Sparse 34 (juin 2021)

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Culture, druidisme et élections régionales 76 pages de relance économique afin d’atteindre nos objectifs

+ Alexis Miellet Laure de Koh Lanta MBF Aluminium Le centre Athénas La détection de métaux

sparse magazine mieux

sparse | numéro 34 | trimestriel

juin. juil. aoû. 2021 • www.sparse.fr imprimé à énormément d’exemplaires à lire en asmr

GRATUIT • BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ


édito. Coucou tout le monde ! Méga-surprise : je suis parti en urgence aux USA vers une nouvelle étape de ma carrière. Après 10 années intenses et « full plaisir » à la tête de Sparse, je quitte le titre que j’ai fondé et que je viens de revendre grassement pour pouvoir me payer un nouveau SUV et mettre ma famille à l’abri. Mon futur ? Le business florissant de la bagnole électrique, un mode de déplacement doux et idéal pour ce monde bien trop carboné et viril. Parce que « tradition » et «innovation » sont les valeurs primordiales que j’applique dans ma manière de penser, d’imaginer, de créer tel un robot comme @audifrance l’a fait pour son nouveau modèle : Audi e-tron GT quattro #mindset. Bref, ça va être juste énorme. Sur ce, ciao les amigos, amusez-vous bien et faites pas les cons. Par Pierre-Olivier Bobo Photo : Alexandre Claass



sommaire ours

3. ÉDITO

Ce magazine est édité par Sparse Média. Siret : 750 725 806 00038 - APE : 5814Z www.sparse.fr - contact@sparse.fr media.sparse.fr - boutique.sparse.fr

8. BD

DIRECTEUR DE PUBLICATION Pierre-Olivier Bobo

6. CONTRIBUTEURS

- LA CALVITIE CULTE 12. GUESTLIST 10. CINÉ

RENCONTRE PHILIPPE, DRUIDE

RÉDACTEUR EN CHEF Antoine Gauthier

14. MOI,

CONTRIBUTEURS Badneigbour, Pierre-Olivier Bobo, Nils Bruder, Florentine Colliat, Charlotte Félix, Arthur Guillaumot, Yannick Grossetête, Le Kiosque, Emma Lahalle, Julian Marras, Édouard Roussel, Frank le Tank, Augustin Traquenard, Chablis Winston, James Granville forever

20. NOS

DIRECTION ARTISTIQUE

36. THÉÂTRES

INTERNETINTERNET

PHOTOGRAPHIES Diego Zébina, Édouard Roussel, Raphaël Helle, Alexandre Claass, Béatrice Jeannin, Mathilde Leconte ILLUSTRATIONS Michaël Sallit, Loïc Brunot, Yannick Grossetête, Mr. Choubi COMITÉ DE RELECTURE Florentine Colliat, Julian Marras, Arthur Guillaumot, Emma Lahalle, Marion Godey, Martin Caye COUVERTURE Mathilde Leconte (juillet 2020) IMPRIMEUR Estimprim (25) Dépôt légal : à la sortie du magazine ISSN : 2260-7617 Tous droits réservés © 2021 Merci à nos partenaires ainsi qu’à celles et ceux qui ont permis la réalisation de ce numéro. Prochain numéro : septembre 2021 Sparse bénéficie du soutien du Ministère de la culture et de la communication, fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité, et de la DRDJSCS au titre du Fonds de développement de la vie associative (FDVA)

PRONOS PARIS POUR LES PROCHAINES RÉGIONALES PANORAMA AN SANS CULTURE EN BFC

26. UN

CARTOGRAPHIE OCCUPÉS REPORTAGE CENTRE ATHÉNAS VEILLE SUR LA VIE SAUVAGE

38. LE

ENTRETIEN MIELLET, LE 1500 M ET LES JO DE TOKYO

42. ALEXIS

ENQUÊTE 44. P OURQUOI

CERTAINS PASSENT LE SOL AU DÉTECTEUR ? DIAPORAMA

54. COMMENT

LES OUVRIERS DE MBS LUTTENT POUR LEUR BOÎTE

62. ROMAN-PHOTO 66. DESTINÉES

D’ENTREPRENEURS PAGE MODE 71. HOROSCOPE 72. COURRIER DES LECTEURS 74. ABONNEMENT ET BOUTIQUE 68. LA


R I A N I PLE


contributeurs

Par Chablis Winston Photos : DR

Martial Ratel | Paul le Poulpe Martial sait avant les autres ce qu’il va se passer, c’est un don. Il sent ces choses, il s’imprègne du futur. Il peut regarder les photos des candidats aux élections et te sortir le tiercé dans l’ordre au soir du premier tour. La dernière fois, en ouvrant une canette, il a prédit qu’il vomirait avant minuit. Ben crois-moi que ça n’a pas raté. Un médium, ce type. À croire qu’il a l’almanach de Biff Tannen dans la poche. Retour vers le futur, pour lui.

Augustin Traquenard et Béatrice Jeannin | Walden ou la vie dans le Jura S’ils n’étaient pas obligés de passer à la boutique prendre une boutanche de Pontarlier de temps en temps, Béa et Augustin n’auraient plus aucun rapport avec la civilisation. Pas besoin. Ils bouffent ce qu’ils cultivent, il boivent ce qu’ils cultivent, ils fument ce qu’ils cultivent. Bear Grylls fait des formations chez Béa et Augustin Traquenard dans le Jura, donc autant te dire que tu peux les reconfiner tant que tu veux, il s’en battent les steaks. Si Béa n’était pas là, Augustin Traquenard crèverait de faim. Ça coupe du bois en s’imaginant contrôler le game avec leurs histoires de ouachons en permaculture, mais si Béa se casse, il retourne chez sa mère. En plus, elle prend des photos pour ses reportages, parce que contrairement à lui, elle sait le faire, et bien. Non je déconne, on le paie un peu... Un peu.

Raphaël Helle

| Coquin

Les meilleurs photos de France... et les récits les plus hot de BFC. Si on laissait Raphaël Helle publier ses mémoires dans Sparse, ça outrerait les bien-pensants autrement plus que ce petit joueur de Sade à l’époque. Des parties du corps dont tu n’as même pas soupçonné l’existence, Raphaël les a explorées. Du coup, c’est nous qui écrivons les légendes de ses photos...

Emma Lahalle | The intern Une belle histoire. Partie du Colruyt d’Is-sur-Tille en car un beau matin, Emma se retrouve dans la capitale de BFC sans un sous en poche et pas d’autre espoir qu’une promesse de stage. Au départ, c’est café et photocop’, tu sais comment ça se passe chez Sparse. Mais figure-toi qu’elle s’est mise à travailler, ce que personne n’avait fait depuis au moins 6 ans chez Sparse. Bim, tout s’enchaîne, articles, interviews... Elle flirte désormais avec le Pulitzer. Sparse profite et forme l’élite de demain. Gratos.

Thomas Pesquet | Interstellaartois Le Tom’ est parti en reportage pour Sparse dans l’espace. Au départ, on voulait filer l’accred’ de la NASA à notre collègue Martial mais il avait pas le temps, il devait récup’ ses gamins à Montbard. Alors c’est le Toto qui y est allé. Il arrête pas d’essayer de gratter une enquête à la rédac’ depuis 4 ans histoire d’avoir un peu de visibilité sur le net, mais nous on le trouve trop propre, ce qui est louche. On a fini par lui confier un bloc-notes et un appareil photo et on espère qu’il va bosser pour rentrer avec un beau reportage, au lieu de se pavaner sur les réseaux sociaux en short.

Pierre-Olivier Bobo | Pré-retraité « Il y a 7 ans le peuple me confiait la destinée de notre pays. Et dans ces temps difficiles, ou le mal rôde et frappe dans le monde, je souhaite que la providence veille sur (Sparse), pour son bonheur, pour son bien et pour sa grandeur... Au revoir » Valérie Giscard D’Estaing, 1981.

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Crédits : Coin de muraille de Pékin, octobre 1926, huile sur toile - Clocher de Couchey (Symphonie automnale), vers 1935-1938, huile sur toile © Droits réservés © Musée des Beaux-Arts de Dijon / François Jay / Design graphique : EMA Events®


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ciné culte

Par Frank Le Tank

Rappelle-toi tes « fiches profil » pour préparer le bac. Tout était résumé. On n’avait pas besoin de lire les bouquins pour en parler. Chez Sparse, c’est pareil pour le cinéma : on a regardé des classiques pour toi. Plus besoin de t’emmerder à mater ces trucs trop lents alors qu’il y a plein de super films avec des explosions sur Netflix. Ne passe plus pour un inculte mais deviens un vrai usurpateur grâce à Sparse et fais croire à tout le monde que tu as vu ces bijoux du 7ème art. Attention maxi spoiler !

La fiche pour briller en société (n°4)

Sur la Route de Madison (The Bridges of Madison Country) 1995

Réalisateur : Clint Eastwood d’après le best-seller du même nom de Robert James Waller Genre : Histoire d’amour ultime dans le Midwest Durée : 135 min. Ouais c’est long, il fallait une K7 de 140 pour l’enregistrer en entier #BASF Palmarès : La blinde de récompenses dont le Golden Globe du meilleur film dramatique et de la meilleur actrice pour Meryl Streep en 1996.

LE CONTEXTE Clint Eastwood vient d’être oscarisé pour Impitoyable, film qu’il réalise également : il est alors au top of the pop de la montagne hollywoodienne. Spielberg, qui a les droits et qui a adoré le bouquin, demande à Clint de jouer Kinkaid, le personnage principal du film. Clint adore. En fait, il adore tellement qu’il est partant pour jouer le rôle et fait des pieds et des mains pour réaliser le film lui-même.

LE CASTING Sur les conseils de sa propre mère, Clint Eastwood convainc Meryl Streep, qui a détesté le livre, de l’accompagner dans l’aventure. L’actrice prend du poids pour camper ce rôle de femme volupteuse et italienne à la Sophia Lauren qui l’a inspirée pour le rôle. Pendant le tournage, c’est chaud bouillant entre Clint et Meryl, au point que l’on raconte que les acteurs ont volontairement transposé cette tension sexuelle palpable dans leur rôle respectif et même vécu une love story pendant le tournage (source Gala).

L’AMBIANCE Le Midwest dans les années 60, c’est pas le spot le plus sexy des States, on est clairement pas à L.A mais Clint, il aime bien cette ambiance réac’ - c’était mieux avant. Il a tout de même viré les rednecks pour faire plus propre et la prod’ a réhabilité un corps de ferme magnifique. Il y a des chaises en formica et un vieux camion Ford à l’ancienne, on s’y croirait et on aurait même envie d’y prendre un AirBnb. Richard Kinkaid est photographe et il vient zoner dans le coin pour faire des photos des ponts de la région. C’est d’ailleurs pour ça que le film en V.O s’appelle The Bridges of Madison Country, les ponts du comté de Madison.

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LE PITCH Début du film, on est en 1995. Francesca, l’héroïne du film jouée par Meryl Streep, vient de casser sa pipe. Les enfants sont là pour récolter le magot mais il y a makach. Tout ce qu’ils retrouvent avec le notaire, ce sont des vieilles lettres d’amour qui parle d’un pont, le pont Roseman et d’un dénommé Richard Kinkaid, photographe dont ils ignorent tout. Les enfants déroutés comprennent que maman avait un secret lover. Ils vont tout découvrir au fil de l’histoire racontée dans le journal intime, en 28 volumes que Francesca leur a légué. Les enfants qui sont devenus des adultes aujourd’hui, ulcérés au début de l’histoire, comprennent que la mère a vécu une histoire d’amour en loucedé avec ce Kinkaid en 1965 pendant que les enfants et le mari étaient partis en voyage d’une semaine à la Foire de San Francisco. C’est chaud au niveau du respect au début mais force est de constater que le Kinkaid, il était mieux que papa.

LE SPOILER Richard Kinkaid, le beau gosse solitaire arrive par hasard à la ferme des Johnson car il s’est paumé en cherchant le pont Madison. Même si l’excuse est douteuse (à notre avis, Robert est un VRP de l’amour qui séduit au gré des tournées mais bref...), on sent bien qu’il faut provoquer le destin à une époque où le match Tinder n’existe pas. Là notre Clint tombe sur la sublime Francesca qui est seule pour une semaine, ça tombe plutôt bien. Elle renseigne poliment l’homme et lui propose même de l’accompagner par pur charité chrétienne. Sans le savoir elle a ouvert la boîte de Pandore du love. Ces 4 jours vont modifier leur vie pour toujours. Bon, calmos quand même, on est dans l’Iowa dans les années 60 et les maries-couche-toi là sont plus que mal vues. Du coup, la mise en place est hasardeuse : effleurage de genou, punchline poétique, regards langoureux… Qu’est-ce que tu fous Clint ? On dirait qu’il capte pas les appels de phares de Meryl ! Clint, c’est un gentleman, il veut pas rusher mais il voit bien que la température est en train de monter sur l’île de coconut. Quand il passe le rubicon, le deuxième jour (comme quoi ça met pas tant de temps que ça à se mettre en place. Clint dès qu’il percute, il est bouillant), c’est l’amour à 4.000 km/h qui se déclenche, les montagnes russes du love : ils s’aiment à fond, font leurs bagages. Elle est prête à le suivre au bout du monde, à quitter sa petite vie bien rangée des bagnoles pour faire l’aventurière mais au dernier moment le doute s’empare d’elle : Qui va s’occuper des enfants, faire la vaisselle, le gigot ? Robert a beau essayer de trouver des bêtes d’arguments : le game est plié. Jusque là on est touchés par le jeu d’acteur impeccable bien qu’un peu mièvre de temps en temps. Puis vient cette scène finale, quand le mari revient et que Richard croise Francesca dans la rue. La pluie battante, façon déluge pose l’ambiance, Richard regarde Francesca qui elle, le fuit. Une scène suspendue dans laquelle Richard laisse la porte ouverte vers cette vie impossible, et où Francesca a la main sur la poignée. Et là même un combattant de MMA sanguinaire pourrait chialer : cette vie entre parenthèses, cette tristesse amoureuse en forme d’acte manqué sentimental ça fait chialer tout le monde. Heureusement la morale de fin, qui est d’un pathos sans nom (en gros : « Profite avant que la vie te fume »), te permet de sécher tes larmes avant que la lumière se rallume. Ouf, l’honneur est sauf !

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guestlist Par Pierre-Olivier Bobo, Chablis Winston, Julian Marras, Florentine Colliat & Badneighbour

Laure Canevarolo

agricultrice dans la vallée de la Loue (25) et participante à Koh Lanta

Laure a fait Koh Lanta pendant que toi, tu mangeais des Skittles sur ton canap’. Laure ringardise Lara Croft et cultive son bel accent du Doubs. Laure a été éliminée par traîtrise à 2 doigts de l’épreuve des poteaux. Laure, c’est cœur avec les doigts.

T’avais une Morteau planquée quelque part sur la plage pour l’émission ? Non, aucune Morteau en vue mais j’aurais largement préféré un bout de Comté ou de Morbier ! Mais à la place j’ai dû me résigner à une bonne noix de coco (rires). Il pèse lourd le totem d’immunité ? Le totem est assez lourd effectivement. Cela nous faisait une petite séance de musculation à chaque fois qu’on avait le plaisir de l’avoir entre les mains... Tu bosses avec ton père en temps normal, du coup pour faire Koh Lanta, tu lui as refilé un peu tout le boulot, nan?! J’ai beaucoup culpabilisé avant de partir au point d’hésiter à vraiment m’envoler pour Tahiti mais ma sœur m’a énormément rassurée en me disant qu’elle serait là pour prendre la relève. Il y a aussi un ami de mon papa qui venait de temps en temps ! Pourquoi Koh Lanta et pas L’Amour est dans le pré ? Je ne voulais pas chercher l’amour mais plutôt découvrir qui j’étais. Aussi, justement pour enlever cette étiquette comme quoi les agriculteurs ne sont bons qu’à faire L’Amour est dans le pré. Ils sont aussi là mentalement et physiquement. Cela a aussi permis de montrer que le métier d’agriculteur nous endurcit comme on peut le voir grâce à mon parcours et à celui d’Arnaud.

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Il a eu du succès, l’accent du Doubs en Polynésie ? Très fière de faire voyager notre accent à l’autre bout du monde. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il a fait beaucoup parler de lui… Soit on l’aime, soit on le déteste. Denis Brogniart, il était cool ? Je te rappelle que ce mec est un Dijonnais. Denis est un super arbitre du jeu, mais nous n’avions pas de dialogue avec lui en dehors des épreuves. Quitte à choisir, avec qui tu préférerais passer une soirée bien délire : Marwa Loud, Aya Nakamura ou Gérald Darmanin ? J’aime beaucoup Aya Nakamura, mais je choisirais Marwa Loud car elle a l’air très drôle ! On a vu pas mal de haters sur les réseaux, c’est relou ou ça te passe au-dessus ? Je ne prête pas attention aux haters. Cela me passe complétement au-dessus. Est-ce que la meilleure solution pour maigrir, ça serait tout simplement pas de faire Koh Lanta ? Non ce n’est pas la meilleure des solutions pour maigrir parce que quand tu rentres, tu as tendance à vouloir te jeter sur la nourriture et je peux te dire que tu pèses plus lourd que quand tu es partie. C’est donc la meilleure solution pour grossir (rires).


