Marie Claire Belgique - September - FR

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SOMMAIRE 12 ÉDITO 14 CONTRIBUTEUR.RICE.S 16 LA PHOTO DU MOIS

TENDANCES

18 SUR LA LISTE DE SEPTEMBRE 22 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES PAR MARIE CLAIRE

SUBSTANCE ÉPOQUE

32 REPORTAGE En Suède, le brûlant

débat sur les enfants transgenres

38 NEWS La pionnière oubliée

40 ENQUÊTE À vélo pour les soins

à domicile

CULTURE

Photo Emil Pabon @Initials LA. Réalisation et stylisme Ilja De Weerdt. Mannequin Anouck Lepère @Noah Management. Maquillage et coiffure Elke Binnemans pour Dior. Assistant photo Rick Bruins. Imperméable rose en éconyl, top péplum avec broderie en tweed, pantalon à imprimé en laine, Louis Vuitton.

44 AGENDA Expos et sorties

46 LIVRES Jean-Paul Masse de Rouch,

passion Pompilio

47 LIVRES Rentrée littéraire :

nos cinq coups de cœur

48 CINÉMA Jean-Pierre et Luc Dardenne,

une fratrie mythique

50 MUSIQUE

TÊTE-À-TÊTE(S)

52 RENCONTRE Benoît Magimel,

un sage en été

56 INTERVIEW Tamino, l’envoûteur

MAGAZINE

60 MODE Les formes libres

d’Ester Manas

64 SOCIÉTÉ Pénurie de geekettes,

la faute aux stéréotypes

68 MODE Le surréalisme, c’est mode ! 72 PSYCHO Hétéros... mais pas trop 76 MODE Ludovic de Saint Sernin,

du genre fluide

80 MOI LECTRICE « J’ai acheté une

Suivez-nous sur marieclaire.be/fr

p. 32 En Suède, le brûlant débat sur les enfants transgenres

CASIA BROMBERG.

maison pour donner du sens à mon histoire »


Veste en daim beige et noir et bottes hautes en cuir, Louis

Vuitton.

STYLE MODE

Into the woods Forever young 100 COVER GIRL Anouck Lepère, la top belge suprême 102 MODE D’EMPLOI Best of mode de la rentrée 84 90

BEAUTY

108 DOSSIER Le vrai du faux sur

l’activité physique

114 CONFIDENCES La sélection de la

rédactrice

115 TESTÉS Les exfoliants

117 FONDAMENTAUX Els Pynoo

LIFESTYLE

122 FOOD Hendrik Dierendonck,

rockstar belge de la viande

124 ÉVASION Accès V.I.P. au Château

de Saran

129 HOROSCOPE

EMIL PABON.

130 LE QUESTIONNAIRE Claire Laffut

p. 90 Forever young


MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.

RÉDACTEUR EN CHEF Timon Van Mechelen tvm@marieclaire. be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be COORDINATRICE DE LA RÉDACTION Joëlle Lehrer jle@marieclaire.be DIRECTRICE DE LA MODE & STYLE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ & LIFESTYLE Kim De Craene kdc@marieclaire.be COLLABORATEURS Elke Binnemans, Rick Bruins, Aurélia Dejond, Ilja De Weerdt, Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl, Etienne Heylen, Marie Honnay, Jessie Lefler, Joëlle Lehrer, Anouck Lepère, Emil Pabon, Malvine Sevrin, Eva Thurman, Margo Verhasselt. CHEF DIGITAL MARIECLAIRE.BE/FR Malvine Sevrin mse@marieclaire.be malvinesev DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE rosaalieeb Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1 CHIEF OPERATING OFFICER (COO) MARIE CLAIRE Florian de Wasseige fdw@editionventures.be

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9 numéros pour seulement 26,95 €. Simple et rapide : surfez sur www.viapress.be/marieclairefr Vous avez des questions ? Envoyez un mail à info@viapress.be, viapress.be, téléphonez au 02 556 41 40 (de 8 h à 16 h 30 du lundi au vendredi) ou écrivez à AMP, 451 route de Lennik, 1070 Bruxelles.

SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Deborah Schols dsc@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Chief Marketing Officer) lmo@editionventures.be Carla Circiello (Campaign Coordinator) cci@editionventures.be Laura Collu (Campaign Coordinator) lco@editionventures.be EVENTS Noah Falcone (Event Coordinator) nfa@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be Print Production Coordinator / Amélie Eeckman aee@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl EDITION VENTURES CEO Bernard de Wasseige DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige IMPRIMERIE Quad/Graphics

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METIN AKTAS/ANADOLU AGENCY VIA GETTY IMAGES.

EVA THURMAN. SOPHIE KIETZMANN. IMAXTREE.

ÉDITO


Célébrons le style et la substance

E

n février dernier, la guerre en Ukraine a éclaté le jour où je m’apprêtais à assister à mon tout premier défilé Prada à Milan. Ce qui aurait dû être une grande fête - le retour des fashion weeks après deux ans de pandémie - s’est transformé en un dilemme moral pour de nombreux magazines féminins. Avaient-ils le droit de proposer des comptes rendus de défilés alors qu’une catastrophe humanitaire était en train de se produire près de chez eux ? A l’époque, en tant que rédacteur en chef-adjoint de Marie Claire, je n’étais pas confronté à ce dilemme. Pour moi, cette situation soulignait la pertinence de l’ADN de ce magazine. Depuis sa première édition française en 1937, Marie Claire prend la mode et la beauté très au sérieux tout en proposant des reportages journalistiques engagés et pertinents. Les fondateurs de ce titre étaient parfaitement conscients que les gens qui aiment Prada - j’avoue que j’ai, pour ma part, rêvé de ce premier défilé pendant dix ans – s’intéressent aussi à la guerre et aux nombreuses formes d’injustice qui secouent le monde. Une femme qui veut savoir quel est le meilleur rouge à lèvres du marché s’intéresse probablement tout autant aux sorties cinéma. Ces mêmes femmes n’ont, en outre, aucune envie de voir ces sujets traités de manière cliché et superficielle. Cette liberté de ton, c’est le patrimoine de Marie Claire.

Dans mon premier numéro en tant que rédacteur en chef de ce beau titre, j’ai donc pensé qu’il était important de souligner davantage cet ADN si particulier. Forts de notre devise CÉLÉBRONS LE STYLE ET LA SUBSTANCE, nous avons choisi de diviser le magazine en deux chapitres des mêmes noms. Substance couvre le volet reportages, les interviews et les pages culture. Style met en lumière le meilleur de ce que le monde de la mode, de la beauté et du lifestyle a à offrir. Une manière de célébrer notre dualité unique. Le droit des femmes constitue un autre pilier important de Marie Claire. Nous avons été le premier magazine féministe en Europe. Malheureusement, ce militantisme reste de la plus haute importance, tant les inégalités hommes/femmes demeurent une réalité dans de nombreux pays du monde. Je suis néanmoins convaincu que si nous voulons rester un magazine moderne et pertinent, il faut oser élargir notre regard sur le féminisme. Par exemple, les questions traditionnelles telles que le droit à l’avortement ou les opportunités de carrière restent importantes, mais il nous appartient de souligner que les migrantes, les lesbiennes ou les trans n’osent même pas en rêver. Lorsqu’il a lancé ce magazine, Jean Prouvost rappelait déjà l’importance que « tout le monde puisse s’identifier à Marie Claire ». À ce titre, il était déjà très en avance sur son temps. Au moment de boucler ce numéro, je tiens également à remercier mon équipe. Sans elle, je ne pourrais pas me montrer aussi fier de ce magazine : un Marie Claire, à la fois fort et élégant en termes de contenu. Je vous souhaite une très bonne lecture.

Timon Van Mechelen Rédacteur en chef timonvm


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CONTRIBUTEUR·RICES

Joëlle Lehrer Ilja De Weerdt Kim De Craene Elke Binnemans JOURNALISTE

STYLISTE

JOURNALISTE

Joëlle est la nouvelle rédactrice de coordination de Marie Claire Belgique.

Ilja s’est chargée du stylisme du shooting de notre cover avec la mannequin Anouck Lepère.

Kim est la nouvelle journaliste beauté & lifestyle de Marie Claire.

CHEVEUX ET MAKE-UP ARTIST

D’OÙ VENEZ-VOUS ?

Elke s’est chargée du maquillage et des coiffures du shooting de la cover.

POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

« J’ai toujours voulu être journaliste parce que c’est un métier de plume, de curiosité, de recherches et de rencontres où l’on ne cesse d’apprendre. » VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?

« J’ai pris plaisir à découvrir et à éditer les reportages et enquêtes qui se trouvent dans ce numéro de septembre. Et bien sûr, j’ai adoré pouvoir interviewer longuement Tamino, l’un des talents les plus hype de la scène belge. Et sur les tendances de la mode pour l’automne-hiver, je suis désormais incollable ! » QUI VOUS INSPIRE ?

« Mes inspirations sont multiples et passent de Mariella Righini, une ancienne journaliste au Nouvel Obs, à Meryl Streep, qu’on ne présente plus et que j’ai eu la chance d’interviewer à L.A., il y a quelques années. Avoir autant de talent, d’intelligence et de simplicité, c’est ça la classe absolue. Mais la nouvelle génération m’inspire également comme la Belge Claire Laffut que l’on retrouve dans les pages de ce numéro. »

« Je suis née et j’ai grandi à Gand. J’y retourne volontiers pour voir mes amis et ma famille, mais je vis aujourd’hui à Anvers. »

«Après dix ans passés à São Paulo, je suis de retour à Anvers. J’ai donc vécu au Brésil pendant près d’un quart de ma vie. Ça me rend un peu Brésilienne!»

POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

D’OÙ VENEZ-VOUS ?

« Petite, j’étais déjà passionnée par la mode et j’adorais faire des collages. À coups d’expérimentations, j’ai pu faire de mon hobby mon métier. Au fil du temps, l’industrie de la mode est devenue un secteur difficile. Par ailleurs, j’adore danser ! » VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LE SHOOTING DE LA COVER ?

«Alors qu’Anouck sautait et courait dans les champs, elle a accidentellement perdu une chaussure au fond d’un ravin plein de chardons. Notre photographe Emil a eu la gentillesse d’aller la rechercher. Notre métier n’est pas de tout repos!» QUI VOUS INSPIRE ?

« Je marie les influences de la rue à celles de la musique, du cinéma, des autres cultures... Notre environnement est une source inépuisable d’inspiration. Et bien sûr mes amis proches qui travaillent sur une belle plateforme internationale. »

« J’écris des articles sur des sujets de société, ainsi que sur la musique, la beauté, les hotspots pour un magazine centré sur les femmes, réalisé avec humour, classe et style : un travail de rêve. » VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?

« J’en ai plusieurs. La balade à vélo le long du canal de Bruxelles par une journée d’été ensoleillée avec les sagesfemmes de Wheel of Care, le shooting de mon portrait officiel pour Marie Claire avec un joli make-up et de beaux vêtements, la découverte du nouvel album de Hot Chip (que j’ai écouté en boucle une centaine de fois). » QUI VOUS INSPIRE ?

« Il y a quelques années, j’ai lu What Would Audrey Do ? C’est un petit livre sympa qui utilise des exemples de la vie de l’actrice Audrey Hepburn pour donner des conseils sur les relations, la mode, le travail. Depuis lors, face à un dilemme, je me demande souvent Que ferait Audrey ? Elle incarnait l’élégance et le glamour, elle a survécu aux difficultés avec grâce. »

D’OÙ VENEZ-VOUS ?

« Je suis née à Genk et j’ai grandi à Opoeteren, en pleine nature. Nous habitions juste à côté d’une forêt, c’était le paradis sur terre quand j’étais petite. Mais pendant mes études, il est apparu clairement que j’étais plutôt une citadine. Aujourd’hui, je vis à Anvers, mais je retourne régulièrement dans le Limbourg. » POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

« Enfant, j’étais déjà fascinée par ma poupée de maquillage, et mes Barbie étaient régulièrement relookées. Mais j’ignorais que c’était un vrai métier. Pendant mes études en photographie, j’ai découvert la coiffure et le maquillage, et j’ai immédiatement su que je voulais continuer dans cette voie. » VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?

« C’est aussi le moment où Anouck a perdu sa chaussure, on a tellement rigolé ! » QUI VOUS INSPIRE ?

« Difficile de citer une personne en particulier. L’art, aussi bien la peinture que la photographie, est une source fréquente d’inspiration. J’en tire certaines émotions que je veux transmettre, des palettes de couleurs, des idées... »

OTAVIO SOUSA. PHOTOS PERSONNELLES.

D’OÙ VENEZ-VOUS ?

« Je suis née à Bruxelles un jour de plein été, un 4 juillet, c’est mon côté Independence Day... J’adore ma ville mais j’adore aussi voyager. »



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L’IMAGE DU MOIS

acnestudios.com

PRESSE.

CES SUÉDOIS QUI SE DÉMARQUENT…

Un lancement très audacieux du sac Musubi par Acne Studios en juillet dernier. La marque a fait appel à la photographe américaine Talia Chetrit (°1982) qui, au début de la campagne outdoor, a d’abord décoré la façade et les ascenseurs du siège social à Stockholm avec les sacs et deux danseurs masculins nus. « J’ai trouvé frappante la similitude entre les corps musclés et les avantages qualitatifs des sacs en cuir. » E.H et A.D.



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TENDANCES

SEPTEMBRE

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PHOTOS FÉMINISTES

À travers son travail, la photographe bruxelloise Charlotte Abramow questionne les normes qui limitent le corps des femmes et critique leur hypersexualisation. Après des expositions à New York et à Paris, entre autres, elle signe sa première exposition personnelle en Belgique avec Volle Petrol. Du 9 septembre au 17 décembre au Hangar à Bruxelles, Place du Château 18, www.hangar.art

SUR LA LISTE DE SEPTEMBRE Par Malvine Sevrin et Timon Van Mechelen.


GILET DOUILLET

DÈS LA RENTRÉE, RETOUR AUX FONDAMENTAUX. ET DANS NOTRE LIGNE DE MIRE : LES PULLS EN CACHEMIRE DU LABEL BELGE VUE SUR MER. DE QUOI PARFAIRE NOTRE LOOK DE PREMIÈRE DE CLASSE, PILE DANS LA TENDANCE « SCHOOL GIRL » IMPULSÉE PAR MIU MIU.

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vuesurmer.com

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CHARLOTTE ABRAMOW. MATTIA AQUILA. PRESSE.

DOLCE VITA

Ce table book prolonge l’ambiance des vacances. Au fil des pages se dévoilent en images les plus belles propriétés italiennes du groupe hôtelier de luxe Belmond. De Portofino à Florence, en passant par Venise et Taormina, bienvenue là où la « dolce vita » prend tout son sens. Villeggiatura : Italian Summer Vacation, texte de Cesare Cunaccia, Editions Assouline, 95 € sur assouline.com.

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L’EFFET PAPILLON

CE SUBLIME ÉCRIN IMITANT LES AILES DES PAPILLONS RENFERME UN ROUGE À LÈVRES AU FINI MAT MÉTALLISÉ. AINSI QU’UN MIROIR POUR FACILITER LES RETOUCHES. UN BIJOU. Collection Rouge G Luxurious Velvet Metal de Guerlain, 37 € le rouge à lèvres et 36 € le capot.


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TENDANCES

SEPTEMBRE

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BULLE GASTRONOMIQUE

En quête d’un tête-à-tête insolite ? Pendant un mois, Hémisphère propose des expériences éphémères gourmandes dans des bulles translucides installées dans le cadre enchanteur du Château de Rixensart. Au programme : live cooking et dîner à la belle étoile, qui dit mieux ? Entre le 17 septembre et le 18 octobre au Château de Rixensart – Rue de l’Église 40, 1330 Rixensart. Différentes formules proposées (à partir de 150 € p.p., +30 € pour l’accord met-vin) Infos et réservations via hemisphere.events

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BASILICIOUS

Il existe peu d’herbes qui sentent aussi bon que le basilic frais, selon Christine Nagel de la maison Hermès. Ce nouveau parfum est donc une ode à la plante aromatique. La bergamote, le géranium et le patchouli lui procurent un équilibre élégant et frais. Eau de basilic pourpre, 75 € pour 100 ml, hermes.com

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COURSE GREEN

ASSEZ GRAND POUR TRANSPORTER UN ORDINATEUR PORTABLE, ASSEZ ÉLÉGANT POUR NOUS ACCOMPAGNER EN WEEK-END. CE SHOPPER EN CUIR AUX MULTIPLES COMPARTIMENTS EST NOTRE NOUVEL ALLIÉ ULTRA POLYVALENT. Modèle Helix de Kaai, disponible en camel, noir et vert mousse, 745 € sur shop.kaai.eu

Basket Impala de Veja, 130 €, veja-store.com

PRESSE.

BUSINESS LADY

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Alors que 99 % des baskets de course sur le marché sont composées de plastique, le label français Veja bouscule les règles avec sa gamme mixant performance et matériaux recyclés et biosourcés. Sa dernière innovation ? Le modèle Impala, la basket la plus légère jamais développée par la marque. Ce modèle poids plume est conçu pour tous types d’exercices sportifs en salle de sport : course sur tapis, Bootcamp, Crossfit,...



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TENDANCES

VIBRATIONS 5

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LA PANOPLIE Une veste en laine assortie à un pantalon fluide côtelé, du beige égayé de quelques touches de couleurs : on se dirige vers septembre en douceur. Réalisation Alex + Julie et Timon Van Mechelen

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LE LOOK PODIUM Défilé Louis Vuitton automne-hiver 2022-2023. 1. UN SAC FAUVE En cuir de veau Terre Bleue, 199,99 €. 2. LA BONNE SILHOUETTE Veste en laine mélangée Pomandère, 439 €. Chemise en chanvre et soie Icicle, 650 €. Foulard en twill de soie Malfroy, 85 €. Cravate en soie Paul Smith, 130 €. Pantalon en laine Sandro, 260 €. 3. DES LUNETTES ÉCAILLE En acetate Komono, 129 €. 4. UNE SANDALE MARY JANE En cuir Ganni, 325 €. 5. UNE SUPERPOSITION POUR JOUER DES MANCHES Veste en similicuir Molly Bracken, 70 €. Veste en laine Rails, 268 €. Foulard Twilly, en soie Épice Paris, 120 €. 6. DES BOOTS À TALON En cuir Arket, 250 €. 7. UN PANTALON CÔTELÉ En velours Max Mara Weekend, 190 €. 8. MINI BRIEFCASE En cuir Mieke Dierckx, € 430.

THIERRY LEGAY (X8). MISE EN PLACE CLAIRE GILET. COURTESY OF LOUIS VUITTON/IMAXTREE.COM.

Tout doux la rentrée !



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TENDANCES

VIBRATIONS

PHÉNOMÈNE

DES SOINS LUMINEUX POUR LA PEAU 1

Par Joy Pinto et Kim De Craene 2

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TOUTES LES COULEURS DE L’ARC-EN-CIEL ou presque possèdent des vertus pour la peau en fonction de leur longueur d’onde. Utilisées dès les années 60 en Angleterre pour apaiser la jaunisse du nourrisson, les LED ont fait leur chemin en médecine moderne pour leurs bienfaits sur diverses pathologies – dont certains cancers – jusqu’à prendre soin de la peau. Autrefois réservée au cabinet du dermatologue et à des instituts pointus, la technologie LED s’invite désormais à la maison avec des masques criblés de petites lampes à poser sur le visage pendant une dizaine de minutes presque quotidiennement. Selon la couleur choisie, le bénéfice est différent : « Le bleu agit sur la bactérie responsable de l’acné et la production de sébum, le vert sur l’éclat et les taches, le rouge sur l’éclat et la fermeté de la peau, tandis que les infrarouges viennent, plus en profondeur, régénérer et cicatriser », décrit Héléna Marino, fondatrice de bazar-bio.fr, qui vient d’ouvrir une boutique-institut à Nice* et propose notamment des séances en cure. Malgré des LED moins puissantes que celles des dermatologues, les masques à domicile offrent tout de même des résultats.

5 ACTIVER LES MÉCANISMES RÉPARATEURS

Stéphane Engel, directeur général de MyBlend, qui lance son masque made in France cette année, précise : « Les études les plus probantes concernent les lumières

rouges et infrarouges : elles activent la microcirculation pour stimuler l’éclat et relancent les mitochondries pour augmenter la production de collagène et d’élastine. Elles interviennent même sur la production d’endorphines par l’organisme. » Chez Oh My Cream, les retours sur la lumière bleue anti-acné sont peut-être moins documentés mais toutefois prometteurs : « En six semaines, on observe une diminution visible des microkystes et de l’inflammation globale », estime Marion Massias, directrice expertise et expérience de la marque. En revanche, la lumière verte « pro-éclat » aurait plus de mal à atténuer des taches incrustées. À faire, donc : cibler les masques avec la LED qui nous intéresse le plus pour éviter de diluer l’efficacité, l’utiliser régulièrement sur peau propre et sèche, tous les jours ou toutes les 48 heures en fonction des recommandations du fabricant, pendant dix minutes en moyenne. Quant aux prix, ils varient d’une centaine d’euros à plusieurs milliers, selon le nombre de LED et leur puissance, notamment. Attention à la fausse bonne idée qui consisterait à doubler, voire plus, la dose prescrite. « Avec les LED, comme avec l’exfoliation, le mieux est l’ennemi du bien et sursolliciter la peau peut l’emmener à se défendre et à vieillir finalement plus vite car elle devient trop active », poursuit l’experte Oh My Cream. Même écho chez Stéphane Engel : « Ils ont un effet dose à ne pas dépasser. Je conseille même de faire des pauses entre les cures de six semaines. » La peau aussi a parfois besoin de repos. (*) 71, avenue du Maréchal-Foch. 1. How to Glow Masque LED de Solaris, 115 €, sur ohmycream.com 2. Light-Therapy Golden Facial Treatment Device de MZ Skin, 459 €, sur net-a-porter.com 3. Pad 2 en 1 Nomade de Lucibel.le, 679 €. 4. Masque MyLedMask de MyBlend, 970 €. 5. Masque LED Photothérapie de CurrentBody, 329 €.

PRESSE.

Déjà populaires aux États-Unis et en Asie, les masques à LED se lancent à l’assaut du marché de la cosmétique français avec une promesse alléchante : traiter la peau à la carte, en profondeur et sans effet secondaire. Décryptage.


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Court vitaminé

LA PANOPLIE Une minijupe grège, un pull orange vif, des cuissardes noires et des bijoux en argent : découvrez l’arsenal mode de la rentrée. Réalisation Timon Van Mechelen

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COURTESY OF COURRÈGES/IMAXTREE.COM. PERS.

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LE LOOK PODIUM Défilé Courrèges automne-hiver 22/23. 1. BLAZER En coton et polyester LolaLiza, 59,99 €. 2. CAT EYE Lunettes de soleil Linda Farrow x The Attico, 220 €. 3. TRAPÈZE Jupe en cuir COS, 195 €. 4. SURPIQUÉ Sac Pin Mini Bucket en cuir de taurillon Delvaux, 2.500 €. 5. CLASH Bracelet en or blanc Cartier, 9.550 €. 6. TERESA Bottes en cuir de veau Morobé, 595 €. 7. SMILE Sac en cuir de veau Marie Martens, 415 €. 8. FLOW Boucles d’oreilles en argent Viktoria von Malottki, 230 €. 9. LA BONNE SILHOUETTE Pull en laine Caroline Biss, 145 €. Jupe cargo en coton H&M, 24,99 €. Bottes en cuir Dries Van Noten, 945 €. 10. HIGHLIFE VINTAGE Montre Frederique Constant, 1.895 €.


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TENDANCES

VIBRATIONS

WHATSAPP

CYRIELLE CARPENTIER DE CHANGY

Artistic Director de KURE

Cyrielle

TU AS PASSÉ DE BONNES VACANCES ?

Assez mouvementées, avec Chloé qui a 13 mois PETITE, TU AIMAIS LA RENTRÉE ?

J’adorais ! Nouveau cartable et tenues TU ÉTAIS TRÈS LOOKÉE ?

l’organise avec l’agence We Share. Une soirée inoubliable pour découvrir notre 1ère collection en avant-première, avec DJ, animations mode, drinks… APRÈS PLUS DE DEUX ANS DE PANDÉMIE, TU SENS UNE FRÉNÉSIE NOUVELLE CHEZ TES CLIENTES ?

Non pas du tout mais ma grand-mère avait un atelier de couture, j’y ai passé beaucoup de temps à chipoter dans les tissus et à me créer des tenues improbables. Mon intérêt pour la mode est arrivé vers l’âge de 17 ans.

Complètement, car on sort à nouveau ! Restos, vacances, soirées entre filles, on a envie de s’habiller et de se faire plaisir, de se sentir vivre.

DÉJÀ AVEC CETTE ENVIE D’AVOIR TON STYLE PERSO ?

Pour la femme active qui a envie de se sentir belle et bien dans ses fringues tout au long de la journée, mais sans devoir se casser la tête. Une garde-robe qui nous suit du matin au soir. Les gens veulent renouveler leur style en gardant leur personnalité.

Mon propre style, oui, qui me corresponde, avec des pièces intemporelles à porter encore et encore. ET DE CRÉER TA PROPRE MARQUE ?

L’envie est arrivée voici trois ans, dans la continuité de la création du concept store voici dix ans. Je ne suis pas styliste, j’ai d’abord voulu proposer un ensemble de labels qui me plaisent énormément avant de penser au mien. SON ADN ?

Une marque durable, minimaliste, intemporelle, monochrome, avec quelques brins de folie. TA TENUE IDÉALE POUR CETTE RENTRÉE ?

Un suit noir fluide, chic mais pas chiant , le juste milieu entre sexy et casual. Avec un crop top sous le blazer oversize. Working girl, mais 2022, quoi… ET POUR CHILLER LE WEEK-END ?

SANS TROP SPOILER TA MARQUE PERSO, COMMENT L’AS-TU IMAGINÉE ?

COMMENT VOIS-TU L’AVENIR DE LA MODE ?

L’avenir, c’est l’expérience. Je ne vends pas que des marques, mais une expérience shopping, un moment pour soi et surtout, un conseil personnalisé. ÊTRE UNE FEMME INSPIRANTE POUR TES 60.000 FOLLOWERS, C’EST IMPORTANT À TES YEUX ?

Oui, surtout d’être transparente, car être une femme, une maman et une indépendante, ce n’est pas facile tous les jours. Même si je vends du rêve sur Instagram, je ne vis pas dans un mode fashion paillettes glamour tout le temps kurebrussels.com cyrielleforkure

Un set en coton : short et chemise assortis, une paire de sneakers. LA RENTRÉE DE LA MODE, POUR TOI, C’EST EXCITANT ?

Hyper ! On clôture les collections, on bouge entre Paris, Londres et Copenhague. Tout un renouveau s’installe ! Et cette année… gros event le 6 octobre pour le lancement de ma marque KURE, ainsi qu’un gros tri dans mon dressing pour faire place aux nouveautés , je revends et je donne à ma famille. Cette date sera mémorable : on

KURE.

La rentrée ? Elle kiffe ! A la tête du concept store le plus en vue de la capitale, suivie par plus de 60.000 followers, cette infatigable mompreneure lance sa propre marque en octobre. Une bosseuse hyper stylée et inspirante. Par Aurélia Dejond


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De haut en bas

ASSISTANTE STYLISME MANON BALTAZARD.

Mocassin en cuir Tod’s, 690 €. Sac Boy, en shearling, cuir et métal entrelacé de cuir Chanel, 4 550 €. Pochette Flamenco, en cuir Loewe, 1 750 €.

MISE AU VERT Dans de très chics nuances olive, des mocassins ultra-plats, un sac rehaussé d’un fermoir doré et une pochette souple coulissée. Photo Elsa Leydier Set design Elena Biraghi Réalisation Anna Quérouil


x LPG® Benelux

QUEL EST LE SECRET D’UNE BELLE PEAU À TOUT ÂGE ? Peu importe votre type de peau ou votre âge, un besoin reste constant et primordial pour conserver une peau belle et en bonne santé; c’est l’hydratation.

Limiter les signes du vieillissement cutané est un souhait formulé par de nombreuses femmes, et ce dès le début de la trentaine. Souvent, elles pensent qu’une peau jeune est une peau lisse, dépourvue de rides et ridules. Raison pour laquelle elles se tournent rapidement vers des soins anti-âge au détriment parfois des autres besoins essentiels de la peau. S’il est vrai que les rides sont une preuve visible du vieillissement cutané, elles ne sont pas les seules. Une peau d’aspect jeune est avant tout une peau en bonne santé. C’est-à-dire une peau capable de se défendre contre les agressions extérieures dites environnementales mais aussi une peau capable de se régénérer de l’intérieur et de produire tout ce qui est nécessaire au maintien de son rebond, de sa fermeté et de son éclat. Pour favoriser un bon fonctionnement global, l’hydratation est essentielle. Elle renforce la barrière cutanée et favorise le bon fonctionnement des cellules. UN PROGRAMME DE REMISE EN FORME EN 3 ÉTAPES

Leader mondial de la stimulation cellulaire, LPG® rayonne aujourd’hui à travers 110 pays dans le monde. Véritable experte de la beauté de la peau, la marque a identifié trois moyens pour offrir une hydratation optimale à la peau : - en buvant de l’eau en suffisance, - en stimulant les cellules via des soins en institut, - en appliquant des soins cosmétiques pointus et adaptés.

Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec LPG® Benelux. www.endermologie.com


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GETTYIMAGES. PRESSE.

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L’AIR DU TEMPS DÉCRYPTÉ REPORTAGE Transidentité en Suède : le débat qui fait mauvais genre SOCIÉTÉ Du nouveau dans les soins a domicile

44 CULTURE

NOTRE SÉLECTION CINÉMA, MUSIQUE, LIVRES... LIVRES Nos coups de cœur de la rentrée littéraire

CINÉMA Jean-Pierre et Luc Dardenne, fans de Clint Eastwood. Les retrouvailles de Julia Roberts et George Clooney MUSIQUE On a retrouvé Zap Mama


TANCE 52 TÊTES-À-TÊTE(S)

60 MAGAZINE

LES RENCONTRES DU MOIS

ENQUÊTES, PORTRAITS, TÉMOIGNAGES

RENCONTRE Benoît Magimel, meilleur acteur francais de l’année INTERVIEW Tamino, le prince de la scène belge

MODE Ester Manas, une autre façon de créer des vêtements SOCIÉTÉ Codage, pour les filles aussi MODE Surréalisme, l’esprit Schiaparelli PSYCHO Hétéros, les attirances non contraires


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Johanna, 22 ans, dans un parc à Lund. À 17 ans, elle voulait entamer une hormonothérapie pour changer de sexe. Mais une psychothérapie lui a permis de savoir pourquoi elle souffrait de dysphorie de genre.


