météo.

On sait que de nombreux bouleversements attendent le ­Québec. On estime que la température augmentera de près de 4°C dans le sud de la province dans les prochaines décennies. Vagues de chaleur intenses et inondations seront au menu. Pour espérer freiner ces dérèglements et réduire nos émissions de GES, il ­faudra puiser dans nos réserves d’ingénuité. L’avenir de nos hivers en dépend.

« Ici, les gens passent leur temps à parler de température », s­ ourit Diane Pacom, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa. Celle qui est arrivée au Canada il y a plus de ­quarante ans se surprend encore de la place qu'occupe la météo dans la culture de son pays d’adoption. « En sociologie, on parle d’une variable lourde. C’est-à-dire que la température a un effet important sur la politique, l’économie et la société de manière générale. » Rien de surprenant à ça : les variations extrêmes de température entre l’été et l’hiver, et parfois même d’un jour à l’autre, offrent une infinité de sujets de conversation. Ils nous permettent aussi un coup d'œil privilégié sur les changements qui s’opèrent à l’échelle mondiale. « Quand la neige n’arrive pas avant Noël, ça nous déstabilise », donne en exemple Marie-Hélène Roch, chercheuse en nordicité urbaine.

SAUVER L’HIVER Cet amour de la météo nous mènera-t-il à vouloir agir pour en préserver les nuances ? Impossible de répondre avec certitude. D’un côté, il est vrai que nous avons un attachement ­émotionnel à nos hivers enneigés et à nos étés au soleil éclatant. « Les ­Québécois.e.s présentent l’hiver aux nouveaux arrivants comme s’il s’agissait d’un être cher, d’un ami, » souligne Diane Pacom. Que nous voulions préserver à tout prix un morceau aussi ­important de notre identité n’aurait rien de surprenant. À revers, il est essentiel de constater que nous nous comportons encore bien souvent comme si ces variations n’existaient pas. « À leur arrivée, les Européen.ne.s ont tenté d’importer des manières de faire de leur pays d’origine qu’ils ont appliquées sans les adapter aux conditions locales », rappelle Marie-­Hélène Roch. Ces ­mauvaises habitudes se poursuivent aujourd’hui, alors que l’on construit encore des infrastructures qui ne tiennent pas en compte les rigueurs de l’hiver. « Comment se fait-il que les panneaux “attention, chute de glace” soient si fréquents ?

APPRIVOISER LES FLAMMES L’été 2021 a été ravageur en Colombie-Britannique. Le plus gros feu de la province a décimé environ 90 000 hectares, touchant dans son sillage la ­Première­ Nation Skeetchestn, près de Kamloops. La communauté a mis à profit un savoir millénaire pour se défendre contre l’incendie : les feux contrôlés. Le procédé consiste à allumer un feu dans une zone précise au printemps ou à l’automne, hors la saison des feux, afin de réduire le combustible pouvant alimenter un incendie la saison chaude venue. Les Skeetchestn ont adapté la pratique en 2021 pour détourner le brasier qui les menaçait. Le Canada a mis fin à la pratique de feux contrôlés il y a près d’un siècle, effaçant un savoir ayant permis aux nations autochtones de favoriser la croissance de nouvelles plantes et d’améliorer la qualité des sols depuis des siècles. Cette interdiction serait en partie à la source des brasiers ravageurs auxquels nous assistons aujourd’hui. Bonne nouvelle : la pratique est de nouveau mise à l’agenda, portée par des expert.e.s autochtones et allochtones de partout au pays.