Mahdi Metlaïne artiste et prof de Djing au Conservatoire du Grand Chalon (71)

Mahdi est le genre de mec qui maîtrise parfaitement le calage de disques et le scratch, tout ça en costard et pompes cirées. Le prince de Chalon-sur-Saône a également sorti en début d’année un EP d’excellente facture, entre électro et hip-hop. Bingo !

Alors, il paraît que dans le monde de la culture vous êtes en vacances depuis 1 an, ça va ça se passe bien ? La vérité, on en a pris plein la tronche. Rien de pire que d’avoir les mains liées et de ne pas pouvoir exercer son métier. Sinon, j’ai passé beaucoup de temps dans mon studio. Et ça, c’est le paradis. Quand on est prof’ de djing, on donne aux élèves des astuces pour que le public tape dans ses mains et allume des briquets aussi ? Hé oui, j’enseigne même La Queue leuleu. Sans blaguer, j’enseigne tous les aspects du djing. Cela peut aller du scratch à la production de morceaux. C’est les 25 ans du bâtiment du Conservatoire à Chalon. Vous allez fêter ça ? Grosse teuf ? Oui ! Une teuf est prévue en extérieur fin juin. Ce sera l’occasion de nous libérer de notre année difficile. J’espère que Sparse passera. Pourquoi le Conservatoire de Chalon marche sur la gueule de tous les autres conservatoires de la région d’après toi ? Je ne sais pas si le Conservatoire de Chalon marche sur qui que ce soit. Néanmoins, on a un super bâtiment qui nous met à l’aise. Pourquoi tous les Chalonnais rêvent d’aller vivre à Lyon ? C’est vrai ? Tu m’apprends quelque chose. De mon côté, je kiffe ma ville de Chalon-sur-Saône et nous sommes plusieurs à partager ce sentiment. Entre nous, ça a organisé des teufs clandestines dans les sous-sols du Conservatoire en période de confinement ? Si tu savais, si tu savais... Promis, je t’invite à la prochaine.

Il revient souvent à Chalon-sur-Saône, Florent Pagny ? Il est de Châtenoy-le-Royal et non de Chalon-sur-Saône. L’endroit le plus cool pour se balader autour de Chalon, c’est quoi ? On a la voie verte, super pour une balade à vélo en longeant le canal du centre. Plutôt Tour de France cycliste ou Euro de football cet été ? Honnêtement, je préfère regarder un match de foot qu’une étape du Tour de France. Comment on pourrait rendre Chalon-sur-Saône encore plus sexy ? Bonne question. En vendant des glaces à tous les coins de rue et en peignant les bâtiments en orange. Qu’en penses tu ?

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POUILLY-FUISSIX MOI, PHILIPPE, DRUIDE.

Pas besoin de partir en Bretagne pour rencontrer un druide. Il y a 30 ans, Philippe Greffet, viticulteur à Fuissé dans le Mâconnais, est tombé dans le druidisme, cette voie spirituelle issue de la civilisation celte. Au menu : des gens torse-nu, une harmonie avec la nature et de la magie. Il raconte tout. Par Florentine Colliat, Julian Marras, Édouard Roussel et Emma Lahalle Photos : Édourard Roussel et Christophe Charles

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Main sur le coeur.


Comment êtes-vous arrivé dans le druidisme ? Au Carrefour de Crêches-sur-Saône. En fait, je cherchais une tradition depuis un moment. Alors au tout début, comme je faisais des arts martiaux, je m’étais tourné vers le bouddhisme. Et je trouvais ça super bien sauf que ce n’était pas à mon goût. Au moment où je me suis dit que je ne croirais plus en rien, paf, je tombe sur un livre. Je passe devant la bibliothèque de Carrefour et je ne sais pas pourquoi une petite voix me dit de tourner la tête, je vois ce livre, La Force des Celtes. Je le prends, je le tourne, je lis le résumé et là je me dis que j’ai enfin trouvé ma voie. Je suis directement allé à la caisse, j’ai lu le bouquin en une nuit. À la fin du livre, il y avait une petite adresse donc j’ai écrit avec un anglais approximatif en disant « voilà, j’ai lu votre bouquin, ça m’intéresse... ». Ni une ni deux, huit jours après j’ai reçu un joli petit papier d’Angleterre qui me proposait des cours. Et c’est comme ça que ça a démarré. J’ai reçu tous les cours de la session bardique (en rapport au barde, le poète celte, ndlr) en anglais. Et à la fin de l’année, une fois ma session finie, je me suis dit qu’il fallait que j’aille voir tout ça donc je suis parti en Angleterre. La plupart des gens était torse nu, peints… Je me suis demandé ce que je foutais là, dans ma tête j’allais repartir le lendemain. Et finalement j’ai passé les 15 plus beaux jours de ma vie. C’était vraiment ce que je recherchais, c’est-à-dire un outil qui ne me donne pas de culpabilité à vivre mais plutôt qui me permet de mieux m’intégrer dans la vie, dans la nature et de comprendre son processus. Et en Angleterre, vous faisiez quoi ? Plein de choses. C’était magique. Ça a été pour moi l’occasion d’exprimer vraiment qui je suis. Je voulais tout consommer. Ça m’a décapé. Ça a enlevé tout ce qui n’était pas moi. Peut-être pas tout à 100% mais une bonne partie. Quand j’ai fait des arts martiaux, je m’étais intéressé au bouddhisme donc j’avais déjà commencé à enlever une partie de ce qui n’était pas moi, mais il me manquait quelque chose. Là j’avais vraiment l’impression d’être au bon moment et avec les bonnes personnes. J’ai discuté avec tout le monde. Là-bas j’ai appris qu’il y a des mecs qui vivent dans des arbres depuis des années, des gens avec des piercings, le crâne rasé avec un côté teint en rouge… Si je les croise dans la rue, jamais je ne leur parle. Et en discutant avec eux, en fait c’étaient des gens hyper sympas, je ne m’attendais pas à ça. Vous étiez combien là-bas pendant ces 15 jours ? À peu près 100. C’était des gros camps. J’ai vu pour la première fois de la magie en réel. Alors pas de la magie genre Mimie Mathy, mais de la vraie magie c’est-à-dire une vraie connexion avec la nature. Pour vous donner un exemple, un jour il pleuvait et on devait faire une immense cérémonie. Il y a un petit groupe de druides qui a fait une incantation et la pluie s’est complètement arrêtée. On s’installe, on attaque la cérémonie et quand on termine la cérémonie, directement il s’est remis à pleuvoir. Et si je ne l’avais pas vu, je n’y aurais pas cru. Et ça c’est la plus facile que je vous raconte. Des trucs comme ça, j’en ai vécu pendant une semaine. Vous prenez des champis’ dans la forêt ? On pourrait. Mais on n’est pas dans l’hallucinogène par contre. Dans le druidisme, on ne retrouve pas d’écrits où les druides rentrent dans des états d’extase pour obtenir quelque chose.

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On n’a pas de système comme les chamanes qui prennent de l’ayahuasca (préparation provocant des hallucinations visuelles, ndlr) ou des choses comme ça. Quand je me suis fait initier à l’Obod (l’Ordre des Bardes, Ovates et Druides, ndlr) dans les années 90, il y avait des chamanes, et j’ai vécu des initiations chamaniques où je suis rentré dans ces états. Pas avec de la drogue mais avec d’autres systèmes. Ça se passe comment une cérémonie ? Ça c’est initiatique, je ne peux pas vous le raconter je n’ai pas le droit. Une cérémonie, si je vous la dévoile comme ça, ça ne va rien vous dire, il faut la vivre. Elle se compose d’un rite d’ouverture, d’un rite central et d’un rite de fermeture. Le rite de fermeture et d’ouverture, c’est pour sacraliser l’endroit où on est. On peut faire ça n’importe où, mais on préfère quand c’est des lieux un peu jolis. Mais si on n’a pas le choix on peut faire ça sur un parking. Et tout le monde peut y avoir accès ? Absolument. Comment on adhère ? Il faut passer des épreuves ? Chaque clairière a son propre système. Chez nous, quand les gens nous disent que ça les intéresse, déjà on en discute pour savoir ce que la personne recherche, parce que parfois ça ne correspond pas. C’est déjà arrivé que des gens veuillent un système de gourou, ou un système chamanique, des tambours, mais nous on ne fait pas ça. Donc si la personne est intéressée et que vraiment elle a envie de venir, à ce moment-là il y a deux solutions. Soit elle assiste après l’entretien à une cérémonie parce qu’en général il y en a une tous les deux mois. Soit elle ne se sent pas prête, auquel cas je l’oriente vers l’Obod Angleterre où elle fait une demande et reçoit tout un système avec des cours, des indications sur comment ça se passe pour les modules, et combien ça coûte.

« J’ai vu pour la première fois de la magie réelle. Alors pas de la magie genre Mimie Mathy, mais de la vraie magie c’est-àdire une vraie connexion avec la nature. »


The Leftovers.

Ouais, justement ça coûte combien ? Une année de cours, c’est environ 250 euros pour environ 50 livrets. C’est à peu près gros comme votre magazine. La participation aux cérémonies est payante ? Ah non, ça c’est gratuit. Mais les cours, c’est normal que ce soit payant : ça paie le papier, le travail qui a été fait, les envois et tout le système administratif. Et après, c’est un support à vie. On retrouve quoi dans ces cours ? Les gens doivent parfois vous prendre pour une secte parce que certaines se font un pognon de dingue avec ça, comme la scientologie. Les cours sont extrêmement bien faits. Pour ceux qui ont des problèmes d’argent, tu peux payer en plusieurs fois. Et puis ce n’est pas une obligation de les prendre tout de suite. Nous, on a des gens qui viennent d’autres traditions comme les chamanes par exemple. Ils font toutes les cérémonies avec nous et si au bout d’un an, ils se rendent compte que ce n’est pas vraiment ce qu’ils veulent vivre, ils peuvent toujours ritualiser avec nous. Je veux que ce soit un système ouvert à tout le monde et qu’il n’y ait pas de friction parce qu’on accueille untel ou untel. On a eu des musulmans, des chrétiens, des juifs... On ne fait pas de prosélytisme. On offre un outil, les gens peuvent l’utiliser, ou non. On peut comprendre que ça n’attire pas tout le monde, et c’est logique. Donc concrètement, dans ces cours-là, on apprend quoi ? Le premier module de barde, c’est un travail pour développer

sa créativité, c’est le cheminement de barde, et l’initiation viendra après. Dans ces modules tu travailles avec les éléments terre, feu, eau et air, tu construis des rituels... Rien n’est jamais obligatoire, certains vont le faire rapidement. Ceux qui ont déjà une tradition derrière, comme des années de bouddhisme, maitrisent beaucoup de choses, donc parfois en un an c’est torché, c’est très intégré, ça leur parle. Moi je sais que je mets à peu près 10 ans par module. Parce que je prends mon temps, j’ai créé l’Obod France en 2016, je fais les rituels, en plus de ma maison d’hôtes, de mon travail et de la commune, donc forcément ça prend du temps. Ça vous a pris 30 ans pour devenir druide ? Oui, je ne suis pas dans l’objectif de la course aux infos. J’ai le temps. Ce n’est pas le grade qui m’intéresse mais vraiment le lien avec la nature et la vie. Ça vous a changé de quelle manière tout ça ? Je pense que ça a enlevé tout ce qui n’était pas nécessaire chez moi. J’étais quelqu’un d’hyper-sensible, du coup je prenais tout en pleine gueule. Dans la première partie de ma vie j’étais plutôt introverti, fermé, j’avais du mal à communiquer avec les gens, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Les arts martiaux et la danse m’ont beaucoup apporté aussi. Le druidisme a été un élément important pour moi parce que c’est vraiment une connexion avec la vie. Je vous parlais de la magie que j’ai vécu en Angleterre, l’idée, c’est de revivre cette magie-là. Et se dire que si eux le font, c’est qu’on peut le faire.

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Le dab, version druide.

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Vous avez des pouvoirs magiques ? Non. Mais j’ai une connexion avec la nature. On pourrait dire que c’est une foi active. C’est difficile d’expliquer mais quand je suis allé en Angleterre, j’ai vu des choses incroyables en plus des initiations chamano-celtiques que j’ai pu faire, ça m’a fait comprendre que j’avais un lien avec la nature. Est-ce que ce lien est forcément surnaturel ? Non, il est juste évident, mais on ne le voit pas. Vous arrivez à influencer la nature ? Quand il y a besoin oui, et ça marche. La nature est à notre écoute, mais c’est nous qui ne l’écoutons pas. Pourriez-vous nous donner quelques exemples d’utilisation ? J’ai compris que je pouvais communiquer avec l’entité vigne, l’entité vin, mais aussi l’entité météo. Donc effectivement j’ai utilisé ce lien avec la nature pour tenter d’amadouer les choses, et de communiquer avec le vin. Pour la vigne quand je voyais les orages de grêle, je me mettais en relation avec l’esprit de l’orage et je lui disais que ce n’était peut-être pas une obligation de tout détruire. Je n’étais pas là pour la gelée récemment (en avril, ndlr) parce que j’étais à Paris deux jours. Et je n’aurais peut-être rien pu faire si j’avais été là. Ce n’est pas parce qu’on demande aux éléments, qu’ils nous écoutent. Mais on peut toujours demander. Ça a changé aussi votre rapport à la terre ? Complètement. J’ai changé d’abord tout mon système. Je suis passé en bio mais ce n’est pas la réponse à tout. Le druidisme est-il la réponse ? Non je ne crois pas. Je ne suis pas druide pour régler tous les problèmes de la nature. D’ailleurs on n’est pas assez nombreux et puis il y a un destin universel qu’on ne doit pas arrêter. Même si le destin universel n’est pas le mien, je ne peux pas me mettre en travers d’un destin universel. C’est ce qui s’est passé il y a 2000 ans quand les Romains sont arrivés et ont tout détruit. Croyez-moi que les druides ont tout fait pour stopper les Romains dans la magie. Mais le destin s’accomplissait et ils ne pouvaient pas lutter contre le destin. Quand ils ont compris, ils se sont sauvés. Ça vous agace les clichés sur la potion magique, Astérix et Obélix ? Non, je trouve ça bien. Tous les Français connaissent le druidisme grâce à Astérix. Forcément c’est un peu réducteur, bien que ce soit intelligemment fait. Dans Astérix, il y a à peu près tous les clichés druidiques, souvent ils mélangent avec le monde moderne mais finalement c’est bien fait. On voit qu’Uderzo a creusé son sujet et qu’il ne raconte pas de bêtises. Il imagine, il ironise, il transforme mais effectivement il y a un peu de ça.

Logo des OBOD (Order of Bards, Ovates and Druids).

« Je ne suis pas druide pour régler tous les problèmes de la nature. D’ailleurs on n’est pas assez nombreux et puis il y a un destin universel. Même si ce n’est pas le mien, je ne peux pas me mettre en travers du destin universel. » Est-ce qu’on peut se faire radier quand on est druide ? Oui. Si quelqu’un a une mauvaise attitude, on lui demande de partir. On a eu le cas récemment d’une personne qui était pourtant bien au départ, mais qui au fur et à mesure a commencé à prendre la grosse tête, à prendre l’ascendant sur les filles, à les emmerder. Il devenait gourou lentement et progressivement. Il s’autoproclamait des pouvoirs qu’il n’avait pas. Quand on a vu que ça commençait à dériver, on l’a convoqué et on lui a demandé de partir. Il mettait en danger notre système en n’ayant plus les mêmes valeurs que nous. Nous, c’est des valeurs de famille, les gens viennent pour échanger, ils ne viennent pas pour prendre l’ascendant. Les gens viennent avec l’idée d’échanger sur ce qu’ils ont de plus beau et de plus profond en eux. Et, bien-sûr, chacun vient avec ses blessures aussi. // FC, JM, ER.

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Le gros prono des élections régionales Les élections régionales ont lieu les 20 et 27 juin. Qui pour succéder à Marie-Guite Dufay (PS), à la tête de la Bourgogne-Franche-Comté depuis 2015 ? On tente les pronos.

