Belgique–België PP 1300 Wavre 1 BC 0481 Bureau de dépôt 1300 Wavre
197 285 octobre 2018 décembre 2009 mensuel mubw.be
espace-vie La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon
Vers des nouveaux quartiers sans voitures ? Une nouvelle manière de vivre au quotidien
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ARCHITECTURE A Jaspers-Eyers s’invite A à Braine-l’Alleud
MOBILITé E La voiture S électrique partagée arrive en Brabant wallon
CULTURE BW BW CULTURE UnLprestigieux parrain pour « Le Livre tout Proche »
Synthèse entre l’utopie et l’éthique, la ville « utopéthique », se traduit selon Philippe Samyn par la ville verticale, ville
sommaire
édito
Une canopée urbaine du futur. Autour de la ville verticale, n’ont cessé de graviter des utopies. On songe notamment à la « Vertical City » de
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En deux mots
Ludwig Hilberseimer, qui a inspiré nombre de faiseurs de
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Dossier Vers des quartiers nouveaux sans voitures ?
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Interview « La ville verticale sera la ville du futur »
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Architecture Le geste de Jaspers-Eyers à Braine-l’Alleud
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Mobilité Un contournement attendu depuis 40 ans
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Mobilité Le parking intelligent pour fluidifier la mobilité
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Littérature Jean Van Hamme, parrain du Livre tout Proche
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Arts contemporains Des PASS light ou gourmand pour savourer Paris
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épinglé pour vous… L’agenda du mois
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Midi de l’urbanisme Papy boom et développement territorial en BW
ville de l’après Seconde Guerre mondiale. À l’époque, ces villes verticales étaient farouchement rivées à la voiture et à la séparation des fonctions et des communautés. Un siècle plus tard, la ville verticale a changé – de force ou de gré – de cap dans une terre résolument urbaine confrontée aux défis de l’essor démographique, des convulsions climatiques et de la transition énergétique. Cette ville verticale songée par Philippe Samyn ne peut avoir de sens que si elle est agencée par une macrostructure qui rassemblerait et relierait des villes polycentriques dans une perspective de pérennité. Si l’accent est mis sur l’échelle humaine, la connexion et la biodiversité, ne perdons pas de vue la nécessité d’une sociodiversité, à tous les étages de ces organismes urbains, pour éviter que les fragmentations sociospatiales déclinées dans l’horizontalité se doublent de discontinuités verticales. > Karima Haoudy
Espace-vie est la revue mensuelle de la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon - CCBW. Elle a pour objet de vous informer sur des sujets ayant trait à l’aménagement du territoire, à l’urbanisme et à la définition du cadre de vie. Le CCBW y ajoute quatre pages dédiées à l’actualité culturelle du Brabant wallon.
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Éditeur responsable : Olivier Roisin - Coordination : Xavier Attout, Karima Haoudy, Joëlle Rigaux (culture BW) - Rédaction : X. Attout , C. Dunski Équipe de la Maison de l’urbanisme : X. Attout, A. Chevalier, K. Haoudy, M. Schmetz - Président de la Maison de l’urbanisme : Mathieu Michel Maquette : www.doublepage.be - Mise en page : Béatrice Fellemans - Imprimeur : IPM Printing –Tirage : 7 200 exemplaires Adresse : 3, rue Belotte, 1490 Court-Saint-Étienne - Contact : 010 62 10 30 ou m.urbanisme@ccbw.be - www.mubw.be - www.ccbw.be Espace-vie est publié avec le soutien de la Wallonie et de la Province du Brabant wallon. Publication gratuite (dix numéros par an) pour les habitants du Brabant wallon, 10 €/an hors Brabant wallon (877-7092102-57). Ne peut être vendu. Toute reproduction partielle ou totale nécessite une autorisation préalable de l’éditeur responsable. Dessin : Marco Paulo. Photo de couverture : Site de Coronmeuse (Liège) : Artau, Altiplan, Syntaxe, Atelier du Sart Tilman
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LOGO IMPRIMEUR
en deux mots
Hommage à Jean Cosse en Brabant wallon Figure marquante de l’architecture belge, Jean Cosse (1931-2016) a profondément marqué le paysage du Brabant wallon par la singularité de son langage architectural et la diversité de son programme bâti. On y compte de nombreux témoignages : église Saint-François d’Assise, école fondamentale Martin V, nombreuses habitations, église-maison Saint-Paul de Waterloo, etc. Un hommage lui est rendu à travers un large panel d’activités qui s’ouvrira prochainement avec une exposition « Jean Cosse, le savoir de la main » accessible du 17 octobre jusqu’au 10 novembre, du mercredi au samedi de 13h à 17h (entrée libre) à la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme de l’UCL-LOCI à Saint-Gilles. Au programme également : une découverte de ses réalisations emblématiques à Louvain-la-Neuve, proposée par la Maison de l’urbanisme et les organisateurs de l’événement. Plus d’infos au prochain numéro d’Espace-vie.
Des trottinettes électriques partagées à Louvain-la-Neuve
« Il est raisonnable et économiquement viable d’organiser toutes les activités d’une nouvelle petite ville dans des structures verticales, reliées par des ponts. »
Après les voitures et les vélos, voici donc les trottinettes électriques partagées. La start-up Axio a lancé son projet dans le courant du mois de septembre. Une cinquantaine de trottinettes sont désormais mises à disposition du public dans les rues de Louvain-la-Neuve. Une idée d’un jeune étudiant de l’UCL, Justin Courtois. Elles sont accessibles en free-float sur le campus, via une application pour smartphone qui permet de les géolocaliser. Le principe est simple : vous prenez une trottinette (1 euro le déblocage et 0,15 euro par minute) et la laissez là où votre trajet se termine. Le client suivant géolocalise la trottinette et peut ensuite en profiter. Les engins sont équipés d’une puce GPS qui empêche le vol. Elles seront inaccessibles de 20h45 à 7h, le temps de les recharger. Infos : axiorides.com
Six communes pédestres récompensées Trente-huit communes wallonnes ont été labélisées « Communes pédestres » par la Région wallonne. Ce label récompense les communes pour leurs aménagements à l’attention des piétons. En Brabant wallon, les communes de Genappe, Lasne, Grez-Doiceau, Braine-le-Château, Walhain et Wavre ont été primées.
Un nouveau projet culturel à Waterloo La commune et la Chapelle musicale Reine élisabeth réfléchissent à la construction de nouveaux bâtiments qui pourraient abriter une salle de concert, l’académie de musique et la chorale de Waterloo. Le site choisi est une vaste zone de sept hectares située à Argenteuil, juste à côté de la Chapelle. Le terrain a été acheté par l’Intercommunale in BW pour éviter toute promotion immobilière.
@ Axio
@ Raymond Delcommune
Philippe Samyn, architecte.
10 Natagora Brabant wallon célèbre ses dix ans cette année. La régionale est présidée par Julien Taymans. Durant cette période, elle a organisé 226 gestions de réserves naturelles et 166 balades guidées.