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GASTRONOMIE AUTOCHTONE

DÉCOLONISER NOS PAPILLES • PAR GABRIELLE ANCTIL

La création de ponts est aussi ce qui motive le directeur de la restauration Pierre-Luc Xavier de La Traite de l’Hôtel-Musée Premières Nations à Wendake. Le restaurant, qui met à l’honneur la tradition culinaire Huron-Wendat, souhaite initier le public à la longue histoire de cette nation. « Les Huron-Wendat ont

UN JARDIN À CROQUER

↓ Une longe de cerf, concoctée par le restaurant-hôtel La Traite, à Wendake. PHOTO Restaurant La Traite

Le petit bâtiment en pierre grise se dresse au centre du square Cabot, à l’ouest du centre-ville de Montréal. Dans cette ancienne vespasienne loge le Café de la Maison ronde, le seul café autochtone à Montréal. « La cuisine qui y est servie est inspirée de ce que l’on sert dans les pow-wow », explique Charles-Éric Lavery, directeur du développement à L’Itinéraire et responsable du café. Sa clientèle cible compte la population autochtone en situation d’itinérance qui gravite autour du square : « Nous voulons leur offrir de la nourriture qui correspond à leur culture, » résume-t-il, comme du pain bannique et des tacos autochtones. Tous et toutes sont cependant bienvenu.e.s dans cet espace qui vise à construire des ponts entre les communautés.

↓ Le café de la Maison-Ronde, à Montréal, propose sa version du Taco autochtone.

PHOTO Justine Latour

« Je suggère un retour aux sources. Un retour à ce garde-manger, notre environnement immédiat, si plein de bonnes choses dont on ne soupçonne même pas l’existence », écrit le chef innu Manuel Kak’wa Kurtness dans l’introduction de son livre de cuisine Pachamama, paru aux éditions Boréal. Il n’est pas le seul à vouloir redonner ses lettres de noblesse aux gastronomies autochtones. Tour d’horizon.

été le premier peuple sédentaire au Québec, souligne-t-il. Leur alimentation a été influencée par ce mode de vie. » Le menu du restaurant donne ainsi une place d’honneur aux trois sœurs – le maïs, les haricots et les courges – traditionnellement cultivées ensemble et fumées afin d’en faciliter la conservation. Les plats servis aujourd’hui tirent leur inspiration de ces traditions millénaires. Ces espaces culinaires, en plus d’offrir une expérience culturelle, permettent aussi de créer des emplois pour des Autochtones. Mieux : certains voient l’alimentation comme une manière d’intéresser le grand public aux richesses de la nature. Car historiquement les nations autochtones se nourrissaient des produits de leur environnement immédiat. Des enseignements peuvent mener à une meilleure compréhension des enjeux entourant la préservation de la biodiversité. Si l’on tombe en amour avec un aliment découvert au restaurant, l’on aura peut-être plus envie de participer à sa mise en valeur. Quoi de mieux que de s’éduquer en mangeant ? Comme l’écrit Manuel Kak’wa Kurtness : « On apprécie les cuisines traditionnelles du monde entier, mais en n’ayant qu’une vague idée de la ­nourriture des premiers peuples de notre continent ». Chaque restaurant qui ouvre ses portes devient une manière de faire connaître la richesse des nations autochtones. Les impacts positifs de ces initiatives se font sentir bien au-delà de l'assiette !

JARDIN BOTANIQUE 1 ER AU 27 AOÛT

PHOTO Shutterstock/Nickola_Che

⊗ Cet été, les jardins culturels du Jardin botanique vous proposent une délicieuse exploration du monde végétal et des cultures humaines dans le cadre de Un jardin à croquer, un événement qui vous fera découvrir par le goût. Laissez-vous surprendre par ce voyage gastronomique !


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RECHERCHE

CHASSER DES MÉTÉORITES AVEC LE PROJET DOMe • PAR ANDRÉ GRANDCHAMPS, CONSERVATEUR DE LA COLLECTION DE MÉTÉORITES DU PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN.

Repérer une météorite au sol est plus difficile que de trouver une aiguille dans une botte de foin. Heureusement, les caméras du projet DOMe (Détection et Observation de Météores) pourront nous aider dans la recherche des météorites sur le terrain.

POURQUOI S’INTÉRESSER AUX MÉTÉORITES ?

