GTG1920 - Opera - Einstein on the beach - 09/19

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CONVERSATION AVEC

« Beaucoup de remous avec peu d’ingrédients » Quelques questions à Titus Engel Titus Engel (né à Zurich en 1975) a étudié la musique et la philosophie à Zurich et Berlin et fait l’apprentissage du métier de chef d’orchestre à Dresde auprès de Christian Kluttig, complété par des bourses du Dirigentenforum des Deutschen Musikrat et de la David Zinmans American Academy of Conducting à Aspen (Colorado) , ainsi qu’en œuvrant comme assistant auprès de Sylvain Cambreling, Marc Albrecht et Peter Rundel. Il a enregistré de nombreuses œuvres pour la radio et sur CD, est l’un des fondateurs de l'Akademie Musiktheater Heute, basée à Francfort-sur-le-Main qui cherche à ouvrir le débat sur le genre du théâtre musical de notre époque, et a édité plusieurs livres sur l’opéra contemporain. Titus Engel, en quoi consiste votre métier de chef d’orchestre ? En tant que chef d’orchestre, je suis responsable de l’interprétation musicale. Dans le cas d’Einstein on the Beach, cela a commencé, comme presque toujours, par l’étude de la

partition. Mais dans le cas de cette œuvre, elle est relativement vague : Philip Glass, par exemple, n’a pas donné d’indications sur les tempi. J'ai donc dû reconstruire ces derniers à l’aide des enregistrements de la version originale. Il en va de même pour les parties parlées qui, elles aussi, ne contiennent que de très vagues indications. Einstein on the Beach a été un work in progress entre Philip Glass et Robert Wilson. Le processus habituel de la création d’un nouvel opéra, où le compositeur livre une partition très détaillée, que le metteur en scène et le directeur musical se chargent d’interpréter, n’a pas eu lieu. Eux, ont tout développé ensemble. De ce fait, la partition est plutôt un point de départ qu’une œuvre aboutie. Ceci présente naturellement beaucoup plus d’intérêt pour moi, étant donné que ma liberté d’interprétation est plus grande qu’à l’accoutumée, particulièrement en ce qui concerne les tempi, le phrasé et le son des synthétiseurs. On pourrait comparer cette liberté à celle que présente l’interprétation de la musique baroque, où la notation musicale n’a pas encore atteint le niveau de précision des siècles suivants. Votre identité en tant que spécialiste de la musique contemporaine est-elle exagérée ? Je n’ai rien contre l’étiquette de spécialiste, qui en premier lieu est positive, puisqu' elle signifie qu’on sait bien faire quelque chose, mais je ne souhaite pas être limité à cela. Pendant cette saison, par exemple, je vais diriger Boris Godounov et Don Giovanni aux opéras de Stuttgart et de Francfort. Je trouve très important de pouvoir passer d’une époque à l’autre. Mon penchant pour le phrasé vient de


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