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dossier
Un changement de paradigme pour tenter d'améliorer la qualité de vie
Un quartier sans voitures, est-ce vraiment possible ? La chasse à la voiture est lancée dans les nouveaux quartiers wallons. Une diminution de la pression automobile pour améliorer sécurité et qualité de vie. Si la voiture ne semble pouvoir être bannie, la voie d’aménagements la confinant dans des parkings souterrains semble la plus appropriée.
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n site de 10 hectares situé en borce fonctionnaire wallon, spécialisé dans dure de la gare d’Ottignies-Louvainles questions de mobilité. La densificala-Neuve. Près de 900 logements prévus tion aux abords des gares est capitale. d’ici une demi-douzaine d’années par le Tout comme le fait de proposer une mopromoteur BPI. Le tout au cœur d’une bilité alternative aux habitants. » commune où le vélo occupe une place Les freins à cette démarche ne sont pas centrale. Autant d’éléments qui incitent toujours ceux que l’on croit. Des promocertains fonctionnaires de la Région teurs sont relativement favorables à ce wallonne à faire de ce quartier un labotype d’initiative, imaginant développer ratoire de la mobilité de demain. Si le des formules de mobilité alternative. promoteur souhaiterait comptabiliser Les (futurs) habitants restent par contre une voiture par logement, ce qui est déjà encore sceptiques sur le fait de franchir une proportion très faible en Brabant le pas. L’idée de concentrer les voitures wallon où la multiplication des acti« Développer ce type de projet vités (culturelles, est plus aisé à Bruxelles qu’en scolaires, commerWallonie, vu l’offre en transports en ciales, récréatives) commun et de mobilité alternative, dans un périmètre relativement large essentiels pour la réussite. » permet rarement de se déplacer uniquement par le biais d’une mobilité à l’extérieur du site serait une piste douce et où, surtout, la moyenne habitransitoire, mais qui ne fait que reporter tuelle est de 2,5 véhicules par logement, quelque peu le problème. certains cadres de la Région wallonne Des exemples à l’étranger seraient de leur côté tentés de pousser Cette démarche s’inscrit en tout cas le curseur un peu plus loin et d’en faire dans un débat qui est dans l’air du temps. un laboratoire de la mobilité au sud du La diminution de la pression automobile pays, en ne permettant aucune voiture dans les quartiers est envisagée par de sur le site. Un quartier piéton, sorte de multiples pistes. Comme celles d'augLouvain-la-Neuve sans la dalle. menter les offres alternatives et d’offrir L’idée fait en tout cas son chemin. Elle un autre cadre de vie, ce qui permettrait se heurte toutefois pour le moment au de changer les habitudes. Des exemples Guide communal d’urbanisme, qui exige existent à l’étranger. Le plus connu étant au minimum une place de stationnecelui du GWL-Terrein, situé à trois kiloment par logement. « Si ce souhait ne mètres d’Amsterdam. Un quartier sans se concrétise pas à Ottignies, où toutes voitures qui émane d’une demande des les conditions sont réunies, ce serait habitants. Il compte aujourd’hui près de regrettable mais nous tenterons alors 600 logements, pour des habitants soud'appliquer le principe ailleurs, confie espace-vie octobre 2018 n° 285 l
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cieux de vivre sans voiture, au calme, sans pollution et dans un habitat écologique. En Suisse, le quartier Burgunder, situé à Blümpliz près de Berne, est un lotissement sans voitures qui s’est mis en place en 2011 (80 appartements). à Bienne, toujours en Suisse, un autre quartier est en cours de construction.
Des projets où il a fallu négocier avec les autorités pour ne pas aménager de parkings souterrains, comme l’exige le plus souvent les règlements d’urbanisme. à Luxembourg, à Limpertsberg, un nouveau quartier (9 maisons et 42 appartements passifs sans garage) est en cours de construction. Il se veut verdoyant et écologique. Condition pour pouvoir acheter un appartement : ne pas posséder de voiture et ne pas circuler sur le site. Les habitants disposent toutefois d’un réseau de transports en commun assez dense sur le site, d’une station de carsharing et de pistes cyclables.
Les Quartiers Nouveaux en première ligne En Belgique, les exemples sont encore peu nombreux, à l’exception de Louvain-la-Neuve. L'idée principale semble avant tout de tendre vers une réduction du nombre de places de stationnement par logement. Dans certaines villes, comme à Wavre par exemple, il y a notamment l’obligation d’aménager deux parkings par logement. à contrario, à la résidence Albert Elisabeth, à Mons, on compte dix-sept places pour vingt logements. Même topo à la Résidence Magnolia, à Mons. « Proposer
moins de places de stationnement que de logements est déjà un grand pas en avant aujourd’hui mais il faut aller un cran plus loin, fait remarquer cet expert en mobilité. Les habitants sont le plus souvent réticents. Développer ce type de projet est bien évidemment plus aisé à Bruxelles qu’en Wallonie, vu l’offre en transports en commun et autres (Villo, Cambio, etc.) » Les quatorze « Quartiers Nouveaux » qui sont en cours de réflexion actuellement en Wallonie intègrent pour la plupart ces notions. L’idée développée le plus souvent étant de multiplier les parkings souterrains (tout en diminuant le nombre de places vu les offres alternatives de transport) sous les immeubles ,de manière à rendre l’espace public aux modes de transport doux. Une tendance que l’on voit sur le site les Hiércheuses à Charleroi, à Coronmeuse à Liège, à Esprit Courbevoie à Louvain-la-Neuve ou encore dans le futur projet à Gembloux. Un changement de paradigme qui prendra encore du temps mais qui permettra, à terme, de ne plus devoir supporter les effets négatifs de l’automobile, tels que la vitesse, le bruit, la pollution ou l'artificialisation des terres. > Xavier Attout
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Le projet Coronmeuse développé à Liège est un vaste réaménagement d'une friche en un nouveau quartier en partie piétonnier. La circulation est limitée, des parkings souterrains étant aménagés en dessous des immeubles. © Artau, Altiplan, Syntaxe Architectes, Atelier du Sart Tilman.
interview
« Trouver des formules intermédiaires »
Joël Meersseman est l’un des trois fondateurs de Syntaxe (Ittre), un bureau d’architectes qui a dessiné trois « Quartiers Nouveaux ».