Par Martial Ratel, avec Florentine Colliat Illustrations : Loïc Brunot

L

a région Bourgogne-Franche-Comté, c’est plus de 2,8 millions d’habitants et un budget de 1,9 milliard d’euros. Une réalité plus administrative que tangible (sauf bien entendu pour les land runners de chez Sparse) mais derrière l’administratif flou, il y a de la politique. Pour connaître les forces en présences et leurs différences, on a demandé l’expertise de Benoit Montaggioni, journaliste politique au Journal de Saône-et-Loire. Il colle aux basques des politiques locaux toute l’année, se fait engueuler par Sarkozy en goguette à Chalon-sur-Saône quand il ne lui donne pas du « Monsieur le président » en début d’interview, voit ses tweets blagueurs repris par Jean Castex et en plus il met des jeux de mots dans ses titres. Bref, l’homme idéal pour nous guider. L’enjeu immédiat, c’est le score du Rassemblement National. Guidé par Julien Odoul, les ex-frontistes espèrent remporter la région. Dans un coup de billard multibandes le coup est jouable. Une alliance des gauches pourra-t-elle empêcher cela ? Un rapprochement avec RN et la droite classique est-elle possible ? Pour mémoire, la région Bourgogne a déjà subi l’influence néfaste de l’extrême droite parfois en sous main ou de façon spectaculaire comme en 1998 quand Jean-Pierre Soisson (UDF) avait été scellé un accord électoral avec le FN, portant le bonhomme à la présidence de la région. Les règles électorales ayant été modifiées, l’histoire ne va pas se répéter à l’identique mais… Au-delà de cet enjeu RN, le reste en découlera pendant 5 ans sur la région : des subventions avec beaucoup de zéros, des aides aux entreprises, les TER, l’enseignement secondaire, la formation professionnelle ou encore l’environnement.

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Dans l’ordre des candidatures enregistrées en région Bourgogne-Franche-Comté pour les élections régionales 2021 par la préfecture

Bastien Faudot.

écologiste chez eux même si comme tout le monde, ils parlent de transition écologique. Sont-ils vraiment en rupture avec la liste PS ? Cherchent-ils une meilleure place pour être élus ? Laurence Fluttaz était vice-présidente à la Culture et là elle est tout en bas de la liste des Cerises donc elle ne cherche pas à avoir une place. Je pense qu’on peut leur accorder le bénéfice du doute. Ce sont des gens qui ont mangé leurs chapeaux pendant 5 ans dans la majorité de Marie-Guite Dufay, ils se sont étranglés quand en 2017 au premier tour, elle a dit « Moi mon candidat c’est pas Hamon, c’est Macron ». Ils ont très peur qu’elle s’allie à La République En Marche. Ils ont fermé leurs gueules la plupart du temps parce que la majorité avait une toute petite avance, il ne fallait pas que ça explose. Ils peuvent encore s’allier avec Dufay, ils laissent encore des portes ouvertes. Mais si jamais au second tour, Marie-Guite Dufay a besoin de s’allier avec LREM, ça sera l’un ou l’autre. Soit elle s’allie avec les écolos et Le Temps des cerises, même si ce n’est pas forcément automatique, soit avec LREM, mais pas les deux. » 1 - Le Temps des Cerises : liste conduite par l’élu de Belfort Bastien Faudot. Liste soutenue par GRS, LFI, GDS, Ensemble, Nouvelle Donne et Place Publique. « Ça fait rigoler un peu tout le monde la cerise, la vieille chanson de la Commune de Paris, c’est un symbole de l’époque où ‘la gauche’ voulait encore dire quelque chose. C’est la gauche à l’ancienne, eux appellent ça la gauche sincère. La plupart étaient au PS et sont partis parce qu’ils trouvaient que le PS n’était pas assez à gauche. Ils veulent faire du ‘back to the roots’. Politiquement, ils ont beau s’allier à plusieurs, ils sont tous un peu sur le même terrain. Il n’y a pas de vrai parti

LE PRONO : Comme les pauvres communards, le seul horizon de leurs propositions politiques, c’est la défaite. Même si l’histoire retient quoi ? Louise Michel, Courbet et toute une liste de revendications sociales qui pour la plupart nous semblent évidentes aujourd’hui. On se souvient aussi de la trahison des communards par une gauche molle et le fameux retour de « l’ordre moral ». Finalement, ça ne semble plus si loin que ça 1871. Au mieux, ce sera dans les 10 % et ils n’iront pas au bagne comme les communards condamnés aux travaux forcés ou à la déportation.

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2 - Pour une région qui vous protège. Liste du Rassemblement National, avec Julien Odoul. « Il y a une vraie possibilité que le RN remporte la BFC. Julien Odoul est un très bon candidat pour le RN même s’il a des rapports très complexes avec Marine Le Pen qui a essayé de le faire sauter. Il s’est fait connaître avec des coups d’éclats dégueulasses quand il se fait sa pub en humiliant une mère de famille voilée venue dans le public du Conseil Régional avec son gamin. Marine Le Pen n’a pas aimé. Il prend trop de lumière et avance des thèmes qui ne sont pas encore validés par le parti. Sur le fond, sur cette polémique de la maman voilée, je ne suis pas certain que ça dérange fondamentalement le RN. Après, c’est venu d’une manière pas forcément très classe, il a un peu tiré la couverture. Il sait bien parler, c’est un politique malin, c’est un mec qui passe bien et il a réussi à se faire connaître en BFC. Sur une alliance Les Républicains-RN ? Odoul et Platret se détestent. Et ils se détestent d’autant plus que les deux sont en train de se bousculer et jouer des coudes sur le même couloir. C’est : « - Pousse toi, moi j’aime pas les éoliennes, - Moi non plus », « - Moi je suis pour la laïcité - Moi

aussi », « - Je veux que le sujet principal de la campagne soit la sécurité. - Moi aussi ». Clairement ils chassent le même gibier. Une alliance avec Les Républicains lors d’un troisième tour dans l’hémicycle pour constituer une majorité ? Platret pousse à droite jusqu’au bout de la droite républicaine. J’ai tendance à penser qu’il n’osera jamais franchir le petit pas qui le sépare du RN. Parfois il y a pas grand chose, 10 cm, mais j’ai l’impression que dans ses références historiques, philosophiques, il y a quand même encore une barrière mentale. S’il devait la détruire ça serait un grand choc. » LE PRONO : Si seuls les électeurs RN se mobilisent, la liste d’extrême droite arrivera largement en tête. Ils plafonneront à 35 % (ce qui fait que mécaniquement 65 % sont contre leurs propositions fascisantes). La grosse cote, c’est ce qu’on souhaite, c’est que les embrouilles internes et les détestations viscérales les fassent chuter à la 3ème place au soir du premier tour. Mais un jour, il va peut-être falloir s’attaquer aux raisons qui poussent ces électeurs à voter facho. Donc on mise contre la tendance : au premier tour, le RN placé mais non gagnant.

3 - Écologistes et Solidaires. Les Verts, avec Stéphanie Modde. « Ils ont réussi à réunir une liste 100% AOC Verts, y’a même les écologistes indépendants qui sont avec eux. Ils veulent jouer un rapport de force avec MarieGuite Dufay. Je pense que c’est un peu la grenouille qui se voit plus grosse que le bœuf. Ils espèrent être devant elle, ce qui sera sans doute compliqué. Ils veulent s’allier à Marie-Guite Dufay au second tour, mais on voit que dans la campagne, ils ne peuvent pas s’empêcher de se tirer dans les pattes. Il y a Dufay qui tend des perches depuis 6 mois dans tous les sens. Je pense qu’ils vont réussir à se mettre d’accord, qu’ils vont insérer des élus verts au second tour. Pour les écolos, rouler avec LREM ça me paraît compliqué. Ça serait le sacrifice ultime. » LE PRONO : Là, c’est très chaud. Difficile de savoir où les Verts arriveront. Leur campagne est très calme pour ne pas dire silencieuse. Loin, très loin de récolter les fruits de bons résultats nationaux nos Verts BFC sont comme souvent appellés à faire le nombre quand on parlera fusion. On peut envisager un 15 % dans le meilleur des cas, au-dessus on parlerait de victoire (symbolique) et d’implantation dans la région.

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Stéphanie Modde.


Denis Thuriot.

ait un vivier d’élus et de militants très forts. Ce sont des listes où on ne connaît que quelques noms, on connaît la tête de liste mais globalement c’est un peu comme le personnage dans Matrix qui a toujours la même tête, l’agent Smith. Ils n’y vont pas pour gagner, ils y vont pour exister, pour avoir quelques élus. Depuis 2017, LREM dit que son but, c’est de s’implanter sur les territoires. Ils avancent très doucement et ils ont du mal à incarner. Denis Thuriot est un bon candidat, c’est un bon élu de terrain mais politiquement on a l’impression qu’ils y vont juste pour essayer d’avoir assez pour faire une alliance de second tour. Et je ne vois pas ce qu’il incarne en BFC : on est sur du centre mais c’est peu incarné politiquement. François Patriat, président du groupe LREM au Sénat, est l’ancien collègue/mentor de Dufay. Il était président de la région Bourgogne en tant que PS jusqu’en 2015. La moitié des gars qui sont chez Marie-Guite Dufay étaient des gars à Patriat quand il était au PS. Patriat, c’est le mec qui pendant 5 ans, alors qu’il a changé de parti se pointait au conseil régional pour aller boire un coup, pour montrer qu’il était toujours présent. » 4. La région partout et pour tous. La République En Marche, liste menée par Denis Thuriot. « En fait, l’éternel problème de LREM, c’est qu’on ne sait pas où ils sont. Il y a des régions où ils sont plus proches des Républicains, là ils sont sans doute plus proches de Marie-Guite Dufay que de Platret. Pour l’instant ils n’arrivent pas à faire émerger de grosses identités politiques à part d’être celle des candidats de Macron. On sait que sur nos territoires, ce n’est pas dit qu’il y

LE PRONO : « Y’a-t-il un pilote pour sauver le Parti ? » Oui, un : Thuriot. Quand on regarde le site internet de la liste, tout est axé sur la bobine du maire de Nevers. Un site web comme un site commercial, il y a 10 ans. On en attend quand même plus d’un parti marqueté pour « réinventer la politique ». 10 % pour cette liste en misant sur le capital sympathie nivernais.

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5. Faire entendre le camp des travailleurs. Lutte ouvrière, guidée par Claire Rocher. « Forcément, il y a un petit côté Amélie Poulain. C’est à l’ancienne, on est content de les voir, on sait qu’ils ne vont pas faire beaucoup mais qu’ils ne cherchent pas à faire beaucoup. Ils veulent être là et faire entendre le camp des travailleurs dans les 2-3 occasions qui leurs sont accordées pendant la campagne. Eux, ils savent qu’ils ne s’allieront avec personne. C’est un peu comme la Macédoine en coupe

d’Europe de foot, on les regarde gentiment. Ils ont un petit électorat qui n’est pas énorme. Clairement, ils ne cherchent pas à jouer dans la même cour que les autres, ils sont là avec leurs convictions, ils ne font pas semblant. Ils ont leurs idées. » LE PRONO : 100 % de chances de gagner... dans un monde idéal sans Dieu, ni César, ni Tribun où les damnés de la terre et les forçats de la faim se donneraient la main, feraient changer de base le monde et du passé, feraient table rase.

Gilles Platret.

7. Pour la Bourgogne et la Franche-Comté. Les Républicains et Debout La France, avec par Gilles Platret. « Gilles Platret adore les campagnes électorales et le clash. Son alliance avec Debout La France n’a pas fait le scandale que ça a fait en PACA quand LR s’allie avec LREM. Dans les gens de Debout La France qu’il a choisis en BFC, plusieurs sont des anciens du FN. Ce qui est assez dingue, c’est que quoi qu’il fasse, il l’assumera jusqu’au bout. Ce qui est sûr, c’est qu’il a perdu plein de copains à droite. Il veut aller sur les crampons de Julien Odoul, il veut ratisser ses électeurs. Il y a aussi le côté ramasse-miette des derniers jours. Il nous a quand même sorti une alliance avec Antoine Waechter, l’écolo qui a dû être cryogénisé et ressorti pour la campagne. C’est un écolo qui veut du nucléaire et pas d’éolienne, qui ne pèse rien. Il y a un petit côté panique aussi à vouloir la plus grande alliance possible. Mais Platret est comme Odoul, il parle bien, c’est un bon candidat. Mais il est en train de s’enfermer dans un couloir. Je serais très curieux de voir son score, parce qu’il a effrayé une partie de la droite modérée. Je suis peut-être naïf, mais je crois Platret quand il dit : « le RN c’est le tabou absolu ». Je le crois quand il dit qu’il n’ira pas jusque-là. Je me dis qu’il a vraiment poussé à la frontière, à quelques millimètres du RN. Mais lui qui est fan de Napoléon, je crois qu’il ne franchira pas cette limite. »

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LE PRONO : Le maire de Chalon-sur-Saône va s’allier avec le mec qui devait être le premier ministre de Le Pen (DupontAignan) en venant d’un parti gaulliste, ça doit être compliqué de se regarder dans une glace le matin. Chalon, c’est à combien de kilomètres de Vichy ? C’est pas très loin, nan ? Platret possiblement en deuxième position au premier tour, en dessous ce serait une défaite.


Marie-Guite Dufay.

6. Notre Région par Cœur. PS, PRG et PCF, liste conduite par Marie-Guite Dufay. « Marie-Guite Dufay a un bilan à défendre. Elle a globalement tenu la barre pendant la crise. Il y a peu de gens qui seraient capables de citer son nom. C’est l’élu un peu sérieuse, avec des valeurs, un peu Angela Merkel de gauche. Elle n’aime pas la politique politicienne. Elle a le côté grand-mère sérieuse qui tient la barre alors que ça ne va pas bien. Ça peut lui servir. Elle a de grosses chances de conserver la région. En 2017 elle soutenait Macron sans réserve dès le premier tour. Il n’y a pas si longtemps on lui a proposé de rentrer dans le gouvernement et elle a dit non. Mais on lui a proposé, ce qui prouve à quel point elle est Macron-compatible. Et là, depuis 6 mois, elle flingue le gouvernement dès qu’elle en a l’occasion. Elle vente son écologisme dès qu’elle a l’occasion. On a bien senti qu’elle a compris que son camp, c’était la gauche, elle fait partie des gens de gauche qui ont cru en Macron. Ça reste une femme de gauche et ses adversaires la pilonnent en lui disant que c’est une macroniste. Elle a compris que si elle devait gagner, c’était en gagnant à gauche, et qu’il fallait qu’elle ne se fasse pas avaler par un macroniste centre-gauche. Elle a compris

que son bilan de mandat est plutôt un bilan de gauche. Y’a de l’écologie, de la culture, de l’associatif, du soutien aux migrants. Est-ce qu’un accord Verts, LREM et PS est possible ? C’est possible dans très peu de cas, si le RN fait un immense carton au premier tour. Ça va être hyper compliqué. Déjà Marie-Guite Dufay a les communistes avec elle, et elle a signé un papier pour dire qu’elle ne fera pas d’alliance avec LREM, ce qui n’est pas certain. Mais en tout cas, si elle le fait, elle perd les communistes de sa liste. » LE PRONO : le cœur à gauche et le sextant politique à droite. Marie-Guite navigue entre les pièges de tous ses anciens « amis » et malgré un sondage la donnant « présidente de région la moins connue de France », elle va coiffer tout le monde sur le poteau en réalisant une réconciliation au second tour. En 3ème position au soir du 1er tour et la bamboche d’un poil de cheveux ensuite, si… ses électeurs se mobilisent. // MR et FC.

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Une année 17 mars 2020 : la France toute entière ne le sait pas encore mais elle va vivre une expérience inédite sur une durée indéterminée : se confiner chez soi le plus longtemps possible pour ne pas croiser l’ennemi inconnu : le SARS-CoV-2. Adios les sorties au ciné, les pintes en terrasse, les concerts, le théâtre et tout autre rassemblement à base de culture, divertissement ou contact. Un an plus tard, on a pris des nouvelles de quelques amateurs de ces petits plaisirs aux quatres coins de la région. Ils nous racontent comment ils ont vécu ces 12 derniers mois.

sans culture Par Emma Lahalle, Julian Marras, Florentine Colliat et Chablis Winston Photos : Édouard Roussel

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les témoins Pascale, 53 ans (Auxerre). Conseillère principale d’éducation et fan de concerts de rock. Narjis, 23 ans (Vesoul). Journaliste, amatrice de cinoche et grande supportrice de foot. Juliette, 21 ans (Dijon). Étudiante à l’école des beaux-arts. Adepte d’expos et de cinéma. Cathy, 44 ans (Saint-Rémy). Médiatrice à l’Arc au Creusot, transmet le goût du spectacle à ses gosses. Lucas, 30 ans (Dijon). Apprenti cuisinier et fan de pop. Carlos, 53 ans (Montbéliard). Conseiller emploi/formation et habitué du Moloco. Louise, 17 ans (Dijon). Lycéenne, amatrice de concerts et fan de skate. Nourhane, 32 ans (Besançon). Bosse pour l’éducation nationale et adore le ciné.

