Industrie du Maroc Magazine N˚44

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LES MATIN éES DE L’INDUSTRIE

RECOMMANDATIONS Industrie du Maroc Magazine a recueilli pour vous les principales recommandations émises par nos intervenants lors de la 3ème édition des matinées de l’industrie, en vue du développement de la recherche et l’innovation au Maroc. Aujourd’hui, le maillon faible de notre système de recherche et innovation c’est la relation entre l’université et l’entreprise. Il y a un énorme manque à gagner pour l’économie et l’industrie marocaine. Dans les pays industrialisés, l’apport de la R&D contribue jusqu’à 30% de la productivité et les entreprises qui investissent dans la recherche voient leur productivité augmenter jusqu’à 80% au niveau des USA et 50% en Europe. Actuellement, au Maroc nous disposons d’organismes de recherche et d’universités

qui justifient d’un savoir-faire unique, mais cela ne fonctionne pas vraiment parce que le rôle de l’Etat est absent pour catalyser les synergies entre l’université et l’entreprise. Cette dernière ne connait pas le potentiel scientifique et technologique dont regorge l’université. De son côté, l’université ne connait pas réellement le besoin de l’entreprise. Il y a également une absence de procédures d’une part, et d’autre part l’entreprise n’a pas les moyens d’investir dans la R&D ou n’en voit tout simplement pas l’intérêt.

Abdelaziz BENJOUAD, vice-président en charge de la Recherche-développement à l’UIR

Les clusters seuls ne peuvent pas jouer le plein rôle de structure de transfert technologique. Sur le schéma de valeur du transfert technologique, il est temps de rattraper cette latence et de créer une agence chargée du transfert technologique. Et le premier élément dans cette chaine de valeur c’est de faire une cartographie de l’offre technique et technologique que peut représenter la recherche scientifique au Maroc. Nous n’avons pas une idée claire de ce que l’université est capable, à l’exception de quelques universités privées. Ensuite, il faut faire un travail sur la protection Hafid GRIGUER intellectuelle. Dans ce sens, l’OMPIC remplit bien Directeur son rôle en insérant des points focaux au niveau innovation CE3M des universités. Puis, il s’agit de l’accompagnement juridique dans la mesure où il faut savoir quels sont les modèles que nous pouvons suivre pour réaliser un transfert technologique. Enfin, nous ne pouvons pas développer tout ceci sans financement. Nous devons nous inspirer du modèle français qui a mis en place des Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies (SATT) et il faut que la région joue son rôle et fasse la promotion de la recherche selon notre contexte territorial.

Quand nous faisons de la R&D c’est pour aboutir à des projets qui n’existent pas déjà, mais comme pour beaucoup de pays, on doit d’abord faire du « reverse engineering » pour ensuite pourvoir innover. L’un des problèmes du Maroc, c’est de ne pas favoriser les innovations locales. Quand la Chine a décidé de se positionner pour devenir une grande puissance, elle a été prête à acheter des produits fabriqués localement, même si ceux-ci étaient de moins bonne qualité que les autres produits sur le marché.

François BOURZEIX Directeur du centre Microélectronique Système Embarqués à Mascir

Larbi BENRAZZOUK Directeur général de l’OMPIC Pour rester positifs, nous pouvons dire que notre pays aura un futur avec de l’innovation technologique mais en prenant en compte tous les aspects immatériels en termes de designs, de valorisation de la marque... Si on prend l’exemple d’un pays à revenu intermédiaire similaire au Maroc, la Malaisie, celui-ci est classé 36e alors que le Maroc est à la 76e place en termes d’innovation. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce pays a mis en place une politique volontariste de l’Etat, de la R&d et de l’innovation orientée marché. Dans ce sens, les SATT pourraient être un mécanisme extraordinaire de transfert de technologie et que nous sommes en train d’explorer. Avant même 26 N° 44 Mars 2019

INDUSTRIE DU MAROC

de faire la recherche, il est question de connaitre les technologies existantes. Ainsi, nous avons entamé une réflexion stratégique avec Mascir pour collaborer ensemble et pour pouvoir créer ce trait d’union avec les industriels. Donc, le premier élément est de faire de la veille technologique pour le compte des centres de recherche, les universités et les entreprises. Quand on parle d’entreprise, on parle d’écosystèmes et donc il faut savoir quel cahier de charges est formulé par les politiques pour pouvoir orienter les recherches vers une technologie en particulier. Il faut également faire de l’apprentissage technologique à l’instar de ce qu’a fait la Chine par exemple.


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