> Est-il réaliste aujourd’hui d’envisager en Wallonie l’aménagement de nouveaux quartiers sans voiture ? Il n’y a, en tout cas, pas un projet d’envergure auquel nous sommes associés où nous ne devons pas intégrer des demandes des autorités ou des riverains pour faire la chasse à l’habituel principe de 2,5 voitures par logement. Il s’agit d’une nouvelle tendance de fond. Les habitants de ces nouveaux quartiers souhaitent un cadre de vie plus agréable et plus convivial. > La voiture peut-elle être totalement bannie ? Cela dépend des cas. Pour notre projet de Coronmeuse (Liège), la présence de la voiture est fortement réduite en voirie. Les véhicules peuvent par exemple pénétrer sur le site uniquement pour déposer leurs courses. Et à une vitesse réduite. Des parkings en sous-sol sont alors aménagés. La prédominance est donnée aux espaces publics. > Quelles autres pistes pouvonsnous envisager ? Plusieurs stratégies existent. Je ne crois en tout cas pas en celle qui consiste à aménager un quartier piéton et à reporter les voitures à l’extérieur du site. Cela ne fait que déplacer le problème. Et je ne pense pas qu’un quartier en Wallonie sera aménagé sans aucune place de stationnement. Ce n’est pas cette voie qui sera empruntée. Pour un promoteur, même s’il est ouvert aux alternatives, il est compliqué de vendre un logement où la voiture est totalement bannie. Il faut donc trouver des voies intermédiaires, avec du parking souterrain et moins de places. Ce serait déjà une belle avancée. > Comment cela peut-il se mettre en place ? Tous ces projets ne peuvent pas s’implanter n’importe où. Il est nécessaire d’avoir de nombreuses dessertes de transports en commun, de même que des voitures partagées ou autres solutions de mobilité alternative. Mais, avant tout, il faut développer de nouvelles philosophies de vie.
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> Propos recueillis par X. A. espace-vieoctobre juillet 2018 2010 n° 203 espace-vie 285 l
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mobilité
Les premières voitures partagées électriques arrivent en Brabant wallon
Zen Car va étendre sa toile en Brabant wallon Les premières stations seront installées dans les prochains jours à Brainel’Alleud et à Waterloo. D’autres communes sont visées par la suite. Uniquement présente à Bruxelles, Zen Car promeut une autre mobilité. À la fois électrique et partagée. Près de 4 000 utilisateurs ont déjà été séduits.
© Zen Car
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La Hulpe et Rixensart dans le viseur « Nous nous implantons à Waterloo car il y avait une vraie volonté de la commune de Waterloo d’y proposer des alternatives de mobilité », poursuit Cédric Van Houtte. Trois stations de deux places y sont prévues dans un premier temps : à la gare, dans le centre et à Joli-Bois. Cinq autres seront implantées d’ici peu dans le quartier Bella Vita. Elles répondent à une réelle demande. « Il est vrai que ces nouveaux quartiers, qui offrent une réelle densité, sont des lieux qui semblent idéaux pour implanter ce type de véhicule, concède Cédric Van Houtte. Ils peuvent remplacer la seconde voiture de la famille ou permettre de développer une autre mobilité. Il faut juste une volonté politique et des espaces pour nous accueillir. L’objectif est d’étendre notre réseau d’ici peu en Brabant wallon. Nivelles est demandeuse. La Hulpe et Rixensart font partie des prochaines étapes. »
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> X. A. espace-vie octobre 2018 n° 285 l
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lles ne sillonnent actuellement que les routes bruxelloises. D’ici quelques jours, vous les croiserez également dans les rues de Braine-l’Alleud et de Waterloo. Une dizaine de voitures Zen Car vont faire leur entrée en Brabant wallon. De nombreuses autres sont attendues dans les prochains mois. Notamment dans les communes de Nivelles, La Hulpe et Rixensart. Leurs particularités ? Des voitures électriques et partagées. Une combinaison inédite jusqu’à présent sur le marché. Des acteurs tels que Cambio, Zipcar, Drivenow développent également ce concept de carsharing. Mais aucun n’a franchi le cap de l’électrique.
Partir pour rouler au moins 350 km Zen Car n’est pas un nouvel acteur. Il est apparu en 2011 dans la capitale. Mais une communication hésitante ne lui a pas permis de percer comme souhaité. L’équipe de cinq personnes désire maintenant donner un coup d’accélérateur à la société. Une cinquantaine de stations sont recensées à Bruxelles. Soit 86 voitures et environ 4 000 utilisateurs annuels. « Les abonnés réservent leur véhicule via notre application explique Thierry Deflandre, président de Zen Car. Pour une demi-journée, une journée ou davantage. Ils ne sont pas obligés de le ramener à la station de départ. Le freefloating n’est pas possible en électrique (ndlr : l’idée est de déposer son véhicule n’importe où, l’utilisateur suivant le géolocalise et se rend sur les lieux). Nous sommes en plein développement. » Il faut dire que quelques fausses informations ont longtemps circulé sur les
voitures électriques. Il n’est par exemple pas utile de recharger son véhicule plusieurs fois par jour. L’autonomie actuelle est, en moyenne, de 350 km. Et ce, alors que la distance moyenne parcourue par semaine est de 300 km. Ce qui peut être largement digéré donc.
Une mobilité sans émission de CO2 et sans bruit « Zen Car est un projet sociétal avant tout, qui promeut une mobilité sans aucune émission de CO2 et sans bruit, lance Cédric Van Houtte, consultant chez Zen Car. Il répond aux problèmes de pollution, d’embouteillage et de places de parking puisque vous trouvez directement votre place à la borne rechargeable. La nouvelle génération est davantage attachée à l’utilisation qu’à la possession. Nous sommes donc très confiants quant au développement de ce concept de voitures partagées. Le côté électrique est un autre argument évident. » Zen Car concentre l’essentiel de ses stations dans les communes du centre et du sud Bruxelles. L’extension de son réseau n’est possible qu’en étendant cette toile, les stations ne pouvant être éloignées vu qu’elles sont interdépendantes. Waterloo et Braine-l’Alleud sont donc la porte d’entrée obligatoire avant d’aller plus loin en Brabant wallon. > Xavier Attout
« La ville verticale sera la ville du futur »
interview
Philippe Samyn prône une meilleure utilisation des espaces urbains
Philippe Samyn est ingénieur civil des constructions, architecte, urbaniste et docteur en sciences
L’avenir est aux villes. Partout dans le monde. Pour garder une certaine qualité de vie, certains prônent une accélération du développement de villes verticales, avec des immeubles qui interagissent et permettent une circulation en hauteur. Une vision futuriste qui sera aussi durable.
appliquées. Il anime également le bureau d’architectes et d’ingénieurs Samyn and Partners.
