LM magazine 187 mai 2023

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A RT & C ULTUR E Hauts-de-France / Belgique
N°187 / MAI 2023 / GRATUIT

Gala d’étoiles

Rodin

SAMEDI 10 JUIN À 20H30

DANSE À PARTIR DE 24€

SAMEDI 11 FÉVRIER / 20H30

Liane Foly

DANSE à partir de 31€

La belle au bois dormant

La Bajon

Imagination

DIMANCHE 11 JUIN À 18H00

HUMOUR À PARTIR DE 27€

VENDREDI 17 FÉVRIER / 20H30

Édouard Baer

CONCERT à partir de 37€

Camille & Julie Berthollet

JEUDI 2 MARS / 20H30

DANSE à partir de 37€

SAMEDI 17 JUIN À 20H30

HUMOUR À PARTIR DE 30€

DIMANCHE 5 MARS / 18H00

CONCERT à partir de 31€

DIMANCHE 25 JUIN À 20H00

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HUMOUR À PARTIR DE 47€

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Retrouvez l’ensemble de notre programmation

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N° de licence spectacle PLATESV-R-2019-001135/001137/001138
N° de licence spectacle : PLATESV-R-2019-001135/001137/001138

NEWS - 08

Juste une illusion, En roue libre, Rendez-vous de la BD d’Amiens, La Constellation imaginaire, StrEat Fest, Le Labyrinthe de Tim Burton, The Friends Experience

STYLE - 12

Ciné pop-corn 1975-1995

L’Âge d’or de Hollywood

Beng Beng Theory

Home cinéma

PORTFOLIO - 24

Benjamin Lacombe

Au Pays des merveilles

RENCONTRE

Philippe Lombard - 12

Retour vers le ciné

Fatoumata Diawara - 36

Le Sens du partage

Denis Podalydès - 104

La Farce tranquille

Fabrice Éboué - 112

Slow and Furious

LE MOT DE LA FIN - 130

Jordi Prat Pons

Des Livres et moi

3 SOMMAIRE LM magazine 187 - mai 2023
© Alun Be magazine
Fatoumata Diawara
© Benjamin Lacombe

MUSIQUE - 36

Fatoumata Diawara, Anna B Savage, Debby Friday, Paul Weller, Erlend Øye & La Comitiva, Roger Waters, Tangerine Dream, Elton John, The Pretenders, Depeche Mode, Lael Neale, Mick Harvey, ascendant vierge, CORE Festival, Andy

Shauf, Les Paradis Artificiels, Nosferatu, Minuit avant la Nuit, Agenda

DISQUES - 62

Étienne Daho, Jonathan Bree, Bongeziwe Mabandla, Andrea Poggio, Alison Goldfrapp

LIVRES - 64

Artjacking !, Adeline Dieudonné, Ben Gijsemans, Pier Paolo Pasolini, Vincent Gautier, Frédéric Bisson

ÉCRANS - 68

Désordres, Disco Boy, Mad God, Swarm, Le Figra

EXPOSITION - 76

Biennale internationale d’art mural, Institut pour la photographie, Mehdi-Georges Lahlou & Candice Breitz, Angel Vergara, Les 40 ans du LaM, Mister P & Friends, Animalia, Johan Van Mullem, Agenda

THÉÂTRE & DANSE - 104

Falstaff, Le Vaisseau Fantôme, Futur Proche, Fabrice Éboué, Morgane Cadignan, Thomas VDB, Les Toiles dans la ville, Encantado, Double Murder, Ma couleur préférée, 4m2, Agenda

SOMMAIRE LM magazine 187 - mai 2023 selection
Poes & Jober, BIAM © Collectif Renart Car/Men © David Bonnet Institut pour la photographie, Gun 1 © William Klein
9-9bis • Oignies 17-18 TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE TEXTE Méta s M 7 Ui Di j In Les 2023 17-18 juin Métaphonies Concerts Karaoké live Visites secrètes Balançoires musicales Bal rock … @ Communication • E P C C 99bis Oignies 9-9bis.com GRATUIT 10 ans du Métaphone Le 9-9bis • Accès A1 - Sortie 17.1 • Site minier 9-9bis À 30 MIN DE LENS - ARR AS - LILLE -

Direction de la publication

Rédaction en chef

Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com

Rédaction

Julien Damien redaction@lm-magazine.com

Simon Prouvost info@lm-magazine.com

Publicité pub@lm-magazine.com

Direction artistique

Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com

Graphisme

Christophe Gentillon concepteur-graphic.fr

Couverture

Alice

Benjamin Lacombe benjaminlacombe.bigcartel.com c @benjaminlacombe

Administration

Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

Réseaux sociaux

Sophie Desplat

Impression

Tanghe Printing (Comines)

Diffusion C*RED (France / Belgique) ; BHS.MEDIA (Bruxelles / Hainaut)

Ont collaboré à ce n° : Fatma Alilate, Thibaut Allemand, Rémi Boiteux, Flo Delval, Marine Durand, Benjamin Lacombe, Grégory Marouzé, Raphaël Nieuwjaer, Françoise Objois et plus si affinités.

LM magazine France & Belgique est édité par la Sarl L’astrolab* - info@lastrolab.com

L’astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros - RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales.

LM magazine est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

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#NuitdesArts

Juste une illusion

À l'heure où les fake news gangrènent toujours plus les débats, ce musée interroge les notions de perception et de réalité. Baptisé WOM (pour "World of Mind"), il présente plus de 80 expériences d'illusions visuelles, tactiles et auditives. Durant une heure, on interagit ainsi au fil d'un parcours traversé d'ondes lumineuses et sonores, des odeurs… Entre deux jeux d'échelles et de perspective, on mesure comment notre propre cerveau nous trompe.

Bruxelles, Tour & Taxis, mer > ven : 9h-17h • sam & dim : 10h -18h, 17,50/14,50€ (gratuit -6 ans) worldofmind.be

EN ROUE LIBRE

Contrairement aux apparences, ce vélo roule très bien ! Celui-ci est l'œuvre de l'ingénieur et Youtubeur Sergii Gordieiev (aka The Q), déjà créateur d'un indispensable hoverboard aux pneus de Formule 1 et d'un costume géant de Lego en carton. Pour réaliser cet exploit parfaitement inutile (donc génial), l’Américain a "simplement" inventé un système de chenilles circulant autour de ces jantes carrées et actionnées par le pédalier. Comme quoi, on peut réinventer la roue.

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© Tempora
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© N. Lobet / PRYZM © Sergii Gordieiev

LA CONSTELLATION IMAGINAIRE

Durant une semaine, ce festival itinérant investit places et espaces verts du bassin minier, entre danse, cirque et théâtre d'objets. On y découvre les "chansons qui dérouillent" de Walter et Denis, de drôles de psychanalystes urbains ou les ratés magnifiques des voltigeurs de la compagnie Tripotes (qui revendiquent le droit à l'erreur !). Puisqu'on vous dit que l'aventure est au coin de la rue... Bassin minier, 30.05 > 03.06, Violaines, Calonne-Ricouart, Gonnehem, Lens, gratuit culturecommune.fr

STREAT FEST

Tout est dit dans le titre : ici, on fait honneur à la street-food, soit des repas gastronomiques à déguster sur le pouce, concoctés par des chefs originaires des quatre coins de la Belgique et du monde. Entre les saveurs mi-bretonnes mi-nippones de Kenzo ou les trouvailles des Carolos de Socio-pâtes (récompensés d'un pop award en 2023 par le Gault & Millau), on se délecte aussi de concerts aux p'tits oignons avec The Haze ou Blu Samu.

Bruxelles, 11 > 14.05, Tour & Taxis jeu & ven : 17h • sam & dim : 11h, 14 > 9€ (gratuit -5 ans) streatfest.be

Rdv de la bande dessinée d'Amiens

Angoulême, c'est surfait. De notre côté, on a toujours préféré les Rendez-vous de la BD d'Amiens. Comptez ici quatre week-ends d'expositions, de rencontres avec des auteurs (150 cette année !), de concerts dessinés...

Parmi les temps forts de cette 27e édition, on ne ratera pas cet accrochage consacré à Zombillenium, et enrichi de créations en Lego de Stéphane Dely.

Amiens, 03 > 25.06, Halle Freyssinet & divers lieux, gratuit rdvbdamiens.com

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Eunice © DR © Valentine Elsa Kill or be killed © S. Phillips et E. Brudbaker

Le Labyrinthe de Tim Burton

L'exposition immersive a le vent en poupe, avec ses déclinaisons plus ou moins réussies. Celle-ci tire franchement son épingle du jeu, car validée par Tim Burton lui-même ! Ce labyrinthe de 5 000 m 2 propose quelque 300 itinéraires pour mieux explorer (ou se perdre) dans l'œuvre du maître. Entre installations monumentales et reproductions grandeur nature (tel le manoir d'Edward aux mains d’argent), ce dédale aux multiples portes révèle les influences ou techniques du nouveau boyfriend de Monica Bellucci, mais aussi une centaine d'œuvres originales tirées de ses films, de Beetlejuice à L’Étrange Noël de Monsieur Jack en passant par Mars Attacks !

Paris, 19.05 > 20.08, Parc de La Villette (Espace Chapiteaux), lun > jeu : 14h -19h • ven : 14h -21h sam : 10h - 21h • dim : 10h -19h, 26 > 16€, timburtonexhibition.com

THE FRIENDS EXPERIENCE

On a tous autour de nous des gens un peu agaçants qui tapent dans leur main durant le générique de Friends. Emmenez-les donc à Bruxelles pour vivre cette expérience immersive ! Une fois poussée la porte mauve de l’appartement de Monica et Rachel, ils pourront enfin s'installer dans le canapé orange du Central Perk, essayer le fauteuil de Joey ou même se prendre en photo devant la fontaine dudit générique. Mais, par pitié, qu’ils cessent ce claquement de mains !

Bruxelles, jusqu'au 18.06, Brussels Expo, tous les jrs à partir de 10h, 45 > 23€ brussels.friendstheexperience.com

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© Fabian Morasut
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© DR
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Retour vers le futur © Universal Pictures

PHILIPPE LOMBARD

Retour vers le futur, Terminator, Gremlins, Rambo, Robocop… Autant de films qui ont assuré les plus grands succès du box-office à la fin du siècle dernier et, plus tard, des vidéoclubs. En somme, du cinéma américain à grand spectacle, à déguster avec un grand sachet de popcorn, truffé de répliques cultes, de scènes de castagne, de batailles interstellaires… et parfois plus profond qu’il n’y paraît. Ces œuvres font-elles partie des "vingt glorieuses" de Hollywood ? C’est en tout cas la théorie que défend le journaliste et auteur Philippe Lombard dans un livre jouissif. Pour lui, l’âge d’or du septième art américain commence avec Les Dents de la mer, en 1975, pour s’achever avec le Mission impossible de Brian de Palma, en 1995. On rembobine ?

Pourquoi considérez-vous les années 1975 à 1995 comme les vingt glorieuses de Hollywood ?

Il y a eu d’autres âges d’or : les années 1930 ou 1950 par exemple. Mais les films tournés durant cette période, ce que j’appelle le cinéma pop-corn, sont toujours aussi présents. On tourne encore des suites de Star Wars, Terminator, Rocky, SOS Fantômes… À travers ce livre, je retourne donc à la source. On peut d’ailleurs regretter qu’il n’y ait pas plus de nouveautés de nos jours. Je viens par exemple de découvrir la bande annonce d’Indiana Jones 5… toujours avec Harrison Ford ! Le premier opus date quand même de 1981.

À quoi tient le succès de ces films ?

D’abord ils touchent tout le monde, dans tous les pays, ce qui n’est

pas forcément le cas d’une production française ou italienne. Ils servent aussi un divertissement total, mais sans sacrifier la psychologie des personnages ou le récit.

Star Wars nous entraîne dans des mondes délirants, tout en creusant des histoires complexes de famille, de pouvoir… En somme, c’est un cinéma populaire mais qualitatif.

Quels étaient les genres de prédilection de ce cinéma pop-corn ?

Steven Spielberg et George Lucas ont bien sûr creusé une veine SF avec E.T., Rencontre du troisième type… Un cinéma que seuls les Américains savent réaliser.

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interview
« Un cinéma populaire mais qualitatif »

En France par exemple, on tournait La Soupe aux choux à ce moment-là.

Comment jugez-vous la production hollywoodienne actuelle ? Les studios ne manqueraient-ils pas d’imagination ?

Complètement. On a l’impression que Hollywood est dirigé par des gens du marketing. Mais quand Disney rachète à prix d’or Marvel ou Lucasfilm, ce n’est pas pour créer des contenus originaux et prendre

affaire à un caniche. Ils ont donc décidé d’en fabriquer un, mécanique et électrique, mais il n’a jamais fonctionné ! Il a coulé à pic dès le premier jour, et sa queue ne battait pas de droite à gauche. Spielberg n’a donc pas trop montré le requin dans le film. C’est justement pour ça qu’il nous terrorise ! Quand les effets numériques sont apparus, ça a tout changé, amenant par exemple cette vague de super-héros qui a renversé le cinéma pop-corn.

Ces films sont truffés de répliques qui ont aussi assuré leur succès, n’est-ce pas ?

des risques, mais gagner de l’argent avec des filons qui marchent déjà, jusqu’à l’overdose. Ils ont moins d’histoires à raconter et d’ailleurs moins de succès. Il va falloir passer à autre chose… Mais je ne suis pas inquiet, Hollywood s’est toujours réinventé. Ça va peut-être prendre du temps, mais il y aura un nouvel âge d’or.

Pourtant ce n’est pas qu’une question d’argent. À l’époque, ce cinéma pop-corn ne jouissait pas de budgets faramineux et il fallait se montrer astucieux… Oui, car les effets numériques n’existaient pas et les films n’étaient pas forcément dotés de grands moyens. Par exemple, les producteurs des Dents de la mer ont d'abord voulu dresser un vrai requin blanc. Ils ont vite compris qu'ils n'avaient pas

Oui, d’ailleurs Schwarzenegger demandait systématiquement aux scénaristes de lui préparer ce genre de petites phrases. Il mélangeait action et humour, c’était sa marque de fabrique. Sans parler de son « je reviendrai »… qui revient tout le temps !

D’ailleurs, la VF y est parfois pour beaucoup, non ?

Oui, dans Predator le même Schwarzenegger lâche au monstre : « T’as pas une gueule de porte-bonheur ! ». Alors qu’en anglais, il dit simplement « You’re one ugly motherfucker ». La traduction n’a rien à voir mais c’est plus drôle. Idem dans le premier Star Wars, quand Han Solo dit à Chewbacca : « Allez Chico, on met la gomme ! ». Ça sonne quand même mieux que le banal « Get us out of here ! ». >>>

« Les effets numériques ont renversé ce cinéma pop-corn »
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E.T. © United International Pictures Gremlins © Warner Bros Rambo © Studiocanal GmbH Les Goonies © Weber Anita Sipa Robocop © Metro Goldwyn Mayer
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Les Aventuriers de l'Arche perdue © Paramount Pictures, Lucasfilm Jurassic Park © Universal Pictures

Pourquoi ces décalages ?

Le doublage prenait à cette époque de sacrées libertés, aujourd’hui c’est plus contrôlé. De mon côté, je n’ai rien contre ça. Les versions françaises font aussi partie du plaisir de visionnage. Vous ne me ferez par exemple jamais regarder L’Arme fatale en VO !

Ces films étaient assez violents, non ?

C’est vrai, mais pas plus que John Wick aujourd’hui. Et puis, comme il y avait plus d’humour dans ces films, la violence était plutôt délirante, pas vraiment "grave".

un nouveau Jurassic Park ou SOS Fantômes, il faut absolument incorporer les acteurs originaux, même si la qualité n’est pas au rendez-vous. Il y a l’idée de toucher plusieurs générations, que les parents fassent découvrir ces films à leurs enfants.

Quelle est l'influence de ce cinéma sur les productions actuelles ?

On continue à sortir des Rocky et des Star Wars. L’influence est donc totale. Regardez, quand on tourne

À vous lire, Jurassic Park symboliserait la fin de ces 20 glorieuses… Oui, c’est une histoire que j’adore. Pour les besoins du film, on fabrique d’abord des animatroniques, pour les plans de têtes ou de pattes, et puis Steven Spielberg reçoit un appel de la société d’effets spéciaux de George Lucas qui lui apprend qu’elle peut créer numériquement des dinosaures hyperréalistes. Le réalisateur hurle de joie, mais les techniciens comprennent que ce sont désormais eux qui sont en voie d’extinction, qu’ils vont disparaître comme les dinosaures. Ce progrès marque la fin d’une ère pour eux, et celles de ces vingt glorieuses.

Propos recueillis par Julien Damien

À lire / Ciné pop-corn 1975 - 1995 : les vingt Glorieuses de Hollywood

Philippe Lombard (Hugo Image) 432 p., 12€ whugopublishing.fr

La version longue de cette interview sur lm-magazine.com

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« La volonté de toucher plusieurs générations »
E.T. téléphone Gizmo

BENG BENG THEORY

Home cinema

C'est une expo qui fait "pop". À Lens, l'Ambassade by Cou2Com nous convie à une balade au cœur de l'imaginaire et du cinéma. Beng Beng Theory propose sept espaces immersifs conçus avec du matériel de récupération par un artiste local, pour autant de mini-mondes convoquant Alice au pays des merveilles et Harry Potter, en passant par Jurassic Park, E.T. ou la Famille Addams ! Prêts à basculer de l'autre côté de l'écran ?

Le saviez-vous ? L’ambassade du Groland est implantée à Lens, dans l’ancienne Banque de France. C'est même la seule chancellerie officielle à délivrer la nationalité grolandaise. Pour obtenir le passeport, il faudra prononcer, main sur le cœur, "Groland, je mourrirai pour toi !", et écrire un petit poème. « On en a déjà reçus plus de 500 de toute la France, de Belgique et même du Canada », raconte Alexandre Krysik, qui a très sérieusement été adoubé consul de la Présipauté. « Eh oui, à force d'avoir des idées à la con, on a des titres à la con ».

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Christophe Salengro, no't président

Parmi ces projets pas si saugrenus, il y a l'élévation en 2021 d'une statue en l'honneur de Christophe Salengro, l'acteur qui campait notre président préféré, né et enterré à Lens, et puis la création de Cou2Com, « une association ayant pour vocation de diffuser l'art sous toutes ses formes et au plus grand nombre ». Celle-ci a pris ses quartiers dans ladite ambassade, soit 2 200 m2 dédiés à la culture pop.

Mr. Bricolage

On trouve ici des performances, des concerts, des expositions et, depuis le mois de décembre, des espaces immersifs, signés par un certain Cédric B., aka "Beng Beng"... rencontré totalement par hasard.

« Un jour, je sors les poubelles et vois une chaise Versace dans la rue, raconte Alexandre. Arrive alors ce personnage qui me dit de la prendre, car il ferme son centre de spa. Par curiosité, je visite le lieu et

découvre sur quatre niveaux une incroyable décoration de Pirates des Caraïbes ». L'homme, qui fut militaire, champion de culturisme ou garde-du-corps de Booba, demeure artiste à ses heures perdues. Un as de la récupération capable de nous faire rêver avec quelques palettes de bois, des objets sauvés de la benne et >>>

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« Diffuser l'art au plus grand nombre »
Un bureau d'Al Capone dans une banque !
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L'artiste Beng Beng dans la chambre de Mercredi

une imagination sans borne - façon Michel Gondry. Ni une ni deux ! Alexandre Krysik lui donne carte blanche pour imaginer sur deux étages Beng Beng Theory. Le concept ? Sept salles pour autant d'ambiances, nous téléportant chacune dans un monde miniature inspiré du cinéma "pop-corn".