GRAND REPORTAGE

En Suède, le brûlant débat sur les enfants transgenres Pionnier dans la prescription d’hormonothérapies et dans l’accès à des chirurgies de réassignation de sexe, y compris pour des mineur·es, le pays enregistre une explosion sans précédent de diagnostics attestant – en particulier chez les jeunes filles – d’une inadéquation entre le sexe biologique et l’identité de genre. Mais aussi un nombre grandissant de requêtes de détransitions, parfois devenues délicates après opérations… De quoi nourrir une polémique nationale houleuse où droits individuels et système de santé sont questionnés. Nos reporters sont allées enquêter à Stockholm et à Lund, au nord de Malmö. Par Laure Marchand Photos Casia Bromberg


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elle, et à l’instar de leurs congénères dans le monde occidental, de très nombreux jeunes Suédois·es éprouvent le sentiment d’être nés dans le mauvais corps. En Suède, le phénomène connaît une hausse impressionnante. « Ces dix dernières années, nous avons assisté à une augmentation des diagnostics de dysphorie de 2 000 % (1). Nous en sommes certains car les déclarations de diagnostic sont obligatoires. Nous sommes passés d’un fait très rare, avec peu de cas chaque année, à des centaines par an. L’augmentation est la plus prononcée chez les jeunes, et la plus spectaculaire est observée chez les filles : il y en a trois fois plus », détaille le Pr Mikael Landén, psychiatre spécialiste de la transsexualité. LA SUÈDE EST PIONNIÈRE DANS LA RECON-

e regard de Johanna raconte un voyage, un très long voyage dont elle est revenue et qui aurait déposé comme un voile de douce tristesse dans ses yeux bleuvert. Ou peut-être de lucidité que seuls celles et ceux qui ont traversé des contrées inconnues portent sur l’existence. Dès l’enfance, la relation à son corps est difficile. À l’adolescence, le mal-être la submerge : dépression, scarifications, anorexie, tentative de suicide, hospitalisation… « Je regardais des vidéos de transgenres sur Internet et j’ai rencontré un garçon trans qui avait l’air heureux dans son corps. Il m’a simplement dit d’explorer mon genre. C’était peut-être ça la source de mon problème. À 17 ans, j’ai fait mon coming-out, j’ai annoncé que j’étais un garçon », raconte-t-elle, calée sur le canapé de sa chambre, dans une cité universitaire à Lund. Elle fait alors disparaître tout signe de féminité, bande ses seins, porte des vêtements masculins et se choisit un prénom de garçon, Kasper : « J’ai ressenti un mieux-être dans mon corps. C’était intense. Cela n’a pas duré », se rappelle-t-elle. À 19 ans, elle renoue avec Johanna. « Mais je n’ai jamais menti, j’étais Kasper, c’était ma vérité », raconte l’étudiante en médecine de 22 ans. Johanna a souffert de dysphorie de genre, un terme qui désigne un sentiment d’inadéquation entre le sexe biologique et l’identité de genre et qui peut être source de détresse. Comme

NAISSANCE DE LA DYSPHORIE DE GENRE. En 1972, il s’agit du premier pays au monde à autoriser les opérations chirurgicales de réassignation de sexe et de changement de sexe à l’État civil. Un demisiècle plus tard, la Suède a toujours une longueur d’avance : Lina Axelsson Kihlblom, l’actuelle ministre des Écoles, est transgenre. Mais aujourd’hui, face à la vague d’adolescent·es transgenres, ce pays scandinave qui ne peut guère être soupçonné de transphobie s’inquiète. Face aux doutes sur les bénéfices et les effets à long terme des traitements hormonaux, dont certains sont irréversibles, les indications de prise en charge ont été complètement repensées. La diffusion à la télévision de The Trans Train, une série de documentaires révélant que le très réputé hôpital Karolinska, à Stockholm, pratiquait des mastectomies sur des adolescentes dont certaines âgées de 14 ans, a déclenché un débat dans cette société scandinave très attachée aux droits individuels. Dans la foulée, le gouvernement suédois a chargé un panel de scientifiques d’examiner la littérature scientifique mondiale sur les traitements hormonaux. Et au mois de mars dernier, sur la base de leur rapport, le Conseil national de la sécurité et de la protection sociale a modifié ses recommandations (2) pour la dysphorie chez les mineur·es. Étant donné le « manque persistant de preuves scientifiques fiables concernant l’efficacité et la sécurité des traitements, la connaissance récente que des détransitions se pro-

duisent chez de jeunes adultes » et l’augmentation encore inexpliquée des cas chez les adolescent·es – essentiellement les filles –, l’institution médicale demande « que les traitements ne soient proposés qu’à des cas exceptionnels ». Des études sur l’hormonothérapie à vie montrent des risques accrus de thromboses, de cancers, d’ostéoporose, d’accidents vasculaires cérébraux. L’an dernier, l’hôpital Karolinska a annoncé arrêter la prescription de bloqueurs de puberté. La Suède est en train de revoir le fonctionnement de ses cinq cliniques spécialisées dans la dysphorie de genre des mineur·es. Cette réorientation complète est révélatrice d’une société en proie aux doutes : est-elle allée trop loin dans la prise en charge médicale ? En 2018, une proposition de loi du gouvernement prévoyant d’abaisser l’âge de la chirurgie de 18 à 15 ans, en levant l’autorisation parentale, et de rendre possible les déclarations de changement de sexe dès l’âge de 12 ans, avait suscité la réaction d’une partie du monde médical, soucieuse d’un possible scandale médical à venir. Pédopsychiatre reconnue, Angela Sämfjord a fait partie des fondateurs de la clinique pour enfants transgenres de Göteborg en 2016. Mais le profil de ses petit·es patient·es la rend rapidement très prudente : « Je voyais que nos adolescent·es avaient beaucoup de difficultés antérieures à leur dysphorie. Elles et ils souffraient d’anxiété, de dépression, avaient des problèmes sociaux, psychiatriques… Parmi eux, 20 % avaient été diagnostiqués autiste. 35 % ne l’avaient pas été mais les signes d’autisme étaient évidents. Cela fait plus d’un sur deux. Et il faut garder en tête qu’il s’agit de 70 à 80 % de filles. » Deux ans plus tard, elle a démissionné et exerce désormais à l’hôpital pédiatrique Queen Silvia, à Göteborg. « En tant que psychiatre, je me demande si la dysphorie de genre n’est pas une explication donnée à des problèmes qui sont en fait autres. » Une inversion qui aurait été faite entre la cause et la conséquence. Cette question sur l’origine de la dysphorie de genre de sa fille, Asa l’a posée à l’équipe qui suivait Johanna : « J’ai demandé s’il ne pouvait pas s’agir d’une nouvelle manifestation de sa maladie et non pas l’explication de celle-ci. D’autant plus que depuis son enfance, ma


À droite Johanna, étudiante en médecine,

ici dans sa chambre de la cité universitaire de Lund. Elle se souvient : « À 17 ans, j’ai annoncé que j’étais un garçon (…). J’ai ressenti un mieux-être dans mon corps. C’était intense. Cela n’a pas duré. » Ci-dessous La mère de Johanna, chez elle à Stockholm, regarde les photos qu’elle a prises de sa fille aux différentes étapes de sa vie.

fille n’avait jamais montré aucun signe laissant croire qu’elle sentait être un garçon. On m’a rétorqué que ne pas accepter était de la transphobie. Ce n’était vraiment pas le sujet, un de mes collègues est un homme transgenre et en est heureux, cela ne me pose aucun problème. » AVEC LE RECUL, JOHANNA PORTE ÉGALEMENT UN REGARD SÉVÈRE SUR SON PAR-

COU R S MÉ D ICAL : « Je voulais vraiment savoir si j’étais transgenre et c’est ce que j’attendais des consultations. J’en ai eu deux. On m’a félicitée en me disant que j’avais commencé à accepter qui j’étais. On m’a demandé si je voulais des hormones, une chirurgie. La fonction du système de santé est-il de nous donner ce que nous réclamons et d’être sympa ? » Finalement, une patiente psychothérapie lui fait prendre conscience que des abus sexuels et la haine de son corps ont entraîné sa dysphorie. « Cela me semble tellement évident aujourd’hui », dit-elle. La communauté scientifique bute sur une difficulté. Pourquoi tant de • • •


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4 1. Jannie regrette que sa fille

ait, à 17 ans, suivi un traitement hormonal pour devenir un homme. 2. Juliana a deux enfants, l’aîné est autiste, le plus jeune s’est déclaré fille mais on lui a aussi diagnostiqué des problèmes psychiatriques. 3. L’hôpital Karolinska a annoncé arrêter la prescription de bloqueurs de puberté l’an dernier. 4. Aleksa Lundberg, 40 ans est journaliste. Elle s’est déclarée femme à 17 ans. Aujourd’hui, elle s’épargnerait peut-être toute cette « transformation ».


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jeunes, et surtout des filles, se revendiquent-elles et ils transgenres ? Est-ce parce que l’évolution sociétale, en desserrant le carcan autour du genre, facilite un questionnement ou une affirmation impossible à exprimer auparavant ? S’agit-il d’un symptôme d’une jeunesse face à un mal de vivre abyssal ? La manifestation contemporaine d’une quête identitaire adolescente ? Quelle est la part d’influence des réseaux sociaux ?

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D E S FAM I LLE S DONT LE S ADOS S E SONT B R USQU E M E NT DÉCLARÉ·E S D U S EXE

OPPOSÉ remettent en cause la rapidité des évaluations. La fille de Jannie (3) a été diagnostiquée haut potentiel, bipolaire… À 14 ans, elle opte pour le prénom Oscar et sa mère l’appelle désormais ainsi. « J’ai assisté à ses consultations sur la transidentité, Oscar était mutique, avec une capuche sur sa tête. Comment la médecin a-t-elle pu affirmer qu’il était transgenre ? Je ne voulais pas qu’il prenne des hormones, il avait 17 ans, mais sous la menace de signalement aux services sociaux, j’ai dit oui. » Le traitement n’a pas enrayé la descente aux enfers de son enfant désormais majeur. Prostitution, toxicomanie… « Il y a quelques mois, il a reçu un courrier pour une opération des seins. Il n’en avait même pas fait la demande. » L’année précédant sa majorité, Alicia (3), quant à elle, demande, à sa mère son accord à une prise d’hormones masculines. Marie (3) refuse. Peu de temps après ses 18 ans, Alicia rentre à la maison comme si de rien n’était. « Elle n’avait plus de seins, cela se voyait car avant, elle avait une poitrine importante. Tout a été si vite, c’était absurde. Elle vit aujourd’hui comme un homme mais pense que lui enlever les seins était inutile. Cela me fait penser aux ados punk avec une épingle à nourrice dans le nez. En général, à 30 ans, ils l’ont retirée. Sauf que là, les dommages corporels sont irréparables. » L’ensemble des pays occidentaux est confronté aux enjeux médicaux et éthiques du soin des enfants trans. Depuis 2020, la Finlande a remis à plat ses protocoles. Le voisin de la Suède recommande désormais une aide psychosociale en première intention. Rappelant que le cerveau humain achève son développement aux alentours de 25 ans, les autorités sanitaires finlandaises estiment que « le changement de

“Le souhait d’appartenir au sexe opposé ne dure pas forcément une vie entière. Comment savoir qui a vraiment besoin d’un traitement ?” Aleksa Lundberg, 40 ans, journaliste et femme trans

mentation du volume du clitoris. Attablée dans un café, Aleksa Lundberg, 40 ans, témoigne de son parcours afin de faciliter le débat. Cette journaliste suédoise connue s’est déclarée femme à 17 ans et a entamé sa transition un an plus tard : « J’étais tellement dans ce fantasme d’être une femme, je pensais que cela serait plus simple. » Les années ont passé. « Quand j’ai réalisé les dommages que j’avais fait subir à mon corps, je me suis dit : mon dieu ! Même si je peux quand même avoir une belle vie, je ne peux pas revenir en arrière. » Aujourd’hui, elle s’épargnerait peut-être toute cette « transformation » et serait simplement « un garçon homosexuel efféminé » : « Le souhait d’appartenir au sexe opposé ne dure pas forcément une vie entière. Comment trouver un équilibre et savoir qui a vraiment besoin d’un traitement ? » IL Y A DIX ANS, MIKAEL LANDÉN A PUBLIÉ UNE ÉTUDE (4) SUR LES CONSÉQUENCES DU

sexe chez un mineur » demeure « une pratique expérimentale ». En Suède, le sujet de la transidentité reste sensible. « En enquêtant, j’avais l’impression de marcher sur un champ de mines, se souvient Carolina Jemsby, réalisatrice des documentaires The Trans Train, qui a fait face à un déferlement inattendu d’accusations de transphobie. L’évolution de la société rend plus aisée la reconnaissance de la transsexualité de certaines personnes mais je crois que le phénomène est complexe. Mon rôle était de questionner la réponse qu’apporte notre système médical et qui impacte une vie entière, en aucune façon de dire : “C’est bien” ou “ce n’est pas bien”. » La journaliste a sorti de l’ombre le phénomène, jusqu’alors peu documenté, des détransitionneuses. Et les téléspectateur·rices ont découvert, ébahi·es, les récits de jeunes adultes qui racontaient pour la première fois, de leur voix grave qu’elles garderont toute la vie, leurs regrets d’avoir pris de la testostérone car elles ne voulaient plus être une fille. Outre l’épaississement des cordes vocales, d’autres modifications physiques sont irréversibles, comme la pilosité, une éventuelle calvitie ou l’aug-

CHANG E M E NT D E S EXE : « Les résultats n’étaient pas bons, tant en termes de suicides que d’hospitalisations. Mais nous ne savons pas s’ils auraient été encore pires sans changement de sexe. » Le psychiatre, qui a participé à l’analyse des preuves des traitements hormonaux demandée par le gouvernement suédois, se félicite de la prudence désormais requise pour les mineurs tant les inconnues restent nombreuses : « La dysphorie finira-t-elle par disparaître chez certains si on ne fait rien d’autre qu’attendre en étant vigilant ? Le traitement hormonal empêche-t-il en fait ces jeunes de résoudre leur dysphorie ? Mon approche est strictement médicale. Est-ce que les traitements aident ? Si la réponse est oui, il convient de les proposer. Mais actuellement, nous ne savons pas si nous risquons de faire plus de mal que de bien aux enfants. Dans dix ans, je redoute que nous puissions nous demander : comment avons-nous pu croire à une telle épidémie ? » 1. 727 jeunes ont été diagnostiqués avec un

trouble de l’identité de genre en 2017, contre 31 personnes en 2007, soit +2 345 %. 2. Résumé de l’étude « Care of children and adolescents with gender dysphoria » du National Board of Health and Welfare, sur socialstyrelsen. se 3. Les prénoms ont été modifiés, sauf ceux de Johanna et Asa. 4. « Long-term follow-up of transsexual persons undergoing sex reassignment surgery: cohort study in Sweden », de Cecilia Dhejne, Paul Lichtenstein, Marcus Boman, Anna L V Johansson, Niklas Långström, Mikael Landén, février 2011.


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DANIELLE CASANOVA LA PIONNIÈRE OUBLIÉE

Farouche résistante puis déportée, cette jeune Corse a affronté les camps aux côtés de grandes figures féminines de l’antinazisme. Armée d’un diplôme de dentiste et d’un courage qui force encore l’admiration. Par Françoise-Marie Santucci NÉE À AJACCIO AU DÉBUT DU XXE SIÈCLE, DANS UNE FAMILLE D’INSTI-

TUTEURS ANCRÉS À GAUCHE, Danielle Vincentella Perini arrive à Paris avant ses 20 ans pour suivre les cours de l’école dentaire. En parallèle, elle s’investit dans le militantisme étudiant et rejoint les Jeunesses communistes, dont elle devient l’une des dirigeantes. À l’aube des années 30, la voilà mariée à un jeune Corse, Laurent Casanova, rencontré à Paris. Elle travaille dans un petit cabinet dentaire de la capitale tout en restant fidèle à ses engagements : elle prend la direction de la toute nouvelle Union des jeunes filles de France, rattachée aux Jeunesses communistes. Principal objectif : défendre l’égalité des sexes, a fortiori pour celles issues des milieux populaires. Mais la Seconde Guerre mondiale arrive. Danielle Casanova passe dans la clandestinité et multiplie les actes de bravoure : elle monte des réseaux féminins, aide à la lutte armée, ravitaille ceux traqués par la Gestapo – c’est lors d’une de ces missions-là qu’elle est arrêtée. Après des mois d’emprisonnement à Paris et en banlieue, c’est la déportation, en janvier 1943, dans le fameu x « convoi des 3 1 000 ». Arri vées à Auschwitz-Birkenau, ces 230 femmes, pour la majorité des résistantes communistes, soudées et solidaires, chantent La Marseillaise avant de se faire tatouer leur matricule, du numéro 31625 au 31 854 – d’où le surnom du convoi. Il manque

La militante pendant un discours, vers 1933-1935.

une dentiste au camp ? Danielle Casanova se porte candidate. Son statut « privilégié » (en réalité un peu moins pire que celui des autres), elle le met inlassablement à profit pour aider ses amies d’infortune, qui en nourriture, qui en tâches moins pénibles, ces Marie-Claude Vaillant-Couturier, Maï Politzer ou l’écrivaine Charlotte Delbo (qui publiera plusieurs ouvrages indispensables sur ces années atroces*). En mai 1945, seules quarante-neuf de ces 230 femmes reviendront en France. Pas Danielle Casanova, qui, dès le 9 mai 1943, succombe au typhus. À la Libération, elle est célébrée comme l’une des plus grandes résistantes françaises et son nom baptise nombre de rues, écoles ou monuments du pays. (*) Aucune de nous ne reviendra et Le convoi du 24 janvier, éd. de Minuit.

Le 15 novembre prochain, la population mondiale atteindra les huit milliards d’habitants. C’est ce qu’a annoncé l’ONU. « S’il faut se réjouir des progrès de la science et des soins de santé qui ont permis d’allonger la durée de vie et de réduire la mortalité infantile et maternelle, ce nombre doit nous faire encore davantage réfléchir au respect et à la protection de notre planète », souligne l’organisation par la voix de son Secrétaire général, António Guterres. Pourtant, la croissance du nombre d’habitants sur Terre est la plus lente enregistrée depuis 1950. Elle est même en diminution de 1 % dans une soixantaine de pays. Là où les taux de fécondité sont faibles et là où les habitants sont amenés à émigrer pour des raisons de sécurité ou des raisons économiques. En Belgique, la croissance est actuellement de 0,54 %. J.L.

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Photo!: Ophélie Longuépée


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À VÉLO POUR LES SOINS À DOMICILE

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ebout à 6h30 ce matin, la sage-femme Isaura Declerck a pris à 7h45 le train Alost-BruxellesMidi pour arriver une demi-heure plus tard à la Brede School Nieuwland, au cœur des Marolles, où Wheel of Care a son siège. Isaura prépare son sac et son vélo électrique pour se rendre à sa première visite à domicile prévue à 9h. Souvent, elle n’est pas de retour avant 23 h. Isaura travaille pour l’organisation depuis six mois. « Ses valeurs correspondent aux miennes », dit-elle. « Le temps consacré aux patient·e·s, l’impact durable de l’usage du vélo et la liberté dont nous disposons sont uniques. D’ordinaire, une sage-femme travaille selon un schéma fixe : elle accompagne la maman et son bébé pendant trois jours, et ça s’arrête là. Chez Wheel of Care, nous assurons un suivi jusqu’à ce que les enfants atteignent l’âge d’un an. De cette façon, nous créons un véritable lien. Nous répondons toujours aux e-mails et aux textos, y compris la nuit et le week-end. Même quand il s’agit de photos de caca, prises par des mamans qui s’inquiètent des selles de leur bébé. Une anecdote marquante ? Il y en a tant, c’est difficile de choisir. Jusqu’à présent, je n’ai que de bons souvenirs. Ce qui me reste en mémoire après chaque visite, c’est la chaleur et la gratitude des familles. »

« Notre devise, ‘ Slow care on a fast bike ’, n’est pas une formule imaginée par une agence de relations publiques, c’est nous qui l’avons inventée », affirme Flora Billiouw, fondatrice de Wheel of Care, un service de soins à domicile proposé par des sages-femmes et infirmiers·ères à Bruxelles. « Nous sommes là pour chaque Bruxellois·e, quel que soit son âge. » Par Kim De Craene Photos Ringo Gomez-Jorge

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DES MOMENTS WAOUH

Cette année, l’organisation fête son cinquième anniversaire. C’est Flora qui a lancé Wheel of Care – à prononcer « We love Care » – en 2017. « Pendant mes études de sage-femme, j’ai eu un premier déclic lorsqu’une sage-femme indépendante est venue nous parler de son travail. Waouh, on peut se rendre au domicile des patients », ai-je pensé. « Après mes études, je suis partie en mission aussi souvent que possible : j’ai travaillé au

Congo, au Cameroun et au Rwanda. Ensuite, au terme d’une spécialisation en médecine tropicale à Anvers, j’ai également effectué des séjours à l’étranger en tant que bénévole. Ces expériences sont riches d’enseignements : on apprend à se débrouiller avec ce qu’on a sous la main. » Après ses études, Flora a cherché du boulot. Elle a notamment travaillé comme sage-femme et infirmière en chef dans les tours du WTC à Bruxelles pendant la crise des migrants en 2016.


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1. Les eBikes ont été spécialement aménagés pour l’organisation. 2. Isaura et Flora devant une peinture murale à Bruxelles Nord. 3. Le sac de travail pour la visite à domicile. 4. Bébé Bob est prêt pour la pesée.

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« De nombreux réfugiés afghans et pakistanais étaient en détresse. Inutile d’aller à l’étranger pour aider des personnes vulnérables. Je pouvais exercer le travail que j’aimais dans mon propre pays, dans ma propre ville. » Après cette mission, Flora s’est lancée comme sage-femme indépendante. « Je n’avais pas de permis de conduire. Je me déplaçais à vélo, alors pourquoi ne pas emprunter ce moyen de transport pour travailler ? C’était d’abord un choix écologique. Mais j’ai vite réalisé

que Bruxelles est vallonnée et impossible à parcourir uniquement à vélo traditionnel. J’arrivais au domicile de mes patients en sueur, et j’étais exténuée à la fin de la journée. Par ailleurs, je ne pouvais rendre visite qu’à quelques familles par jour. J’ai donc décidé de faire l’acquisition d’un vélo à assistance électrique. Mais pas n’importe lequel, il me fallait le meilleur. Avec une batterie qui tiendrait toute la journée et ne me lâcherait pas en plein milieu de mes visites. J’ai fini par choisir un ‘ eBik ’e

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équipé d’un système Bosch, qu’un studio de design a transformé en ambulance montée sur des roues de vélo. Aujourd’hui, je peux faire jusqu’à huit visites par jour, tout en prenant le temps avec chaque patient. ‘ Slow care on a fast bike ’, ce ne sont pas des paroles en l’air. Ce slogan n’a pas été imaginé par une agence de relations publiques, c’est nous qui l’avons inventé. » DES MAMIES ASSERTIVES À VÉLO

L’organisation se caractérise par le • • •


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1. Flora en route pour ses visites à domicile le long du canal de Bruxelles. 2. Jules, la poupée en plastique réaliste, est utilisée lors des ateliers que Wheel of Care organise pour les jeunes parents. 3. Toujours à portée de main : un casque et une gourde.

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slow care, des soins chaleureux, et une attention portée au caractère durable du matériel médical et du moyen de transport. « En voiture, nous ne pouvions réaliser que la moitié de notre travail à cause des embouteillages et de la recherche d’une place de parking », explique Flora. « Aux heures de pointe, aujourd’hui, nous dépassons souvent les voitures des autres infirmières avec notre ‘ eBike ’. Nous sommes ponctuelles, car nous pouvons parfaitement planifier nos itinéraires et nos visites. » « Conduire à Bruxelles, c’est dingue, mais faire du vélo n’est pas forcément plus évident et peut se révéler assez dangereux », poursuit Isaura. « Il faut s’habituer. Après quelques déboires, on conduit maintenant comme des mamies plutôt que comme des kamikazes. Enfin, comme des mamies à l’attitude assertive. » À Bruxelles, la mobilité a connu ces dernières années une évolution positive. Des pistes cyclables ont été aménagées dans de nombreuses communes, et des panneaux ainsi que des feux de signalisation ont été installés au profit des cyclistes.

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ZÉRO TABOU

Wheel of Care veut accompagner chaque Bruxellois·e, du nouveau-né de moins de 9 mois à la personne âgée de

rémunérées. Les tâches administratives sont à notre charge, souligne Flora. Pour une visite à domicile d’une heure et demie à deux heures, l’Inami ne paie qu’une heure. Alors qu’il est primordial de prendre le temps lorsqu’on exerce une profession comme la nôtre. Surtout quand on s’occupe de personnes âgées : on boit une tasse de café avec elles, on prend des nouvelles de leurs proches. Les autres infirmières ne peuvent pas se le permettre. Nous tenons également à passer un moment auprès des nouvelles mamans pour voir si le moral est bon et les guider pour l’allaitement. » BRUXELLES ET LE RESTE DU MONDE

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plus de 99 ans. « Il n’y a pas de tabous : tout le monde est accueilli avec plaisir, quelles que soient sa culture et ses valeurs », affirme Flora. « Nous travaillons selon un principe cher à Robin des Bois : les personnes aisées prennent en charge une partie des soins prodigués aux plus vulnérables. Ainsi, environ la moitié de nos patients veillent sur l’autre moitié. Idéalement, nous aimerions bénéficier d’un soutien structurel, mais nos demandes de subsides se soldent en général par un refus. Les dons privés seraient également les bienvenus. Heureusement, la société Bosch eBike Systems nous sponsorise chaque année depuis nos débuts en 2017. » Par ailleurs, le recrutement n’est pas toujours chose aisée, ajoute Flora. « Il y a une pénurie de personnel dans le secteur des soins. Notre travail demande du temps et du dévouement. Toutes les heures travaillées ne sont pas payées ; seules les visites à domicile sont

La plupart des membres de l’équipe ont un travail à mi-temps sur le côté pour joindre les deux bouts. Pas Isaura, qui choisit de se consacrer pleinement à Wheel of Care, même si elle perçoit un salaire moindre. « Habituellement, une sage-femme gagne environ 1.800 euros ; je touche 1.300 euros et je peux atteindre les 1 . 6 0 0 s i j e t ra v a i l l e b e a u c o u p . Heureusement, mon compagnon prend en charge une partie du loyer et des frais du ménage. » L’organisation ne manque pas d’ambition. « Nous avons déjà réalisé beaucoup de choses et étoffé notre équipe en embauchant d’autres spécialistes en plus des sages-femmes et des infirmiers·ères : une acupunctrice, un psychologue, une consultante en portage physiologique, un kiné, et une thérapeute qui propose un rituel Rebozo et des massages. En tout, ça représente 350 visites à domicile par semaine. Notre rêve est d’offrir nos services dans toutes les communes de Bruxelles et de les étendre aux grandes villes belges. Peut-être même au reste de l’Europe. J’aimerais que chaque personne dans le monde puisse bénéficier des soins que nous dispensons », conclut Flora.


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44 SUBSTANCE CULTURE

L’ILLUSION ENTRE AU MUSÉE

Un musée flambant neuf au Théâtre de la Gaîté, dédié au monde fascinant de l’illusion d’optique, a ouvert cet été. Une expérience unique et pédagogique au cœur de la capitale. Par Aurélia Dejond

S’instruire en s’amusant. C’est l’objectif de ce tout nouveau musée : à travers ses 700 m2, il initie à l’univers captivant de l’illusion d’optique. On s’y rend compte à quel point notre perception ultra conditionnée est trop souvent biaisée et l’on s’entraîne à regarder autrement. Le fonctionnement de notre cerveau et la façon dont nous gérons la manière dont il reçoit les informations visuelles y sont étudiés. « Le visiteur découvre ici que ce que le cerveau décode par le biais des sens n’est pas nécessairement la réalité », commente Damir Cicak, directeur du musée. « Le musée questionne un phénomène sociétal très actuel. En ces temps où les prises de position se font et se défont à la vitesse de l’éclair, en partie à cause des réseaux sociaux, et où le dialogue tend à faire figure de parent pauvre, le musée interpelle ses visiteurs sur les faits tout en leur prodiguant un conseil judicieux : ‘ Vérifiez d’abord si votre perception est bien la bonne. D’autres verront peut-être certaines choses qui vous échappent. Cette perspective est, peut-être, plus précieuse encore que l’expérience elle-même », souligne Damir Cicak. Une expérience interpellante. Musée de l’Illusion Bruxelles, au Théâtre de la Gaîté à Bruxelles. www.museumofillusions.be

AGENDA Arié Mandelbaum

Ce peintre belge, dont le travail est souvent exposé en Suisse et à l’étranger, obtient enfin sa rétrospective. Elle revient sur le lien entre Arié et son fils Stéphane assassiné en 1986, comme sur le dialogue silencieux entre leurs deux œuvres. Du 16 septembre au 5 mars 2023 au Musée juif de Belgique. www.mjb-jmb.org MARIEMONT

La Chine au féminin

Cette expo inédite invite le public à partir à la rencontre de femmes

chinoises du 20e siècle. Impératrice, révolutionnaire, espionne, anonyme, mère, travailleuse… chacune illustre un pan des forces culturelles, politiques et sociétales qui conditionnent leurs vies.

Jusqu’au 23 octobre au Musée royal de Mariemont. www.musee-mariemont.be BRUXELLES

Infinite Arrows

L’exploration de la flèche par Prune Nourry. La figure mythologique des Amazones, tribu de chasseresses dont on raconte qu’elles se coupaient la poitrine pour mieux tirer à l’arc, fait partie du travail plastique de l’artiste à la suite de son cancer du sein. D’une infinie puissance.

Jusqu’au 22 octobre, à la Galerie Templon, Bruxelles. www.templon.com PARIS

Sally Gabori

Une exposition remarquable, organisée par l’un des plus grands artistes australiens des vingt dernières années. Sally Gabori a développé une œuvre unique, vibrante et colorée au sein de la peinture autochtone. Une première expo de l’artiste en Europe. Jusqu’au 6 novembre à la Fondation Cartier, 261 boulevard Raspail. www.fondationcartier.com

MUSEUM OF ILLUSIONS BRUSSELS.