> La ville verticale sera-t-elle la ville du futur ? > Cela semble très futuriste. Est-ce réaliste et est-ce que cela Indéniablement. L’accroissement de la population mondiale et sa existe déjà quelque part ? concentration dans les villes conduit à une occupation excessive Une nouvelle architecture de tours reste à concevoir avec des rues du sol par les constructions. Pour en libérer le sol, il est nécessaire verticales éclairées et ventilées naturellement, offrant des persde construire en hauteur. pectives et ponctuées par des placettes aériennes. Il est raison> Pourquoi y a-t-il une telle réticence à construire en hauteur ? nable et économiquement viable d’organiser toutes les activités L’architecture et l’urbanisme en hauteur de la seconde moitié du d’une nouvelle petite ville dans des structures verticales, reliées siècle passé étaient associés à un sentiment d’isolement social. par des ponts, pour affecter le sol ainsi libéré aux loisirs de plein air, La circulation verticale n’était pas favorisée. Il faut se souvenir des à l’agriculture et à la biodiversité. Ces petites villes assemblées en cabines d’ascenseur claustrophobiques qui n’étaient pas un mograppes forment ensuite les grandes villes polycentriques. dèle de convivialité. Les inquiétudes liées à la sécurité technique > Quels sont les manquements des quartiers verticaux qui se dédes bâtiments (ouragan, incendie), qui ont été vives pendant longveloppent aujourd’hui ? temps, se sont heureuIl y a avant tout un sement envolées. manque de vision pros> Pourquoi changer de pective. Cela résulte « Les progrès techniques perparadigme aujourd’hui ? de l’addition aléatoire mettent d’envisager de très Les réseaux horizontaux d’initiatives isolées qui de la ville monocenhautes constructions, au même ne sont coordonnées trique, qui sont d’autant que par un ensemble de cout global que nos construcplus étendus que la règlements administrations actuelles. » densité de population tifs et techniques. est faible, ne sont plus > La ville verticale sepayables par les poura-t-elle durable ? voirs publics, qu’il s’agisse des couts d’investissement, de foncIl le faut. Le XXe siècle était celui du pétrole, le XXIe siècle celui de la raréfaction des terres. Cette réflexion doit être globale. Vationnement ou d’entretien. Les réseaux tant verticaux qu’horizont-on continuer à utiliser du béton plutôt que du bois à bruler ? Il taux sont donc à repenser de manière spatiale. Ils sont aujourd’hui faut construire en hauteur mais avec des matériaux durables. Cela beaucoup plus complexes que ceux imaginés par les architectes se fait dans de nombreux pays mais pas encore suffisamment en et les urbanistes de la première moitié du XXe siècle, et la question de leur conception et de leur gestion doit être au centre de Belgique. Les immeubles qui se vendent actuellement ne sont pas notre réflexion. La reconcentration des villes permet la restauranécessairement bons pour la planète. Construire en hauteur est par tion du continuum de la nature à condition de prévoir suffisamment exemple une démarche encore trop timide à Bruxelles. Or, à l’avenir, « d’écoducs » au-dessus des voies qui les relient. nous devons aller en ce sens sur le plan environnemental, de ma> Les techniques pour aller vers la ville verticale sont-elles au point ? nière à aménager des espaces verts sur les zones non construites. Il Les progrès techniques et scientifiques de ces dernières années faudra de plus aller vers des immeubles autonomes en énergie. > Propos recueillis par Xavier Attout permettent en effet, dès à présent, d’envisager chez nous de très hautes constructions, au même cout global que nos constructions (1) La ville verticale, Académie royale de Belgique, 2014. actuelles, pour autant qu’elles soient regroupées de manière ordon(2) Un urbanisme vertical « utopéthique », Les Échos du Logement, née, reliées entre elles par des réseaux portés par des ponts à 40 ou mars 2017, n° 119. 50 mètres au-dessus du sol, pour former des petites villes verticales. espace-vie octobre 2018 n° 285 l
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architecture
Un projet qui est la première étape d’un vaste réaménagement du centre-ville
Le geste architectural de Jaspers-Eyers à Braine-l’Alleud Le site de l’ancien lycée de Braine-l’Alleud, situé en plein centre, a été complètement redessiné en un projet mixte (logements et commerces) avec une architecture particulièrement singulière. Une ambition qui tranche avec la pauvreté ambiante en la matière en Brabant wallon.
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n large jeu de terrasses et d’ouvertures. Des façades courbes aux étages supérieurs. Des percées qui permettent une circulation à travers les bâtiments au public non résident. Et un intérieur d’ilot qui n’est pas refermé sur lui-même. Le projet dessiné par Jaspers-Eyers Architects, l’un des plus importants bureaux d’architecture belges, dans le centre de Braine-l’Alleud, tranche radicalement avec les projets résidentiels que l’on a l’habitude de voir en Brabant wallon. S’il sort de terre, Bellecour – nom du projet – devrait agir comme un signal pour le centre de Braine-l’Alleud, cet ensemble étant situé en plein centre-ville, au cœur d’un ilot de plus d'un hectare délimité par les rue Jules Hans, du Serment, Sainte-Anne et de la place de la Cure. On y retrouve au total quatre immeubles, qui comprennent 93 appartements (11 000 m2 brut hors sol de logement), neuf unités de commerces (3 000 m2) et un parking souterrain de 250 places. Les hauteurs des immeubles s’inscrivent dans le bâti existant, avec des rez + 2 + toiture face à la rue Jules Hans et des rez + 3 + toiture face à la place de la Cure, dont l’horizon sera entièrement dégagé à l’avenir.
Dans la lignée de la charrette urbanistique
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Le dossier est mené par Buildingnest, une association momentanée entre les deux promoteurs immobiliers Belfius Immo et Unibra Real Estate. Ce n’est pas la première fois que ce dernier souespace-vie octobre 2018 n° 285 l
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haite déployer un geste architectural particulièrement marquant dans un de ses projets. Il suffit de se souvenir (ou de faire une recherche sur internet) des images qui ont circulé sur leur projet résidentiel et commercial situé à l’entrée d’Auderghem. Le fait d’avoir fait appel à l’architecte japonais mondialement connu, Fujimoto, en a surpris plus d’un. « Il est vrai qu’Unibra Real Estate a la chance de faire partie d’un grand groupe, ce qui lui permet de mettre en avant la qualité des projets qu’il développe, précise David Syenave, responsable du pôle immobilier et du développement chez Unibra. Nous avons vraiment cette volonté de proposer une architecture innovante et de sortir des sentiers battus. » Les bâtiments de cet ancien lycée ont été rasés l’an dernier pour éviter que la zone ne crée de l’insécurité. Le site ressemble aujourd’hui à un grand terrain vague. Le projet s’est quant à lui inscrit dans la charrette urbanistique – sorte de forum citoyen et urbanistique sur une zone donnée – qui a été organisée en décembre dernier pour imaginer les besoins du centre brainois. Le dossier a fait l’objet de plusieurs présentations auprès des riverains et du grand public. Il a été accueilli favorablement. Les services du fonctionnaire délégué ont également été agréablement étonnés par cette manière de redessiner un intérieur d’ilot. « Les architectes ont eu cette volonté de ne pas créer un intérieur d’ilot classique avec des immeubles à front de rue et un jardin
au milieu, précise David Syenave. L’idée est de favoriser la circulation et de permettre à tout le monde de traverser ces petites cours, qui doivent rappeler en quelque sorte l’ancien lycée. »
La future Grand-Place sera la seconde étape Sur le plan administratif, la demande de permis est en cours. L’enquête publique est clôturée. Le Collège doit rendre un avis dans les prochains jours. Si les feux sont au vert, le chantier devrait être terminé fin 2020. Précisons que si la politique urbanistique brainoise exigeait jusqu’à présent la construction d’appartements de 120 m2 net minimum, il y a dorénavant une certaine flexibilité dans les calculs. Il est désormais accepté de proposer des appartements de tailles différentes (de 60 à 140 m2), du moment qu’en divisant la superficie totale par le nombre de logements, on arrive à une moyenne de 120 m2 brut. Enfin, ajoutons que ce dossier est la première étape d’un vaste projet de redynamisation du centre de Braine-l’Alleud initié par la commune. Sur la place de la Cure, il est prévu de transformer le parking à ciel ouvert en une Grand-Place piétonne. Un parking souterrain de deux étages serait aménagé en dessous de la place. Ces travaux devraient débuter une fois que le projet immobilier est bouclé, histoire de pouvoir profiter des places publiques de parking prévues dans le projet. > Xavier Attout
©Jaspers-Eyers Architects espace-vie octobre 2018 n° 285 l
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aménagement du territoire
Jodoigne va interdire les commerces le long de son contournement
Un contournement attendu depuis 40 ans Imaginé en 1979, le contournement du centre-ville de Jodoigne sera prochainement concrétisé. Les premiers coups de pelle viennent d’être donnés. Un pas en avant en faveur de la mobilité de l’est du Brabant wallon pour fluidifier le trafic de transit.