Dans la chambre de Mercredi

Lors de cette visite hautement « instagrammable », on croise des vélociraptors affamés ou une Alice tombant du plafond, entre des horloges comtoises retapées et de gros champignons en carton-pâte. En poussant une autre

porte, nous voici chez Harry Potter, avec ses livres volants s'échappant d'une vieille malle, tandis que dans la pièce d'à côté E.T. et Gizmo s'éclatent sur un bon vieux A-ha ! Après avoir tremblé dans la chambre de Mercredi Addams, avec les mains sortant du mur (« ma petite touche personnelle ») et l'antédiluvienne machine à écrire Underwood, on se la joue "bad boy" dans un bureau d'Al Capone plus vrai que nature. « Je ne pouvais pas faire l'impasse sur le plus grand des gangsters, surtout dans une banque », sourit l'artiste cinéphilequi a plutôt bien réussi son hold-up.

Lens, jusqu'au 30.06, L'Ambassade by Cou2Com, mer, sam & dim : 10h -12h & 14h-17h30 (toutes les 30min, rés. sur place ou par SMS au 07 49 32 70 47 & au 06 13 82 60 66 ), 7/5€ (- 12 ans)

L'Ambassade by Cou2com : Lens - 5 rue de la paix (ancienne Banque de France), cou2com.com

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Texte & photo : Julien Damien Visite sous haute surveillance Beng Beng Theory

BENJAMIN LACOMBE

Monstres et merveilles

Peuplée de monstres et de personnages aux grands yeux, son œuvre onirique est désormais connue à travers le monde.

Figure de l’illustration contemporaine, Benjamin Lacombe investit le château d’Hardelot, à Condette dans le Pas-de-Calais.

D'Alice à Dorian Gray, en passant par les contes d’Edgar Allan Poe, le Parisien ausculte la littérature victorienne à travers ses peintures, dessins ou sculptures, et nous invite à passer de l’autre côté du miroir…

© Romuald Meigneux
portf o l i o

Entrer dans l'univers de Benjamin Lacombe, c'est sauter à pieds joints dans celui du conte. Un monde où le merveilleux côtoie le macabre et dans lequel se rencontreraient Tim Burton et Walt Disney, Guillermo del Toro et Léonard de Vinci, pour ne citer que quelques références de l’auteur et illustrateur français. Au château d'Hardelot, son travail a trouvé un écrin à sa mesure, à travers une exposition réunissant une centaine d'œuvres issues de ses livres. Le Parisien y déploie sa vision de l'époque victorienne. Pourtant, la première salle du parcours est consacrée à… La Petite sirène, d’Andersen. « En effet, celui-ci n'est pas Anglais, confesse l'intéressé. Par contre, il réintroduit des créatures du merveilleux alors tombées dans l'oubli. De plus, le livre

est paru l'année de l'accession au trône de Victoria et a largement influencé Lewis Carroll ». En 2022, Benjamin Lacombe proposait ainsi une singulière interprétation de ce conte, voyant dans la fille du Roi de la mer… un autoportrait de l’écrivain danois. « C’est une allégorie de son histoire d'amour impossible avec Edvard Collin, le fils de son mécène ».

À Condette, celle-ci est retranscrite à travers des planches originales, entre bleu et rose fluo.

Famille décomposée

Pour accéder au monde suivant, nous descendons un escalier surmonté d'un gigantesque jeu de cartes. « On chute avec elles comme Alice dans le terrier du lapin ». Nous voici alors dans le pays des merveilles et son troublant jeu d'échelles.

© Alyz

« C'est un livre qui parle du passage à l'âge adulte : les membres grandissent, rapetissent… ». Au fur et à mesure de cette plongée dans l’étrange, l’atmosphère s’obscurcit et laisse place au gothique. Nous voici chez les Appenzell, une dynastie de monstres dont l’histoire est racontée à la manière d'un album de famille. « Ici, j'ai utilisé gouache et fusain pour donner l'aspect de vieilles photographies. Certaines toiles sont griffées au cutter pour accentuer l’effet du passage du temps ». Une épopée un poil effrayante, mais apte à séduire les enfants comme leurs parents.

Face au miroir

Longtemps estampillé "auteur jeunesse", Benjamin Lacombe n'a en effet cessé d'élargir son public au fil des ans, réactivant une tradition

perdue depuis le Voyage au bout de la nuit de Tardi, en 1988 : celle du livre illustré pour adulte. En témoigne son adaptation des Contes macabres d’Edgar Allan Poe « Ces images-là sont plus sophistiquées, sombres, et contiennent plusieurs niveaux de lecture ». On achève la visite avec Oscar Wilde et son Portrait de Dorian Gray, soit des créations issues d’un ouvrage à paraître en novembre. Ce personnage androgyne se reflète dans des miroirs déformants accrochés juste en face. « Son visage se transforme alors devant vous… mais le vôtre aussi, révélant cette part de monstrueux enfouie en chacun de nous ». Vous voilà prévenus !

Julien Damien >>>

Benjamin Lacombe et le victorien Condette, jusqu’au 05.11, Château d’Hardelot mar > dim : 10h-12h30 & 13h30-18h

3€ (gratuit -18 ans), chateau-hardelot.fr

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©
Alyz
La biblothèque de Bérénice,
& huile sur
2009
gouache
papier,
Affiche de l'exposition Benjamin
et
Lacombe
le victorien
Alice au pays des merveilles (Ed. Soleil)
Alice au pays des merveilles (Ed. Soleil)
La Petite sirène (Ed. Albin Michel Jeunesse)
Alice au pays des merveilles (Ed. Soleil)

Aimé Simone

jeu. 4 mai |

Kodes

COMPLET

Le Grand Mix - Tourcoing

jeu. 4 mai | Slalom - Lille

Lynda ven. 5 mai |

Bigflo & Oli

sam. 6 mai |

dim. 7 mai |

Le Zénith - Lille

Le Zénith - Lille COMPLET

Le Zénith - Lille DER. PLACES

So La Lune

jeu. 11 mai |

Le Splendid - Lille COMPLET

Arthur Ely

ven. 12 mai |

Industrial Night One

La Bulle Café - Lille

Suicide Commando + Treponem Pal + Horskh

sam. 13 mai |

The Black Lab - Wasquehal

Fabrice Éboué

mar. 16 mai |

Tip Stevens

mer. 17 mai |

Théâtre Sébastopol - Lille

La Bulle Café - Lille

While She Sleeps jeu. 18 mai |

Le Splendid - Lille -Mlun. 22 mai |

mar. 23 mai |

Le Zénith - Lille

Le Zénith - Lille

Fatoumata Diawara

mar. 23 mai |

Théâtre Sébastopol - Lille

Roxaane + Mando MCD jeu. 25 mai |

La Bulle Café - Lille

Token

jeu. 01 juin | Slalom - Lille

Sandrine Sarroche

jeu. 01 juin | Théâtre Sébastopol - Lille

ven. 2 juin | Mégacité - Amiens

Les Paradis Artificiels

PLK - Dinos - ZKR - Kerchak

Doums - Bekar - Meryl - Chilla

Khali - Luther...

ven. 2 & sam. 3 juin | Halle de Glisse - Lille

Piano Cinema

Jean-Michel Bernard

sam. 03 juin | Théâtre Louis Pasteur - Lille

Cleopatrick

mar. 06 juin | La Bulle Café - Lille

Evanescence

mer. 07 juin | Le Zénith - Lille

La Zarra

jeu. 08 juin | Le Splendid - Lille dim. 22 oct. | Mégacité - Amiens

Stromae

sam. 10 juin | Stade Pierre Mauroy - Villeneuve d‘Ascq COMPLET

dim. 11 juin | Stade Pierre Mauroy - Villeneuve d‘Ascq COMPLET

ven. 13 oct. | Stade Pierre Mauroy - Villeneuve d‘Ascq sam. 14 oct. | Stade Pierre Mauroy - Villeneuve d‘Ascq

Arch Enemy

mar. 13 juin | Le Splendid - Lille

Sum 41 + Fishbone

+ Landmvrks

mer. 14 juin | Le Zénith - Lille

RÉSA:

agauchedelalune.tickandyou.com et dans les points de vente officiels habituels graphisme : marceau truffaut - hypothèse.studio

© Alun Be

FATOUMATA DIAWARA Le sens du partage

D'abord reconnue en tant qu'actrice au Mali, elle a ensuite interprété la sorcière dans la comédie musicale Kirikou et Karaba, d’après l’œuvre de Michel Ocelot. Elle fut aussi à l’affiche du multi-césarisé Timbuktu d’Abderrahmane Sissako... Mais Fatoumata Diawara est surtout une (grande) voix, qui outrepasse les frontières, géographiques ou musicales. Elle ainsi collaboré avec Lauryn Hill, Herbie Hancock, Matthieu Chedid, Dee Dee Bridgewater, Paul McCartney ou encore Damon Albarn, qu’elle retrouve aujourd’hui sur London Ko. Dans ce troisième album chanté en bambara, sa langue maternelle, elle parle d’espoir, de fierté, alliant sonorités africaines et pop occidentale. Rencontre avec une diva solaire. Propos

Pourquoi avez-vous intitulé cet album London Ko ?

Ce titre symbolise la fusion entre Londres et Bamako et ma connexion avec Damon Albarn en particulier. Il traduit la rencontre entre la musique traditionnelle africaine, le blues et la pop, entre autres.

Comment avez-vous travaillé avec Damon Albarn ?

Il a co-réalisé six morceaux, mais sa patte est omniprésente sur le disque. On a commencé à enregistrer les premiers morceaux de London Ko l'an dernier, parallèlement à notre collaboration pour un opéra mis en scène par Abderrahmane Sissako. D'une façon générale, on a composé

beaucoup de chansons à deux. On s'entend bien ! C’est la première fois que je laisse autant de place à un musicien sur l'un de mes albums.

Concrètement, comment s'est déroulé l'enregistrement ?

Damon m’a invitée à rejoindre Gorillaz pour une vingtaine de dates aux États-Unis et en Europe. Dès que nous avions un peu de temps, nous allions en studio. Une vraie complicité s'est installée entre nous. >>>

37 interview
recueillis par Simon Prouvost
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«  Cet album reflète la fusion entre Londres et Bamako »

Au-delà de Damon Albarn, cet album accueille beaucoup d'autres artistes, n'est-ce pas ?

Oui, et c'est la première fois que j'invite autant de monde sur un projet personnel. Peut-être qu'avant j'essayais de me protéger ou de préserver le fragile patrimoine de la musique malienne.

Comment maintenez-vous ce lien ?

Mes chansons reflètent mon identité. Je vis désormais en Europe mais je garde un pied en Afrique grâce à ma musique. Je chante d'ailleurs dans ma langue natale pour maintenir ce lien fort.

Comment avez-vous choisi les artistes figurant sur votre album ?

J’ai privilégié des personnes qui m’avaient déjà invitée, en qui j’ai

confiance, comme Matthieu Chedid ou Roberto Fonseca. J’ai beaucoup pleuré sur Sete , une magnifique chanson d’amour proposée par Matthieu, pour laquelle j’ai eu la chance d'accueillir le Brooklyn Youth Chorus, un chœur d'enfants de New York.

Comment présenteriez-vous cet album ?

Il est comme un bilan de tout ce que j’ai retenu et appris de mes différentes collaborations. Elles m’ont forgées et changé ma vision de la musique, désormais sans aucune barrière.

Selon vous, qu’est-ce qui caractérise la musique malienne ?

Il est très difficile de la décrire, mais je dirais qu’elle est restée authentique. Il y a une richesse culturelle

© Alun Be

qu’on ne retrouve pas ailleurs, un héritage de nos ancêtres. Chaque région a son propre langage musical. Amadou et Mariam et Sidiki Diabaté, entre autres, apportent une couleur unique. On ne dirait pas qu’ils viennent du même pays.

sortir un peu des clous. Pour cultiver cette originalité, j'essaie de bien m’entourer.

Pour autant, cette forte tradition croise volontiers d’autres esthétiques. Par exemple, on retrouve beaucoup de blues dans la musique malienne, qui est le tronc commun de tous les styles comme le rock, la pop et le rap.

Dans votre deuxième album, Fenfo, vous évoquiez certains sujets graves… Qu'en est-il cette fois-ci ? Dans celui-ci, je soulève différentes questions. Par exemple, je tiens à protéger la génération future en Afrique contre certains drames persistants comme la mutilation génitale ou l’excision. Ces fléaux sont encore malheureusement d’actualité.

La musique est-elle une arme politique pour vous ?

Et

qu’est-ce

qui caractériserait Fatoumata Diawara ?

Le goût des aventures nouvelles, la prise de risques. Je ne me laisse pas influencer par la nouvelle vague de la musique africaine et préfère

Dans une certaine mesure, oui. En tout cas, j'apporte autant d'attention au message qu'à la voix. J’aime l’idée que mes mots puissent changer un peu les choses, et révéler au plus grand nombre la beauté de l’Afrique. Je me vois comme une ambassadrice de ce continent.

À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com

Lille, 23.05, Théâtre Sébastopol, 20h, 39 > 29€ theatre-sebastopol.fr

Bruxelles, 31.05, Ancienne Belgique, 19h 34/33€, abconcerts.be

Enghien, 07.07, Parc d'Enghien, Festival

LaSemo, 54,50 > 23,50€, lasemo.be

À écouter / London Ko, Fatoumata Diawara (Wagram Music)

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« Veillons à protéger la jeunesse d'Afrique »

SATURDAY 27 MAY

ANNA B SAVAGE

L’Anglaise Anna B Savage s’était révélée avec une belle reprise, austère et dérangée, de A Girl Like You, tube des 90’s signé par l'Écossais Edwyn Collins. Deux ans plus tard, cette multi-instrumentiste aussi à l’aise à la guitare, à la clarinette, au saxophone qu’au m’bira (un piano à pouce) joue de sa voix de contralto pour souffler le chaud et le froid dans des chansons rappelant celles d'Antony & The Johnsons. On y retrouve cette délicatesse et la même joie de briser codes et carcans. Et surtout, une noirceur traversée de rais de lumière pour évoquer les peines de cœur. T.A.

SATURDAY 27 MAY

Bruxelles, 06.05, Botanique, 19h30, 19,50 > 13,50€, botanique.be Bruxelles, 21.06, Ancienne Belgique, 19h, 26/25€, abconcerts.be

DEBBY FRIDAY

N’en déplaise à l'autrice de So Hard to Tell, il n’est pas "difficile de dire" à quel point Debby Friday détone. Cette Canadienne d’origine nigériane se joue à merveille des contradictions, entre R’n’B farouchement actuel et dérèglements proches d’une techno rêche. Ou, pour le dire autrement : à la douceur et au besoin de tendresse se mêlent des envies de violence brute et d’énergie pure. Un peu comme dans la vie, finalement ! T.A.

Bruxelles, 06.05, Botanique, 19h30, 19,50 > 13,50€ botanique.be

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© DR
© Katie Silvester
— TICKETS & INFO —

SATURDAY 27 MAY — OSSEGHEM PARK — SATURDAY

ARDO Angèle × n x Worries × Push A T MAsego × n u g ene A

Anderson .PAA k & k nx W ledge l ive B A nd Ch A rlo TT e Adigéry & Bolis Pu P ul × PinkPA n T heress y ussef dAyes × do M i & J d Be C k × rAvyn l en A e

The Blessed MAdonn A × hAA i × r o M y × d J s einfeld e liz A r ose × eWA n M Cv iC A r

SUNDAY 28 MAY — OSSEGHEM PARK — SUNDAY 28

ENDOMA Ch A nnel Tres × Benny The Bu TC her × o livi A d e A n u nkno W n Mor TA l o r C hes T r A × J P eg MA fi A × s u P er JA zz C lu B

ARDO Moder AT × AlT-J × l i TT le s i M z g old BA nd × k okoroko

ENDOMA

ALTVERDA

ALTVERDA h oney d i J on × d enis s ulTA × J Ayd A g × dA n s h A ke d ino le nny × J A s P er Tygner × Mosely Jr

ORLO

h unee × B iB i se C k × J AM ie 3:26 × s uze iJ Ó × Afriqu A Jord A n v i C kors ORLO Joy o r B ison × l ef T o eA rly Bird × d e sC huur MA n × AMA li A h M i M i × s herelle

COREFESTIVAL.COM — TICKETS & INFO — COREFESTIVAL.COM

© DR

PAUL WELLER

Clé anglaise

À la fois working-class hero et monument d’une certaine conception de l’anglicité, Paul Weller incarne, outre-Manche, une figure tutélaire pour des hordes de musiciens et de stylistes. Sur le continent, l’ex-Jam demeure encore trop méconnu. Raison de plus pour lui rendre visite.

La scène se déroule en 1982. Discussion entre Pete Townshend, "guitar hero" des Who, et Paul Weller, leader de The Jam. Le premier demande au second : « Pourquoi ne pas avoir essayé de conquérir les USA ? C’est plus simple qu’en Europe, les Américains parlent la même langue que nous ». Réponse de Weller : « Ça reste à prouver ». Cette formule féroce résume le personnage : acide et fier, cinglant et insulaire. Paul Weller, dit le "Modfather", car figure de proue du revival mod de la fin des années 1970, est à la fois profondément anglais et pourtant international : morgue britannique, soul et jazz américains, cigarettes Gauloises et costumes italiens.

Électron libre

Initiateur, donc, du revival moderniste de la fin des seventies avec The Jam, sabordé à son zénith en 1982, Paul Weller n’a cessé de jouer les têtes chercheuses. Au sein de The Style Council tout d’abord, duo pop et soul qui préfigura l’acid-jazz mais se vit refuser, en 1989, un album house par son label – il ne verra le jour qu’en… 1998. Toujours en solo, il renoua ensuite avec ses premières amours soul et rhythm & blues, avant de signer de récents maxis chez Ghost Box Records - soit un label de musique électronique ! Peu de sexagénaires à la brillante carrière se sont à ce point remis en question. Ce ne fut pas toujours réussi, certes, mais dans le modernisme, c’est aussi (surtout ?) la recherche qui compte. Thibaut Allemand

Lille, 11.05, L’Aéronef, 20h, 30/25€, aeronef.fr Anvers, 12 & 13.05, De Roma, complet !, deroma.be

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ERLEND ØYE & LA COMITIVA

Globe-trotteur

Révélé au début du millénaire avec le tandem Kings of Convenience, sorte de Simon & Garfunkel du xxie siècle, Erlend Øye aurait pu vivoter de ses jolies mélodies et de sa guitare en bois. Sauf que voilà, ce grand échalas aux éternelles binocles a la bougeotte – dans tous les sens du terme.

On l’a vu trimballer ses valises un peu partout, de Paris à Londres, de Berlin à Rennes, de Santiago à Mexico en passant par la Sicile, où il décida enfin de se poser – un peu. Oui, Erlend Øye à la bougeotte. Musicalement, le Norvégien n'est pas non plus avare en déplacements. Entre deux disques de Kings of Convenience, il a créé le groupe electropop The Whitest Boy Alive, donné un coup de main à José González, Dntel ou encore Röyksopp et créé le label Bubble Records. Son nouveau projet en date, La Comitiva, fut en réalité fondé en… 2012. Il venait d’acheter une maison à Syracuse, en Sicile, et fricota avec trois musiciens et chanteurs – La Comitiva ("l'entourage" en VF) était née. Depuis, des morceaux furent publiés de manière sporadique. Pourtant, en 2020, alors que l’on attendait un disque de ce groupe italo-norvégien, c’est The Whitest Boy Alive qui pointa le bout de son nez ! Dès lors, cette série de concerts constitue, en soi, un événement. Bossa nova, chanson traditionnelle italienne, pop acoustique ouatée : ce projet est sans doute ce qui se rapproche le plus des précités Kings Of Convenience. Avec ce petit supplément d’âme latine - Anima Latina, disait Lucio Battisti, auquel on pense parfois. Thibaut Allemand

Bruxelles, 18.05, Botanique, 19h30, 25,50 > 19,50€, botanique.be Bruges, 19.05, Cactus Muziekcentrum, 20h, 29 > 22€, cactusmusic.be

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QUOI DE NEUF ?

