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TECHNIQUE
Moteurs : le pack de dix Les dix cylindres existent en version essence et diesel pour camions, SUV, berlines et voitures de sport. Malgré cela, le V10 est toujours resté une sorte de phénomène exotique parmi les agrégats V8 et V12. Par Stephan Hauri
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ans les années 1930 déjà, des moteurs huit ou douze cylindres propulsaient des modèles haut de gamme. C’est encore le cas aujourd’hui – bien que leur épée de Damoclès, à savoir les véhicules électriques, est de plus en plus menaçante. Des concepts de véhicules dotés de plus de douze cylindres n’ont survécu que chez Bugatti, sous forme de moteurs V8 doublés dans la gamme Chiron. Les idées les plus créatives des années 1980 telles que la voiture de sport haute performance Cizeta à moteur central V16, développée par Claudio Zampolli et le producteur de musique Giorgio Moroder, ou le prototype Cadillac Sixteen de l’année 2003, n’ont jamais pu être produits en série et ont rapidement disparu du monde automobile. Plus compacts, mais moins performants qu’un V12 – et plus forts mais moins efficaces qu’un V8 –, les premiers moteurs V10 se sont glissés dans les années 1960 entre les deux concept-models V8 et V12. De manière plutôt étonnante, les moteurs dix cylindres au parfum légèrement exotique ont rapidement exercé une fascination toute particulière. Aujourd’hui cependant, ils font partie des espèces (automobiles) fortement menacées. VIA CAMIONS ET FORMULE 1 L’idée d’un moteur V10 a surgi vers la fin des années 1960 dans la tête des concepteurs de camions lorsqu’il s’agissait d’augmenter la puissance minimale requise par la loi pour les 38 tonnes – et que les groupes V8 ne suffisaient plus. À l’autre extrémité de l’échelle des performances, la formule 1 a apporté une solution de compromis en introduisant, après l’interdiction des turbocompresseurs, des moteurs à dix cylindres. Entre 1989 et 2006, BMW, Ferrari, Honda, Peugeot, Mercedes et Renault construisaient des véhicules trois litres/dix cylindres.
Pour une dynamique de conduite optimale de l’Audi R8, le moteur à dix cylindres est installé entre l’essieu arrière et le conducteur.
La caractéristique la plus frappante était le son aigu qu’ils émettaient à haut régime. Dans le secteur des voitures de tourisme, le premier V10 équipait en 1992 une Dodge Viper – avec une cylindrée de 8 litres, qui est passée à 8,4 litres à la fin de la production et a fait augmenter la puissance de 394 à 654 Ch. Ce n’est qu’à 5000 tr/min que le Big Block fournissait le couple maximal de 814 N.m. Il atteignait sa puissance maximale à 6200 tr/min. Des voitures de sport de petite série comme la Bristol Fighter dans les années 2000 ou la GTA Spano et la VFL Force 1 au milieu des années 2010 ont également profité de l’énorme V10 Chrysler. Dans la Dodge Ram SRT-10, le V10 de la Viper était même utilisé en moteur de pick-up.
BEAUCOUP DE CYLINDRÉE, DE RÉGIME ET DE PUISSANCE Actuellement, le V10 d’Audi est encore très répandu et propulse diverses versions de R8. Pendant un certain temps, il était aussi en fonction dans les modèles S6, RS6 et S8. Dans sa version de 5,2 litres de cylindrée, le moteur est installé longitudinalement devant l’essieu arrière dans la R8 et la Lamborghini Huracan. Et Audi communique : «La R8 V10 Performance RWD ne sera pas le dernier dérivé de la R8. Mais vers la fin de la décennie, nous proposerons uniquement des véhicules purement électriques et des hybrides plug-in très performants.» Lamborghini annonce qu’à partir de 2023, tous les véhicules thermiques seront hybridés. Les anciens modèles Gallardo et Sesto Elemento de Sant’Agata se fiaient également à ce dix cylindres, tout comme l’Hispano-Suiza, dont la version de 5,4 litres a encore été améliorée avec deux turbocompresseurs et un compresseur électrique. Ce V10 trouve d’autres utilisations dans la Panther Progettouno d’Ares, une nouvelle édition de la De Tomaso Pantera. La Pambuffetti PJ-01, un projet italien d’hypercar, mise également sur le moteur Audi.