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es contournements sont en quelque sorte les monstres du Loch Ness de la mobilité. On en parle beaucoup mais on voit rarement des pelleteuses en action pour concrétiser les intentions. Soit parce que les budgets ne sont pas réunis, soit parce que les autorisations urbanistiques ne sont pas obtenues ou encore parce que les besoins économiques s’opposent à la préservation environnementale. Les exemples existent à la pelle en Brabant wallon. Les principaux étant situés à Wavre et Tubize. À Jodoigne, la longue page des balbutiements est tournée. Imaginé en 1979, souhaité ardemment depuis les années 1990, le contournement est en passe de se concrétiser en 2018. Grâce notamment à un terrain d’entente trouvé avec Natagora Brabant wallon, qui s’est battue pour préserver des zones humides. Le premier coup de pelle a été lancé miseptembre. Les premiers automobilistes
devraient pouvoir emprunter cette voirie de deux fois une bande en septembre 2019. Il ne s’agira toutefois que d'une première phase de 2,25 km, alors que le contournement s’étendra au total sur une demi-douzaine de kilomètres. Le calendrier de la suite des opérations n’est pas encore connu.
Désenclaver l’est du Brabant wallon « On parlait déjà de ce contournement dans les années soixante, tandis qu’il est inscrit au plan de secteur de WavreJodoigne-Perwez en 1979, se souvient Jean-Paul Wahl, bourgmestre en titre. Ce contournement permettra, à terme, de désengorger le carrefour du Cheval Blanc, où passent 20 000 véhicules et 2 000 camions par jour. Nous étions confrontés à un trafic de transit de camions qui, pour éviter le carrefour Léonard, prenaient la sortie nº11 sur la E411 pour rejoindre l’au-
toroute E40. Ils poursuivront dorénavant leur route via le contournement jusqu’à l’autoroute à Hélécine. » La première phase reliera la chaussée de Wavre à la chaussée de Charleroi, ce qui permettra de rejoindre plus aisément les deux petits zonings. Une piste cyclable est prévue. Il ne s’agira pas d’une simple route à vocation locale. À terme, l’idée est de pouvoir mieux gérer les automobilistes qui utilisent notamment la RN 29 pour relier les autoroutes E40 et E411 et qui veulent éviter le ring de Bruxelles, surchargé. « Il s’agit de désenclaver les communes de l’Est du Brabant wallon vers le centre de celui-ci, explique-t-on à la commune de Jodoigne. Cela permet également de mieux gérer le développement commercial du centre-ville de Jodoigne, d’assurer la sécurité d’une ville scolaire et de permettre à plusieurs villages de retrouver une plus grande quiétude. » > Xavier Attout
Financé en partie par les charges d'urbanisme
> X. A.
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© Luyckx
Pour éviter un étalement commercial et une désertification du centre, la commune envisage d’interdire les implantations commerciales le long de cette voirie. Une manière de renforcer le tissu commercial local. Pour le reste, le budget de cette première phase est fixé à 7 millions d’euros, dont 5 millions sont financés par la Wallonie, le solde par le développeur immobilier Matexi (comme charges d’urbanisme pour un lotissement voisin) et l’Agence de promotion immobilière du Brabant wallon. Le chantier sera mené par l’intercommunale in BW. Ce contournement doit également permettre d’anticiper la hausse attendue du trafic. Aujourd’hui, les experts estiment que 30 000 véhicules quittent l’est du Brabant wallon pour rejoindre les zones d’activités économiques du centre de la province. Vu la hausse attendue de la population dans les prochaines années, surtout dans l’est du Brabant wallon, une adaptation des infrastructures devenait inévitable.
mobilité
Waterloo se lance dans une gestion plus dynamique de ses parkings
Le parking intelligent pour fluidifier la mobilité Si les débuts de la Smart city sont encore timides en Belgique, certaines initiatives font leur apparition. Comme à Waterloo où l’ensemble des parkings publics seront bientôt équipés de capteurs permettant de connaitre en temps réel le nombre exact de places disponibles et leur localisation.
