ingénierie
Risques
Un retour d’expérience interdisciplinaire post-Irma Dévastée par l’ouragan Irma, la petite île de Saint-Martin a bénéficié d’une « task force » organisée par l’État pour aider à sa reconstruction. Le Cerema analyse ce retour d’expérience dans un projet de recherche.
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etite île au milieu des Caraïbes, l’île de Saint-Martin est divisée en deux parties depuis 1648 : une partie française, Saint-Martin, forte de 53 km² et 34 065 habitants en 2018, et une partie néerlandaise, Sint Maarten, comptant environ 37 000 habitants sur 37 km². En 2007, Saint-Martin (tout comme l’île voisine Saint-Barthélemy) a changé de statut, passant de communes administrativement rattachées à la Guadeloupe à deux régions françaises d’outre-mer dotées d’une autonomie relative (Constitution française, art. 74). Ces nouvelles collectivités territoriales exercent depuis les compétences combinées de la région, du département et de la commune française (fiscalité, transport routier, ports maritimes, routes, tourisme, droit domanial, etc.). En conséquence, elles fixent les règles applicables, notamment en matière d’urbanisme, de construction et de logement. Toutefois, l’État français reste compétent pour fixer des règles dans plusieurs domaines, notamment l’organisation de la justice, les forces
L’essentiel
Suite à l'ouragan Irma, l'État français
a engagé d'importants moyens pour la reconstruction des infrastructures de Saint-Martin. Le projet de recherche Relev étudie les stratégies de reconstruction mises en œuvre, à la fois pour faciliter le relèvement du territoire, et aussi pour élaborer des outils et méthodes à l'échelle nationale.
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Techni.Cités
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armées, la sécurité publique et l’environnement – y compris la prévention des risques naturels. En 2017, SaintMartin a été touché par l’ouragan Irma (catégorie 5), qui a généré des vents d’une vitesse moyenne de 287 km/h et des inondations côtières. Onze habitants sont morts lors de cet événement, les infrastructures côtières ont été gravement endommagées et la mangrove partiellement détruite. Les dégâts matériels ont été générés par la submersion marine ou par le vent. En 2021, l’estimation des indemnités à verser aux victimes par les compagnies d’assurances s’élève à 2,10 millions d’euros pour les deux îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Ces chiffres sont à nuancer car le taux de pénétration des biens assurés est très faible sur ces deux îles : seuls 40 % de la population a une assurance habitation à Saint-Martin et 60 % à Saint-Barthélemy, contre 97 % en France métropolitaine. Face à l’ampleur de l’événement, l’État français a engagé d’importants moyens humains (3 000 personnes) et matériels (2 millions de bouteilles d’eau, 350 tonnes de nourriture, etc.) pour aider et organiser la gestion de la crise, pour un coût total de 163 millions d’euros. Le projet Relev (2018-2022), piloté par le Cerema, réunit cinq universités pour composer une équipe pluridisciplinaire (ingénieurs en génie urbain et en génie civil, urbanistes, géographes, sociologues, psychologues). L’objectif de ce projet est de mieux comprendre les stratégies de gestion de la reconstruction post-catastrophe afin de favoriser un retour à la normale le plus rapide possible et de réaménager
durablement le territoire sinistré de manière plus résiliente. À court terme, l’approche développée vise à contribuer au relèvement du territoire, par l’amélioration de l’organisation et de la communication entre les décideurs locaux, les gestionnaires d’infrastructures et les habitants des secteurs exposés à des risques naturels. En amont de futures catastrophes, ici ou ailleurs, ces échanges alimenteront également l’élaboration d’outils et de méthodes pour anticiper l’organisation des acteurs en charge de la reconstruction, l’association des populations au processus de reconstruction et la reconstruction physique des infrastructures endommagées. Notre ambition, via ce projet, est ainsi de contribuer directement à outiller les acteurs locaux de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, et plus largement des Antilles, tout en tirant des enseignements mobilisables au niveau national.
Réorganisation de la gouvernance locale
L’ouragan Irma a révélé de forts dysfonctionnements structurels dans la gouvernance de l’île. Le retrait progressif de l’État dans la gestion de Saint-Martin suite à l’autonomie obtenue en 2007 a été l’un de ces facteurs, parmi d’autres (dont la gouvernance des collectivités locales de Saint-Martin). La volonté du gouvernement français de soutenir la reconstruction de SaintMartin s’est immédiatement concrétisée par la création d’une structure temporaire d’appui. Une dizaine de jours après l’ouragan Irma, le gouvernement français a nommé un délégué interministériel à la reconstruction