Théâtre Ledoux, Besançon.

Linaël, 24 ans (Besançon). Musicien dans un groupe à Besac’. Marie, 56 ans (Mâcon). Éducatrice spécialisée en protection de l’enfance, accro au cinoche. Jean-Baptiste, 33 ans (Chalon-sur-Saône). Formateur au CFA du sport à Mâcon et adepte des festivals. Jacques, 64 ans (Fontaine-lès-Dijon). Retraité, marié à Claude et habitué de l’Auditorium de Dijon. Claude, 61 ans (Fontaine-lès-Dijon). Retraitée, mariée à Jacques, adepte du cinéma et des restoconcerts. Huma, 18 ans (Pouilly-sur-Loire). Étudiante en langues étrangères appliquées, habituée du cinéma et du théâtre.

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C’était quoi ta dernière sortie culturelle ? Lucas, 30 ans : le vrai dernier spectacle ou un faux comme l’été 2020 ? Le vrai, ça sentait déjà un peu la merde, c’etait début mars 2020. On se demandait pourquoi les concerts étaient encore maintenus... C’était à l’Olympia, avec King Krule. Très bon ! Je suis content que ce soit ça le dernier. Et puis 1.500 personnes agglutinés dans une salle, je suis pas sûr qu’on y revienne tout de suite… Jacques, 64 ans : voilà une très bonne question ! Ça devait être à l’Auditorium en janvier ou février 2020. C’était un spectacle classique. D’habitude, j’y vais régulièrement avec un groupe d’amis. Cathy, 44 ans : c’était y’a pas si longtemps, j’ai eu la chance de voir une compagnie de cirque lyonnaise, Virevolt. Le problème, c’est que c’était réservé qu’aux pros, comme beaucoup d’événements en ce moment. Mais sinon le dernier en tant que spectatrice, c’était fin octobre à Saint-Marcel avec le concert d’Ossayol, un musicien et chanteur chalonnais.

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Linaël, 24 ans : fin 2019, j’ai joué avec mon groupe au festival Détonation à Besac’, donc j’ai pu profiter des concerts toute la soirée. Il y avait Salut c’est cool, Alpha Wann et tout. Carlos, 53 ans : un petit groupe au Moloco. Ah, je ne me rappelle plus le nom… Autrement, juste avant, c’était -M-, à l’Axone de Montbé. Claude, 61 ans : je suis allée au cinéma en septembre 2020 à Dijon voir Les Apparences. Narjis, 23 ans : mon dernier spectacle, c’était avant le 1er confinement en mars 2020. Je fêtais mon anniversaire à Paris avec mes potes, étant donné que c’est the place to be pour les spectacles, on en a profité et on a eu la chance de voir un spectacle sur les bateaux mouches de la Seine. Juliette, 21 ans : récemment j’ai eu l’occasion d’aller voir une expo au Consortium avec ma classe d’art,

on était tout seul dedans, ça faisait bizarre, j’étais pas à fond dedans. Et là avec l’occupation des théâtres, il y avait un mix de genre 30 minutes. C’était une ambiance bizarre, avec mes potes on s’est dit : « la vache les gens ils savent plus danser ! » Mis à part ces 2 événements, je ne me souviens plus de ce que j’ai fais avant le premier confinement, c’est trop loin ! Jean-Baptiste, 33 ans : ça devait être décembre 2019 pour le jour de l’an à Prague. Y’avait rien en 2020, tout était fermé donc c’est la dernière que j’ai faite... Nourhane, 32 ans : je pense que c’était Philippe Katerine à la Rodia en janvier 2020. C’était trop bien, un super souvenir. J’ai aussi fait le festival de spectacle de rue à Mulhouse fin septembre avec des copines, on avait les masques dans la rue mais ça ne craignait pas, il y avait les distances de sécurité… Pascale, 53 ans : le dernier gros truc que j’ai fait, c’est Angèle à Dijon. C’était avant le confinement, fin janvier je crois. Cet été j’ai réussi à faire 2 concerts au Silex : un concert de rock, et puis aussi le chanteur de Pigalle qui faisait des chansons pour enfants. On était en configuration assise. Louise, 17 ans : c’était à La Vapeur, le festival Génériq en février 2020.Y’avait plein de concerts. Videoclub, Yseult… Marie, 56 ans : juste avant le deuxième confinement, je suis allée au cinéma à Mâcon, j’ai vu Antoinette dans les Cévennes. J’ai beaucoup aimé ce film, je vais beaucoup au cinéma en général. Huma, 18 ans : je ne m’en souviens pas… Ça devait être au cinéma de la Charité-sur-Loire avec ma maman, mais quand ? Je ne sais pas… Je suis peut-être allée au cinéma avec un masque, ça me dit quelque chose mais je ne suis pas sûre du tout.


La Vapeur, Dijon.

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T’étais dans quel état d’esprit quand t’as appris que tout fermait ? Cathy, 44 ans : désespérée. C’était un gros coup de massue. Parce que les spectacles et concerts font partie de mes loisirs de vie, de mon quotidien. Le premier truc dur, c’est Chalon dans la rue, parce que ça fait des années que je vais à ce festival. Même pour mes enfants de 10 ans habitués à cet événement, c’était triste. Lucas, 30 ans : vu qu’on ne savait pas ce que c’était à l’époque, ça sentait l’apocalypse, alors ça me semblait être une bonne mesure de tout fermer par précaution. Je m’y attendais un peu. En mars 2020, tout le monde se demandait un peu si on allait tous mourir... Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Mais à l’époque on avait une vision réduite du problème. Marie, 56 ans : j’étais un peu sous le choc de l’épidémie. À cette époque-là je trouvais ça normal de tout fermer, mais on n’avait pas la perspective que ça dure un an. Donc je trouvais ça normal au vu de la crise sanitaire. Louise, 17 ans : déçue, comme tout le monde. Au tout début on se disait « on va faire l’effort, ça va pas durer longtemps ».

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Claude, 61 ans : j’étais angoissée de savoir ce qui allait se passer. On ne savait pas trop ce que ça allait devenir. Et pour combien de temps surtout ?! Narjis, 23 ans : je me disais comme tout le monde : « mais dans quoi on s’est embarqués ? » Quand je suis sortie dans ma rue, je me suis dit « c’est pas possible de vivre comme ça » et je ne pensais pas que ça allait durer aussi longtemps. Mais pour le bien de tous je pense qu’il faut être patient, même si ça dure depuis 20 ans. Cette situation m’apprend à prendre sur moi, à être beaucoup plus patiente. Linaël, 24 ans : dég. J’avais prévu des trucs, forcément. Ça a tout bousculé au niveau de la musique pour ma part. On avait des répet’, des dates de prévues, on s’est retrouvés sans local pour répéter... J’avais surtout des concerts à voir. Juliette, 21 ans : j’étais mal ! Surtout que Macron n’est pas très porté sur les étudiants et encore moins sur ceux en arts. J’avais peur, je me suis dis « c’est la merde, je suis en 2ème année, j’ai un diplôme dans un an » et puis tout ça est arrivé super vite ! La peur a été progressive en fonction de l’évolution du virus.

J’avais aussi le projet de me prendre un appartement, de travailler dans la restauration donc c’était mort et je suis restée chez mes darons. Pascale, 53 ans : une catastrophe… Très très triste. Les concerts, c’est mon seul loisir. Parce qu’en temps normal je fais très peu d’expos, je ne vais pas au cinoche, ni au théâtre. Les concerts ponctuent mon année. Donc quand y’a pas tout ça, c’est un jour sans fin. Carlos, 53 ans : j’étais étonné que ça ne ferme pas avant. Mais stupéfait qu’on ferme absolument tout quand même. Après, on a tous été pris dans le rythme du confinement. On se sentait utile à ne pas bouger de chez nous à l’époque. Jacques, 64 ans : j’ai pas capté immédiatement que les lieux culturels allaient fermer. C’était assez bouleversant, on était un peu paumés. Je pensais qu’on était partis pour 3-4 mois.


Jacques, 64 ans : le café et les concerts !

Qu’est-ce qui t’a le plus manqué ?

Lucas, 30 ans : vivre l’expérience comme j’en ai envie. Si t’as envie de vivre le concert au premier rang collé aux autres tu le fais. Si tu veux boire des bières avec des potes croisés par hasard, tu peux le faire aussi... Parce que tu ne croises plus les gens par hasard. Normalement un concert, tu ne prévois rien. Tu peux très bien le mater du début à la fin entièrement, ou en voir 5 min et sortir boire un coup. On m’impose une expérience, ça me gonfle un peu. Cathy, 44 ans : les concerts quand t’es debout à boire des bières, à être collés les uns aux autres, à crier... Et puis les spectacles, parce que comme je travaillais dans le milieu, j’allais en voir un peu partout.

« On a tous été pris dans le rythme du confinement. On se sentait utile à ne pas bouger de chez nous à l’époque » CARLOS, 53 ANS, HABITUÉ DU MOLOCO

Carlos, 53 ans : aller à un concert, c’est pas que le concert. C’est aussi les rencontres qu’on y fait. On va voir des amis qu’on n’a pas vu depuis longtemps, des gens qu’on retrouve parce qu’on sait qu’ils vont y être pour tel genre de musique. Ce qui me manque, c’est découvrir des choses. Une salle comme le Moloco, c’est une salle de découverte. Jean-Baptiste, 33 ans : les festivals, le fait de faire la fête avec des milliers de gens, le fait que t’en as rien à foutre d’être à 10 cm de la tête de quelqu’un. Aussi, en tant que basketteur, le sport me manque. Mais c’est l’une des premières fois de ma vie que je peux profiter de mes week-ends, comme d’habitude je suis au sport. Pascale, 53 ans : les concerts et les bars. Ce sont ces lieux d’échange qui me manquent beaucoup parce qu’il n’y a rien qui remplace ça. Depuis que j’ai 17-18 ans, j’ai un carnet où j’ai listé la plupart de mes concerts, il y en a plus de 200. J’ai aussi gardé tous mes vieux tickets.

Claude, 61 ans : le cinéma parce que j’y allais beaucoup, mais aussi les sorties à l’Auditorium. Et avec ma femme on allait pas mal à des p’tits concerts dans des bars. Marie, 56 ans : le ciné et les sorties avec les amis. On était une bande d’habitués, on se retrouvait le vendredi soir au restaurant. Et puis un lieu à Mâcon où je vais souvent qui s’appelle Le Crescent. Nourhane, 32 ans : j’allais beaucoup au cinéma, ça faisait partie de mes habitudes de vie du coup ça me semble hyper loin. Après, les concerts me manquent aussi, je n’y allais pas souvent mais c’est plus pour le côté ambiance qu’on n’a plus. Je pense que je prendrais plaisir à reprendre l’habitude d’aller au théâtre, d’aller voir des spectacles parce que je n’y allais pas souvent non plus, par flemme. On a de la chance que ça existe. Narjis, 23 ans : ce qui m’a manqué surtout cet hiver, c’est d’aller au ciné. Mais ce qui me manque vraiment vraiment, mis à part le cinéma, c’est d’aller dans des stades de foot. D’habitude j’y vais presque tous les week-ends, c’est un besoin pour moi d’aller voir un match. Il n’y a rien de plus triste de voir un stade habituellement bondé de supporters qui est vide désormais. Linaël, 24 ans : trop de trucs ! Ce qui me manque le plus c’est vraiment le partage. Que ce soit pour la musique, la danse et le milieu artistique en général. Communiquer, faire des concerts, rencontrer des gens, échanger, tout ça me manque. Louise, 17 ans : les sensations pendant le spectacle, le concert. Pouvoir y être avec mes amis. Profiter sans masque... tout simplement.

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Comment as-tu vécu cette demie libération l’été dernier ? T’as fait ce que tu voulais ? Nourhane, 32 ans : je suis retournée au ciné mais j’ai dû voir 3 ou 4 films donc c’était pas énorme. Avec le masque, c’était pas trop pesant, pendant 2 heures sans bouger ça va. Je n’ai pas fait de concerts, c’était vraiment une ambiance bizarre parce que t’as envie de bouger mais t’es complètement restreint. Ça ne m’a pas trop donné envie. J’avais aussi des craintes sanitaires où j’avais pas envie de me retrouver dans une salle enfermée avec plein de gens qui potentiellement se crachent dessus. Huma, 18 ans : j’ai profité de cette liberté pour revoir les gens que je n’avais pas pu voir depuis un bon moment. Ça a permis de redonner de l’air à la vie sociale qui était quasi inexistante pendant les confinements. Après, faire un concert assis avec de la distance, c’est pas ouf. Parce que justement ça rapproche les gens physiquement. Je ne vois pas comment l’ambiance d’un concert peut s’installer. Linaël, 24 ans : je suis retourné au musée des beaux-arts voir une expo, j’ai refait 4 petits concerts. C’était une espèce de libération mais bon, on a été reconfinés... Quand j’allais dans des expos, on ressentait quand même une petite barrière. Carlos, 53 ans : je suis allé voir un

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concert, c’est tout. Je ne me suis pas remis dedans. Déjà il n’y avait pas grand chose, c’était difficile à organiser. Je suis allé à un concert en plein air à Audincourt en septembre : Adamsberg et Coco, un duo folk de Dole que j’ai découvert grâce au Moloco. Mais depuis je n’ai rien fait. Cathy, 44 ans : en été, j’étais hyper frustrée et triste de ne pas pouvoir faire de festivals. Par contre vers septembre-octobre c’était l’ouverture de saison pour les lieux culturels. J’ai eu beaucoup de mal avec les nouvelles normes : des spectateurs à demi jauge et masqués… Fin septembre, dans l’asso où je suis bénévole, Boumkao, on a organisé un festival de cirque qui s’appelait La planche à clous à Rully, près de Chalon-sur-Saône. Je crois qu’on n’a jamais eu autant d’émotions ! Les artistes étaient comme des dingues de pouvoir jouer, tout le monde chialait. C’était à la fois cette sensation de bonheur mélangée à un sentiment de « c’est quoi cette époque ? » On aurait dit une parenthèse enchantée. Ç’a été mon plus beau souvenir de l’année 2020. Claude, 61 ans : tout l’été on a fait attention, mon mari est considéré comme une personne à risque. On allait au resto mais jamais à l’intérieur,

toujours dehors. On ne voyait pas trop de monde à la fois... On n’avait rien de prévu comme sortie culturelle. Louise, 17 ans : tous les festivals où j’avais des places ont été annulés, en salle y’avait rien. J’ai vu des concerts sur des places par hasard pendant les vacances, mais pas grand chose. Lucas, 30 ans : l’été dernier, la première fois j’étais content de retrouver des gens, d’écouter de la musique live... mais j’ai vite arrêté. Je n’ai pas adhéré au mode de représentation. Je préfère rien faire que de faire ça. « Va pisser à ce moment-là sinon tu pourras plus. Prends ta boisson avant parce que tu ne peux pas te lever pendant le concert ». Bof… Juliette, 21 ans : cet été j’ai travaillé je crois... En fait c’est très flou pour moi, on a été déconfinés en mai ? Je ne me souviens plus si on a eu un couvre-feu. Ah c’est bon je m’en rappelle ! En fait, j’ai travaillé dans une boulangerie pour me faire un peu de thune. Mais d’un point de vue culturel, je m’ennuyais à Dijon. Je n’ai pas eu un super été. Tout le monde était bizarre. Le 1er confinement a suffi à changer les mentalités sur les éloignements et rapprochements. Par contre ç’a été génial à la rentrée, on s’est tous


retrouvés, j’ai pu rencontrer de nouvelles personnes. Pascale, 53 ans : j’ai quand-même apprécié, je me suis dis que c’était mieux que rien. Alors c’est vrai que la configuration assise c’est particulier, ça fait un peu bizarre pour des concerts de rock d’être assis avec les pieds qui dansent et pas le corps. Après, tu peux pas

C’était quoi tes alternatives pour prendre ton shot de culture ? Jean-Baptiste, 33 ans : ça dépend. Parfois j’arrivais quand même à faire 1 ou 2 soirées avec des potes avec de la musique, tu te raccroches à ça. Et puis les festivals qui sont prévus, les dates qui sont annoncées, mais en fait ils en annoncent plein, ils essaient de remettre en route mais ils les annulent tous, c’est un peu relou. Tu peux pas prévoir et te projeter. Jacques, 64 ans : depuis le premier confinement je lis et j’écoute beaucoup de musique. C’est quelque chose qui est devenu ancré. Et comme je suis retraité, j’ai encore plus de temps. Marie, 56 ans : beaucoup plus de lecture que d’habitude. Pendant le premier confinement, tout était fermé donc j’ai fait beaucoup d’échanges de livres avec des amis. Je ne suis pas du tout sur les plateformes, je regarde un peu les séries sur Arte, j’ai regardé En Thérapie...

boire un coup à la fin, ça manque. Sinon à Auxerre, il y a le festival Catalpa qui a été rediffusé sur Facebook. Mais je n’ai pas réussi à accrocher malgré les alertes que j’avais mises sur mon téléphone. Il n’y avait pas l’esprit classique d’un festival où il fait beau, on est dehors sur la pelouse, à boire des coups, y’a des grands, des petits, des vieux, des enfants.