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de 30 % le nombre de voitures qui sont sur la route, lance Éric Dekoninck, de Ceglec Infra Technics, une filiale de Vinci Energies Belgium, qui installera le système à Waterloo. L’objectif sera donc de fournir à terme une information en temps réel de la disponibilité des places libres dans l’ensemble des parkings publics du centre. » La première étape sera opérationnelle fin 2018 : elle concerne le parking de la commune. Tous les autres parkings publics seront ensuite équipés. Pour arriver à ses fins, un affichage digital va être déployé sur la façade de la maison communale. Il permettra de donner des informations sur les temps de parcours et sur le nombre de places de parking qui seront libres pour chaque parking. « Cela permettra également de réduire le nombre de panneaux publicitaires, dont les nuisances visuelles sont problématiques pour notre
qualité de vie », précise Cédric Tumelaire. Qui ajoute : « Nous savons que de nombreuses voitures circulent à Waterloo. Nous espérons avoir atteint un pic. La tactique est donc d’essayer de diluer ce volume par le biais d’initiatives diverses. » Enfin, ajoutons que le développeur de centres commerciaux, Redveco, qui est en train de procéder à d’importants travaux de transformation sur les sites de Mont-Saint-Jean (ex-Biggs) et au croisement de la Drève Richelle et de la chaussée de Bruxelles a également prévu d’installer des compteurs à l’entrée de ses parkings. Une gestion dynamique exigée par la commune comme charge d’urbanisme qui doit permettre de mieux fluidifier la circulation. > Xavier Attout
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ui n’a jamais tourné pendant vingt minutes pour trouver une place en plein centre-ville, arrivant par conséquent en retard à une réunion ? Ou rebroussant carrément chemin, lassé de ne pas trouver de places de stationnement ? Depuis peu, des alternatives existent. Les parkings intelligents ont fait leur apparition. Il s’agit de connaitre, via une application, le nombre de places de parkings disponibles avant l’arrivée des conducteurs. Des capteurs intelligents sont fixés au sol de chaque place, ce qui permet de détecter la présence d’une voiture. Plusieurs communes belges (Courtrai, La Louvière, Saint-Ghislain, Liège) ont déjà tenté l’expérience. Dans le Brabant wallon, Waterloo va embrayer le pas à son tour. « Le choix privilégié doit toujours rester la mobilité alternative tels que le vélo ou les navettes qui permettent de rejoindre le centre-ville gratuitement, explique l’échevin waterlootois de la Mobilité Cédric Tumelaire. Mais pour ceux qui ne peuvent laisser leur voiture au garage, il est intéressant de proposer des solutions nouvelles qui permettent de désengorger quelque peu nos voiries. Améliorer l’information en temps réel permet de ne plus voir de voitures circuler inutilement à la recherche d’une place de parking. »
30 % de voitures en moins sur les routes Waterloo dispose aujourd’hui de 1 000 places de stationnement gratuit. La commune est toutefois l’une des plus embouteillées du Brabant wallon, du fait de son ultra-urbanisation et de son attractivité commerciale. « Le temps que l’on passe à chercher une place de parking augmente
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Littérature : 90 auteurs du Brabant wallon au Château de La Hulpe
Jean Van Hamme, un prestigieux parrain Le dimanche 7 octobre, la 5e édition du Livre tout Proche se tiendra en présence de son parrain, Jean Van Hamme, célèbre scénariste de la saga de Thorgal. De multiples animations rythmeront la journée.
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’objectif du salon des auteurs du Brabant wallon est de mettre en valeur tous les écrivains de la province. Le salon met donc un point d’honneur à conserver sa dimension généraliste, afin de présenter toute la richesse de la littérature brabançonne wallonne et de satisfaire ainsi les gouts de tous les publics : romans, ouvrages historiques, BD, essais littéraires, biographies, romans policiers, littérature jeunesse, etc. Il propose aussi de multiples animations qui plairont aux petits comme aux grands. Ses organisateurs ont demandé à Jean Van Hamme de parrainer la 5e édition, ce que le scénariste des séries Thorgal, Treize, Largo Winch, entre autres, a accepté avec beaucoup de bonne grâce, malgré qu’il soit en pleine promotion de l’album Kivu, sorti le 14 septembre aux éditions du Lombard. Le Livre tout Proche sera donc enrichi, sous différentes formes, de fragments de l’œuvre du prestigieux parrain. Outre des chansons extraites du spectacle Thorgal Arachnéa (lire ci-contre), le visiteur pourra découvrir une exposition consacrée à Kivu, un album coup de poing dont Christophe Simon signe le dessin.
Un album coup de poing
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Dans Kivu, Jean Van Hamme met son talent de scénariste de fiction au service du chirurgien Guy-Bernard Cadière et du docteur Denis Mukwege, surnommé « L’Homme qui répare les femmes » et fondateur de la clinique de Panzi. Il y explique l’horreur du viol comme arme de guerre, cette barbarie quotidienne, ce brasier qui consume la région, depuis plus de vingt ans, dans l’indifférence de la communauté internationale. À l’heure où espace-vie octobre 2018 n° 285 l
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la « BD reportage » ne s’est jamais aussi bien portée, Jean Van Hamme et Christophe Simon font le choix de la fiction classique. Mais, à la lecture, on se rend vite compte que cette forme classique ne cède en rien à toutes les démarches journalistiques modernes, et le contexte historique qui a mené la RDC (République démocratique du Congo) dans sa situation actuelle est précisé de façon claire et concise. On ressent à chaque case le traumatisme qu’a été le voyage de préparation pour Christophe Simon. À sa manière, avec ses armes de scénariste à la carrière exceptionnelle, Jean Van Hamme touche ses lecteurs et lutte contre l’injustice. C’est certainement son album le plus personnel et celui qui lui tient le plus à cœur. On apprécie aussi la préface engagée de Colette Braeckman, journaliste du quotidien Le Soir, qui rappelle que « le dessin est aussi un cri, pour déchirer l’empire du silence » et dénonce les multiples compromissions et corruptions qui gangrènent une des plus belles régions du monde. Lors de cette journée conviviale au Château de La Hulpe, le visiteur pourra aussi rencontrer des auteurs de chez nous et échanger sur leur métier ou sur leurs nouveautés littéraires. De nombreuses animations rythmeront la journée : la remise du « Prix Jeune Public Brabant wallon de la Fondation Laure Nobels », des interviews d’auteurs par Hugues Dayez, journaliste à la RTBF, des lectures à voix haute par la Compagnie Arts Nomades et bien d’autres activités. Ma première araignée est un spectacle jeune public de textes poétiques mis en musique par Ludovic Flamant, récitant,
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Michaël Scoriels au violon et Matthieu Widart au violoncelle. Ces textes collectifs ont été écrits et illustrés par deux classes de 4e primaire des écoles brainoises du Soleil Levant et de la SainteFamille, à l’initiative de Place aux Livres, bibliothèque itinérante du Brabant wallon, au cours d’ateliers d’écriture et d’illustration avec les auteurs pour la jeunesse, Ludovic Flamant et Émilie Seron.
court, du dense, sur base de photos, de cartes, de dés et de mots à tout-va, avec Fidéline Dujeu et Marie Colot, toutes deux animatrices d’ateliers d’écriture.
« Thorgal Arachnéa » sur les planches
> Caroline Dunski
Jean Van Hamme n’a pas seulement accepté de parrainer le salon littéraire du Brabant wallon, il a aussi accordé l’autorisation d’adapter en comédie musicale un des opus de la saga de Thorgal. Il s’agit d’une première mondiale et Charles Gérard, qui dirige la bien nommée asbl « L’Enfant des Étoiles », titre du 5e album de la série, a reçu
Avec « Des dessins qui font des bulles comme en BD ! », les familles prendront part à un atelier centré sur les onomatopées et inventeront des dialogues au départ d’images, en compagnie de Christian Merveille. Et puis, petits et grands seront invités à écrire de l’instantané, du
carte blanche et totale confiance du célèbre Photos :
scénariste.
