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MAISONS DE(S) BOIS Ce peut être un idéal qui dure toute une vie : une cabane perchée, pour s’isoler, rêvasser ou observer… Nombreux sont les architectes qui, depuis plusieurs années, ont dessiné des cabanes sophistiquées pour grands enfants nostalgiques. Mais ils passent désormais à la vitesse supérieure et construisent dans les arbres de véritables maisons, vastes, lumineuses et confortables ! Plutôt juchés sur pilotis qu’accrochés aux branches, mais toujours en harmonie avec leur insolite et majestueux environnement, ces cocons largement ouverts sur la verdure et l’horizon semblent bien flotter, comme détachés des obligations du logement au quotidien : si leurs matériaux nobles et leurs lignes épurées font honneur au design contemporain et aux prouesses technologiques, l’esprit d’aventure et le goût de la cachette, eux, continuent à imprégner les lieux. Collectif, « Une maison dans les arbres », La Martinière, 2022–256 pages.
LE CHARME DISCRET DES FISSURES
L’eau, l’ombre et l’air pur manqueront peut-être un jour aux jardins… mais la passion des jardiniers, elle, ne meurt de rien ! Paysagistes jusqu’au bout de leurs doigts verts, passionnés par tout ce qui pousse mais également par tout ce qui « fait jardin », y compris la demeure qui peut y prendre place (et qu’ils bâtiront si nécessaire), les auteurs proclament haut et fort le droit du jardin à l’indépendance. En harmonie avec la nature sans prétendre l’incarner, régi par certains codes – moins qu’on le croit – mais s’adressant à tous, pensé et construit sans renier pour autant son côté libertaire, le jardin, professent Maurières et Ossart, n’est pas tant l’expression de l’art du jardinier que la matérialisation de son âme. Quels que soient son talent et ses intentions, l’Homme n’est qu’invité dans cette portion de nature si particulière, aux émotions à fleur de feuilles. Arnaud Maurières, Éric Ossart, « Manifeste du jardin émotionnel », Plume de Carotte, 2022 – 240 pages.
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actus ESPACES CONTEMPORAINS
Olivier Darmon, « Ré:habiter », Alternatives, 2021–176 pages.
© Philippe Ruault
DÉCLARATION DES DROITS DU JARDIN
Restaurer, réhabiliter, oui… mais quid du charme des ruines qui avaient su conquérir leur nouveau propriétaire ? Pour y rester fidèles (souvent !), par souci écologique (parfois) ou par obligation (patrimoniale, administrative, financière), de nombreux projets renoncent à intervenir totalement sur un bâti dégradé, voire désaffecté. Déroutante mais fascinante, cette approche valorise évidemment l’authenticité, mais surtout permet, en laissant apparentes les strates de matériaux et leur altération, de visualiser les étapes de la construction, et le passage du temps. En Europe surtout, où elle est sans ambiguïté un choix et non une résignation, cette vogue antimaquillage touche aussi bien des habitations que des bureaux ou des lieux publics ! Et l’exacerbation de l’existant, qui peut aller jusqu’à la poussière, aux racines ou aux nids, y frise parfois le défi…