BRUXELLES


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EXPOS

La culture, une vitamine riche pour l’esprit… Par Etienne Heylen

VIVE LE DESIGN TCHÈQUE

La Škoda a depuis longtemps perdu son image poussiéreuse et passe actuellement pour l’une des marques les plus recherchées sur le marché automobile. La verrerie bohème témoigne d’une créativité débridée, comme les meubles conçus à la manufacture Ton, dont aucune pièce ne sort sans que vingt personnes ne l’aient inspectée. Trois exemples qui en disent long sur cette exposition au Design Museum, démontrant à quel point la République tchèque est un pays où naissent des innovations qui séduisent à l’échelle internationale et où des traditions spécifiques sont préservées. Dans le contexte de la présidence tchèque de l’Union européenne, l’exposition explore les projets sélectionnés de treize entreprises à succès qui reflètent les bouleversements de l’histoire tchèque et dont les produits sont connus bien au-delà des frontières de ce pays. Un bel hommage y est également rendu à des créations plus traditionnelles. Design et transformation. Histoires du design tchèque 1990-2020. Du 7 septembre au 8 janvier 2023 au Design Museum Brussels. www.designmuseum.brussels

VOJTĚCH VEŠKRNA. © MICHAL FRONĚK. FRANTISEK KUPKA.

Olgoj Chorchoj.

IL Y A DE LA MUSIQUE DANS L’AIR C’est décalé : une exposition de peinture autour du thème de la musique. Néanmoins, elle a toujours été une grande source d’inspiration pour les peintres figuratifs et abstraits. En raison du lien étroit avec leur art et de la volonté d’exprimer des émotions, la vie elle-même ou la volatilité de l’existence, les peintres sont souvent fascinés par la musique. En confrontant leur travail à d’autres formes d’art, ils transcendent le cadre de leur propre discipline et s’inspirent mutuellement.

Frantisek Kupka l’a lui-même déclaré : « Je suis toujours touché dans l’obscurité, mais je pense que je peux distinguer quelque chose entre la vue et l’ouïe et je peux créer une figure en couleur, comme Bach l’a fait avec la musique ». De grands noms à voir ou revoir inlassablement , comme Pablo Picasso, Wassily Kandinsky et Frantisek Kupka pour ne citer qu’eux. La musique du tableau. Du 8 septembre au 16 décembre à la Galerie de la Béraudière à Bruxelles. www.delaberaudiere.com

Autour d’un point (1920-1925).


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SUBSTANCE

CULTURE

JEAN-PAUL MASSE DE ROUCH, PASSION POMPILIO j’avais envie d’oser écrire le récit d’une vie réelle. M’essayer à la biographie, qui est un parti pris, m’amusait. Je l’ai fait une première fois et aujourd’hui, j’ai actualisé le récit. Je reste fasciné par le parcours d’Elvis ! Une façon de laisser une trace ?

De proposer une explication, plus exactement. Un besoin de ma part de rendre compte, de faire comprendre, de rétablir la vérité. Car une biographie n’idéalise pas, elle relate, remet en contexte, précise, affine. Certains choix d’Elvis n’ont pas toujours été compris, comme celui de fermer sa boutique en 2022 pour se consacrer à des collaborations avec des créateurs de mode. En 2010, il ouvrait son atelier… c’est un chemin de vie balisé de bonheurs, de réflexions propres à tout artiste. Un parcours fulgurant, atypique, celui d’un créateur artisan dans l’âme, qui a réalisé des œuvres d’art dont certaines sont devenues pièces de musée. Comme fils de mineur italien immigré en Belgique, Elvis a toujours gardé les pieds sur terre : c’est un être très authentique.

Il a fait le pari d’un exercice de style audacieux : écrire la biographie d’Elvis Pompilio, pape du chapeau belge, à la première personne du singulier. Sa plume décalée retrace le parcours du modiste qui a coiffé les stars du monde entier. Par Aurélia Dejond

Écrire au « je » sur la vie de son compagnon, pour le romancier que vous êtes, un défi littéraire à part entière ?

C’est un exercice atypique, un enjeu supplémentaire, d’autant plus étonnant que je connais évidemment très bien Elvis. Ecrire à la première personne du singulier, sans que ce soit une autobiographie, est très challengeant. Je me suis installé dans sa peau, sans être lui pour autant. Nous n’avons d’ailleurs réalisé aucune interview ou entretien, j’ai tout écrit de mémoire et d’une traite. C’était comme une évidence à mes yeux : parler de lui m’était complètement naturel. Comme romancier,

Je n’en sais rien (rires) ! Il semblait content du projet et une fois qu’il a été réalisé, nous n’en avons plus jamais parlé, comme si passer à autre chose était tout à fait naturel. Pour ma part, j’étais soulagé d’avoir réussi à mettre un point final au récit…Etape pas aussi évidente qu’elle y paraît. Décider de publier le texte plutôt que le garder pour soi m’a paru aller de soi. Et très étrangement, je n’ai pas l’impression de l’avoir découvert sous d’autres angles depuis l’écriture du livre. Je le connais par cœur, c’est incroyable ! Vie privée, Jean-Paul Masse de Rouch, éd. JPMDR, 20 €. myjpmdr.tumblr.com En vente chez BrAMS, 388 Chaussée de Boondael 1050 Bruxelles et chez AIME 42 Place du Grand Sablon 1000 Bruxelles.

JEAN-POL LEJEUNE.

Comment accueille-t-il cette version remise à jour de sa biographie ?


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RENTRÉE LITTÉRAIRE: NOS CINQ COUPS DE CŒUR 490 romans pour cette rentrée littéraire… Si c’est le chiffre le plus bas depuis plus de vingt ans, l’événement reste le rendez-vous incontournable du mois de septembre. Entre talents confirmés et plumes émergentes, voici cinq titres qui ne laissent pas insensibles. Par Aurélia Dejond

DESTIN DE FEMMES

EXIL ÉCOFÉMINISME PEINE DES FAUNES D’ANNIE LULU

On ne sort pas indemne du deuxième ouvrage d’Annie Lulu, déjà multi-récompensée pour son premier roman La Mer Noire dans les Grands Lacs (2021). Ce nouveau récit nous plonge dans la vie quotidienne d’une famille tanzanienne en 1986. Rébecca élève huit enfants. Sa fille aînée, Maggie, rêve d’étudier à l’université, mais une expropriation par une compagnie pétrolière fait basculer son destin. La première pierre d’une tragédie familiale se met en place sur cinq générations… Toute la fragilité de la condition humaine est admirablement relatée, sur fond de plaidoyer pour le vivant. Des portraits de femmes écoféministes qui forcent l’admiration. Magnifique.

PRESSE.

Albin Michel, 18,90 €

« Tu dois être la jeune femme la plus heureuse du monde », ce sont les mots prononcés à Layla, dans le bureau d’aide aux réfugiés où elle reçoit sa convocation pour être naturalisée. Mais il est bien difficile de se représenter le bonheur pour cette jeune femme logée dans l’hôtel insalubre d’un marchand de sommeil et qui récure les toilettes d’un café en guise de métier. Leïla Bouherrafa connaît bien le sujet : elle a travaillé dix ans dans le secteur associatif et a enseigné le français dans une association qui accueille de jeunes réfugiés. Son deuxième roman montre le parcours de la combattante de son héroïne exilée, qui ne sera « jamais assez française ». Criant de vérité. Allary Éditions, 18,90 €

Éd. Julliard, 21 €

LE LIVRE DES SŒURS D’AMÉLIE NOTHOMB

On ne sait ce qui tient le plus en haleine dans ce 31e roman très attendu. L’amour fusionnel de Nora et Florent, ou celui qui lie leurs deux filles, Tristane et Laetitia, qui ne font quasiment qu’une. Des liens scrutés sous la plume concise et rapide de la romancière belge qui fête cette année ses trente ans de carrière. Elle signe ici un récit puissant et décortique de main de maître la façon dont on se façonne et (dé)construit dès la petite enfance. Une histoire poignante qui se lit d’une traite, des héroïnes attachantes, dont la bulle qu’elles ont construite fascine autant qu’elle émeut. À l’ombre, elles sont pourtant chacune la lumière de l’autre. Bouleversant.

TU MÉRITES UN PAYS DE LEÏLA BOUHERRAFA

INTROSPECTION COUP DE POING

MÊME PAS MORT ! DE VÉRONIQUE SELS

La dédicace de ce premier roman annonce la couleur : « À ma mère qui m’avait interdit de l’écrire ». Amorce d’un récit d’une force inouïe sur un amour mère/ fille impossible, au point que l’héroïne ne prononce plus le mot « maman », qu’elle continue à trouver terriblement angoissant. Ou comment une relation toxique est décortiquée au scalpel, dans un style d’une justesse implacable et qui fait froid dans le dos. Une mère incapable d’accompagner et guider sa fille pourtant fascinée dans sa future vie de femme, égocentrée et notamment obnubilée par sa splendeur déchue. Un récit glaçant sur une fille qui n’attend (plus) rien de sa mère et qui pourtant, transpire d’amour.

Un homme se réveille un matin à Casablanca, ne sait pas qui il est, comprend qu’il est en danger… La vie du peintre Stéphane Mandelbaum, assassiné à l’âge de vingt-cinq ans par ses complices après le vol d’un Modigliani, a inspiré le cinquième roman de cette très talentueuse auteure belge. Peut-on être à la fois peintre et truand ? Dessinateur prodige et voleur de tableaux ? Maître de la provocation et amoureux de la tradition ? Un récit interpellant qui traverse trois continents et un siècle d’histoire, dans un style qui soutient la tension narrative sans jamais s’essouffler. Mention spéciale pour les cinq dessins originaux de Stéphane Mandelbaum qui habitent le roman.

Éd. Julliard, 18 €

Éd. Genèse, 22,5 €

DU TEMPS DE MA SPLENDEUR, D’AURÉLIE DJIAN


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SUBSTANCE

CULTURE

JEAN-PIERRE ET LUC DARDENNE, UNE FRATRIE MYTHIQUE

Pour Jean-Pierre et Luc, Tori et Lokita est un film sur l’amitié. « Quelque chose d’indestructible qui lutte contre tout le reste ». Pour nous, c’est une histoire terrible d’enfants migrants, non accompagnés, qui aboutissent en Belgique après une traversée de plusieurs pays qu’on imagine épique. « On a lu une revue qui traitait de ces enfants et des maladies dont ils pouvaient être atteints en raison de la solitude », explique Luc. Ensemble, les Frères ont donc songé à une amitié inébranlable. « Notre film dénonce l’existence de ces MENA (enfants

mineurs non accompagnés) qui disparaissent dans les sous-sols de la société pour travailler dans l’esclavage contemporain. Quand ces mineurs s’aperçoivent qu’ils ne correspondent pas à tous les critères pour obtenir les papiers leur permettant de rester sur le territoire belge, ils disparaissent. Ces enfants sans famille sont les personnages les plus fragiles qui puissent exister », insiste Jean-Pierre. LA COULEUR DU CINÉMA BELGE

L’enfance maltraitée est un thème récurrent chez eux. « Cela dit l’état du

ADMIRATION

On le sait peu, mais les Frères possèdent beaucoup d’humour, ce qui n’apparaît pas dans leurs films. Ils aiment citer Charlie Chaplin, fort intéressé comme eux par les sujets sociaux, voire politiques qu’il traitait sur le mode de la comédie. Et ils vouent une grande admiration à Clint Eastwood, cet autre acteur-réalisateur, qui à nonante-deux ans, se montre toujours actif. « Il a une énergie phénoménale », s’enthousiasment-ils. Et qui l’aurait cru qu’on se retrouverait à parler de Charlot et de Clint avec les Dardenne? Tori et Lokita, de Jean-Pierre et Luc Dardenne, sortie le 7 septembre.

CHRISTINE PLENUS.

Dans le milieu du cinéma belge, on les appelle couramment « Les Frères ». Champions des récompenses à Cannes, les Dardenne se sont vus offrir le Prix Spécial du 75e anniversaire pour Tori et Lokita. Un film politique poignant. Par Joëlle Lehrer

monde. Et c’est quelque chose qui nous touche. » Pour ce film, les Frères n’ont pas choisi de stars. « On ne voit pas bien qui, parmi les stars, auraient pu jouer ces rôles. Cela ne se mettait pas. Et puis, on a découvert, outre les rôles principaux tenus par des non-professionnels, des acteurs néerlandophones comme Charlotte De Bruyne et Tijmen Govaerts. » Tori, le petit garçon, est incarné par Pablo Schils dont les réalisateurs admirent les capacités athlétiques. Quant à Lokita, c’est Joely Mbundu qui lui donne son punch comme sa douceur. La combativité de Lokita évoque un peu celle de Rosetta, un autre grand personnage des Dardenne. « Elle reçoit des coups mais elle sait aussi en rendre. » Le cinéma belge demeure un cinéma très blanc. Ce que contredit Tori et Lokita où les rôles-titres sont assurés par des afro-descendants. « C’est vrai que les comédiens, qui ne sont pas “ caucasiens ”ont moins de rôles. Que les choses changent, c’est bien. À mes débuts, raconte Jean-Pierre, les étudiants en art dramatique étaient tous issus de la bourgeoisie. Aujourd’hui, c’est plus mixte. On voit que l’attribution des rôles ne doit pas être déterminée par la couleur de peau ou par l’origine sociale. »


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CINÉMA

Julia Roberts et George Clooney se retrouvent à Bali, Bouli Lanners enquête sur un féminicide et Tilda Swinton prend Idris Elba pour un djinn… Intéressant programme. Par Joëlle Lehrer

ON PREND UN TICKET

UNIVERSAL STUDIOS. FANNY DE GOUVILLE. THE SEARCHERS. PARADISO.

Devinette : combien de films, Julia Roberts et George Clooney ont-ils tourné ensemble ? Six ! Le sixième, Ticket To Paradise s’inscrit dans la lignée des romcoms dans lesquelles brillent les deux stars. Mis en scène par Ol Parker, à qui l’on doit Mamma Mia !, cette comédie romantique permet aux acteurs de s’envoler à Bali mais pas pour des vacances. Leur mission est d’empêcher le mariage de leur fille - celle qu’ils ont eue, autrefois, durant leur bref mariage -, mission comportant quelques risques comme d’être mordu par un dauphin… Si ça ne vole pas très haut, Ticket To Paradise est bien rythmé et possède son lot de scènes délicieusement drôles. Retrouver Roberts et Clooney dans une telle aventure fait notre joie. Surtout lorsqu’ils s’envoient quelques vacheries…

ON INVESTIGUE

Ticket To Paradise, de Ol Parker, avec Julia Roberts, George Clooney et Kaitlyn Dever, sortie le 28 septembre.

ON CROIT AU BON GÉNIE

Un polar subtil, voilà à quoi ressemble La Nuit du 12, de Dominik Moll, dans lequel Bouli Lanners fait équipe avec Bastien Bouillon. Deux flics de la P.J. chargés d’enquêter sur le meurtre d’une jeune femme et qui se montrent humains, bons et tendres, à l’opposé des clichés sur les policiers qu’on voit au cinéma. Le film aborde le thème des féminicides et des violences faites aux femmes au travers de leur enquête non élucidée…

Conte des mille et une nuits revu et corrigé par George Miller, Trois mille ans à t’attendre repose sur les épaules de Tilda Swinton et d’Idris Elba. Elle en intello solitaire qui découvre, dans un bazar, une fiole contenant un bon génie, lui en djinn… Sa solitude brisée pourrait-elle l’amener à émettre le vœu ultime : celui d’être aimée ? Le réalisateur n’a pas lésiné sur les effets spéciaux.

La Nuit du 12, de Dominik Moll, avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners et Lula Cotton-Frapier, sortie le 31 août.

Trois mille ans à t’attendre, de George Miller, avec Tilda Swinton et Idris Elba, sortie le 14 septembre.

ON PLONGE DANS LE SURNATUREL

L’Italien Gabriele Mainetti s’inspire autant de Fellini que de Tarantino pour Freaks Out, une farce baroque. Quatre jeunes et un peu moins jeunes héros juifs romains, élevés dans un cirque, se retrouvent, en pleine seconde guerre mondiale, à utiliser leurs pouvoirs surnaturels dans la lutte contre les méchants nazis. Pour fans de films barjos et un peu kitsch. Freaks Out, de Gabriele Mainetti, avec Aurora Giovinazzo, Claudio Santamaria et Pietro Castellito, sortie le 21 septembre.


50 SUBSTANCE CULTURE

MUSIQUE

Une odyssée afropéenne, une balade disco sur la Riviera, de l’autoharpe enchantée et de la french pop « made in Brussels » dans nos écouteurs. Par Joëlle Lehrer

ON ÉCOUTE

Zap Mama Marie Daulne s’est fondue dans Zap Mama dès les années 90 où elle menait ce groupe polyphonique féminin au top des charts. Au fil des ans, elle a poursuivi sa route seule mais parfois bien accompagnée… comme lorsqu’elle croisait Erykah Badu. Après un long périple, notamment aux États-Unis, la zappeuse propose un premier album chanté entièrement en français. Jean-Louis Daulne, son frère, et Adamo y ont contribué. Les sonorités choisies par cette « Afropéenne », d’origine africaine et européenne, congolaise et belge, brasse les rythmes afros et latinos, la nu-soul et la pop. Femme engagée, elle soutient le travail de la Fondation Mukwege qui œuvre contre les violences sexuelles liées aux conflits, notamment en Afrique.

ON SAVOURE Benjamin

Biolay

ON RETROUVE Pomme

Il a un goût d’eau de mer, ce nouvel album de B.B. Et de la profusion, de la luxuriance, des saintes et des saints partout (Sainte-Rita, Sainte-Clara, Saint-Clair, Saint-Germain et son quartier). Et des rocks chargés, de guitares et d’autres choses, des ballades inspirées, parfois mélancoliques, des aveux et du second degré. Avec aussi des effluves de parfum disco trouvé sur la Riviera, ce dixième album de Biolay fait plus que prolonger l’été. Clara Luciani y est venue jouer les guests sur un titre qui porte son prénom. La veinarde.

À vingt-cinq ans, Pomme a tout compris. Il nous fallait cette douceur pas gnan-gnan après les drames, les confinements, les incendies. Son troisième opus est donc plus qu’un lot de consolation. Il apporte -comme son titre l’indique - de la consolation, du réconfort, de l’enchantement aussi. Très acoustique, avec sa voix d’elfe bien à l’avant-plan et son auto-harpe, il propose de l’épure comme art en soi. Co-réalisé par Flavien Berger, venu avec ses synthés, Consolation comporte un titre en anglais.

Saint-Clair, Benjamin Biolay, Universal Music, sortie le 9 septembre, en concert le 1er septembre à La Madeleine et le 2 septembre au Cirque Royal.

Consolation, Pomme, Universal Music, sortie le 26 août, en concert le 8 mars 2023 au Cirque Royal.

ON DÉCOUVRE Doowy

C’est sous le nom d’un personnage de série télé US que le musicien bruxellois Thibaud Demey a choisi de se lancer en solo. On le connaissait pour sa participation aux projets de Mustii et de Lost Frequencies mais ce qu’il propose sur ce premier E.P. vogue résolument sur les flots de la french pop. En six titres, Doowy démontre sa sensibilité et son habileté à trousser des mélodies pleines de charme et parfois funky. Avec mention spéciale à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Contre-nuit, Doowy, Pastel Sunset Records.

JO VOETS. MATHIEU CESAR. LIAN BENOIT. JAMES K BARBOSA.

Odyssée, Zap Mama, Alta Fonte.


Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels

Cuisine dépendances Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri

Avec Bénédicte Chabot, Catherine Decrolier, David Leclercq, Frédéric Nyssen et Dominique Rongvaux. Mise en scène : Patrice Mincke Décor et costumes : Lionel Lesire

www.trg.be

02 512 04 07

Du 14 septembre au 9 octobre 2022

En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge



TÊTE-À-TÊTE(S)

SUBSTANCE

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BENOÎT MAGIMEL Un sage en été Plus jeune, on le surnommait “le prince du silence” car, dit-il, il voulait rester une page blanche pour “susciter les désirs des cinéastes”. L’expérience et les récompenses ont rendu plus disert celui qu’on retrouvera dès septembre dans Revoir Paris (1) avec Virginie Efira. Sur son approche du métier d’acteur, son besoin d’être “ancré dans le sol”, sur sa pudeur “un peu vieux jeu” aussi : d’Algérie, où il tourne actuellement, c’est avec une sagesse bienveillante qu’il répond à nos questions.

ARNO LAM/CHARLETTE STUDIO.

Par Maroussia Dubreuil Photos Arno Lam

Cette année, Benoît Magimel a remporté le César du meilleur acteur (2), présenté deux films à Cannes, Pacifiction d’Albert Serra (3) où il est de tous les plans, et Revoir Paris d’Alice Winocour, en salle dès le mois prochain. Il a aussi enchaîné les tournages, d’abord dans le Maine-et-Loire, où il a incarné un grand gourmet du XIX e siècle aux côtés de Juliette Binoche (4), avant de s’envoler pour l’Algérie, où il a enfilé les habits d’un gangster en fin de course pour donner la réplique à Reda Kateb dans une comédie de mœurs. « Quand vous n’avez que de belles propositions, ça devient un peu problématique, réagit-il. D’autant plus que je n’aime pas prévoir les tournages trop à l’avance car on ne sait pas ce qu’on sera demain. » À 48 ans, Benoît Magimel n’est pas ce jeune acteur vieillissant ni ce type refroidi par la force de l’âge que deviennent parfois ceux qui ont commencé très tôt. Il s’implique dans ses rôles en leur offrant toujours plus de nuances, capable de trouver la part fragile des plus robustes et d’endurcir les plus chancelants. « J’ai désormais plein de tiroirs en moi dans lesquels je peux puiser l’inspiration », lance-t-il en vieux briscard. La première chose qui frappe en le voyant sur Zoom, depuis sa chambre d’hôtel à Alger, c’est une classe à l’ancienne, qui tient peut-être à sa montre à

aiguilles, ses cheveux gominés, sa voix rocailleuse… On l’imaginerait facilement dans des films de Verneuil ou de Clouzot, aux côtés d’un Gabin et d’un Montand. Il a une manière de parler de ses personnages comme de vieux amis. De Thomas, un trader qui a survécu à un attentat dans une brasserie parisienne dans Revoir Paris d’Alice Winocour, il dit qu’il est « du genre à accepter son sort avec toutes les contradictions que ça amène. Je suis sûr qu’il finira par extérioriser cette blessure qu’il ne reconnaît pas encore ». De plus en plus, l’acteur se fie à son instinct. Secret tout en étant très présent lors de notre échange, il se dévoile en filigrane et fait le point sur sa dernière décennie, hautement cinématographique. Revoir Paris est une fiction inspirée de la série d’attentats du 13 novembre 2015. Avez-vous rencontré des rescapés pour préparer votre rôle ?

Non, j’aurais trouvé ça un peu obscène d’aller demander des choses intimes à des personnes qui ont vécu ça. Plus jeune, on va beaucoup plus vers ses personnages. Avec le temps, on les tire un peu plus vers soi parce qu’on connaît plus de choses de la vie. Je savais qu’un survivant pouvait être touché par une forme de culpabilité. C’est une question

qui a souvent été abordée au cinéma ou dans les livres. Une histoire m’a beaucoup nourri : pendant la Seconde Guerre mondiale, des Allemands ont arrêté sur la route un groupe de résistants qui venaient de commettre un attentat. Les Allemands ont repéré des jumeaux. Ils ont fait descendre du camion l’un des deux. Ensuite ils ont fusillé tous ceux qui étaient restés dans le véhicule. Après cela, le jumeau survivant n’a jamais pu avoir une vie normale. Ces dernières années, vous avez joué des rôles particulièrement marquants, récompensés par deux Césars (pour La tête haute et De son vivant d’Emmanuelle Bercot). Comment expliquez-vous le second souffle donné à votre carrière ?

Depuis que j’ai 20 ans, je me dis que la quarantaine va être un grand moment parce que c’est l’âge de tous les possibles. Tous les acteurs que j’admirais, gamin, dans les films des années 30 à 50 avaient déjà un certain âge… En tout cas ils faisaient déjà vieux même s’ils n e l ’é t a i e n t p a s . P e u t - ê t r e p a s Belmondo, mais Michel Simon, Lino Ventura, Pierre Brasseur faisaient déjà vieux. Jules Berry, lui, avait commencé assez tard… Tout au long de ma trentaine, je ne me sentais pas trop à • • •


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SUBSTANCE

TÊTE-À-TÊTE(S)

l’aise, j’ai eu quelques rôles, mais j’avais le sentiment d’avoir un truc pas complètement clair en moi. Dans les années 2000, quand Barbet Schroeder m’a proposé de jouer Mesrine, je me suis regardé dans la glace en me disant que ce n’était pas possible. Malgré mes quelques entraînements de boxe, je n’arrivais pas à prendre un gramme, on disait que j’étais « un longiligne »… Il y a des rôles qu’on ne peut pas faire si on n’est pas assez lourd.

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Autour de 40 ans, vous avez commencé à prendre du poids. Comment cela a changé votre travail ?

J’ai tout de suite aimé la force que ça m’a donnée. Je me suis senti ancré dans le sol, plus lourd et plus lent aussi, ce qui apportait une forme de densité aux personnages. Gamin, on gonfle le torse et puis, avec l’âge, on n’a plus besoin de faire ça, car tout est là. Prenez le jeu de la mailloche dans les fêtes foraines, qui consiste à frapper le plus fort possible sur un clou pour qu’un ballon monte sur une échelle graduée. Si vous avez de la masse, le ballon grimpe en général plus haut. Si vous êtes léger, il faut vraiment avoir une bonne technique de frappe pour propulser le ballon, sinon vous allez moins haut. Le jour où je suis monté à cent kilos, je suis allé dans une fête foraine et j’ai tapé dans le ballon. Et alors ?

J’ai fait un meilleur score. On peut dire ce qu’on veut, mais le cinéma, c’est d’abord une approche physique. Vous n’avez même pas besoin de parler que vous racontez déjà quelque chose avec votre corps. Dans La douleur d’Emmanuel Finkiel (2017), adapté du roman de Marguerite Duras, je joue un collaborationniste, donc un type qui a le droit à tous les tickets de rationnement possible, en 1944. Je voulais qu’il bouffe tellement que ça se voie. Mais, ces dernières années, j’ai fait des choses que je ne referai plus… C’était trop difficile. C’est-à-dire ?

On ne fait pas le yoyo comme j’ai fait à 45 ans pour De son vivant d’Emmanuelle Bercot, dans lequel je joue un homme touché par un cancer incurable à qui il reste peu de temps à vivre. Parti de 95 kg, je suis descendu à 72, je suis

remonté à 90, je suis redescendu à 75, je n’ai pas arrêté d’osciller car le tournage s’est interrompu à plusieurs reprises (suite à un AVC de Catherine Deneuve et à la pandémie de Covid-19, ndlr). À chaque fois qu’on s’arrêtait, je me jetais sur la nourriture, convaincu qu’on ne finirait jamais le tournage. Diane Kurys, Nicole Garcia, Emmanuelle Bercot, Rebecca Zlotowski, Alice Winocour… Vous avez beaucoup tourné sous la direction de femmes. Quel rôle ont-elles joué dans votre parcours ?

Ces dernières années, ce sont elles qui m’ont offert les plus belles partitions. Elles m’ont filmé avec une sorte d’affection réelle dans le regard, ce qui est moins clair quand je tourne avec un homme. Tout cela m’a donné énormément d’énergie. Nicole Garcia aime les hommes avec leurs défauts, elle ne les juge pas dans ce qu’ils ont de plus médiocre, elle ne les regarde pas comme des enfants mais bien comme des hommes. Quand j’ai rencontré Emmanuelle Bercot pour La tête haute, j’ai eu l’impression qu’elle me connaissait bien, ce qui m’a permis de m’ouvrir plus facilement. On n’a pas parlé de psychologie de personnage, c’était une rencontre humaine surtout. Alice Winocour, j’ai senti son grand désir de tourner avec moi. Arrivez-vous à exprimer vos désirs auprès des cinéastes ?

La seule fois où j’ai voulu jouer un rôle, on ne me l’a pas donné. C’était en 1997, je venais d’être nommé au César du Meilleur espoir après Les voleurs d’André Téchiné et j’avais vu qu’il y avait un casting télé pour un personnage un peu difficile, un peu extrême, un peu bête, un serial killer très jeune. J’ai tout de suite vu dans les yeux du réalisateur et du directeur de casting que ça ne fonctionnerait pas. C’est ça qui est étrange : si vous montrez votre désir, on ne vous donne pas ce que vous voulez et, en même temps, il faut montrer que vous avez de l’intérêt pour ce que vous faites. Sur De son vivant, Emmanuelle Bercot s’est demandé si j’avais vraiment envie de faire son film. Je dois avouer que je n’étais pas très chaud au départ. Me plonger dans une histoire comme ça, je me disais que ça

allait être joyeux… Je ne pouvais pas refuser parce qu’elle avait écrit le rôle pour moi. Les premières semaines de tournage, je n’étais pas heureux, j’étais renfermé sur moi-même, mais pour autant je m’investissais beaucoup. Un jour, mon personnage devait être très affaibli. J’avais évité de trop dormir la veille pour trouver une certaine fébrilité. Juste avant de tourner, je me suis laissé aller à ces sommeils qu’on peut avoir quand on est malade. Bercot a pensé que je m’étais endormi et que je n’en avais rien à faire. Vous avez donc une approche très physique de vos rôles. Pour autant, vous ne vous montrez pas nu au cinéma. Est-ce un choix de votre part ?

Moi, j’ai une pudeur et je suis toujours mal à l’aise quand je vois des hommes et des femmes nu·es à l’écran. C’est plus intéressant de suggérer. Quand j’ai tourné La pianiste, il y a vingt ans, Michael Haneke voulait filmer mon sexe en gros plan dans une scène d’humiliation. J’ai pensé que s’il prenait une doublure, tout le monde allait penser que c’était le mien. Donc j’ai fait mon choix entre plusieurs modèles et me suis assuré qu’il ne le montrerait pas en gros plan… Je suis peut-être un peu vieux jeu ! Vous fréquentez le milieu du cinéma depuis l’âge de 12 ans, vous sentezvous comme un poisson dans l’eau ?