1. Jean Van Hamme 2. Christophe Simon
Charles Gérard a donc inclus dans le spectacle
3. Château de La Hulpe
des personnages qui n’apparaissent pas dans
4. Album Kivu © Lombard
l’album Arachnéa. « C’est un opus bien spécifique,
5. Album Arachnéa © Lombard
avec un début et une fin. Mais des personnages essentiels comme Jolan et Kriss de Valnor ne s’y trouvent pas. J’ai été autorisé à les insérer dans le synopsis, ce qui est un signe de confiance et d’amitié. » Jean Van Hamme, de son côté, était visiblement très fier et ému qu’un de ses person-
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nages soit le héros d’une comédie musicale de L’Enfant des Étoiles. Le casting réunit comédiens, chanteurs et danseurs, y compris des jeunes « exceptionnels », physiquement, socialement ou mentalement défavorisés. « Nous avons deux grands slogans, souligne Charles Gérard. ‘L’essentiel devient visible pour les yeux’ et ‘il n’y a de rencontre que dans la différence. » Les quelque 22 ou 23 chansons inspirées de l’univers de Thorgal ont été écrites et composées par plusieurs personnes. Sur scène et en coulisses, ce sont 160 à 170 personnes qui s’investissent régulièrement. Quand les représentations se tiendront en octobre, il y aura jusqu’à 250 intervenants ! Au-delà de l’aventure artistique avec des spectacles qu’elle propose tous les deux ans depuis 20 ans, l’association rixensartoise développe des projets humanitaires et philanthropiques, au Congo et en Belgique, au profit des enfants 5
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défavorisés. En partenariat avec le Rotary Club de Genval, elle soutient La Maison'Elle, qui héberge une vingtaine de femmes et leurs enfants. La dimension pédagogique du projet n’est pas oubliée. Le spectacle s’accompagne d’un dossier destiné à toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il y est question de la société viking et de la place qu’y occupent les femmes, des araignées, de l’utilité des règles et des lois… En attendant d’assister au spectacle dans son ensemble, les visiteurs du Livre tout Proche pourront découvrir quelques chansons dans le très beau cadre du Château de La Hulpe. > C. Du.
Thorgal Arachnéa, du 31 octobre au 11 novembre Centre sportif de Rixensart, 26a avenue Clément Tonnerre www.lenfantdesetoiles.com
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Arts contemporains : une nouvelle destination PULSART
PASS light ou gourmand pour mieux savourer Paris Le 25 novembre et le 2 décembre, Pulsart s’évade à Paris pour découvrir deux, voire trois expos, selon les appétits et les envies. Au programme : la Fondation Louis Vuitton, le Palais de Tokyo pour tous et, pour les insatiables, la Cité de l’architecture.
Destination Paris ! Les visites guidées de PULSART s’adressent à un public varié, curieux d’art contemporain, qui se déplace seul, en famille ou entre amis. Pour l’accompagner, l’équipe conçoit un carnet du visiteur qui lui fournit quelques clés essentielles pour comprendre et appréhender simplement l’artiste, l’œuvre et le lieu qui l’expose. > Le 25/11, départ à 7h de Court-Saint-Étienne (parking de l’Intermarché) et à 7h25 de Haut-Ittre Ring (parking de délestage) > Le 2/12 départ à 7h de Jodoigne (Grand’Place)
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RDV 15 min avant le départ Retour prévu entre 22h et 22h30 Infos : 010 62 10 35 - info@pulsart. be - www.pulsart.be
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es visites guidées organisées par la plateforme brabançonne de sensibilisation à l’art contemporain sont des occasions uniques de vivre une journée sous le signe de l’art, de la convivialité et de la découverte de lieux d’exception.
sion des disciplines et des idées les plus diverses. Constatant l’absence des artistes noirs, Basquiat s’impose de faire exister dans son œuvre les cultures et les révoltes africaines et afro-américaines.
À la Fondation Louis Vuitton, ouverte au public dans le Bois de Boulogne depuis octobre 2017, les visiteurs découvriront la première monographie d’Egon Schiele organisée à Paris depuis vingt-cinq ans et le néo-expressionnisme new-yorkais de Jean-Michel Basquiat.
Des visiteurs engagés
Indissociable de l’esprit viennois du début du 20e siècle, l’œuvre expressionniste d’Egon Schiele est en rupture avec l’Académie où il entre précocement. Grâce à la Sécession viennoise et Gustav Klimt, il découvre les travaux de Van Gogh, Munch ou Toorop. À partir de 1911, c’est dans un certain isolement qu’il se concentre sur sa production propre. Ses corps distordus émanant de cette introspection, expriment un désir frontal. Fauché par la grippe espagnole en 1918, l’artiste aura réalisé en une dizaine d’années quelque trois cents toiles et plusieurs milliers de dessins. L’exposition consacrée à Jean-Michel Basquiat parcourt, elle, l’ensemble de la carrière du peintre, se concentrant sur plus de 120 œuvres décisives. Elle affirme sa dimension d’artiste majeur ayant radicalement renouvelé la pratique du dessin et le concept d’art. En faisant de la rue son premier atelier, l’artiste développe une approche graphique libérée et inclusive. Sa pratique du copier-coller a ouvert la voie à la fu-
De son côté, le Palais de Tokyo donne carte blanche à Tomás Saraceno. Architecte de formation, avec ses spectaculaires installations, ce représentant majeur de l’art environnemental contemporain propose l’exposition « On Air, un écosystème en mouvement ». À l’ère de l’Anthropocène, cette installation monumentale accueille une chorégraphie polyphonique d’êtres humains et non humains pour célébrer de nouvelles manières de penser notre relation avec la planète. L’Anthropocène décrit aujourd’hui cette période « géologique » marquée par l’activité humaine et son impact global sur l’écosystème terrestre. L’Aérocene, projet artistique interdisciplinaire, invite les visiteurs à s’engager collectivement dans un exercice d’harmonisation planétaire. Aux plus friands d’art, le pass « gourmand » permettra de découvrir en visite libre la Cité de l’architecture. Quant au pass light, il permet de profiter des rues et des cafés parisiens entre deux expositions. > Caroline Dunski
agenda10/18 épinglé pour vous…
ve 5/10 à 20h30, à Genval / théâtre Laïka Après Discours à la nation, le duo Ascanio Celestini – David Murgia nous livre un second opus dans lequel le Christ, revenu sur terre, observe de sa fenêtre, sur le parking du supermarché voisin, les errements des déshérités et des précaires qui peuplent son quartier. Un monde engagé et imagé, où évoluent des personnages attachants et naissent des émotions fortes. Une fable incroyable qui nous donne au final une grande leçon de vie. 02 653 61 23 – www.ccrixensart.be ve 5/10 à 20h30, à Wavre / musique My Voice is my Plea Tantôt derrière sa harpe, tantôt face à son clavier, en compagnie de belles figures du jazz, Maria Palatine chante une large palette de musiques du monde qui gravite entre le classique et le contemporain, avec un attachement tout particulier pour le jazz, le groove, le folk. Militante et insoumise, Maria est une voix qui s’élève au cœur du féminin pluriel. 010 22 48 58 – www.columban.be ve 5/10 à 20h, à Tubize / théâtre Un petit jeu sans conséquence Claire et Bruno forment un couple modèle mais, lors d’une fête de famille, ils font croire, par jeu, qu’ils se séparent. Chacun y va alors de son commentaire, les langues se délient... Tel est pris qui croyait prendre ! Entre Axelle « la bonne copine » pas si fidèle que ça, Patrick « le cousin immature » plutôt intéressé et Serge « le séducteur » fraichement débarqué, le couple réalise que ce petit jeu n’est finalement pas sans conséquence... 02 355 98 95 – www.tubize-culture.be sa 6 et di 7/10, à Profondsart et Limal / arts plastiques et musique Parcours d’artistes Les Limalois accueillent plus de 150 artistes exposants chez eux. Cinq concerts sont également organisés en soirée. Au programme : JuDe (chanson française), Cie ODNI (objet dansant non identifié), Noémie Rhéa (chanson française), Café Gourmand (pop/variété), Nebraska Codéine (musique alternative), Green Moon (folk/world), Clara de Spix (pop/variété), Key On the Door (concert pop acoustique), Maya (pop, folk, world musique). 0474 03 84 07 – www.parcours-profondsart-limal.be sa 6 et di 7/10, à Jodoigne / art contemporain Fenêtre sur mur La Biennale d’art de Jodoigne permettra de découvrir estampes, images imprimées et livres d’artistes dans une exposition d’art contemporain d’envergure avec des artistes de renommée internationale. Le Centre culturel du Brabant wallon présentera La Crise sur le gâteau, une expo d’ateliers réalisés dans des classes du Brabant wallon.