Si vous pensez qu’un musicien a tout dit dans son premier album, passez votre chemin. Ici, on s’intéresse aux artisans qui, dix mille fois, remettent l’ouvrage sur le métier. Ces quatre noms font partie de notre décor – de celui de nos parents, parfois. Alors, chefs-d’œuvre en péril, baudruches cent fois rafistolées ou monuments incontournables ?

ROGER WATERS

En 1968, le cerveau cramé par le LSD, l’angelot noir Syd Barrett quittait Pink Floyd. Au mitan des 70’s, son vieil ami, le bassiste Roger Waters, tenta de prendre le contrôle du Floyd pour en faire le véhicule de ses fantasmes musicaux et politiques. Ce qui donna quelques albums titanesques et contestataires (Animals, The Final Cut) ou parfois boursouflés (The Wall). Éjecté en 1985, il mena une carrière solo erratique entre deux procès contre ses camarades. Depuis, aigri et paranoïaque, il réenregistre l’intégralité de The Dark Side of the Moon, et voit des complots un peu partout, ce qui nuit à certaines de ses causes. Dommage.

Lille, 12.05, Stade Pierre Mauroy, 20h, 106 > 62€ stade-pierre-mauroy.com Anvers, 14.05, Sportpaleis, complet ! sportpaleis.be

© Kate Izor
©
DR

TANGERINE DREAM

On ne va pas faire la fine bouche, mais on tique un peu lorsque l’on voit ce nom en 2023. Reste-t-il un seul membre originel de ce groupe fondé à Berlin en 1967 par Edgar Froese ? Non. Alors, vous rétorquerez : reste-t-il un seul membre originel des Chœurs de l’Armée Rouge, fondés à Moscou en 1928 par Alexandre Alexandrov ? Non plus, c’est vrai. Alors, va : qui aime les vastes nappes de synthétiseurs, les compositions planantes et quelques arpèges ensorceleurs, devrait y trouver son compte.

Louvain, 19.05, Het Depot, 20h, 31/27€ hetdepot.be

THE PRETENDERS

ELTON JOHN

Il fut longtemps de bon ton de se moquer de ce vieil Elton. Il le cherchait un peu, aussi : a-t-on idée de monter sur scène déguisé en Donald Duck ?! En 2023, passé l’extravagance, demeurent les chansons, dont pas mal de merveilles enregistrées durant les seventies.

Aujourd’hui, Sir Elton n’a plus toute sa voix. Mais avec un peu d’indulgence, on ne boudera pas Rocket Man, Your Song, Saturday Night's Alright (For Fighting) ou Goodbye Yellow Brick Road pour ne citer que quelques tubes.

Anvers, 27 & 28.05, Sportpaleis, complet ! sportpaleis.be

The Pretenders, c’est avant tout Chrissie Hynde. Débarquée à Londres de son Midwest natal, elle devint un temps journaliste au NME puis fit un détour par Paris, jouant avec The Frenchies aux côtés de Jean-Marie Poiré (Mes Meilleurs copains, vous vous souvenez ?). Elle retourna ensuite à Londres pour connaître le succès avec The Pretenders, délivrant un punk-rock franc et mélodieux, avec pas mal d’excès et de morts en chemin. Quarante ans plus tard, la Chrissie est toujours vaillante. Ça paie, la persévérance.

Anvers, 30 & 31.05, De Roma, complet !, deroma.be

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© Katja Ruge © Ben Gibson
© Anton Corbijn

DEPECHE MODE

Énergie renouvelée

Des survivants. Ces Anglais ont surmonté les années, les modes, les excès et les décès. Malgré un nom chipé à un obscur magazine, Depeche Mode n’a jamais fini dans la corbeille. Le groupe est toujours resté à la page, changeant à peine sa ligne éditoriale – et faisant toujours la une.

Combien de groupes, portés par la nouvelle vague des années 1980, ne se sont pas séparés et ont su maintenir, durant plus de quatre décennies, succès public et critique ? Bien peu. Quoi qu’on pense de cette barrique de Robert Smith ou du fraudeur fiscal Bono, on doit citer The Cure et U2. Et Depeche Mode, donc. À l’orée des eighties, depuis Basildon, quatre post-ados composaient des hymnes de pop électronique, à la fois sexuels et mélancoliques. Un premier album baptisé d’après la dictée magique ( Speak & Spell , 1981), un inusable tube à deux doigts ( Just Can’t Get Enough) et… l’affaire aurait pu s’arrêter là, car Vince Clarke, compositeur en chef, mit les bouts pour fonder Yazoo.

Par-delà les egos Étonnamment, la formation s’en remit. Et entama alors une odyssée pop absolument renversante, qui la vit hanter les bas-fonds pour mieux tutoyer les cimes. Elle mêle dans un même mouvement imagerie SM et Ingmar Bergman, homo-érotisme et blues urbain, réalisme social et gospel électronique. L’an passé disparaissait Andrew Fletcher, ciment d’un groupe aux egos importants. Contre toute attente, le compositeur Martin Gore et le crooner Dave Gahan signent Memento Mori , quinzième album plus que digne, où se croisent les ombres de New Order et Kraftwerk – des pairs, désormais. Cette dernière tournée serait-elle l’ultime ? On ne sait guère. Mais au vu des messes païennes données par les auteurs de Personal Jesus, cette communion sera forcément mémorable. Thibaut Allemand Anvers, 20.05, Sportpaleis, complet !, sportpaleis.be Lille, 22.06, Stade Pierre Mauroy, complet !, stade-pierre-mauroy.com

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LAEL NEALE

Élevée dans une exploitation agricole en Virginie, Lael Neale a traversé les USA pour vivre quelques années à LA. Elle y a publié un premier album en 2015, avant de regagner sa ferme peu après la pandémie. Là, elle a continué à composer, sous contrainte, se limitant à un piano, une guitare et son vieil Omnichord (sorte d’autoharpe électronique). L’Américaine signait le faramineux Acquainted with Night, où planaient les ombres de Joni Mitchell et Weyes Blood – excusez du peu ! Son dernier disque en date, Star Eaters Delight, est plus nerveux (songez Stereolab, Electrelane) et devrait valoir, sur scène, quelques beaux moments de tension. T.A.

Tourcoing, 18.05, Le Grand Mix, 20h, 14 > 6€, legrandmix.com Bruxelles, 19.05, Botanique, 19h30, 10/7€, botanique.be

MICK HARVEY

Figure légendaire de The Birthday Party et des Bad Seeds avec Nick Cave, Mick Harvey a aussi collaboré avec PJ Harvey et la regrettée Anita Lane. Prolixe, l’homme aura chanté Gainsbourg dans la langue de Jane B., et signé une petite dizaine d’albums solo en 20 ans. Cette tournée le voit puiser dans son dernier LP et un disque en duo avec la chanteuse mexicaine Amanda Acevedo. Au programme : rock, blues, minimalisme, jazz… et temps suspendu. T.A.

Courtrai, 21.05, De Kreun, 20h, 30 > 24€, wildewesten.be

© Alexandra Cabral © Matthew Ellery

OPPOSITES • XINK

XAVIER RUDD • SIGUR RÓS • BLACKWAVE.•

• THE DRIVER ERA

ROSALÍA • CHRISTINE AND THE QUEENS • PUSCIFER •

JULY ARCTIC MONKEYS • QUEENS OF THE STONE AGE LIL NAS X • THE LUMINEERS • DERMOT KENNEDY •

• AMENRA • THE TESKEY BROTHERS R F S DU SOL • JACOB COLLIER • J.I.D

PORTLAND

MEROL • PIP MILLETT

LOVEJOY • BILLY NOMATES

BABY QUEEN • NOVA TWINS

BOYS • ETHAN BORTNICK

JUNE main stage the barn klub c slope STROMAE •
SAM
• KING
CALVI •
RÖYKSOPP •
• RAYE •
• HOLLY
PICTURE
• BODY TYPE • THE MARY WALLOPERS 30 JUNE RED HOT CHILI PEPPERS •
THE BLACK KEYS • KASABIAN • BLACK BOX REVELATION • THE INTERRUPTERS • THE HAUNTED YOUTH EDITORS • BEN HOWARD • TAMINO • BEAR’S DEN • SPOON • CAVETOWN WARDRUNA • FEVER RAY • SLOWTHAI • THE HU • VIAGRA BOYS • SQUID SONS • PUP • CMAT • HOT MILK • KELSY KARTER & THE HEROINES • HIDEOUS main stage the barn klub c slope 01
MUSE •
MACHINE
KELLY • PAOLO NUTINI •
THE
SOFI
• STONE
main stage the barn klub c slope 02
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STORMZY
FENDER
THE 1975
NATHANIEL RATELIFF ZWANGERE GUY
COMPACT DISK DUMMIES IGGY POP
CHARLOTTE DE WITTE
WARHAUS
PRINCESS
ANNA
WEYES BLOOD
AURORA
ASHNIKKO
GAYLE
HUMBERSTONE
THIS
THE SNUTS
THE REYTONS
LIL LOTUS
LIAM GALLAGHER
JULY
OSCAR AND THE WOLF
GUN
INTERPOL•
FRED AGAIN..•
CITY AND COLOUR • VINTAGE TROUBLE DEAN LEWIS • ADEKUNLE GOLD • DOPE LEMON •
TUKKER • MIMI WEBB • DANIELLE PONDER THE MURDER CAPITAL • TOUCHÉ AMORÉ • JUST MUSTARD
• DEAD POET SOCIETY • MAYORGA
INHALER
GABRIELS
main stage the barn klub c slope
NIGHT
• DESTROY
& THE
SWEATS

ASCENDANT VIERGE

Attraction des astres

À une époque où la pop française est devenue un vaste champ d'expérimentation, dans lequel tous les genres s'entrechoquent, ascendant vierge fait figure de laborantin en chef. Ce duo franco-bruxellois et féru d’astrologie conjugue rythmes EDM et voix de diva gothique avec une élégance rare.

Les planètes s’alignent pour ascendant vierge, à l’aube de la parution de son très attendu premier album, annoncé par le single À l'Infini. Jusqu’ici, ce duo constitué de Mathilde Fernandez au chant et de Paul Seul à la production avait essaimé quelques bangers ayant largement dépassé le succès d’estime. L’adhésion du public à des titres comme Petit soldat ou Influenceur lors du concert au Botanique, l'an passé, en témoignait. Ralenti dans son envol par la pandémie, le tandem installé à Bruxelles réussissait quand même à imposer quelques tubes au palmarès de l’hyperpop française, ce maelstrom kitsch ultra référencé qui recycle les années 1990 et 2000. De fait, le duo excelle dans ce mouvement concassant musiques mainstream et recherches sonores. Ici, la techno trance rencontre le hip-hop et côtoie la pop la plus décomplexée. Paul Seul sublime les beats les plus hardcore (citant sans rougir les compilations Thunderdome) entre refrains entêtants et crescendos harmonieux. Grande collectionneuse de grimoires ésotériques, Mathilde Fernandez évoque dans un même souffle Mylène Farmer ou l'avant-gardiste Diamanda Galás, nimbant ses inflexions de teintes épiques et mystiques. On leur prédit un avenir radieux. Flo Delval

Bruxelles, 24.05, Ancienne Belgique, complet !, abconcerts.be Oignies, 27.05, Le Métaphone, 20h30, 18/15€, 9-9bis.com

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© Raphaël Lugassy

CORE FESTIVAL

Relève assurée

Deuxième édition de cet événement sis dans le Parc d’Osseghem, au pied de l’Atomium, à Bruxelles. Imaginé par deux poids lourds du genre (Tomorrowland et Rock Werchter), le CORE Festival mêle sur cinq scènes indie pop, hip-hop, electro, hyperpop... On y découvre des valeurs sûres et des noms très prometteurs. Florilège. Thibaut Allemand

RAVYN LENAE

Originaire de Chicago, Ravyn Lenae, 21 ans, peut se targuer d’une belle carrière, avec une flopée d’EP inspirés et un album en forme de confirmation. Hypnos, paru chez la prestigieuse maison Atlantic, est le fruit d’un travail acharné avec son producteur Steve Lacy (qui œuvra pour The Internet, Kendrick Lamar ou Tyler, The Creator). Avec lui, l'Américaine forme un duo évoquant ceux fondés par Timbaland et Aaliyah, ou Kelis et Pharrell Williams. Soit un tandem qui affiche la volonté farouche de moderniser le R&B, genre qui est déjà, depuis 30 ans, le vecteur de pas mal d’avant-gardes en matière de pop mondiale. Affaire à suivre !

CORE Festival

Bruxelles, 27 & 28.05, Parc d’Osseghem, 12h, 1 jour : 123 / 82€ • pass 2 jours : 227 / 147€ corefestival.com

Sélection / 27.05 : Angèle, Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, The Blessed Madonna, NxWorries (Anderson .Paak & Knxwledge), Eliza Rose, Pinkpantheress, Haai, Pusha T, Ravyn Lenae…

28.05 : Alt-J, Little Simz, Kokoroko, Channel Tres, Unknown Mortal Orchestra, Joy Orbison Caballero & JeanJass, Benny the Butcher, Moderat, JPEGMafia...

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© DR

LITTLE SIMZ

En décembre dernier, Little Simz publiait No Thank You, comme ça sans prévenir. En fait, il s'agit d'une déclaration d’intention : après avoir viré un manager un peu dictatorial, elle est revenue aux racines de sa musique en compagnie de son producteur et ami d’enfance, Inflo. Moins ample et plus rêche que son prédécesseur (Sometimes I Might Be Introvert), ce cinquième essai mêle percussions africaines, chorale gospel et orchestre symphonique. Et devrait déployer toute sa puissance sur scène.

NXWORRIES

CHANNEL TRES

Collaborateur de Tyler, The Creator ou Robyn, Channel Tres confirme, EP après EP, son talent pour composer des merveilles rap-house. Marqué par The Chronic de Dr. Dre et les fantaisies soniques de Moodymann, ce natif de Los Angeles, qui passait ses vacances à Chicago, mêle la frime West Coast au feeling technohouse du Michigan. Peu à l’aise avec cette idée de compétition inhérente au rap game, il préfère les concerts poisseux où les basses moites le disputent à l’homo-érotisme.

(ANDERSON .PAAK & KNXWLEDGE)

Mais que peut bien fabriquer Anderson .Paak, entre ses propres albums, sa pléthore de featurings et son travail avec Bruno Mars au sein de Silk Sonic ? Plus d’une fois, cette question nous réveilla au beau milieu de la nuit. L’autre soir, on découvrit ainsi qu’il venait de réactiver NxWorries, tandem formé avec le producteur Knxwledge. En 2016, la paire avait signé Yes Lawd !, vous vous souvenez ? Revenu aux affaires, donc, le duo peaufine sa formule entre hip-hop et soul moderne. Nous voilà rassurés.

© Karolina Wielocha © GodmodeMusic © Alex Figs

ANDY SHAUF

À fleur de pop

Voilà bientôt 15 ans qu’Andy Shauf s’est installé dans le vaste paysage pop-folk. Le trentenaire est plutôt du genre discret et délicat. On a affaire à un orfèvre, un maître-artisan amoureux du travail soigné. Ce Canadien a débuté seul dans sa chambre avant de goûter aux joies d’un "vrai" studio pour son troisième album, The Party, qui fit (un peu) de tapage. Depuis, il a signé trois autres disques dont le récent Norm élargit les appétences du musicien. Il faut dire que notre homme est fanatique de Van Dyke Parks, Paul Simon ou Randy Newman. On retrouvait ainsi cet art de la narration dans The Neon Skyline, récit d’une nuit d’ivresse dans un bar de nuit, servi par une pop acoustique finement orchestrée – comme une rencontre rêvée entre Elliott Smith et Sufjan Stevens, pour le dire vite. Or, Andy Shauf s’est depuis ouvert à des harmonies jazz et des sons plus synthétiques. Bon, pas de quoi cramer un dancefloor, mais quand même un sacré pas en avant pour ce control freak qui commence, avoue-t-il, à prendre du plaisir sur scène. Et nous avec ! Thibaut Allemand

Anvers, 26.05, De Roma, 20h, 24/22€, deroma.be

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© Angela Lewis
MAI 23 LILLE AERONEF.FR Licences : 1-1022328 / 2-012329 / 3-012330 Design : les produits de l’épicerie L’AÉRONEF 06.05 Unfaced : Cassie Raptor + Jacidorex + Randomer + VCL + VBK 09.05 Julie Doiron & Dany Placard + Jeffrey Lewis & The Voltage 12.05 Wax Tailor + Mounika. 20.05 L’Eurométropole en fête : Coco Em + MC Yallah & Debmaster + Camion Bazar HORS LES MURS 17.05 Personal Trainer + Feet + CLT DRP 23.05 bar italia + guest 24.05 Groundation + guest 26.05 Surprise Chef + Glass Beams 04.05 Europe Day : Francis of Delirium + Public Display of Affection 11.05 Paul Weller + Maxwell Farrington & Le SuperHomard … & PLUS

LES PARADIS ARTIFICIELS

French connection

L’an dernier, ce festival initié par À Gauche de la Lune entamait sa mue. D’abord, il s’établissait dans un lieu unique, la Halle de Glisse à Lille, soit un skatepark de 2 000 mètres carrés. Surtout, il affichait une nouvelle ligne artistique : du rap, du rap et rien que du rap ! Le genre est ici décliné sous toutes ses acceptations, entre trap, drill, boom-bap ou jersey… L’affiche est un savant mélange de figures établies et montantes, et compte pas mal de Lillois. État des lieux.