Je n’ai jamais voulu évoluer dans ce milieu car j’ai toujours pensé que ma vie d’homme était plus importante. J’ai rarement eu des amis dans le cinéma, les amitiés sont arrivées récemment. Plus jeune, je voulais tourner mais je me disais que l’école de la vie demandait plus de courage. À mes yeux, le cinéma ce n’était pas quelque chose de dangereux… Et puis, j’ai vu beaucoup de gens malheureux très tôt dans ce métier. Il n’y a rien de pire qu’un acteur qui ne travaille pas. Je me suis dit que je devais pouvoir grandir sans cette lumière au cas où ça s’arrêterait. J’ai cherché d’autres moyens de gagner ma vie pour ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier, mais je n’ai pas trouvé car je n’ai jamais vraiment galéré. Il y a des moments où il faut prendre un peu d’air, se nourrir d’autre chose, s’apaiser car vivre dans ce


“Ces dernières années, ce sont des femmes qui m’ont offert les plus belles partitions. Elles m’ont filmé avec une sorte d’affection réelle dans le regard.” microcosme en permanence, je ne suis pas sûr que ça confère une intelligence particulière. Quand vous avez commencé, vous a-t-on mis en garde sur les difficultés de ce métier ?

En 1988, après La vie est un long fleuve tranquille, j’ai eu mon premier agent, Danielle Peccoux, une femme super. À 16 ans, quand je lui ai dit que je voulais arrêter l’école, elle m’a conseillé de réfléchir avant de prendre ma décision. Elle m’a expliqué que mon physique allait évoluer et que je ne serais peutêtre plus un jeune premier. Jeune premier, ça veut dire interchangeable pour plein de rôles. Un jeune premier a une palette plus large que les autres au cinéma. Il y a beaucoup d’enfants acteurs qu’on choisit pour leur minois, avec ce petit quelque chose de malin et d’espiègle, et puis à l’adolescence, ça change, pas forcément de façon ingrate mais ça ne correspond plus. Ce n’est pas évident car ce sont souvent des enfants qui ont nourri beaucoup d’espoirs. Êtes-vous plus attentif à eux sur un tournage ?

Quand je me lie d’amitié avec un môme, j’essaie de le protéger. Déjà, un enfant, c’est pas fait pour travailler, normalement, même s’il aime ça. Je me rappelle un gamin qui tournait une scène tout seul dans la flotte. Il y avait trois plon-

geurs en dessous, par sécurité. Après la première prise, il remonte, on le sèche, les gens lui disent bravo et il me dit : « Je ne veux pas y retourner. » Alors quoi ? On renvoie un enfant en pleine mer pour faire une autre prise alors qu’il est terrorisé ? Voilà, à ce moment-là, il y a quelque chose qui me gêne. Il y a une forme d’abus. En ce qui me concerne, j’ai vécu le tournage de La vie est un long fleuve tranquille comme des vacances, ce que je voyais, c’était l’hôtel, les défraiements, les camarades…

Quand la mort approche, il y a peut-être un besoin de se raconter un peu plus. Plus jeune, on m’appelait « le prince du silence », j’étais la hantise des journalistes, qui se disaient : « Une catastrophe ! Il ne dit rien, il ne parle même pas des films ou de la musique qu’il aime. » Je répondais que ça ne les regardait pas car je n’avais pas envie que les gens me connaissent. Quand on est acteur, on doit être une page blanche pour les cinéastes. Ce sont les rôles qu’on joue qui suscitent leurs désirs, pas les à-côtés.

Vivre sous le regard des autres depuis son adolescence, voir sa vie déballée dans les médias même dans les pires moments, comment trouve-t-on la force de continuer ?

Peut-on vous demander quelle musique vous écoutez en ce moment ?

L’amour… il n’y a que l’amour. C’est le secret. L’amour a toutes les vertus, ça éteint les peurs et ce qui va avec, comme la colère et la violence. Je n’ai pas envie d’évoquer des choses trop personnelles pour le moment. Je pense que c’est des choses qu’on fait quand on a 70 balais.

J’écoute de la musique cubaine, j’aime bien faire de la percussion, je tape sur des tambours.

1. D’Alice Winocour, avec aussi Virginie Efira,

Grégoire Colin… En salle le 14 septembre.

2. Pour De son vivant d’Emmanuelle Bercot. 3. En salle le 9 novembre. 4. Le pot-au-feu de Dodin Bouffant de Tran Anh

Hung, en salle en 2023.


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TÊTE-À-TÊTE(S)

TAMINO, L’ENVOÛTEUR A vingt-cinq ans, Tamino fait partie de ce cercle restreint d’artistes belges menant une carrière internationale. Sahar, son deuxième album, compte parmi les grands événements de la rentrée. Angèle y est venue faire un tour. Par Joëlle Lehrer

L

es uns le comparent à Jeff Buckley, d’autres à Radiohead. Mais ce très grand garçon, de près de deux mètres, ne peut se comparer, en fait, qu’à luimême. Il conjugue à la fois la douceur et la force, énormément de présence et de profondeur. Et à la fin de ce long entretien, nous avions l’impression d’être devenus amis.

Je suppose qu’elle est légèrement orangée. Cette couleur n’a pas particulièrement influencé l’album. Le titre m’est venu une fois que j’avais écrit toutes les chansons. Lorsque je suis rentré chez moi, la tournée ayant été interrompue en raison de la pandémie, j’ai dû me réhabituer à rester à la maison. Je me suis remis à l’écriture, après deux semaines et tout est revenu très vite. J’ai écrit et composé beaucoup de chansons dont dix semblaient avoir une connexion entre elles. J’ai alors cherché un titre qui les résumait. Il se fait que Sahar signifie aussi la fascination. Et « Fascination » est l’un des morceaux de ce disque. Je pense aussi que cela parle d’un moment entre deux états, la nuit et le jour, l’adolescence et l’âge adulte. Je ne suis plus un teen-ager mais je ne me sens pas déjà adulte pour autant.

Votre vie a beaucoup changé, ces trois dernières années. Et vous avez dû assumer plus de responsabilités.

Surtout dans un certain domaine, celui de la musique. Dans ce domaine-là, j’ai grandi et évolué mais pas autant dans les aspects privés de ma vie. Cela prend du temps de bâtir les fondations d’une vie privée. Je vis à Borgerhout, près d’Anvers. C’est très multiculturel et j’adore. Sur cet album, vous jouez pour la première fois du oud, une guitare orientale. Cela signifie-t-il que vous cherchiez à puiser davantage dans vos racines égyptiennes ?

Absolument. Mon grand-père et mon père ont jou é de cet instrument . Maintenant, je comprends mieux comment ils ont composé leurs chansons. Le oud est un instrument très ancien qui a évolué avec le temps. Il me donne l’impression d’être relié à l’histoire. J’ai vécu au Caire durant ma petite enfance avant d’arriver en Belgique. J’y suis • • •

JETON BAKALLI.

Sahar, le titre de ce nouvel album, est à la fois un prénom arabe et un mot désignant le moment qui précède l’aube. Alors, quelle en est sa couleur ?



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TÊTE-À-TÊTE(S)

retourné plus tard. Cette ville est incroyablement vivante.

•••

De nombreux musiciens sont présents sur cet album et parmi eux, Colin Greenwood de Radiohead. Il est, pour ainsi dire, devenu votre pote.

Oui, il joue de la basse avec nous. C’est un peu surréaliste, en effet. Mais on oublie très vite le statut d’un musicien lorsqu’on travaille avec lui. Radiohead a toujours fait partie de mes groupes favoris. Parmi vos influences, vous citez votre grand-père, Jeff Buckley et Radiohead. Avez-vous été touché, récemment, par d’autres artistes ?

Le nouvel album de Kendrick Lamar, Mr Morale & The Big Steppers, est proprement phénoménal ! C’est une œuvre d’art, selon moi. Vos textes témoignent d’un grand sens poétique. D’où cela vient-il ?

Je ne me définirais pas comme un poète. Pour moi, un poète médite sa poésie avant de l’écrire. Dans mon cas, les mélodies et les paroles des chansons n’arrivent que lorsque je me mets au travail. Cependant, je lis énormément de poèmes et également les textes d’autres artistes. Je ne suis pas sûr que beaucoup de gens prennent le temps de découvrir les paroles des chansons et d’en donner leur propre interprétation. Si une chanson n’avait aucun sens, je ne pourrais pas la chanter. Êtes-vous croyant ?

Je ne crois pas en un dieu anthropomorphique. S’il existe une force créatrice supérieure, je ne pense pas qu’elle ressemble à ce que nous enseignent les religions monothéistes. Mais je crois que nous sommes tous branchés à une force créatrice immense. C’est ce qui nous relient les uns aux autres en tant qu’êtres humains. Si l’on prend au pied de la lettre un titre comme You Don’t Own Me, en amour, vous n’êtes pas possessif.

Je ne le suis pas, en effet et je ne tiens pas à être avec quelqu’un qui le serait. Cependant, cette chanson traite de l’oppression, en général. J’espère qu’elle sera revendiquée par des gens

“ Je ne suis plus un teen-ager mais je ne me sens pas déjà adulte pour autant. ”

qui sont opprimés. Que ce soit par un pouvoir politique ou dans une relation amoureuse. En tant qu’artiste, ma plus grande responsabilité est d’amener les gens à se connecter. Je refuse de contribuer à entretenir des divisions et des haines entre les gens. Je ne choisis pas un camp, je choisis l’humanité. Il y a un duo sur ce disque intitulé Sunflower. Avec qui le chantez-vous ?

Angèle. Sa voix est étonnante ! Lorsque j’ai écrit ce morceau, je pensais qu’elle pourrait le chanter. Nous l’avons enregistré à Paris, à son retour de New-York et elle était jetlaguée. Mais en une journée, nous avons réussi à faire ce duo. Cette chanson s’inspire de la mythologie grecque et de l’histoire d’amour entre la nymphe Clytie et le dieu du soleil, Apollon. Après l’avoir aimée, il l’abandonna. Elle pleura tant qu’elle se transforma en fleur de soleil, le tournesol. Et dans cette chanson, j’ai introduit un autre personnage, un jeune homme qui tombe amoureux de cette fleur et la protège. Mais l’un comme l’autre vivent un amour non partagé. Lorsqu’on écoute My Dearest Friend and Enemy, on est impressionné par votre capacité vocale. Vous pouvez monter très haut.

Il s’agit fondamentalement de falsetto. J’en faisais plus sur le premier album. Et je refuse d’en faire un gimmick. Vous faites partie de ces très rares artistes appelés à se produire sur des scènes américaines. Comment cela se fait-il ?

Je ne sais pas. Les Américains sont très accueillants. Peut-être parce que leur pays a été fondé par des immigrés. Je les trouve fort ouverts à d’autres cultures. Ils se montrent très sensibles

aux paroles, sans doute parce qu’ils les comprennent mieux. J’ai été frappé par la diversité du public qui assistait à mes concerts dans les grandes villes américaines. On ne trouve pas ça chez nous. Quels sont les endroits à Anvers que vous recommanderiez à des amis venant de l’étranger ?

La salle de concert du Roma, le Bar Bakeliet à Borgerhout, le Bar Leon où l’on joue aux échecs le lundi soir, le Studio qui accueille toutes les disciplines artistiques. Pour les restaurants, je suis fou de cuisine japonaise et je recommande Izumi et Kato. On connaît votre intérêt pour la mode. Où achetez-vous vos vêtements ?

À Anvers, je vais chez Think Twice, Episode et dans de nombreux magasins de fripes. Je porte aussi les créations de mon ami Jan-Jan Van Essche qui s’inspire notamment des motifs ethniques. Et je porte aussi des pièces d’Ann Demeulemeester. Donc, ce n’est pas nécessaire pour un artiste de votre renom d’être labellisé par une marque de mode ?

Si je recevais une proposition de contrat exclusif, je l’examinerais. Mais ne porter qu’une seule marque m’est un peu étrange. Quels sont les créateurs de mode qui ont votre faveur ?

Yohji Yamamoto, je le trouve génial. J’aime aussi beaucoup Hermès. Leur approche me parle. Ils ne cherchent pas la hype à tout prix. Et leurs pièces sont intemporelles. Tamino, Sahar, Virgin Music, sortie le 23 septembre. En concert les 5, 6 et 7 décembre au Cirque Royal, à Bruxelles.


x Vins de Provence AVEC QUOI ALLEZ-VOUS DÉGUSTER LES VINS DE PROVENCE ROSÉS ? Avec plaisir et tout en fraîcheur! Car s’il est aujourd’hui évident que les Vins de Provence Rosés ne se limitent pas aux chaudes saisons d’été et se dégustent durant toute l’année, ils restent synonymes de beaux jours, de lumière et de nuances de rose. Car c’est cette tonalité qui les guide, tant dans leur apparence que dans leurs arômes : clair, vif, franc, sable, nacre… Des notes florales et de fruits à chair jaune et blanche, d’agrumes ou de fruits exotiques. Le tout complété par des touches de confiserie et d’épices douces. Mais on ne choisit pas seulement un Vin de Provence Rosé à sa couleur : on associe sa sophistication aux saveurs de mets frais et gourmands, comme ce caviar d’aubergines si délicieux avec des tomates, sur un poisson ou une volaille grillée. LE SOLEIL EN BOUTEILLE

Les vins de Provence, c’est un patrimoine historique enraciné depuis 2600 ans, né à Marseille lorsque les Phocéens y ont introduit la vigne. Une région viticole dans le Sud de la France, entre Marseille et Nice, qui s’étend sur près de 200 km et abrite trois grandes appellations : Côtes de Provence et ses cinq dénominations géographiques complémentaires (Sainte-Victoire, Fréjus, La Londe, Pierrefeu et Notre-Dame des Anges), Coteaux d’Aix-en-Provence et Coteaux Varois en Provence. Tout un art de vivre. POUR Y VOYAGER, IL SUFFIT DE GOÛTER.

LA RECETTE DE CAVIAR D’AUBERGINES POUR SE RÉGALER Ingrédients pour 4 personnes

CÉLINE RIVIER. TINA TAUSEND.

2 aubergines, 1 cuillère à soupe de thym, 4 cuillères à soupe d’huile d’olive, 1 citron, 1 gousse d’ail, 1 cuillère à café bombée de cumin et en option 1/2 citron confit. - Préchauffez le four à 200 °C, lavez et coupez les aubergines en deux, dans le sens de la longueur. - Quadrillez la chair à l’aide de la pointe d’un couteau en prenant soin de ne pas percer la peau. - Déposez-les sur une plaque recouverte de papier cuisson. Parsemez de thym, arrosez d’huile d’olive, salez, poivrez et enfournez 30 minutes jusqu’à ce qu’elles soient bien dorées et fondantes. - Laissez refroidir et récupérez la chair à l’aide d’une cuillère. - Dans un mixeur, mixez la chair de l’aubergine avec un filet de jus de citron, l’ail finement haché, le cumin et le citron confit. Salez, poivrez et ajoutez 1 ou 2 cuillères à soupe d’huile d’olive.

Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Vins de Provence. www.vinsdeprovence.com


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Cette jeune maison, fondée par Ester Manas et Balthazar Delepierre, invente une mode joyeuse et inclusive qui s’adapte aux corps des femmes par d’astucieux réglages. Leur deuxième défilé, présenté à Paris, célébrait donc toutes les morphologies au travers d’une mode à l’esprit lingerie. Et très néo-sexy. Par Vicky Chahine

IMAXTREE.COM (X3).

Les formes libres d’Ester Manas


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tucieux systèmes de boutonnières, de cordons, de bretelles, de plis cachés, leurs vêtements réussissent à s’adapter à toutes les morphologies, de la taille 36 à 46. Leurs deux premiers défilés lors de la fashion week parisienne ont montré la faisabilité de cet ambitieux projet de « One Size Fits All » (« Une taille pour tous », ndlr). Sur un casting de filles éclectiques à forte personnalité, leur mode a véhiculé l’image ultra-désirable de femmes fières et puissantes. Pour Ester Manas, l’inclusivité n’est pas une case à cocher mais l’essence même de la marque. Vous avez présenté pour la deuxième fois votre collection lors de la fashion week parisienne, le défilé physique vous semble-t-il primordial ?

BALTHAZAR D E LE PI E R R E : C’est un exercice très concret mais aussi un énorme pari. Le premier, que l’on avait organisé en septembre 2021, nous a apporté une véritable légitimité. Le show, c’est l’épreuve du feu, être porté par l’énergie des filles, voir nos vêtements généreux, sensuels, graphiques, froufrouteux, en mouvement… ESTER MANAS : Cela nous a confortés dans l’importance de l’évènement physique. Notre marque cherche à présenter une diversité de corps, il nous semble normal que la presse, les acheteurs comme le public aient besoin de voir les vêtements pour comprendre que notre idée de départ fonctionne. Ce parti pris de taille unique qui peut habiller toutes les morphologies a besoin de pédagogie.

À gauche

Défilé automne-hiver 2022-2023. Ci-dessus, à g. et à d.

FILIPPO FORTIS/IMAXTREE.COM (X2). ALESSANDRO ZENO/IMAXTREE.COM. COURTESY OF ESTER MANAS.

Sac et boucle d’oreille automnehiver 2022-2023.

C

Balthazar Delepierre et Ester Manas.

’est une jeune marque qui pose un regard ludique et décomplexé sur les corps, un propos nouveau autour de l’inclusivité dont l’industrie de la mode avait bien besoin. Derrière Ester Manas, une direction artistique à deux têtes, celle d’Ester Manas et de Balthazar Delepierre qui se sont rencontrés à l’école de La Cambre, à Bruxelles où ils vivent toujours. Ce couple à la ville avait cette idée qui paraissait un peu folle de créer des vêtements en taille unique à partir de chutes de tissus ou de matières responsables. Leur projet de fin d’études est devenu une collection remarquée pour son esthétique aussi joyeuse que glamour et récompensée par plusieurs prix, dont celui de Hyères en 2018. C’est ainsi que la marque est née. Avec d’as-

Comment avez-vous concrètement travaillé ce concept fondateur de “One Size Fits All” ?

E.M. : En 2018, la mode n’abordait pas les questions d’inclusivité. À titre personnel, j’étais en colère contre cette industrie grossophobe, tant au niveau de l’image que du peu de grandes tailles proposées dans les boutiques. C’est ainsi qu’avec Balthazar, nous avons mis au point un système de taille unique dont les mécanismes et les matières s’inspirent de ceux de l’industrie de la lingerie. Savage Fenty, Chantelle… C’est un secteur qui intègre l’inclusivité depuis plus longtemps que celui de la mode. Nous avons travaillé les crochets qui s’adaptent au corps, les matières comme les jerseys et les tulles qui épousent les formes, les bretelles qui se règlent… Ainsi, nous avons créé notre propre boîte à outils. Évidemment, c’est un positionnement qui a ses limites, on ne peut pas par exemple proposer des jeans ou des vestes taille croisée.

Qu’a changé le succès de votre premier défilé dans votre façon de travailler ?

B.D. : Quand on a débuté la marque, on acceptait en parallèle d’autres missions pour des questions financières. Heureusement, car six mois après notre lancement, la pandémie a gelé pas mal de choses… Mais depuis l’année dernière, nous • • •


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avons choisi de nous dédier à 100 % à Ester Manas. Les volumes grossissent, la logistique est devenue dingue. Il va falloir que l’on se restructure rapidement pour absorber tout cela. Pour le moment, on produit toujours tout à Bruxelles dans un atelier de réinsertion, mais on va devoir trouver des structures supplémentaires.

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Vous défilez à Paris mais vous souhaitez garder votre ancrage quotidien à Bruxelles, que vous apporte ce mode de vie ?

B.P. : Nous venons à Paris plusieurs fois dans la semaine, nous sommes devenus des mécènes du Thalys ! C’est un rythme de vie façon yin et yang. Il est à la fois essentiel d’être à Paris pour le business et l’adrénaline mais quand nous rentrons à Bruxelles, nous retrouvons notre laboratoire, notre ressource d’idées. Il n’y a pas vraiment d’esthétique belge mais une certaine naïveté et une

audace expérimentale. C’est ce qui explique sûrement le nombre de créateurs qui gardent un pied en Belgique : notre styliste consultant Benoit Bethume, Matthieu Blazy de Bottega Veneta, qui possède un appartement à Anvers, et je me souviens de cette image de Raf Simons, à l’époque où il travaillait chez Dior, qui prenait la route le weekend pour rentrer faire un break. E.M. : Cela nous apporte une certaine liberté, une fraîcheur. À Bruxelles, le rapport au vêtement et au corps est plus léger, bienveillant, avec de l’autodérision et un peu de je-m’en-foutisme. En tant que Française qui est née dans le Sud puis a vécu à Paris, j’ai senti là-bas une absence de jugement. Vous avez remporté le Prix Hyères des Galeries Lafayette en 2018 avant d’être finalistes pour le LVMH Prize en 2020, ces concours se révèlent-ils indispensables quand on débute ?

E.M. : Sans Hyères, nous n’aurions jamais lancé la marque. À La Cambre, mes professeurs avaient bien accueilli mon projet de fin d’études. À l’époque, j’étais en stage chez Acne Studios mais avec Balthazar, on a eu envie d’aller plus loin. Notre dossier de candidature nous a fait remporter le Prix des Galeries Lafayette à Hyères, ce qui incluait la production d’une collection commerciale. On a réalisé qu’il fallait vite créer une structure pour produire une collection. Plus que le potentiel commercial, c’est l’enthousiasme des gens à Hyères qui nous a convaincus de nous lancer.

Défilé automne-hiver 2022-2023.

E.M. : Cette décennie restera un fil rouge car c’est la référence du sexy de notre génération, c’est le glamour de nos premiers émois. On s’est construit avec les années 90. Longtemps, les femmes ne pouvaient pas se projeter sur leurs icônes. Aujourd’hui c’est différent. On peut aimer l’audace stylistique de Dua Lipa sur scène mais aussi celle de Barbie Ferreira dans la série Euphoria. Je vois que les filles qui défilent pour nous donnent envie à nos amies plus réservées de passer des caps dans leur façon de s’habiller. B.D. : Sur notre moodboard, il y a plein de façons d’être sexy : une fille avec un chapeau de cow-boy, une danseuse de flamenco, un T-shirt coupé façon crop top… Quand on fait les essayages avec nos mannequins, on est souvent surpris par leur audace qui bouscule aussi nos conventions sociales. À nos débuts, on ne nous faisait parler que de l’inclusivité, très peu du propos créatif, de notre style et de cette femme sensuelle et fière qu’on faisait défiler. Notre quotidien, c’est avant tout de dessiner des pièces qui claquent !

(*) estermanas.com

IMAXTREE.COM.

On parle beaucoup du nouveau sexy années 90 que les femmes se réapproprient aujourd’hui, quelle en est votre perception ?


x Waouw Travel WAOUW TRAVEL

Envie de partir au Sénégal avec nous? À vos agendas ! Vous êtes libres du 18 au 28 novembre 2022 ? Le Marie Claire et Waouw Travel vous emmènent au Sénégal, sur la route de vos émotions.

Faire des rencontres passionnantes dans les villages disséminés le long du fleuve, s’imprégner des valeurs profondes de ces contrées, faire des balades en pirogue, se laisser vivre dans une douce nonchalance au rythme de l’eau, vivre des moments uniques à jamais gravés dans nos esprits, prendre du temps pour soi, se (re)connecter avec les autres, se découvrir différemment, autrement, de manière totalement authentique... C’est ce qui vous attend lors de ce voyage extraordinaire à la découverte de cette terre qui a tellement à offrir, mais aussi à la rencontre de vous-même. Le tout à bord d’un bateau mythique sur le fleuve Sénégal entre Podor et Saint-Louis pendant une semaine, suivi d’un séjour dans un lodge au bord de l’eau, les pieds dans le sable…

PRESSE.

PRIX MARIE CLAIRE TOUT COMPRIS Prix du voyage de 11 jours/10 nuits à partir de 2640€ INFOS & INSCRIPTIONS Contactez Amandine Bleeckx 0471 99.99.19 Amandine@waouwtravel.be ou téléchargez le programme complet www.waouwtravel.be

Tout au long du voyage, vous serez accompagnés (si vous le souhaitez) par Christelle Dumont, coach en développement personnel pour ouvrir le débat, échanger, recevoir des outils et points d’appui afin de mettre des mots sur nos émotions… C’est notre invitation pour apprendre à nous (re)trouver, (ré)apprendre à faire la différence entre nos besoins et nos envies, s’apprivoiser, se rencontrer soi.

ON VOUS EMMÈNE? Cet article a été écrit en étroite collaboration avec Waouw Travel. waouwtravel.be


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PÉNURIE DE GEEKETTES, LA FAUTE AUX STÉRÉOTYPES Parce que les métiers ne devraient pas être genrés, beaucoup d’initiatives voient le jour au nom de l’égalité dans le monde de la tech. Un secteur qui peine à se féminiser, encore trop associé à une compétence masculine. Aujourd’hui, 12 % des étudiants dans le numérique en Belgique sont des filles. Une progression lente, mais réjouissante. Par Aurélia Dejond

« C’est la première vraie grande décision de ma vie, prise contre l’avis de mes parents et de mes profs ! », sourit Ondine, heureuse de commencer ses études supérieures en ce mois de septembre. À 19 ans, elle a terminé brillamment ses humanités en option latin-grec et est férue d’histoire. Pourtant, c’est vers le numérique qu’elle se dirige. « C’est un univers qui me passionne, découvert grâce aux jeux vidéo de mon frère quand j’avais dix ans. Jouer n’est qu’un prétexte, ce qui me fascine, c’est la création même du jeu. Idem pour tout ce qui est tech. Coder, programmer… je veux faire partie de ceux qui c rée ro n t le s l an ga g e s e t o u ti l s d e demain ». Loin d’être anodin, le choix d’Ondine reste très minoritaire parmi les jeunes filles belges. Selon la dernière enquête Gender Scan (2021), 60 % des étudiantes dans le numérique en Belgique ont été découragées de faire ce choix, contre 50 % en Europe, principalement par leurs enseignants

ou par leurs parents. Motif le plus invoqué pour les dissuader d’entreprendre ces études : elles n’auraient pas le niveau requis. Comme beaucoup d’étudiantes interrogées, Ondine évoque des arguments identiques, véritables freins pour une majorité, qui préfère renoncer. « Tu n’es pas assez calée en math, tu es trop littéraire, c’est un univers de geeks, tu ne tiendras pas le coup dans un monde de mecs… ». Pourtant, même si 2016 a accusé une forte baisse, l’enquête montre que la proportion d’étudiantes dans les formations numériques en Belgique repart à la hausse. Selon les derniers chiffres, elles représentaient 12 % des effectifs en 2019 (6 % en 2016), mais leur proportion reste néanmoins très inférieure à la moyenne européenne. « IL EXISTE DE NOMBREUX STÉRÉOTYPES

LIÉ S AU G E N R E, véhiculés depuis le plus jeune âge. Souvent, la technologie et les

sciences, comme les carrières dans ces secteurs, sont (in)consciemment associées par les parents, les éducateurs et les écoles au pôle masculin. Cela conduit de nombreuses jeunes filles à se désintéresser de ces matières et à exclure, pour des raisons diverses et souvent inconscientes, une carrière future dans ces domaines », précise Etienne Mignolet, porte-parole du SPF Economie. Il rappelle aussi que l’absence d’une perception du secteur digital comme un domaine créatif ayant un impact positif sur la société représente l’un des facteurs qui contribue à une image qui ne séduit pas d’emblée les filles de 6 à 12 ans. « En outre, les attentes sociétales sont différentes. L’image masculine des futures carrières dans le secteur digital se trouve encore renforcée au cours de cette période. Par ailleurs, dans l’enseignement, ces matières souffrent souvent d’un manque de temps, d’accès aux installations (PC, tablettes, écrans, Internet...) et de soutien technique. Mais aussi • • •


SSPL/GETTY IMAGES.

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Talk With Me! Poupée Barbie, USA, 1997.


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“ Dans les années 80, l’ordinateur est entré dans les foyers américains et est devenu le cadeau par excellence fait aux garçons ” John-Alexander Bogaerts, co-fondateur de l’École 19

d’une bonne formation du personnel enseignant, afin de lutter contre les biais de genre dans ces matières et de favoriser une approche suffisamment ludique et créative. La participation à des activités plus avancées telles que le codage ou des stages où les enfants, y compris les filles, en apprennent plus sur la sécurité en ligne, les droits et les obligations dans le monde numérique etc. est encore insuffisante à cet âge, en particulier pour les filles issues de groupes défavorisés ».

•••

U N COM B LE, QUAN D L’ON S E S OUVI E NT QU’HISTORIQUEMENT, L’UNIVERS ÉTAIT TRÈS…

FÉMININ. « Les femmes sont les premières programmeuses des débuts du 20e siècle ! », rappelle John-Alexander Bogaerts, co-fondateur avec Ian Gallienne de l’École 19*, petite sœur de celle de Xavier Niel à Paris, l’École 42, une formation alternative hautement qualitative au codage. « Au fil des décennies, quand les softwares sont devenus rentables, les hommes se sont emparés du phénomène du personal computer et tout s’est enchaîné. Dans les années 80, l’ordinateur est entré dans les foyers américains et est devenu le cadeau par excellence fait aux garçons. En Occident, la tech s’en est trouvée ultra-genrée, alors que ce n’était pas nécessairement le cas ailleurs. » John-Alexander Bogaerts, résolument tourné vers l’avenir et persuadé que le numérique n’a pas de sexe, a ouvert son campus en 2018 à Bruxelles.

