Magazine de l'ACS 304

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AUTO ACS | 304

VOITURE D’EXCEPTION

Beauté intemporelle… Apparue à l’orée des sixties d’un coup de crayon du jeune et talentueux designer Paul Brack, la Mercedes 230SL Pagode ne souffre d’aucun stigmate temporel. Par Gérard Vallat

A

ppelée «Pagode», en raison de la forme incurvée de son hardtop rappelant l’architecture des temples japonais, cette beauté s’est présentée au public lors du salon de Genève 1963. Descendante intercalée entre la glorieuse et très exclusive Mercedes 300SL, et la plus modeste 190SL à moteur quatre cylindres, la série «Pagode» est déclinée en trois versions : 230SL, 250SL et 280SL. Afin de ressentir les émotions des heureux propriétaires de ce type de Mercedes au milieu des années 60, nous avons eu le privilège de prendre le volant d’une version 230SL. Cette voiture n’est pas la plus puissante de la gamme, avec les 150 chevaux de son six cylindres en ligne, mais pour l’époque, ce genre de cavalerie n’était absolument pas négligeable. Et surtout plus que suffisant aujourd’hui, en fonction des normes actuelles en matière de liberté sur nos

belles routes. Peu importe le contenu du flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! SENSATION VISUELLE Descendante de l’illustre 300SL qui avait affirmé son image sur les circuits, mais également fille de la «mal aimée» 190SL, cette gamme W113 répond à un cahier des charges très précis, qui exigeait de proposer à la clientèle Mercedes un roadster élégant et pratique, offrant une sécurité optimale, tout en reprenant des éléments existants dans la gamme afin de minimiser les coûts. Succédant à ses deux grandes sœurs – 300SL, très exclusive, donc très chère, ainsi que 190SL, anémique parce que sous-motorisée avec son petit quatre cylindres –, la génération des Mercedes SL Pagode peut être considérée comme le vrai premier maillon de la généalogie SL, tel qu’on le connaît aujourd’hui. Présenté au salon de Genève 1963, le premier roadster Mercedes 230SL crée la sensation avec sa ligne «ponton» aplatie (pour rappel, le terme «ponton» désigne une carrosserie dont les ailes avant sont intégrées au capot moteur, alors que les ailes avant et arrière sont reliées par une ligne droite). Cette forme est absolument banale aujourd’hui, mais elle était révolutionnaire à l’orée des années 50, lorsque Mercedes a innové en

introduisant ce concept avec sa berline 180. Création très originale de par ses lignes pures et sobres, la Mercedes 230SL se différenciait nettement des modèles présentés en 1963 par les marques concurrentes qui privilégiaient des lignes plus en courbes, comme l’Alfa Romeo Giulia Spider. Tendances identiques chez l’allemand Porsche, qui exposait ses dernières 356 et la nouvelle 911, tout comme de l’autre côté de la Manche avec Jaguar et sa splendide Type-E. Campée sur ses roues parfaitement alignées aux petits déports de ses ailes, ce qui lui donne cet aspect «viril» et musclé, qui n’est sans doute pas étranger à son allure d’éternelle jeunesse, la nouvelle création de Stuttgart affiche fièrement son étoile au milieu d’une large calandre encadrée par de grands phares verticaux. Certains spécialistes de la presse automobile de l’époque appréciaient spécialement la partie arrière de cette Mercedes, avec ses petits feux arrière reliés par une fine baguette chromée. Cet aspect spécifique relevé, il reste que l’entier de la 230SL captait le regard des observateurs professionnels comme du public, pour qui ce choc des cultures visuelles fut couronné par la découverte du fameux toit Pagode conçu par Béla Barényi, greffé sur la 230SL par Paul Brack. Suite page suivante


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