UN TRÉSOR POUR LE FUTUR Grâce au projet DOMe, nous souhaitons enrichir la collection de météorites du Planétarium avec des échantillons rares et non altérés. Il s’agit de la plus importante collection de météorites au Québec. La conservation de ce patrimoine céleste est essentielle pour la recherche scientifique et les générations futures. ⊗

Les météorites sont des corps rocheux venus de l’espace qui ont survécu à leur passage dans l’atmosphère terrestre avant de tomber au sol.

Vous désirez participer aux recherches de météorites et faire partie des équipes qui iront sur le terrain ? Des formations seront bientôt offertes. Nous vous invitons à consulter le site Web d’Espace pour la vie pour les modalités d’inscription.

Leur étude nous permet de mieux comprendre la formation des planètes du système solaire, dont la Terre. Elle permet aussi d’approfondir nos connaissances sur les processus qui ont engendré l’apparition et le développement de la vie sur»notre planète.

UN RÉSEAU DE CAMÉRAS DE SURVEILLANCE

Une caméra du projet DOMe, installée à l'Observatoire du Mont-Mégantic

Le fonctionnement réside dans la triangulation : lorsqu’au moins trois caméras repèrent un même bolide, un ordinateur calcule la trajectoire et détermine une zone de chute, s’il y a lieu. Nous pourrons alors déployer des équipes de recherche sur le terrain afin de récupérer des fragments. Pour optimiser le réseau, les caméras sont installées à une ­centaine de kilomètres de distance entre elles. Pour le moment, nous les avons installées dans la plaine du Saint-Laurent et le sud du Québec, des régions en grande partie rurales, ce qui facilitera les recherches.

PHOTO Espace pour la vie/André Grandchamps

Les météorites sont malheureusement difficiles à trouver, en plus d’être rares. Ainsi, la dernière chute de météorites au Québec est survenue il y a plus de 25 ans à Saint-Robert, près de Sorel. Nous avons déployé le projet DOMe, un réseau de caméras de surveillance qui scrutent le ciel et repèrent les bolides (les météores exceptionnellement brillants), dans le but de faciliter la détection des futures chutes de météorites en sol québécois.


ARCHITECTURE ET NATURE

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QUAND L’ARCHITECTURE S’INSPIRE DE LA NATURE • PAR MARION SPÉE

Depuis des millénaires, les êtres humains interagissent étroitement avec leur environnement naturel. Bien que cette relation s’est largement essoufflée avec l’urbanisation croissante, il existe néanmoins une affinité innée de l’être humain pour le vivant. Dans une tentative de connecter plus intimement les occupant.e.s des bâtiments à la nature, les mondes de l’architecture et du design s’inspirent de plus en plus du vivant. On cherche ainsi à concevoir des structures qui imitent les conditions d’un environnement naturel, en laissant par exemple entrer la lumière du jour, en maximisant les points de vue sur l'extérieur ou en exploitant des motifs qui évoquent les formes présentes dans l’environnement. Le Dôme du nouvel Insectarium abrite sa collection naturalisée.

PHOTO Kuehn Malvezzi


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ARCHITECTURE ET NATURE

Les exemples à travers le monde sont nombreux : en Allemagne, l’architecture du Buga Wood Pavilion s’inspire d’un squelette d’oursin ; à Singapour, le musée Artscience imite la forme d’une fleur de lotus et le design des Jardins de la Baie, un espace récréatif extérieur urbain, prend sa source des arbres. Dans les musées d’Espace pour la vie aussi, l’architecture et le design sont librement inspirés du vivant et de l’environnement. D’ailleurs, ils participent à leur mission : celle de connecter l’humain à la nature en les rapprochant le plus possible.

