« Trop d’acteurs ne segmentent pas leur clientèle »
JILL ROOTSAERT
« L’investissement durable, tendance majeure des ETF »
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CONJONCTURE Naviguer en eaux troubles
JULIE CASTIAUX
« En matière d’ESG, les attentes précèdent l’offre »
–
JANG SCHILTZ
« 150 étudiants en finance diplômés chaque année »
ADRIANO PICINATI DI TORCELLO
« Dans l’art, les NFT sont appelés à perdurer »
–
CLAUDE MEDERNACH
« Il n’est jamais trop tôt pour préparer sa succession »
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fondateur et ceo Mike Koedinger directeur administratif et financier Etienne Velasti
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Téléphone : (+352) 20 70 70 Fax : (+352) 29 66 19 E-mail : press@paperjam.lu Courrier : BP 728, L-2017 Luxembourg directeur de la publication Mike Koedinger responsable d’édition des suppléments Benoît Theunissen rédacteur en chef print ad interim Nicolas Léonard secrétaire de rédaction Jennifer Graglia free- lances Quentin Deuxant, Marie Jacquemin, Sébastien Lambotte, Michaël Peiffer photographes
Romain Gamba, Jérémie Souteyrat, Guy Wolff, Matic Zorman correction Maison Moderne
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Youcef Damardji strategic business development advisor Francis Gasparotto assistante commerciale Céline Bayle directeur de la création Jeremy Leslie studio manager Sandrine Papadopoulos mise en page
Juliette Noblot (coordination), Louna Mayer
Planifier et protéger
D’ici 2030, la génération des millennials devrait hériter d’environ 3.200 milliards de dollars en Europe, de 8.800 milliards aux États-Unis et de 1.900 milliards en Asie, selon la société de recherche Wealth-X. Un phénomène connu sous le nom de Great Wealth Transfer, qui caractérise le transfert du patrimoine accumulé par les baby-boomers à la génération suivante. Cependant, un sondage, mené par UBS auprès de 4.500 investisseurs, constatait en octobre dernier que quatre investisseurs sur dix n’ont ni testament à jour ni plan de transmission de patrimoine. Autant déclarent également que leurs héritiers ne connaissent pas la valeur de leur patrimoine, ne savent pas où il se trouve et ignorent comment il sera réparti. L’inaction des donateurs quant à la planification de la transmission de leur patrimoine serait alors due principalement à des difficultés à répartir le patrimoine équitablement et à communiquer avec leurs héritiers à ce sujet.
Pourtant, si les donateurs doivent anticiper la transmission de leur patrimoine, leurs héritiers doivent, quant à eux, investir dans leur éducation financière – trop souvent négligée – et réfléchir à leur vision de l’avenir, dès maintenant. Pour sa part, l’industrie de la gestion de patrimoine doit s’apprêter à se renouveler pour répondre adéquatement aux nouvelles façons qu’a une clientèle plus jeune de consommer les produits financiers.
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Malgré tout, la planification ne sera pas suffisante. Il faudra plus que jamais protéger les actifs. Le capital souffre de l’inflation galopante, de la contraction de l’économie, des marchés volatils, du resserrement monétaire et des conditions d’accès plus difficiles aux financements. Une étude d’Allianz annonçait d’ailleurs, en octobre, que les actifs financiers mondiaux devraient diminuer de 2 % en 2022, soit « la première destruction significative de la richesse depuis la crise financière de 2008 ». Dans pareil contexte, la responsabilité fiduciaire des gestionnaires de patrimoine prend tout son sens.
Auteur BENOÎT THEUNISSEN natureOffice.comDE-261-JYACEBD–
24 LEXIQUE Parlez-vous wealth management ? –26 CONVERSATION HUGUES DELCOURT « Trop d’acteurs ne segmentent pas leur clientèle » –32 VOYAGE L’histoire de la gestion de patrimoine au Luxembourg –36 OPINIONS Regards croisés –40 CONVERSATION JULIE CASTIAUX « En matière d’ESG, les attentes précèdent l’offre » –44 CONVERSATION JANG SCHILTZ « 150 étudiants en finance diplômés chaque année »
48 WEALTH MANAGEMENT Cinq métiers tendance –50 CONVERSATION ADRIANO PICINATI DI TORCELLO « Dans l’art, les NFT sont appelés à perdurer » –52 CONVERSATION CHRISTIAN HEINEN ET SYLVIE BERTHOLET « Les familles sont plus mobiles que jamais » –58 DIVERSIFICATION Les actifs privés, plus pertinents que jamais –62 CONVERSATION CLAUDE MEDERNACH « Il n’est jamais trop tôt pour préparer sa succession » –65 RADIOGRAPHIE Portrait-robot des HNWI européens –66 À SUIVRE Que nous réserve l’année 2023 ? –68 AGENDA Des conférences à suivre –70 FORECAST Quelles prévisions pour l’inflation ?
Observateur pragmatique, Hugues Delcourt WEALTH MANAGEMENT JANVIER 2023 5 Wealth management Janvier 2023
« La tokénisation facilite l’accès à des actifs privés »
La technologie blockchain, à travers le processus de tokénisation, ouvre de nouvelles opportunités d’investissement. Pour Aurélia Viémont, partner au sein du cabinet d’avocat CMS, l’engouement pour la démarche ne cesse de grandir.
Qu’entend-on par « tokénisation » ?
La tokénisation est un procédé qui vise à ajouter un élément de digitalisation, en s’appuyant sur la blockchain, dans un processus qui s’inscrit dans un cadre juridique défini.
Et concrètement ?
Il existe trois grandes catégories de tokens, ou jetons numériques. La première recouvre des jetons numériques utilisés à des fins de paiement. Grâce aux tokens, il est possible d’acheter un bien ou un service. Il s’agit d’une monnaie, à l’instar du bitcoin, à la différence près qu’elle n’est pas forcément émise par une banque centrale. Nous pouvons aussi évoquer les utility tokens. Ces derniers sont émis par une organisation pour permettre à ses détenteurs de bénéficier d’un bien ou d’un service auprès de l’émetteur. Il peut s’agir d’un programme de fidélité. C’est alors une carte de fidélité qui s’appuie sur la blockchain. Enfin, il faut évoquer les security tokens, qui ont les caractéristiques d’un instrument financier. Un jeton peut être considéré comme une action, une obligation ou une part de fonds.
Quel est l’intérêt de recourir à des tokens ? Ils permettent de réduire les coûts inhérents à des processus complexes impliquant de nombreux intervenants. L’un des autres grands atouts de la tokénisation, en matière d’investissement ou de gestion patrimoniale, réside dans la possibilité de faciliter l’accès à certaines classes d’actifs, notamment les actifs privés.
En quoi la tokénisation contribue-t-elle à démocratiser des actifs considérés comme inaccessibles pour beaucoup ? Prenons l’exemple d’un particulier qui souhaite diversifier son patrimoine en investissant dans l’immobilier. Acheter un appartement
dans l’optique de le louer exige de préalablement disposer de fonds importants. Si l’on prend l’exemple du projet BlocHome au Luxembourg, la tokénisation permet de fractionner un bien en une série de tokens. Avec 1.000 euros, un investisseur peut prendre part au marché immobilier. En fonction de la nature du token, son détenteur accède, à travers lui, à une série de droits.
La démarche peut-elle s’appliquer à tous types d’actifs ? Presque tout peut être tokénisé : un fût de whisky d’exception, une œuvre d’art, une entreprise... La technologie permet de fractionner n’importe quel actif beaucoup plus aisément. Au-delà, en s’appuyant sur la blockchain, des investissements considérés comme peu liquides jusqu’alors le deviennent davantage. Un marché secondaire se crée grâce à la technologie, permettant aux acteurs d’échanger beaucoup plus facilement leurs jetons.
Comment se développe ce marché ?
RÉDUCTION DES COÛTS
Aurélia Viémont, partner chez CMS, observe une hausse des demandes pour des projets de tokénisation. De nombreux acteurs ont un intérêt pour la réduction des coûts et la facilité d’accès à des classes d’actifs offertes par la tokénisation.
Il est en plein essor. Aujourd’hui, nous sommes sollicités plusieurs fois par mois par des acteurs désireux de s’engager dans un projet de tokénisation. La nature des actifs à tokéniser a aussi changé. Il ne s’agit plus d’une mine de diamant ou d’une forêt, comme cela nous a été demandé. Les acteurs financiers, en raison notamment d’une réglementation qui se renforce, s’intéressent à ces évolutions, d’une part, pour émettre des produits d’investissement sous la forme de jetons, et, d’autre part, pour investir dans des classes d’actifs diversifiées.
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PASSION
« Si on fait le choix de s’acheter une montre aujourd’hui, c’est que l’on a envie de contempler un bel objet, d’avoir sur soi un élément de l’histoire de l’humanité. »
Emmanuel Breguet, vice-président et head of patrimony and strategic development chez Montres Breguet, s’exprimait, le 2 octobre 2021, sur sa vision de l’horlogerie à l’heure où la montre n’est plus un objet de nécessité.
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ENVIRONNEMENT RÉGLEMENTAIRE
« De plus en plus de family offices choisissent le Luxembourg pour créer leurs fonds privés. »
Le 27 juillet 2022, Richard Behmer, responsable du patrimoine privé pour le Luxembourg chez IQ-EQ, décrivait « l’environnement réglementé unique », adapté aux family offices, grâce à une loi de 2012 qui a introduit des règles complètes garantissant une qualité de service et la protection des investisseurs.
ACTIFS ALTERNATIFS
« Lorsque nous sommes confrontés à des vents économiques contraires, cela ralentit l’activité commerciale. Cela rend le capital plus cher et plus difficile à obtenir, et les sorties plus aléatoires. »
En marge d’une conférence donnée à la Chambre de commerce, le 27 octobre 2022, Ryan McNelley, managing director and EMEA portfolio valuation leader chez Kroll Advisory, alertait sur les pressions induites par les multiples crises sur la fonction de valorisation des actifs alternatifs.