Narjis, 23 ans : mon métier de journaliste me donne la chance d’avoir accès à des endroits où d’autres ne peuvent pas aller. Je suis en permanence occupée donc ça me fait oublier le fait que je ne peux pas aller voir un match de foot, aller au ciné, au musée, dans des festivals. Sinon je compense pas mal via les réseaux sociaux et Netflix : je regarde ce que les artistes publient, des films et séries. Nourhane, 32 ans : pour ce qui est du cinéma, je vais sur Internet classiquement. Et pour les concerts, j’ai commencé à regarder la chaîne Culturebox (la chaîne de France Télévisions, ndlr), je suis tombée sur des rediffusions de concerts qui étaient pas mal. Au niveau danse, il y a eu des choses sur Arte et France 5 où j’ai pu suivre des spectacles de l’Opéra de Paris c’était vraiment cool. Je me suis mise aussi à suivre un peu plus les artistes sur Instagram et Facebook, parce qu’il y en a pas mal qui ont fait des petits lives. Pascale, 53 ans : je vais sur Culturebox pour regarder des concerts de temps en temps. Je me suis abonnée à plusieurs artistes sur YouTube où je regardais des morceaux en live ou des vieux clips, mais bon c’est pas le top. Les concerts à la maison, à la télé, c’est quand-même pas pareil. J’en ai regardé un l’autre jour, en entier, j’essayais de me mettre dans l’ambiance avec lumières éteintes comme en concert, mais ça n’a rien à voir. Être toute seule devant sa télé ne remplacera jamais la promiscuité, la chaleur des gens, être serrée à eux, avoir du mouvement.

Marie, 56 ans : ça m’a procuré un sacré bol d’air. J’ai visité des églises, je suis allée au musée Soulages (à Rodez, ndlr). J’ai repris une vie sociale et culturelle normale, donc ça a été un grand soulagement qui a été d’assez courte durée finalement.

Cathy, 44 ans : hé bien… Je ne me réfugie pas du tout sur l’offre numérique et télévisuelle, ça me saoule. J’ai tenté une sortie de résidence via Zoom, et j’ai tenu 10 min, ça m’a saoulé. Donc l’alternative, y’en a pas tellement. Sinon je bouquine et je vois plein plein de copains, ça compte beaucoup comme compensation. Juliette, 21 ans : je regardais beaucoup de séries et de films sur Netflix, Canal et Arte... Il y a des soirs, avec mon frère, on mettait de la musique à fond, on dansait et on essayait de faire la fête tous les 2 à la campagne. Ce qui est marrant c’est que maintenant, j’apprécie beaucoup plus la solitude. Le confinement m’a fait me rendre compte que je pouvais très bien être seule. Je pense d’ailleurs que tout le monde a dû faire avec en ce qui concerne ce rapport à la solitude. En tout cas, ça a changé mon rapport social. Sinon là je fais quelques soirées entre potes mais je fais gaffe parce que j’ai été cas contact 2 fois. Carlos, 53 ans : j’achètais des disques. Je suis encore de ceux qui achètent des CD. J’aime pas trop les plateformes. Le dernier Gaëtan Roussel qui est superbe par exemple. Je compense comme ça. Je suis quelques live sur Internet. Y’a un mec qui fait des reprises de Prince et de Peter Gabriel, vraiment bon. Les concerts sur le net, c’est sympa, mais ça ne remplace pas les vrais. D’ailleurs le concert organisé par le Moloco dans une église était super. C’est à se demander pourquoi on ouvre les églises et pas les lieux culturels. On devrait se servir des lieux de culte pour y faire des concerts et y aller à fond.

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Cinéma Cap Vert, Dijon.

Ta première sortie culturelle, ça sera quoi ? T’as des appréhensions ? Louise, 17 ans : un gros festival avec plein de rappeurs ! Nourhane, 32 ans : je pense que ça sera de retourner au cinoche. Niveau concert, il y a un an je devais aller voir Vincent Delerm, il devait passer à Besançon et j’étais trop dégoûtée de ne pas le voir. Je devais voir Thomas VDB en spectacle aussi...

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Marie, 56 ans : aller écouter de la musique au Crescent avec des amis. Normalement, en juillet, il y a un festival plein air. Parfois il y a aussi des dégustations de vins locaux. C’est un endroit culturel accessible, pas cher du tout. Linaël, 24 ans : j’ai envie d’aller en soirée et de boire des bières dans un bar.

Pascale, 53 ans : le plus simple serait d’aller au ciné, ça sera le premier truc qui va rouvrir, mais moi ce que j’attends c’est l’ouverture des concerts ! Je n’ai aucune trouille, j’ai confiance en les organisateurs, j’ai déjà fait 2 concerts en mode on fait attention, on a les masques, etc. Donc je sais que si c’est organisé, il y aura toutes les mesures barrières qu’il faut : si ça a lieu c’est que ça a été réfléchi.


« Ce que j’attends, c’est l’ouverture des concerts ! Je n’ai aucune trouille, j’ai confiance en les en les organisateurs » PASCALE, 53 ANS, AMATRICE DE CONCERTS DE ROCK

Au travail, on rencontre une dizaine de personnes toute la journée, on peut croiser une dizaine de personnes au ciné ou en concert, c’est pareil. Huma, 18 ans : retourner au cinéma. Ca serait toujours quelque chose d’agréable d’y retourner mais on sait très bien que ça ne sera pas pareil avec les restrictions. On pourra pas être aussi libres qu’avant. Cathy, 44 ans : je ne sais pas, peut-être Chalon dans la rue. Mais c’est quandmême en juillet, donc d’ici là je ne sais pas trop. En tout cas, je n’ai aucune appréhension sur le protocole sanitaire. Narjis, 23 ans : je n’ai pas non plus prévu de faire quelque chose en particulier et j’ai pas plus d’appréhension que ça… Depuis plus d’un an je me dis qu’il faut vivre au jour le jour et dès que j’aurais une opportunité de sortie, je sauterais sur l’occasion. Jean-Baptiste, 33 ans : peut-être un resto. Je pense que c’est ce que je vais faire en premier. Déjà parce qu’on va sortir de la routine et pour soutenir les restaurateurs. Dès que c’est rouvert je prend une place pour un festoch, je sais pas où et j’y vais, c’est sûr. Juliette, 21 ans : en septembre, je vais partir en Erasmus en Espagne donc

je vais forcément bouger et voir autre chose mais en attendant je n’ai pas de trucs prévus. J’aimerais bien faire des festivals s’il y en a cet été. Je ne sais pas si Risk (l’asso électro basée à Dijon, ndlr) va faire un truc, mais ça serait cool ! Et puis j’attends d’aller au cinéma et voir des expos à fond. Carlos, 53 ans : j’aimerais faire un gros concert en extérieur, un gros festival avec vraiment plein de monde. Ouais, ce serait bien. Certains se sont habitués aux masques, pas moi. Je le porte quand il faut, je respecte les gestes barrières... Mais j’en peux plus de ne pas pouvoir serrer des mains, de ne plus voir les visages. Avec les masques, je suis infoutu de reconnaître les gens, c’est un problème. Lucas, 30 ans : j’y ai pas trop réfléchi. Rien qu’un concert sans qu’on me gonfle avec des masques et des distances... Je voudrais retrouver une ambiance, une façon d’appréhender le fait d’aller au spectacle sans peur. Bon, si tu me catapultes à la Route du Rock à 19h, avec une pinte à la main, une groupe que j’aime, et 5 ou 6 potes : oui, vas-y ! Claude, 61 ans : en premier je pense qu’on irait au restaurant et au cinéma. Et puis comme on va être vaccinés, on va reprendre une vie normale petit à petit. // FC, JM, EL et CW.


Pas de culture Pas de futur ?

Depuis mars 2021, 6 théâtres de BourgogneFranche-Comté sont devenus QG de résistance culturelle. Voici la carte des points de lutte à leur début d’occupation, ainsi qu’une tribune offerte à la Coordination des Intermittents et Précaires (CIP) JuraBourgogne-Franche-Comté.

Le Théâtre Auxerre 21 avril

Le Grand Théâtre Dijon 15 mars

Espace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône 22 mars

Centre dramatique national Besançon 11 mars

Théâtre Lons-le-Saunier 19 mars

Le Théâtre, Scène nationale Mâcon 22 mars

Nous avons ouvert les portes. Nous sommes là. Des occupant ˙es, nuit et jour. Des lieux de culture empêchés, occupés avec force, détermination, joie et espoir partout en Bourgogne Franche-Comté, parce que la Culture est et a toujours été vectrice d’engagement, porteuse des luttes politiques et sociales à travers les siècles. Dans plus de 100 lieux en France, les mêmes revendications : STOP à la précarité des travailleurs.es en contrat court et des étudiant.es / NON à la réforme injuste de l’assurance chômage / NON à la réouverture des lieux sans droits sociaux. Ces théâtres, NOS lieux de travail empêchés sont devenus depuis quelques mois des lieux de rassemblement, de solidarité. On s’y réunit

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pour organiser le présent et l’avenir de tout.es : actions coup de poing (ouverture de péages, concerts dans les supermarchés, invasion des délégations des Ministères du Travail etc…), réunions avec la DRAC, les élus, les directions régionales Pôle Emploi... En région, la lutte s’organise. Une chose est sûre, nous ne nous résignons pas au silence, nous sommes plus que jamais déterminé˙es, occupons et continuerons à occuper jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites. Nous ne payerons pas leur crise. Nos Cultures, Nos Futurs. Texte amendé par la CIP Jura-Bourgogne-Franche-Comté



S.O.S. faune sauvage

Bien connu des Jurassiens pour ses actions en faveur de la sauvegarde et de la réhabilitation du lynx, le Centre Athénas, situé dans le village de L’Étoile (39), est un centre de soin de la faune sauvage qui fait office de modèle national depuis plus de 30 ans. Plongée au cœur d’un sanctuaire unique en son genre.

Par Augustin Traquenard, à L’Étoile (21) Photos : Béatrice Jeannin


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i une prise de conscience massive de l’urgence à lutter contre le dérèglement climatique semble occuper les esprits, la nécessité de sauvegarder la biodiversité progresse également dans les mentalités. Les salariés, bénévoles, stagiaires et volontaires du Centre Athénas, avec 25.000 animaux sauvages blessés recueillis depuis 1987, sont bien des héros de cette cause qui bénéficie d’un nouvel éclairage médiatique suite aux publications alarmistes des scientifiques. Car les effondrements des populations d’insectes et d’oiseaux seraient les prémices d’une très probable « 6ème extinction de masse des espèces ». Quels sont les soutiens, les combats et les obstacles des actions du Centre Athénas en faveur de la vie sauvage ? Les chasseurs sont-ils les premiers écologistes de France ou des barbares sanguinaires ? Quelles sont les motivations des braconniers ? Lorane Mouzon et Gilles Moyne, les tauliers du Centre Athénas, ouvrent les portes du lieu.

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Pas là pour faire des selfies Dans le bucolique et viticole village de L’Étoile, pas de panneau indicateur signalant la présence du Centre Athénas. Discrètement située à flanc de colline et sécurisée par des portes cadenassées, l’entrée ne se fait pas sans montrer patte blanche. En poireautant dans l’allée, attendant l’heure du rendez-vous, on observe de jeunes gens qui entrent et sortent des différents bâtiments et dépendances au pas de course, affichant la détermination et la concentration de soldats en mission. « Je préviens les responsables de votre arrivée », entend-on au loin. Quelques minutes plus tard, Lorane Mouzon nous rejoint. Elle est l’une des 3 salariés de la structure. Titulaire d’un master de biologie-écologie, elle s’est d’abord impliquée bénévolement puis est devenue soigneuse à plein temps en 2012. Désormais « capacitaire cheffe d’équipe », elle impressionne par sa connaissance de la vie sauvage et des écosystèmes. En revanche, elle nous signifie assez vite qu’on ne vient pas ici pour faire des selfies avec les Lynx. Les animaux recueillis par le Centre Athénas ont vocation à retourner à la vie sauvage, il est donc

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Binge drinking.

impératif de limiter au maximum les interactions avec les humains. La visite se limitera donc à « l’infirmerie » où trois jeunes filles en service civique et une salariée s’activent pendant que Gilles Moyne, le directeur du centre, pianote sur un clavier d’ordi, absorbé par des tâches administratives. Les soins aux animaux se succèdent dans un ballet bien rôdé. Après avoir remballé une ribambelle de tortues, on soigne un rapace au bec amoché, on nourrit un renardeau, puis des oisillons affamés. Dans la salle attenante, un héron cendré, un jeune écureuil, des canetons nous observent depuis leur cage. Une jeune service civique questionne : « Lorane, je fais la vaisselle ou je continue les soins ? - Tu fais d’abord la vaisselle. » On se sent un peu empotés et inutiles comme des voyeurs dans les urgences d’un CHU. Une jeune retraitée, bénévole référente, fait irruption avec un panier garni d’oisillons tombés du nid. Toute l’équipe s’affaire pour identifier l’espèce et nourrir les orphelins. Le Centre Athénas, c’est une ruche qui fédère 1.500 adhérents, 300 bénévoles actifs dont des référents qu’on peut contacter lorsqu’on trouve un animal sauvage blessé dont on ne sait pas quoi faire. Souvent bien mal informé sur les mœurs de la faune sauvage, on peut parfois faire des erreurs en ramassant des jeunes chouettes au sol, les croyant blessées... Elles ne font souvent que vivre leur vie de juvéniles. Il semble également que les bons samaritains ont un faible pour les espèces « mignonnes » dont la star est le hérisson : 500 spécimens par an sont déposés au Centre Athénas. « Il y a une information erronée qui circule selon laquelle le hérisson pourrait disparaître d’ici 2025 », nous

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confie Lorane. Si les hérissons périssent en masse sous les roues des voitures (près d’un million par an en France), l’espèce n’est cependant pas sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction.

Wanted : braco de lynx Une des activités d’Athénas, c’est aussi la lutte contre le braconnage. Les soins et les efforts fournis par les salariés et les bénévoles du centre pour la sauvegarde du lynx peuvent être anéantis par un simple coup de flingue d’un chasseur mal intentionné. En 2020, le Centre Athénas dépose des plaintes après deux cas de braconnage avérés en Alsace et dans le Jura. En janvier 2021, rebelotte, un lynx boréal est découvert criblé de plomb dans le canton de Quingey (25). Pour Athénas, on entend bien médiatiser l’affaire et retrouver le coupable en offrant 1.000 € de récompense à quiconque permettrait d’identifier le braconnier ; une initiative déjà expérimentée par Rewild, une organisation créée par sept associations de défense de la vie sauvage, qui offrait 5.000 € en 2020 pour les signalements qui permettraient d’identifier les auteurs des tirs. Une espèce que Gilles Moyne tente également de protéger du braconnage, c’est le busard cendré, un rapace migrateur qui a la particularité de nicher au sol, initialement dans les prairies naturelles à végétation basse mais qui, avec la disparition et l’exploitation de ce type de milieux, niche dans les cultures céréalières. Les exploitants agricoles se montrent presque toujours coopératifs en laissant intervenir le Centre Athénas qui place les nids dans de petites cages (ouvertes vers le ciel


pour permettre le nourrissage par les adultes), empêchant les jeunes de fuir et de se faire broyer par les machines agricoles. Cependant, Lorane nous confie que cela ne suffit pas, il faut aussi faire appel à des bénévoles qui campent sur place pour éviter la destruction des nichées par des braconniers. « Les nids sont régulièrement détruits et les oisillons écrasés à coup de botte ou même empoisonnés. Probablement parce que les rapaces sont considérés comme des prédateurs, donc des nuisibles. Mais la seule présence d’une tente de bénévoles à proximité suffit à prévenir ces destructions. Les braconniers qu’on imagine comme des gens violents, sont finalement peu téméraires ! » L’éducation des populations pour changer le rapport que nous entretenons avec les autres vivants est donc un chantier énorme et qui, selon Lorane Mouzon, ne passe pas seulement par la lutte contre le braconnage. « Les VTTistes font beaucoup de dégâts en détruisant des espaces de nidification sur les sentiers à flanc de montagne. Même les photographes animaliers, qui sont passionnés par la vie sauvage, s’immiscent parfois entre les parents et les nids. Les adultes, par peur de signaler la présence du nid, hésitent à retourner couver, ce qui peut provoquer la mort des oisillons. »

« La seule présence d’une tente de bénévoles à proximité suffit à prévenir ces destructions. Les braconniers qu’on imagine comme des gens violents, sont finalement peu téméraires ! » Gilles Moyne, directeur du centre Athenas saturation ». Des propos qui ont fait bondir Gilles Moyne puisque la population de lynx en France ne représente que 120 individus, menacés par la circulation routière et le braconnage. Unique en son genre, le Centre Athénas est régulièrement médiatisé pour son combat en faveur de la sauvegarde du lynx boréal, ce qui ne représente qu’une partie de son activité. Recueillir, soigner et réhabiliter des animaux sauvages tout en sensibilisant le public à la protection de la faune apparaît comme une gigantesque tâche. L’urgence étant aussi de changer ce rapport qu’on entretient au vivant, et de reconsidérer la nature, souvent envisagée uniquement comme une ressource à exploiter. Et ce même si parfois, la priorité, c’est de faire la vaisselle avant de soigner. // AT.