À LA BIOSPHÈRE : LA VISION D’UN PIONNIER Érigé au cœur d’une oasis de nature, le pavillon des États-Unis d’Expo 67, rebaptisé Biosphère, est l’œuvre de l’architecte, ­ingénieur et inventeur américain Richard Buckminster Fuller. Véritable précurseur de la pensée environnementale c­ ontemporaine, il craignait déjà pour la survie de l’humanité si les ressources naturelles de notre « unique vaisseau spatial » qu’est la Terre continuaient à être gaspillées. Sa vision novatrice a largement inspiré sa manière de concevoir le bâtiment : une forme rappelant celle de la Terre et l’utilisation de peu de matériaux pour évoquer la fragilité de la planète.

PHOTO Shutterstock/Richard Cavalleri

Cet architecte pensait la nature de manière géométrique. Il est le père des dômes géodésiques, ces fameuses structures sphériques en treillis dont les barres suivent les grands cercles de la sphère. Pour l’anecdote, des chercheurs ont découvert dans les années 90 une molécule de carbone aux formes semblables à celles des dômes géodésiques. Ils l’ont nommé fullerène de Buckminster en l’honneur de l’homme visionnaire.

À L’INSECTARIUM : UN MUSÉE À HAUTEUR D'ARTHROPODES Pour les architectes du nouvel Insectarium, l’expérience des visiteuses et visiteurs se devait d’être dictée par l’environnement

même du musée. Les insectes ont été leur muse et ils ont décidé d’adopter leur point de vue, de se mettre à leur hauteur pour créer un parcours de visite des plus immersifs. Ainsi, la scénographie et l’architecture ont été conçues en ­s’inspirant des divers habitats des insectes : les nids, les chambres et les galeries, la végétation, l’eau ou encore la terre. Le choix des matières a aussi été pensé pour refléter au mieux leur habitat naturel, notamment le béton dont la texture g ­ ranuleuse, poreuse, avec des interstices inégaux reproduisant à merveille les tunnels des fourmis. Dans les Alcôves, des galeries souterraines offrent aux visiteuses et visiteurs la possibilité de percevoir le monde comme s’ils étaient eux-mêmes des insectes, avant de découvrir le Grand Vivarium de verre où grouillent ces petites bêtes en liberté toute l’année. Et pour une connexion maximum avec l’extérieur, l’architecture de verre s’immisce dans le Jardin botanique et permet de se plonger dans ses paysages, comme si le bâtiment disparaissait au profit de la nature.

AU BIODÔME : UN PARCOURS POUR EXPLORER CHAQUE ÉCOSYSTÈME Le design du Biodôme a été pensé pour que les visiteuses et visiteurs l’explorent : un parcours immersif pour y déambuler au gré de leurs envies, comme on le ferait spontanément lors d’une promenade en nature. Les personnes chargées de sa conception ont prévu un espace d’accueil très épuré pour créer une pause pour les sens : une sorte de transition, une antichambre, avant de s’introduire dans la forêt tropicale humide des Amériques, l’érablière des Laurentides, le golfe du Saint-Laurent ou dans les régions subpolaires, ces écosystèmes colorés et multisensoriels. L’objectif : bonifier le contact avec la faune et la flore. Ainsi, pour chacun d’eux, le public est invité à un premier contact tout en douceur. Il peut percevoir des sons, sentir des effluves, ressentir la chaleur ou la fraîcheur de chaque lieu, avant d’émerger dans ces grands espaces où il pourra enfin dévorer des yeux les scènes de vie qui l’attendent. Citons par exemple l’immense tunnel givré qui mène à un imposant mur de glace, de quoi se mettre dans l’ambiance de l’habitat des manchots que l’on découvre ensuite. La science l’a démontré : le contact avec la nature, et tout ce qui s’en inspire, est bénéfique pour l’humain, quels que soient son âge ou ses origines. ⊗


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ENTOMOPHILIE

PASSER DE L’AVERSION À L’ADMIRATION • PAR VALÉRIE LEVÉE

GRANDE OUVERTURE DE L'INSECTARIUM VISITEZ LE NOUVEAU MUSÉE

PHOTO Espace pour la vie/Thierry Boislard

Avertissement : observer un insecte pourrait attiser votre curiosité au point de développer une forme d’entomophilie. Rassurez-vous, ce n’est pas une maladie ! Juste une saine passion pour les insectes, bénéfique autant pour vous que pour la nature.