BENJAMIN EPPS

Benjamin Epps serait-il « le meilleur rappeur de France », comme il le clamait en 2020 ? Peut-être bien. Ce Gabonais s’est construit un avenir en regardant vers le passé. Là où la plupart de ses contemporains marmonnent sur des productions trap ou drill, lui compte sur un boombap à l’ancienne, quelque part entre le Wu-Tang Clan et MC Solaar - pour les textes ciselés. On parle ici d’un son rêche, lardé d’egotrip et de punchlines frondeuses, qui racontent la vie comme elle va. « Tout le monde semble heureux sur le net, le métro dit le contraire », lâche-t-il par exemple dans La Grande désillusion, premier album paru en avril et empli de promesses…

Lille, 02 & 03.06, Halle de Glisse, ven : 16h • sam : 14h, 1 jour : 60/55€ • 2 jours : 79/75€ lesparadisartificiels.fr

Sélection / 02.06 : Dinos, Kerchak,

Shani // 03.06 : PLK, Zkr,

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© Rémy Bourdeau Bekar, Chilla, Bushi, Winnterzuko, Sto, H Jeunecrack, Juste Doums, Meryl, Khali, Benjamin Epps, J9ueve, Rounhaa, Luther, Babysolo33, Brö…

STO

Figure montante d’une scène lilloise décidément emballante (Ben PLG, Bekar, Zkr), Sto fut bercé par de nombreuses influences, entre la French Touch écoutée par ses parents, le reggae de ses oncles et le rap de son quartier. Mais c’est l’avènement de la jersey qui le fit connaître. Soit un son destiné aux clubs, cocktail de BPM rapides, de basses lourdes et de samples hiphop, R&B et electro. En somme, « la house du ghetto », comme il nomme lui-même ce courant où il fait des étincelles - en témoigne son premier album, Time Out (Vol.1)

ROUNHAA

DINOS

Né au Cameroun, grandi à La Courneuve, Dinos s’inscrit dans la grande tradition du rap à texte, jusqu’à s’autoproclamer « le nouveau Solaar ». Pour la modestie, on repassera. Par contre, les amoureux du beau verbe posé sur des prods boom-bap épurées sont au bon endroit. Car, non, ce n’est pas tous les jours qu’on entend un rappeur s’inspirer de Raymond Devos pour accoucher de punchlines futées, du genre : « rien plus rien plus rien multiplié par trois, ça fait rien de neuf ». Koba LaD, si tu nous lis…

Né à Lille, désormais installé en Suisse, Rounhaa s’est imposé comme un héraut du rap dit "new wave", c’est-à-dire nourri d’electro et de recherches sonores distordues. Inspiré par Tyler, The Creator, Laylow et Makala, Haarone Latif (pour l’état civil) pose sa voix autonée et ses textes mélancoliques sur de lourdes basses entêtantes, à l’image du morceau Music Sounds Better With You. Une référence à Stardust… et une réponse toute trouvée à ses parents, qui lui interdirent d’écouter de la musique jusqu’à l’âge de 12 ans !

© Wokuplucid
© Fifou © Lilho

et aussi…

MAR 02.05

TAMAR APHEK + LAETITIA SHERIFF + GRANDMA’S ASHES

Béthune, Le Poche, 20h, 12/10€

TOKIO HOTEL

Bruxelles, Ancienne Belgique, 20h, 56/53€

VÉRONIQUE SANSON

Roubaix, Le Colisée, 20h, complet !

JEU 04.05

AIME SIMONE

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, complet !

VEN 05.05

KEKRA

Bruxelles, Botanique, 19h, 29,50>23,50€

ARNAUD REBOTINI + COLIN

BENDERS + ENCORE

Petite Forêt, Espace Barbara, 20h30, 19/16€

DEPORTIVO + H-BURNS

Oignies, Le Métaphone, 20h30, 18/15€

SAM 06.05

FLAVIEN BERGER + AUREL (NUITS BOTANIQUE)

Bruxelles, Botanique, 18h30, 33>27€

CINÉ-CONCERT : NOSFERATU

Ce chef-d’œuvre de l’expressionnisme allemand fut le premier film d’horreur à bénéficier de sa propre bande originale. Signée Hans Erdmann, elle fut hélas perdue. Depuis, cette musique a connu des dizaines d'interprétations. L’ONL s’appuie ici sur une "reconstruction" de la partition originale, à partir d'une création postérieure du maître, mais aussi de ses écrits et de coupures de presse d’époque évoquant la fameuse BO. Un impressionnant travail de restauration, daté de 1995, qu’il convient de redécouvrir en salle, avec orchestre ! T.A.

Lille, 04 & 05.05, Nouveau Siècle, 20h, 35> 6€, onlille.com Béthune, 06.05, Théâtre, 20h, 22 > 11€, theatre-bethune.fr

WARHAUS

Tourcoing, Le Grand Mix, complet !

LUN 08.05

NOVEMBER ULTRA + SURA

Bruxelles, Botanique, 19h30, 34,50>28,50€

JEU 11.05

MR. GISCARD + CITRON SUCRÉ

Amiens, La Lune des Pirates, 20h30, 12/7€

VEN 12.05

SAM SMITH

Anvers, Antwerp Sportpaleis, 18h30, 190>45€

WAX TAILOR

Lille, L'Aéronef, 20h, 27/20€

STARMANIA

Bruxelles, Forest National, 20h, 89>29€

SAM 13.05

INDUSTRIAL NIGHT ONE : SUICIDE COMMANDO + TREPONEM PAL

Wasquehal, The Black Lab, 20h, 25€>gratuit

TIGA + ASA MOTO + MOVULANGO

Bruges, Cactus Muziekcentrum, 22h, 25>18€

DIM 14.05

STARMANIA

Bruxelles, Forest National, 15h, 89>29€

BLONDSHELL + GIRL AND GIRL

Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 14>6€

MAR 16.05

STRAVINSKY & HAYDN

Lille, Nouveau Siècle, 12h30, 14/6€

MAX ROMEO AVEC XANA ET AZIZZI ROMEO

Tourcoing, Le Grand Mix, complet !

MER 17.05

STEPHAN EICHER

Lille, Théâtre Sébastopol, 20h30, 49>35€

THE BURNING HEADS

Boulogne-sur-Mer, Carré Sam, 20h30, 10>7€

JEU 18.05

PIERRE DE MAERE

Bruxelles, Ancienne Belgique, 19h, complet !

K'S CHOICE + SHERMAN

Anvers, De Roma, 20h, 31€

BERTRAND BELIN

Mons, Théâtre Le Manège, 20h, 30>20€

VEN 19.05

DAPHNÉ SWAN

Oignies, Le Métaphone, 20h30, Gratuit

THE TOASTERS

Lillers, L'Abattoir, 21h, 16/14€

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© DR

MINUIT AVANT LA NUIT

Bientôt la saison des festivals ! Il s’agit d’être à l’heure, soit pile Minuit avant la nuit. En réalité, les hostilités débutent bien avant (dès 10h30 pour les balades musicales en barque), mais le nom est sympa, n’est-ce pas ? Il suggère avant tout le temps qui file, entre l’herbe du joli Parc Saint-Pierre et le labyrinthe aquatique des Hortillonnages. Côté son ? Rien que du très bon, entre les envolées post-punk de Jeanne Added, les filouteries rap de Lorenzo et les fanfaronnades de La Femme ! J.D. Amiens, 08 > 11.06, Parc Saint-Pierre & les Hortillonnages jeu et dim : gratuit • pass 2 jrs : 45 > 10€ • Pass 1 jr : 28 > 5€ Sélection / 09.06 : Pomme, Lorenzo, Nu Genea…

10.06 : Meute, La Femme, Jeanne Added, Noga Erez, Favé...

SAM 20.05

RODOLPHE BURGER

La Louvière, Le Palace, 20h, 15>8€

REINEL BAKOLE

Bruxelles, Bozar, 20h, 16/10€

SOPRANO

Bruxelles, Palais 12, 20h, 64>41€

FEMI KUTI & THE POSITIVE FORCE

Bruxelles, Bozar, 21h30, 26>10€

DIM 21.05

THE LEMON TWIGS

Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 22>14€

LUN 22.05

M

Lille, Le Zénith, 20h, 72>35€

RENAUD

Bruxelles, Cirque Royal, complet !

MAR 23.05

BAR ITALIA + DRIVING DEAD GIRL

Lille, L'Aéronef, 20h, 6>Gratuit

M

Lille, Le Zénith, 20h, 72>35€

RENAUD

Bruxelles, Cirque Royal, complet !

MER 24.05

GROUNDATION

Lille, L'Aéronef, 20h, 27/20€

SOUAD MASSI

Lens, Le Colisée, 20h, 20>10€

VEN 26.05

ULRIKA SPACEK

Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14>6€

SURPRISE CHEF + GLASS BEAMS

Lille, L'Aéronef, 20h, 6€>Gratuit

MADEMOISELLE K + ZOE

Calais, Centre Culturel Gérard

Philipe, 20h30, 16/8€

SAM 27.05

AVISHAI COHEN TRIO (LE JAZZ À LIÈGE)

Liège, Le Forum, 20h, 43€

DIANA KRALL

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 151>96€

OMAR SOULEYMAN

Anvers, De Roma, 20h, 24/22€

DIM 28.05

HYPNOTIC BRASS ENSEMBLE + MUNSCH (LE JAZZ À LIÈGE)

Liège, Reflektor, 22h, 27,50€

OXMO PUCCINO (JAZZ À LIÈGE)

Liège, Trocadéro, 21h, 32,50€

LUN 29.05

KITTY, DAISY & LEWIS

Tourcoing, Le Grand Mix, 18h, 22>14€

MAR 30.05

STELLA

Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 17>11€

JEU 01.06

BERTRAND BELIN

Lille, L'Aéronef, 20h, 27/20€

LA BELLE ÉPOQUE

Lille, Nouveau Siècle, 20h, 55>6€

VEN 02.06

DEUS + GUEST

Lille, L’Aéronef, 20h, 30>23€

VIVE LA FÊTE

Liège, Reflektor, 20h, 25€

ROBERTO FONSECA

Anvers, De Roma, 20h, 29/27€

SAM 03.06

THE SHA-LA-LEES

Anvers, Trix, 19h30, 15>11,50€

FUN LOVIN' CRIMINALS

Liège, Reflektor, 20h, 30€

GOGOL BORDELLO

Anvers, De Roma, 20h, 29/27€

MARCEL ET SON ORCHESTRE + LES CHASSE PATATES

Calais, Centre Culturel Gérard

Philipe, 20h30, 22/11€

DIM 04.06

DELINQUENT HABITS

Liège, Reflektor, 20h, 27€

LUN 05.06

MY MORNING JACKET

Anvers, De Roma, 20h, 30/28€

CURTIS HARDING

Leuven, Het Depot, 20h, 21/18€

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Jeanne Added © Camille Vivier

disques

Étienne Daho

Tirer la nuit sur les étoiles (Barclay / Universal Music)

Six ans après un Blitz londonien, nocturne et sous tension, voici un disque ample, rêveur et solaire. Un essai majoritairement porté par le sentiment amoureux et les prémices d’une relation. Lorsque tout va bien, et que l’on se jure que cela durera toujours… Éternel amoureux (autant qu’éternel insatisfait ?), le perfectionniste Étienne Daho a ici multiplié les collaborations. Outre le réalisateur Jean-Louis Piérot, citons Lou Lesage, Unloved, Vanessa Paradis, Calypso Valois, Yan Wagner, Doriand… Le résultat ? Un album polychrome où le Rennais aligne pop songs sophistiquées nimbées de cordes soyeuses (30 décembre, Comme deux aimants) et morceaux plus électroniques (Le Chant des idoles, Les Petits criminels). Et puis, il y a Le phare, sacré sommet, parmi les plus beaux morceaux jamais enregistrés par le natif d’Oran. Forcément, Daho ayant 67 ans dont 42 de carrière, la tentation est grande de rattacher Tirer la nuit sur les étoiles à une autre pièce de sa riche discographie. On pourrait évoquer Paris ailleurs ou L’Invitation (les plus soul de ses œuvres) mais aussi Pop Satori et Eden. Ce dernier fut un échec public, enfin compris depuis. Aucun doute : celui-ci fera mouche. Immédiatement. Thibaut Allemand

Jonathan Bree

Pre-Code Hollywood (Lil' Chief Records / Modulor)

Jonathan Bree apparut dès 2002 au sein du tandem tweepop The Brunettes. Mais cela fait dix ans que, masqué, le Néo-Zélandais a imposé sa présence sur le devant de la scène, et un tube qui fit date – le fameux You’re so Cool. Il se présentait à nous en héritier de Scott Walker ou Lee Hazlewood (voix de crooner, arrangements de pop orchestrale) et on en fit rapidement le petit cousin bizarre de Neil Hannon ou Jarvis Cocker. Ce cinquième album, où s’est invité Nile Rodgers, le voit arpenter des territoires plus synthétiques. Plus passe-partout, aussi. Restent tout de même quelques titres immédiats tels When We Met, Miss You ou encore We’ll All Be Forgotten. Agréable, l'ensemble demeure étrangement (volontairement ?) désincarné. Intrigant. T. A.

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Bongeziwe Mabandla amaXesha (Black Major / Boogie Drugstore)

Après un iimini tout en délicatesse, le Sud-Africain Bongeziwe Mabandla revient avec un quatrième album qui mérite une reconnaissance massive. amaXesha n’a pas besoin de renier ses racines traditionnelles pour tout emporter sur son doux passage. L’ouverture incantatoire (sisahleleleni) est gagnée par un beat à la pulsation irrésistible, qui accompagne au long du disque une soul-folk aux atours électroniques. La large palette de styles s’y trouve joliment unifiée, autant par l’élégante production que par la voix veloutée de Bongeziwe. Surtout, l’album est une mine de tubes secrets (ukuthanda wena, noba bangathini) qu’on adoptera dans notre playlist. Assurément la plus lumineuse révélation de ce printemps. Rémi Boiteux

Andrea Poggio Il Futuro (La Tempesta / Believe Digital)

Depuis quelques années, la pop italienne a le vent en poupe. Ainsi, pour qui fut ébloui par la comète Andrea Laszlo De Simone, on suggère de se pencher sur Maria Antonietta, Dente, Colapesce ou Andrea Poggio, donc. Jadis leader de Green Like July, le quadragénaire signe un second essai parfait, qui mêle inspirations antiques et approche novatrice. Excepté l’évidence pop de Parole a mezz’aria, on est séduit par le jeu permanent sur les sons et les formes. Ici un calypso détraqué, là un dépouillement orchestral… Armé d’un synthé hors d’âge, d’une voix céleste parfois perturbée en post-prod, et soutenu par quelques chœurs féminins, le Piémontais propose, l’air de rien, une pop éminemment moderne. Et enchanteresse. T. A.

Alison Goldfrapp

The Love Invention (Skint Records / BMG Music)

Tiens, le retour de Goldfrapp ? Presque. Il ne s’agit plus du tandem formé par Will Gregory et Alison Goldfrapp, mais bien de cette dernière en solitaire. On retrouve ici la même appétence pour la dance qui anima Black Cherry (2003) ou Supernature (2005), signés du duo. On est aussi à mille lieues de l’étrangeté (inspirée d'Ennio Morricone) de l’insurpassable Felt Mountain (2000) et plus proche de Robyn, Annie ou Kylie. On retrouve d’ailleurs le fameux Richard X à la production, parmi d’autres – dont James Greenwood, déjà croisé aux côtés du tandem. Le résultat ? Correct mais sans surprise. Dans l’air du temps ? Pas vraiment. Un titre comme Love Intention aurait pu trouver sa place chez Madonna période Mirwais. Anachronique, mais plaisant. T. A.

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ARTJACKING !

Détournement de fond

« Les bons artistes copient, les grands artistes volent », affirmait Picasso, dont l'œuvre n'en finit plus d'être revisitée ! Oui, l'histoire de l'art est un éternel recommencement. Voila ce que nous rappelle de façon très ludique Maureen Marozeau dans Artjacking !, livre luimême inspiré d'une série documentaire produite par Arte.

Découpé en thématiques (la nudité, la nature...), ce passionnant ouvrage montre comment les artistes contemporains révisent leurs classiques, des grottes de Lascaux au Saut dans le vide d'Yves Klein, en passant par La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix. Maureen Marozeau fait ici acte de pédagogie, restituant d'abord le contexte qui a vu naître ces chefs-d'œuvre, avant d'en présenter quelques réappropriations. Ce grand détournement, ou "artjacking", prend de nombreuses formes : l'hommage bien sûr, mais aussi la réinterprétation ou le pastiche. Car, loin d'être écrasés par leurs glorieux prédécesseurs, les créateurs d'aujourd'hui font souvent preuve du même iconoclasme.

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©
l i t t érature
Elisabeth Ohlson Wallin (1961 -), Nattvarden , 1998, photographie

Ainsi de la photographe suédoise Elisabeth Ohlson Wallin, qui s'attaque à La Cène de Léonard de Vinci pour la recomposer… avec des drag-queens. Il s'agit-là « d' inclure les minorités dans la chrétienté » et de rappeler « le caractère inconditionnel de l'amour divin ». Dans un autre genre, Chris Jordan reconstitue La Grande Vague de Kanagawa d'Hokusai avec très exactement 2,4 millions de microparticules de plastique repêchées dans l'océan Pacifique. Là où le Japonais figurait notre nécessaire humilité face à la nature, le Californien pointe désormais l'urgence de la préserver… Les temps changent, l'art ne sauvera sans doute pas le monde, mais continue de le sonder avec la même acuité.

Maureen Marozeau

(Éditions de La Martinière), 192 p., 32€

editionsdelamartiniere.fr

249 x 360 cm,
Yue Minjun (1962 -), La Liberté guidant le peuple , 1995, Huile sur toile, M + Sigg Collection, Hong Kong
À lire / Artjacking !

Adeline Dieudonné

Reste (L’Iconoclaste)

Après La vraie vie, premier livre-uppercut sur un foyer terrorisé par un père violent, puis Kerozene, collection de nouvelles réunies sur une aire d’autoroute des Ardennes, on n’attendait pas Adeline Dieudonné avec un roman d’amour. L’autrice belge réussit magistralement ce changement de cap, avec toute la force d’une langue qui déjoue sans cesse les poncifs. Sa narratrice vit une passion clandestine avec un homme marié. Les amoureux se réfugient souvent dans un chalet de montagne, au bord d’un lac." M.", dont on ne connaîtra jamais le prénom, aime s’y baigner. Et, sans raison apparente, y meurt. Pour son amante, c’est le début d’une errance de six jours, un rêve macabre où le déni le dispute au chagrin. En optant pour la lettre écrite à l’épouse ("l’officielle"), la romancière revisite la vie de cette mère célibataire jusque-là bien sage. Elle décortique ses relations passées, les petites humiliations du couple, les compromis que l’on fait avec soi-même pour éviter d’être seul. « Je ne crains pas les hommes, je crains mon propre penchant à la subordination », écrit-elle, lorsque Reste s’autorise une incursion dans le fantastique. Bien plus qu’une romance, le portrait d’une femme libre, jusqu’à la folie. 282 p., 20€. Marine Durand

Ben Gijsemans

Les Fidèles (Dargaud)

Troisième album du Flamand Ben Gijsemans, Les Fidèles creuse une histoire simple. Celle de Carl qui, en 1994, entre vacances chez les grands-parents, jeux vidéo, mauvaises fréquentations et premiers troubles, sent vaciller ce qui lui reste d’enfance. La première chose frappante dans ce livre, c’est la mise en page : de grandes compositions en noir et blanc se jouant de la géométrie, au sein desquelles chaque case est une note, chaque ligne un haïku. Tel un Chris Ware dépouillé. Du maître américain, Gijsemans retient autant la poésie quotidienne nimbée de tristesse que les audaces formelles au service de la narration. Et s’affirme comme un très grand nom de la BD contemporaine, en offrant ici une virtuose méditation sur la fin de l'innocence. 152 p., 28€. Rémi Boiteux

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livres

Pier Paolo Pasolini Dialogues en public (Editions Corti)

Entre 1960 et 1965, dans le journal communiste Vie Nuove ("voix neuves"), l’écrivain, journaliste, peintre, acteur, dramaturge, cinéaste (on en passe)

Pier Paolo Pasolini tient, en quelque sorte, le courrier des lecteurs, où il répond aux questions qui lui sont envoyées. Celles-ci portent sur son travail, mais aussi l’actualité, la politique italienne, l’Église et la foi, la littérature et le cinéma, etc. Un peu comme si Sartre, à la même époque, ou Alain Badiou aujourd’hui, répondaient au courrier des lecteurs de L’Huma.

Dialogues en public réunit un ensemble de ces échanges, et permet de découvrir le cheminement d’une pensée, à hauteur d’homme. Stimolante !

248 p., 23€. T. A.