4 TRANSMISSION
« Dans les 10 prochaines années, il y aura le plus grand transfert de patrimoine d’une génération à l’autre qu’il n’y ait jamais eu. »
Observateur privilégié de l’industrie de la gestion d’actifs, Bob Kneip, président de Kneip Management, soulignait que les nouvelles générations ont d’autres façons de consommer les produits financiers que celles de leurs parents. Une évolution de l’industrie financière se préparant, ses modes de distribution vont évoluer grâce à une meilleure utilisation des données.
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VALORISATION
Auteur du livre Valorisation – Comprendre la valorisation d’une PME et managing partner de Muller & Associés, Laurent Muller rappelait, le 22 juin 2022, l’importance d’intégrer plus que jamais les facteurs de risques futurs – tels que la hausse du prix des matières premières et le renforcement des conditions financières – dans le calcul du prix d’une entreprise.
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« En moyenne, une entreprise vaut aujourd’hui moins qu’en 2019, puisque la valeur est en partie basée sur une rentabilité future. »
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Les plans de relance post-Covid, des taux d’intérêt bas et des marchés boursiers favorables ont contribué à l’accroissement de la fortune des high net worth individuals (HNWI) en 2021, selon Capgemini.
Auteur BENOÎT THEUNISSENAmérique du Nord Asie-Pacifique Europe
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Cette communication est fournie à titre d’information et d’exemple uniquement. Elle ne reflète pas votre situation personnelle. Il est recommandé d’évaluer vos objectifs et votre profil de risque avec votre Private Banker afin de sélectionner les solutions d’investissement les plus appropriées à votre situation.
« L’investissement durable, tendance majeure des ETF »
Au cours d’une année 2022 troublée, où la volatilité des marchés a été marquée, de nombreux investisseurs se sont repositionnés sur les ETF. Selon Jill Rootsaert, head of ETF Benelux au sein de J.P. Morgan Asset Management, les ETF ESG ont par ailleurs le vent en poupe.
JÉRÉMIE SOUTEYRAT Interview QUENTIN DEUXANT2022 a été une année compliquée sur les marchés financiers. Comment s’en sont sortis les ETF ?
Peu importe la position géographique, les ETF ou Exchange Traded Funds (stratégies d’investissement actives ou passives répliquant principalement la performance d’indices) sont des véhicules de choix, dont les flux croissent chaque année. Le marché américain des ETF s’impose depuis 30 ans. Les ETF actifs ont notamment séduit les investisseurs, provoquant une croissance des actifs sous gestion de 60 % en cinq ans. En Europe aussi, le marché des ETF a connu une belle évolution, et cette région est devenue un précurseur en ce qui concerne les ETF obligataires et surtout les ETF ESG. Les questions ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) sont au cœur des différents secteurs, marchés, organisations et, par conséquent, les ETF ESG affichent aujourd’hui l’une des plus importantes croissances observées sur le marché. Depuis la crise financière de 2008, le marché européen maintient une croissance annuelle moyenne du volume d’actifs de 20 %. Cette année, le flux d’actifs en ETF a même dépassé celui des mutual funds, ce qui constitue un véritable changement structurel. La tendance ne devrait pas s’arrêter là. Il y a une forte dynamique en termes d’offre, avec le lancement de nouveaux supports pour répondre à une demande croissante.
Qu’est-ce qui explique cette attractivité dans un contexte pourtant difficile ?
L’année 2022 a été bouleversée par plusieurs évènements majeurs. Les marchés ont été chamboulés par le retour d’une inflation haute, la hausse des taux directeurs et une épidémie de Covid-19 toujours présente. Sur un plan géopolitique, le conflit en Ukraine cause une grande incertitude et nous percevons encore difficilement les conséquences économiques à long terme de cette guerre. Dans un monde en rapide évolution, les facteurs ESG constituent une préoccupation majeure pour de nombreux investisseurs, qui poursuivent un double objectif : générer de la performance tout en respectant un certain nombre de paramètres extrafinanciers. Au cœur de cette période incertaine, le niveau de
transparence, la grande liquidité et l’accessibilité des ETF ont permis aux investisseurs de saisir des opportunités et de développer leur portefeuille à des prix compétitifs, tout en restant dans un cadre environnemental, social et de gouvernance solide.
Vous évoquez la transition des ETF vers l’ESG. S’agit-il d’une révolution déjà bien entamée ou seulement du début d’une nouvelle tendance ?
Les ETF ESG constituent une gamme de solutions d’investissement prisée depuis plusieurs années. Nous proposons des Ucits ETF depuis cinq ans et nos encours représentent 10 milliards de dollars. 60 % d’entre eux sont classifiés « article 8 » ou « 9 » du règlement SFDR. Nous ne parlons plus d’une nouvelle tendance, mais d’un changement structurel. En 2021, la moitié des ETF achetés étaient ESG ; un an plus tard, les flux ETF ESG représentent 62 % des achats. Les critères ESG peuvent désormais affecter la performance des investissements, et leur intégration dans le processus de décision contribue à la performance financière à long terme. Dans les prochaines années, les ETF durables – classés « article 8 » ou « 9 » de SFDR – continueront à se développer. À mon sens, nous devrions assister à une forme de segmentation de ces actifs, avec un développement accru des aspects sociaux et de gouvernance.
L’incertitude ambiante se traduit aussi par une demande accrue de maîtrise de la part des investisseurs. Comment répondre à ce besoin avec les ETF qui, par définition, suivent l’évolution d’un indice boursier ?
Nous prônons la gestion d’ETF actifs, actions et obligataires, avec une approche d’investissement qui cherche à offrir une surperformance régulière en maintenant un faible tracking error et un alpha consistant dans le temps. Nous sommes en mesure de répliquer les indices efficacement et d’offrir un accès abordable à de nouvelles opportunités grâce à des méthodes actives, stratégiques et indicielles innovantes.
encours en Ucits ETF atteignent 10 milliards de dollars, avec plus de 60 % d’ETF ESG.»
1.400 MILLIARDS EN EUROPE
Au milieu de l’année 2022, les ETF (Exchange Traded Funds) sur le marché européen comptaient pas moins de 1.400 milliards de dollars sous gestion. C’est moins que ce que pèsent les ETF américains (6.800 milliards de dollars), mais l’Europe reste tout de même le deuxième marché au monde en la matière. Le succès de ce véhicule, depuis sa création en 1990, s’explique certainement par la démocratisation de l’accès aux investissements qu’il permet : en une seule transaction, avec un seul produit, on peut avoir accès à une grande variété de valeurs, ce qui réduit considérablement les frais.
« Nos
Marchés financiers : des perspectives délicates
Conséquence d’une année 2022 troublée, le durcissement des politiques monétaires annonce des mois difficiles pour les acteurs des marchés financiers.
Fournir un conseil pertinent aux investisseurs implique de disposer d’un grand nombre de données et d’une capacité à les décrypter de façon cohérente. C’est une des missions qui incombent, au quotidien, au département recherche d’AXA Investment Managers (AXA IM). « Notre travail combine à la fois des analyses macroéconomiques et des recherches microéconomiques sur certaines sociétés, explique Gilles Moëc,
chief economist du Groupe AXA et directeur de la recherche chez AXA IM. Pour réaliser ces tâches, nous récupérons et traitons un certain nombre de données, issues de sources fiables, et qui portent tant sur des critères économiques que sur des facteurs non financiers, comme l’ESG. Sur cette base, nous pouvons donner des perspectives plus claires sur l’évolution des marchés financiers tant à nos clients qu’à nos collaborateurs. »
2022, annus horribilis ?
Grâce à une équipe de recherche de 45 personnes, AXA IM dispose d’une vision très fine des enjeux actuels, ainsi que d’une solide capacité à établir un bilan des mois écoulés. À cet égard, il est peu dire que 2022 fut une année difficile pour les marchés financiers. « La guerre en Ukraine a joué un rôle dans cette situation, mais la réaction des marchés va bien au-delà de ce seul événement, estime Gilles Moëc.
Photo Eva Krins (Maison Moderne) Contenu sponsorisé par AXA IM MacroéconomieAXA IM EN QUELQUES CHIFFRES
On assiste surtout à un véritable changement d’époque, avec des banques centrales qui durcissent leur politique monétaire, et ce de façon très rapide. Le choc est d’autant plus violent que nous sortons de 15 années de grande bienveillance de la part de ces mêmes institutions. »
D’après l’expert d’AXA IM, ce changement de politique monétaire devrait durer. L’inflation que nous connaissons aujourd’hui, et contre laquelle les banques centrales tentent de lutter, n’est en effet pas uniquement due à la guerre en Ukraine et à ses conséquences sur le prix de l’énergie. « Aux États-Unis, on voit par exemple que la hausse du coût de la vie, qui dépend moins de l’augmentation du prix de l’énergie que de la pénurie de main-d’œuvre, a désormais tendance à s’auto-entretenir, ce qui ne s’était plus produit depuis très longtemps », détaille l’économiste.