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ENTOMOPHILIE

Notre vie urbaine nous a éloignés de la nature et nous ne voyons des insectes et des arthropodes que la pointe de l’iceberg. Certes, les papillons nous ravissent de leurs voltiges multicolores, mais les moustiques, les mouches, les perce-oreilles ou les mille-pattes inspirent parfois moins de sympathie. « Les insectes dont la cohabitation paraît la plus difficile sont ceux dont on parle la plupart du temps. Or, ils ne représentent qu'un tout petit pourcentage de tous les arthropodes », remarque Sonya Charest, cheffe de division des programmes publics et éducatifs à l'Insectarium. Partant de ces quelques espèces qui pénètrent dans notre bulle humaine, il arrive que l’on bâtisse une relation inconfortable avec les arthropodes, voire que l’on adopte des comportements de peur ou de dégoût. Ces réactions peuvent s’acquérir par simple imitation des comportements parentaux ou être induites par la méconnaissance des insectes. « On est programmé.e pour être prudent.e et garder nos distances face à ce qui nous est inconnu », observe-t-elle. Heureusement, cette attitude peut s’inverser et se transformer en émerveillement. « C’est notre but à l'Insectarium, que les gens développent ce sentiment d'entomophilie. Nous souhaitons qu’ils découvrent l'incroyable diversité des insectes et arthropodes, démystifient leurs rôles et développent un confort en leur présence, et pourquoi pas, un amour pour ces petites bêtes surprenantes et essentielles », soutient Sonya Charest. Les expert.e.s de l'Insectarium agissent ainsi comme des ­ambassadeurs et ambassadrices : leur passion est un grand atout pour accompagner les personnes plus réticentes aux ­arthropodes à apprécier leur présence. « On est à l’écoute des gens pour les emmener un peu plus loin dans leur relation avec les insectes. Pour les esprits artistiques, ça peut être par les ­couleurs. D’autres vont aimer des anecdotes ou seront intéressé.e.s par le b­ iomimétisme, détaille Sonya Charest. Tous les chemins mènent aux insectes et il y a des insectes pour tous les goûts. » Allez ensuite à leur rencontre, tout près de chez vous ! Si Mission monarque a pour objectif premier de documenter l’habitat de reproduction du monarque, ce programme de science participative devient aussi l’occasion de rencontres fortuites avec toutes sortes d’arthropodes sur lesquels on peut poser un regard neuf. En scrutant l'asclépiade, la plante hôte du papillon, on découvre des coléoptères, des punaises, des chenilles aux couleurs des plus vives. Tout un spectacle ! Côtoyer les insectes de plus près nous amène à prendre conscience de leurs comportements complexes, leurs formes et leurs couleurs étonnantes. « C'est en prenant le temps de les observer, de partager des moments agréables en leur compagnie, de constater les innombrables services que les insectes nous rendent que l'on apprend à vivre avec eux, en harmonie. Le monde des insectes est vaste et infini de beauté ! Il y a toujours du nouveau à apprendre et de l'émerveillement à la clé. » ⊗

Dans le contexte du nouvel Insectarium, de son ­architecture et de sa muséologie inspirées par la biophilie, nous donnons un nouveau sens à ce terme pour exprimer la notion d’entomophilie au sens de l’amour, du respect et de la valorisation des insectes.