Partenaires et adversaires Dans le combat pour la sauvegarde de la vie sauvage, partenaires et adversaires ne se trouvent pas toujours là où l’on pense. Ainsi, si les chasseurs sont souvent pointés du doigt pour leur manque de respect du vivant, ils collaborent aussi parfois avec le Centre Athénas. « Lorsque nous sommes à la recherche d’un lynx blessé, on fait appel à des chasseurs qui sont heureux de faire travailler leurs chiens de sang. » Étonnamment, des clébards initialement dressés pour traquer le gibier blessé peuvent donc rendre service pour sauver des lynx. Les relations avec le monde de la chasse ne sont cependant pas toujours cordiales. Prédateur de cervidés, le lynx est vu par la plupart des chasseurs comme un concurrent. Lors de sa dernière assemblée générale, la fédération des chasseurs du Jura s’est félicitée de la décision du tribunal administratif de Besançon qui a débouté le Centre Athénas de sa demande de suspension de dérogation de chasse pendant la période de confinement. Le préfet du Jura Richard Vignon, réputé pro-chasse, a fait annuler le permis de construire de la nouvelle infirmerie du centre. De même, chez les supposés partenaires, certaines déclarations dénotent par leur étrangeté. Selon le correspondant départemental du réseau LoupLynx de l’Office français de la biodiversité, « la population de lynx se porte très bien dans nos contrées. Elle arrive même presque à

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À 25 ans, l’athlète Alexis Miellet, licencié au DUC (Dijon université club), a déjà un beau palmarès. Pas moins de 7 titres de champion de France en demi-fond. Ancien espoir du foot, il a quitté le rectangle vert pour la piste orange. Entretien post entraînement avec un gaillard qu’on risque fort de retrouver aux JO de Tokyo, cet été, sur 1.500 mètres.

T’as fait athlé parce que tu étais moyen en sport co ? Non, j’ai fait 11 ans de sport co avant de commencer l’athlé. J’étais au pôle espoir de Dijon et je jouais au DFCO. Donc j’étais dans le haut niveau, j’ai arrêté parce que ça ne me plaisait plus. Je savais aussi que j’avais des qualités en athlé. J’ai gagné beaucoup de cross UNSS donc ça m’a motivé à continuer. Courir autour d’une piste, c’est pas un peu relou ? Je ne cours pas après rien. Il y a toujours un objectif derrière : me dépasser et battre mes records. Ça peut paraître ennuyeux, mais quand je suis en compet’ et que je bats mon record, c’est le résultat d’un travail qui a pu durer quelques années parfois. Niveau thunes, tu peux vivre avec les revenus de l’athlé ? Je suis militaire à l’armée des champions, au bataillon de Joinville où je suis détaché pour m’entraîner à 100%. Tous les sportifs de l’armée sont dans ce dispositif-là. Actuellement, je pourrais vivre que de l’athlé, mais les revenus sont très variables d’une année à l’autre. Si je fais des podiums internationaux, c’est totalement possible. Mais tout ça ne dure qu’un temps et je pense à la suite. Avec l’armée, j’ai une reconversion possible. Ça m’apporte une aide financière et de la sérénité. À quel moment l’ambition des JO est-elle devenue concrète ? Dès ma première année d’athlé. J’ai été champion de France du 1.500 mètres dans ma catégorie (cadet, ndlr) donc je savais déjà que j’avais un potentiel pour avoir un bon niveau. L’envie des JO, c’est vraiment en 2017, lors des Universiades où je fais 2ème. Ça a été la passation entre le niveau jeune et le niveau senior. j’ai franchi un cap mentalement, et le projet Jeux olympiques est devenu réaliste. T’as la pression pour les qualifs ? Oui et non. On est 3 mecs à pourvoir se qualifier. J’ai déjà fait les minimas (en dessous de 3’35”, ndlr) en 2019. Pour les JO, ce sont les années n et n-1 qui comptent et comme 2020 ne compte pas, 2019 reste valable. Je suis en position très favorable pour être sélectionné et j’ai jusqu’aux championnats de France des 25-26 juin pour faire mes perfs. Si je fais 3’45, ce qui n’arrivera pas je te rassure, je ne serais pas sélectionné. Si je suis à mon niveau habituel, les autres ne vont rien faire du tout (rires).

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Il y a une vraie école du demi-fond en France avec Baala, Mekhissi ou Tahri. Ccomment tu te positionnes, toi ? Sur le 1.500, ça fait 3 ans que je suis champion de France élite. La nouvelle génération est très dense et je suis le plus vieux de cette nouvelle génération. On est 5 ou 6 à pouvoir faire les minimas olympiques cette année, c’est jamais arrivé. Au niveau densité, je pense qu’on est l’une des meilleures générations. Mon record est de 3’34” et le record de France c’est 3’28” (Mehdi Baala en 2003, ndlr). Ça t’emmerde pas les JO en huis clos ? Je n’aurais pas trop de problème de motivation, parce que les Jeux olympiques, c’est un rêve de gosse. C’est clairement une consécration pour moi de pouvoir y participer. C’est un événement multi-sport, il y a un village olympique avec une atmosphère particulière. Comment as-tu géré le report de l’an passé ? Ça a joué en ma faveur. Déjà parce que j’étais blessé mais aussi parce que cette année je vais avoir 26 ans et c’est un âge où je peux encore progresser. J’ai donc l’opportunité d’être encore plus fort. Elle est comment l’ambiance du 1.500 français depuis la baston de Medhi Baala et Mahiedine Mekhissi (les deux athlètes s’étaient mis des droites au meeting de Monaco en 2011, ndlr) ? (rires) C’est plus du tout la même ambiance, on est quasi tous potes. Me battre sur la piste, je trouve ça ridicule. // E.L.

À FON LA FOR


Ouistitiiii !

Par Emma Lahalle Photos : Mathilde Leconte, DR

ND RME

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Plein

les fouilles ! Indiana Jones, Lara Croft et Benjamin Gates ne sont pas des archéologues, ce sont des pilleurs, qu’on se le dise. Une fois le mythe dégommé on est allé explorer la question de la chasse aux trésors. Exit le lasso, la machette, les flingues à la ceinture, le matos des pilleurs des temps modernes c’est le détecteur de métaux et les gros aimants. La détection est une pratique controversée. À découvert, entre deux confinements, on a interrogé différents interlocuteurs. Il a fallu s’armer de patience et surtout montrer patte blanche pour y parvenir.

Par Charlotte Félix, lanceuse d’alerte de loisir depuis les vignes Illustrations : Michaël Sallit

Sauf mentions officielles, les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat des sources

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La

Bourgogne-Franche-Comté est l’une des régions les plus pillées du pays. Un bon paquet d’aficionados de la détection s’amuse à dilapider ses vestiges encore enfouis. Tous les chasseurs de trésor n’ont pas les mêmes motivations, mais tous développent la même addiction : l’adrénaline procurée par la découverte d’un objet métallique que le détecteur et l’aimant vont localiser, sauf que la loi interdit formellement cette pratique. Détectoriste, archéologue, représentants de la loi, journalistes, pourquoi un tel dialogue de sourds ?

Interdit d’interdire Version pimpée du chasseur de trésor, le détectoriste est un homme (plus rarement une femme) comme les autres. En France, selon le lobby de la détection métallique, ils seraient environ 100.000 initiés, d’une moyenne d’âge de 35 ans. 20.000 seraient actifs régulièrement. Quasiment tous sont équipés de détecteurs de métaux, parfois d’aimants, qu’ils achètent le plus souvent sur internet. Des machines de guerre entre 150 € et plus de 1.000 € « avec une technologie de ciblage plus ou moins évoluée ! Parfois du matériel de seconde main en fonction du budget et des motivations de chacun », précise Dan, fouineur depuis une dizaine d’années dans le 89. Ce ne sont pas Amazon, Le Bon Coin, Ebay ou La Redoute qui se méfieraient de ce business juteux, bien au contraire. Bottes, pelle-pioche pliante à la main, tenue de camouflage pour la plupart, le détectoriste est très souvent coiffé d’un casque audio vissé sur les oreilles pour surveiller les fréquences de sa poêle à frire : une bonne maîtrise des réglages est nécessaire.

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Les détectoristes contrarient et font enrager la communauté scientifique. Mais ils le lui rendent bien. Sur les réseaux sociaux, quand les uns dénoncent, les autres ripostent. C’est régulièrement le festival d’insultes et de propos diffamatoires. Parfois il y a des balles perdues dirigées vers ceux qui se montrent curieux sur le sujet. Des postures sectaires, une attitude vindicative, parfois menaçante et un vocabulaire guerrier qui polluent et entravent le dialogue. Mais quand on n’a rien à se reprocher on ne devrait pas être sur la défensive, non ?

Profil disruptif Pour essayer de bien comprendre à qui on a affaire, on peut distinguer 3 profils : • Les pilleurs clandestins, lourdement équipés, vont sortir de terre sauvagement des objets, souvent la nuit, pour les revendre à des collectionneurs ou à des musées. Plutôt discrets et/ou agressifs quand on veut les interroger pour en savoir plus (sans délation aucune quand on fait un travail de journaliste), ils se méfient souvent des non-initiés à la détection. • Les détectoristes, les « chasseurs de trésor du dimanche », explorent la campagne, les cours d’eau et les plages en dilettante, parfois avec une autorisation du propriétaire du terrain pour se donner bonne conscience. Certains font de la propagande sur Youtube et sur les forums des réseaux sociaux. « Je suis passionné d’Histoire depuis que je suis gamin, et je me sens dans mon droit quand je fais de la détection en plein jour. Je fais ça uniquement dans les champs, loin des sites archéos. Le pillage ça ne m’intéresse pas », nous explique Dan. Pour Stéphane, qui explore aux alentours de son village dans le 21, « un jour j’ai hérité du détecteur de mon père, et je me suis entraîné sur les secteurs où il y avait des vide-greniers. Moi ce qui me plaît c’est de rendre service, on me demande souvent de retrouver un objet perdu. Et puis on ne se rend pas compte mais la nature est super polluée, du coup je la nettoie, je n’ai pas l’impression de détériorer un site. D’ailleurs les sites archéos ça ne m’intéresse pas. Faire de la détection de loisir, pour moi c’est une passion, quand je découvre un truc je suis content, je m’imagine l’histoire de l’objet, si je ne trouve rien d’intéressant ça me donne envie d’y retourner, je ne me prends pas la tête, je ne fais rien de mal après tout ».

Mais d’où vient cette fascination pour le trésor et les civilisations perdues ? Souvent, ça remonte à l’enfance.


De plus en plus de préfets rédigent des arrêtés pour interdire la pêche à l’aimant.

• Les prospecteurs, parfois des détectoristes ou pilleurs repentis, s’investissent dans le cadre d’un programme collectif de recherche avec des archéologues. Ils ont une autorisation officielle du Service Régional d’Archéologie (SRA) et des propriétaires fonciers. Comme l’exige chaque arrêté délivré pour l’exploration d’un secteur, ils s’engagent à rédiger un rapport annuel. ce sont souvent des gens en fin de carrière et retraités, artisans ou issus de l’enseignement. À l’image de feu André Collot, condamné à la fin des années 1970 pour une affaire de recel d’objets pillés à Mâlain (21) et qui a fini par collaborer avec les archéologues à Alésia au début des années 1990. Majoritairement, ils ont une culture très développée, savent lire des plans cadastraux et connaissent très bien le parcellaire des campagnes.

Justice League De manière générale, pour les archéologues, les utilisateurs de détecteurs de métaux ne recherchent que la gloire (via les réseaux sociaux) et la fortune (via les plateformes de vente en ligne). « Sur le terrain c’est zéro compétence, quelques connaissances wikipédiesques, une poêle à frire plus ou moins sophistiquée et des insultes pour se défendre. Ils savent qu’ils sont dans l’illégalité et ça les amuse, voire les excite », raconte Dorian, archéologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) en Bourgogne. Pourtant, outre l’incontournable adage, nul n’est censé ignorer la loi, selon le code du Patrimoine, les sanctions sont claires : « jusqu’à 1.500 € d’amende, voire le double si récidive, avec confiscation du matériel et jusqu’à 7 ans de prison et 100.000 € d’amende » précise Yann Brun, expert en sûreté de l’archéologie au ministère de la Culture. Pour autant, cela ne réfrène que peu d’amateurs malgré les textes de loi qui ne reconnaissent pas la « détection de

loisirs » et ça fait fulminer la communauté des détectoristes. Selon le Code pénal, il faut pourtant bien comprendre que l’État est garant de la propriété des vestiges patrimoniaux qu’il se doit de préserver !

Détective du passé En France, on compte environ 5.000 archéologues répartis dans les secteurs publics (DRAC, Inrap et collectivités) et privés (Archeodunum, Eveha etc.). Il faut avoir des compétences et des connaissances techniques et scientifiques validées pour pratiquer. C’est un métier. « Un archéologue fouille et étudie chaque niveau de sol sur toute la surface horizontale. Au fur et à mesure, les vestiges seront mis au jour, enregistré sur un plan en fonction de leur orientation et de leur profondeur dans le sol, ils seront photographiés, dessinés puis confiés à différents spécialistes pour analyses », indique Dorian. L’archéologue recherche et produit des connaissances scientifiques pour faire évoluer la recherche : c’est un enquêteur qui travaille pour une cause publique. Le détectoriste découvre fortuitement des objets isolés pour être conservés ou revendus : c’est un collectionneur qui détruit et pille le sol pour son plaisir personnel. Là où certains voient des terrains où s’amuser avec leurs détecteurs (les zones grises), d’autres voient leurs lieux de travail ravagés (un pré carré). Deux visions d’un territoire que les uns s’approprient et abîment alors que les autres tentent de le valoriser à partir de recherches méthodiques mises en place. Pour Frédéric Devevey, archéologue à l’Inrap en Bourgogne entre 1991 et 2020 et chef d’escadron de la réserve citoyenne de la Gendarmerie nationale « nos perspectives scientifiques sont amputées d’informations importantes pour l’interprétation d’un site. Au niveau historique c’est un désastre ! Les objets isolés ont une importance pour nous aider dans nos recherches ». Comme dans une enquête policière, tous les détails comptent, les traces dans/sur la terre, les vestiges et l’environnement. Elle sera tronquée et laborieuse, voire foutue, si le moindre indice est sorti de son contexte. Pourtant, chacun d’eux aide à comprendre et à interpréter comment vivaient les populations avant nous. Ce sont les précieux témoins de notre passé.

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Un jour j’ai hérité du détecteur de mon père, et je me suis entrainé sur les secteurs où il y avait des vide-greniers. Moi ce qui me plait c’est de rendre service, on me demande souvent de retrouver un objet perdu et puis on ne se rend pas compte mais la nature est super polluée, du coup je la nettoie » Stéphane, détectoriste «

amateur en Côte-d’Or




Imposture et démystification Mais d’où vient cette fascination pour le trésor et les civilisations perdues ? Souvent, ça remonte à l’enfance : les romans, les films, les bandesdessinées. Au début du XXème siècle, l’industrie du cinéma a rapidement exploité le thème de l’aventure pour envoyer du rêve à une population minée par les conflits mondiaux, mais le genre est tombé en désuétude. Quand Steven Spielberg et George Lucas ont imaginé le personnage du séduisant Indiana Jones à la fin des années 1970, ils n’imaginaient ni la success story ni susciter autant de fantasmes : la vision d’aventurier-pilleur de sites est devenue la plus célèbre du cinéma d’aventure devant… le contrebandier intergalactique, Han Solo ! Par ailleurs, pourquoi un tel désintérêt pour les métiers du patrimoine comme le métier de chercheurarchéologue ? Tout simplement parce que la réalité du terrain est moins sexy : pour certains c’est trop intellectuel, trop poussiéreux et mal reconnu. Concrètement, ça demande de la patience, de l’endurance et de la passion. Alors oui, c’est mal rémunéré, l’actualité sur les métiers de la culture l’atteste malheureusement. Du coup, l’appât du gain en faisant du recel à plus ou moins petite échelle, c’est plus accessible. Un frisson garanti et un égo reluisant pour qui veut arrondir ses fins de mois, se faire mousser, sans imaginer les conséquences.