Vers une grande volatilité La question que doivent désormais se poser les
HAUSSE DU TAUX
DIRECTEUR
En quelques mois, le taux directeur de la BCE a été relevé à plusieurs reprises en 2022.
investisseurs est de savoir quand les banques centrales s’inscriront dans une dynamique de normalisation monétaire, avec une stabilisation des taux directeurs. S’il est évidemment difficile d’établir une date précise à laquelle cela se produira, Gilles Moëc pointe, au mieux, le printemps 2023. « Jusque-là, les marchés vont être particulièrement volatils, relève-t-il. D’ici à ce qu’on atteigne le point d’équilibre, il faut donc s’attendre à 5 ou 6 mois très difficiles, au cours desquels il sera complexe pour les acteurs du marché de prendre de grandes décisions stratégiques. » Un autre élément cristallise l’inquiétude de l’analyste d’AXA IM : l’effondrement de la demande. « Les entreprises sont jusqu’ici parvenues à intégrer l’augmentation de leurs coûts dans le prix de leurs produits sans que cela ait des conséquences sur leurs ventes, la demande restant soutenue, explique-t-il. Mais ce n’est désormais plus le cas. »
Autre changement majeur lié à la situation actuelle : le retour au premier plan du « cash ». La hausse des taux d’intérêt a en effet pour conséquence
de permettre aux liquidités de rapporter de l’argent, ce qui n’était plus le cas depuis au moins 20 ans. « Par contre, les actifs peu balisés, comme les cryptomonnaies, souffrent énormément. Du côté d’AXA IM, nous avons toujours considéré que l’engouement pour ce type de produit était purement spéculatif et que ce système courrait à la catastrophe 1. On voit aujourd’hui que notre analyse était correcte », commente Gilles Moëc. Pour conclure sur une dernière tendance plus positive, il est difficile de ne pas évoquer l’engouement pour l’investissement durable. « L’Union européenne a abattu un travail formidable avec sa Taxonomie et des réglementations comme SFDR 2. Elle dispose désormais d’un écosystème complet dédié à l’investissement durable. La difficulté est liée au fait que toutes les régions du monde ne lui ont pas emboîté le pas, ce qui est problématique pour certains acteurs globaux. En outre, si certains États américains, par exemple, ‘punissent’ les asset managers dont les politiques par rapport aux énergies fossiles vont à l’encontre de leurs intérêts, cela va poser un souci de compétitivité », conclut Gilles Moëc.
1 Les fonds d’AXA IM ne sont pas exposés au cryptomonnaies.
2 La règlementation SFDR dote les gérants d’actifs comme AXA IM d’un cadre leur permettant de rendre compte de l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), tant au niveau de l’entreprise que des fonds.
817
Fin septembre 2022, AXA IM gérait 817 milliards d’euros d’actifs pour le compte de clients institutionnels et particuliers.
563 Leader sur le marché de l’investissement durable, AXA IM gère 563 milliards d’euros d’actifs intégrant des critères ESG, durablesou à impact (selon les chiffres de fin décembre 2021).
2.460
AXA IM compte 2.460 collaborateurs dans le monde. 45 personnes font partie du département Recherche, dont le rôle est d’analyser le marché.
18 AXA IM est implanté dans 18 pays et compte 23 bureaux dans le monde.
« D’ici à ce qu’on atteigne un nouvel équilibre, il faut s’attendre à 5 ou 6 mois très difficiles. »
Gilles Moëc Chief economist du Groupe AXA et directeur de la recherche chez AXA IM
Pour en savoir plus sur AXA IM, rendez-vous sur www.axa-im.lu
« Des compétences pour les cryptos »
Les plateformes d’échange de cryptomonnaies séduisent des profils d’investisseurs jeunes, par leur facilité d’accès et d’utilisation. Ceci ne devrait pourtant pas occulter la technicité et les risques de ce type d’investissement. Se former reste indispensable.
Les investisseurs de la génération dite des millennials démontrent un penchant prononcé pour les cryptomonnaies, bien davantage que les générations précédentes, notait un document de travail de la Banque des règlements internationaux (BRI), en juillet 2021. Un constat confirmé par KPMG, qui, en février 2022, indiquait que 46 % des détenteurs de cryptomonnaies ont moins de 35 ans, et que 21 % appartiennent à la tranche d’âge allant de 25 à 44 ans.
ligne où ils peuvent investir dans des cryptomonnaies, et de façon simple. Cette tendance pourrait même s’accélérer dans les années à venir avec « le transfert de patrimoine intergénérationnel colossal » en cours.
GRÉGORY GUILMINLe cofondateur de GG Smile recommande un minimum de prudence vis-à-vis des cryptomonnaies.
« Il faut réaliser un mini audit pour comprendre l’implication d’acheter des cryptomonnaies et de les laisser sur une plateforme d’échange. »
L’écart significatif intergénérationnel dans l’adoption des cryptomonnaies peut s’expliquer par le temps passé par les plus jeunes sur les réseaux sociaux, analyse Grégory Guilmin, cofondateur de GG Smile, dont la mission consiste notamment à accompagner des particuliers en vue de gagner en autonomie dans la gestion de leur patrimoine. À cet égard, celui qui a aussi été managing partner d’un family office observe un changement. « J’ai tenu une conférence dans une école en Belgique devant 220 étudiants de 18 ans, dont la majorité investit dans des cryptomonnaies, relatetil, ajoutant : Certaines plateformes d’échange de cryptomonnaies font appel à des influenceurs. Ça parle aux jeunes. Il y a nettement moins d’influenceurs qui font de la pub pour des banques traditionnelles. » Grégory Guilmin observe d’ailleurs une méfiance visàvis des banquiers classiques de la part de certains millennials, n’ayant pas le sentiment d’être compris. Ils se tournent donc vers des plateformes en
L’éducation financière Si de nombreuses heures d’apprentissage sont indispensables pour décrypter le fonctionnement des valeurs boursières, deux fois plus de travail est nécessaire en ce qui concerne les cryptomonnaies, estime Grégory Guilmin. La complexité de la technologie, les niveaux de réglementation encore peu matures et la facilité d’investir en ligne constituent autant de facteurs de risque qui le poussent à adopter une approche prudente. « Si un de mes clients veut investir une partie de ses avoirs en cryptomonnaies, je vais avant tout lui conseiller de se former. » Une trentaine d’heures de formation à hauteur de deux heures par semaine ne sont qu’un minimum.
« C’est important d’avoir des compétences de base, car il faut investir uniquement dans ce qu’on comprend. C’est la première règle », souligne Grégory Guilmin. Ce dernier a d’ailleurs pour habitude d’envoyer à ses clients un email contenant une dizaine de questions visant à évaluer la robustesse de leur approche. Leurs motivations, leur niveau de connaissances, leur façon d’investir, leur stratégie et leur comportement en cas de gains ou de pertes sont ainsi analysés. Et ce n’est que la première étape.
Aussitôt, l’investisseur potentiel obtient l’assurance de ses compétences et de sa démarche, il peut effectuer des recherches quant à la plateforme et aux cryptomonnaies qui l’intéressent. « Il faut réaliser un mini audit pour comprendre l’implication d’acheter des cryptomonnaies et de les laisser sur une plateforme d’échange », rappelle Grégory Guilmin. Cela consiste notamment à analyser à qui appartiennent légalement les cryptomonnaies achetées, mais stockées sur une plateforme en ligne. Mais aussi à identifier les conséquences potentielles en cas de hack de la plateforme ou de faillite.
Les défis de l’accès à l’information
Poser des questions est une chose, obtenir des réponses en est une autre. Grégory Guilmin en a bien conscience. Afin de conseiller ses clients au mieux, il a envoyé un email à plusieurs plateformes d’échange de cryptomonnaies, mais n’est pas convaincu du résultat. Par exemple, « quand je demande un schéma explicatif sur leurs flux financiers liés au staking (une source de revenus passifs par l’immobilisation de cryptomonnaies, ndlr), impossible de recevoir quoi que ce soit », déploretil.
L’arrivée du règlement Mica en 2023 devrait, en revanche, créer un cadre pour
l’émission et la fourniture de services liés aux cryptoactifs. Grégory Guilmin y voit une opportunité de transparence : « Si je fais un parallèle avec les produits financiers classiques, le règlement Mifid a permis aux investisseurs de comprendre dans quoi ils investissent, avec l’obligation pour les émetteurs de fournir de la transparence. » Les investisseurs devraient donc bénéficier d’une meilleure protection au fur et à mesure que le secteur des cryptomonnaies entre dans une phase de réglementation.
9.898
En juillet 2022, le fournisseur de données CoinMarketCap avait recensé l’existence de 9.898 cryptomonnaies. Elles n’étaient encore qu’au nombre de 7 en 2013. Il en existerait cependant 20.268, mais une grande partie n’est plus active ou valorisée.
BENOÎT THEUNISSENProtéger ses crypto-actifs
« Comment souhaitez-vous investir dans des cryptomonnaies ? »
Cette question, Grégory Guilmin la réserve à tout client qui voudrait se lancer dans des investissements liés à la finance décentralisée. Simple en apparence, la question suscite pas mal de doutes, car s’il est relativement aisé d’ouvrir un compte sur une plateforme en ligne, il en va tout autrement lorsque l’investisseur souhaite conserver ses cryptomonnaies sur une clé physique sécurisée, communément appelée cold wallet.
DES RISQUES
La faillite de la plateforme FTX, amorcée en novembre 2022 à la suite de l’acquisition avortée par Binance, comme annoncé le 8 novembre 2022, risque de marquer une date-clé dans l’histoire des cryptomonnaies. La situation a conduit à ce que les transactions via la plateforme soient arrêtées du jour au lendemain, et que des clients ne sachent pas comment récupérer leurs sommes investies. Cet épisode s’ajoute aux nombreux hacks dont ont été victimes plusieurs plateformes au cours de la dernière décennie.
Des investisseurs préfèrent donc conserver leurs actifs sur des clés physiques.
LA SOLUTION IDÉALE ?
Conserver soi-même des crypto-actifs sur une clé physique sécurisée par un chiffrement semble donc être la solution idéale pour prévenir tout risque de faillite ou d’attaques informatiques contre les plateformes. Si des risques sont évités, d’autres apparaissent. En effet, détenir un cold wallet nécessite un minimum de connaissances techniques afin non seulement d’être en mesure de choisir le dispositif le plus fiable, mais d’être aussi capable de l’utiliser. Il existe également toute une série de risques opérationnels, tels qu’oublier le code d’accès de sa clé, perdre l’objet ou se le faire voler.
LA SÉCURITÉ AVANT TOUT
Utiliser un cold wallet reste plus onéreux que les solutions en ligne, requiert des connaissances spécifiques et offre une expérience utilisateur peu favorable.
Les personnes optant pour cette solution sont donc des investisseurs avertis. La sécurité a un prix, mais pas celui de la facilité.