FINIE, LA PEUR DES PETITES BÊTES ! • PAR VALÉRIE LEVÉE

Vous craignez les araignées ? Les insectes vous inspirent du dégoût ? Sachez que d’autres personnes éprouvent les mêmes sensations. Ce qui n'a pas empêché certaines d’entre elles de développer une fascination pour ces petites bêtes au point de vouloir travailler en leur compagnie. Ainsi, chez Sophie Malouin, conceptrice de projets à l’Insectarium, les insectes suscitaient de la peur et du dégoût. Son regard a changé en écoutant ses collègues en parler avec passion, puis quand elle a dû approcher les insectes lors d’un tournage. Au lieu de la répugner, cette expérience lui a révélé une beauté qu’elle ne ­soupçonnait pas. « En observant les insectes en gros plan, on voit toutes sortes de détails extraordinaires, des ­apparences métalliques, des pattes avec des coussinets. On les voit passer énormément de temps à faire leur toilette avec une gestuelle qui ressemble à celle d’un chat. Ça les rend moins étrangers et une familiarité s’installe », témoigne Sophie. Elle qui se disait conditionnée à détester les insectes a maintenant le réflexe de s’en approcher pour les observer plutôt que de reculer. Carolina Torres était saisie d’une peur quasi viscérale à la vue des araignées. « Je me sentais très mal dès que je savais qu'il y en avait autour de moi », évoque-t-elle. C’est au cours d’un cycle de conférences sur ces arachnides dans le zoo où elle travaillait que son effroi s’est changé en curiosité puis en émerveillement. Elle découvrait les formes, les couleurs des araignées ainsi que leurs comportements. « J’étais fascinée, je me rendais compte de ce que j’avais manqué », dit Carolina. Devant son intérêt vif pour les araignées, le conférencier lui a proposé de travailler avec lui. Elle en est venue à donner elle-même des conférences et à tenir dans sa main toutes sortes d'araignées, dont des mygales. Aujourd’hui, elle forme les animateurs et animatrices de l’Insectarium à présenter insectes, araignées et autres arthropodes au public.


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CAMPS DE JOUR ESPACE POUR LA VIE

CAMPS DE JOUR ESPACE POUR LA VIE : UN TREMPLIN POUR LA JEUNESSE •P AR SOPHIE LACHANCE

Fasciné par les animaux, le jeune de 9 ans aime beaucoup la lecture, surtout les livres qui les mettent en valeur. Son animal préféré ? Impossible de n’en citer qu’un seul : il les aime tous ! C’est sans surprise qu’il a jeté son dévolu sur Les animologues, l’un des camps du Biodôme permettant de découvrir les espèces de ce musée, de participer à leurs soins et d’en apprendre plus

UN DON QUI FAIT TOUTE LA DIFFÉRENCE Depuis des années, la Fondation Espace pour la vie contribue financièrement aux missions scientifiques, éducatives, culturelles, sociales et artistiques d’Espace pour la vie et de ses cinq institutions. Son implication dans les projets des Camps de jour d'Espace pour la vie permet à des jeunes provenant de milieux défavorisés d’éveiller leur curiosité envers la biodiversité qui les entoure. Vous voulez contribuer à la Bourse Jérôme-Brisson-­Curadeau et aux activités éducatives offertes aux enfants moins fortunés ? Faites un don en ligne à la Fondation Espace pour la vie ou ajoutez un don au moment d’acheter vos billets sur le site Web d’Espace pour la vie. L’entièreté de votre don aidera les jeunes à se rapprocher de la nature. fondationespacepourlavie.ca

sur les gestes à poser pour les protéger. Sa mère est ­catégorique : son émerveillement est constant, alors que sa passion pour les animaux a décuplé. « Faire toutes ces activités stimulantes durant l’été lui a fait du bien », confie-t-elle. Quel métier voudrait-il faire plus tard ? Vétérinaire ? Technicien en soins animaliers ? Trop tôt pour répondre, dit-il. Chose certaine, une opportunité comme celle-là permet aux enfants de se cultiver tout en s’amusant, et d’explorer un monde inouï de possibilités. ⊗ * Le nom de l’enfant n’est pas énoncé par souci d’anonymat.