Terrains de jeu Champs, prés, chemins et forêts, le détectoriste est tout terrain. Argent, fer, cuivre ou différents alliages, tout y passe, de l’or plus rarement. Parmi les découvertes, « essentiellement des merdouilles comme des clous, des capsules, des cannettes, des boules de papier alu, des bagues de saucisson, des balles ou douilles d’armes, des jetons, des fers à cheval, de vieux outils agricoles, ça fait pas vraiment

rêver, alors quand on découvre une monnaie ancienne, un élément décoratif en bronze pas trop mal conservé, parfois des vestiges de munitions, on est contents », indiquent Dan et Stéphane qui précisent ne pas être des « pilleurs de tombes » comme ils disent entre eux. Les détectoristes français s’adonnent parfois à des rallyes organisés une fois par an par des boutiques spécialisées sur des ZAD (zones à détecter). À l’image du Spring Detectival qui se déroule dans le sud-est de l’Angleterre (le plus grand événement européen), les rallyes français se déroulent en général pendant 2 jours, sur plusieurs hectares dont les propriétaires ne sont pas forcément identifiés. Environ 500 « poêleux » peuvent déterrer jetons et monnaies cachés volontairement par l’organisateur, mais ce qui les intéresse ce sont les (vraies) découvertes fortuites. Le lieu de rendez-vous est tenu secret jusqu’au dernier moment sur les réseaux sociaux pour éviter de voir débarquer les gendarmes et/ou les archéologues. Le dernier en Bourgogne a été organisé par la boutique Le Fouilleur, entre Sens et Auxerre, en septembre 2018. « C’est sympa pour l’ambiance, mais pour les objets, aucun intérêt », rapporte Stéphane, blasé, « on a pu faire de l’enregistrement de trouvailles (localisation, description et datation) avec des experts [qui après vérification au SRA n’en étaient pas, ndlr], mais les perdreaux ont débarqué… ». Game Over ! Une autre tendance depuis 4 ans, c’est la pêche à l’aimant : « l’objectif est de sortir de l’eau à l’aide d’un gros aimant relié à une corde des trésors anciens, des munitions, sauf que souvent, elles sont encore chargées et certains vont vouloir les nettoyer et parfois ça leur explose entre les mains ou au visage, c’est très dangereux car le phosphore au contact de l’air, c’est encore inflammable, même sorti de l’eau », rapporte Yves Pautrat du SRA de Bourgogne, « de nombreux accidents ont été recensés ». Une excitation teintée d’inconscience que peu évaluent. D’ailleurs, de plus en plus de préfets rédigent des arrêtés pour interdire cette pratique dangereuse surtout dans les secteurs où des conflits armés ont laissé des nombreux vestiges militaires enfouis (le Nord, la Picardie et tout l’est de la France). On précise au passage que démineur, c’est un métier que l’armée encadre.

Pas vu, pas pris ! Oui, la vente de détecteur de métaux est autorisée mais son utilisation est réglementée. La création de ces outils au sortir de la Seconde Guerre mondiale n’a fait qu’amplifier le phénomène dévastateur pour le patrimoine culturel international. Une notice indique la procédure à suivre lors de l’achat d’un matériel neuf. Plusieurs corps de métiers peuvent les utiliser : les pompiers, les techniciens de fournisseurs d’énergie qui recherchent des réseaux et les militaires pour détecter des munitions enfouies. Alors si l’utilisation d’un détecteur de métaux est autorisée dans un cadre professionnel, pourquoi une mise en vente publique ? Une nuance que peu comprennent, une réalité que l’on dénonce sans s’en étonner pour autant !

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Des affaires de verbalisations, de perquisitions et d’assignations au tribunal, il y en a à la pelle ces dernières années.

Selon les membres du SRA de Bourgogne-FrancheComté, certains utilisateurs qui lisent la notice et se renseignent sont de bonne foi, et d’une naïveté voire d’un culot déconcertant : « il y a cette dame qui me demande une autorisation pour son mari qui va être en retraite et à qui elle aimerait offrir un détecteur. Ou cette grand-mère qui me demande une autorisation pour elle et son petit-fils. Ou encore ce monsieur qui me joint une attestation de son médecin généraliste qui fait valoir que pour la santé de son patient, la détection est vivement recommandée (sic). On leur explique que ce n’est pas possible, qu’il faut avoir des compétences, que la prospection se fait dans un cadre scientifique (…) on leur rappelle la loi, la plupart renoncent au téléphone mais d’autres vont au bout de leur démarche, malgré tout, on les aura prévenus des risques encourus (…), et souvent nous envoyons un courrier officiel, après c’est aux forces de l’ordre d’intervenir sur le terrain pour verbaliser ». Alexandre Dumont-Castells, gendarme et 1er référent patrimoine archéologique pour le Jura et la Franche-Comté (2015-2016), aujourd’hui basé en PACA, ajoute également que « c’est surtout aux conservateurs des Services régionaux d’archéologie d’utiliser l’article 40 du Code de procédure pénale pour signaler au procureur de la République une affaire de pillage, de trafic illicite d’objets archéologiques à partir de procès-verbaux établis par des fonctionnaires et agents publics (…) selon des éléments d’infraction, le procureur décidera de son instruction et/ou des poursuites ».

délinquants en pleine action, plus les sites de ventes en ligne (…) là on parle de sanctions commençant à 3.750 € d’amende, pouvant aller jusqu’à 450.000 € d’amende et 2 ans de prison voire jusqu’à 375.000 € d’amende et 5 ans de prison pour le recel », ajoute le gendarme. Selon Yann Brun dont le rôle est de conseiller et accompagner la mise en place d’actions judiciaires « au niveau pénal, on constate une augmentation du pillage archéologique sur le territoire national ». Il n’y a pas encore de statistiques sur le sujet mais « selon les circonscriptions, on peut estimer entre 25 et 50% le nombre des contrevenants déjà connus pour d’autres délits », précise Alexandre Dumont-Castells. Une cyber-délinquance gérée avec les douanes et Interpol, qui foisonne. Après les armes et la drogue, le trafic des biens culturels et patrimoniaux est dans le Top 3 de l’économie souterraine mondiale.

A qui profite le crime ?

Complaisance et désinformation

Quand ils se font gauler, tous ressortent les mêmes arguments fallacieux que les présidents d’associations, de fédérations et les administrateurs de groupes Facebook utilisent pour décrédibiliser les archéologues et les décisions de justice, pour justifier leur pratique. « Faire de la dépollution, rendre service en retrouvant des objets perdus par les agriculteurs et les particuliers, prétendre avoir les autorisations des propriétaires, jurer ne jamais revendre leurs trouvailles (…) malgré tout, ils sont tous amendables, et quelques soient leurs motifs », rappelle Alexandre le gendarme qui est aussi à l’initiative de la formation des forces de l’ordre sur la lutte contre le pillage et les trafics illicites des biens archéologiques. Des affaires de verbalisations, de perquisitions et d’assignations au tribunal, il y en a à la pelle ces dernières années : « de plus en plus de gendarmes et policiers sont formés, en France, sur la question du pillage et le trafic de biens culturels (…) cela entraine du recel national et international, c’est un fléau pour notre patrimoine (…) un trafic qui est souvent lié au blanchiment d’argent, à la drogue (…) il est souvent question de plusieurs mois d’investigations sur le terrain : parfois sur les vides-greniers mais aussi sur les réseaux sociaux et Youtube où s’exposent les

Du côté des médias, on fait du racolage consensuel, avec l’accroche : « passionné d’histoire, il a découvert un trésor… ». Un axe narratif d’une vacuité déconcertante alors qu’il est question d’une problématique politico-économico-patrimoniale sensible mais reléguée dans la case faits-divers. Cela illustre toute l’ignorance d’un sujet considéré comme anecdotique par des rédactions pour qui l’investigation est en option. Souvent, la presse régionale s’en sert pour combler ses pages. Le dossier ou cahier en double page reste assez rare et souvent rédigé avec approximation, sans aucune enquête de terrain. Mais quand les médias nationaux s’y mettent, c’est pour en faire l’apologie de façon crédule et complaisante. « La soif de l’or c’est vendeur, alors que la lutte contre le pillage ça ne l’est pas ! » rappelle justement Yann Brun. On se demande comment Franck Ferrand et Lorant Deutsch, « passionnés d’histoire », n’ont pas encore apporté leurs cautions à la détection avec leurs théories fumeuses. Le patrimoine archéologique est régulièrement pillé par plusieurs milliers de Français, mais tout le monde s’en fout ! Du sensationnalisme au détriment de la sensibilisation de notre patrimoine culturel que le tourisme valorise. Une désinformation dominante qui contribue largement au désastre culturel que nous observons dans nos campagnes. Dans l’attente de nouvelles pistes législatives pour endiguer cette pratique et d’une évolution des mentalités sur la question du respect du patrimoine, les détracteurs se lâchent. Ce ne sont pas les quelques gendarmes, policiers, pompiers, militaires, douaniers et enseignants actifs ou en retraite qui pratiquent la détection qui vous diront le contraire. On n’est plus à un paradoxe près. // CF. (sauf mentions officielles, les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat des sources)



survie d’usine La fonderie MBF Aluminium, le premier employeur de la ville de Saint-Claude (Jura), est en difficulté depuis son placement en redressement judiciaire en novembre 2020. Les 280 salariés, dont 30 intérimaires, multiplient les actions pour se faire entendre afin d’éviter la possible liquidation de l’entreprise. Selon l’intersyndicale, les deux clients quasiexclusifs de MBF, Renault et PSA-Stellantis, n’honoreraient pas leurs commandes à hauteur des engagements prévus. La fonderie du Haut-Jura produit des carters de moteurs et des pièces de boîtes de vitesse. Elle est à l’arrêt depuis le 31 mars. Le photographe Raphaël Helle, qui suit le conflit, livre une série de portraits de quelques-uns des ouvriers qui occupent l’usine et qu’il a photographiés à leur habituel poste de travail. Texte et photos par Raphaël Helle / Signatures

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Gharib El Kikri, 38 ans est cariste fusion. Il transporte des fours aux presses des poches contenant l’aluminium en fusion. 12 ans chez MBF, son père y a travaillé 25 ans.

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Franck Duplessis, 57 ans, mouleur, 30 ans chez MBF. Il a rencontré sa femme chez MBF, elle travaille maintenant dans la lunetterie à Morez, à 30 km. Ils ont deux enfants de 13 et 16 ans.

Thini est conducteur des lots à la fonderie.

Olivier Bergamini, 42 ans, contrôle par radiographie la qualité des pièces. Il a déjà passé 18 ans chez MBF.

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Fadoua El Adki, 46 ans, opératrice au grenaillage des carters des moteurs des Renault hybrides. En CDD chez MBF depuis 9 mois elle a 4 enfants dont 2 à la maison.

Jean-Claude Caigne, 51 ans dont 28 ans chez MBF, est opérateur aux presses. Pendant l’occupation de l’usine, il présente la presse à ses enfants. Derrière lui, sur le mur, la photo de la Renault Captur dont le carter entrant dans la motorisation hybride est fabriqué sur cette même presse.

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Hassan Slaoui et ses fils Ilyes et Ryan, à qui il présente la fonderie. Hassan travaille de nuit au grenaillage, le parachèvement des pièces brutes de démoulage après la coulée.

Carine Amet a 47 ans dont 23 chez Manzoni. Elle travaille au service HSE qui évalue les risques et la politique de sécurité d’hygiène et de respect de l’environnement. Elle a deux enfants à la maison.

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Sitthi, 40 ans est cariste métal. Il travaille depuis 14 ans chez MBF, il est père de 3 enfants scolarisés à Saint-Claude.

Christiane travaille au grenaillage.

Ahmed Laamiri, 49 ans, opérateur de production, chez MBF depuis 2004.

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Eric Gauthier, 54 ans. En 33 ans chez Manzoni, il a travaillé à de multiples postes.

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Nusrat Karabay, 28 ans, technicien outillage, travaille depuis 6 ans chez MBF. Son père, son frère et son oncle travaillent aussi à la fonderie.

Dora travaille au service qualité.

Toni, 21 ans, chez MBF depuis 1 an et demi, est opérateur règleur à l’usinage.

Pierre Muller, 62 ans dont 44 chez Manzoni.

Sahim Guz, 52 ans, opérateur, 20 ans chez MBF aluminium.

Thammavongsa Oudom, 61 ans, mouleur, travaille chez MBF depuis 33 ans, sa femme travaille aussi à la fonderie. Ils ont 7 enfants, le dernier, 13 ans, est encore à la maison.

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Cancel culture Les enquêtes de Sparse sont devenues tellement cultes que les prix les plus prestigieux pleuvent sur la rédaction du magazine comme des Tchétchènes sur Dijon un week-end de juin : en masse. Frank Le Tank et Antoine sont invités dans les talk show les plus réputés, mais ne sont pas à l'abri d'un dérapage qui, à l'heure des réseaux sociaux galopant plus vite qu'une colonne de Panzer sur la Pologne, peut transformer leur street credibility en océan de haine en quelques minutes...

Aujourd'hui on reçoit dans notre émission l'incroyable équipe de Sparse, prix Albert Londres pour son enquête sur l'enfant Morteau, élevé par des loups dans le Haut Doubs. Messieurs bonjour.

Salut la presse libre. Il est là Cauet ?

Comment ça a commencé cette enquête ?

Je respecte énormément ces gars là, si y'en avait plus des comme ça, Chirac serait encore Président.

En fait on a eu le tuyau par un pote qui tient le PMU à Morteau.

Le dédé Mouchot, un cousin au Teuteuille, de Pontarlier. Un chic type. Une affaire incroyable...


L'enfant Morteau a été abandonné dans les bois suite à l'accident d'avion de ses parents en 1999, pendant la grande tempête.

En fait on a retrouvé la boîte noire de l'avi...

Quoi !? Qu’est ce que tu viens de dire ? Quelle histoire passionnante...

De quoi ?

Qu’est-ce que tu viens de dire à l'instant ? Il l'a dit ! J'y ai entendu ! Il a dit le mot !

Boîte noire ? Tu le redis ?

Mais c'est la couleur de la boîte en fait...

On me confirme en régie. En régie tu me confirmes ?

Il l'a dit, il l'a redit, c'est enregistré, c'est déjà parti sur le net, ça va être une boucherie. Mais vous ne disez pas ça à l'antenne ! La boîte noire, c'est le...

Chhht ! Mais arrêtez !

Mais on fait comment pour la décrire cette boîte du coup ?

Rends l'antenne Riri !

Vous êtes cramés les mecs. C'est fini cette époque là. Des gens sont morts pour que vous arrêtiez de dire ça. Vous êtes sûr que c'est le bon combat les gars ? Je dis ça...


De

C'est fini les gars, foutu, la risée du net, cancel culture. Weinstein, Pierre Ménès, Sparse, Hitler, c'est pareil en ce moment sur le web...

Mais qu'est ce qui vous a pris de dire ça à l'antenne !

Non mais on était en confiance, ça a dérapé... Je crois que c'était un piège.

Mais si on leur disait que tout ça c'était pour de faux, et qu'on s'aimait à nouveau.

Je pense que c'est un complot d'islamo-gauchistes qui voudraient faire croire que c'est un coup des identitaires qui voudraient nous faire taire, enfin je crois...

T'es notre avocat, fais quelque chose bordel.

"Pendant ce temps-là, au commissariat d'Epinal en 1984"

Moi aussi je me planque ! Pourquoi tu crois que je roule en Dacia ? Avec vos conneries ils m'ont collé un contrôle fiscal. Je devrais même plus vous parler. On te paie pour nous sortir de situations comme celle là.

Dis-le...

Alors ? Où que c'est que t'étais ? Dans le car ou pas dans le car que t'es rentrée de l'école ? Dis-y...

Vous me payez 6 bouteilles de Pontarlier par an les gars ! enlevez vos mains je m'en vais. Pas partir !

T'étais au bordel comme d'habitude, oui ! Hein ?! Hein que t'y étais !

Mon beau-frère l'est innocent ! L'Bernard l'est innocent !

Calmez vous inspecteur, c'est une jeune fille de 15 ans...

Ah, au temps pour moi...

T'étais dans l'estafette de ton beau-frère, c'est ça ?

Tu lâches rien petite, c'est tout à ton honneur, on sent que t'es une dure qu'a pas peur d'aller en cabane.Toi et moi on est du même bois...


On va la jouer au bras de fer, on va voir si tu fais encore la balaise après.

Elle m'a défoncé cette connasse... Je vais devoir me foutre en maladie commissaire, déso.

Si l'inspecteur gagne, tu nous dis ce que tu sais... Ça me paraît honnête.

Amène toi.