Vincent Gautier Steve McQueen (Capricci)

Après Mel Gibson, Joan Crawford ou Robert Mitchum, c’est au tour de Steve McQueen d'avoir son portrait dans cette collection de biographies courtes et subjectives éditées par Capricci. McQueen, c’est la sidérante course-poursuite de Bullitt (franchement, l’histoire, tout le monde l’a oubliée), c’est aussi Papillon, Les Sept mercenaires … Derrière la coolitude incarnée, il y avait forcément autre chose : des blessures d’enfance, les Marines, mille et un petits boulots. Féru de vitesse, profondément individualiste, l'Américain était un homme complexe et secret. Cet ouvrage très documenté trace l’itinéraire du comédien mort à 50 ans – comme si, décidément, la vieillesse n’était pas faite pour lui. 112 p., 11,50€. T. A.

Frédéric Bisson

Logique du Joker (Éditions MF)

À la suite du film de Todd Phillips, la figure stigmatisée du Joker est devenue un étendard des révoltes populaires contre le néo-libéralisme. Comment comprendre ce court-circuit entre la fiction et le réel ? Frédéric Bisson répond en philosophe, inventant des concepts comme "l'iconomorphose" – manière de désigner la prolifération d'une image qui s'est substituée à l'objet qu'elle dénotait. La lecture est parfois ardue, et il n'est pas certain que les formules logiques émaillant le développement facilitent la compréhension. L'auteur rend toutefois perceptible de puissantes dynamiques contemporaines. Et le Joker ? C'est au fond une manière d'être : « Rire de sa misère, se rire des identités, répondre à la violence par une visibilisation soudaine ». 236 p., 20€. Raphaël Nieuwjaer

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Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du documentaire de société

Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du documentaire de société

Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du documentaire de société

Cette exposition est organisée dans le cadre du FIGRA, Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du documentaire de société, “Les écrans de la réalité”.

Cette exposition est organisée dans le cadre du FIGRA, Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du documentaire de société, “Les écrans de la réalité”.

© Shellac

DÉSORDRES À contretemps

Saint-Imier, 1877. Les patrons parlent (déjà) de concurrence et de globalisation, réorganisent le travail, le temps et les salaires pour rester compétitifs. De leur côté les ouvriers et ouvrières tentent de consolider un réseau mondial de solidarité. Spécialisée dans la fabrication d'horloges, la commune suisse devient, sous l'œil de Cyril Schäublin, l'épicentre de notre modernité.

C'est là, dans le Jura bernois, que l’aventurier russe Pierre Kropotkine a basculé du socialisme à l'anarchisme. Si le futur auteur de L'Entraide, un facteur de l'évolution (1902) apparaît bien dans Désordres, le film s'attache avant tout à saisir un environnement social. Usines, rues et tavernes sont montrées en plans souvent larges. Au son se mêlent les paroles, le vent descendant des montagnes et le tic-tac des horloges. Cyril Schäublin cultive aussi des contrepoints comiques au sein du cadre, entre la maréchaussée chargée de remonter les pendules publiques et des militants levant des fonds pour soutenir les cheminots grévistes de Baltimore.

Sur pause

Désordres dépeint avec une précision admirable le travail ouvrier et ses évolutions. Au moment même où le chronométrage, faisant son entrée dans les ateliers, ajoute une pression supplémentaire. Dans un monde où la moindre seconde compte, la photographie exige pour sa part de suspendre le temps. Vingt secondes de pose, rien moins ! Le tirage de portraits ou d'images publicitaires ne cessent ainsi d'interrompre les personnages. Le film s'en amuse tout en rendant sensible cette subversion. Créer des intervalles, des ruptures pour mieux résister à l'homogénéisation du temps par le capitalisme : voilà ce que le cinéma peut faire de plus nécessaire.

De Cyril Schäublin, avec Clara Gostynski, Alexei Evstratov, Monika Stalder... En salle

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écran s

DISCO BOY

L'amour de la party

Disco Boy, premier film de Giacomo Abbruzzese, n’a pas volé son Ours d’argent à la Berlinale. Passé par le Fresnoy de Tourcoing, le réalisateur italien nous ouvre les portes de l’impénétrable Légion étrangère, mais pour mieux brouiller les pistes entre film de guerre et quête existentielle. Une œuvre hypnotique.

Giacomo Abbruzzese nous invite à un voyage au cœur des ténèbres digne de Joseph Conrad, l’écrivain qui a inspiré Apocalypse Now. L’histoire s'ouvre avec Aleksei, jeune homme ayant fui la Biélorussie pour s’engager dans la Légion étrangère, et ainsi obtenir la nationalité française. Envoyé au combat dans le Delta du Niger, il croise Jomo, un jeune révolutionnaire écologiste en lutte contre les compagnies pétrolières qui saccagent ses terres. Au cœur de la jungle, les deux hommes évoquent leurs rêves. Aleksei croit trouver une famille dans la Légion, quand Jomo s’imagine en danseur dans une boîte de nuit, en "disco boy"… Il aura fallu toute la pugnacité de Giacomo Abbruzzese (10 ans de travail !) pour que naisse cette œuvre atypique, à la croisée des genres. S’ouvrant comme un film de guerre classique, avec ses scènes imposées (entraînements virils et affrontements), Disco Boy privilégie rapidement la quête métaphysique à la Werner Herzog (Aguirre, la colère de Dieu)… avant de regarder vers le film musical et de danse ! Porté par les compositions electro de Vitalic, un sentiment d’envoûtement nous gagne crescendo tout au long du film, dont on ressort aussi déstabilisé que fasciné. Grégory Marouzé

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De Giacomo Abbruzzese, avec Franz Rogowski, Morr N’Diaye, Laetitia Ky... Sortie le 03.05 © Films Grand Huit

SWARM

Plus qu'une chanteuse, une reine –une déesse, même. Le mot revient sans cesse dans la bouche de Dre lorsqu'elle évoque Ni'Jah, dont les clips et la stature en font un double fictif de Beyoncé. Avec quelques milliers d'autres, la jeune femme fait partie de l'"essaim" ("swarm", en anglais), un groupe de fans particulièrement actifs sur les réseaux sociaux. Et n’hésite pas à tuer quiconque ose critiquer la star… Alors que la (géniale) série Atlanta vient de s'achever, Donald Glover se lance dans une nouvelle satire de la société américaine. Portrait d'une groupie en feu, Swarm frappe moins par ses déchaînements de violence que par la conduite imprévisible de son récit. Avec son jeu tantôt lascif, tantôt syncopé, Dominique Fishback (Dre) confirme ici l'étendue de son talent.

Raphaël Nieuwjaer

Série de Donald Glover et Janine Nabers (7 x 35 min), avec Dominique Fishback, Nirine S. Brown, Chloe Bailey… Disponible sur Amazon Prime Video

MAD GOD

Star Wars , Indiana Jones , Robocop ou Twilight lui doivent leurs effets spéciaux. Spécialiste de l'animation en volume, Phil Tippett aura passé 30 ans à tourner Mad God le week-end, dans son garage, avec des amis. Débutant par la destruction de la tour de Babel, le film révèle un scénario minimal : un assassin énigmatique explore un monde peuplé de créatures immondes, de chirurgiens sadiques et de victimes expiatoires. C'est peu dire qu'il faut avoir l'estomac bien accroché pour supporter ce voyage au cœur de la matière. Celui-ci ne manque toutefois pas de visions saisissantes. Évoquant les toiles de Jérôme Bosch, Mad God déploie sa fable métaphysique sur la grandeur et la décadence de l'humanité dans des paysages affolants, dont l'œil cherche à scruter chaque détail. Raphaël Nieuwjaer

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Film d'animation de Phil Tippett. En salle © 2021 Tippett Studio © Quantrell D. Colbert / Prime Video
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Ukraine, des femmes dans la guerre de Charles Comiti et Julien Boluen Moi, agricultrice de Delphine Prunault Climat, les gros mensonges des géants du pétrole de Philippe Mach et Françoise Weilhammer

FIGRA Un œil sur le monde

Il y a 30 ans naissait au Touquet le Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société, à l’initiative de Georges Marque-Bouaret. Le rendez-vous a voyagé (Lille, Saint-Omer et aujourd'hui Douai), la sélection s’est étoffée (70 films répartis dans cinq compétitions cette année), mais la mission du Figra demeure : témoigner de la réalité du monde sur grand écran.

Hélas, trois décennies après le coup d’envoi du Figra, « le monde ne va pas vraiment mieux », constate Georges Marque-Bouaret. D’ailleurs, si chaque édition pointe de nouvelles préoccupations, notamment dans la sélection "Autrement vu" qui pose un regard intime sur des faits de société (des récits de victimes d’inceste, le parcours d’une petite-fille de harkis…) nombre de fléaux persistent. « Les atteintes aux droits des femmes, des enfants, les souffrances des peuples », énumère le délégué général du festival. Le conflit ukrainien tient bien sûr une place centrale dans la programmation, qu’il s’agisse de documenter l’identité du pays, de brosser le portrait de civils entrés en résistance ou de raconter l’impitoyable revanche de Vladimir Poutine.

Par-delà les écrans

Engagé « sans être militant, sauf sur la question des droits de l’homme », attentif à élargir sans cesse son public (600 scolaires sont attendus à Douai) le Figra œuvre désormais sur tous les supports. En plus d’une exposition consacrée au travail du photojournaliste serbe Goran Tomašević, ou d’un débat sur le traitement médiatique de l’urgence écologique, le documentaire surgit aussi sur les planches avec la pièce Du silence à l’explosion, sur l’accueil des exilés en France. Après ça, « plus personne ne pourra dire "je ne savais pas"». Marine Durand

Douai, 30.05 > 04.06, cinéma Majestic et divers lieux, une séance : 6/5€ • 5 séances : 20/17€ pass semaine : 48/40€ • pièce de théâtre : 17/10€, figra.fr

(+ Exposition Entre guerre et paix, 30 ans de photographies de Goran Tomašević : Douai, 20.05 > 03.07, Musée de la Chartreuse)

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écran s
BIAM 2017, Barek, San1, Gemo, rue Barni à Lille © Cultur All

BIENNALE INTERNATIONALE D’ART MURAL Peinture fraîche

exposi t i o n

La Biam a plus que jamais pignon sur rue. Voilà pile dix ans que la Biennale internationale d’art mural transforme nos villes en musées à ciel ouvert. Pour marquer cet anniversaire, le collectif Renart, à l’origine de l’événement, a donné carte blanche à une soixantaine d’artistes, issus de la scène locale ou d’un peu partout dans le monde. Leur objectif ? Réaliser en deux mois une vingtaine de fresques à travers les Hauts-de-France. Suivez le guide.

Il fut un temps où le street-art n’avait pas bonne presse. « À l’époque, on parlait plutôt de graffitis ou de tags », se souvient Julien Prouveur.

Il y a une vingtaine d’années, lui et sa bande de copains œuvraient alors sous le nom de Fin2Bombe, en référence aux fins de bombes de peinture qu’ils utilisaient, par manque de moyens. « On avait fondé cette

association pour légaliser notre pratique, après l’interpellation par la police de l’un de nous ». Depuis, Fin2Bombe est devenue en 2012 le collectif Renart - un mot valise signifiant "renaissance de l’art". Un an plus tard, ils lançaient la Biam, histoire de démocratiser leur passion et de révéler « toute la richesse de l’art mural, en invitant des personnes aux techniques et styles très différents, explique le responsable. Cela comprend le collage, le pochoir en passant

« On révèle toute la richesse de l’art mural »
L'origine du Palmier, Poes et Jober, BIAM 2019, Wavrechain-sous-Denain © Collectif Renart

par la peinture acrylique, pour des créations aussi bien figuratives qu’abstraites ou hyperréalistes ».

Vous avez un message

Tous les deux ans, des jeunes artistes de la scène locale ou des quatre coins du globe investissent ainsi les Hauts-de-France pour "refaire les murs". Preuve du succès de cette biennale, le nombre de communes participantes ne cessent de gonfler - elles sont onze cette année. « Aujourd’hui, on nous court encore après, mais plus pour les mêmes raisons », sourit Julien Prouveur. En dix ans d’existence, une centaine de fresques ont été peintes dans la métropole lilloise ou le Denaisis et, chose rare, en totale liberté. « On ne montre

jamais de maquettes aux élus en amont, moi-même je ne sais pas ce que les artistes vont réaliser ». Et les œuvres ne sont pas avares de messages, poétiques et souvent engagés, à l’image de cette immense peinture exécutée à l’acrylique en 2019 par le Péruvien Jade Rivera, sur la façade d’un immeuble du quartier de Wazemmes, à Lille. La scène figure deux personnages de dos, dont l’un transporte un glacier en train de fondre, dans une sublime allégorie de la migration climatique.

Le mur du son

Pour cette édition anniversaire, une soixantaine d’artistes a été conviée, essentiellement via des collectifs. >>>

Jade Rivera, BIAM 2019 © DR
Jace for the BIAM 2019 © DR

Entre les DJ Sets (Dee Nasty) et jam sessions « où tout le monde travaille ensemble sur de longs murs, entre barbecues et bonne musique », on attend quelques grands noms. Citons le Palestinien Taqi Spateen, qui considère son art comme un outil de résistance, mais

aussi la Suisse Rosy One, qui ressuscite l'âge d'or du graff hip-hop des années 1980 avec ses monumentales B-Girls, ou encore Andrea Ravo Mattoni. Cet Italien s’est révélé en reproduisant à la bombe des chefs-d’œuvre de la peinture clas-

sique – en l’occurrence, il s’empare ici d’une toile du Palais des beauxarts. Parmi les artistes du collectif Renart enfin, on ne manquera pas Omur.H et son projet Audiograff, soit de la peinture… tactile et sonore, où le public active une musique en touchant la fresque. Pour cette édition, il s’est associé au collectif marocain Tzouri pour créer un Tzourigraff à Lille, place Oujda, « soit la ville d'où ces graffeurs sont originaires. C’est une façon de tisser un lien entre nos deux cultures ». Ou comment rapprocher les gens… grâce aux murs.

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Hauts-de-France, jusqu’au 17.06, divers lieux gratuit, collectif-renart.com Dany Boy, BIAM 2019 © Collectif Renart
«  Tisser des liens entre les cultures »
© Hugo Clarence Janody, Je passe où j'écris

INSTITUT POUR LA PHOTOGRAPHIE

Derrière les clichés

Après une longue période de fermeture, et avant une autre phase de travaux définitifs en fin d'année, l'Institut pour la photographie propose une nouvelle série de huit expositions gratuites. Entre portraits, collages, projections ou installations interactives, ces œuvres auscultent l'image (et sa magie) sous de nombreux angles, stimulant l'imagination, la réflexion comme les sens.

Il y a quelque chose de magique dans l'œuvre d’Hideyuki Ishibashi. Ce Japonais passé par le Fresnoy ne s'intéresse pas tant à la photographie qu'à la révélation de l'image. Tirés à l'encre photochromique, ses clichés de végétaux apparaissent et disparaissent sous

beaucoup, mais qu'on ne voit jamais : les réfugiés. Le Lillois a passé une semaine au Centre d’accueil et d’examen des situations de Nédonchel avec des personnes exilées en provenance de Calais. Loin de tout voyeurisme, ces autoportraits réalisés au Polaroid ou ces mises en scène sensibles capturent des fragments d'existences précaires, mais laissent une trace indélébile.

l'effet d'une lampe à UV, comme avec un pinceau de lumière... À bien y regarder, il sera beaucoup question du visible et de l'invisible dans la nouvelle programmation de l'Institut pour la photographie. Tenez, Hugo Clarence Janody. Son travail nous montre ceux dont on parle

Des vies à la chaîne

Dans un tout autre genre, mais avec un même regard humaniste, Jean-Louis Schoellkopf focalise sur "les travailleurs". Plus précisément ceux des usines, à Mulhouse, dans différents sites de production (chimiques, textiles…).

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exposi t i o n >>>
« Il est question du visible et de l'invisible »
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© Hideyuki Ishibashi, Ginkgo © Harry Gruyaert, Picardie, 1991 © Jean-Louis Schoellkopf

« Mon obsession, ce n'est pas l’activité industrielle, plutôt les conditions de vie des ouvriers », dit-il. Centrés sur l'individu, ses tirages numériques sont présentés sur un papier très fin. Ils restituent avec une fragilité tangible l’ambiance des ateliers, les attitudes, « le travail qui se reflète sur les visages ».

Papillons de lumière

Oui, la photographie est affaire de point de vue, d'angle et, parfois... de toucher. En témoignent les installations interactives de Bertrand Gadenne, qui propose à Lille une « expérience tactile » de l'image. Le plasticien invite le public à intercepter des faisceaux lumineux avec les mains, pour donner vie à des papil-

lons. Entre autres magiciens, citons enfin Harry Gruyaert, connu pour ses compositions très graphiques, voire cinématographiques. « C'est vrai, je suis un cinéaste frustré, sourit-il. Mes photos s'appréhendent un peu comme des plans de films jamais tournés ». Entre paysages ruraux, industriels ou bords de mer, l'Anversois dévoile une projection de 160 clichés pris dans les Hautsde-France depuis les années 1980 et mis en musique par l'accordéoniste Tuur Florizoone. Un voyage immobile et empli de poésie, qui nous ferait presque perdre le nord.

Julien Damien

Lille, jusqu'au 18.06

Institut pour la photographie, jeu & ven : 13h-19h sam & dim : 11h-19h gratuit, institut-photo.com (+ Horizons : Loos, jusqu'au 30.06, La Fileuse)

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© Bertrand Gadenne, Les Papillons, 1988. Installation avec projection aérienne d'une diapositive

SPICY “Turmeric, Cinnamon, Ginger, Henna”, 2015, vidéo installation, Mehdi-Georges

Lahlou

MEHDI-GEORGES LAHLOU & CANDICE BREITZ Corps à corps

Qu’il s’exprime à travers des sculptures, installations, dessins, collages ou vidéos, Mehdi-Georges Lahlou a toujours placé l’identité au cœur de son travail. Le plasticien franco-marocain expose à la Centrale et, comme le veut la tradition dans le centre d’art bruxellois, invite un artiste à dialoguer avec ses œuvres. En l'occurrence la vidéaste et photographe sud-africaine Candice Breitz.

À bien y regarder, ces deux artistes ont beaucoup en commun. À travers leurs thèmes de prédilection, d'abord : la construction de l’identité, la colonisation, le racisme. Dans le rapport à leur corps, aussi, puisque Mehdi-Georges Lahlou comme Candice Breitz s'impliquent physiquement dans leurs propositions artistiques. En témoignent les quatre vidéos de SPICY, montrées pour la première fois en Belgique et qui ouvrent le parcours. On y voit le natif des Sables-d’Olonne

quasi nu, immergé dans du gingembre, de la cannelle, du henné ou du curcuma répandu dans l’air.

« Est-ce que les épices caressent ou agressent la chair et les sens ? L’ambiguïté est palpable », relève la commissaire Tania Nasielski. Elle établit d'ailleurs un lien direct avec Of the Confused Memory , une photo d’archives montrant les victimes nord-africaines du gaz moutarde durant la première guerre mondiale, recouverte au fusain et placée quelques mètres plus loin.

expositi o n
>>>
L'ambiguïté est ici palpable.

Quand Mehdi-Georges Lahlou se place du côté des individus subissant la violence, Candice Breitz explore la psychologie des agresseurs. Dans l’installation Whiteface, la vidéaste, perruque blonde, chemise immaculée, lentilles délavées, se confronte avec autodérision à son privilège blanc. Au fond de la salle, dans un salon reconstitué (un canapé, une télévision), Extra montre sa présence oppressante lorsqu’elle s’immisce dans les scènes d’un feuilleton sud-africain, au casting 100% noir.

