Magazine 301 de l'ACS (Automobile Club de Suisse)

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AUTO ACS | 301

PORTRAIT

Il réinvente la «Route fleurie» L’univers coloré de Nicolas Bamert, alias L’Original, vient gentiment envahir l’espace urbain. Portrait d’un artiste en perpétuel mouvement. Par Pierre Thaulaz

A

UTO ACS: Quel a été le déclic à votre activité artistique ? Nicolas Bamert : J’ai toujours adoré dessiner et peindre, mais je n’y accordais pas une grande importance. Pour moi, il n’y avait que le sport qui existait. A 18 ans, j’ai compris toutefois que je ne pourrais jamais être le grand snowboarder que je rêvais d’être. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’épanouir dans la peinture, en faisant du graffiti.

quelques-uns de mes travaux d’art cinétique dans la halle des Transports Publics du Chablais, à Aigle.

L’arrêt du snowboard n’était donc pas lié directement à un accident ? Non, mais cet accident m’a remis en place. Ce n’était pas hyper grave mais ça m’a bien bousculé. Je me suis dit: «Maintenant, stop, arrête tes bêtises et centre-toi sur autre chose.»

L’idée est de désacraliser la voiture ? Ce que je recherche dans toutes mes créations, c’est la réaction. Quand j’ai découvert, vers 15 ans, le «Jardin de Tarots», de Niki de Saint Phalle, il y a eu ce «waouh». L’idée est de transmettre aux gens ce «waouh», cette émotion. Il en va de même pour un véhicule. Les gens n’ont pas l’habitude de voir ça, alors il y a toujours un sourire. Le véhicule, c’est un moyen incroyable, parce qu’on touche tout le monde en même temps.

Pas peur de vous perdre dans tous ces univers ? Non, par contre c’est le temps qui manque. La peinture de voitures, une activité qui échappe à tout ça ? Non, ça en fait partie.

Vous avez également une formation d’ingénieur ? Oui, en génie climatique, plus précisément dans la création d’installations de chauffage, de ventilation et de climatisation. J’ai travaillé durant 7 ans à Lausanne.

abstraite sur verre, exposée en ce moment à la Galerie Speerstra, à Bursins. Mais ma série préférée, baptisée «Originality», est celle qui correspond le mieux à mon univers. On y retrouve des symboles à répétition qui marquent le retour à l’enfance.

Et un jour, vous décidez de vous consacrer entièrement à votre art ? Je suis parti une année à Berlin. Il fallait que je quitte mon entourage, tout mon environnement pour changer d’air et démarrer une nouvelle vie. Avant Berlin, j’avais toujours créé mais sans savoir pourquoi. Mon but était de donner un fil conducteur à cet univers. D’où l’élaboration d’une bande dessinée dans laquelle j’ai défini plusieurs séries, des tableaux sur béton, d’autres constitués d’allumettes auxquelles on met le feu, en passant par de la peinture

Un univers plus proche de l’univers de Niki de Saint Phalle que de Jean Tinguely ? Au niveau des couleurs, il est clair que je suis plus proche de Niki de Saint Phalle. Mais où je suis peut-être plus proche de Tinguely, c’est dans le cafouillis, le mouvement, cet esprit chaotique, proche du je-m’en-foutisme. Son univers me passionne, et chacune de ses machines me fait rêver. Mais vous n’êtes pas forcément l’homme du mouvement ? Eh bien, ça commence. On peut découvrir

Votre véhicule dévoile votre personnalité ? Oui. Avec les voitures, on est dans le coloré, donc vraiment dans le thème de l’originalité, On m’a dit récemment: «Même si ton univers est très varié, on arrive tout de suite à le reconnaître.» D’autres véhicules colorés, en dehors du vôtre ? J’ai peint la camionnette de l’artiste Pascal Bettex, avec qui je partage le même univers. J’ai aussi transformé trois bus de voyage, dont un «love mobile» avec des cœurs partout et un bus qui a été réalisé pour le blogueur «SuisseMoi». Ce dernier voyage beaucoup, du coup son véhicule


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