Naviguer en eaux troubles
Retour sur une année marquée par une forte volatilité au niveau des marchés. Au fil des derniers mois, la quasi-totalité des secteurs ont bu la tasse. À l’entame de 2023, l’incertitude est toujours grande. Dans ce contexte, quel cap doivent adopter les investisseurs ?
Pour les investisseurs, 2022 est certainement une année à oublier. Et le plus tôt sera le mieux. Il faudra sans aucun doute patienter encore un moment avant de voir les marchés retrouver durablement des couleurs. De nombreux portefeuilles souffrent encore des stigmates de cette « annus horribilis ».
À l’issue de l’année 2021, si les investisseurs avaient de quoi se réjouir, les indicateurs annonçaient déjà une inflation soutenue, nourrie par une multitude de facteurs. Si le conflit ukrainien a surpris le monde entier, il n’est pas l’unique cause de l’inflation que la planète connaît aujourd’hui. Si, dans nos contrées, l’inflation a été particulièrement soutenue par la crise énergétique, en raison de la dépendance de l’économie européenne aux importations de gaz et de pétrole russes, le coût de la vie avait entrepris sa hausse avant le
début du conflit. Aux États-Unis, l’inflation est d’une tout autre nature. En effet, le pays de l’Oncle Sam est indépendant énergétiquement. Si les prix des biens et des services atteignent de nouveaux sommets outre-Atlantique, c’est notamment en raison des difficultés des organisations à trouver de la main-d’œuvre. Dans une économie dopée par des politiques monétaires et fiscales jusqu’alors très avenantes, les acteurs peinent à recruter. Aux ÉtatsUnis, on compte actuellement deux postes vacants pour une personne au chômage. Cela génère une hausse des salaires qui finit par se répercuter sur les prix des services et des biens de consommation.
Cette tendance inflationniste a obligé les banques centrales à réagir, dont la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE), pour tenter de ralentir l’économie. Cela s’est
traduit par des hausses successives des taux d’intérêt directeurs, bousculant à leur tour les marchés et entraînant une grande volatilité. La situation vécue en 2022 est inédite à plus d’un titre. « En temps normal, une démarche de diversification entre actions et obligations permet de contrebalancer des contre-performances de l’une ou l’autre classe d’actifs. Or, cette année, les obligations et les actions ont évolué en tandem. Les obligations ont perdu leur pouvoir de diversification puisque la faiblesse des marchés actions était principalement due à l’augmentation des taux d’intérêt », commente Alexandre Gauthy, analyste macroéconomique au sein de la banque Degroof Petercam Luxembourg. Dans ce contexte, pour les investisseurs, difficile de trouver la parade.
Des pertes de 10 % à 30 %
Si les banques centrales, en augmentant les taux d’intérêt, espèrent freiner la demande, ralentir l’économie et limiter l’inflation, au niveau des investisseurs, la hausse des taux longs a entraîné une baisse des valorisations des actions. Étant donné que les attentes par rapport aux bénéfices futurs ont peu évolué, l’ajustement s’est donc fait sur le prix des actions.
ALEXANDRE GAUTHY Analyste macroéconomique, Degroof Petercam LuxembourgL’indice MSCI All Country World Index, qui représente les marchés boursiers mondiaux, a perdu 17 % en dollars (9 % en euros, la devise unique s’étant dépréciée par rapport au dollar) entre janvier et novembre. Au niveau du S&P 500, indice
« Pour redevenir plus positif sur les actions, il faudrait vraiment entrevoir une nouvelle accélération de la croissance économique. Ce que l’on ne perçoit pas encore aujourd’hui. »
boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses aux États-Unis, sur la même période, on a constaté un recul d’environ 18 % en dollars (10 % en euros).
« La perte, dans certains cas de figure, pouvait être bien plus importante, assure Alexandre Gauthy. Un investisseur américain ayant investi dans des actions de la zone euro, par exemple, a subi le recul des valeurs, d’environ 20% selon le principal indice de la région, mais aussi une perte liée à l’évolution du taux de change, soit plus ou moins 10%. Pour cet investisseur, c’est une double peine. Depuis le début de l’année 2022, la dévalorisation peut avoisiner les 30%. »
L’énergie, le seul gagnant Dans ce contexte explosif, certaines valeurs ont mieux résisté que d’autres. Celles qui ont pu se maintenir en territoire positif sont toutefois rares.
« Sur le marché des actions, l’unique secteur ayant connu une hausse au fil de cette année, c’est celui de l’énergie. Le cours de bourse de Royal Dutch Shell a bondi de 40 %, profitant de la hausse des prix du pétrole et du gaz, explique l’analyste. Dans le domaine de l’énergie, RWE est un autre exemple d’acteur qui a très bien performé. Cette société spécialisée dans la production d’électricité en Allemagne, active notamment sur le renouvelable, le nucléaire et le charbon, a vu sa valeur progresser de 18 %. Cet acteur, en particulier, a profité pleinement de la hausse des prix de l’électricité. »
Bien qu’en territoire négatif, certains secteurs ont maintenu des performances supérieures aux indices. Il s’agit le plus souvent des valeurs défensives. Le secteur pharmaceutique, qui offre une meilleure résistance des bénéfices dans un contexte inflationniste et qui est notamment moins sensible aux cycles économiques, s’est bien maintenu. Si l’on considère les valeurs individuellement, AstraZeneca a, par exemple, connu une hausse de son cours de l’ordre de 25 %. Le secteur des biens de consommation primaire, dont les figures de proue sont des groupes comme Nestlé ou Unilever, a aussi bien résisté. De plus, « dans un contexte de hausse du prix du gaz, qui a eu un impact sur le prix des engrais, l’un des leaders mondiaux des engrais, CF Industries, présente des performances remarquables, avec une hausse de son cours de bourse de l’ordre de 44 % », cite encore Alexandre Gauthy.
Chute des valeurs technologiques
Les tensions géopolitiques, par ailleurs, ont profité à l’industrie de l’armement. Si ces valeurs sont généralement bannies au niveau de l’offre des banques, le secteur a bénéficié de la hausse de la production et des ventes d’armes. Un acteur comme Lockheed Martin, première entreprise américaine de défense et de sécurité, a vu son cours augmenter de 35 % au fil de l’année 2022.
À l’opposé, les valeurs qui ont le plus trinqué ces derniers mois sont celles du
Évolution du taux d’inflation
Pour la zone euro. Indice des prix à la consommation harmonisé. Du 31 janvier 1999 au 30 novembre 2022.
Source Banque centrale européenne (BCE), Statistical Data Warehouse
secteur des technologies américaines. Le Nasdaq, principal marché des valeurs technologiques, était en baisse de 28 % en dollars entre janvier et mi-novembre. « Dans ce domaine, ce sont les entreprises qui ne génèrent pas encore de bénéfices qui ont connu le recul le plus important de leur valeur , commente Alexandre Gauthy. La hausse des taux d’intérêt a impacté négativement le cours boursier de ces entreprises qui n’ont pas encore eu le temps de démontrer leur rentabilité. Le célèbre ARK Innovation ETF, géré par Cathie Wood, qui investit essentiellement dans ce type d’acteurs, est en recul de plus de 60 % entre janvier et novembre. »
Si l’on se penche sur les obligations, l’année 2022 n’a pas été heureuse. Les obligations gouvernementales en zone euro ont connu un recul de 19 %, tandis que les obligations d’entreprises en zone euro ont subi des pertes de l’ordre de 16 %. « Cette année, pour performer, il fallait donc avoir misé sur l’énergie et le dollar, qui lui aussi a progressé », résume l’analyste macroéconomique de Degroof Petercam.
Année charnière Comment, dès lors, appréhender l’avenir ? 2022 pourrait constituer une année charnière. « 2021 était caractérisée par une croissance forte et une inflation encore contenue, poursuit Alexandre Gauthy. En 2022, la croissance a fortement décéléré et l’inflation a décollé. À cela s’ajoutent désormais les perspectives d’une récession,
L’indice MSCI All Country World Index, qui représente les marchés boursiers mondiaux, a perdu 17 % en dollars entre janvier et novembre de cette année 2022.
qui devrait être effective en 2023 en zone euro. Les États-Unis n’en sont pas loin. En 2023, on peut s’attendre à ce que les banques centrales mettent fin à leur politique de hausse des taux, en réponse à la décélération de l’inflation. »
Les investisseurs peuvent-ils escompter un retour à une situation moins volatile ? Peuvent-ils espérer des perspectives meilleures pour leurs investissements ? Rien n’est moins sûr. En plus des taux d’intérêt, d’autres éléments doivent entrer en ligne de compte. « La valorisation des actions, comme évoqué, est déterminée en considérant les bénéfices futurs des entreprises concernées, précise Alexandre Gauthy. Or, une économie en récession risque de peser sur les bénéfices des entreprises, et donc sur leurs performances boursières. »
Les marchés doivent naviguer dans un environnement très incertain. L’incertitude a-t-elle seulement déjà été plus grande ? « Avec Donald Trump, l’incertitude avait déjà atteint un très haut niveau. Elle était toutefois d’une autre nature. En ce moment, beaucoup de variables entrent en ligne de compte », répond l’analyste. Entre inflation, récession, évolution des prix de l’énergie, propagation du coronavirus en Chine, relations sino-américaines, guerre en Ukraine… les éléments pouvant affecter les marchés dans un sens ou dans l’autre sont nombreux.
Réallocations
Qu’implique cette incertitude en matière de stratégie d’investissement ? « Dans ce contexte, il est important de procéder à des réallocations de ses actifs au sein de son portefeuille, en privilégiant des secteurs dont les performances sont moins sensibles aux cycles économiques, en délaissant ceux qui, au contraire, évoluent fortement au gré des turbulences, comme les industriels en Europe ou les biens de consommation non essentiels », explique Alexandre Gauthy.
