À 25 ans, l’athlète Alexis Miellet, licencié au DUC (Dijon université club), a déjà un beau palmarès. Pas moins de 7 titres de champion de France en demi-fond. Ancien espoir du foot, il a quitté le rectangle vert pour la piste orange. Entretien post entraînement avec un gaillard qu’on risque fort de retrouver aux JO de Tokyo, cet été, sur 1.500 mètres.
T’as fait athlé parce que tu étais moyen en sport co ? Non, j’ai fait 11 ans de sport co avant de commencer l’athlé. J’étais au pôle espoir de Dijon et je jouais au DFCO. Donc j’étais dans le haut niveau, j’ai arrêté parce que ça ne me plaisait plus. Je savais aussi que j’avais des qualités en athlé. J’ai gagné beaucoup de cross UNSS donc ça m’a motivé à continuer. Courir autour d’une piste, c’est pas un peu relou ? Je ne cours pas après rien. Il y a toujours un objectif derrière : me dépasser et battre mes records. Ça peut paraître ennuyeux, mais quand je suis en compet’ et que je bats mon record, c’est le résultat d’un travail qui a pu durer quelques années parfois. Niveau thunes, tu peux vivre avec les revenus de l’athlé ? Je suis militaire à l’armée des champions, au bataillon de Joinville où je suis détaché pour m’entraîner à 100%. Tous les sportifs de l’armée sont dans ce dispositif-là. Actuellement, je pourrais vivre que de l’athlé, mais les revenus sont très variables d’une année à l’autre. Si je fais des podiums internationaux, c’est totalement possible. Mais tout ça ne dure qu’un temps et je pense à la suite. Avec l’armée, j’ai une reconversion possible. Ça m’apporte une aide financière et de la sérénité. À quel moment l’ambition des JO est-elle devenue concrète ? Dès ma première année d’athlé. J’ai été champion de France du 1.500 mètres dans ma catégorie (cadet, ndlr) donc je savais déjà que j’avais un potentiel pour avoir un bon niveau. L’envie des JO, c’est vraiment en 2017, lors des Universiades où je fais 2ème. Ça a été la passation entre le niveau jeune et le niveau senior. j’ai franchi un cap mentalement, et le projet Jeux olympiques est devenu réaliste. T’as la pression pour les qualifs ? Oui et non. On est 3 mecs à pourvoir se qualifier. J’ai déjà fait les minimas (en dessous de 3’35”, ndlr) en 2019. Pour les JO, ce sont les années n et n-1 qui comptent et comme 2020 ne compte pas, 2019 reste valable. Je suis en position très favorable pour être sélectionné et j’ai jusqu’aux championnats de France des 25-26 juin pour faire mes perfs. Si je fais 3’45, ce qui n’arrivera pas je te rassure, je ne serais pas sélectionné. Si je suis à mon niveau habituel, les autres ne vont rien faire du tout (rires).
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Il y a une vraie école du demi-fond en France avec Baala, Mekhissi ou Tahri. Ccomment tu te positionnes, toi ? Sur le 1.500, ça fait 3 ans que je suis champion de France élite. La nouvelle génération est très dense et je suis le plus vieux de cette nouvelle génération. On est 5 ou 6 à pouvoir faire les minimas olympiques cette année, c’est jamais arrivé. Au niveau densité, je pense qu’on est l’une des meilleures générations. Mon record est de 3’34” et le record de France c’est 3’28” (Mehdi Baala en 2003, ndlr). Ça t’emmerde pas les JO en huis clos ? Je n’aurais pas trop de problème de motivation, parce que les Jeux olympiques, c’est un rêve de gosse. C’est clairement une consécration pour moi de pouvoir y participer. C’est un événement multi-sport, il y a un village olympique avec une atmosphère particulière. Comment as-tu géré le report de l’an passé ? Ça a joué en ma faveur. Déjà parce que j’étais blessé mais aussi parce que cette année je vais avoir 26 ans et c’est un âge où je peux encore progresser. J’ai donc l’opportunité d’être encore plus fort. Elle est comment l’ambiance du 1.500 français depuis la baston de Medhi Baala et Mahiedine Mekhissi (les deux athlètes s’étaient mis des droites au meeting de Monaco en 2011, ndlr) ? (rires) C’est plus du tout la même ambiance, on est quasi tous potes. Me battre sur la piste, je trouve ça ridicule. // E.L.
À FON LA FOR