Regards N°17

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FOCUS

Printemps Eté – Spring Summer 2020

tir le plus de fluidité et de réactivité possible. Il nous manquait parfois dans le passé un zeste de goût du risque, mais le nombre de start-up montre aujourd’hui que ces craintes sont dépassées! La Suisse se hisse au top des classements internationaux en matière d’innovation. Or, elle est davantage perçue comme un «Heidiland» que comme un «Hightechland». Pourquoi? Peut-être parce que notre fromage est trop bon! La force de nos clichés positifs laisse parfois peu de place à d’autres aspects moins spectaculaires. Cela tient aussi à la forme de notre innovation: aux yeux du grand public, elle doit être incarnée dans des produits ou des projets très visibles. A l’exception de quelques entreprises, comme Swatch ou Logitech, «notre» innovation est souvent dans la recherche fondamentale, ou embarquée dans des produits associés à d’autres pays, comme des voitures allemandes ou des avions américains. Notre défi est donc de faire savoir que nombre de produits iconiques ne fonctionneraient pas sans la Suisse!

«La dose de talent au mètre carré est hallucinante» Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, promeut l’image du pays partout dans le monde. Le diplomate met l’accent sur la recherche et l’innovation helvétiques.

MASSIMO PEDRAZZINI

– Propos recueillis par Sven Jorganssen

Quel regard portez-vous sur l’écosystème de l’innovation suisse et lémanique? Depuis que nous avons lancé notre campagne #SwissTech, qui vise à promouvoir nos forces dans le domaine de l’innovation, je suis impressionné par la variété des projets. La dose de talent au mètre carré est hallucinante: deux des meilleures

écoles polytechniques du monde, des projets européens majeurs dans la recherche médicale et la biotech, un pôle de compétence mondial en robotique, etc. Impossible de tout citer! Et difficile de définir la recette miracle, si ce n’est une collaboration extrêmement forte entre les secteurs académique, privé et étatique, pour garan-

Petit pays, mais gros cerveaux, la Suisse a-t-elle les moyens de régater face à la Chine ou aux Etats-Unis? Tout dépend comment vous définissez le terme «régater»! En termes de volume, les défis ne sont bien entendu pas les mêmes. Par contre, proportionnellement, nous sommes souvent en tête des indicateurs. Nos hautes écoles font partie des meilleures du monde de manière absolue. La combinaison entre notre force d’innovation et notre taille raisonnable nous permet de collaborer avec tout le monde, sans enjeu géopolitique. La preuve? Le nombre de produits avec une composante suisse. C’est l’effet «Swiss inside»: un label de qualité et de performance. Quels sont les points forts et les points faibles de la Suisse en matière d’innovation? Au-delà des forces de l’écosystème évoquées précédemment, je pense qu’il y a un savoir-faire particulier à la Suisse, lié à la fois à notre histoire et à notre multiculturalisme: nous sommes des agrégateurs pragmatiques à haute valeur ajoutée. La Suisse sait plus que les autres coordonner des projets complexes avec de nombreux acteurs. Notre tradition d’ingénierie s’appuie sur ce savoir-faire pour apporter une valeur ajoutée, même quand nous n’en sommes pas à l’origine. Quant aux points faibles, je dirais la petite taille de notre marché et la difficulté d’attirer des investisseurs pour nos jeunes pousses hors des secteurs classiques de Suisse, comme la finance ou la pharma.   R EG A R D S n °1 7  35


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