PHOTO Espace pour la vie/André Sarrazin

« Maman, j’ai hâte à demain matin ! » Dès son retour à la maison l’été dernier, J.* exprimait sa hâte de retourner au Camp de jour Espace pour la vie. Une expérience rendue possible grâce à la Bourse Jérôme-Brisson-Curadeau, offerte par la Fondation Espace pour la vie, pour faire bénéficier gratuitement des enfants de milieux défavorisés de séjours dans l’un de ces camps.


ACCÈS

ILLIMITÉ PENDANT UN AN 5 MUSÉES • • • • •

BIODÔME BIOSPHÈRE INSECTARIUM JARDIN BOTANIQUE PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN

+ RABAIS

DANS LES RESTAURANTS ET BOUTIQUES, AINSI QU’AUX CAMPS DE JOUR D’ESPACE POUR LA VIE

ESPACEPOURLAVIE.CA/BILLETTERIE


PROGRAMMATION

UN OCÉAN À PRÉSERVER

INSECTARIUM

AILLEURS

BIODÔME

VISITEZ LE NOUVEAU MUSÉE

PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN

DÈS LE 30 MAI

DÈS LE 13 AVRIL

DÈS LE 18 JUIN

LA PREUVE PAR L’IMAGE

UN JARDIN À CROQUER

BÉBÉ SYMPHONIQUE

BIODÔME

JARDIN BOTANIQUE

PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN

DÈS LE 1 ER JUIN

1 ER AU 27 AOÛT

EN SUPPLÉMENTAIRES À L’AUTOMNE

À LA DÉCOUVERTE DES MILIEUX MARINS

JARDINS DE LUMIÈRE

MONDES DE GLACES

BIODÔME

JARDIN BOTANIQUE

PLANÉTARIUM RIO TINTO ALCAN

24 JUIN AU 5 SEPTEMBRE

2 SEPTEMBRE AU 31 OCTOBRE

DÈS LE 12 DÉCEMBRE

JUAN ORTIZ-APUY. TROPICANA

FRISSONS D'HALLOWEEN

BIOSPHÈRE

JARDIN BOTANIQUE

DÈS LE 23 JUILLET

30 SEPTEMBRE AU 31 OCTOBRE

RÊVEZ LA BIOSPHÈRE BIOSPHÈRE

LA NUIT DES CHERCHEUSES ET DES CHERCHEURS

DÈS JUIN

AU JARDIN BOTANIQUE NOVEMBRE

HUA JIN. PARFOIS ON REGARDE, PARFOIS ON VOIT BIOSPHÈRE DÈS JUIN


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UN LEGS DE FROID

4min
pages 22-23

QUAND L’ARCHITECTURE S’INSPIRE DE LA NATURE

4min
pages 26-27

CHASSER DES MÉTÉORITES AVEC LE PROJET DOMe

2min
page 25

PASSER DE L’AVERSION À L’ADMIRATION

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pages 28-29

DÉCOLONISER NOS PAPILLES

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page 24

MILLE ET UNE MERVEILLES DE GLACES

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pages 20-21

RÉALISEZ DES PHOTOS MACROS COMME LES PROS

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pages 15-17

DANS LES COULISSES DE LA GRANDE SERRE

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pages 10-11

RENVERSER LA CRISE DE LA BIODIVERSITÉ GRÂCE À LA CONSERVATION

5min
pages 6-7

GESTION DE COLLECTIONS ET D’ÉCOSYSTÈMES VIVANTS : FINE TACTIQUE EN COULISSES

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pages 12-14

LE BIODÔME, UN MILIEU DE VIE STIMULANT POUR SES PENSIONNAIRES

3min
page 9

CULTURE FEUILLUE

4min
pages 4-5

LA CURIOSITÉ : UN ÉLAN VERS L’INCONNU

3min
pages 18-19

ÉLARGIR LA RÉFLEXION SCIENTIFIQUE PAR LA DIVERSITÉ

2min
page 8
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