Ardennes & Alpes n°211 - 1er trimestre 2022

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court Pablo Re

Leçons d’ici et d’ailleurs PABLO RECOURT Vous vous souvenez peut-être de Gaspar. Beau, fuselé et pilier fondateur du projet « En quête du Saint 8a ». Une véritable star, il s’était retrouvé en couverture de cette revue. Gravissant la légendaire paroi freyrienne chevauché par son fidèle compagnon de route, moi-même. Cette photo annonçait le début de notre voyage : un tour des 8a de France. Voilà bientôt cinq mois que nous avons quitté notre belle terre natale et il est temps de vous partager quelques histoires.

Notre infiltration en territoire français se passe bien. Chez nos voisins grimpeurs, je suis maintenant connu comme le belge à vélo. Les gens ont entendu parler de moi, et c’est chouette. On me reconnaît parfois quand j’arrive à une falaise, même si je reste persuadé que c’est Gaspar qu’on reconnaît en premier. Au-delà de faire plaisir à mon ego, c’est vraiment bien que le voyage fasse parler de lui. Il inspire. Et je ne vais pas vous mentir, je l’espérais secrètement. Parce qu’à côté du simple petit plaisir de mes doigts, je voulais que le projet transmette un message, une réflexion, une prise de conscience. J’ai envie de montrer page 14

qu’on peut pousser notre engagement écologique au-delà du tri de nos déchets, d’une alimentation réfléchie, d’une consommation circulaire et d’une économie éthique. Étendre ces valeurs à nos passions, nos voyage, nos rêves. On peut y trouver tout autant (si pas plus) de satisfaction en prenant soin de notre environnement. Et ça, ça fait du bien de s’en rendre compte. Ce projet, c’est la preuve que c’est possible. Voici quelques anecdotes croustillantes que j’ai vécues et les pensées qui en découlent.

Expériences loufoques à gogo J’arrive à Chambly, dans le Jura. C’est une nouvelle région où je ne connais absolument personne. Aucune idée d’où dormir ou d’avec qui grimper. Ma meilleure chance est d’aller à la falaise pour espérer y croiser du monde. Il fait beau, mais c’est un mardi : les gens sont au boulot, c’est bien dommage. Mais je ne suis pas pressé et j’attends tranquillement au soleil. Tout à coup, un chien apparaît suivi peu après par son maître, Patrick. Il est guide de canyon et grimpe tout le reste de l’année. Sympathique personnage, j’ai directement un bon feeling. Il me propose de me montrer le coin dans les prochains jours et de m’héberger autant que besoin. Incroyable ! Quelques heures plus tard me voilà chez lui auprès du poêle. Un ami l’appelle et lui propose une petite soirée autour d’un feu de camp. « Tu veux y aller ? », me demande-t-il. Je n’ai pas grand-chose d’autre à faire et nous voilà partis. Le lieu de rendez-vous ressemble bien à un champ désert… Mais en regardant mieux, une lueur apparaît au fond. On se rapproche. C’est un tipi. Improbable. En soulevant la toile d’entrée, on découvre une tribu d’individu partageant boissons, rires et victuailles. Et c’est ainsi que d’une matinée où je ne savais même pas où j’allais passer la nuit suivante, je me suis retrouvé saoul à partager des huîtres et du Mont d’or (un fromage délicieux qui détrônerait presque le Comté) avec de parfaits inconnus autour d’un feu. Merci la vie !

Pablo Recourt © 2021

DOSSIER CARNET DE VOYAGE

© 2021


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