www.fenetresurmur.weebly.com ma 9/10 à 20h, à Louvain-la-Neuve / contes Arbres Le Collectif Fabula propose de parler du peuple des arbres au travers de récits et de musiques et se demande s’il n’est pas temps de repenser une relation qui serait fondée sur le droit à l’existence des autres espèces et non pas sur leur utilité pour l’homme ? 010 81 41 47 – www.conteetlitterature.be di 14/10 à 15h, à Braine-l’Alleud / jeune public Little drops Violoncelle, voix, entrelacs de sons et de rythmes, projections de couleurs et de lumières offrent un parcours sonore et visuel et ouvrent un espace où l’écoute est comme une respiration. Entre musique du monde, contemporaine et classique inspirée de J.S. Bach. À partir de 1 an. 02 854 07 30 – www.braineculture.be du 22 au 26/10, à Hamme-Mille / photographie Je suis humain – Au-delà des frontières Huma, collectif belge de photographes, s’est associé à Amnesty International pour documenter la faculté de résilience de ces hommes, femmes et enfants contraints de fuir les violences et les persécutions et de partir chercher protection ailleurs, au sein d’une société le plus souvent hostile à leur accueil. 010 86 64 04 – www.ccvn.be sa 27/10 à 20h, à Thorembais-les-Béguines / contes Fleuve Si notre corps est constitué à 60% d’eau et si la nature de l’eau est de couler dans le sens du courant, sur quoi s’appuie-t-on intérieurement pour être capable d’aller contre le courant ? Amandine Orban de Xivry et Marie Vander Elst ont cherché à créer une traversée où l’intime, le politique et le poétique se répondraient. 010 81 41 47 – www.conteetlitterature.be
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invitation Ateliers créatifs Participez à la scénographie du festival de cirque En l’air, qui aura lieu en novembre 2018, et créez les supports visuels liant les différents lieux de spectacle dans CourtSaint-Étienne. Peinture, sculpture, collage, écriture... aucun prérequis n’est nécessaire pour libérer votre créativité ! Vos créations seront exposées sur les différents lieux du festival, dont le PAMexpo, la place Baudouin 1er et le Foyer populaire, les 9, 10 et 11 novembre 2018.
Ateliers gratuits les mercredis 3 et 10 octobre à Court-Saint-Étienne Inscriptions obligatoires via reservation@ccbw.be ou au 010 61 60 15 www.festivalenlair.be
di 28/10 à 15h, à Wavre / jeune public Deux sœurs Christine et Martine ont une histoire un peu particulière à raconter… À sa mort, leur maman leur a fait une demande un peu étrange : réaliser l’arbre généalogique de leur famille. Fouillant dans les souvenirs familiaux, elles découvrent photos et objets du passé qu’elles s’amusent à faire revivre dans un arbre généalogique qui requiert beaucoup de créativité. 010 22 48 58 – www.columban.be
Cet agenda est absolument incomplet ! Consultez nos articles et Culturebw.be, vitrine de la culture en Brabant wallon
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portrait invitation
Papy boom et développement territorial en Brabant wallon
> Pierre Francis Service du développement territorial - Brabant wallon > Myriam Leleu Sociologue et gérontologue, assistante de recherche à la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale, d’urbanisme de l’UCL
En 2035, le Brabant wallon comptera environ 435 500 habitants, soit une hausse démographique de 10 % par rapport à la situation actuelle. La hausse touche aussi l’âge des habitants. On prévoit, d’ici vingt ans, 24 % de seniors en plus, soit un bond de 6 %. C’est le signe rassurant d’une espérance de vie qui s’allonge mais aussi de l’arrivée massive dans le troisième âge de la génération baby boom.
> Témoignage d'un senior résidant en habitat groupé
Vendredi 26 octobre De 12h à 14h Ferme du Biéreau Avenue du Jardin Botanique 1348 Louvain-la-Neuve
Ce vieillissement démographique pose des défis de taille à nos territoires : comment adapter les politiques et pratiques d’aménagement du territoire aux différentes échelles territoriales, du quartier à la région ? Quelles sont les conséquences pour nos communes, notamment en matière de mobilité résidentielle ? Quelles réponses concrètes en termes de logement, d’espace public, de services, de mode de travail et d’accessibilité ? Comment ce vieillissement peut-il stimuler une mixité sociale, fonctionnelle et intergénérationnelle dans nos tissus urbains ? Comment le papy boom peut-il être un ressort pour élaborer un cadre de vie adapté et adaptable à chaque étape de la vie ? De l’autonomie à la dépendance, une variété de solutions sont mises en œuvre par différents acteurs (citoyens, pouvoirs publics, associations) pour répondre, non sans difficultés, au défi du vieillissement de la population, et anticiper les effets à plus long terme. À l’occasion de ce midi, nous explorerons les effets du papy boom sur le Brabant wallon et son impact territorial. Ensuite, nous interrogerons les différentes variantes de l’autonomie et de la dépendance des seniors, et leur traduction concrète en termes de logement et de cadre de vie. Enfin, nous ferons place au témoignage d’un senior qui partagera sa réalité et son expérience au sein d’un habitat groupé, participatif pour seniors autonomes.
Inscriptions obligatoires avant le 22 octobre m.urbanisme@ccbw.be 010 62 10 53 Prix : 5 € 12h-12h30 : Accueil et sandwichs (compris dans le prix) 12h30 : Début de la conférence
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Agréation P102024–Exp.–édit. resp. : Olivier Roisin 3, rue Belotte 1490 Court-Saint-étienne–Bureau de dépôtt : Bruxelles
midi de l’urbanisme