Archipel de bunkers

Pour souligner la brutalité de la guerre ou de la domination, Tania Nasielski a fait construire des bunkers couverts de graffitis miso -

gynes, homophobes ou racistes qui délimitent les espaces comme des archipels. Y prennent place, outre de nombreux écrans, les célèbres autoportraits façon totems de Mehdi-Georges Lahlou, ou ses natures mortes de palmiers desséchés, qui font écho à sa sculpture monumentale Into the Palms the Birds , présentée simultanément au centre culturel De Vaartkapoen de Molenbeek. « Les pièces sont toutes complémentaires, l’ensemble forme un corpus inédit ». Celui-ci questionne plus qu’il ne dénonce, et éclaire d’un jour nouveau l’œuvre de chaque artiste. Marine Durand

Bruxelles, jusqu'au 17.09 Centrale For Contemporary Art mer > dim : 10h30-18h 8>2,50 € (gratuit -18 ans) centrale.brussels

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Candice Breitz, Whiteface, Triplet, 2022

Angel Vergara Dans l’instant

23.04 — 08.10.2023

Grand-Hornu

ANGEL VERGARA

Extension du domaine de la peinture

Par la performance, l’installation ou la vidéo, Angel Vergara Santiago a toujours placé l’acte de peindre au cœur de sa démarche artistique. Quinze ans après l’exposition El Pintor, qui avait donné naissance à la série Les Voisins, nos amis, 14 portraits animés d’habitants du Grand-Hornu, le Musée des arts contemporains accueille à nouveau le plasticien bruxellois d’origine espagnole, en se focalisant sur son œuvre picturale. Celui qui se fit appeler Straatman (soit "l’homme de la rue"), au début de sa carrière, performant dans l’espace public recouvert d’un drap blanc comme s’il faisait corps avec sa toile, n’a eu de cesse d’innover dans sa pratique. Il invente le "film peint", apposant des touches de couleur sur une plaque de verre où défilent des images capturées en super 8, pour en révéler d’autres facettes. De fait, l'artiste s’attelle à « trouver de nouveaux territoires » pour la peinture, en l’installant dans le flux perpétuel de la vie. Aux côtés de ses grandes toiles, plus traditionnelles, le MACS a choisi de montrer plusieurs tableaux-actions réalisés par des enfants malvoyants, dans le cadre d’ateliers supervisés par Vergara. Une autre façon de repousser les frontières de l’art, et de montrer qu’il résulte de la rencontre avec l’autre. Marine Durand

Hornu, jusqu'au 08.10, MACS, mar > ven : 10h-18h, 10 > 2€ (gratuit -6 ans), mac-s.be

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J’efface et cela apparaît, œuvre en cours de réalisation, Bruxelles, 2020. Photo : Anna Mancuso

Isamu Noguchi Isamu Noguchi

Djsets,

LaM
LaM
Sculpter le monde Exposition 15 . 03 – 02 . 07 . 23 Villeneuve d’Ascq Rudolph Burckhardt, Isamu Noguchi avec une étude pour Luminous Plastic Sculpture, 1943. The Noguchi Museum Archives, 03766. © The Isamu Noguchi Foundation and Garden Museum, New York / Adagp, Paris, 2023. musee-lam.fr
expositions, activités ludiques, banquet artistique, spectacles… Gratuit ! Lille Métropole Musée d’art moderne d’art contemporain et d’art brut 13 & 14 mai 2023 Conception graphique : baldinger•vu-huu. musee-lam.fr

LES 40 ANS DU LAM

Le LaM a 40 ans, et demeure des plus fringants. Pour marquer le coup, l'équipe du musée nous invite à un week-end anniversaire ! Après avoir découvert le nouveau parcours de la collection permanente (mêlant art moderne, art contemporain et art brut) puis la rétrospective consacrée à Isamu Noguchi (Sculpter le monde), on s'enjaille avec La brigade des tubes et le DJ set du collectif Laisse tomber les filles. Dimanche, on participe à un banquet artistique (façon pique-nique) avec le collectif Mange Lille !, avant de se laisser emporter par le bal chorégraphique du Ballet du Nord, entre hits iconiques, danse et lâcher prise. J.D.

Week-end anniversaire

Villeneuve d'Ascq, 13 & 14.05, LaM, sam : 14h • dim : 12h, gratuit, musee-lam.fr

Isamu Noguchi / Jusqu’au 02.07, mar > dim : 10h-18h, 11 > 8€ (gratuit -18 ans)

MISTER P & FRIENDS

Le visage arrondi du général de Gaulle répandu sur les murs de Lille, c'est lui ! Pour cette exposition, Mister P invite ses camarades street-artistes du collectif Death Club. Ancien couvent datant du xviie siècle, la maison Folie Hospice d'Havré voit ses espaces transformés en rues et en quartiers. On y admire les icônes pop et rock d'Aka Mr Grey, les cartoons de Bad Bunny Tattoo et les portraits hyperréalistes de Kelu Abstract. J.D.

Tourcoing, jusqu'au 01.10, maison Folie Hospice d'Havré tous les jours sauf mardi : 13h30-18h, gratuit, tourcoing.fr

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© Mister P
Louise Dahl-Wolfe, Portrait d’Isamu Noguchi, 1955. © Center for Creative Photography / The Isamu Noguchi Foundation and Garden Museum Archives, New York ARSADAGP, Paris, 2023

ANIMALIA

Installé dans l'ancienne gare de Schaerbeek, le musée du train retrace rien de moins que l'épopée du chemin de fer belge. Scénographié par François Schuiten, sous une lumière en clair-obscur, l'espace permanent présente une impressionnante collection de locomotives à taille réelle. À l'occasion de cette exposition, les voici envahies par une faune hétéroclite : des éléphants, une girafe, un lion, un crocodile, des dauphins, une nuée d’oiseaux… Ces œuvres grandeur nature sont signées par le sculpteur animalier Pierre-Yves Renkin, et initient une réflexion poétique sur la biodiversité, histoire de remettre la planète sur de bons rails. J.D.

Bruxelles, jusqu'au 05.11, Train World, mar > dim : 10h-17h, 15 > 5€ (gratuit -4 ans), trainworld.be

JOHAN VAN MULLEM

Artiste complet, à la fois designer, poète, musicien ou peintre, Johan Van Mullem est connu pour ses toiles représentant des visages tourmentés, tout en intériorité. À l'occasion de l'exposition For Love's S(n)ake! le Brugeois se tourne cette fois vers l'extérieur en privilégiant le thème du paysage. Entre peintures, dessins et sculptures, cette cinquantaine d'œuvres inédites, réalisées durant le confinement, dessine une nature fantasmée et fantastique. J.D.

Bruxelles, jusqu'au 23.07, Musées royaux des beaux-arts, mar > ven : 10h-17h • sam & dim : 10h-18h 10 > 3€ (gratuit -18 ans), fine-arts-museum.be

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Pierre-Yves Renkin © Trainworld Animalia Johan Van Mullem, Vegetal Lyrics I (2021) © Courtesy of the artist - Photo : Henri Weyrich
21.04.23 — 07.01.24 fashionandlacemuseum.brussels

Man Ray et la mode

Après Marseille et Paris, Man Ray et la mode fait escale à Anvers, et c’est évidemment le MoMu qui se penche sur ce pan méconnu de la carrière du photographe américain. Repensée spécialement pour la Belgique, l’exposition entrelace vêtements de couturiers (dont ceux qu'il inspira, tels Dries Van Noten, Olivier Theyskens ou Martin Margiela), œuvres dada et couvertures de magazines pour raconter l’invention de la photo de mode.

Anvers, jusqu'au 13.08 MoMu, mar > dim : 10h-18h, 12 > 5€ (gratuit -18 ans) momu.be

Odyssée, aux origines de Blake et Mortimer

L’an passé, le CBBD se penchait sur Blake, Mortimer et leurs imposants phylactères. Cette année, le musée poursuit ce travail archéologique en explorant le travail d’Edgar P. Jacobs antérieur aux aventures de nos deux héros. Celui qui fut premier assistant de Hergé est ici comparé à un Homère moderne. Un aède ? En tout cas, cet héritier de Jules Verne effectuait de véritables recherches pour créer des récits d’anticipation, tel Le Rayon U (1943), qui tissait des liens entre la BD franco-belge et les comics américains.

Bruxelles, jusqu'au 01.10, CBBD, mar > dim : 10h-18h, 13 > 6€ (gratuit -6 ans), cbbd.be

Diane Von Furstenberg

Le saviez-vous ? Derrière l’une des robes les plus vendues au monde (la wrap dress) se cache une Belge. Mais la carrière de Diane Von Furstenberg dépasse largement cette tenue iconique. Installée depuis cinquante ans à New York, elle a toujours été animée par une soif de liberté et cela se voit dans son vestiaire. Tout cela est à découvrir dans Woman Before Fashion. Soit une exposition regroupant 230 pièces : robes, jupes, chemises, mais aussi patrons, échantillons de tissu ou photographies.

Bruxelles, jusqu'au 07.01.2024, Musée Mode et Dentelle, mar > dim : 10h-17h 10 > 4€ (gratuit -18 ans), fashionandlacemuseum.brussels/fr

Hans Op de Beeck

C'est sans doute l'un des plus grands artistes belges contemporains. Hans Op de Beeck déploie à Cassel son œuvre fascinante, entre mélancolie et mise en scène tragi-comique de la condition humaine. Ses fameuses sculptures grises ultra-réalistes, mais aussi ses aquarelles, photographies ou vidéos dialoguent avec les peintures des maîtres flamands (de Bruegel à Rubens) si chères au musée de Flandre. La promesse d'une visite pleine de silence et de résonances.

Cassel, jusqu'au 03.09, Musée de Flandre, mar > ven : 10h-12h30 & 14h-18h • sam & dim : 10h-18h 6/4€ (gratuit -26 ans), museedeflandre.fr

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Man Ray, Madame Toulgouat, c. 1930 Librairie Diktats © Man Ray 2015 Trust / Sabam Belgium 2023

Stéphan Gladieu

De la Corée du Nord on ne sait rien, ou pas grand-chose. Auteur d’une œuvre profondément humaniste, quelque part entre l’art et le documentaire, Stéphan Gladieu est parvenu à entrer dans ce pays sous cloche, à raison de cinq voyages effectués entre 2017 et 2020. De ces séjours à Pyongyang et ses environs est née une série de portraits aussi intrigants que surréalistes : ceux des habitants de la dernière grande dictature communiste. Des images iconiques, brouillant les cartes entre fiction et réalité.

Charleroi, jusqu'au 21.05

Musée de la photographie, mar > dim : 10h-18h, 8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be

Brian McCarty

La guerre vue à hauteur d'enfant... et reconstituée avec des jouets. Tel est le principe de la série War-Toys initiée par Brian McCarty. Depuis 2011, ce photographe américain parcourt les zones de conflit pour aider des petits garçons et des fillettes à mettre en images les scènes traumatisantes qu'ils ont vécues. C'est ici une figurine de Cendrillon sous une pluie de missiles, là une poupée abattue par les tirs d'un hélicoptère... Un regard bouleversant sur le vrai visage de la guerre.

Charleroi, jusqu'au 21.05

Musée de la photographie mar > dim : 10h-18h

8 > 4€ (gratuit -12 ans), museephoto.be

Futuro Gentile

Véritable maestro de l’architecture et du design italien, et plus largement mondial, Michele De Lucchi investit le CID, au Grand-Hornu. Porteuse d’un discours résolument humaniste et écologique, cette exposition se place à contre-courant de la déprime actuelle – justifiée, il faut dire. En premier lieu parce qu’elle ose imaginer un "futur aimable", à travers des architectures situées quelque part entre l’utopie et la science-fiction. Soit pile à l’endroit du rêve.

Hornu, jusqu'au 27.08

Centre d'innovation et de design, mar > dim : 10h-18h

10 > 2€ (gratuit -6 ans), cid-grand-hornu.be

Rankin : The Dazed Decades

Ses photographies ont fait le tour du monde. De Kate Moss à Blondie, en passant par David Bowie, le portfolio de John Rankin Waddell, alias "Rankin", regorge d'images qui ont nourri notre imaginaire. En 1991, le Britannique fondait avec son complice Jefferson Hack Dazed & Confused (aujourd'hui Dazed), un magazine mêlant mode, musique, cinéma et sujets sociétaux les plus brûlants. Cette exposition remonte le fil d'une histoire éditoriale unique.

Knokke-Heist, jusqu'au 11.06, Centre culturel Scharpoord tous les jours sauf mardi : 10h -18h, 10/8€ (gratuit -18 ans) knokke-heist.be

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It's Not What You Wear It's The Way That You Wear It, Dazed & Confused, Issue 13, 1995 © Rankin

Daniel Pontoreau. Avant le paysage

Né à Paris en 1947, Daniel Pontoreau n'est pas vraiment céramiste. C'est plutôt un sculpteur utilisant les techniques de la céramique. Souvent imposantes, voire monumentales, ses œuvres explorent d'abord la notion de paysage. Au regard des matériaux employés (des pierres, de la terre, en plus du verre, de l'acier, du marbre), ses créations donnent l'impression d'avoir été arrachées à des régions lointaines, voire fantasmagoriques. Il instaure ainsi un dialogue, tantôt avec la matière, tantôt avec le cosmos.

La Louvière, jusqu'au 20.08, Keramis, mar : 9h -17h mer > dim : 10h - 18h, 8 > 4€ (gratuit -18 ans), keramis.be

Paysage. Fenêtre sur la nature

Après nous avoir invité sur les traces des pharaons, le Louvre-Lens s'intéresse au paysage. Nombreux sont les artistes à l'avoir copié, magnifié ou réinventé. Des noms ? Monet, Corot, Millet, Hokusai, Kandinsky... Cette exposition réunit quelques maîtres du genre pour mieux appréhender leurs créations. On admire ici des bords de mer, des forêts, des champs, des montagnes... Le parcours est conçu comme une promenade et fait la part belle au son et à la lumière, pour mieux révéler les œuvres.

Lens, jusqu'au 24.07, Louvre-Lens, mer > lun : 10h-18h, 11 > 6€ (gratuit -18 ans), louvrelens.fr

Range ta chambre !

Passé maître dans l'art de la démesure, Jean-François Fourtou décale notre regard sur le quotidien. Après avoir envahi l'Hospice Comtesse avec des personnages à têtes de fruits et légumes, il pose cette fois ses valises de doux rêveur à la Gare Saint Saveur et nous invite à découvrir sa chambre d’enfant… six fois plus grande que l’originale ! On déambule ici entre un ours en peluche à taille humaine avant de se planquer sous un lit de douze mètres sur cinq, entre autres fantaisies.

Lille, jusqu'au 08.10, Gare Saint Sauveur mer > dim : 12h-19h, gratuit, lille3000.com

Ordures. L'expo qui fait le tri

Ils sont partout autour de nous, et détruisent peu à peu la planète. Les envahisseurs ? Pire : les détritus ! De la rue aux océans, des forêts aux campagnes, pas un recoin de notre environnement n'est épargné par cette propension de l'Homme à jeter ses saletés un peu partout. À Liège, cette exposition fait le tri dans nos ordures, histoire de mieux se débarrasser de nos vilaines habitudes. Rien de plus logique : la patrie de Magritte demeure championne européenne du recyclage des déchets ménagers !

Liège, jusqu'au 31.12, Musée de la Vie wallonne mar > dim : 9h30-18h, 7/5€ (gratuit -3 ans), viewallonne.be

Ordures, l'expo qui fait le tri © Province de Liège

LA MÉTROPOLE EUROPÉENNE DE LILLE

FAUSSES NOUVELLES

VRAIE(S) BATAILLE(S)

LA DÉSINFORMATION PENDANT LES CONFLITS

EXPOSITION DU 6 MARS AU 26 JUIN 2023

MUSÉE DE LA BATAILLE DE FROMELLES

PRÉSENTE Les Belles Sorties ⟶ Des spectacles près de chez vous

C’est l’une des plus anciennes institutions de la capitale des Flandres. Inauguré en 1822, le Musée d’histoire naturelle de Lille fête ses 200 ans... mais reste bien conservé. Pour marquer le coup, une exposition immersive nous plonge dans les coulisses du lieu, en plein cœur des réserves. On déambule ainsi au milieu d'objets et de spécimens jamais dévoilés. Cet anniversaire offre aussi l'occasion de découvrir le projet de transformation du bâtiment, préfigurant de grands changements d'ici 2025.

Lille, jusqu'au 03.07, Musée d'histoire naturelle, lun, mer, jeu, ven : 9h30 > 17h • sam & dim : 10h-18h 5/3,50€ (gratuit -12 ans), mhn.lille.fr

Fake news 2 : art, fiction, mensonge

Si l'expression est apparue dans les dictionnaires anglais dès le xixe siècle, elle n'a jamais été aussi florissante qu'aujourd'hui... et sans doute bien moins que demain. Popularisée par Donald Trump en 2016, la fake news s'est depuis imposée comme un redoutable enjeu de société, et même un défi.

Initialement présentée en 2021 à Paris par la Fondation EDF, cette exposition, augmentée de nouvelles œuvres, oscille entre art, fiction et mensonge pour mieux aiguiser notre esprit critique.

Roubaix, jusqu'au 16.07, La Condition Publique (Gal. Coucke), mer & sam : 13h30-19h, jeu, ven & dim : 13h30-18h, tarif libre, laconditionpublique.com

Sur le fil

L'Avesnois partage une longue histoire avec la verrerie, mais aussi le textile. Réunissant les œuvres d'une vingtaine d'artistes, cette exposition entremêle justement ces deux cultures, entre illusion et finesse, jeux avec les lumières et les matières. Ici le verre se tisse et se coud. Il semble parfois flotter, léger comme un drap. En témoignent les surprenantes étoffes de verre signées Lucile Viaud et Aurélia Leblanc, sur un fil entre la science et l'art, le passé et l'avenir.

Sars-Poteries, jusqu'au 20.08, MusVerre mar > dim : 11h-18h, 6/4€ (gratuit -26 ans) musverre.fr

Valérie Belin

Cette artiste discrète compte parmi les photographes les plus inspirantes de notre époque, dont elle ne cesse de déconstruire les codes de représentation. Foisonnante, l'exposition réunit plus d'une centaine d'images, créées du milieu des années 1990 à nos jours. Entre mannequins statufiées, objets humanisés ou masques, ces grands formats plongent le visiteur en plein doute, et dessinent une "incertaine beauté du monde".

Tourcoing, jusqu'au 27.08, MUba Eugène Leroy tous les jours sauf mar : 13h-18h 5,50 > 3€ (gratuit -18 ans) muba-tourcoing.fr

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Bien conservés !
Val é rie Belin, s é rie Super Models , Ishtar, 2015, © Val é rie Belin
www.institut-photo.com Comal’ institut tout le mois de mai ! ÉMISSIONS EN DIRECT / DJ-SETS / RENCONTRES / PARTIES ! Tous les jours à partir du mois de mai / Les dimanches dès 15H 11 rue de Thionville, Lille s’installe à l’ institut pour la photo graphie

DENIS PODALYDÈS La Farce tranquille

C’est l’événement lyrique de cette fin de saison. L’opéra de Lille accueille en mai Falstaff, de Verdi. Créée en 1893 et inspirée des Joyeuses Commères de Windsor de Shakespeare, cette œuvre est tout simplement le dernier opéra du compositeur italien. Plus précisément un opéra-bouffe. L’argument ? Sir John Falstaff, dit "le ventru", doit régler ses dettes à l'auberge de la Jarretière où il mène une vie de pacha, sans en avoir les moyens. Pour trouver l’argent, il séduit deux bourgeoises en leur adressant la même lettre d'amour. Cellesci découvrent la supercherie et vont lui faire payer son audace… Ce chef-d’œuvre musical est ici dirigé par Antonello Allemandi, avec l’orchestre national de Lille. La mise en scène est signée Denis Podalydès, qui nous livre une vision singulière de cette figure aussi populaire qu’attachante, située quelque part entre l’ogre et le bouffon, soit pile à l’endroit du conte.

interview
©
St é phane Lavou é , coll. Com é die-Fran ç aise

Qu'est ce qui vous séduit dans cette œuvre ?