« Un deuxième verra le jour en octobre à Anvers. L’école est financée par des mécènes, la formation en e-learning est gratuite et dure d’un à trois ans, nous obtenons 100 % d’embauche à la sortie. Notre pays compte une pénurie d’emplois dans le secteur, 30.000 postes sont à pourvoir », se réjouit-il. Son projet philanthropique a fait des émules partout dans le monde (on compte plus de 40 campus actuellement), le Réseau 42 étant d’ailleurs dirigé par la développeuse Sophie Viger, un modèle inspirant pour beaucoup de filles. « Chez nous, les étudiants peuvent bénéficier du soutien de Bruxelles-Formation, du VDAB, du Forem ou d’Actiris via des contrats de formation professionnelle d’un an », précise Stephan Salberter, directeur de l’École 19, heureux de contribuer à rendre l’univers plus mixte. « On a commencé avec 5 % de filles, aujourd’hui, elles sont 13 % de nos étudiant.e.s. Nous organisons des journées d’initiation ‘ She loves to code ’, un premier pas prometteur pour celles qui aimeraient ensuite se lancer. Mon mot d’ordre: ‘osez !’ Débarrassez-vous des stéréotypes liés à la tech, que vous ayez 18, 30 ou 50 ans, venez tester ! » C’est également le crédo de Julie Foulon, 41 ans et fondatrice de Girleek**, plateforme d’acquisitions de compétences dédiée aux femmes. « 85 % des métiers qui vont émerger sont dans le numérique et 15 % seulement d’entre nous sommes formées… » Celle qui a démarré avec un blog en 2011 pour devenir un véritable centre de compétences en 2019 est cash : « C’est dramatique, les initiatives comme Girleek sont beaucoup trop peu nombreuses. Les femmes représentent 52 % de la population européenne, mais n’occupent que 15 % des emplois liés aux technologies de l’information et de la communication (TIC). Girleek existe pour les aider à trouver un emploi ou à développer leur projet perso, mais aussi pour celles déjà actives, employées ou indépendantes, qui souhaitent développer leurs connaissances numériques. Si vous n’êtes pas Digital Native, à 45 ans, vous êtes rapidement sur la touche dans le monde de l’entreprise, notamment », explique cette convaincue dans l’âme, qui a ouvert un espace à Bruxelles et un autre à Anvers, majoritairement tournés vers les femmes, en français comme en néerlandais. « Girleek, c’est 6.500 personnes formées, dont 85 % de femmes depuis 2020,

avec trois niveaux possibles et totalement gratuits. Webinars hebdomadaires, masterclass, accompagnement sur-mesure d’un projet personnel, formations longues… Ce n’est pas un secteur réservés aux Nerds matheux de service, mais un formidable outil et un incroyable support professionnel », se réjouit la jeune femme. Et les initiatives se multiplient, à l’instar de Women in Digital. Car les chiffres du SPF Économie parlent d’eux-mêmes : en Belgique, à peine 17,7 % des spécialistes IT sont des femmes. Sur 1.000 individus âgés de 20 à 29 ans gradués en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM), elles ne représentent qu’environ 7 individus. Cela nous classe en 27e position au classement européen « Women in Digital Scoreboard ». C’est la raison pour laquelle notre pays a lancé la stratégie nationale et intersectorielle « Women in Digital », afin que les carrières numériques soient résolument plus mixtes. Aujourd’hui, 44 % des étudiantes qui ont décidé de se lancer dans des études supérieures numériques classiques dans le Royaume se déclarent très satisfaites de leur formation. Même si 34 % ont notamment fait l’expérience de comportements sexistes dans le cadre de ces études très masculines, des proportions similaires à celles observées en Europe. C’est le cas de Tessa, 21 ans, heureuse d’avoir bravé les stéréotypes de genre. « Je n’ai aucun avenir sans le numérique. Non seulement ces études forment aux métiers d’avenir, mais en plus, vu la pénurie d’emplois dans le secteur, je suis sûre d’être embauchée à la sortie. Alors oui, c’est un milieu misogyne et sexiste, déjà quand on commence à 18 ans. Mais quel univers ne l’est pas ? À nous, les filles, de nous battre pour le rendre plus égalitaire et surtout, moins fermé. Dès qu’on s’intéresse un peu à la tech, même enfant, on nous fait sentir que c’est un truc de garçon. Il faut commencer par éduquer les parents et les profs : cessez de faire croire qu’il existe des métiers d’hommes et de femmes. C’est caricatural et humiliant, ça emprisonne autant les hommes que les femmes, car eux aussi se sentent obligés de renoncer à certains secteurs. Le numérique n’a pas de sexe. Il est l’avenir ! » À bonne entendeuse… *s19.be **girleek.tech



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LE SURRÉALISME,

C’EST MODE!

Tenues fantasmagoriques, accessoires absurdes, déroutants : les défilés et les tapis rouges de 2022 multiplient les références au grand mouvement artistique du début du xxe siècle. Qui, s’il inspirait déjà l’Italienne Elsa Schiaparelli à l’époque, revient réactiver l’imaginaire, l’humour et la liberté des créateurs.

Dire qu’en mars dernier les défilés de l’automne-hiver 20222023 avaient quelque chose de surréaliste est un euphémisme. Surréaliste d’abord par le contexte : le début de la guerre en Ukraine plongeait l’Europe dans un état de sidération, reléguant la mode, ses shows et ses parterres de célébrités à un non-évènement absurde, voire pour certain·es indécent. Surréaliste surtout parce que créateurs et créatrices avaient concocté des collections étonnantes où le rêve et le bizarre venaient distordre – comme l’actualité le faisait au même moment – la morne réalité du quotidien. Chez Bottega Veneta, des « working girls » marchaient avec des pantoufles en fausse fourrure rouge désir, qui évoquaient le célèbre déjeuner « velu » de Meret Oppenheim (Le déjeuner en fourrure, 1936). Chez Moschino, le mobilier d’un manoir de style Régence se retrouvait hybridé au vêtement : ainsi horloges, chandeliers ou harpes s’anthropomorphisaient en tenues du soir. Quant aux bustiers de Loewe, ils envoyaient des baisers depuis leurs lèvres géantes en résine 3D (comment là aussi ne pas penser au canapé Bocca de Salvador Dalí !). L’esprit du mouvement artistique, qu’André Breton définissait dans son Manifeste du surréalisme (1924) comme « un “automatisme psychique pur” permettant d’exprimer la réalité de ses pensées, sans censure, que ce soit par l’écriture, le dessin,

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ou de toute autre manière », ne s’exprime pas seulement sur les podiums. Il foisonne aussi dans d’innombrables expositions à travers le monde. On le retrouve à la Tate Modern de Londres (1) (« Surrealism Beyond Borders »), au musée Peggy Guggenheim de Venise (2) (« Surrealism and Magic: Enchanted Modernity ») et bientôt à New York (3) (Meret Oppenheim sera à l’affiche du MoMa fin octobre prochain) ou encore dans les environs de Lille (4) (« Chercher l’or du temps : surréalisme, art naturel, art brut, art magique », à LaM). Les œuvres de ses artistes les plus célèbres s’arrachent également à prix d’or. Ainsi du tableau L’empire des lumières de Magritte (1961) parti en mars dernier pour 71,5 millions d’euros (un record pour le peintre), ou du Violon d’Ingres de Man Ray adjugé en mai pour 11,9 millions d’euros, devenue la photographie la plus chère jamais vendue… POURQUOI UN TEL ENGOUEMENT ? Peut-être parce que le surréalisme a été pensé après la Première Guerre mondiale, dans le sillage du mouvement Dada, comme un refus du rationalisme et de la morale bourgeoise qui avait mené au conflit. Et surtout comme un moyen de faire de la fantaisie une réalité pour exprimer de manière détournée les tensions du monde et reconnecter l’homme avec sa vie intérieure. « Après la pandémie de Covid et dans l’état actuel de guerre et de crispation des

SALVADOR DALÍ, GALA-SALVADOR DALÍ FOUNDATION/DACS, LONDON 2022.

Par Charlotte Brunel


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RENÉ MAGRITTE, BY SIAE 2022. PHOTO J. GELEYNS. COURTESY OF LOEWE/IMAXTREE.COM. COURTESY OF DOLCE & GABBANA/IMAXTREE.COM.

COURTESY OF MOSCHINO/IMAXTREE.COM. MUSÉES ROYAUX DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE, BRUXELLES. BEQUEST OF MRS. GEORGETTE MAGRITTE, BRUSSELS, 1987.

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1. Lobster Telephone, Salvador Dalí, 1938. 5. La magie noire, Magritte, 1945. Défilés automne-hiver 2022-2023 :Moschino (2), Alaïa (3), Loewe (4), Dolce & Gabbana (6).

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relations internationales, nous voulons rêver et nous évader plus que jamais, explique le jeune créateur espagnol Arturo Obegero (5), fan absolu du mouvement. Et le surréalisme est l’outil parfait pour cela ! » Il est vrai que ses liens avec la mode ont toujours été très forts. Les surréalistes voyaient dans le caractère éphémère, corporel et naturellement fétichiste de cette dernière une matière inspirante. Man Ray fera des photos pour Chanel ou Vogue. Salvador Dalí et Leonor Fini travailleront dès les années 30 avec la fantasque Elsa Schiaparelli, inaugurant l’une des premières – et des plus brillantes – collaborations entre mode et art. À découvrir dans l’exposition que le musée des Arts décoratifs de Paris consacre actuellement à la couturière italienne (voir encadré ci-après) et dans une biographie signée Élisabeth de Feydeau (Schiaparelli l’extravagante, éd. Flammarion) à paraître en septembre prochain. SAN S DOUTE LE S PECTACU LAI R E COM E-BACK D E LA MAI S ON,

orchestré depuis 2019 par le créateur américain Daniel Roseberry, n’est-il pas étranger à ce retour de l’esprit surréaliste sur les podiums comme sur les tapis rouges. Qui a • • •


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Défilés automne-hiver 2022-2023 :Schiaparelli (1), Louis Vuitton Homme (4). 2. Self-portrait, Leonora Carrington, vers 1937-1938. 3. Chaussures Ballons

de Loewe, automne hiver 2022-2023.

amusante, bizarre, sarcastique et déroutante. Cela vous surprend toujours et vous fait sortir des sentiers battus », poursuit Arturo Obegero. Le créateur dédie sa collection printemps-été 2023 à la figure de la sirène, en s’inspirant notamment de la ménagère de couverts en forme de fonds marins créée par Dalí en 1957. “QUAND ON VEUT TRANSPLANTER UN OBJET D’UN ENDROIT À UN

oublié la robe noire et rose aux volumes spectaculaires et sa colombe brodée sur la poitrine portée par Lady Gaga en 2021 lors de la cérémonie d’investiture de Joe Biden ? Entre références aux archives, mélanges de matières inattendus – le denim et l’or –, jeux de trompe-l’œil et bijoux anthropomorphes, Daniel Roseberry a redonné une fraîcheur un peu pop à Schiaparelli et fait (re)découvrir la liberté folle, l’humour et le pouvoir d’émerveillement qu’offre la mode quand elle se teinte de surréalisme. « Mon aspect préféré de ce mouvement est qu’il peut être à la fois l’expression artistique la plus sérieuse, la plus politique mais aussi la plus belle ou la plus

AUTRE, d’une fonction à une autre, par exemple en mettant une chaussure ou une main en bois sur la tête comme nous l’avions fait avec John Galliano pour Dior, on est dans le surréalisme ! Ce sens de l’absurde m’influence beaucoup », s’exclame le modiste Stephen Jones (6), qui considère d’ailleurs le chapeau comme naturellement surréaliste. Car, à la manière des ready-made de Marcel Duchamp, les accessoires jouent souvent les premiers rôles dans cet art du détournement poétique. Cette saison, les sacs du label Medea s’offrent une campagne totalement décalée pensée par le magazine Toilet Paper, alias les artistes Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari. Et les souliers de Jonathan Anderson atteignent des sommets avec ces faux ballons festifs coincés sous le talon ou la bride, métaphore d’un désir contenu (ou écrasé ?). Chez Loewe, donc, le surréalisme passe bien sûr par les trompe-l’œil et autres faux-semblants mais il s’invite surtout dans une sorte de fantasmagorie érotique avec ces mains inquiétantes qui enlacent par-derrière un fourreau couleur

COURTESY OF SCHIAPARELLI/IMAXTREE.COM. THE METROPOLITAN MUSEUM OF ART, NEW YORK, THE PIERRE AND MARIA-GAETANA MATISSE COLLECTION,

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2002/2022 ESTATE OF LEONORA CARRINGTON/ARTISTS RIGHTS SOCIETY (ARS), NEW YORK/METROPOLITAN MUSEUM OF ART. COURTESY OF LOEWE. COURTESY OF LOUIS VUITTON/IMAXTREE.COM.

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chair. Car c’est grâce au mouvement, et dans les pas de Freud, que l’inconscient va trouver un mode d’expression artistique, aussi subversif que révolutionnaire de modernité. « Cette question du corps est centrale chez les surréalistes, analyse Olivier Gabet, directeur du musée des Arts décoratifs de Paris. Et c’est elle que l’on retrouve le plus naturellement chez les créateurs aujourd’hui, à travers l’expression d’une certaine liberté sexuelle ou des détournements anatomiques. » Ces corps chimériques qui hybrident l’homme et l’animal, le vivant et les objets, ces images à la fois merveilleuses et cauchemardesques qui peuplaient les tableaux de Max Ernst ont aussi trouvé un nouveau terrain de jeu. ET MÊME UNE NOUVELLE RÉALITÉ : CELLE DES MONDES VIRTUELS ou métavers, dont la seule limite est celle de l’imagination. « Ce surréalisme numérique est rendu possible par les progrès technologiques, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle », explique Vincent Grégoire, directeur prospective consumer trends & insights chez Nelly Rodi. Pensez Ines Alpha et ses maquillages virtuels en 3D ou les meubles impossibles d’Andrés Reisinger, tel ce fauteuil tapissé d’hortensias que Moooi a édité en version « réelle » en 2021. « Pour cette génération,

dont les yeux ont été “déformés” par le digital, tout est possible, poursuit le tendanceur. Elle a besoin d’être stimulée en permanence, de développer son imaginaire car la vie ordinaire l’ennuie, la créativité est donc un moyen de s’évader. » Bien sûr, cette valorisation de l’imagination associée à la technologie influence déjà la mode plus classique, et l’oblige à penser ce que sera le monde de demain. Un monde postmoderne, et peut-être posthumain, dont les artistes de la 59e Biennale de Venise esquissent aujourd’hui les contours. Celui d’un univers où, selon les mots de Cecilia Alemani, commissaire de l’évènement, se noueront « de nouvelles alliances entre les espèces et des mondes habités par des êtres poreux, hybrides et multiples qui ne sont pas sans rappeler les créatures extraordinaires de Leonora Carrington ». La peintre et écrivaine surréaliste qui a inspiré à la Biennale son thème, « Le lait des rêves », extrait d’un de ses livres pour enfant (7). C’est certain, la mamelle du surréalisme n’a pas fini de nourrir son monde. 1. Jusqu’au 29 août. tate.org.uk 2. Jusqu’au 26 septembre. guggenheim-venice.it 3. « Meret Oppenheim: My Exhibition », du 30 octobre au 4 mars. moma.org 4. Du 14 octobre au 29 janvier. musee-lam.fr 5. arturoobegero.com 6. stephenjonesmillinery.com 7. Éd. Ypsilon.

LA FANTAISIE SCHIAPARELLI 1

COURTESY OF SCHIAPARELLI/IMAXTREE.COM. VALÉRIE BELIN.

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1. Défilé Schiaparelli

haute couture automnehiver 2021-2022. 2. Détail de la cape Phoebus d’Elsa Schiaparelli, hiver 1937-1938.

Le musée des Arts décoratifs de Paris consacre une exposition à Elsa Schiaparelli*, l’excentrique couturière italienne qui électrisa la capitale entre 1927 et 1954. À travers 577 œuvres, dont des costumes et accessoires mis en regard avec des peintures, sculptures, bijoux signés Man Ray, Salvador Dalí, Meret Oppenheim ou Elsa Triolet, cet évènement retrace les collaborations avant-gardistes de « Schiap » avec les artistes de son temps, à savoir les surréalistes. « Sa mode fascine parce qu’elle possède une sophistication incomparable, explique Olivier Gabet, directeur du Mad. Née dans une famille romaine lettrée, Elsa Schiaparelli va projeter dans ses créations toute la sensibilité artistique et littéraire aiguisée par son éducation. » Dans la modernité assez radicale des années 30, elle va aussi offrir à ses clientes (dont Arletty ou la duchesse de Windsor) un contre-pied joyeux et vivant avec ses vêtements pleins d’humour et souvent provocants,

qui s’inspirent de l’art mais aussi de la nature ou du cirque, ses détournements de matières (elle est la première à introduire le plastique ou les zips dans la haute couture !). Cette liberté de création totale ne cesse d’inspirer les créateurs, comme le montre la seconde partie de l’exposition consacrée à un dialogue avec ses pairs. « Alaïa avait une ferveur pour elle, Sonia Rykiel reprendra le principe de ses pulls trompe-l’œil, John Galliano, son imprimé papier journal », poursuit Olivier Gabet, qui s’enthousiasme de la coïncidence de l’évènement avec le revival de la maison Schiaparelli par Daniel Roseberry, aussi présent dans cette rétrospective. Un modèle de modernité, d’audace et de joie de vivre à (re) découvrir d’urgence dans une scénographie signée Nathalie Crinière. (*) « Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli », jusqu’au 22 janvier 2023, au musée des Arts décoratifs, Paris 1er. madparis.fr


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Hétéros… mais pas trop Les femmes hétérosexuelles sont-elles plus disponibles à des relations homosexuelles que les hommes ? Oui, répond Mathilde Ramadier dans Vivre fluide. Quand les femmes s’émancipent de l’hétérosexualité(1). Un essai éclairant dans lequel l’auteure les invite à être à l’écoute de leurs fantasmes et à libérer leur sexualité pour, à l’image de nos témoins, gagner en assurance et s’ouvrir de nouveaux possibles. Par Laure Marchand Photos Łukasz Wierzbowski

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ans les dîners, lorsqu’elle évoquait le thème de son prochain livre, elle recueillait des réactions intéressées, amusées, intriguées… Puis les couples passaient à un autre sujet. Souvent, à la fin de la soirée, au moment de partir, les femmes venaient la voir discrètement : elles auraient des choses à lui dire. Mathilde Ramadier était convaincue que son propos avait « une dimension assez universelle » mais ne s’attendait pas à ce qu’il résonne avec autant de force et que la parole se libère si facilement. Sa collecte de témoignages destinés à son prochain ouvrage, Vivre fluide. Quand les femmes s’émancipent de l’hétérosexualité, aura en tout cas été féconde. Cet essai, qui tisse avec délicatesse des récits intimes à l’histoire laissée dans l’ombre de la bisexualité, convoque l’Antiquité et la pop culture, sonde le désir des femmes pour les femmes. « J’avais envie de les inviter à explorer cette part d’elles qu’elles sentent poindre et à laquelle elles n’osent pas

forcément donner libre cours. En aucun cas, il ne s’agit d’une injonction. C’est une invitation. » À se laisser porter par une attirance, déstabiliser par une rencontre, séduire par un corps qui frémit, à passer à l’acte… ou pas, d’ailleurs, mais en tout cas à écouter une petite musique qui joue à bas bruit en soi ou qui se fait soudainement entendre. Avec, à la clé, une confiance en soi accrue. POUR CETTE FEMME DE 34 ANS, nourrie de philosophie et de psychanalyse, le goût pour les deux sexes fait partie d’elle depuis toujours. « Avec ce livre, je ne suis pas en train de dire : regardez, j’ai un particularisme, mais : regardez, je suis comme beaucoup d’autres femmes, précise Mathilde Ramadier, mariée et mère de deux petites filles. C’est un désir vieux comme le monde, une évidence longtemps restée cachée car nous n’avions pas droit au chapitre concernant notre sexualité. » Plusieurs études (2) dans lesquelles plus de la moitié des femmes interrogées disent avoir été attirées sexuellement par une autre femme ont conforté sa réflexion. • • •


Krzysztof, Anna and Magda on the Bed, 2022.


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« Les femmes seraient beaucoup plus bisexuelles qu’elles n’osent l’affirmer, le pratiquer ou même le penser. Autrement dit, leur désir serait bien plus vaste, riche et complexe qu’il n’y paraît – et le potentiel de libération, immense », écrit-elle. Coincées entre les hétéros pur jus, regardées parfois avec méfiance par des hommes à qui elles font peur ou par des homosexuelles qui voient en elles des traîtres à la cause lesbienne, les bisexuelles ne sont pourtant pas si visibles.

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S’IL Y A BIEN UN LIEU OÙ LES HISTOIRES ET LES FAN-

Ci-dessous Anna and Magda with Blooming Flowers, 2021.

TASMES BISEXUELS se dévoilent de plus en plus, c’est dans les cabinets de psy. « Lorsque j’interroge les femmes sur leur orientation sexuelle, elles me répondent facilement – pas toutes, bien sûr – : “Je suis hétéro mais peut-être pas” ou “peut-être pas que”, a constaté Évelyne Dillenseger, psychanalyste et sexologue. La jeune génération le formule avec évidence. L’hétérosexualité est une norme et une construction sociale : avec l’évolution de la société, les femmes sont plus ouvertes aux différentes possibilités offertes par la sexualité. Même si on peut très bien ne pas aller au-delà du jeu de la séduction. » À chacune de déplacer le curseur sur un spectre désormais plus large. Léa*, 47 ans, qui parcourt sans se lasser

les chemins du plaisir avec son amoureux et qui, dans ses rêves, visite aussi des contrées féminines pleines de promesses, s’enthousiasme : « J’adore cette citation : “Coucher avec une autre femme quand on est une femme, c’est comme trouver un très bon ostéopathe.” (3) » Dans un rire, elle n’exclut pas de poursuivre, en plein jour cette fois-ci, ses excursions jusqu’alors circonscrites à sa vie nocturne : « L’ostéopathe qui fait des merveilles, c’est exactement le genre d’argument décisif pour moi ! Faire l’amour avec une femme, j’imagine l’effet que ça fait et je suis sûre que ça fait un bien fou. » Pour une hétéro, assumer un désir pour une femme peut être déroutant. « Mais cela donne la possibilité de découvrir l’autre dans sa pluralité et, en même temps, de se découvrir soi, quelque chose va s’ouvrir, sa singularité », suggère Mathilde Ramadier. C’est ce qu’il s’est passé pour Zoé*, mère de famille qui vit en couple avec le père de ses enfants : « D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours désiré des hommes. Depuis quelque temps, j’ai remarqué qu’il pouvait m’arriver d’être troublée par une femme. J’avais constaté cette nouvelle émotion tranquillement et, jusqu’à peu, elle se tenait d’ailleurs plutôt tranquille. » Mais à l’occasion d’un déplacement professionnel, elle a été bousculée


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par une femme. Un « je-ne-sais-quoi » dans sa voix, sa finesse d’esprit, cette façon qu’elle avait de se débrouiller avec ses forces et ses fragilités, son côté cash… Zoé ne s’y attendait pas du tout : « Et pourtant, c’était là, comme une évidence, je n’ai même pas tenté de m’en cacher. À elle, ce n’était peutêtre pas son truc. En tout cas, cette rencontre a résonné fortement, enrichissant la connaissance que j’ai de moi et ma sensibilité. C’est un plus, pas du tout exclusif. » « Mais au cours d’une vie, on peut ne jamais croiser ce désir, soit parce qu’il n’existe pas en nous, soit parce qu’il fait peur et qu’on s’en préserve, abonde Évelyne Dillenseger. On peut aussi se réveiller à tout âge, chavirer à 20 ans comme à 60 ans car on se dit, après tout, que c’est le moment où jamais. Sans remettre en cause son hétérosexualité même si on ne sait jamais à l’avance jusqu’où mènera une nouvelle expérience. » CELLES QUI ONT DES RELATIONS SEXUELLES AVEC LES

DEUX GENRES ont l’impression, en tout cas, d’avoir conquis une liberté plus vaste. Peut-être aussi parce qu’une femme ne se sentira pas remise en cause dans une relation homosexuelle alors qu’un homme aura peur d’y mettre en jeu sa « virilité ». Pour Fanny, 34 ans, la découverte s’est produite lorsqu’elle en avait 21 : « Je me suis fait draguer par une femme homosexuelle plus âgée, pendant une soirée. Elle m’a embrassée devant tout le monde, elle m’avait envoûtée et nous avons couché ensemble. Je n’ai pas eu un déclic : je suis lesbienne, je dirais plutôt que j’ai compris que le désir et les sentiments pouvaient se déployer partout. C’était un terrain nouveau, des sensations nouvelles, avec un corps différent de celui d’un homme. » Approcher un corps similaire au sien et néanmoins autre. Pour celles qui connaissent bien le leur, celui de leur partenaire sera moins mystérieux que pour un homme. « Si on connaît le plaisir féminin, on l’applique à l’autre. Alors qu’avec un homme, on va lui dire : “À droite, à gauche, attention, là tu me fais mal, là ça coince” », schématise en souriant Évelyne Dillenseger. En amitié, les femmes sont aussi plus tactiles entre elles, leurs émotions sont plus accessibles. Ces proximités fluidifient les rapports charnels. Mais « ce corps ressemblant peut être très déstabilisant la première fois, précise Mathilde Ramadier. Nous avons été tellement formatées, tellement habituées à voir un pénis, le seul truc sur lequel il fallait s’appuyer. Cela nous conduit à nous redéfinir ». Stéphanie* a vécu en couple avec un homme, puis avec une femme. « Je trouve que je suis chanceuse d’avoir pu expérimenter les deux sexualités, je dis : merci la vie », raconte cette éducatrice, qui file actuellement le parfait amour avec Sébastien*. Ce qui ne l’empêche pas, à l’occasion, de « croquer une fille ; pas un gars, parce que j’en ai un à la mai-

“Lors d’une soirée, elle m’a envoûtée et nous avons couché ensemble. Je n’ai pas eu un déclic : je suis lesbienne, j’ai plutôt compris que le désir et les sentiments pouvaient se déployer partout. C’était un terrain nouveau, des sensations nouvelles, avec un corps différent de celui d’un homme.” Fanny, 34 ans

son ». La quarantenaire aime et a besoin autant de l’un que de l’autre. Néanmoins, c’est du côté de ses amours féminines qu’elle a puisé de quoi gagner en assurance : « Elles m’apportent plus dans le lâcher-prise. Avec un homme, il y a toujours une domination quoi qu’on en dise, il entre en toi. Entre deux filles, même s’il peut y avoir un jeu de domination, on est au même niveau. Par ricochet, cela a enrichi ma sexualité avec un mec. Le lâcher-prise m’a permis de mieux me connaître sexuellement. Ces émotions autres me conduisent à être plus entreprenante, elles me poussent à agir. » La bisexualité serait-elle la dernière étape de la libération des femmes ? « La dernière, je ne sais pas, mais une supplémentaire, assurément, argumente l’essayiste. Le féminisme est aussi une bataille qui se gagne sur le terrain de la jouissance. La libido des femmes est beaucoup plus puissante que celle des hommes, c’est une bombe à retardement, de graines et de fleurs, qui est déjà en train d’exploser. » (*) Le prénom a été modifié. 1. Éd. du Faubourg, parution le 8 septembre. 2. Une étude, en 2011, d’Elizabeth M. Morgan, du département de psychologie de la Boise State University (Idaho, États-Unis), auprès de 575 hétérosexuelles de 18 à 23 ans, a montré que 60 % d’entre elles se sentaient attirées par d’autres femmes et que 45 % avaient déjà embrassé une autre femme. En 2018, le psychologue américain Justin J. Lehmiller, chercheur au Kinsey Institute de l’université d’Indiana, a mené un sondage auprès de 4 175 femmes : 59 % ont dit avoir des fantasmes sexuels avec d’autres femmes. Études citées dans le livre de Mathilde Ramadier. 3. Citation extraite de Le sexe des femmes, fragments d’un discours belliqueux d’Anne Akrich, éd. Gallimard.


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DU GENRE FLUIDE Issu de la nouvelle génération de talents émergents, Ludovic de Saint Sernin compte déjà des fans de renom comme Rihanna, Solange et Dua Lipa. Ce Français, né à Bruxelles, s’affranchit des stéréotypes de genre, sans pour autant opter pour une mode informe et oversized. L’amour, le sexe et la liberté sont au cœur de ses collections et reflètent parfaitement la personnalité du créateur. Interview. Par Elspeth Jenkins

Si pour beaucoup d’entre nous, le slip à œillets ne fait pas partie des basiques, Ludovic de Saint Sernin a relevé la gageure de développer une marque de mode entière autour de ce petit article. De son propre aveu, ce sont ses slips qui lui ont valu une nomination au prestigieux prix LVMH en 2019, et partant une renommée mondiale. Après avoir été repérés sur les podiums, notamment dans leurs versions en léopard et en cristaux Swarovski, ils représentent désormais près de 40 % des ventes de la marque. Il serait cependant injuste de réduire son label à ce seul best-seller. Les collections de Ludovic de Saint Sernin contiennent beaucoup plus de substance – au propre comme au figuré – que ce produit phare. Il serait le créateur à suivre selon ses fameux collègues Rick Owens et Olivier Rousteing. Et ce dernier sait de qui il parle puisque notre compatriote s’est formé chez Balmain pendant trois ans. « Ses collections sont une ode au corps, à l’amour et à l’érotisme, mais toujours avec un goût sublime », a déclaré Rousteing à Business of Fashion. À l’origine, de Saint Sernin présentait ses collections exclusivement sur des mannequins masculins, mais comme il a toujours rejeté les cases définies par les genres, la gent féminine aussi défile pour lui aujourd’hui. Les hommes portent des robes et des jupes, les femmes des pantalons et des chemises en cuir épais. Rencontre autour d’un café à Paris pour évoquer ses origines belges, ses sources d’inspiration, la durabilité et le sexe.

Un café chez Ludovic de Saint Sernin.


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d’inspiration. Robert Mapplethorpe est un photographe que j’admire énormément. Je me considère extrêmement chanceux qu’un modèle de ma première collection soit devenu une pièce emblématique. Dans les photos de Mapplethorpe, on voit beaucoup de jockstraps en maille et de sous-vêtements en cuir. J’adore le laçage, comme en témoigne mon célèbre slip inspiré des photos de Mapplethorpe. La sexualité et la neutralité de genre sont au cœur de vos collections. Comment expliquez-vous ça ?

Pendant mes études à l’École Duperré à Paris, j’ai rencontré de nombreuses personnes non binaires, gays ou lesbiennes. C’est à ce moment-là que j’ai envisagé pour la première fois le rôle qu’un styliste peut jouer dans la sexualité de ceux·elles pour lesquel·le·s il crée. Plus précisément, je conçois ce qu’on considère généralement comme des vêtements féminins, mais pour tout le monde. L’idée qu’on puisse être qui on a envie d’être me semble primordiale. Car même si j’ai présenté ma première collection uniquement sur des hommes, elle a surtout suscité l’intérêt des acheteurs de boutiques pour femmes. J’y vois le signe que, dans le monde de la mode au moins, on est prêt à battre en brèche la pensée genrée. Portez-vous vous-même des robes et des jupes ?