Au printemps dernier, par exemple, alors que les marchés tanguaient suite à l’entame du conflit ukrainien et à l’augmentation des prix de l’énergie, le comité d’investissement de la banque Degroof Petercam a décidé de réduire ses positions en actions, et notamment en actions européennes, considérant que les industries du continent souffriraient davantage de
la hausse des coûts de l’énergie, et limiter de cette manière la sensibilité des portefeuilles des investisseurs aux cycles économiques. Cela s’est traduit par des réallocations à la faveur du dollar et des actions américaines, les États-Unis n’étant pas importateurs d’énergie.
Approche défensive « Il s’agit d’adopter une approche plus défensive, poursuit l’analyste. Même si les marchés ont connu plusieurs rebonds ces derniers mois, anticipant un ralentissement des hausses de taux des banques centrales et de l’inflation l’année prochaine, il faut rester prudent. Pour redevenir plus positif sur les actions, il faudrait vraiment entrevoir une nouvelle accélération de la croissance économique. Ce que l’on ne perçoit pas encore aujourd’hui. » Durant cette période, le comité d’investissement de la banque Degroof Petercam a aussi renforcé ses positions sur les obligations d’entreprises de qualité, notamment en dollars. « Elles offrent actuellement un rendement annuel de 5 % pour une échéance à quatre ou cinq ans. C’est une proposition tactique attractive , assure Alexandre Gauthy. Et si l’on peut objecter que ces 5 % demeurent en dessous du niveau actuel de l’inflation, celui-ci ne devrait pas se maintenir éternellement aussi haut. Le marché anticipe déjà que l’inflation américaine retombera à 2,5-3 % d’ici un an ou deux. Sur une période de 10 ans, l’inflation s’établirait autour de 2,4 % par année. Avec un rendement de 5 % au niveau des obligations d’entreprises en dollars, les perspectives de rendement après inflation sont bien positives. »
Nouvel attrait des obligations Une possible détérioration de l’activité économique pourrait encore affecter les actions. Les obligations d’État vont à nouveau pouvoir jouer leur rôle de diversification. « Le portefeuille 50/50, moitié obligations, moitié actions, n’est pas mort, assure l’analyste. Les perspectives de rendement sur le marché obligataire se sont récemment fortement améliorées. D’un point de vue tactique, ça a du sens d’augmenter l’allocation sur les obligations souveraines de pays jugés sûrs. » L’idée n’est pas de délaisser les actions pour autant. « Il y a toujours des opportunités en la matière , assure
Alexandre Gauthy. Par contre, il faut faire preuve de sélectivité, en privilégiant des acteurs aux business models solides et que l’on ne paie pas trop cher. De nombreuses valeurs, après avoir perdu beaucoup au fil des mois passés, présentent tout de même toujours de belles perspectives de rendement. Dans une approche long terme, les actions devraient en outre continuer à offrir des rendements supérieurs aux obligations. »
Le juste prix
Au niveau des actions, certaines thématiques devraient être plus porteuses que d’autres. La transition énergétique, par exemple, aura besoin de nouvelles infrastructures. Il y a dans ce domaine de belles opportunités d’investissement en actions. Les politiques volontaristes des gouvernements en faveur de nou veaux modèles de production et de ges tion de l’énergie font que ce secteur offre de solides perspectives de croissance. « Toutefois, s’il y a effectivement des pos sibilités intéressantes, un des enjeux est de faire attention à ce que l’on paie au regard de ce que l’on peut obtenir en garde l’analyste, pour qui de nom breuses actions, malgré des chutes impor tantes, pourraient encore être surévaluées.
Un autre domaine porteur d’oppor tunités, pour de l’investissement en actions à long terme, est celui de la technologie. S’il a beaucoup souffert ces derniers mois, cela ne signifie pas que ses perspectives de croissance sont moindres sur le long terme. Au regard de certains enjeux, comme la cybersécurité, la transformation numérique de l’industrie ou encore le développement de l’intelligence artificielle, il y a de nombreuses thématiques porteuses en la matière. « Le secteur de la technologie pourrait à nouveau susciter l’intérêt des investisseurs lorsque les rendements obligataires repartiront à la baisse, mais, encore une fois, si l’on s’assure de ne pas payer trop cher les bénéfices futurs, poursuit Alexandre Gauthy, précisant privilégier la croissance à un prix raisonnable ( growth at a reasonable price –GARP). Dans le domaine, il faut aussi faire preuve de sélectivité. »
Alors que les marchés chutaient, une autre petite musique s’est fait entendre aux oreilles des investisseurs, faisant
valoir l’opportunité de se tourner vers des actifs privés, dont les performances promises sont élevées et décorrélées des marchés. « Si l’on a le sentiment qu’il y a une décorrélation, c’est principalement en raison du caractère illiquide de ces actifs, tient à préciser Alexandre Gauthy. Il est en effet intéressant de dédier une poche de son portefeuille à ces actifs dans l’optique d’en améliorer le rendement. Cela s’inscrit dans une démarche de diversification de portefeuille avec un horizon lointain. »
Des tendances à tenir à l’œil 2023 s’annonce désormais. Il faut aborder cette nouvelle année en considérant les incertitudes toujours à l’ordre du jour. Pour bien appréhender les marchés, plusieurs éléments devraient retenir notre attention dans les mois à venir. « D’abord, il faut considérer l’évolution du marché du travail aux États-Unis. C’est principalement cet élément qui va influencer la politique de la Réserve fédérale américaine. Les marchés sont particulièrement sensibles à cet indicateur », souligne le macroéconomiste. Ce qui se passe en Chine, avec le Covid et la politique de tolérance zéro mise en place par les autorités, est aussi un élément important. Le bon fonctionnement de l’outil de production chinois a un impact direct sur l’industrie européenne et sur les prix à la consommation. La santé financière du consommateur américain est un autre indicateur important. On voit que le crédit à la consommation augmente outre-Atlantique, que les revenus disponibles baissent et que le taux d’épargne est historiquement bas. Ce ne sont pas de bons signes pour la croissance future de la consommation », explique Alexandre Gauthy. En Europe aussi, il faudra suivre le comportement du consommateur de près. On n’a sans doute pas encore ressenti l’ensemble des conséquences du double effet « hausse des taux et hausse du coût de l’énergie» sur le comportement des ménages. Ce sont des éléments qui vont fortement conditionner la reprise économique et la performance des actifs financiers.
« Une économie en récession risque de peser sur les bénéfices des entreprises, et donc sur leurs performances boursières. »
Parlez-vous wealth management ?
La gestion de fortune est un domaine avec ses nuances et son vocabulaire. Pour un non-initié, la compréhension de ce lexique n’est pas toujours évidente. Voici quelques éléments pour y voir plus clair.
Estate planner
La mission du planificateur patrimonial – traduction française d’estate planner – consiste à gérer le patrimoine de son client. Avec ce dernier, il définit une stratégie d’investissement basée sur des objectifs précis. Il joue également un rôle de conseiller, aidant son client à faire les meilleurs choix afin de faire fructifier son capital.
Gestion discrétionnaire
Sur le principe, la gestion discrétionnaire semble similaire à la planification patrimoniale. Cependant, deux différences majeures existent. Tout d’abord, le gestionnaire gère uniquement le patrimoine financier de son client. Ensuite, en optant pour une gestion discrétionnaire, le client donne un mandat à la banque et se décharge de la gestion de ses actifs, ce qui n’est pas forcément le cas lorsqu’il s’agit de planification patrimoniale.
Crédit Lombard
Le crédit Lombard permet d’obtenir rapidement des liquidités dans le but de les réinvestir. Pour bénéficier de ce prêt à taux fixe, le client met en garantie des actifs – actions, obligations – qu’il récupérera une fois le remboursement de l’emprunt terminé. L’intérêt de ce crédit est qu’il permet d’obtenir des liquidités rapidement tout en conservant l’ensemble de son patrimoine, sauf dans le cas où le prêt n’est pas remboursé.
Private equity
En français, on parle de capital-investissement. Cela correspond à une prise de participation au capital d’une entreprise par l’achat de parts de la structure. Contrairement
aux achats effectués en bourse, les entreprises dont les parts sont achetées ne sont pas cotées. Quatre catégories de private equity sont à distinguer, en fonction du cycle de vie de la structure. La plus connue est le capital-risque, un investissement réalisé lors du lancement de l’entreprise.
OPC – Organisme de placement collectif
Un organisme de placement collectif correspond à un portefeuille de valeurs mobilières détenu par plusieurs investisseurs, collectivement. Il peut s’agir d’une sicav (société d’investissement à capital variable) ou d’un FCP (fonds commun de placement). Un OPC représente un moyen courant de diversifier ses investissements.
Dette privée
La dette privée est similaire au private equity et au financement d’une entreprise non cotée en bourse. La différence réside dans le profil d’investissement. En effet, la dette privée entraîne moins de risques pour l’investisseur. La contrepartie est que le rendement est moins important, variant entre 4 % et 8 % annuels.
Eltif – European Long-Term Investment Fund
Le régime de l’Eltif (ou Feilt, pour fonds européens d’investissement à long terme) a été mis en place par la Commission européenne. Concrètement, les investisseurs investissent généralement durant une dizaine d’années, selon les modalités définies, dans des projets précis (infrastructures, entreprises, etc.). Pour pouvoir y prétendre, l’investissement doit être au minimum de 10.000 euros.
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«
Trop d’acteurs ne segmentent pas leur clientèle »
THEUNISSENNotamment conseiller de trois familles, Hugues Delcourt donne son analyse sur l’état de l’industrie de la gestion de patrimoine. Pragmatique, il cite les défis de demain.
2022 a été marquée par le retour d’une inflation persistante et d’une dégradation macroéconomique exceptionnelle. Quelle lecture avez-vous de cette situation ?
Les crises s’accompagnent généralement d’opportunités d’investissement, mais la période actuelle est aussi difficile qu’incertaine, et cela vaut également pour les high net worth individuals (HNWI). Nous nous trouvons face à une conjonction d’éléments plutôt négatifs : l’inflation, la remontée des taux d’intérêt, un environnement géopolitique compliqué et une entrée en récession.