Ici l'ambivalence règne, ce n’est jamais uniquement comique ni tragique. Le sérieux s'infiltre dans la bouffonnerie et le grotesque traverse le drame. Quand j'ai relu le livret, je me suis aussi rendu compte de sa grâce. Falstaff est un personnage massif, énorme, rabelaisien mais aussi raffiné, cultivé et même poète, maniant une langue merveilleuse. Il y a aussi, évidemment, la musique de Verdi qui accompagne l'action comme dans un dessin animé, et puis la théâtralité des scènes. L'opéra commence comme une course de bobsleigh : dès le premier accord, on est propulsé dans l'action !

À quoi ressemble votre Falstaff ?

J’ai pensé à Orson Welles. D’abord parce que son Falstaff reste l’une des plus grandes adaptations de Shakespeare à l’écran. Surtout, je me suis souvenu des images du réalisateur arrivant à Paris. Il était démesuré, énorme, à la fois impressionnant et bouleversant. Cet homme vieillissant avançait tel un pachyderme épuisé. Il a mis du temps à s'asseoir, reprendre son souffle et, soudain, s'est mis à parler avec toute la beauté et la

drôlerie qu’on lui connaissait, passant d'une sensation extrêmement douloureuse à la légèreté. J'ai retenu cette ambivalence, et donc imaginé un Falstaff démesurément épais et sphérique, comme l'était Orson Welles. "Bigger than life", comme il disait.

C’est aussi un personnage très contemporain, n’est-ce pas ? Oui, toute société a son ogre, sa figure excessive, à la fois adulée puis sacrifiée, qu’on aime adorer puis détester. Il passe ainsi de la gloire à la déchéance. Orson Welles l’a vécu. C'était une sorte de génie de l'Amérique né avec un seul film, Citizen Kane, auquel on a reproché ensuite de ne pas reproduire le même chef-d'œuvre.

En France, on pourrait penser à Gérard Depardieu, lui aussi un vrai grand Falstaff, à la fois vénéré et fustigé. Il adopte des attitudes impossibles mais collant bien à sa stature. Ces gens ne sont pas audessus des lois mais il est difficile de les "cadrer". Rien n’est à leur mesure, comme s'ils étaient plus vivants que la vie. >>>

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théât re & d a n s e
« Le grotesque traverse le drame »

Qu'en est-il du décor ?

Dans l’œuvre originale, l’action se déroule au sein d’une auberge mais, assez rapidement, m'est venue l'idée de la transposer dans un hôpital, où Falstaff est un malade parmi les autres et les figures féminines des infirmières. C'est un

sonnel une relation particulière, et ce lieu devient un monde, une société. Je voyais bien des gens allongés sur des lits et une sorte de grande baleine échouée au milieu, mais que l'amour relève.

Pourquoi ce choix ?

vieil établissement, presque désaffecté, inspiré de photographies des années 1940 et 1950, quelquepart entre l'asile et le sanatorium, presqu’une prison. Ici les pensionnaires entretiennent avec le per-

Parce que cette vision d'Orson Welles énorme et malade m'avait beaucoup touché. Pour Falstaff, l’idée d'un vieil homme qui, malgré sa souffrance, s'adonne aux jeux amoureux, représentait pour moi une image à la fois drôle et touchante. Malgré la mort qui rôde, il y a beaucoup de vie et d’humour dans un hôpital. Dans le livret par

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« Les solistes d'opéra sont de très bons acteurs »
Répétitions Falstaff - Tassis Christoyannis et Gabrielle Philiponet © Simon Gosselin

exemple, Falstaff passe son temps à boire et à s’empiffrer. Eh bien, dans ma version, il demande que la boisson lui soit injectée directement dans sa perfusion ! Il se soigne à sa façon…

C’est un opéra-bouffe, le jeu des interprètes demeure important, n’est-ce pas ?

En effet, les solistes d'opéra sont

de très bons acteurs. On pense souvent que le jeu reste secondaire pour les chanteurs, mais pas du tout ! Auparavant, j’étais intimidé par la musique et j'avais tendance à les mythifier. Alors, j’intervenais très peu. Désormais, je leur parle comme à des acteurs. Avec le temps je me suis rendu compte qu'ils avaient les mêmes attentes.

Direction musicale : Antonello Allemandi // Mise en scène et scénographie : Denis Podalydès (Chanté en italien, surtitré en français)

Lille, 04 > 24.05, Opéra, lun > ven : 20h • dim : 16h, 72 > 5€, opera-lille.fr + Retransmission en direct sur grand écran Hauts-de-France, 16.05, divers lieux, 20h, gratuit

À lire / La version longue de cette interview sur lm-magazine.com

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Propos recueillis par Julien Damien Falstaff Répétitions Falstaff - Denis Podalydès © Simon Gosselin
François-Xavier
Roth © Holger Talinski

LE VAISSEAU FANTÔME

Remise à flot

Prêts à embarquer à bord du Vaisseau fantôme ? Dirigés par FrançoisXavier Roth, Les Siècles rejouent à Tourcoing l’opéra le plus populaire de Richard Wagner, tel qu'il fut entendu il y a près de 200 ans, avec des instruments d'époque.

Retour aux sources pour François-Xavier Roth. Le Vaisseau fantôme est en effet le premier opéra de Wagner qu’il dirigea avec Les Siècles, en 2015. Désormais directeur artistique de l’Atelier Lyrique de Tourcoing, le chef d'orchestre renoue avec un plaisir rare : celui de jouer cette partition avec des instruments d’époque, en l'occurrence datant des années 1850. Une belle façon de rendre grâce à cette œuvre. La facture de ces instruments est en effet très différente de celle d'aujourd'hui - notamment au niveau des vents et des cordes, en boyau. « Cela donne un élan et un souffle à cette musique, aux antipodes du Wagner lourd et pompeux qu'on a l’habitude d’entendre ».

Eaux profondes

Composé à Meudon au tout début des années 1840 par un Richard Wagner de 27 ans, Le Vaisseau fantôme est, comparativement aux monuments qui suivront, presqu'un opéra de poche. Peut-être le plus important, aussi. C’est en effet dans cette œuvre fondatrice que le génie allemand jeta les bases de sa conception du drame musical, et fit de l’orchestre un personnage à part entière. Ici mise en espace par Benjamin Lazar et soutenue, entre autres, par le prestigieux Chœur de l'Opéra de Cologne, l’histoire de ce maudit marin réunit tous les ingrédients d’un drame romantique à souhait. L’amour se mêle à la mort, la passion à la terreur et la pureté aux sentiments les plus sombres. Forte et violente, cette musique prend aux tripes et laisse l’auditeur sur le sable, épuisé par la tempête qui se déchaîne... Françoise Objois

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Tourcoing, 13.05, Théâtre municipal Raymond Devos, 17h, 30 > 6€, atelierlyriquedetourcoing.fr

FUTUR PROCHE

Regarde le monde flancher

La Terre se réchauffe, les ressources s’amenuisent, les pandémies ne relèvent plus de la science-fiction. Face à la réalité du dérèglement de notre planète, les artistes s’interrogent. Jan Martens ne fait pas exception. Futur proche, sa dernière création avec les danseurs de l’Opera Ballet Vlaanderen, aborde ce défi d'envergure, sur les notes étonnamment modernes d’un clavecin.

Dans un spectacle de danse, la musique est parfois relayée au second plan. Pas dans Futur proche, qui a enflammé l’été dernier la Cour d’honneur du Palais des papes, à Avignon. Jan Martens a placé l’instrument phare du répertoire baroque au centre du plateau, et confié à la claveciniste polonaise Goska Isphording la mission de donner un cadre, une ligne directrice et un tempo aux 17 interprètes – 15 adultes, deux ados. Ces derniers, en tenues bigarrées, vont d’ailleurs évoluer au fil de la pièce. Ils passent progressivement d’une gestuelle joyeuse faite de sauts, de pirouettes, de jetés et d’amples diagonales, à un vocabulaire plus ramassé et une quasi-immobilité. Comme pétrifiés par cet avenir sombre, qui est déjà un peu notre présent. Le chorégraphe flamand use d’images saisissantes : il projette les visages de ses danseurs, immenses, en fond de scène, ou les livre à un rituel baptismal. Pour laver nos péchés, rappeler que l’eau est un bien rare ? Martens laisse les interprétations ouvertes, mais revendique un final ambigu, « ni trop optimiste, ni trop pessimiste. Une possibilité de recommencement ». Marine Durand

Bruges, 10.05, Concertgebouw, 20h, 44 > 7€, concertgebouw.be

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© Pippa Semaya

Falstaff

OPÉRA

GIUSEPPE VERDI

DU 4 AU 24 MAI 2023

Antonello Allemandi direction musicale

Denis Podalydès mise en scène

opera-lille.fr

© François Denat 112

FABRICE ÉBOUÉ

Slow and Furious

Rien ne va plus pour Fabrice Éboué. À 46 ans, l'humoriste se sent complètement dépassé. Notre époque le laisse perplexe... Après avoir (littéralement) dézingué le véganisme dans son film Barbaque, le revoici sur scène pour un cinquième one-man-show intitulé Adieu hier. Toujours aussi corrosif, l'ancien pensionnaire du Jamel Comedy Club y règle ses comptes avec les réseaux sociaux, le militantisme exacerbé, la cancel culture... et plus largement la bêtise humaine. Alors, était-ce vraiment mieux avant ? Réponse...

Quel est le propos de votre spectacle, Adieu hier ?

Tout est dit dans le titre, je parle du temps qui passe. J’ai commencé ce métier à 20 ans, aujourd’hui j'en ai presque 46. Forcément, j’en ai vu des changements ! J'évoque aussi le fossé générationnel creusé par la révolution numérique. Il y a ceux qui ont grandi avec et les autres, comme moi, qui essaient de s’adapter. Aujourd'hui, je me sens donc plus proche d’un homme de 90 ans que d'un gamin de 16 ans !

Seriez-vous nostalgique ?

Il y a de ça, mais je ne suis pas en train de vous dire que c’était mieux avant ! Notre monde va simplement trop vite. Le jeunisme règne en maître et honnêtement ce n’est pas

toujours évident de suivre... Même les présidents sont de plus en plus jeunes ! Prenez Emmanuel Macron,

il est né la même année que moi, on était dans le même lycée, à La Providence à Amiens. A cette époque, jamais je ne me serais dit qu’un président aurait un jour mon âge.

Parmi les maux de notre époque, vous n'êtes pas tendre avec les réseaux sociaux...

Oui, pour moi l'ancêtre du réseau social, c’est le bistrot, un endroit où on donne son avis sur tout, à tort et à travers. Sauf que le bistrot, c’est un réseau social avec des couilles !

interview
théât re & d a n s e >>>
« Il y a des avertissements partout aujourd'hui »

On s’y dit les choses en face, dans le blanc des yeux, sans se cacher derrière un pseudo ou un clavier. On s’y emporte et, surtout, on conserve son humanité. Les réseaux sociaux ont aussi amené un effet de masse. Dans les troquets, un platiste rencontrait rarement un autre platiste. Aujourd'hui, une communauté peut se créer sur le net, jusqu'à former un groupe de pensée, une opinion, ce qui est plus dangereux...

Ne craignez-vous d'ailleurs pas les attaques de certaines communautés ?

C’est aussi l'un des travers des

réseaux sociaux : ce n’est pas parce qu’un groupe compte 5 000 personnes très actives qu’il faut en avoir peur. Cela reste minuscule à l’échelle nationale ou du monde. La preuve, les spectateurs viennent nombreux au théâtre en laissant les polémiques au vestiaire. Ces histoires sont bonnes pour la télé ou les réseaux, et c'est d'ailleurs pour ça qu’on m’y voit de moins en moins.

La jeune génération serait-elle aussi plus fragile que la vôtre ?

Je ne sais pas, mais elle évolue dans un environnement plus cadré que la mienne. J’ai un enfant de huit

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© François Denat

ans, je sais de quoi je parle. Il y a cette anecdote, où je compare nos manières respectives d’apprendre à rouler à vélo : moi sans casque ni coudières et lui surprotégé, comme dans du papier bulle ! Au-delà de ça, il y a des avertissements partout aujourd'hui, que ce soit sur les jouets

c’est aussi de parler de tout ça, mais avec une petite pointe de dérision. On ne vit pas dans un monde de Bisounours. Il faut savoir rire du plus tragique car, face au drame, il ne reste parfois que ça. Mais le vrai cynisme n’est pas là. Ce sont plutôt ces gens qui gagnent des milliards sur le dos des plus faibles, poussent la société de consommation à son extrême… Ça, c’est sordide.

ou les cartes des restaurants, jusqu'à aseptiser notre société. La prévention, c'est bien, mais il ne faut pas que cela devienne un diktat, entraîne une restriction des libertés.

Vous abordez également des sujets plus lourds, certains faits divers. N'avez-vous jamais peur de glisser vers le sordide ?

C'est vrai, j’évoque l’affaire Daval, la pédophilie au sein de l'Église mais, honnêtement, ce sont des actualités tellement rabâchées dans les médias. Tout le monde s’est largement servi, on a eu droit à des dizaines d’émissions. Mon travail,

Vous faisiez partie de la première promotion du Jamel Comedy Club. Quel souvenir gardez-vous de cette période ?

C’était une superbe expérience, une colonie de vacances. On bossait sans calcul, pour s’amuser. J’ai retrouvé cette énergie quand on a tourné Case départ avec Thomas Ngijol. Ca faisait déjà un petit moment que j'exerçais ce métier avant d'entrer au Jamel Comedy Club, mais cela m’a offert une énorme visibilité. Sans cette fenêtre, je ne sais pas si j’aurais la même carrière.

Adieu hier

Lille, 16.05, Théâtre Sébastopol, 20h30, 45 > 26€, theatre-sebastopol.fr

Saint-Quentin, 13.01.2024, Le Splendid, 20h, 45>35€, saint-quentin.fr

Bruxelles, 20.01.2024, Cirque Royal, 20h, 45 > 35€

Amiens, 16.02, Mégacité, 20h, 45 > 35€, megacite.fr

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Propos recueillis par Simon Prouvost
« Il faut savoir rire du plus tragique »

THOMAS VDB

Après avoir joué au "bon chien chien", Thomas VDB s’acclimate. Le fil rouge de son dernier spectacle est plutôt vert, le néo-rural cause dérèglement climatique avec une recette qui a fait ses preuves : de l’autodérision, un humour potache, parfois absurde, des anecdotes rocambolesques… « On va sauver le monde avec nos blagues », clame d’emblée cet écolo un peu perso qui veut « juste avoir moins chaud ». La planète est foutue, mais le rire est sauf. J.D.

Lens, 31.05, La Scène, 20h30, 14 > 5€, louvrelens.fr

MORGANE CADIGNAN

Révélée dans La Bande originale sur France Inter, où elle explique aux invités de Nagui pourquoi elle ne les aime pas, Morgane Cadignan s'affirme aussi en stand-uppeuse. Et se pose pas mal de questions : sur le célibat, la pression sociale, la dictature du bonheur ou cette manie qu'ont les gens à nous épater avec leurs voyages - « si à 30 ans t'as pas fait Erasmus, t'as raté ta vie ». Cette ex-pubarde passée par le Laugh Steady Crew pratique l'autodérision (teintée de mélancolie) pour mieux croquer les contradictions de ses contemporains. J.D.

Lille, 13.05, Le Splendid, 20h, 29€, le-splendid.com

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© Laura Gilli © St é phane Kerrad KB Studios Paris
En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels 70ANS  www.trg.be 02 512 04 07 J’ai envie de toi de Sébastien Castro Encore un instant de Fabrice Roger-Lacan Le Crime de l’Orient-Express d’Agatha Christie Fallait pas le dire de Salomé Lelouch Les Palmes de M. Schutz de Jean-Noël Fenwick La Vie trépidante de Brigitte Tornade de Camille Kohler

LES TOILES DANS LA VILLE

Numéros spéciaux

La biennale de cirque "made in" Prato reprend ses aises dans toute la métropole lilloise dans un format revisité. Pour cause, cette septième édition se déroule au printemps plutôt qu'à l'automne, et se concentre cette fois sur un mois au lieu de quatre. On se rassure, l'aventure est plus que jamais au coin de la rue…

Le festival est plus court donc, mais tout aussi généreux, avec une quarantaine de représentations. En l'occurrence celles de la compagnie Un Loup pour l'Homme qui illumine cette édition avec sa pratique tout en portés et ce qu'elle suggère de valeurs : confiance, solidarité... « Ici, on a besoin de l'autre pour avancer, c'est ça que j'aime dans le cirque », ajoute Célia Deliau, la nouvelle directrice du Prato. Cuir, par exemple, met en scène deux hommes attachés l’un à l’autre avec des harnais. La force de l’individu est alors décuplée par la complémentarité, permettant des acrobaties d’une légèreté inédite. Dans ce même esprit, Projet grand-mère invite des mamies lilloises à défier les loi de la gravité. Bien soutenues par un circassien, elles décollent littéralement du sol, dans une ode à la prise en charge... et de risque !

Sur le fil

Entre le « jonglage post-punk » de Wes Peden ou le Poulomaton de la compagnie des Plumés (oui oui, il s'agit bien d'un photomaton avec des poules) on se gondole aussi avec Tite Hugon. Tout à la fois clownesse, transformiste et funambule, cette artiste part en quête de sa féminité dans un one-womanshow de haute voltige. Au passage, elle dévoile ses secrets de fabrication lors d'un atelier. Et, qui sait, peut-être vous apprendra-t-elle à retirer votre culotte en équilibre sur un fil de fer ? C'est inutile, on vous l'accorde, mais c'est bien pour ça que c'est essentiel.

Julien Damien

Métropole lilloise & Hauts-de-France, 28.04 > 28.05, Le Prato, Gare Saint Sauveur & divers lieux 1 spectacle : 15€ > gratuit, leprato.fr

Sélection / 01.05 : Wes Peden - Rollercoaster // 02.05

Tite
03 & 04.05 : Un Loup pour l'Homme - Cuir // 06.05 : Un Loup pour l'Homme - Projet grand-mère 06, 08 & 09.05 : Tite - Mirabon & Dentelle // 13, 14, 16 & 17.05 : Les Enfants sérieux - Demain hier 21.05 : Jusqu'ici tout va bien - Mascotte, Sylvain Julien - Monsieur O…
:
- La Tête en confiote
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Rollercoaster © Fahimeh Hekmatandish

ENCANTADO Esprit collectif

Née en 1956, Lia Rodrigues a débuté une carrière de danseuse il y a plus de 30 ans auprès de Maguy Marin. Dans les années 1990, elle retourne au Brésil et installe en 2004 sa compagnie, à la favela de Maré – une des plus grandes de Rio. À Charleroi, la chorégraphe présente Encantado, et convoque des esprits protecteurs...

