Paperjam décembre 2021

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Ristretto #Politique

« Pas que du négatif à la COP26 » Le député CSV Paul Galles faisait partie de la délégation luxembourgeoise qui s’est rendue à la COP26 à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre. Il partage un bilan en demi-teinte de la conférence.

Les résultats obtenus à la COP26 vous satisfont-ils ? Je ne crois pas qu’il n’y ait que du négatif, je dirais que le verre est à moitié plein. Il faut se rendre compte que, durant deux semaines, il y a presque 200 partenaires qui discutent au niveau politique, là où normalement on a des discussions de quelques heures pour fixer des traités. Il y a eu notamment de bons accords sur le méthane ou la déforestation. Sous la pression de l’Inde et de la Chine, notamment, le pacte de Glasgow a aussi été édulcoré à la dernière minute… Le texte amendé demande aux pays signa­taires de réduire l’utilisation du charbon, alors que la rédaction initiale leur demandait de la supprimer, à terme. 99 % des gens qui sont à la COP sont convaincus qu’il faut agir, mais on arrive quelquefois à des résultats décevants comme celui-là. Comment expliquer leur réaction ? On demande beaucoup aux pays en voie de développement, qui sont en train de devenir de nouveaux pays industrialisés. On leur demande de sauter l’étape par laquelle nous sommes passés pour nous industrialiser, mais il faut leur proposer des alternatives aux énergies fossiles, pour passer directement aux énergies renouvelables. Les pays occidentaux ont-ils leur part de ­respon­sabilité ? Doivent-ils investir plus pour les pays en voie de développement ? Oui, je pense que les pays développés et indus­tri­alisés doivent agir pour les aider. Il faudrait une ­stratégie globale au niveau des Nations unies pour financer cette transition. En marge des négociations pour la déclaration finale, un accord a été trouvé pour mettre fin, d’ici 2022, au financement à l’étranger de projets d’énergies fossiles. Pourquoi le Luxembourg ne l’a-t-il pas signé ? La ministre de l’Environnement Carole Dieschbourg (déi Gréng) nous a expliqué, à la Chambre des ­députés, après la COP26, que le pays s’était donné le temps de la réflexion, mais qu’il allait finalement signer cet accord, comme l’ont fait des pays ­partenaires, comme l’Allemagne. Le Luxembourg, l’Allemagne, le Danemark, le Portugal et l’Autriche ont publié une déclaration commune

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DÉCEMBRE 2021

­affirmant que l’énergie nucléaire n’est pas une solution dans la lutte contre la crise climatique et ne doit pas être incluse dans la taxonomie de l’UE comme étant durable. Le climat était-il tendu, sur ce point, à Glasgow ? Oui, c’était tendu. J’avais l’impression qu’au sein du ­gouvernement il n’y avait pas un consensus parce que le ministre des Finances, Pierre Gramegna (DP), avait, parallèlement à la signature de cette déclaration, dit que l’énergie nucléaire était du « vert foncé », dans le sens où elle n’émet pas de CO2, alors que la ministre de l’Environnement insistait sur le fait que c’est une énergie dont elle ne veut pas du tout. Quelle est votre position sur le nucléaire ? J’essaie d’être un peu plus nuancé parce que la transition énergétique sera un devoir immense dans les prochaines décennies et je ne suis pas sûr que l’on va l’atteindre uniquement grâce aux énergies renouvelables. Pour moi, le nucléaire n’émet certes pas de CO2, mais représente un très grand risque pour la sécurité, et il y a la question du ­stockage des déchets nucléaires. On pourrait utiliser à terme l’énergie nucléaire qui existe déjà et des réacteurs suffisamment sécurisés, et non pas des réacteurs âgés que l’on prolonge, comme Cattenom. On pourrait investir dans l’innovation et les nouvelles technologies de la fusion atomique, par exemple. Comment jugez-vous les ambitions du Luxembourg ? Il a fallu près de huit mois, depuis le vote de la loi climat, pour fixer les objectifs sec­toriels. C’est trop long. Au niveau social, ils ont renforcé des mesures existantes ou réalisé de petites mesures. Je crois que le gouvernement oublie la vraie importance du social. Beaucoup de gens dans le pays ressentent une pression morale et financière. Le modèle français du chèque énergie est intéressant parce qu’on donne d’abord l’argent aux bénéficiaires, qui ne peut être utilisé qu’à des fins précises. J’apprécie aussi la solution suisse de l’« argent climat » qui soutient la population de façon pertinente. Pour Paul Galles, la dimension sociale de la crise climatique ne doit pas être oubliée. Interview IOANNA SCHIMIZZI Photo ROMAIN GAMBA


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