Ce n’est toutefois pas surprenant. Avec la politique monétaire si accommodante que nous avons eue depuis tant d’années, c’est un peu normal que nous en soyons arrivés là. C’est un peu comme si nous jouions avec des allumettes dans une grange avec de la paille sèche… À un certain moment, le feu va se déclarer ! À la fin des années 60, beaucoup disaient que l’inflation avait durablement disparu. Et, fin 73… on sait ce qui s’est passé. C’est pareil aujourd’hui. Après tant d’années avec une inflation nulle, voire parfois négative, plus d’un pensait qu’elle ne reviendrait pas. Tout au contraire, l’inflation va se montrer plus importante et permanente que prévu. Au niveau des investissements, toutes les classes d’actifs ont souffert cette année. Je crains d’ailleurs que nous ne soyons pas au bout de nos peines.
Finalement, nous ne voyons pas encore de faillites conséquentes, mais ce n’est qu’une question de temps. Nous bénéficions encore d’un certain momentum dans tous les pays qui ont subsidié les entreprises au cours de la pandémie. Maintenant que les taux d’intérêt remontent, de nombreuses industries, qui sont fortement endettées, vont être prises à la gorge, en plus de voir leurs autres coûts augmenter.
Quelles sont les répercussions pour les HNWI et leurs portefeuilles ?
Pour l’instant, une certaine confiance des consommateurs maintient l’économie dans le monde. Cette confiance tient au fait qu’il y a de l’emploi. Je ne cache pas mon inquiétude sur le risque que cette confiance s’étiole rapidement au fur et à mesure d’une remontée des faillites et du chômage. Nous rentrerons alors dans un cercle vicieux bien connu : la baisse de la confiance entraîne la baisse de la consommation des ménages, qui impacte les résultats des entreprises, qui finissent par licencier, ce qui fait augmenter le chômage. Et ainsi de suite. Pour les sociétés cotées, nous voyons déjà ces effets avec de plus en plus de plans de licenciement annoncés, et ce dans beaucoup de secteurs. L’effet est moins immédiat pour les sociétés non cotées, mais la macroéconomie touche toutes les sociétés, cotées ou non. Nous verrons, en
2023, des valorisations moins élevées sur ces sociétés dans les portefeuilles de private equity. Ce dernier a été un actif de plus en plus recherché par les HNWI. Il y aura donc un impact sur les portefeuilles aussi par ce biais.
Sommes-nous en train de vivre un phénomène de destruction du capital ?
Il y a déjà eu, de facto, une destruction d’actifs depuis le début de l’année. Se bercer de douces illusions n’est pas forcément une bonne chose, mais il ne faut pas non plus tomber dans le catastrophisme. Nous voyons, par exemple, que les nouvelles technologies contribuent en permanence à créer de la valeur ajoutée. Et cela va continuer. Les sociétés vont devoir être plus frugales et meilleures dans ce qu’elles font. En effet, quand elles ont des difficultés à payer leurs financements, ça doit les inciter à être plus affûtées et à s’interroger sur la bonne utilisation de leurs ressources.
Je ne m’attends pas à une implosion du système, mais il faut tout de même se rendre compte que la situation va être compliquée et qu’elle va durer pas mal de temps. Il faut aider les entreprises non en les subsidiant, mais en faisant des réformes. Il est normalement d’usage de réparer une toiture par beau temps, non quand il pleut. Il est dommage de constater que certaines réformes qui auraient pu être mises en œuvre plus aisément dans un passé proche, aussi bien au Luxembourg qu’ailleurs, seront désormais plus difficiles à instaurer.
Quelles réformes sont nécessaires, selon vous ?
L’attractivité du Luxembourg pour les talents. C’est un peu un poncif de parler de la guerre des talents, mais c’est un fait. Quand je me promène dans les rues de Londres, par exemple, je ressens un dynamisme vibrant en raison de la forte présence de jeunes dans la ville. Londres est un aimant pour les jeunes talents, de toutes origines et cultures. Au Luxembourg, nous faisons plusieurs choses bien, mais nous pouvons faire encore plus. Les talents y viennent parce qu’il y a des opportunités de carrière dans
des sociétés à la taille critique, au sein desquelles il est possible de progresser. Si l’environnement agréable et la sécurité relativement bonne du Luxembourg constituent aussi des arguments, l’argent reste une motivation importante, il ne faut pas se le cacher. Nous avons de bons salaires, mais nous disposons d’une taxation difficile, loin d’être attractive par rapport à d’autres centres financiers. Vous allez à Hong Kong, à Singapour, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, la taxation des revenus du travail y est plus attrayante. Il faut donc faire davantage pour rendre le Luxembourg également fiscalement attrayant pour les talents.
Le secteur financier du pays a d’ailleurs de plus en plus de difficultés à recruter des talents à haute valeur ajoutée. Qu’en est-il pour le métier de wealth manager ?
Le métier de wealth manager est un métier extrêmement compliqué. Être un bon wealth manager s’avère même être presque une gageure. Dans ce métier, vous devez être capable de conseiller, de comprendre et d’accompagner une personne ou une famille qui a réalisé des choses hors de l’ordinaire qui lui a permis de créer cette fortune. Ce sont typiquement des entrepreneurs. Ils aiment bien rencontrer des gens qui leur ressemblent et qui peuvent leur apporter de la valeur ajoutée. En tant que wealth manager, vous devez à la fois combiner l’expérience d’un entrepreneur qui aurait monté deux ou trois sociétés, celle d’un banquier avec une vision claire quant au risk management et à l’asset allocation, et celle d’un spécialiste de structuration patrimoniale ou de produits financiers. J’ai énormément d’admiration pour des wealth managers qui excellent, car c’est un métier qui nécessite d’avoir tellement de cordes à son arc pour le faire correctement. Mais sont-ils assez nombreux, ceux qui excellent ? C’est la raison pour laquelle, si je devais à nouveau être banquier aujourd’hui, je me concentrerais uniquement sur les HNWI – par opposition aux very high net worth individuals (VHNWI) et aux ultra high net worth individuals (UHNWI) –, avec un outil digital le plus avancé possible et une
sociétés vont devoir être plus frugales et meilleures dans ce qu’elles font. »
BIO EXPRESS
Via Delcourt, Kim & Associates, Hugues Delcourt agit comme senior advisor et operational partner auprès de trois familles ainsi que pour Advent International, une société spécialisée dans le private equity. Son expertise l’a amené à superviser la vente de Kneip Communication à Deutsche Börse en mars 2022. Il bénéficie d’une expérience de 30 ans dans le secteur bancaire, dont 17 en Asie. Entre 2014 et 2019, il a été président du directoire et group CEO de la BIL. Auparavant, il était CEO d’ABN AMRO Private Banking en Asie et au Moyen-Orient, ainsi que country manager pour Singapour.
« Les
Avaloq stimule l’innovation dans la communication client
Avaloq, leader technologique pour la gestion de fortune, s’engage à innover pour accompagner la digitalisation des banques et des gestionnaires de fortune.
La banque conversationnelle (les échanges entre une banque et ses clients via une interface de messagerie) a gagné du terrain ces dernières années. Pour tirer parti de cette tendance, les institutions financières doivent disposer de la technologie adéquate. Ainsi, nous avons développé Avaloq Engage App, qui offre un environnement fiable et contrôlable et permet aux clients de communiquer avec leur conseiller par WhatsApp.
La banque conversationnelle : une opportunité Cette tendance est avant tout encouragée par la clientèle. Selon Avaloq, 53 % des investisseurs fortunés en Allemagne et en France aimeraient utiliser WhatsApp pour communiquer avec leur banque, pour autant que les échanges restent sûrs et confidentiels. C’est une opportunité pour les banques d’offrir l’expérience client désirée tout en garantissant sécurité et confidentialité.
L’avenir de la communication client
Les législateurs à travers le monde devraient renforcer les règles relatives à l’utilisation de WhatsApp par les employés des banques. Parallèlement, la banque conversationnelle deviendra centrale pour l’industrie financière à mesure que la clientèle moderne recherche un mode de communication simplifié et instantané avec sa banque.
Avec la technologie et les processus adaptés, les banques peuvent augmenter l’engagement et la fidélité de leur clientèle grâce à un mode de communication plus simple mais toujours conforme aux exigences de conservation des données. Cela permettra aux institutions financières traditionnelles de rester compétitives à mesure que les attentes des clients évoluent.
offre la plus standardisée possible. En ce sens, j’offrirais beaucoup plus de solutions discrétionnaires que de solutions de type conseil, qui restent très compliquées et chères à mettre en place d’un point de vue réglementaire.
Comment voyez-vous justement la place des banques par rapport aux family offices dans le wealth management ?
Nous devons faire preuve d’une vraie segmentation. Aussi bien au Luxembourg que dans d’autres pays, nous ne segmentons pas suffisamment. À différents segments de fortune correspondent des besoins différents. De ce fait, les acteurs, pour servir ces différents segments, ne sont pas nécessairement les mêmes. En effet, il y a une grande différence en termes de besoins entre des personnes fortunées qui possèdent entre 500.000 euros et 5 millions d’euros – en l’occurrence les HNWI – et les UHNWI, au-dessus 100 millions d’euros. Malgré tout, de nombreux acteurs ne segmentent pas assez leurs clients. En tant que HNWI, vous allez signer un contrat de gestion discrétionnaire avec votre banque. A contrario, quand votre fortune vous caractérise comme un UHNWI, votre banque n’aura qu’un rôle de facilitateur, pas de pourvoyeur de solutions. Vous cherchez plutôt à vous adresser directement aux experts qui manufacturent les produits. Un UHNWI est donc naturellement plus enclin à travailler au travers d’un family office (le sien ou un multifamily office) disposant de spécialistes de l’investissement dont la mission consiste à trouver les bons producteurs de produits et les solutions en réponse aux besoins spécifiques de chaque client. C’est, en effet, une erreur de beaucoup d’acteurs de ne pas être assez précis dans leur segmentation, en ne se concentrant pas suffisamment sur le domaine dans lequel ils sont pertinents. Pour la gestion de patrimoine, les banques devraient se concentrer sur les HNWI, leur offrir une client experience ainsi qu’une sélection de solutions irréprochables. En revanche, elles ne devraient pas prétendre avoir la capacité à servir de façon holistique les UHNWI.