Quel est votre lien avec la Belgique ?

Je ressens une certaine connexion, car j’y suis né. Néanmoins, ma famille a déménagé en Côte d’Ivoire quand j’étais petit, puis j’ai grandi à Paris. C’est pourquoi je ne pense pas pouvoir revendiquer un quelconque terrain là-bas.

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Où trouvez-vous votre inspiration ?

La mode pour M/F/X.

Je me tourne toujours vers le passé pour en tirer des enseignements, grandir et m’améliorer. Le passé influence l’avenir. Mais je pense qu’il est important de vivre le moment présent. Les voyages resteront une source constante

Absolument ! Mon rêve d’adolescent est devenu réalité, car je peux maintenant porter les vêtements de stars féminines comme Britney Spears, Lindsay Lohan et les jumelles Olsen, que j’admirais à l’époque. De nos jours, il y en a pour tous les goûts. On ne se moque plus d’un homme en robe, et il n’est plus considéré comme un travesti. C’est pourquoi il faut arrêter de se demander si certaines pièces sont masculines ou féminines. Chacun·e devrait pouvoir arborer la meilleure version de lui·elle-même sans que ça s’apparente à une déclaration politique. Vous êtes actif sur Instagram, et il vous arrive de poser pour votre marque. Est-ce un choix délibéré ?

Pour ma génération de créateurs, incarner sa propre marque relève de l’évi- • • •


SUBSTANCE

MAGAZINE

Le slip, son best-seller.

dence. Rick Owens le fait depuis bien longtemps. Ce qui est nouveau, grâce à Instagram, c’est qu’il existe désormais un large public sensible à cette pratique. Je puise également mon énergie dans la famille créative que j’ai constituée autour de moi, et les réseaux sociaux jouent un rôle important à cet égard. Avoir officié comme mannequin pour ma campagne de maillots de bain l’été dernier, c’était plutôt une coïncidence. Juste avant le shooting, la pandémie a éclaté. Willy Vanderperre (photographe belge, ndlr) a estimé qu’il était préférable que je pose plutôt que de faire voyager un mannequin. Les choses se sont déroulées de façon organique. La collection faisait référence à la rupture avec mon compagnon. Il n’y avait donc personne de mieux placé que moi pour raconter cette histoire en images.

•••

Essayez-vous de travailler et de vivre de manière durable ?

Automne/hiver ‘22 : les rumeurs sont vraies.

J’aimerais conseiller à chacun·e de regarder le vêtement qu’il·elle achète et de se demander s’il ou si elle veut le garder dans sa garde-robe pour le reste de sa vie. Même si nous sortons une nouvelle collection tous les six mois, j’ai l’impression que les gens réfléchissent de plus en plus à leur façon de consommer. Ma marque présente une approche durable, avant tout grâce à notre production à petite échelle et à la durée de vie infinie de nos pièces. Les collections sont intemporelles d’une manière innovante.

“ Il ne faut pas se demander si certaines pièces sont masculines ou féminines, mais simplement arborer la meilleure version de soi-même ”

Que nous réserve LdSS cet automne-hiver ?

Cette saison, je veux mettre en lumière la relation entre les créateurs et le culte de la célébrité. La collection, baptisée All the rumours are true, porte sur la conscience et l’amour de soi. J’ai envie de me placer au cœur de l’identité de ma marque. Pour cette ligne, je suis à la fois designer et muse. On peut voir cette démarche comme « Un jour dans la vie de... ». Ça se traduit par des tops enveloppants en crêpe de soie noir et kaki, des jeans taille basse monogrammés qui évoquent la brume euphorique d’une rave hédoniste et des looks plus décontractés qui dégagent toujours la même extravagance. Pour la deuxième fois, je lance également une collection de chaussures, en collaboration avec le fabricant Piferi spécialisé en cuir vegan. Ces pièces permettront à chacun·e de devenir la star de sa propre existence. Pour que, une fois sous les p ro j e c t e u rs , t o u t e s l e s r u m e u rs deviennent réalité...

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SUBSTANCE

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À 55 ans, Claire accède à la propriété grâce à un héritage inespéré. Pour cette Parisienne au passé familial cabossé, la grande demeure sur laquelle s’est porté son choix est d’abord l’occasion de rassembler enfants et amis. Mais son histoire et celle de ses anciens occupants résonnent étrangement avec la sienne… Par Catherine Durand

MOI LECTRICE

“J’AI ACHETÉ UNE MAISON POUR DONNER DU SENS À MON HISTOIRE” “J’AI TOUJOURS FREINÉ À L’IDÉE DE DEVE-

NIR PROPRIÉTAIRE. J’ai grandi avec des parents nomades, on a dû déménager dix fois dans Paris et, comme eux, j’ai toujours été locataire. En vieillissant, je me suis dit que ce serait bien d’acheter une maison, pas pour faire un bon placement ou une plus-value mais, à 55 ans, après avoir toujours vécu intra-muros et après deux confinements, j’ai eu le fantasme du café dans le jardin. Et puis je voulais une grande maison de famille, avec au moins deux étages, une chambre pour chacun de mes trois enfants – mon fils aîné a 29 ans, mes deux filles, 26 et 21 ans – et une grande pièce à vivre. J’avais des critères précis : elle devait être à moins de 200 km de Paris, accessible en train régional, pas en TGV, trop cher, et être payée cash pour ne pas emprunter. J’ai tracé un cercle

et je suis tombée par hasard sur une petite ville du Calvados. J’avais sur le papier un budget de 400 000 euros mais je ne voulais pas investir au-delà de 240 000, travaux compris. Je suis mère célibataire, ma dernière fait des études chères et j’ai un loyer parisien à payer chaque mois. Inscrite sur le site d’une agence immobilière de la région, je reçois beaucoup d’annonces, tout le temps, et rien ne me convient . Je trouve les mais ons moches ou très isolées. Citadine, je n’ai pas envie de vivre au milieu d’un champ. Je clique, je regarde trois images et je laisse tomber. Et puis, il y a un an pile, je tombe sur la photo d’une maison bourgeoise en briques. Je lis : “4 chambres, en ville avec 700 m 2 de jardin et un lavoir.” Cette annonce m’intrigue. Les lieux n’ont pas été habités depuis vingt ans. Elle est

recouverte de lierre, les volets sont pourris, mais à l’intérieur, je vois des carreaux de ciment et des tomettes sublimes, des cheminées et de beaux planchers et, au premier étage, une porte avec un très joli vitrail. J’envoie tout de suite un SMS à l’agence. Quelques jours plus tard, je donne rendez-vous à ma tante car je n’y connais rien en tout-à-l’égout, chauffage, toiture… J’arrive et je découvre une maison abandonnée, lugubre : la grille est rouillée, le jardin étouffe sous les herbes folles, des chaînes et des cadenas sont accrochés à toutes les portes. Ma tante pose mille questions, moi, je reste silencieuse mais j’ouvre les volets et je fais un tour complet. Je vois déjà où je vais installer ma chambre. Cette maison est pour moi. J’arrive à la négocier en dessous de 100 000 euros et avec les travaux, elle m’en coûtera moins de 200 000. Et elle est en ville. Je n’ai pas de permis de conduire, je dois pouvoir faire mes courses à pied. Or dans cette petite ville charmante de trois mille habitants, dans le pays d’Auge, on trouve une médiathèque, une librairie, un bar-tabac, une excellente pâtisserie, une épicerie avec les produits locaux, une pharmacie, il y a de la vie. Et je ne suis qu’à trente minutes de la mer en train. Ma bonne étoile a encore brillé. J’ai toujours eu de la chance et je ne crois pas au hasard. Cette maison, je l’achète avec l’argent que mes grands-parents paternels m’ont légué. Je veux investir cet héritage dans une maison où, avec ma famille, c’est-à-dire mes trois enfants, je repars de zéro. Je n’ai plus ma mère, je n’ai jamais connu mon père biologique ni sa famille et je vois peu celui qui m’a adoptée et élevée. C’était le deuxième mari de ma mère, laquelle, jusqu’à son lit de mort, ne m’a rien révélé sur ma famille paternelle. C’est le notaire qui m’a appelée pour m’annoncer que j’héritais d’un appar-


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tement dans le 11e arrondissement de Paris. Cela m’a paru une évidence : cet argent tombé du ciel allait nous offrir notre maison de famille. J’ai conscience que je pose une première pierre, jusqu’ici, je n’ai été propriétaire de rien. J’achète un lieu pour mes enfants, leurs conjoints, leurs amis, les miens, pour tous ceux que j’aime. Un lieu où on se reconstruit aussi. QUAN D J’Y S U I S E NTRÉ E LA PR E M IÈ R E

FOIS, J’AI VU LA POUSSIÈRE qui recouvrait tout, les toiles d’araignées, le temps y était suspendu… exactement comme le jour où, avec les enfants et un serrurier, j’ai ouvert la porte blindée de l’appartement de mes grands-parents inconnus. Il était fermé depuis dix ans. Tout était enfoui sous des couches de poussière, leurs bijoux, leurs vêtements, leurs objets, la cafetière encore posée sur la gazinière. J’ai mis six mois pour le vider. J’ai découvert les albums de famille où j’ai enfin vu le visage de mon père, à qui je ressemble étrangement. Son acte de décès aussi, il est mort à 30 ans dans un accident de voiture. J’ai découvert aussi qu’ils étaient juifs, des Juifs alsaciens. Ma mère avait posé une chape de silence sur tout ça. Et voilà que cinq ans plus tard, je me plonge dans l’histoire de ma maison qui a été une maison de famille, fermée pendant vingt ans. J’échange des mails avec l’une des propriétaires. Âgée de 75 ans, elle me raconte des anecdotes sur chacune des pièces, ce qu’elle y a vécu enfant après la guerre. J’ai commencé à faire un livre d’or avec tous ses mails. Elle a été la plus heureuse des petites filles avec son grand-père, qui fermait l’écluse du lavoir pour qu’elle s’y baigne avec ses sœurs. Leur grand-mère était une femme hyper moderne, brillante, une chercheuse. Elle jouait du piano, jardinait, avait installé son bureau dans la pièce au joli vitrail où, enfant, elle et ses sœurs n’avaient pas le droit d’entrer à cause des livres éparpillés partout. Tout ça me parle, j’ai l’impres-

sion de les connaître. Leur grandmère avait fait de cette maison un lieu de rencontres, des artistes y avaient table ouverte. Cette dame qui m’écrit vit en Israël. Ils sont juifs, comme mes grands-parents paternels. Le lendemain de la visite, j’ai appelé mes amis et réuni un conseil de famille avec mes enfants. J’avais la trouille : “Le prix n’est pas élevé, il y a forcément un loup…” Tous les trois m’ont répondu : “Achète-la, maman, c’est génial !” Très vite est venue l’idée du compte commun. On se cotise tous – deux d’entre eux travaillent –, on y dépose chaque mois cinquante euros chacun, on ajustera après, pour payer les doubles factures d’électricité, d’eau, d’assurance. Cette maison est un projet collectif, il faut que je puisse piocher dans ce compte quand je suis ricrac. J’ai signé en décembre dernier et on a commencé les travaux en janvier. J’y ai dormi avec mes deux filles la première fois fin mars, sur des matelas pneumatiques, et depuis le 20 avril, on a de vrais lits, de l’eau chaude et même un radiateur dans la salle de bain. Leur père m’a quittée quand mes enfants étaient petits – ma dernière avait 18 mois. Même si cela a été chaotique, j’ai toujours tenu la barre, mais ils n’avaient pas de point d’ancrage, un lieu à partager. Une maison, ça les rassure. Chacun décore sa chambre avec le papier peint et les couleurs de son choix, c’est leur espace dans un espace. J’ai acheté une voiture d’occasion, ils ont leur permis de conduire, on sillonne la

région et ses brocantes pour décorer la maison. J’ai récupéré de jolis objets de déco, comme des vases Vallauris assez rococo chez mes grands-parents paternels. Ils iront très bien dans notre maison. Dans ma chambre, j’ai gardé un mur entier avec le papier peint d’origine, on a nettoyé et replacé des portemanteaux anciens pour conserver des traces du passé. En fait, cette maison est comme un trait d’union entre plusieurs familles, celle de mon père, que je n’ai pas connue, celle des anciens propriétaires et celle que je construis. C’est comme un pacte entre nous. Avec ce mystère : la découverte de nos origines juives communes. LORS DE LA SIGNATURE, ON NOUS A DIT

QU’IL Y AVAIT UN TRÉSOR dans cette maison. Depuis, mes enfants sont à fond et veulent retourner le jardin. En fait, cette maison est un trésor. Pourquoi, parmi les mille mails que je reçois au bureau chaque jour, cette maison m’a sauté aux yeux. Je pense que dans la vie, il existe des signes. Je me dis que mes grands-parents et cette famille se sont peut-être croisés, un jour. Je ne crois pas au hasard mais aux rencontres, le sel de la vie, et cette maison, c’est une rencontre. Le premier weekend, avec mes filles, on a repeint la grille. Je les ai découvertes sous un autre jour, bricoleuses, bosseuses, avec une réelle envie de s’investir. Oubliés, les portables greffés aux mains : on gratte les pierres, on peint les murs, ensemble, on construit notre nid. »

“Cette maison est comme un trait d’union entre plusieurs familles : celle de mon père, que je n’ai pas connue, celle des anciens propriétaires et celle que je construis. C’est comme un pacte entre nous.”


84 MODE HISTOIRE(S) DE MODE SHOOTING Promenons-nous dans les bois

des villes

COVER GIRL Anouck Lepère, fashion show

MODE D’EMPLOI Les tendances des collections


STYLE

108 BEAUTÉ

122 LIFESTYLE

NOUVEAUTÉS, CONSEILS, CONFIDENCES

DÉCOUVERTES ET SENSATIONS

DOSSIER Enquête de fond sur ce qui nous met

en forme TESTÉS Les exfoliants FONDAMENTAUX La routine beauté d’Els Pynoo

FOOD Dierendonck et son fameux tartare de veau

ÉVASION 24 heures dans un château en champagne QUESTIONNAIRE Le petit plaisir (coupable) de Claire Laffut


INTO THE WOODS Une balade en forêt urbaine entraîne notre héroïne (peu) romantique dans un voyage de découverte de soi. Sur la frontière qui sépare le masculin et le féminin, elle retrouve le chemin d’une affirmation douce et de déclarations audacieuses dans des tissus nobles, ornés de couleurs, d’imprimés, de volumes et de noir sexy. De l’art de sortir de l’ombre et d’entrer dans la lumière. Photos Thomas Babeau Réalisation Florence Deladrière

ACNE STUDIOS

Manteau matelassé en viscose et coton, top et pantalon en viscose, sabots.


CHRISTIAN DIOR

Jumpsuit en cuir d’agneau nappa aviateur, top en dentelle seconde peau, bague.


SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO

Top et pantalon en dentelle guipure, lunettes de soleil, bracelets.


CHANEL,

Veste et jupe en tweed irisé, casquette, sac à rabat, chaussettes hautes, Slingback. Broches vintage, propriétés de la styliste.


MAX MARA

Pull oversized en laine et cachemire côtelé, pantalon en jersey de laine, bottes.

Mannequin Yuliya Bezryadina @ Elite. Maquillage Carole Hannah @ Airport Agency. Coiffure Roberto Pagnini @ Airport Agency. Assistants mode Charlotte Wagner et Pierre-Etienne Callies. Assistant photographe Martin Lagardère. Casting V&Y.


PRADA

Col roulé Shetland, jupe en laine double avec inserts en organza et tulle brodé, sac, bottes.


FOREVER YOUNG


Chemise blanche en coton et soie, robe à poches en tweed et bottes hautes en cuir de veau, Louis Vuitton.

L’iconique top model belge Anouck Lepère brille dans la dernière collection automnale de Louis Vuitton. Pour l’hiver 2022, Nicolas Ghesquière s’est inspiré de l’adolescence. Cela se reflète dans ces images qui respirent la jeunesse et la liberté. Une ode à la féminité et au passage à l’âge adulte. Photos Emil Pabon @Initials LA. Production et stylisme Ilja De Weerdt.


Manteau en laine à simple boutonnage et bottes hautes en cuir, Louis Vuitton. À droite

Pull brodé et robe à poches en cachemire, Louis Vuitton.



Veste marron oversized en tissu technique, robe en jacquard métallisé et robe orange en tulle, Louis Vuitton. À droite

Imperméable rose en éconyl, top péplum avec broderie en tweed, pantalon à imprimé en laine, Louis Vuitton.




Blazer croisé en laine gris clair, pantalon droit en laine gris et baskets en cuir de veau, Louis Vuitton. À gauche

Veste en tissu technique gris clair, Louis Vuitton.


Pull jacquard en laine à motif floral et pantalon beige en tissu technique, Louis

Vuitton.


Mannequin Anouck Lepère @Noah Management. Maquillage et coiffure Elke Binnemans pour Dior. Assistant photo Rick Bruins.


100 STYLE MODE

Anouck Lepère, la top belge suprême Depuis le début des années 2000, Anouck Lepère a défilé pour les maisons de couture les plus prestigieuses. Égérie internationale de Shiseido, elle est apparue dans des campagnes Louis Vuitton et Chanel. Vingt ans après avoir fait la une des magazines italiens et américains Marie Claire, elle brille pour la première fois sur la cover de l’édition belge. Par Timon Van Mechelen

« Si quelqu’un peut enflammer le monde sur son passage, c’est bien elle », a affirmé un jour le photographe de mode Mario Testino au sujet d’Anouck Lepère. Une déclaration qui n’a pas pris une ride, comme en témoigne notre shooting. À 43 ans, la mannequine a vu du pays. Après avoir longtemps vécu à New York et à Londres, elle est de retour à Anvers. « Ici je me détends. Ma famille et mes meilleurs amis y vivent et, lorsque j’ai envie d’un peu plus d’effervescence, je ne suis qu’à deux heures de train de Paris et Londres », explique Anouck lors de notre entretien dans sa ville natale. On peine à croire qu’elle est entrée dans sa quatrième décennie. Discrètement vêtue d’une robe en lin et d’espadrilles, les cheveux peignés en arrière, la peau jeune et lisse, elle est à la fois féminine et forte. On la prendrait à tort pour une femme d’une vingtaine d’années. Jusqu’à ce qu’on réalise qu’elle est dans le métier depuis plus de 20 ans. Comme elle est constamment abordée sur la terrasse où nous sommes installés, nous prenons la direction des Scheldekaaien, des quais de l’Escaut.

Campagne Prada printemps-été 2002 par Steven Meisel.

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Tout en marchant, elle enfile une paire de lunettes de soleil Chanel XXL. « Un cadeau de Karl Lagerfeld quand j’ai fait un shooting pour lui. » Pensive, elle marque un temps d’arrêt, puis reprend. « C’était un homme charmant, avec lequel il était très agréable de travailler. Très terre à terre aussi. Il parlait à tout le monde, même à l’assistant des assistants. Ça en dit long sur une personne. »

GETTYIMAGES. PRESSE.

D’ÉTUDIANTE EN ARCHITECTURE À TOP MODEL

Anouck, fille lambda de Mortsel, étudiait l’architecture à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers. « Un étudiant en mode m’a demandé de défiler pour lui lors du show de fin d’année. Dans la foulée, j’ai fait un casting pour Walter Van Beirendonck. On m’a demandé ensuite de participer au défilé suivant à Paris. S’en est suivi un défilé de Dries Van Noten, où j’ai croisé un agent qui m’a conseillé de tenter ma chance à New York. Je me suis donné deux mois, j’y suis restée près de sept ans. » De son propre aveu, elle n’a jamais ren-

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contré de difficultés en tant que jeune fille de 20 ans seule aux États-Unis. « J’ai beaucoup voyagé avec mes parents, je me sens facilement chez moi un peu partout. Je ne suis pas facilement impressionnée par quoi que ce soit, ce qui a certainement joué en ma faveur. » Après une première grande mission new-yorkaise pour une campagne Hugo Boss, elle défile comme mannequin lingerie pour Victoria’s Secret, ce qui accéléré les choses. Elle participe aux côtés de Naomi Campbell et Kate Moss à des campagnes Louis Vuitton et défile en exclusivité pour Prada. Elle est le visage du parfum Coco Mademoiselle de Chanel, fait la couverture de tous les grands magazines de mode et parcourt le monde pendant quatre ans en tant qu’ambassadrice internationale de Shiseido. Selon les experts, elle a été pendant un temps l’une des cinq mannequins les mieux payées au monde. Quand on tape son nom dans Google Images, on la voit faire la fête avec des célébrités internationales. « C’était une période incroyable. Je fréquentais des endroits dont la plupart des gens ne peuvent que rêver. Depuis l’arrivée d’Instagram, même ces fêtes exclusives ont fini par ressembler à du travail : je ne pouvais plus faire ou porter ce que je voulais. On m’a conseillé d’engager un styliste et un agent de relations publiques. C’est alors que j’ai dit adieu à la jet-set. Parfois, je regrette de ne pas avoir commencé à poster davantage sur Instagram à l’époque, surtout quand je vois ce que certains modèles gagnent aujourd’hui par ce biais-là. Même si je crois que ça ne me ressemble pas de partager ma vie en permanence. » VIE DE MANNEQUIN, VIE DIFFICILE ?

L’année dernière, sur Instagram, une autre top belge, Hannelore Knuts, a évoqué sans ambages les travers de l’industrie de la mode. Elle a mis par écrit

1. Défilé automne-hiver 2008 Dolce & Gabbana. 2. Défilé printemps-été 2004 Narciso Rodriguez. 3. Défilé printemps-été 2001 Balenciaga. 4. Défilé automne-hiver 2018 Nina Ricci. 5. Campagne Coco Mademoiselle de Chanel. 6. Campagne internationale pour Shiseido. 7. Couverture de Marie Claire Italie 2002. 8. Couverture de Marie Claire Italie 2003.

sa frustration de voir qu’après 20 ans dans le monde de la mode, les pratiques peu vertueuses et le manque de respect envers les mannequins restent d’actualité. Dans une récente interview accordée à BBC Radio 4, Kate Moss a également abordé les dangers du mannequinat. À 15 ans, elle a dû enlever son tee-shirt devant un photographe masculin. « Je n’ai jamais rien vécu de ce genre », précise Anouck Lepère. « Mais il est vrai que la vie de mannequin semble parfois plus glamour qu’elle ne l’est en réalité. J’ai dû un jour poser pendant des heures en bikini dans une pièce où la température était proche de zéro. Une autre fois, il n’y avait pas de catering, alors que tout le monde sait que les mannequins n’ont pas le temps d’acheter de quoi manger entre deux défilés. Habituellement plutôt docile et peu encline à me plaindre, j’ai cette fois-là exprimé mon malaise. Il faut croire que le message est passé, parce que ça ne s’est plus jamais reproduit. Quoi qu’il en soit, beaucoup de choses ont changé ces dernières années. La plupart des magazines et des marques ne travaillent plus avec des mannequins mineurs ou trop maigres et depuis 2016, avec la Model Alliance, nous pouvons compter sur notre propre syndicat. » Anouck a volontairement ralenti la cadence, mais elle n’a pas pour autant mis un terme à sa carrière de mannequin. L’année dernière, elle a posé en couverture du Vogue Russie et Ukraine, et elle apparaît régulièrement dans des campagnes et des éditoriaux mode. « Je suis un caméléon qui peut s’adapter à n’importe quel environnement. J’ai un physique très juvénile, ça aide. Je vais encore rester dans les parages un moment. Une chance, car même si j’ai fait et vu beaucoup de choses, je continue à penser que c’est merveilleux de faire ce job, entourée de vêtements magnifiques et de personnes agréables. »


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STYLE

MODE D’EMPLOI

LE BEST OF MODE DE LA RENTRÉE Couleurs, looks, matières, pièces phares : voici douze grandes tendances repérées par la rédaction lors des derniers défilés automne-hiver 2022-2023.

VRIR DÈS LA PRÉHISTOIRE. Plus récemment, le cuir a endossé une image rebelle, adopté par les rock stars, les bikers en grosses cylindrées ou encore les adeptes du BDSM (« bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme », pour les néophytes). Pour les autres, le cuir s’est fait plus discret : sur une veste, un pantalon, voire une robe. Aujourd’hui, son côté sulfureux devenu chic permet toutes les audaces. L’hiver prochain, on le portera en tailleur avec short haut chez Hermès, longue jupe fendue chez N° 21 ou pantalon fluide chez Max Mara. À moins d’investir dans un manteau qui modèle la silhouette comme ces vestes ceinturées chez Versace et Fendi, ce Perfecto long de soirée Saint Laurent, ce modèle croisé Prada ou cet imper minimaliste signé Chloé.

COURTESY OF MAX MARA/IMAXTREE.COM. COURTESY OF SAINT LAURENT/IMAXTREE.COM. COURTESY OF FENDI/IMAXTREE.COM.

TOTAL CUIR

C’EST PROBABLEMENT L’UNE DES PREMIÈRES MATIÈRES UTILISÉES POUR SE COU-

SALVATORE DRAGONE/IMAXTREE.COM. COURTESY OF HERMES/IMAXTREE.COM. COURTESY OF PRADA/IMAXTREE.COM.

Fendi

Saint Laurent

Max Mara

Prada

Hermès

Chloé

Par Vicky Chahine Réalisation Alexandra Conti et Julie Cristobal


Paco Rabanne

Blumarine

Versace

Diesel

MICROJUPE

COURTESY OF LOEWE/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM (X2). ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM. GREGORY SCAFFIDI/IMAXTREE.COM (X2).

DANIELE OBERRAUCH/IMAXTREE.COM. PAOLO LANZI/IMAXTREE.COM. COURTESY OF VERSACE/IMAXTREE.COM. COURTESY OF BLUMARINE/IMAXTREE.COM. COURTESY OF PACO RABANNE/IMAXTREE.COM.

Miu Miu

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LORS DE LA FASHION WEEK parisienne (printemps-été 2022), Miu Miu avait affolé les

réseaux sociaux avec sa microjupe à bords francs, portée taille basse avec un crop top. Dans la foulée, Emily Ratajkowski, Zendaya, Nicole Kidman ou la top pulpeuse Paloma Elsesser l’adoptaient. Ce format plus mini que mini a donc fait des émules pour la saison d’après et Miuccia Prada la décline sur plusieurs silhouettes, notamment plissée façon jupe de tennis avec dessous (siglés) qui dépassent. D’autres ont raccourci aussi leurs longueurs. Façon néoromantisme, bordée de rosaces chez Blumarine ou à volants chez Paco Rabanne ; esprit urbain en jean avec grosse ceinture chez Versace ou en tailleur blanc cassé chez Jil Sander. Pour son premier défilé en tant que directeur artistique de Diesel, Glenn Martens l’a même imaginée en bandeau orné d’un D. Quant à Olivier Rousteing, il en fait une chic armure texturée pour sa « Balmain army ». Loewe

Y/Project

Sacai

Louis Vuitton

Coperni

DÉTAILS DE TAILLE

Est-ce l’empreinte des réunions Zoom, au cours desquelles il suffit de porter une pièce forte pour accessoiriser son home wear ? En tout cas, pour cet automne-hiver, les créateur·rices ont pensé des accessoires qui se suffisent à eux-mêmes : bijou de visage chez Courrèges, de bras chez Louis Vuitton, de cou chez Y/Project et d’oreille chez Sacai pour sa collaboration avec Cartier. Loewe a misé sur des escarpins au talon façon ballon de baudruche ••• et Coperni sur d’époustouflants sacs en verre soufflé.

Courrèges


Selon les tropismes de chacun·e, elle est associée à la créatrice Elsa Schiaparelli, connue pour son « shocking pink », aux « pussy hats » qui ont habillé certaines féministes, au Millennial Pink poudré mais aussi aux garçons qui s’en sont emparés ces dernières années pour mieux la dégenrer. Le rose est revenu sur le podium cette saison dans toute sa palette chromatique pour apporter du peps aux vestiaires et (ré)enchanter le quotidien. Version pâle chez Cecilie Bahnsen et Burberry, fuchsia chez Prada et Richard Quinn ou bien soyeux chez Versace et Chanel. Chez Valentino, Pierpaolo Piccioli a été plus loin en ne faisant défiler quasiment que des silhouettes vêtues d’un rose créé sur mesure avec Pantone, le Pink PP. Preuve de l’universalité de cette couleur ? Givenchy

CULTURE DE LA PERLE

Si le sautoir a longtemps évoqué Jackie Kennedy, Gabrielle Chanel, Audrey Hepburn et les têtes couronnées, la perle a fini par se moderniser : collier quatre rangs agrémenté d’une rose en tissu chez Blumarine, torsadé chez Simone Rocha qui en dépose aussi autour de l’œil ou bien sur des boucles d’oreilles chez Erdem. On la retrouve également sous des formes inattendues : Y/Project s’en empare pour décorer des escarpins noirs et Givenchy pour imaginer une robe spectaculaire.

Simone Rocha

Blumarine

Y/Project

Erdem

COURTESY OF SIMONE ROCHA/IMAXTREE.COM. COURTESY OF GIVENCHY/IMAXTREE.COM. SALVATORE DRAGONE/IMAXTREE.COM. ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM. ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM.

ROSES D’HIVER

C’EST UNE TEINTE QUI NE LAISSE PAS INDIFFÉRENT.

COURTESY OF RICHARD QUINN/IMAXTREE.COM. COURTESY OF VERSACE/IMAXTREE.COM. COURTESY OF VALENTINO/IMAXTREE.COM. COURTESY OF BURBERRY/IMAXTREE.COM. COURTESY OF PRADA/IMAXTREE.COM.

Prada

Valentino

Burberry

MODE D’EMPLOI

Versace

STYLE

Richard Quinn

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105 Jason Wu

Ester Manas

Diesel

Saint Laurent

Weinsanto

SANDALES AIGUILLES

SCHOOL GIRL

Rokh

Chanel

Versace

Dior

Coperni

Gucci

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ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM (X4). COURTESY OF SAINT LAURENT/IMAXTREE.COM. COURTESY OF GUCCI/IMAXTREE.COM. SALVATORE DRAGONE/IMAXTREE.COM.

