FLAVOUR
Printemps Eté – Spring Summer 2020
Louis-Philippe Bovard, baron du chasselas A 85 ans passés, le Vaudois Louis-Philippe Bovard a toujours une idée d’avance pour les vins de Lavaux. Visite à sa Maison Rose du village de Cully. – Texte Pierre Thomas
ADOBE STOCK
O
n pourrait dresser son portrait comme celui d’un innovateur qui a introduit le sauvignon et le chenin dans les coteaux de Lavaux, comme alternative au chasselas. Ce ne serait pas tout à fait faux! Ex-directeur du Comptoir suisse et de l’Office des vins vaudois, revenu dans le domaine familial (dixième génération) sur le tard, en 1983, Louis-Philippe Bovard a entretenu des relations privilégiées avec les grands chefs qu’étaient le Bâlois Hans Stucki et le Vaudois Frédy Girardet. «Ils m’avaient dit: avec notre cuisine, ce vin d’apéritif ne passe pas.» Alors, dans les années 90, le producteur s’en va sillonner les vignobles français de la Loire et de l’Alsace, à la recherche d’une panacée. A condition de le planter dans un sol qui lui correspond, le sauvignon donne des vins intéressants. Tirés d’un hectare et demi de vigne, les deux qu’il propose – le Buxus, sur les graves caillouteuses de Cully, et le Ribex – passent en barriques françaises. Quant au chenin (planté sur un demi-hectare), il figure dans trois versions: sec, doux et passerillé (enrichi en sucre par concentration). Et il arrive parfois à Louis-Philippe Bovard d’abandonner ce qui fut, au départ, une riche idée. Comme ce viognier. Ou alors la viticulture bio: il s’y est essayé sur quelques parcelles, puis y a renoncé dès 2014, en raison de la
concurrence négative de l’enherbement pour la vigne, là où le sol est peu profond. REDONNER DU PEPS AU CÉPAGE
En rouge (un cinquième de sa production), le domaine propose trois assemblages: un pinot-merlot La Pressée, un Dézaley rouge Grande Cuvée, en merlot avec un peu de syrah, et la Cuvée Louis
de Saint-Saphorin, à majorité syrah avec une touche de merlot. Le tout élevé en barriques, un parc de 400 fûts. Ces expérimentations en cave, Louis-Philippe Bovard les applique aussi au délicat chasselas. Car, malgré la diversification, son domaine familial de 18 hectares, avec l’apport de la vendange de son frère et de sa sœur, reste dédié au cépage blanc local R EG A R D S n °1 7 25