Où se situe la technologie dans cette approche ?
La technologie est souvent associée à l’expérience retail , mais a également toute son importance pour la banque privée. D’après mon expérience, le futur des banques dans le wealth management résidera sur une offre concentrée sur les HNWI, et moins sur les UHNWI. Pour y parvenir, une consistance du service est indispensable. À l’instar du segment de la banque de détail, les activités doivent être prévisibles, et l’expérience client agréable et systématique. Et puisque les talents ne sont pas toujours disponibles ou peuvent être chers, les banques doivent être capables de gérer une partie importante de ces produits et solutions par des canaux digitaux, le but étant de maintenir une interaction humaine pour des moments de plus grande valeur ajoutée. Il s’agit d’un modèle hybride.
VOUS AVEZ DIT « FAMILY OFFICE » ?
Un family office coordonne les relations d’une famille et de ses entités juridiques avec leurs prestataires de services, tels que des gestionnaires de fortune, des avocats, des conseillers fiscaux, des banquiers ou des notaires. De la sorte, un family office administre le patrimoine de familles fortunées.
En Europe, un family office gère en moyenne 861 millions de dollars d’actifs sous gestion, selon la Luxembourg Association of Family Offices. En raison de son expertise patrimoniale et financière, le Luxembourg héberge de nombreux family offices
Le Luxembourg est une Place de choix pour les HNWI et les UHNWI. Comment cela a-t-il été rendu possible ? En un mot, c’est la combinaison de l’écosystème autour des fonds d’investissement et celui de l’assurance-vie. Je pense aussi que le Luxembourg reste tout spécialement intéressant pour les UHNWI qui ont des besoins plus spécifiques que les HNWI, et assez proches de ceux de l’ asset management . Par exemple, les UHNWI font souvent appel à des fonds pour se structurer, ce qui n’est pas le cas des HNWI.
Le rayonnement des fonds d’investissement et des UHNWI autour des family offices contribue à la bonne réputation du Luxembourg, ce qui bénéficie à toute la Place. Car, malheureusement, en dehors de ces populations, le Luxembourg ne jouit pas forcément d’une réputation positive. Ce n’est pas justifié, mais nous payons encore le prix du passé. C’est aussi le résultat des politiques des pays avoisinants qui aiment critiquer le Luxembourg, ternissant alors l’image du pays.
D’autres centres financiers pourraient concurrencer le Luxembourg sur la niche du wealth management ? Nous devons constamment nous demander si nous sommes suffisamment attractifs et si nous le resterons. Ce n’est pas parce que le pays va bien que nous pouvons dire que cela sera toujours le cas. Nous ne pouvons pas être complaisants. L’activité du wealth management et de l’asset management n’est pas intéressante que pour le Luxembourg. D’autres Places se positionnent également dans ce domaine. Nous pourrions, par exemple, nous satisfaire que le Luxembourg est nettement plus important que Dublin au niveau des fonds. Mais il faut accepter de voir la réalité en face. À l’heure actuelle, Dublin croît plus vite que le Luxembourg. Cela devrait nous interpeller si d’autres centres financiers progressent plus rapidement que nous.
Un autre enjeu de l’industrie du wealth management touche aux nouvelles façons d’investir de plus jeunes générations. Les cryptomonnaies en sont une.
Comment vous positionnez-vous sur ce point ?
Ce n’était pas très bien vu, il y a cinq ans, d’affirmer ne rien comprendre aux cryptomonnaies. Aujourd’hui, la tendance a changé ! Personnellement, je ne parviens pas à comprendre à quoi servent les cryptomonnaies et quelle est leur valeur ajoutée. Tout ce que font les cryptomonnaies peut être fait sans les cryptomonnaies. En revanche, la distributed-ledger technology (DLT), technologie soustendant les cryptomonnaies, apporte, quant à elle, quelque chose de plus.
Un gigantesque transfert de patrimoine est attendu d’ici 2030. Est-ce une chose à laquelle vous réfléchissez personnellement ?
C’est un vrai sujet, plus que jamais. C’est aussi un sujet hyper émotionnel pour quiconque a accumulé quelques économies. Je suis personnellement face à un dilemme. J’ai deux filles, et je pense qu’elles vont souffrir dans leur vie de tous les jours plus rapidement d’un problème d’insécurité que du changement climatique (et je ne suis pas du tout un climatosceptique). Cette insécurité présente et future trouve son origine dans la combinaison d’États ne pouvant pas ou plus redistribuer efficacement, et dans un écart de richesses devenu trop important et ne cessant de s’accroître. J’en reviens justement à la transmission de patrimoine : l’un des seuls moyens effectifs de réduire cet écart est l’impôt sur la transmission de patrimoine. D’un autre côté, il faut reconnaître que cet impôt est inique dans la mesure où ces économies sont le fruit d’un argent qui a déjà été imposé. Vous voyez le dilemme. Je suis tiraillé. Je ne veux pas être hypocrite… C’est un sujet qui est loin d’être réglé.
« Ce n’est pas parce que le pays va bien que nous pouvons dire que cela sera toujours le cas. »
L’histoire de la gestion de patrimoine au Luxembourg
Si le Luxembourg est aujourd’hui reconnu comme un hub parmi les plus réputés au monde en matière de wealth management, le développement de ce secteur remonte aux années 80. Retour sur une histoire qui nous mène du secret bancaire à la transparence des échanges.
Évolution des actifs sous gestion de la banque privée au Luxembourg
De 2007 à 2021, en milliards d’euros
Source Association des banques et banquiers, Luxembourg (ABBL)
L’histoire et le développement de la gestion de patrimoine au Luxembourg sont indissociables de ceux du secteur financier dans son ensemble. Et s’il faut attendre le début des années 80 pour assister au véritable essor de ce secteur qui enregistre aujourd’hui des records, notamment en termes d’actifs sous gestion, les premiers jalons de ce succès planétaire ont été posés plusieurs décennies auparavant.
De la « Holding 1929 » à la naissance de l’eurodollar Peu le savent, mais, dès 1929, le Luxembourg crée un premier cadre favorable aux activités financières offshore. Il s’agit de la « Holding 1929 » et de la Bourse de Luxembourg, deux outils sur lesquels le pays va bâtir son ascension. Concrètement, les holdings, ou sociétés mères, n’avaient alors pas le droit d’avoir d’activité commerciale ou industrielle dans le pays. Leur utilité était de permettre à de grandes sociétés françaises, belges, allemandes, voire britanniques ou américaines de rassembler leur capital au Luxembourg en l’exonérant d’impôt. En effet, les « H29 » étaient uniquement assujetties à un droit d’enregistrement, à un droit de timbre et à un droit d’abonnement. Pour le gouvernement de l’époque, l’enjeu était double : engranger de nou-
velles rentrées fiscales et attirer au Luxembourg des capitaux pour alimenter son industrie sidérurgique. Avec le krach boursier de 1929, puis la Seconde Guerre mondiale, il faudra toutefois attendre la fin des années 50 pour connaître l’âge d’or des H29 et de la Bourse avec la naissance des eurodollars, qui constituent, en quelque sorte, le premier marché transnational de l’épargne, et vont ensuite contribuer à l’essor de la banque privée au milieu des années 80. À la fin des années 50, l’explosion des eurodollars accélère la naissance de la Place. Alors que les activités bancaires sont strictement encadrées, les besoins de financement pour la reconstruction d’après-guerre sont gigantesques. C’est dans ce but qu’apparaissent les eurodollars. Ce nom désignait les dollars détenus hors des États-Unis. Des dollars qui, grâce au plan Marshall, s’accumulent dans les livres des banques européennes et qui seront utilisés dans des opérations de prêts internationaux.
La souplesse de la réglementation En 1963, la cotation de l’euro-obligation Autostrade fait entrer le Luxembourg dans le cercle fermé des places financières internationales. À l’époque, l’émetteur est italien, le contrat d’admission est régi par le droit anglais, la place de
cotation est au Luxembourg et l’emprunt est libellé en dollars. Admis à la cote de la Bourse de Luxembourg le 17 juillet 1963, l’emprunt porte sur un montant de 15 millions de dollars avec un taux d’intérêt de 5,50 % et une maturité de 15 ans. Si le Luxembourg est choisi pour l’émission de cette obligation, c’est pour la souplesse de sa réglementation. Les législations adoptées à la fin des années 20 s’avèrent enfin payantes et s’épanouissent avec le développement de ce qu’il convient d’appeler le « marché transnational de l’épargne ». Selon le Premier ministre de l’époque, Pierre Werner : « Les investisseurs ne trouvant pas l’avantage d’un régime de faveur ou de liberté à Luxembourg le trouveraient aisément ailleurs. » Les euro-obligations ouvrent de nouvelles perspectives pour la Place : les banques locales débordent de leur marché domestique pour devenir des banques d’affaires internationales et les banques étrangères prennent pied au Grand-Duché. Elles sont encouragées par la création, en 1965, de la holding de financement, une structure permettant à des groupes internationaux de structurer leurs emprunts obligataires dans un cadre fiscal attrayant. Les titres de ces emprunts étaient exemptés de retenue à la source. Après la Seconde Guerre mondiale, le pays ne comptait que 10 banques. Elles
étaient 26 en 1967. Et 100 en 1979. Les années 70 sont celles des pétrodollars. Cet afflux de liquidités lance un nouveau marché, celui des eurocrédits. Des prêts destinés au financement des États qui, à la fin des accords de Bretton Woods en 1971, ouvrent les vannes de l’endettement. Un nouveau marché s’ouvre pour la Place, qui attire encore plus d’acteurs et de services. Les banques saisissent les nouvelles opportunités qui se présentent et développent des services (agents payeurs, agents de cotation, dépositaires). La Place a besoin d’avocats pour rédiger les prospectus et les contrats d’émissions, de notaires, mais aussi d’auditeurs.