Moi aussi, ça me galère cette histoire, ça pue l'arnaque à l'assurance. J'appelle le juge Lambert pour caler un apéro. De retour en 2021. Antoine et Frank Le Tank tentent de se faire pardonner grâce à un "stage de récupération de points de réputation numérique". On pourrait par exemple dire qu'on est féministe depuis au moins 20 ans, en se mettant en scène avec notre grand mère, soitdisant résistante aux côtés de Louise Michel ?

Il faut que tu me mettes un maximum de bons sentiments dans la face de tes abonnés. Dis-leur que t'as donné 20.000 euros à une asso qui défend les ours polaires si tu veux.

Mais j'ai pas 20.000 sur moi. Bravo. Du positif ! Par contre tu vas me réviser ton histoire.

Ou alors elle était pote de Jean Moulin.

Tu crois que tous tes potes qui postent leur bouffe sur les réseaux savent cuisiner ? L'important c'est ce que tu postes, pas ce que tu fais. Qu’est-ce qu'on s'en branle de ce que tu fais ?

Ah ouais, on mettrait des posts pour dire qu'on est solidaire des Ouïghours ! Avec des #indignés. Ça mange pas de pain.

Réalisation Photos : Mathilde Leconte Frank Le Tank : Christian Clavier Antoine : Gérard Jugnot

Oui c'est pas mal. Mais on pense à alterner avec... avec ?

Le journaliss' : Thierry Lhermitte Un coucher de soleil dans un flaque d'eau ? C'est mimi ça.

Le technicien : Michel Blanc L'avocat : Roland Giraud

Voilà ! Ça commence à rentrer... Une "boîte noire" franchement, n'importe quoi...

La formatrice : Marie-Anne Chazel


destinées d’entrepreneurs

Par Frank Le Tank

Jouer à Destin pour changer de vie

Jordann, d’Auxonne à Dubai, profession : influenceur La vie n’a pas toujours été rose pour Jordan : élève turbulent, son parcours académique n’a pas été un long fleuve tranquille. Il quitte l’école sans diplôme, mais Jordann n’a pas les deux pieds dans le même sabot : « J’aimais bien soulever de la fonte, du coup j’allais à la salle tous les jours, je suis vite devenu une masse ». Portrait.

C’était il y a quinze ans, le culte du corps était bien sûr présent mais pas aussi exacerbé qu’aujourd’hui. Un jour, Jordann se fait remarquer par un casteur de la télé-réalité alors qu’il est en train de travailler ses trapèzes. « Ce mec sort de nulle part et me propose un contrat. Tout ce que j’avais à faire, c’était d’aller dans une villa. Je pouvais même faire de la muscu et être payé pour ça. J’ai dit banco ! » La première expérience dans la villa se passe bien. « On m’a donné une problématique bidon à solutionner avec un coach, c’était plutôt facile, je jouais bien mon rôle et la prod a kiffé. » En sortant de cette première expérience, Jordann comprend que sa street cred’ n’est plus la même. « J’ai vite été casté pour rejoindre une deuxième puis une troisième aventure. À chaque fois c’était un peu la même chose, je draguais des meufs et je squattais autour d’une piscine. C’était le job de rêve! » À chaque aventure Jordan accroit sa fame : « Les gens m’arrêtaient dans la rue, La prod me chouchoutait, j’avais un conseiller en communication qui m’a fait signer des contrats pour faire la pub de produits en rapport avec la muscu ». C’est à ce moment-là que Jordann se transforme en personnage public et installe sa petite entreprise, la Airjordann Inc. à Dubai : « ma chaîne Youtube et mon compte Insta ont pris des centaines de milliers de followers. Avec l’argent des contrats je me suis acheté une Lamborghini et un pavillon à ma mère, pour ses vieux jours, à Villers-les-Pots ». Cette vie d’idylle fait rêver des centaines de jeunes à travers les réseaux, cependant Jordann

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tempère : « C’est pas tous les jours facile. Prendre tous les produits, faire les codes promo, être en représentation constante… ça demande une vraie organisation, un travail de fond ». Jordann a muri, quand on lui demande quel est le message qu’il souhaite véhiculer auprès des jeunes, ce

dernier est pragmatique : « Je sais que j’ai un rôle de grand frère à jouer auprès des plus jeunes. Après, j’sais pas si je dois leur conseiller de bien travailler à l’école, car moi j’ai réussi sans ça. Par contre, il faut avoir le sens du travail. Ok j’ai eu de la chance mais j’ai quand même travaillé dur pour arriver jusqu’à là. Les gens disent que l’on est des branleurs, des mecs qui trainent autour de la piscine dans une villa mais derrière faut charbonner sur les réseaux frère ! » Qui a dit que la télé-réalité n’apportait pas une certaine forme de sagesse ? // FLT


Cet été sur la terrasse et ailleurs 10/06 - Grand Singe* hip-hop en grande salle 18/06 - Wet Enough ? + Osmosis + ... funk

19/06 - Bongeziwe Mabandla + Dj Freakistan

pop

20/06 - Du Bitume et des Plumes* spectacles jeune public 21/06 - Bysshe + Fragile Figures rock 26/06 - Murman Tsuladze + Radio Boom Tchak dj set 30/06 - Bertrand Belin & Les Percu. Claviers de Lyon* chanson orchestrée en grande salle 03/07 - Lucas Santtana + Bituca bossa nova 04/07 - Bigger + 2 Man Chester rock 09/07 - Le magazine Sparse s’empare de la terrasse 10/07 - Supernatural jazz / France 16/07 - Lobster pop 24/07 - Elio + guests hip-hop 25/07 - Napoleon Maddox avec Sorg & l’Harmonie de Sancey au Chateau de Belvoir* 08/08 - L’Ouverture de Toussaint création pour Les Nuits de Joux* 21/08 - infos à venir 28/08 - Mystical Faya + Rootikal Vibes Hi-Fi reggae 04/09 - Form + Jeff The Fool + Majuscule electro

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Concerts en terrasse dès 17h Entrée libre sans réservations sauf * Informations www.larodia.com


la page mode

TOUS EN CLAQUETTES/ CHAUSSETTES ! Par Chablis Winston Photos : Diego Zébina Modèles : Arthur Guillaumot et Emma Tuellion

Le combo parfait pour un look sexy/cool. 66 68


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’idée pour vous emparer de cette tendance haut la main ? La chaussette bien blanche, toujours, sans bandes horizontales sur le dessus (un fashion faux pas irrattrapable voyons !), et remontée jusqu’à mi-mollet. Ni plus haut, ni plus bas. La claquette ? En plastique, bien sûr ! C’est ce que le pétrole nous a donné de mieux. Privilégiez le plastique rigide pour plus de bruit à chaque pas sur le sol. Les plus grandes marques se sont misent à la claquette ! Vuitton, Sezane, Nike, Lidl... Ce n’est pas un hasard. Le coup de cœur tendance des amateurs de beau et de décontraction. Ils flashent tous sur les claquettes/chaussettes qui donnent un air détaché tout en affirmant sa virilité et sa sensualité, au choix. Ahahah !

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ongtemps reléguée dans la catégorie des loisirs allemands, la plus vils de tout le monde de la mode, les claquettes/ chaussettes sont aujourd’hui un must have de l’élégance. Relancée par ces héraults du style que sont les taulards français, elle a su conquérir le cœur d’un public aussi large que les jeunes branchés des centres-villes ou les fashionistas des campagnes. Le duo claquettes/chaussettes dépasse en notoriété tous les autres duos, de Slimane-Vitaa à Souchon-Voulzy ou autres Jacky-Corbier. C’est le duo qu’il vous faut, celui qui a ébloui les podiums de Milan à Paris, en passant par Palavas. On note chez les créateurs de claquettes/chaussettes une certaine envie de reconnexion avec la nature qui se traduit par l’émergence de looks et de pièces inspirées de l’outdoor ou de l’outerwear de bas d’immeubles.


horoscope

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La dernière fois qu’on a écrit l’horoscope, c’était pour le numéro de printemps 2020. On n’avait pas parlé de machine à pain, de chloroquine, d’apéro Zoom ou d’Agnès Buzyn (ministre de la Santé démissionnaire)… Grosse lose. Du coup, on est allé faire notre autocritique dans un sweatshop du nord-ouest de la Chine. On en revient avec une nouvelle conception du monde et trois palettes de polos. Mais comme certaines choses ne changeront jamais, on rappelle qu’Agnès Buzyn est Scorpion.

Cet été, c’est simple : vous allez plier le game et laisser aboyer les haters devant la caravane du succès qui passe. Après quoi, vous allez prendre le large, en comptant tranquillement la caillasse. C’est votre côté Mariah Carey et Jean-Pierre Pernaut. Argent : avez-vous pensé à investir en crypto-monnaies dans les GIFs Jean Castex ?

On va pas se mentir : vous êtes dans le dur. Votre vie, c’est tellement rien qu’un dimanche soir, vous avez maté la vidéo Sébastien Tellier reprend Britney Spears avec Angèle. Ça, c’est votre côté hypersensible : le manque de relations sociales vous plonge dans un mood de syndrome prémenstruel 7j/7. Santé : profitez à fond des terrasses avant la quatrième vague.

L’autre jour, au marché de Besac, le fromager conseille à une cliente d’accompagner son comté 36 mois avec un blanc pour l’apéro. La meuf répond qu’elle est Bourguignonne et qu’elle boira du rouge. Bref, la « Große BFC », c’est pas encore fait... Comme Marie-Guite Dufay (premier décan), vous vous demandez parfois à quoi vous servez ? Haut les cœurs ! Quelqu’un, quelque part, vous aime. Amitié : avec l’Époisses, tentez un Trousseau du Jura.

Avec vous, la vie c’est pas « claquettes & paillettes » tous les jours. À une soirée de l’Ambassadeur, c’est pas vous qu’on remarque en premier. Mais votre stabilité, qui garantira une relation durable, est recherchée. C’est votre côté Angela Merkel : vous savez que les paillettes, on en fout partout et que les claquettes, c’est plus rilax en chaussettes. Santé : Deutsche Qualität.

Comme Melinda Gates, ça risque de bouger sur le plan sentimental. Ça vous apprendra à vous mettre à la colle avec une personne capable de faire devant vous une liste des « pour et contre » du mariage (oui, Bill Gates est Scorpion). Reste que vous êtes un.e putain de winner et que vous allez vous refaire la cerise. Amour : profitez bien de la période « rebound girl/guy ».

Avec vous, c’est toujours pareil. Quand on croise un.e Vierge en soirée, on vous trouve d’emblée drôle, spirituel.le et charmant.e. Et puis, l’alcool aidant, ça glisse. Vous finissez par être gênant.e, voire franchement relou. On appelle ça le syndrome « Frédéric Pierrot » (le psy dans En Thérapie). Travail : quitte à avoir un syndrome à deux prénoms, allez donc conduire un bus scolaire dans le 89.


Par Ladislas René Illustrations : Mr. Choubi

Rappelez-vous : l’an passé, sur un plan sentimentalo-sessouel, vous étiez le signe censé marcher sur la BFC, pendant tout le printemps. Et puis, le Covid. Consolez-vous ! Les mois et les années ont beau passer, vous restez au top de la séduction. Ça, c’est votre côté Will Smith, Ingrid Chauvin et André Rieu. Amour : pensez à vérifier la date de péremption de vos capotes.

Foin des apparences, vous ne servez à rien. Derrière vos sourires, vous êtes né.e pour insupporter votre entourage. En gros, vous êtes à la planète ce qu’est Dylan (deuxième décan) aux autres participants de La Villa des Cœurs Brisés : toxique. Allez, faut pas rester là, c’est une soirée privée. Loisirs : wikihow.com/faire-un-noeud-coulant.

Avec vous, la vie, ça se joue à 110 %. Quand vous faites une réunion Zoom devant votre bibliothèque, c’est pas un problème d’y laisser traîner un bouquin d’Eric Zemmour. Votre carbonara ? C’est avec crème et c’est un litre de fleurette pour 500 g de pasta… C’est votre côté Philippe Etchebest. Et si ça pose un problème à quelqu’un, vous vous en balek ou les ovaires. Santé : doucement sur les prot’ et les lipides.

Une virée avec Les Reines du shopping, un tea time avec vos potes des Grosses Têtes, une soirée en coulisses de l’Opéra de Paris, on a du mal à vous suivre. Comme Roselyne Bachelot – native du premier décan et de Nevers –, vous êtes du genre hyperactif ? Attention à ne pas vous disperser et à négliger votre job. Restez focus. Santé : n’allez pas nous faire un bore out.

« Je passe pour un.e réac parce que j’ouvre ma gueule ». C’est vrai que la bienséance et vous, ça fait deux. Vous êtes comme Michel Sardou (premier décan) : si y a une blague à faire à Johnny sur ses « bébés vietcongs » adoptifs, vous plongez. Amour et amitié : n’hésitez pas à tourner sept fois votre cerveau dans votre bouche avant de parler ; même à vous, ça fera des vacances.

Pour vous, c’est pleine bourre : vous incarnez cette alliance unique de l’esprit et du charme. C’est votre côté Thomas Pesquet en orbite.chatte (tout pour l’écriture inclusive)... Mais on va pas se mentir, vous vous sentez parfois seul.e au sommet. Et c’est pas votre collègue japonais qui fait des haïkus en rotant sa bouffe lyophilisée qui va remplir vos soirées d’été. Travail : évitez la reconversion dans la permaculture, c’est saturé.

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courrier des lecteurs Jeanne |

Damparis (39)

Salut les âmes perdues. Alors, j’ai une petite question pour vous : le jour du jugement dernier, quand Jésus redescendra pour reconnaître les siens, vous pensez sincèrement qu’il vous accordera le paradis, avec toutes les insanités que vous débitez ?

réponse de la rédaction Déjà, j’adore quand quelqu’un commence sa question par « j’ai une question ». Bien sûr que tu as une question, sinon t’aurais pas envoyé de courrier à la rédac’. Ensuite, pour te répondre en toute sincérité, parce que tu lui demandes : oui, Jésus est un mec cool, je pense que ça va passer. Au pire on paiera le bakchich.

Hortense |

Beaune (21)

Salut les apôtres de la tolérance. Ça sent le roussi pour les gauchiss’ comme vous. Vous avez vu l’appel des militaires en retraite dans Valeurs Actuelles ? Ils annoncent que ça va être la guerre civile et que l’armée devrait régler tout ça... Ça vous fait peur ou ça vous motive ?

réponse de la rédaction Je ne suis jamais très motivé à l’idée de tirer sur quelqu’un tu sais, Hortense... Les généraux en retraite trouvent que c’est la chienlit et aimeraient bien mater quelques voyous. Ils voudraient un peu plus d’ordre et trouvent que les jeunes se comportent mal. Ils pensent que ça ferait pas de mal une petite guerre civile pour calmer les sauvageons et les islamo-gauchistes et te rendre tout ça plus propre. Ça étonne qui ? C’est le contraire qui m’aurait surpris. Ils sont confits les types. Par contre, ce qui m’étonne c’est qu’on les laisse le dire aussi fort, et que personne ne ferme plus la bouche de Valeurs Actuelles. Je suis désolé de faire cette analogie facile mais elle saute aux yeux : ça pue les années 30. #jesuispartout. Mon conseil lucide : apprends à te battre quand même. Les gars d’en face sont prêts.

Gilles |

Auxerre (89)

Bonjour messieurs. Bien le DFCO cette saison ? Ahahaha !!!!!

réponse de la rédaction Non, nul. Mais c’est pas grave, on n’est pas des supporters en bois. Et puis, la ligue 2, les vrais passionnés, les derbys avec Auxerre et Sochaux, la frite à la mi-temps, la bière avec de l’alcool, la place pas cher... On va être bien. Par contre, à Dijon, si tu veux une équipe qui éclate les autres, y’a la JDA Dijon Basket. C’est très beau à voir. Le DFCO c’est de la souffrance, on le sait, c’est pour ça qu’on aime.

Matéo |

Valentigney (25)

Salut frère, y’a pas de Tik Tok Sparse ? C’est quoi ? Y’a un Facebook de vieux tout claqué mais pas de Tik Tok ? Oh les boomers, on se réveille ?

réponse de la rédaction Salut Matéo. Alors pour ta gouverne, le baby boom, c’était plus ou moins de 1945 jusqu’au milieu des années 60. Donc tu ne peux pas dire « boomer » à quelqu’un juste parce qu’il est plus vieux que toi de 5 ans, ça ne marche pas... Ensuite, t’inquiète, on sait vivre avec notre temps, bien sûr qu’on va ouvrir un compte Tik Tok, pour faire des chorés et... Ah ben non rien d’autre en fait. Tik Tok c’est pour faire des chorégraphies, c’est tout, c’est vraiment génial. Attends, je te laisse, j’ai mon tatoo qui vibre et il faut que je rappelle d’une cabine. Tchuss.

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ABSINTHE ANIS GENTIANE SAPIN

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