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La Commission européenne propose, pour maintenir cet équilibre, de faire L’Ageing Working Group de la Commission passer l’âge légal de la retraite de 65 européenne prévoit que les dépenses à 72 ans. Cela vous paraît-il envisageable ? des pensions vont passer de 9,2 % du PIB Je suis plutôt sceptique. Il faut noter que l’âge en 2019 à 18 % en 2070 au Luxembourg. effectif de départ à la retraite a déjà augmenSoit la plus forte hausse au sein de l’Union té ces dernières années à une moyenne européenne. Cela vous inquiète-t-il ? de 61,3 ans. Mais il reste encore un fort potenUn tel rapport est toujours important. Mais tiel de réduction de la différence entre l’âge l’échéance est encore lointaine. L’Inspection légal et l’âge effectif. Par ailleurs, si je prends générale de la sécurité sociale (IGSS) fait éga- un salarié dans une entreprise de construction, lement des rapports, tous les 5 ans, sur une qui a un travail assez lourd, je ne vois pas période de 10 ans, qui reflètent bien la situa- comment il pourrait encore repousser son âge tion des pensions au niveau national. Or, de départ au-delà de 65 ans. Lors de la réforme le moment où le taux de 24 % concernant les de 2012, nous avons mis en place une formule dépenses serait dépassé n’arriverait pas en 2025, hybride, avec la possibilité, lorsqu’on est à la mais en 2027 ou 2028, ou peut-être même encore plus tard. Et l’épuisement des réserves est actuellement prévu en 2070. C’est tout de même une longue période. Or, nous avons bien vu par le passé, notamment lors de la pandémie, à quel point les recettes et les dépenses peuvent parfois vite varier. Donc je ne suis pas tellement inquiet. D’autant qu’au 31 décembre 2020, la réserve était presque de 24 milliards d’euros, ce qui ROMAIN SCHNEIDER représente 4,8 années de dépenses qui sont Ministre de la Sécurité sociale couvertes sans dépenser un euro de cotisations. C’est tout de même une situation agréable à gérer : si, avec le temps, nous voyons qu’il y a une diminution des recettes ou une augmentation encore plus poussée des dépenses, nous pouvons réagir à temps. Aucune réforme n’est donc prévue ? Au niveau du programme gouvernemental, une réforme des pensions n’est pas prévue. Mais le gouvernement doit bien sûr rester 78
DÉCEMBRE 2021
« Il reste un fort potentiel de réduction de la différence entre l’âge légal et l’âge effectif de départ à la retraite. »
Le 1er pilier est très généreux au Luxembourg. Cela doit-il être remis en question dans les prochaines années ? Il faut des pensions correctes vu le niveau de vie très élevé au Luxembourg. Et la majorité des pensions est à un niveau correct. Il faudrait cependant pouvoir réfléchir à augmenter les pensions de bas niveau. Certaines pensions s’élèvent parfois à plus de 9.000 euros. Est-ce le rôle de l’État de prendre en charge de tels montants ? Le système est basé sur la solidarité : ceux qui paient aujourd’hui des cotisations paient aussi les pensions de demain. Dans ce sens, il faut plafonner, ce que nous avons fait. Or ce plafond n’est pas exagéré, il est à un niveau correct par rapport aux salaires qui sont payés. Les 2e et 3e piliers, qui concernent les régimes complémentaires de pension, sont par ailleurs sous-développés. Ne s’agit-il pas d’un levier pour réduire les dépenses ? C’est sûrement un moyen. Nous avons fait une réforme de la pension complémentaire des entreprises il y a quelques années, en adaptant le montant déductible des impôts et en donnant des incitatifs pour le 3e pilier. Mais tout le monde n’a pas les moyens de cotiser pour une pension complémentaire en dehors de son salaire. Donc le 1er pilier doit être fort pour permettre à chaque citoyen de vivre dans les meilleures conditions. La trajectoire du portefeuille du Fonds de compensation (FDC), qui gère la réserve des pensions, se situerait entre 2 °C et 3 °C, selon le rapport d’investisseur responsable 2020 du FDC. Comment expliquez-vous cette contradiction avec la politique climatique du pays ? Le FDC a été créé pour gérer la réserve des pensions dans l’optique d’avoir un rendement effectif avec une diversification pour minimiser le risque. Il faut donc un équilibre entre cette diversification d’un côté et des investissements durables de l’autre. Mais il faut savoir que 1,6 % des investissements du FDC va vers le secteur des énergies fossiles, ce qui est minime. Je crois donc que le Fonds gère la réserve d’une manière très durable et très responsable. Interview PIERRE PAILLER
LSAP
attentif. Cela est d’ailleurs prévu dans la loi sur les pensions où nous avons fixé que, tous les 5 ans, l’IGSS doit présenter un rapport. Le prochain rapport sera d’ailleurs établi au premier trimestre 2022. Il sera discuté au sein du gouvernement et il lui reviendra de d écider s’il est nécessaire de mettre en place un groupe de travail technique sur les pensions, afin d’analyser quelles pourraient être les mesures à prendre pour garder l’équilibre pour les années à venir.
retraite, de continuer à travailler. Ce sont des modèles qui pourraient être exploités.
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Le système des pensions n’est pas dans une situation inquiétante, selon le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider (LSAP). Si aucune réforme n’est sur la table actuellement, le gouvernement dit vouloir rester attentif, tout en veillant à préserver les revenus des retraités au regard du niveau de vie « très élevé » au Luxembourg.
« Le premier pilier des pensions doit être fort »