Les années 2000 et Paris Hilton dans ses grandes heures de faste continuent d’infuser la mode dite Y2K (pour Year 2000) : pantalon taille basse, crop top mais aussi ces stilettos à lanières fines qui augurent des fins de soirée pieds nus. Effet brillance chez Weinsanto et Diesel, filet chez Jason Wu, mauve chez Saint Laurent et même clouté chez Ester Manas.

mais voici le grand retour du style écolière, porté par la popularité, jamais démentie depuis 1995, de Cher Horowitz, héroïne du film Clueless, et sûrement un peu aussi par l’engouement planétaire pour Britney Spears (qui a oublié le clip Baby One More Time ?). Revoici donc le tailleur jupe à carreaux, qui évoque le mythique uniforme jaune de Cher la collégienne : en tweed chez Chanel, avec des proportions revues chez Off-White et dépareillé chez Versace. Des carreaux toujours pour habiller la robe portée sur une chemise chez Rokh, le grand manteau associé à la microjupe de Miu Miu et le « mix and match » de motifs chez Dior. Il y a de fortes chances que l’écolière de la saison prochaine soit inscrite aux Beaux-Arts puisqu’elle cultive une silhouette arty, chez Louis Vuitton et Gucci, et qu’elle regarde aussi Gossip Girl, à l’image de celle ••• imaginée par Coperni avec sa chic jupe en cuir à poches. ON LA PENSAIT CHASSÉE AU PROFIT DE LA BOURGEOISE


MODE D’EMPLOI

PLATEFORMES EN FORME

Bottega Veneta

Elles font probablement partie des plus anciennes chaussures puisqu’on en trouve dès la Grèce Antique. Si leur hauteur servait, à l’origine, à protéger du sol, les semelles compensées sont devenues, dans les années 60, un phénomène de mode, synonyme de culture hippie et, plus tard, de mouvement punk. Ces différentes influences se retrouvent aujourd’hui : glamour chez Valentino, rétro chez Bottega Veneta, glitter chez Giambattista Valli mais aussi plus punk chez Ports 1961 et Balmain.

Tod’s

Miu Miu

NOUVELLES DEMI-LUNES

Est-ce un effet du revival à succès du sac Jackie de Gucci, sans lequel l’icône intemporelle ne sortait jamais ? En tout cas, la forme demi-lune, aussi pratique qu’ergonomique, a inspiré les créateurs : rigide chez Giorgio Armani, Tod’s et Fendi, souple chez Miu Miu et Bottega Veneta, qui la dote d’une anse bijou.

Giambattista Valli

Balmain

Fendi

Acne Studios

Valentino

DÉBARDEUR POWER

DEPUIS LE COVID, NOUS NOUS SERIONS RECENTRÉ·ES SUR L’ESSENTIEL. Dans notre

garde-robe aussi vu la montée en flèche d’un ultra-basique : le débardeur blanc. À l’origine, les ouvriers l’avaient adopté pour son côté pratique. Marcel Eisenberg, de la bonneterie Marcel à Roanne, s’en empare alors et lui donne son surnom. Mais c’est le cinéma qui lui offre ses lettres de noblesse, avec Marlon Brando dans Un tramway nommé désir et Bruce Willis dans Piège de cristal. La mode a aussi puisé dans ce vêtement de travail et, cet hiver, il se porte avec un pantalon fluide chez Acne Studios et Sacai, une jupe sophistiquée chez Prada ou siglé sous une veste sculpturale chez Philosophy di Lorenzo Serafini. Chloé et Bottega Veneta ont réinventé la simplicité en l’associant respectivement à un pantalon en cuir et à un jean.

Philosophy di Lorenzo Serafini

Prada

Sacai

Bottega Veneta

Ports 1961

COURTESY OF SACAI/IMAXTREE.COM. COURTESY OF PRADA/IMAXTREE.COM. COURTESY OF PHILOSOPHY BY LORENZO SERAFINI/IMAXTREE.COM

Giorgio Armani

COURTESY OF FENDI/IMAXTREE.COM. COURTESY OF GIAMBATTISTA VALLI/IMAXTREE.COM. COURTESY OF BALMAIN/IMAXTREE.COM. COURTESY OF ACNE STUDIOS/IMAXTREE.COM.

STYLE

ALESSANDRO VIERO/IMAXTREE.COM. COURTESY OF MIU MIU/IMAXTREE.COM. COURTESY OF BOTTEGA VENETA/IMAXTREE.COM (X2). ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM (X3).

106


107 Emporio Armani

Givenchy

MM6

Acne Studios

CUISSARDES

FAUSSE FOURRURE

Sportmax

Philosophy di Lorenzo Serafini

Michael Kors Collection

Isabel Marant

Coperni

Elles ont accompagné la pratique de l’équitation et la minijupe des années 60, symboles de la libération de la femme, avant que leur version latex n’habille les jambes de Julia Roberts, époque Pretty Woman. Preuves de l’actuel retour dans la lumière des codes de la vulgarité, les cuissardes ont colonisé les podiums. En maille perforée chez Acne Studios, en cuir marron strié chez Isabel Marant, en seconde peau chez MM6, les bottes hautes jouent aussi avec l’esthétique escort girl : en cuir noir chez Givenchy et GCDS, et carrément vernies chez Emporio Armani et Coperni.

Dolce & Gabbana

COURTESY OF DOLE & GABBANA/IMAXTREE.COM. SALVATORE DRAGONE/IMAXTREE.COM. COURTESY OF AMICHAEL KORS/IMAXTREE.COM. COURTESY OF PHILOSOPHY BY LORENZO SERAFINI/IMAXTREE.COM. COURTESY OF SPORTMAX/IMAXTREE.COM.

ARMANDO GRILLO/IMAXTREE.COM. COURTESY OF GIVENCHY/IMAXTREE.COM. COURTESY OF MM6/IMAXTREE.COM. COURTESY OF ISABEL MARANT/IMAXTREE.COM. COURTESY OF ACNE STUDIOS/IMAXTREE.COM.

Coperni

beaucoup ont gardé une affection particulière pour les vêtements doudous enveloppants. Logique donc que la fourrure refasse son apparition. Enfin, la fausse, car plusieurs maisons de luxe ont désormais rejoint la coalition internationale Fur Free Alliance. Chanel, Dolce & Gabbana, Versace, Prada et la totalité des marques du groupe Kering ont ainsi banni la fourrure de leurs collections. Cela semble avoir débridé leur créativité, ambiance Cruella version pop. Sur des alternatives plus responsables, les créateurs se sont permis toutes les fantaisies : jaune coordonné au sac chez Dolce & Gabbana, bleu ciel chez Coperni, violet chez Blumarine et à poils très longs, roses chez Michael Kors et Sportmax ou orange chez Philosophy di Lorenzo Serafini. Pour les allergiques à la couleur, Balmain a imaginé un long manteau blanc et Saint Laurent une version noire façon chic oiseau de nuit. SI L’ON A QUITTÉ LE “COMFORT WEAR ” DES CONFINEMENTS,


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BEAUTÉ

LE VRAI DU FAUX “L’exercice fait maigrir” ; “Les disciplines douces sont à privilégier en vieillissant” ; “Transpirer le matin est plus bénéfique que le soir”… Toutes ces affirmations méritent d’être nuancées. Le point avec les pros, qui nous expliquent comment optimiser notre façon de bouger. Par Valentine Pétry Photos Julien Vallon Réalisation Darcy Backlar

SUR L’ACTIVITÉ PHYSIQUE


T-SHIRT SWEAT PANTS.


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BEAUTÉ

FAUX Le sport fait perdre du poids LA MINCEUR ET LE SPORT SONT LIÉS CAR L’ENSEMBLE DE L’I N D USTR I E S PORTIVE A ASSOCIÉ LE S D E UX I DÉ E S

DEPUIS DES DÉCENNIES. Et ça continue, aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, la majorité des coaches sportifs, femmes comme hommes, sont minces, et les « avant/après » mettant en scène une transformation drastique de la silhouette pullulent. La réalité est différente : les médecins rappellent que la pratique sportive est nécessaire pour être en bonne santé, mais qu’elle ne fait pas mincir. « La dépense énergétique créée par l’activité physique ne fera perdre du poids que lors d’une pratique extrêmement intense et prolongée, signale Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste. Quand on fait du sport, on perd surtout de l’eau. » Les effets sur le poids sont plus subtils. « De nombreuses études montrent que le sport permet de réguler l’appétit, l’humeur, le sommeil et la glycémie, notamment parce qu’il libère de nombreuses enzymes et hormones, comme l’endorphine », résume le médecin du sport Daniel Hardelin. L’exercice ne transforme pas la graisse en muscle : « On perd de la masse grasse, mais les cellules graisseuses restent présentes », poursuit le médecin. Plusieurs experts ont d’ailleurs dénoncé les méthodes des géants de l’industrie agroalimentaire vantant des barres très sucrées comme bons compléments à la pratique sportive. L’exercice peut donc modifier et affiner la silhouette, mais on gagnerait sans doute à le déconnecter de la perte de poids. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les athlètes des différentes disciplines sportives. Tous ne sont pas minces, loin de là. Et les médecins le répètent : on peut être en bonne santé sans être filiforme. L’indice de masse corporelle (IMC) est d’ailleurs largement remis en cause comme indicateur de bonne santé. Et de nombreuses initiatives, comme la campagne « This Girl Can », en Grande-Bretagne, qui met en scène des femmes aux corpulences variées, visent à encourager toutes les femmes à pratiquer, sans viser la perte de poids, mais un bien-être général. En 2019, la Haute Autorité de Santé (HAS) a même publié un guide à destination des médecins pour les inciter à prescrire l’activité physique à leurs patients, en suivant l’exemple de la Suède, où l’initiative « Suède en mouvement » montre que 65 % des patients concernés continuent après six mois.

“De nombreuses études montrent que le sport permet de réguler l’appétit, l’humeur, le sommeil et la glycémie, notamment parce qu’il libère de nombreuses enzymes et hormones, comme l’endorphine.” Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste

VRAI Bouger est antidépresseur

notamment sur le sommeil, ont un impact bénéfique sur le moral. Si tous les mécanismes neurobiologiques à l’œuvre ne sont pas entièrement identifiés, on sait qu’il ne s’agit pas que de libération d’endorphine et de dopamine. Une étude de large ampleur, menée entre 2011 et 2015 sur 1,2 million d’Américain·es, prouve ces bénéfices. Les individus qui pratiquent une activité régulière affirment connaître moins de « mauvais jours » que ceux qui ne font pas de sport. Toutes les activités sont associées à un plus grand bien-être, mais ce sont les sports d’équipe, le vélo, et le fitness qui ont le plus grand impact, à raison de 45 minutes au minimum trois fois par semaine. Besoin d’autres preuves ? L’an dernier, la Fondation américaine pour la santé mentale John W. Brick a synthétisé plus de mille études sur le sujet parues entre 1990 et 2020 : 89 % montrent les bénéfices du sport pour le bien-être ; 39 études ont montré un résultat significatif dans la lutte contre la dépression. Certaines comparent même les effets avec la prise d’antidépresseurs et une psychothérapie. Ces recherches soulignent bien sûr qu’il faut proposer une pratique encadrée par un professionnel et plutôt en groupe pour que les individus la suivent au fil du temps. L’idée que chacun est assez motivé pour créer son programme chez soi, sans coach, est donc mise à mal. LES BIENFAITS CITÉS PLUS HAUT,


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VRAI ET FAUX Il est préférable d’éviter l’exercice le soir CELA DÉPEND DE VOUS. EN FRANCE, ON ESTIME QUE 75 %

DE LA POPULATION NE BOUGE PAS ASSEZ, donc les médecins recommandent de transpirer à tout moment, peu importe l’horaire. Et la pandémie a aggravé cette statistique : 52 % des femmes déclarent pratiquer moins qu’avant la crise, en moyenne 3,2 heures par semaine contre 4,3 heures pour les hommes (selon un sondage Fédération française d’éducation physique/Ipsos réalisé en janvier dernier). Bref, la bonne heure est donc celle qui vous convient, à adapter en fonction de son état. « Si vous avez du mal à trouver le sommeil en général, c’est peu conseillé. Pour favoriser l’endormissement, mieux vaut rafraîchir la température corporelle et de revenir à un état de calme, soit l’opposé de la pratique sportive. En revanche, si vous n’avez aucun problème à dormir, il n’y a pas de contre-indication à faire du sport le soir. Pour certains, prendre une douche fraîche suffit aussi à revenir à une humeur propice au sommeil », remarque Daniel Hardelin. Faire un match ou une séance de hiit qui nécessite d’être particulièrement alerte, n’a pas le même effet qu’un footing, moins sollicitant pour le cerveau. Enfin, le meilleur moment pour s’y mettre est la fin de la matinée, car le corps connaît naturellement un pic de cortisol vers 8 h du matin. Vers 10 h, les muscles sont parfaitement échauffés et l’attention est au maximum.

VRAI Mieux vaut pratiquer le matin à jeun LE CORPS PUISE DIRECTEMENT DANS LES STOCKS DE

LIPIDES, confirment les experts. Cependant, mettez-vous en route petit à petit : d’abord une marche le premier jour, puis un footing lent le second, avant d’effectuer une course. Pensez d’abord à emporter un en-cas pour éviter les crises d’hypoglycémie, même si vous êtes habituée. « Le corps évolue de jour en jour, observe Daniel Hardelin. C’est important de l’écouter. »

FAUX Les eaux fonctionnelles ou vitaminées sont incontournables CES BOISSONS, EN GÉNÉRAL ENRICHIES EN MINÉRAUX

ET VITAMINES, SONT INUTILES, sauf situation exceptionnelle. « Les boissons isotoniques, par exemple,

qui contiennent des ions, sont justifiées en cas d’effort très long et soutenu, quand on transpire énormément. Si l’on fait un match de tennis de trois heures en plein soleil, pourquoi pas », juge Arnaud Cocaul. Si vous les aimez, vérifiez qu’elles ne sont pas trop riches en sucres. « Elles ne remplacent pas l’eau minérale », met en garde Katrin Kurz, médecin nutritionniste au Palace Merano. « Le plus important est de boire une grande quantité avant, pendant et après le sport, mais d’abord de l’eau, à raison de 1,5 litre par jour. Bien hydraté, votre corps sera en meilleur état pour absorber les bénéfices de ces boissons », explique-t-elle.

FAUX Privilégier une activité douce Après 50 ans ON DEMANDE SIMPLEMENT D’ÊTRE VIGILANT À LA DOU-

LEUR, et de faire exactement l’activité qui vous plaît. Vous pouvez continuer à faire des sprints si vous courez régulièrement, par exemple. Choisissez une activité qui muscle : on sait également qu’il est essentiel d’entretenir la masse musculaire à tous les âges, y compris chez les seniors. C’est particulièrement vrai lors de la ménopause, car avoir des muscles en bon état favorise la bonne santé osseuse, à surveiller à ce moment-là. Et après 50 ans, une visite chez le cardiologue s’impose. « Si vous vous remettez au sport sur le tard ou si vous faites de l’exercice régulièrement, faites un test d’effort chez le médecin », martèle Arnaud Cocaul. Ce conseil est valable pour les femmes, qui ont moins le réflexe de consulter pour un bilan cardiovasculaire que les hommes. Elles rattrapent pourtant les hommes dans les statistiques, notamment car elles fument autant qu’eux. Les symptômes féminins peuvent aussi être différents de ceux que l’on reconnaît (mieux) chez les hommes.

FAUX Moins pratiquer si l’on est végan·e “I L FAUT PLUTÔT S U PPLÉ M E NTE R LE S CAR E N CE S,

notamment en vitamine B12, mais sinon il y a aucun problème pour faire du sport en étant végan à l’âge adulte. À l’adolescence, en revanche, soyez plus vigilant·e », rappelle Arnaud Cocaul. D’ailleurs, plusieurs athlètes de très haut niveau sont végan·es, dont Venus Williams. La nutritionniste Katrin Kurz suggère tout de même de faire des points espacés avec un professionnel pour vérifier que l’apport en protéines est constant et assez élevé. Quant aux suppléments hyper-protéinés, qui tentent de se glamouriser, ils sont inutiles. « À réserver aux personnes qui ont un objectif de prise (ou de perte) de masse musculaire et veulent maî tri s er préci s émen t leur c ons ommation. Mais ils n’ont pas d’intérêt particulier pour la santé », note Mickael Carcaud, coach sportif ••• (@mickael.carcaud sur Instagram).


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FAUX Certains sports sont déconseillés aux femmes

par la douleur

IL Y A DES DÉCENNIES, ON EXCLUAIT LES FEMMES DE

LES COURBATURES DE REPRISE SONT ABSOLUMENT

CERTAINES DISCIPLINES, mais ce n’est heureusement

Assistante stylisme Agathe Gire. Mannequin Ingrid Medeiros/Milk Management. Casting Nicolas Bianciotto/ IKKI. Coiffure Anne Sofie Begtrup/Wise & Talented. Maquillage Tiina Roivainen/Airport Agency. Manucure Adrienne Soter/B. Agency. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto, Florent Norcereau, Margot Bootz et Manon Benoiston.

plus le cas. On propose d’adapter l’équipement quand c’est nécessaire (par exemple, la selle d’un vélo). « J’entraîne les hommes et les femmes exactement de la même manière, confirme Mickael Carcaud. Je modifie parfois les charges à soulever. En salle, traditionnellement, on voit plus d’hommes sur les plateaux de musculation et plus de femmes dans les cours collectifs, mais cet écart est en train de diminuer. Les salles mettent à disposition des machines plus adaptées à ce que recherchent les clientes, pour travailler l’ensemble du corps, et mettent plus de coachs à disposition pour qu’elles se sentent à l’aise, sans subir un regard masculin. La jeune génération a changé : on voit de plus en plus de femmes vingtenaires utiliser des machines. À l’inverse, des hommes plus âgés se mettent aux cours collectifs. »

VRAI Une marche rapide suffit

LES MÉDECINS PRÉCONISENT TRENTE MINUTES « d’activité physique dynamique » par jour. « Cela inclut le jardinage, le ménage, ou la marche », rappelle Daniel Hardelin. À condition de faire augmenter le rythme cardiaque. Le signe qui aide à doser l’intensité : se retrouver à la limite de l’essoufflement. On peut continuer à avoir une conversation, mais la respiration change. Une balade lente ne compte pas, donc, mais une marche rapide, oui. En revanche, en cas de pic de pollution, l’Ademe – agence pour la transition écologique – rappelle de reporter toute activité physique intense, à l’intérieur comme à l’extérieur.

VRAI ET FAUX L’efficacité passe

N O R M A L E S : même les grands sp or tifs les connaissent après une interruption. En revanche, pour le reste, les médecins sont plus flous. « La pratique fait un peu mal quand on débute, mais la douleur devient minime ensuite. Adaptez l’intensité de manière progressive : passez de quinze à trente secondes de gainage en plusieurs mois, et faites beaucoup de pauses pendant les séries d’exercice, squats ou abdos », suggère Arnaud Cocaul. Bref, la douleur est surtout présente car on a tendance à forcer, dans le but de modifier la silhouette, se dépasser, ou progresser. Vous pouvez aussi décider de maintenir votre niveau sportif sans évoluer.

FAUX Une heure de sport par semaine est égale à deux fois trente minutes

SEULE LA FRÉQUENCE PRIME. « C’est prouvé scientifiquement : la clé d’une bonne santé est vraiment la régularité, affirme Daniel Hardelin. Mieux vaut trente minutes de sport deux fois dans la semaine qu’une heure le dimanche. Pire : si on fait une activité – même très intense – une fois par semaine et que le reste du temps on reste chez soi assis à son bureau, on est considéré comme sédentaire », assène-t-il (mais c’est toujours mieux que rien).

VRAI ET FAUX Aller travailler en vélo électrique, ça compte

E N CAS D’ASS I STANCE É LECTR IQU E MAXI MALE, les effets sur la santé sont probablement minimes. « Cela reste positif pour entraîner les articulations et réchauffer les muscles, nuance Daniel Hardelin. On suggère d’utiliser l’assistance minimum du vélo afin d’effectuer un effort de façon continue. L’idéal serait de vérifier avec une montre connectée, ou un coach, si la fréquence cardiaque augmente pendant le trajet. Observez également si vous êtes à la limite de l’essoufflement. »

VRAI Trop de sport peut être néfaste SI VOUS VOUS ENTRAÎNEZ BLESSÉ·E, VOUS ÊTES ÉVI-

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1. Bouteille en verre 600ml de Waterdrop, € 26,90 €. 2. Post.Workout 15% d’huile CBG [10] + CBN [5] de Ganō Care, 89 €. 3. Déodorant Happy Day au magnésium de Foamie, 7,95 €. 4. Tapis de yoga avec motif étoilé de Doiy, 45 €, sur asadventure. com. 5. Good Mood Beetroot Blend mélange d’épices de Stirr, 15,90 € pour 150 gr. 6. Gel 2-en-1 corps et cheveux de Rituals, 3,90 €. 7. Casque sans fil WH-1000XM5 de Sony, 381 €.

DEMMENT DANS L’EXCÈS. Mais certains vont plus loin : « Une activité sportive intense trois fois par semaine suffit, analyse Arnaud Cocaul. Quotidiennement, cela peut être très mauvais, car il y a un risque d’abîmer les cellules musculaires. » Le temps de repos reste tout aussi important. « La récupération fait partie intégrante du travail, confirme Mickael Carcaud. Si vous souhaitez vous entraîner plusieurs fois d’affilée, alternez des séances différentes : un jour cardio, un jour renforcement musculaire, puis repos. »


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BEAUTÉ

LA SÉLECTION DE LA RÉDACTRICE

CONFIDENCES

Des produits cultes aux updates de classiques iconiques, notre rédactrice beauté vous propose chaque mois un aperçu des nouveautés à ne pas manquer.

RÉJOUISSANCES

Prada lance un nouveau parfum! Avec des accords dominants de néroli et de jasmin, Paradoxe est, selon la maison italienne, une fragrance pour les femmes anticonformistes à laquelle je m’identifie parfaitement. (Tout comme à l’ensemble de la collection automne de Miuccia Prada et de Raf Simons.) Eau de Parfum Paradoxe de Prada, 72 € pour 30 ml.

Par Kim de Craene FINI LE STRESS

Oui, même mon cuir chevelu souffre parfois de stress. C’est pourquoi un gommage à l’argile s’impose une fois par semaine. Car un cuir chevelu sain signifie des cheveux doux et brillants, qui poussent plus vite. Terre Précieuse Perle Cuir chevelu à ressourcer Phytodess, 28,50 € pour 200 ml.

Kim De Craene, journaliste beauté.

MON NUMÉRO UN

Passionnée de luxe et de durabilité, je ne peux que me réjouir du succès de N°1 de Chanel, la ligne de clean beauty de la maison française qui s’étoffe avec l’Essence Lotion Revitalisante et le Sérum-en-Brume Corps Revitalisant.

Sérum-en-Brume Corps Revitalisant de Chanel, 78 € pour 50 ml.

ARRIÈRE-SAISON

Les vernis à ongles de Karolin van Loon nous aident à prolonger l’ambiance estivale. Des nuances telles que le jaune soleil, le bleu profond, le violet lavande et le vert gris font rêver de soleil, de mer et de plage. Pour un retour en douceur et en beauté au bureau. Également sur ma wish-list, mais un peu plus chère qu’un flacon de vernis à ongles : une bague ornée d’une agate unique et de perles des mers du Sud, à assortir à une manucure colorée. Vernis à ongles Karolin Van Loon, 22 € pour 15 ml. Bague à partir de 990 €.

5 Couleurs Couture Reflexion de Dior, 70,37 €.

LIVRE DE CHEVET

Cet objet collector rassemble, sur plus de 500 pages, la sagesse ancienne, des recettes et des poèmes inspirants, ainsi que des exercices de méditation. Le livre est lourd (pas facile de le manipuler au lit), mais il offre matière à réflexion. The Art of Soulful Living de Rituals, 89,90 €.

EVA THURMAN. PRESSE.

Évasion

Le Belge Peter Philips, directeur créatif du maquillage Dior, sait mieux que quiconque comment souligner la beauté des femmes. Il a créé deux palettes de fards à paupières avec le rouge comme couleur centrale : la discrète Mirror Mirror et l’intense Reflexion, ma préférée. Pour un automne rempli de puissance, de passion et de plaisir.


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L’EXFOLIANT TESTÉ ET (AP)PROUVÉ

Les dermatologues et les esthéticiennes ne jurent que par une exfoliation régulière pour libérer la peau terne des cellules mortes. Un exfoliant est donc un must dans votre routine de soin. Une fois rincé à l’eau tiède, il laisse le teint radieux. Du moins, c’est ce que promettent les marques. Par Kim de Craene

SKIN PERFECTING 2% BHA LOTION EXFOLIANTE DE PAULA’S CHOICE, 57 € pour 236 ml.

GOMMAGE VISAGE ÉCLAT DE SOTHYS, 38 € pour 50 ml.

T.L.C. SUKARI BABYFACIAL DE DRUNK ELEPHANT, 76 € pour 50 ml.

MASQUE EXFOLIANT ENZYMATIQUE DE SISLEY, 102 € pour 40 ml.

★★★★☆

★★★☆☆

★★☆☆☆

★★★★☆

TIMON VAN MECHELEN, RÉDACTEUR EN CHEF

KIM DE CRAENE, RÉDACTRICE BEAUTÉ ET MODE

MARGO VERHASSELT, RÉDACTRICE EN CHEF WEB NL

ELSPETH JENKINS, RESPONSABLE MODE ET STYLE

POURQUOI ? « C’est le bestseller de la marque, avec plus d’un produit vendu chaque minute dans le monde. Cet exfoliant est loué pour sa formule révolutionnaire à base de 2% d’acide salicylique, et ce, sans irriter la peau. »

POURQUOI ? « Un peu de nature dans la salle de bains, promet Organics, la nouvelle ligne de Sothys. La marque française, connue pour ses soins en spa, ne parle pas de plantes d’intérieur, mais de quatre produits de soin biologiques et véganes. J’aime particulièrement la mention toutes peaux même sensibles sur les tubes. J’ai une peau réactive et les exfoliants sont souvent trop abrasifs. »

POURQUOI ? « De temps en temps, un produit débarque sur le marché et suscite un véritable engouement qui finit généralement par s’estomper. Mais pas pour cet exfoliant. La raison de son statut de culte ? La combinaison de 25% d’AHA et de 2% de BHA aide à débarrasser la peau des cellules mortes et convient à pratiquement tous les types de peau. »

PRESSE.

INCONVÉNIENTS ? « Sa formule relativement douce convient à un usage quotidien. Mais je ne remarque une différence qu’après quelques semaines d’utilisation. Il est difficile à doser, j’utilise souvent trop de produit et le flacon se vide rapidement. Celui-ci est en plastique : un mauvais point pour le portefeuille et la planète. » APPROUVÉ ? « Je comprends pourquoi ce produit est si populaire ! Après deux mois d’utilisation, j’ai beaucoup moins de points noirs sur le nez, mon teint est plus uniforme et moins terne. Mais l’aspect le plus positif, c’est cette sensation de fraîcheur. Lorsque j’applique une crème dans la foulée, j’ai l’impression que ma peau l’absorbe mieux. »

INCONVÉNIENTS ? « J’applique

l’exfoliant – alliant pépins de framboise, riz de Camargue et sève de bouleau – deux fois par semaine, mais mon teint n’est pas complètement lisse et éclatant. Les taches et les imperfections restent visibles. Le produit est peut-être trop léger. » APPROUVÉ ? « Le masque est agréable, facile à utiliser et suffisamment granuleux pour rendre ma peau douce et propre. Je n’obtiens néanmoins pas l’effet peau de pêche. Mais ma peau n’est ni rouge ni irritée après l’utilisation, ce qui est déjà une expérience unique en soi. »

INCONVÉNIENTS ? « La formule est très puissante. Selon les instructions, on applique le soin une fois par semaine seulement et on le laisse agir jusqu’à 20 minutes. Mais c’est – surtout au début – très long. Et le produit est parfois difficile à doser. » APPROUVÉ ? « Le nom Babyfacial est très approprié : ma peau est radieuse, uniforme et douce comme celle d’un bébé après quelques utilisations. Mon conseil ? Commencez par un soin hebdomadaire de 10 minutes et augmentez progressivement le temps de pose. »

POURQUOI ? « Comme son nom l’indique, ce produit est un croisement entre un gommage, un masque et un exfoliant. Il promet une double action : exfolier et améliorer l’éclat. Les cellules mortes sont éliminées, la peau est souple et veloutée. » INCONVÉNIENTS ? « C’est une poudre. Il faut en prélever une cuillère à café et la mélanger avec un peu d’eau pour obtenir une mousse crémeuse à ne laisser agir qu’une minute sur le visage. Malgré le temps de pose très court, et donc pratique, il n’est pas facile de déterminer la bonne quantité de poudre. Je ne veux pas gaspiller ce produit précieux. » APPROUVÉ ? « Cet exfoliant tient ses promesses. J’ai une peau sensible, donc un gommage en grains est souvent trop agressif. Ma peau est douce après quelques utilisations et mes pores sont visiblement resserrés après plusieurs semaines. »


Actu des marques Page réalisée par le service commercial

VILLA M

JIMMY CHOO

Imaginez une villa Médicis tournée vers l’humain, le bien-être et le bien-vivre. Un lieu hybride, un havre holistique pour prendre soin de soi, s’amuser, partager, rêver. Villa M, c’est à la fois un hôtel, un restaurant, un club de boxe et de fitness, un espace de prévention et de soins, un centre de formation et de conférences, des espaces de travail et de co-working et un showroom innovation. Un lieu inédit dont la conception architecturale et la direction artistique ont été confiées à Philippe Starck, les espaces d’hospitalité étant animés par Paris Society groupe. The place to be à Paris !

La ligne Jimmy Choo Man étend une nouvelle fois sa gamme avec le lancement de Jimmy Choo Man Aqua. Fragrance éclatante et rafraîchissante, inspirée d’une brise marine élégante ultra-masculine, qui ouvre un chapitre inédit et audacieux dans l’histoire de Jimmy Choo Man. Une eau de toilette marine boisée aux accents de bords de mer vivifiants, créée par les parfumeurs Paul Guerlain et Julien Rasquinet. Vif comme l’écume de mer, frais comme la brise iodée, revitalisant comme une matinée de surf. Puissant!

CARPE DIEM

HOMMAGE À L’ÉTÉ

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STOKKE

TUDOR

Tripp Trapp® fête ses 50 ans ! Des millions d’enfants ont pu profiter du confort d’assise de cette chaise design unique, qui grandit avec le bébé. Un incontournable scandinave revisité dans une édition spéciale anniversaire lancée par Stokke®. En bois de frêne et artisanales, ces versions exclusives auront chacune leur propre numéro et logo d’anniversaire gravé au laser, à la manière d’une œuvre d’art. Des pièces iconiques à se transmettre de génération en génération !