Opposante à la politique de Jair Bolsonaro, Lia Rodrigues a contribué à transformer l'un des territoires les plus pauvres du Brésil en un lieu de rencontre et de résistance. Pendant la crise sanitaire, le Centre d’art de Maré a distribué des paniers alimentaires et permis une vaccination gratuite. Mais pour la chorégraphe, la favela doit dépasser cette image de misère, comme en témoigne Encantado. Créée à Maré durant le confinement, cette pièce met en scène onze interprètes venus de tous horizons. Les "encatados" sont des esprits protecteurs proches de la nature. Un jeu d’étranges étoffes habille le plateau et les personnages. Ces couvertures aux couleurs bariolées et à motifs d’animaux sauvages sont utilisées l’hiver par les sans-abris. Grimaces, douleur… chaque danseur reste d'abord isolé, puis le ton devient plus libre et léger, renversant les rôles assignés. Corps et matières fusionnent. Les couvertures deviennent les parures de créatures surprenantes : jupes-robes, coiffes… La musique répétitive est portée par les chansons du peuple Mbya Guarani. Dans cette pièce-sortilège, un bout du monde est réinventé avec fantaisie. Ces esprits enchanteurs planeront longtemps au-dessus de nos têtes. Fatma Alilate

Charleroi, 13.05, Les Écuries, 20h, 15 > 5 €, charleroi-danse.be

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© Sammi L andweer

DOUBLE MURDER

OUT OF HOME COMMUNICATION

Urban Posting, Display Racks, Visitor Information, Cultural Spots, Hotels, Bars and Restaurants, Universities, Libraries, Bicycle parkings, Bus Stops, Indoor Posting (bars & restaurants), Banners on Street Lamps, Amusement Parks, ...

CESTCENTRAL.BE toute la saison ↓ 23+24.05 LE THÉÂTRE LA LOUVIÈRE c’estCentral
SAIS N 6
#CLOWNS #THE FIX HOFESH

DOUBLE MURDER

Incontournable observateur de notre temps, célébré sur les plateaux du monde entier pour sa danse expressive, Hofesh Shechter (associé au film En corps, de Cédric Klapisch) revient avec un programme en deux parties aux énergies opposées. Dans Clowns, partition sépulcrale pour une troupe chauffée à blanc, le chorégraphe israélien souligne notre passivité face à la violence. Inquiétants pantins propulsés dans un décor de cirque, ses danseurs et danseuses se lancent dans un ballet quasi tribal, commettant crime sur crime sans jamais stopper leur marche folle. Les pulsations sourdes composées par Shechter lui-même donnent le tempo de ce saisissant jeu de massacre. Mais à la brutalité de ce premier volet succède la douceur enveloppante de The Fix. Évoluant sur un rythme soudain apaisé, sept interprètes en tenue de ville proposent une danse de la réparation, et font surgir l’espoir. Les corps se frottent et s’entrelacent, les individus se placent au service du collectif, et quand un danseur tombe, il peut compter sur les autres pour le relever. La mort n’est pas loin, mais elle n'effraie plus. Un diptyque façon poison et antidote, qui ausculte la noirceur de nos âmes avant de réhabiliter le genre humain.

Marine Durand

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La Louvière, 23 & 24.05, Le Théâtre, 20h, 35 > 20€, cestcentral.be
Clowns © Todd Macdonald
À la vie à la mort
| Licences PLATESV-R-2021-003066 & PLATESV-R-2021-003067 SPECTACLE DANSE DÈS 1 AN + ATELIER PARENT-ENFANT baby pop CIE ZAPOÏ DENIS BONNETIER & STANKA PAVLOVA ME 21.06 10:00 Roubaix - Ballet du Nord
photo © Kalimba

MA COULEUR PRÉFÉRÉE

« Et toi, c’est quoi ta couleur préférée ? ». Telle est la question que se posent trois amis. Ces personnages survoltés nous entraînent dans un voyage à travers l'histoire de l'art, en quête de la teinte parfaite pour repeindre leur maison. Débute une odyssée esthétique, sensorielle voire philosophique, où par exemple le noir évoque Le Caravage et Soulages comme la peur de l'obscurité et celle de l'inconnu. Signée par David Bobée pour le jeune public, la pièce se déploie comme un livre pop-up sur lequel sont projetés des effets vidéo et un vaste spectre chromatique (bleu, vert, rose…), transformant chaque chapitre en tableau vivant. J.D.

Tourcoing, 16 & 17.05, L'Idéal, mar : 19h • mer : 18h, 9/6€, theatredunord.fr

4M 2 Quand la contrainte devient une force. Ainsi pourrait-on résumer cette pièce de Sylvain Groud, à la scénographie des plus originales. Ici, chacun des dix interprètes est confiné dans une boîte translucide de 4m2. Malgré la séparation, ils parviennent à créer du lien et à accorder leurs solos, sur une bande-son electro, tandis que les spectateurs circulent librement entre eux. Une œuvre immersive, se jouant des frontières intérieures et extérieures. J.D.

Wervicq-Sud, 20.05, Parc de la mairie, 16h, gratuit Gruson, 21.05, Salle des fêtes, 16h, gratuit balletdunord.fr

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© Fr é d é ric
© Arnaud Bertereau
Iovino
DU 30 MAI AU 3 JUIN 2023 30 MAI 31 MAI 1ER JUIN 2 ET 3 JUIN VIOLAINES CALONNE-RICOUART GONNEHEM LENS GRATUIT PLUS D’INFO : WWW.CULTURECOMMUNE.FR
Imaginaire
FESTIVAL itinérant DES ARTS DE LA RUE ET DE L’ESPACE PUBLIC Licences Catégorie 1 n° PLATESV-R-2021-004205, Catégorie 2 n° PLATESV-R-2021-004206, Catégorie 3 n° PLATESV-R-2021-004207 validité 08 mai 2026 Visuel © Elza Lacotte –L’Atelier du Zef Conception graphique #LACONSTELLATIONIMAGINAIRE
La Constellation
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Hier est un autre jour (S.Meyniac & JF. Cros / Daniel Hanssens)

Vous avez aimé Un jour sans fin avec Bill Murray ? Alors vous adorerez Hier est un autre jour. Pierre Maillard est avocat, et doit préparer un important procès. Problème : plusieurs parties de sa journée semblent se répéter, sans que personne autour de lui ne le remarque. Personne, sauf un étrange petit homme que lui seul peut voir... Cette comédie se distingue du théâtre de boulevard "classique" en s'aventurant vers le fantastique, et promet un moment extraordinaire, dans tous les sens du terme.

Bruxelles, jusqu'au 21.05, Théâtre royal des Galeries mar > sam : 20h15 • dim : 15h, 28 > 10€, trg.be

One Shot (Ousmane Sy)

Pionnier de la danse hip-hop, le chorégraphe Ousmane "Baba" Sy nous a quittés en décembre 2020, à l'âge de 45 ans, mais son œuvre demeure. Après Queen Blood, son crew, Paradox-Sal, continue à faire vibrer ce répertoire. Dans cette pièce, huit femmes se partagent la scène, affirmant chacune leur singularité. Entre solos, duos et grandes figures d’ensemble, elles confrontent les styles, entre danse house et afrobeat, portées par la musique de DJ Sam One.

Douai, 03 & 04.05

Hippodrome mer : 20h30 • jeu : 19h30, 22> 5 € tandem-arrasdouai.eu

Les Turbulentes (Le Boulon)

Le festival des arts de la rue du Boulon souffle ses 25 bougies. Entre théâtre, danse, cirque ou musique, le programme débute avec un spectacle monumental. Imaginé par la compagnie L'Homme debout, La cabane à Plume(s) met en scène une marionnette haute de sept mètres. Nous suivons les déambulations de cette "petite" fille, dont on comprend que la cabane est menacée de destruction, comme notre planète... La tête dans les étoiles donc, mais les pieds bien sur Terre.

Vieux-Condé, 05 > 07.05, Le Boulon et divers lieux en ville, ven : 17h • sam : 14h dim : 10h30 (les solos de la Ktha compagnie débutent à l'aube), gratuit, leboulon.fr

Vrai / Faux (rayez la mention inutile) (Thierry Collet / Cie Le Phalène)

Ce spectacle commence comme une conférence scientifique... avant de basculer dans le paranormal. Après avoir joué avec des illusions d'optique, la magicienne Lauren Legras sème le doute. Comment devine-t-elle les mots choisis par le public ? Ou, plus fort : comment parvient-elle à percer nos souvenirs et pensées les plus intimes ? Quelque part entre le mentalisme et la manipulation psychologique, cette expérience interroge sérieusement le processus de conditionnement de l'esprit.

Roubaix, 10.05, La Condition Publique, 14h & 18h, gratuit Allennes-les-Marais, 12.05, Salle Léo Lagrange, 20h, grat. Chéreng, 13.05, salle Jean Piat, 19h, gratuit Fournes-en-Weppes, 14.05, Salle Octave d'Hespel, 16h gratuit, larose.fr

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© Jean-Michel Jarillot

Penthésilé.e.s / Amazonomachie

(Marie Dilasser / Laëtitia Guédon)

Dans la mythologie grecque, Penthésilée est la reine des Amazones, ces guerrières libérées des hommes. Lors de la guerre de Troie, elle se bat contre Achille. Quand celui-ci la tue, leurs regards se croisent et il tombe amoureux d'elle, avant d'éclater en sanglots... Entre théâtre, danse, vidéo et chant, Laëtitia Guédon signe un spectacle polymorphe. Elle s'empare d'une histoire ancestrale pour écrire un manifeste à destination des générations futures, imaginant une réconciliation entre les genres.

Lille, 11 > 13.05, Théâtre du Nord, jeu : 19h • ven : 20h • sam : 18h 18 > 9€, theatredunord.fr

Henri VIII

(Camille Saint-Saëns

Alain Altinoglu & Olivier Py)

Opéra en quatre actes et six tableaux, Henri VIII n'est pas l'œuvre la plus connue de Camille SaintSaëns. Pourtant, elle n'est pas avare de contrastes musicaux, entre passion et scandale. L’œuvre raconte en effet le divorce entre Henry VIII et Catherine d’Aragon, à l’origine de la séparation entre l’Église d’Angleterre et Rome. Le roi finira par rompre avec la papauté pour créer l'anglicanisme ! De quoi un homme de pouvoir est-il capable pour servir ses intérêts ? Telle est la question...

Bruxelles, 11 > 27.05, La Monnaie, 19h (sf dim : 15h), 175 > 10€, lamonnaiedemunt.be

Filleuls

(Lucien Fradin)

Qu'il mette en scène sa grandmère rebouteuse ou son coming out, Lucien Fradin ausculte le monde par le prisme de l'autofiction. Il observe cette fois la famille, en particulier celle qu'on s'est choisie, en dressant le portrait de ses "filleuls". Il y a là Marcel, 4 ans, qui est le fils d’une amie, puis Kelvyn, 14 ans, rencontré via une association et enfin Alex, 21 ans, croisé parmi la communauté queer. Au milieu d'un décor "pop", le Lillois parle à hauteur d'enfant de transmission et surtout d'amour.

Lille, 13.05, Le Grand Bleu, 19h, 13 > 5€ legrandbleu.com

Première neige

(Guy de Maupassant & Christian Caro / Pier Porcheron)

Parue en 1883, Première neige est une nouvelle de Guy de Maupassant, et n'a franchement rien de réjouissant. Le texte raconte l'histoire d'une jeune femme atteinte de tuberculose, qui préfère mourir seule, loin de son mari qui ne l'a jamais aimée. Pourtant, Pier Porcheron et Marion Lubat parviennent à en tirer une "pièce radiophonique à regarder" et franchement hilarante. Entre théâtre d’objets, bruitages ou projections, ils donnent vie à un ballet survolté !

Béthune, 16 & 17.05, La Comédie (Studio-théâtre), mar : 10h & 14h30 • mer : 14h30 & 20h, 10 > 6€

comediedebethune.org

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© Pauline Le Goff

Cendrillon (Joël Pommerat)

Après Pinocchio et Le Petit chaperon rouge, Joël Pommerat dépoussière un autre classique. Présentée en 2011, cette relecture s’éloigne de Disney pour se rapprocher de l’apprêté du récit original, tout en le modernisant. Ici, l’héroïne n’est pas une princesse mais une petite fille. Pas de pantoufles de verre, mais un corset pour se tenir droite, tandis que ses demi-sœurs sont accros à leur portable. Surtout, notre héroïne est en proie à des thèmes adultes, comme le deuil… Un conte joliment défait.

Dunkerque, 24 > 26.05

Le Bateau Feu, mer & jeu : 19h • ven : 20h, 9€, lebateaufeu.com

Tous les marins sont des chanteurs

(François Morel, Gérard Mordillat & Antoine Sahler)

François Morel a plus d'une corde à son arc, et plus d'un tour dans son sac. L’ancien Deschiens revêt ici son costume favori : celui de chansonnier. Dans Tous les marins sont des chanteurs, il rend hommage au poète breton Yves-Marie Le Guilvinec, navigateur disparu en mer en 1900. Accompagné de son "crew" de musiciens et d’un conférencier plus ou moins avisé, le fabuliste réveille des récits d’amitié, d’amour, d’ivresse et de vents contraires. Ou comment prendre le large et de la hauteur.

Hazebrouck, 25.05, Centre André Malraux 20h, 35€, centreandremalraux.com

Car / Men

(Philippe Lafeuille / Cie Chicos Mambo)

Elle nous avait ensorcelés avec Tutu. La compagnie Chicos Mambo remet le couvert avec une version décapante de Carmen, l'opéra le plus joué au monde... mais rarement comme ça ! Sur scène un chanteur et huit danseurs se jouent avec fantaisie du masculin et du féminin, dans une ode à la liberté. Vêtus de tenues extravagantes (robes à pois, tutus...), ils mixent théâtre, danse, musique, clowneries et invitent le public à chanter à l’unisson, faisant de l'œuvre de Bizet une grande fête populaire.

Béthune, 26.05, Théâtre municipal, 20h 34 > 17€, theatre-bethune.fr

Les Forteresses (Gurshad Shaheman)

Marqué par son départ de l’Iran, Gurshad Shaheman développe un singulier récit : le sien, celui de l’exil. Figure du théâtre de l’intime, il donne cette fois la parole à trois femmes, soit sa mère et ses tantes, prises entre la révolution de 1979, l’islamisation de leur pays et la guerre contre l’Irak. Sur fond de musique électroacoustique et de conversations persanes, entre Lille, Francfort et Téhéran, ces trois monologues entremêlent la petite et la grande histoire. La nôtre, finalement.

Lille, 30.05 > 01.06, Théâtre du Nord, mar & mer : 20h • jeu : 19h, 18 > 9€, theatredunord.fr

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© Cici Olsson

Les Belles Sorties

⟶ Samedi 13 - 19 h

Chéreng

Vrai/Faux (rayez la mention inutile)

Proposé par la rose des vents

⟶ Dimanche 14 - 16 h

Hallennes-lez-Haubourdin

Fantaisies Musicales

Proposé par l’Orchestre National de Lille

⟶ Dimanche 14 - 16 h

Fournes-en-Weppes

Vrai/Faux (rayez la mention inutile)

MAI

⟶ Jeudi 11 - 20 h

Prémesques

Fantaisies Musicales

Proposé par l’Orchestre National de Lille

⟶ Vendredi 12 - 20 h

Annœullin

Fantaisies Musicales

Proposé par l’Orchestre National de Lille

⟶ Vendredi 12 - 20 h

Allennes-les-Marais

Vrai/Faux (rayez la mention inutile)

Proposé par la rose des vents

⟶ Vendredi 12 - 20 h 30

Le Maisnil

London - New York !

Proposé par l’Opéra de Lille

Proposé par la rose des vents

⟶ Lundi 15 - 20 h

Wambrechies

Fantaisies Musicales

Proposé par l’Orchestre National de Lille

⟶ Mercredi 17 - 20 h

Péronne-en-Mélantois

Fantaisies Musicales

Proposé par l’Orchestre National de Lille

⟶ Samedi 20 - 16 h

Wervicq-Sud

4M²

Proposé par le Ballet du Nord, CCN & Vous !

⟶ Dimanche 21 h - 16 h

Gruson 4M²

Proposé par le Ballet du Nord, CCN & Vous !

73 spectacles près de chez vous à moins de 5 € Avec la MEL, la culture est accessible à tous !
Retrouvez le programme complet

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Penthésilé.e.s / Amazonomachie

3min
pages 127-128

DOUBLE MURDER

3min
pages 122-126

LES TOILES DANS LA VILLE

2min
pages 118-121

FABRICE ÉBOUÉ

4min
pages 113-116

LE VAISSEAU FANTÔME

2min
pages 109-110

DENIS PODALYDÈS La Farce tranquille

3min
pages 104-108

FAUSSES NOUVELLES

1min
pages 101-103

ANIMALIA

5min
pages 96, 98-101

Isamu Noguchi Isamu Noguchi

1min
pages 93-95

ANGEL VERGARA

0
page 92

MEHDI-GEORGES LAHLOU & CANDICE BREITZ Corps à corps

1min
pages 89-90

INSTITUT POUR LA PHOTOGRAPHIE

1min
pages 83-86, 88

BIENNALE INTERNATIONALE D’ART MURAL Peinture fraîche

2min
pages 77-82

DISCO BOY

3min
pages 72-76

ARTJACKING !

5min
pages 64-71

MINUIT AVANT LA NUIT

4min
pages 61-63

LES PARADIS ARTIFICIELS French connection

2min
pages 58-60

ANDY SHAUF À fleur de pop

0
page 56

CORE FESTIVAL Relève assurée

2min
pages 54-55

ASCENDANT VIERGE

1min
pages 52-53

LAEL NEALE

1min
pages 50-51

DEPECHE MODE

1min
page 49

ROGER WATERS

1min
pages 46-48

ERLEND ØYE & LA COMITIVA Globe-trotteur

1min
pages 44-45

PAUL WELLER

1min
page 43

FATOUMATA DIAWARA Le sens du partage

5min
pages 37-42

BENJAMIN LACOMBE

3min
pages 24-36

BENG BENG THEORY

2min
pages 19-23

PHILIPPE LOMBARD

4min
pages 13-18

LA CONSTELLATION IMAGINAIRE

2min
pages 9-12

La Constellation Imaginaire #9

7min
pages 63-66

LES TOILES DANS LA VILLE Numéros spéciaux

3min
pages 60-62

FABRICE ÉBOUÉ

4min
pages 57-59

LE VAISSEAU FANTÔME

2min
pages 55-56

DENIS PODALYDÈS

3min
pages 53-54

FAUSSES NOUVELLES VRAIE(S) BATAILLE(S)

1min
pages 51-52

ANGEL VERGARA LaM LaM

7min
pages 47-51

Angel Vergara Dans l’instant

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page 46

MEHDI-GEORGES LAHLOU & CANDICE BREITZ

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pages 45-46

INSTITUT POUR LA PHOTOGRAPHIE

1min
pages 42-44

BIENNALE INTERNATIONALE

2min
pages 39-41

DISCO BOY

3min
pages 37-38

ARTJACKING !

5min
pages 33-36

CINÉ-CONCERT : NOSFERATU

5min
pages 31-32

ANDY SHAUF

3min
pages 29-31

CORE FESTIVAL

2min
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ASCENDANT VIERGE

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DEPECHE MODE

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QUOI DE NEUF ?

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ERLEND ØYE & LA COMITIVA

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PAUL WELLER

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FATOUMATA DIAWARA

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pages 19-21

BENJAMIN LACOMBE

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pages 13-18

BENG BENG THEORY

2min
pages 10-12

PHILIPPE LOMBARD

4min
pages 7-9
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