À l’occasion du 70e anniversaire de la British North Greenland Expedition, Tudor présente le modèle Ranger, une montreoutil empreinte de l’esprit de cette épopée extraordinaire, avec Calibre Manufacture MT5402, diamètre de 39 millimètres et fermoir à ajustage rapide. C’est l’esprit d’aventure des pionniers de l’exploration extrême que la dernière-née de la lignée Ranger de TUDOR célèbre : technologie horlogère de pointe et esthétique historique. Mythique !

UNE CHAISE POUR LA VIE

FÉMINITÉ À L’ÉTAT PUR

C’est une fragrance romantique et élégante, ode à la femme moderne, à la fois sophistiquée, sensuelle et puissante. Comme pour le célèbre sac Alibi d’Oscar de la Renta, la même attention aux détails, la même minutie ont été accordées au design du flacon. Une silhouette structurée, intemporelle, accentuée par un fermoir couleur or rose, comme celui qui orne l’it bag iconique. La délicate couleur blush du jus souligne à merveille le graphisme du flacon à l’élégance affirmée. Un magnifique hymne à la femme. Alibi Eau de Toilette 100 ml - 85 € 50 ml - 65 € 30 ml - 45 € April, Inno et parfumeries indépendantes

Tripp Trapp® Ash Mixed (269 €), 15.000 places numérotées, Tripp Trapp® Ash White (269 €), 3.000 chaises numérotées - stokke.com

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AUTHENTIC BEAUTY CONCEPT BLONDEUR MAGNIFIÉE

Parce que le cheveu blond demande une attention très particulière, le nouveau Bain Cool Glow complète la gamme très appréciée de produits premium, vegan (enregistrés auprès de The Vegan Society™) et certifiés Peta, de soins capillaires « Glow », spécialement développée pour améliorer la brillance naturelle et la tenue de la couleur des cheveux colorés. La marque premium holistique et engagée Authentic Beauty Concept complète ainsi son offre porteuse de valeurs fortes qui font plus que jamais sens. Bain Cool Glow 300 ml, Prix recommandé 300ml 29.60 € authenticbeautyconcept.fr

PRESSE. AURÉLIA DEJOND.

OSCAR DE LA RENTA

AVENTURIÈRE DANS L’ÂME


BEAUTÉ

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LES FONDAMENTAUX DE

ELS PYNOO Rester immobile pendant plusieurs heures chez le coiffeur et s’occuper des animaux de la ferme pour garder la forme. Rencontre avec Els Pynoo, la frontwoman du groupe Vive la Fête, à propos de ses rituels beauté et produits fétiches. Par Kim De Craene

À QUELLE HEURE VOUS LEVEZVOUS LE MATIN ?

« Je suis debout à 7 heures, je me rafraîchis et m’habille. Je bois deux verres d’eau puis je sors. J’ai quelques petits animaux de la ferme, des chevaux et des poneys dont il faut s’occuper. L’air extérieur fait des merveilles et m’aide à bien démarrer la journée. » VOUS ARRIVE-T-IL DE METTRE LE NEZ DEHORS SANS MAQUILLAGE ?

« Je ne porte pas de make-up pour rester à la maison ou aller faire les courses. Mais j’aime me maquiller. Ça fait du bien de prendre soin de soi et de se sentir belle. » COMMENT PRENEZ-VOUS SOIN DE VOTRE PEAU ?

3 Favoris « Un merveilleux sérum qui apaise et détend instantanément. »

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Le Concentré de La Mer, 350 € pour 30 ml.

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« Un lait pour le corps pailleté au parfum addictif, qui hydrate et nourrit instantanément. » Fluide hydratant pailleté Black Opium pour le corps d’Yves Saint Laurent, 65 € pour 200 ml.

« Je n’utilise pas de savon pour me laver le visage. Je le rince simplement à l’eau, plusieurs fois par jour. Ensuite, j’applique une crème de jour. J’alterne les marques : sur ma coiffeuse, on trouve Or Rouge, un soin hydratant d’YSL, et Age Perfect de L’Oréal. J’ai la peau sèche, alors en été, j’utilise une brume pour le visage. En hiver, j’applique un sérum qui apporte une protection supplémentaire. » VOUS PRATIQUEZ UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE ?

« Je vis dans une ferme avec des animaux, qui requièrent toute mon attention. Je suis constamment en mouvement, ça m’aide à garder la forme. J’ai un tapis de course, mais je ne m’y adonne certainement pas tous les jours. » VOUS SUIVEZ UN RÉGIME STRICT ?

« Je ne mange que quand j’ai

faim. J’ai une alimentation saine et j’écoute les besoins de mon corps. Je ne saute jamais le petit-déjeuner : il m’apporte de l’énergie pour toute la journée. La faim ne se fait à nouveau sentir que vers 18 heures. Il m’arrive de supprimer le pain, les pâtes et le riz pendant plusieurs semaines au profit des produits laitiers, légumes, fruits et noix. Ou d’arrêter un moment l’alcool et le café. Je me sens regonflée à bloc après ce genre de détox. Mais je ne serais pas capable d’être au régime en permanence. » CONSACREZ-VOUS BEAUCOUP DE TEMPS ET D’ARGENT AUX SOINS CAPILLAIRES ?

« Je fais une coloration toutes les 6 à 8 semaines. Parfois, j’hésite car ça prend plusieurs heures et je n’ai pas l’habitude de rester assise si longtemps. Mais je suis toujours contente en sortant. Être bien coiffée, ça me booste. » QUE SIGNIFIE L’ÂGE POUR VOUS ?

« Un jour j’accepte de vieillir, le lendemain je trouve ça affreux. L’idée que tant de choses sont passées et ne reviendront pas est assez triste. Voir son corps s’affaiblir est également difficile. Vieillir n’est pas agréable, mais j’essaie d’y voir une certaine beauté et d’être en paix avec moi-même. » QUELLES SONT LES ODEURS QUI VOUS REPLONGENT DIRECTEMENT DANS VOTRE ENFANCE ?

« Nous partions chaque année en famille à Altea en Espagne. Nous louions une maison au milieu des orangers. Je me souviendrai toute ma vie de cette odeur. Tout comme le parfum du savon Sunlight, avec lequel on me lavait quand j’étais petite. » LA PLUS BELLE FEMME QUE VOUS AYEZ JAMAIS RENCONTRÉE ?

« J’ai rencontré Jane Birkin il y a vingt ans, je l’ai trouvée magnifique. Elle était douce et sympathique, ce qui complétait le tableau. » À QUOI VOULEZ-VOUS RESSEMBLER À 70 ANS ?

« J’espère être en bonne santé et avoir un look naturel, avec de longs cheveux poivre et sel en chignon. »


x Lynk & co

LA VOITURE DE DEMAIN Lynk & Co n’est pas un constructeur automobile comme les autres. Il propose trois formules pour profiter de sa luxeuse hybride 01 entièrement équipée de série: la location, l’achat et l’abonnement. De quoi jeter les bases d’une nouvelle mobilité verte.


Tout le monde est conscient de la nécessité de consommer autrement et de se déplacer de manière plus durable. En moyenne, un véhicule n’est utilisé que 4 % du temps et donc à l’arrêt les 96 autres %. Il est donc urgent de réfléchir à la façon d’optimiser l’utilisation des voitures en circulation. C’est ce qu’a fait Lynk & Co, une entreprise innovante qui offre une solution de mobilité adaptée à chaque besoin. ADHÉSION MENSUELLE

L’abonnement mensuel résiliable de Lynk & Co est parfait pour conjuguer mobilité et flexibilité. On dispose d’un véhicule en parfait état sans devoir se soucier de l’entretien, l’assurance et la taxe de circulation qui sont inclus. Quand un entretien est planifié, l’utilisateur reçoit un message. Le véhicule est enlevé à son domicile puis ramené après son passage au garage.

GETTYIMAGES. PERS.

COMMUNAUTÉ

Les membres de Lynk & Co ne profitent pas seulement d’une voiture. Ils peuvent utiliser la plateforme de partage conviviale du constructeur pour louer une 01 ou mettre la leur à disposition. Rien n’empêche de devenir membre sans voiture, auquel cas on ne paie que la location effective. L’abonné ou le propriétaire d’une 01 peut gagner (ou récupérer) de l’argent en partageant sa voiture avec des amis et des membres de sa famille ou de la communauté Lynk & Co. Les membres (présents et futurs) sont accueillis à bras ouverts au Club Lynk & Co

d’Anvers. Un lieu de rencontre où déguster un café mais aussi de coworking, ainsi qu’un espace événementiel inspirant où des partenaires locaux sont mis à l’honneur chaque semaine dans le cadre d’ateliers cocktails, de concerts, de séance de yoga et bien plus encore. STYLE ET CONFORT SUR LA ROUTE

Quelle que soit la formule choisie, la 01 garantit une expérience de conduite hors pair grâce à ses options pratiques : sièges chauffants, zone de chargement sans fil pour smartphones, compatibilité Apple CarPlay et Android Auto. Cette hybride plug-in tendance offre en outre une autonomie de 69 km en mode électrique et un intérieur esthétique à coups de sièges en Econyl, volant en cuir et toit panoramique. Disponible en noir et en bleu, ce modèle révolutionnaire est proposé à la location pour 550 € par mois ou à la vente à partir de 42.000 €. En cassant les codes de la concession automobile traditionnelle, Lynk & Co favorise une expérience d’achat agréable et sans tracas. Pas de stress non plus puisque toutes les options sont incluses et que le seul choix porte sur la couleur.

Cet article a été réalisé en étroite collaboration avec Lynk & co. lynkco.com/nl-be


INSPIRATIONS

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STYLE

LIFESTYLE

FOOD

Hendrik Dierendonck, rockstar belge de la viande Celui qui a rendu à la viande ses lettres de noblesse a la passion du bon produit dans son ADN. Son credo : moins, mais mieux. Avec la volonté de ré-inculquer le terroir et de sauvegarder le patrimoine régional. Portrait d’un boucher par comme les autres.

KAREL DUERINCKX.

Par Aurélia Dejond


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Il parle avec fougue et met en appétit. Biberonné au bien-manger, sa vocation est née à l’âge de quatre ans. « Mes parents étaient bouchers et m’ont éduqué au bien-manger, à l’importance de la traçabilité et du local, au bonheur de rencontrer les producteurs et de s’intéresser à l’his toire derrière chaque produi t consommé. Du champ à l’assiette, savoir ce que l’on mange a toujours été une évidence pour moi ». Le ton est donné, le décor, planté. La philosophie de cet artisan convaincu ? La transparence. Pourtant, il n’a pas toujours été encouragé ou compris par ses pairs. « Réhabiliter le morceau de viande en vitrine a étonné. On me conseillait plutôt de cacher les animaux morts. Or, pour moi, la transparence, c’est la confiance, le fruit d’un travail honnête et fascinant. Dédiaboliser le steak dans l’esprit de ceux qui ont peur de la malbouffe, c’était un

parti pris auquel je tenais plus que tout », sourit le quadragénaire au savoir-faire internationalement reconnu, au point d’avoir fait de la viande un produit aussi convoité qu’un vin millésimé. L’UNE DE SES FIERTÉS ? Avoir fait renaître la fameuse Rouge des Flandres parmi les viandes qu’il travaille, quasiment reléguée au rang de race en voie de disparition. « Elle fait partie du patrimoine belge flamand. Ressusciter le terroir, réintroduire un produit de chez nous dans nos assiettes, c’était un vrai défi que je suis très fier d’avoir relevé. Sensibiliser les mentalités aux circuits courts, cela fait partie intégrante de mon métier. Populariser le made in Belgium est une vraie valeur ajoutée, c’est un retour à l’authentique auquel je crois profondément, faire de la pédagogie est essentiel pour (ré)éduquer à la slow food ».

De l’artisan ou de l’artiste, on ne sait quelle facette on préfère chez Hendrik Dierendonk. Sans oublier son amour de la transmission. « Conscientiser mes apprentis bouchers à l’histoire de la bête qu’ils vont travailler, aussi bien que les former à la technique, c’est partager un savoir-faire dans son intégralité. Pas question de découper une viande que l’on ne connaît pas. Un bon boucher est aussi un acteur de la transition écologique, on ne peut plus se permettre de rester spectateur. La démarche green va de soi. C’est porter sa pierre à l’édifice en matière d’environnement et de sauvegarde de la planète ». Et le res t au ra n t C a rca s s e de ce consom’acteur averti a d’ailleurs été classé à la huitième place des « 101 meilleurs restaurants de steaks au monde ». Preuve que la viande n’a pas dit son dernier mot ! dierendonck.be. carcasse.be

SON TARTARE DE VEAU Les ingrédients

120 g de veau coupé à la main, huile d’olive, poivre et sel, 1 citron vert, 1 bouquet de radis, 2 cœurs de sucrine, fleur de sel, feuilles de moutarde rouge, 1 citron. Crème de raifort

1 petit pot de pâte de raifort, mayonnaise (de préférence faite maison - voir ci-dessous), huile de pépin de raisin. La recette ultime

Assaisonnez le tartare de veau coupé à la main avec de l’huile d’olive, du sel et du poivre, du zeste de citron vert et de citron jaune. Lavez les radis, coupez-les dans la longueur et placez-les dans l’eau glacée. Coupez les cœurs de sucrine en deux et assaisonnez-les avec de la fleur de sel, du poivre et quelques gouttes d’huile d’olive. Pour la crème de raifort, placez la mayonnaise et la pâte de raifort

dans un mixeur, montez-les avec de l’huile de pépins de raisin. Mettez dans une poche à douille. Dressez le tartare, sur les cœurs de sucrine, ajoutez quelques pointes de crème de raifort, terminez en plaçant les morceaux de radis, la feuille de moutarde rouge et le zeste de citron. Recette de base pour la mayonnaise fraiche

20 g de blanc d’oeuf, 25 g de vinaigre à sushi, jus d’un citron vert, 1 pincée de xantana, 1 cuillère à soupe de moutarde, une pincée de sel, un peu d’eau glacée, 800 g d’huile de pépin de raisin. Placez tout dans un récipient haut, sauf l’huile de pépin de raisin. Mixez quelques secondes à l’aide d’un mixeur plongeur. Mixez en rajoutant progressivement l’huile de pépin de raisin jusqu’à obtenir une texture soyeuse et épaisse.


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STYLE

LIFESTYLE

Accès V.I.P. au Château de Saran À deux pas du village de Chouilly, en Champagne, avec une vue panoramique sur les vignobles environnants, le Château de Saran a retrouvé, ces dernières années, son lustre d’antan. C’est le studio d’architecture parisien Atelier Cos qui a orchestré cette rénovation de grande ampleur, aux côtés du paysagiste belge Peter Wirtz et du décorateur Yves de Marseille. Le château, propriété du conglomérat français de l’industrie du luxe LVMH, auquel appartient Moët & Chandon, a été la résidence d’été de la famille Mo ët des années 1 9 20 jusqu’au terme de la Seconde Guerre mondiale. Un lieu où les fêtes les plus exclusives étaient organisées pour des invités triés sur le volet. Une tradition qui se perpétue encore de nos jours.

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À moins de figurer parmi les plus grands amateurs de champagne au monde ou les amis personnels de Bernard Arnault, vous ne pourrez pas y séjourner. Le Château de Saran n’ouvre ses portes qu’aux politiques de haut vol, hommes et femmes d’affaires, célébrités et meilleurs clients de Moët & Chandon pour s’y détendre et se distraire dans la plus stricte intimité. Visite exclusive des coulisses. Par Margo Verhasselt

PRESSE.

NI MINIBAR, NI TÉLÉ

Chacune des onze suites raconte un pan de l’histoire du label champenois. Ainsi, la suite Impériale est une ode à l’amitié qui liait Jean-Rémy Moët et Napoléon. Une autre chambre transporte ses hôtes dans les années folles. Nous avons séjourné dans la suite hommage à Christian Dior, qui se fond dans une palette de gris, et pris un bain dans une baignoire en marbre de la taille de notre rédaction… Installés dans le fauteuil Médaillon style Louis XVI, on s’est imprégnés du parfum frais du muguet, porte-bonheur du couturier français. Les murs sont ornés de photos originales du créateur, immortalisé en train de dessiner ou en compagnie de sa muse Victoire de Castellane, qui confèrent à la suite une touche personnelle et intimiste. Autre caractéristique exclusive du château, on ne trouve ni minibar, ni télévision ni même clé dans les chambres. Pour parler comme le slogan Dior : j’adore !


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1. Vue sur le grand salon. 2. La façade nord du château. 3. La chambre de Christian Dior. 4. Le salon de dégustation.

5. Le hall de nuit. 6. La cheminée de style Empire du grand salon. 7. Champagne, santé !

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FABRICE DEBATTY.

FÊTE PÉTILLANTE

La réouverture de ce bijou architectural, en 2019, avait notamment réuni Kate Moss, Uma Thurman, Roger Federer et Nathalie Por tman. Ils étaient arrivés en Champagne à bord de l’Orient-Express pour assister à un dîner exceptionnel concocté par le célèbre chef Yannick Alléno. Et comme d’habitude, ici, les convives ont pu goûter à quelques crus parmi les meilleurs. Le tout agrémenté d’une fontaine de champagne, que nous avons également pu découvrir lors de notre visite. Preuve que, depuis toujours, la maison sait recevoir.



PUBLI-COMMUNIQUÉ

MATHIEU SOULAS :

CÉLINE BLANCHE :

L’artiste horloger

Découvrez les "Cocons de coiffure" Céline Ventura, Jean-Charles De La Faille et leurs associés ont imaginé le salon de coiffure et de détente nouvelle génération. Prenez place dans l'un des espaces privatifs -des cocons duos, mère fille ou amies, par exemple, sont également disponibles-, un verre de thé personnalisé Céline Blanche à la main, et laissez-vous choyer par les coloristes et coiffeurs experts maison. Le premier salon Céline Blanche, utilise ses propres gammes de produits capillaires (végétales exclusives), ainsi que les marques professionnelles Nook et Tokio Inkarami. Massage crânien aux huiles essentielles, balayage signature, draping colorimétrie... Une expérience dont vous ne pourrez plus vous passer !

Vous n’entrerez pas chez « Heure et Or » comme dans n’importe quelle bijouterie ! C’est un espace du savoir faire artisanal où vous serez accueillis chaleureusement et en toute décontraction par Mathieu et son épouse pour vous guider dans vos recherches et selon vos désirs, sans calcul et en toute sincérité. Mathieu diplômé en bijouterie, est intarissable sur son métier-passion. Spécialiste de la réparation des montres, il vous offre un travail de qualité dans les règles de l’art. Chez lui, que du « haut de gamme », avec des exclusivités dont il garde le secret ! Parmi les fournisseurs, entre autres, Tissot, Montblanc, Baume & Mercier…, une sélection de produits bien conçus : montres, colliers, bagues, pendentifs, alliances, petite maroquinerie… vous n’aurez que l’embarras du choix ! Heure et Or est idéalement placée à coté du parking de la halle.

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Rue de la clef,1 7000 Mons - Mail : contact@heure-et-or.be Tél. 00.32.65.56.96.25 - www.heure-et-or.be

Place Jean Vanderbecken 5-6, 1332 Rixensart Tél. +32.26.73.48.61 - www.céline-blanche.com

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une protection optimum, une belle luminosité et une bonne ventilation. Un accompagnement personnalisé vous aidera à trouver la solution idéale pour une protection discrète et durable à travers une gamme étendue de cadres en alu, de modèles plissés ou enroulables et un grand choix de toiles en nylon: gris standard, noir « clearview » ou encore en fibre de verre « petscreen » plus résistante aux assauts des animaux domestiques, leur permettant d’aller et venir en toute liberté grâce à un système de chatière. De la conception à la pose, vous bénéficierez d’un service de qualité vous assurant un équipemen, pérenne, facile à utiliser pour des jours et des nuits en toute sérénité..

Gérald Semet - Av Bois Jacob,6 - La Hulpe 61 Tél : 00.32.47.95.21.414 - Mail : info@moustikr.be Facebook - Instagram PAGES RÉALISÉES PAR OSEZ LE CENTRE VILLE


La Mahaha hahah aha haha haha haha haha hahatinale Le plein de bonne humeur avec Sandrine Dans du lundi au vendredi de 7h à 9h

Vos meilleurs moments


LIFESTYLE

Balance 24.9 – 23.10

ÉMOTIONS Après un début de

mois un peu popote, Vénus va injecter une dose de glamour et de séduction à vos amours. Une chose est sûre : il y a de la rencontre dans l’air (dès le 12). AMBITION Le ciel crée des conditions favorables à l’expression créative et l’affirmation personnelle. Un projet collectif va se révéler motivant (à partir du 21).

Scorpion 24.10 – 22.11

ÉMOTIONS Le début du mois pourrait réveiller des tensions dans une relation. Vénus allégera l’atmosphère à partir du 12. Ce qui fonctionne : le dialogue. AMBITION Grâce à Mercure, votre esprit carbure, vos idées séduisent et négocier devient un jeu d’enfant. Mais attendez la seconde quinzaine si vous devez prendre une décision importante.

Sagittaire 23.11 – 21.12

Par Carole Vaillant

ÉMOTIONS Vénus et Mars insufflent un nouvel élan à l’amour et au désir. Comptez sur une dynamique cœur-esprit avec l’autre et sur des possibilités de rencontre dès le 12. AMBITION Un courant dynamique vous permet toutes les audaces. Une bonne période pour relever de nouveaux défis et obtenir la reconnaissance attendue.

Capricorne 22.12 – 20.1

VIERGE

24.8 – 23.9

Amour rime avec projets, partage et complicité intellectuelle. À deux, le dialogue sera un vecteur de changement. En solo, un ex pourrait se manifester (vers le 15).

GETTYIMAGES.

ÉMOTIONS

AMBITION Misez sur un contexte dynamique et propice à la communication. C’est le bon moment pour proposer vos idées ou vous exprimer sur les sujets qui vous tiennent à cœur.

ÉMOTIONS Grâce à Vénus et Mercure, vos amours ont de l’esprit et les mots nourrissent l’érotisme. Des échanges amorcés comme un jeu vont devenir addictifs. Au top : le sexe. AMBITION Le ciel multiplie les ouvertures et les opportunités. Soyez réactive et disponible au changement, car tout peut aller vite. À valoriser : votre créativité et votre sens de l’humain.

Verseau 21.1 – 18.2

ÉMOTIONS Vénus ouvre la voie aux rencontres et aux rapprochements. Quelqu’un vous aidera à croire en votre pouvoir de séduction, mais le début de mois est un peu orageux. AMBITION Comptez sur des enjeux stimulants, avec pas mal de pression en début de mois. Tenez bon, car Mars va vous donner les moyens de mettre tout le monde d’accord à partir du 21.

Poissons 19.2 – 20.3

ÉMOTIONS Votre vie sentimentale est en pleine effervescence. En quête de l’amour ? Le moment est idéal pour une nouvelle histoire. À deux, vous êtes au top. AMBITION Mercure encourage

STYLE

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les contacts avec le monde extérieur, vos rencontres vont vous ouvrir à de nouvelles options. À anticiper : un climat plus tendu et de possibles rivalités à partir du 21.

Bélier 21.3 – 21.4

ÉMOTIONS Ce mois-ci, Vénus et Jupiter vous offrent une version améliorée de la vie et de l’amour. En duo ou en solo, comptez sur un nouvel élan et des frissons délectables (dès le 12). AMBITION Mars crée une dynamique propice aux résultats concrets. C’est une bonne période pour donner corps à vos projets, trouver des fonds ou valoriser vos compétences.

Taureau 22.4 – 21.5

ÉMOTIONS Gare à un début de mois électrique, propice aux clashs ou changements. Heureusement, Vénus vous promet un retour de l’harmonie et de la séduction dès le 8. AMBITION Profitez de cette période valorisante et énergique pour oser certaines choses. Des ouvertures intéressantes vont se profiler à partir du 7.

Gémeaux 22.5 – 21.6

ÉMOTIONS Votre vie amoureuse est dans une dynamique de changement positif. Au menu : nouvelles têtes, projets sympas, esprit ludique et compatibilité maximum (à partir du 12). AMBITION Mars vous promet plus d’assurance, d’énergie et un contexte ultra-actif. C’est une bonne période pour vous affirmer ou démarrer un projet personnel (dès le 21).

Cancer 22.6 – 22.7

ÉMOTIONS Grâce à Vénus et Mars, l’élan initié le mois dernier se confirme : comptez sur une première quinzaine très amoureuse. En solo, des échanges vont devenir très concrets à partir du 15. AMBITION Vous avez le vent en poupe. C’est l’occasion rêvée de relancer vos contacts et de parler de vos idées. Un projet esquissé va se préciser vers la fin du mois.

Lion 23.7 – 23.8

ÉMOTIONS Le Soleil et Vénus sont chez vous. Résultat : votre pouvoir de séduction rayonne et l’amour redevient une promesse lumineuse. Prévoyez des frissons intéressants vers le 15. AMBITION Entre stress, imprévus ou surcroît de boulot, le début du mois s’annonce un peu tendu. Tenez bon : à partir du 21, le vent va tourner et vous serez récompensée de vos efforts.


STYLE

LIFESTYLE

AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?

AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?

Oui, c’est ce que j’aime le plus chez moi. Mais il m’arrive de l’analyser un peu trop.

Je l’adore, c’est le prénom de ma grand-mère paternelle. POUVEZ-VOUS PRENDRE UN SELFIE ?

ÊTES-VOUS FILLE OU FEMME ?

J’ai l’impression d’avoir un peu le cul entre deux chaises. (Rires). DORMEZ-VOUS LA NUIT ?

LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?

Je suis une grosse dormeuse.

D’ouvrir mon troisième œil.

LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?

QUEL ÉTAIT LE MENU DE VOTRE DERNIER REPAS ?

Celui de ma mère lorsque je suis sur scène.

Un toast à l’avocat accompagné d’un shot au gingembre, citron et curcuma.

CITEZ TROIS AMANT.E.S RÊVÉ.E.S AU COURS DE VOTRE VIE ?

QUEL EST VOTRE PLAISIR COUPABLE ?

La djette Nina Kraviz, Serge Gainsbourg et Lizzy Mercier Descloux. VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?

Boire de l’eau et de préférence de la Spa Reine. QUELLE EST VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?

Une interview que j’ai donnée à Vogue.

LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?

Il est à la place de mon instinct, de mon appétit. C’est là où je vibre aussi. QUELLE EST VOTRE DEVISE ?

Utilise tes neurones !

QUELLE EST VOTRE TENUE PRÉFÉRÉE ?

Ma peau.

Ne rien faire.

QUELLE EST VOTRE CHANSON PRÉFÉRÉE ?

QUELLE EST LA PLUS GENTILLE CHOSE QUE L’ON AIT DITE À VOTRE SUJET ?

Que ma douceur était ma plus grande force alors que j’avais toujours cru que c’était une faiblesse. QUELLE EST LA MÉCHANTE CHOSE QUE L’ON AIT DITE À VOTRE SUJET ?

Que j’étais moins belle en vrai. SORTEZ-VOUS SANS MAQUILLAGE DANS LA RUE ?

En Belgique, je peux sortir en pyjama, en croc’s et sans maquillage, je m’en fous. Ici, c’est chez moi et je ne porte aucun masque. À Paris, je n’ose pas faire ça parce que je ne me sens pas chez moi.

DANS LA VIE, FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?

Je suis plus du genre à combattre, mais à me combattre moi-même. Mon exemple est Bleu, mon poisson, qui est un combattant. Lorsque je mets un miroir devant lui, il se gonfle et est prêt à combattre l’ennemi qu’il voit dans la glace.

Une chanson de Baby Washington intitulée I’ve Got To Stop Loving You. Je la trouve super émouvante. QUELLES SONT LES COULEURS DE VOTRE PAYS IMAGINAIRE ?

Psychédéliques comme dans le film Avatar.

LA PREMIÉRE FOIS QUE VOUS VOUS ÊTES SENTIE LIBRE ?

C’est maintenant que je me sens libre.

CLAIRE LAFFUT LE QUESTIONNAIRE

L’auteure-compositrice et interprète belge de Bleu écrit, en ce moment, ce qui constituera son deuxième album. Dans le même temps, elle mène un projet parallèle avec son compagnon, Pierre Juarez, nommé Wearedesiderata et qui se tourne davantage vers l’électro. Elle y retrouve l’essence de la musique qui l’a bercée dans son enfance, qu’écoutaient ses parents et qui était de l’Ibiza Sound pur. Par Joëlle Lehrer

CLAIRE LAFFUT.

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L E

N O U V E A U

P A R F U M

DISPONIBLE SUR DIOR.COM - Dior OnLine 02/620.00.00


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ÉVASION Accès V.I.P. au Château de Saran

6min
pages 124-128

FONDAMENTAUX Els Pynoo

5min
pages 117-121

HOROSCOPE

3min
page 129

FOOD Hendrik Dierendonck rockstar belge de la viande

3min
pages 122-123

TESTÉS Les exfoliants

6min
pages 115-116

CONFIDENCES La sélection de la rédactrice

2min
page 114

MODE Ludovic de Saint Sernin du genre f uide

4min
pages 76-79

MOI LECTRICE «J’ai acheté une maison pour donner du sens à mon histoire»

7min
pages 80-83

MODE Le surréalisme, c’est mode

5min
pages 68-71

DOSSIER Le vrai du faux sur l’activité physique

10min
pages 108-113

MODE Les formes libres d’Ester Manas

6min
pages 60-63

PSYCHO Hétéros... mais pas trop

6min
pages 72-75

COVER GIRL Anouck Lepère, la top belge suprême

4min
pages 100-101

INTERVIEW Tamino, l’envoûteur

6min
pages 56-59

LIVRES Jean-Paul Masse de Rouch passion Pompilio

2min
page 46

CONTRIBUTEUR.RICE.S

4min
pages 14-15

LIVRES Rentrée littéraire nos cinq coups de cœur

3min
page 47

ÉDITO

2min
pages 12-13

NEWS La pionnière oubliée

2min
pages 38-39

RENCONTRE Benoît Magimel un sage en été

12min
pages 52-55

ENQUÊTE À vélo pour les soins à domicile

3min
pages 40-43

CINÉMA Jean-Pierre et Luc Dardenne une fratrie mythique

2min
pages 48-49
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