L’essor de la banque privée Au début des années 80, la Place a atteint une certaine maturité. C’est aussi à cette période qu’apparaissent les premières difficultés. La croissance mondiale ralentit en raison de l’inflation et en particulier d’une nouvelle hausse des prix du pétrole, due à la guerre entre l’Irak et l’Iran. Mais la situation ne dérape véritablement qu’en 1982, lorsque le Mexique décide unilatéralement de geler le paiement de sa dette. La situation d’insolvabilité des pays d’Amérique latine, principaux clients du Luxembourg sur le marché des eurocrédits, frappe durement la Place.
Quelques dates-clés
23 AVRIL 1981
Le secret bancaire luxembourgeois doit son origine à l’article 458 du Code pénal. Article qui impose le secret à certaines professions dépositaires de secrets qu’on leur confie dans le cadre de l’exercice de leur métier : les médecins, les pharmaciens ou encore les sages-femmes. Son extension au monde bancaire reposait sur une interprétation jurisprudentielle, sans que l’on sût vraiment si sa portée était spécifique ou générale. La loi du 23 avril 1981 sur le secteur bancaire consacre son extension formelle aux métiers de la banque.
30 MARS 1988
Le Luxembourg est le premier pays de l’UE à introduire la 1re directive OPCVM (directive Ucits). Une date capitale dans le développement de la place financière luxembourgeoise, des fonds et de la banque privée, qui consacre le triomphe de la stratégie de transposition rapide des directives européennes afin d’acquérir un avantage compétitif de « premier entrant ». Une stratégie qui sera maintes fois dupliquée. En étant le premier pays à transposer dans son droit la directive Ucits I, il est, à l’époque, le premier à offrir le « passeport européen ». De nombreux promoteurs de fonds d’investissement viennent domicilier leurs fonds au Luxembourg et utilisent le pays comme plateforme de distribution.
5 AVRIL 1993
C’est la date de la transposition en droit luxembourgeois de la deuxième directive bancaire qui introduisait notamment le « passeport européen » pour les banques. La partie III de la loi regroupe l’ensemble des mesures en matière de surveillance des établissements de crédit en stipulant, notamment, que cette surveillance se fait dorénavant sur base communautaire par l’autorité de surveillance de l’État membre d’origine. L’article 41, par ailleurs, précise le champ d’application du « secret bancaire ».
5 NOVEMBRE 2014
Lors d’un vote quasi unanime de son Parlement, le Luxembourg abolit le secret bancaire. La loi introduisant l’échange automatique d’informations bancaires scelle ainsi le sort des contribuables étrangers cherchant à dissimuler leurs avoirs aux autorités fiscales de leur pays de résidence. Après presque vingt ans de négociations intenses, une telle mesure est censée redorer le blason du Grand-Duché et de sa place financière, et réhabiliter le Luxembourg auprès de tous ceux qui l’ont accusé d’être un paradis fiscal.
Avec des actifs sous gestion atteignant 600 milliards d’euros à la fin de 2021, le secteur de la banque privée et du wealth management se porte chaque année de mieux en mieux.
Face à ces difficultés, elle cherche à diversifier ses activités, notamment en direction du private banking et des fonds d’investissement. Des choix qui vont s’avérer pertinents dans un contexte de libéralisation progressive des capitaux. En matière de banque privée, la Place ne part pas de zéro. Sa participation aux euromarchés l’a, dès les années 60, familiarisée à une clientèle internationale, à des produits d’investissement en différentes devises, ainsi qu’à l’élaboration de montages complexes. L’évolution du cadre réglementaire vers le secret bancaire fera pencher la balance… Le secret bancaire n’explique cependant pas à lui seul le succès de la banque privée. Il s’appuie sur deux auxiliaires précieux : le principe de la non-imposition de l’épargne des non-résidents et le principe de la double incrimination en matière de délit fiscal. Concrètement, si l’échange d’informations avec des administrations fiscales étrangères était possible dans le cas d’une procédure pénale, il fallait que la définition de l’infraction suspectée soit similaire à celle existant dans le droit grand-ducal. Qui avait une conception limitée du délit de fraude fiscale.
La fin du secret bancaire
Le secret bancaire va assurer l’essor de l’industrie de la banque privée et de la gestion de patrimoine. Ce qui n’ira pas sans quelques grincements de dents de la part des États voisins, dont les ressortissants étaient les principaux clients de la Place. C’était l’époque du « dentiste belge ». L’image de la Place va peu à peu se dégrader. Au grand dam des professionnels de l’assurance et des fonds d’investissement qui n’avaient que faire de ce secret. Un événement dramatique sera à l’origine de la fin du secret bancaire : le 11 septembre 2001 et les attentats contre les tours du World Trade Center. Du jour au lendemain, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme s’inscrit en bonne place dans l’agenda des autorités américaines. Le secret bancaire n’est dès lors plus tolérable. De concession en concession, il va disparaître. Une disparition très progressive qui sera actée le 5 novembre 2014 par le vote, à la Chambre des députés, de son abolition et de l’introduction de
l’échange automatique d’informations bancaires. 14 années que les professionnels du secteur vont mettre à profit pour repenser leur modèle. Avec succès. Avec la fin du secret bancaire, certains prédisaient un avenir morose pour le secteur de la banque privée au Luxembourg. Force est de constater que le secteur est parvenu à se réinventer en s’adressant à une nouvelle clientèle, beaucoup plus fortunée que par le passé.
Un nouvel écosystème plus vertueux Au fil du temps, cette offre s’est transformée en un écosystème complet de gestion de patrimoine, regroupant le conseil en investissement, la gestion d’actifs, la planification patrimoniale, la gestion immobilière, la planification de la succession et la philanthropie. Le Luxembourg fait aujourd’hui office de centre d’excellence pour la gestion multijuridictionnelle de patrimoine. De nombreux groupes bancaires ont établi leur centre de compétences intragroupe au Luxembourg afin de répondre aux besoins de leurs clients. Ce rôle particulier dans la chaîne de valeur de la gestion de patrimoine internationale a été considérablement renforcé par la décision de grandes institutions financières, dont JP Morgan et la Banque de Singapour, d’établir leurs opérations de gestion de patrimoine postBrexit dans l’UE au Luxembourg. La transition vers un centre de gestion de patrimoine transfrontalier fiscalement transparent au lendemain de la crise financière avait déjà renforcé la position du Luxembourg en tant que pôle européen onshore pour les banques privées, les gestionnaires de patrimoine et leurs clients. Le secteur a continué à se diversifier dans les segments de clientèle ultra-fortunée, les actifs sous gestion atteignant 600 milliards d’euros à la fin de 2021. Une histoire qui continue de s’écrire aujourd’hui, dans un cadre réglementaire toujours plus contraignant, mais qui laisse encore la part belle aux opportunités.
Regards croisés
RAPALLINODepuis la création de la première officine à la fin du 19e siècle, les family offices contribuent à sécuriser et faire fructifier le patrimoine des grandes familles. Cependant, l’évolution du paysage économique, social, sanitaire et géopolitique n’a peut-être jamais suscité autant d’inquiétude. Ceci a mis en lumière les enjeux des family offices :
– Un reporting ESG transparent : les familles fortunées souhaitent que les entreprises soient sincères quant à leurs actions et aux progrès qu’elles réalisent en matière d’ESG, et qu’elles gèrent les risques en fonction des critères ESG, afin d’investir de manière écoresponsable ;
– Une évolution attendue des banques traditionnelles : il est de plus en plus difficile d’ouvrir des comptes bancaires pour des opérations d’investissement – notamment one off – en private equity ou en immobilier auprès des banques traditionnelles ;
– Le capital-investissement : malgré la hausse des taux et l’incertitude sur les marchés, le capitalinvestissement est l’une des principales catégories d’actifs pour lesquels les investissements ont augmenté ces dernières années ;
– Le futur : les family offices consacrent des sommes de plus en plus importantes au personnel, aux systèmes et à la cybersécurité pour répondre aux attentes des clients et aux contraintes réglementaires, et gérer la transition vers les générations futures.
Le family office et la banque privée se partagent le secteur du wealth management sur la Place. Deux industries, deux points de vue.
Propos recueillis par BENOÎT THEUNISSEN« Tous ces atouts attirent une clientèle internationale, toujours plus fortunée. »
ETIENNEQuand, en 2014, avec la fin du secret bancaire, tout le monde annonçait la fin de la banque privée luxembourgeoise, ma conviction était au contraire que cela n’en signalait que le début effectif. Alors, à quoi tient le succès du wealth management au Luxembourg ?
– À la stabilité politique et sociale du pays, tout d’abord, et à la prévisibilité de son cadre réglementaire et fiscal ;
– Au fait que la banque privée peut s’appuyer sur des collaborateurs venus d’horizons différents, connaissant les spécificités culturelles de leurs clients, mais aussi leur cadre réglementaire local ;
– À un écosystème unique en matière de produits et de services, au sein duquel les acteurs ont su développer des relations de confiance et des réseaux de coopération permettant de construire, autour des besoins du client, les solutions les plus appropriées ;
– À un régulateur qui, tout en étant sérieux et intransigeant, connaît très bien les réalités de l’industrie des fonds et de la banque privée, et qui, en se tenant à la loi et à son esprit, a su construire un cadre réglementaire pragmatique.
Tous ces atouts attirent une clientèle internationale, toujours plus fortunée, ayant des besoins de plus en plus complexes et connaissant souvent des situations multijuridictionnelles tant sur le plan familial que patrimonial. Tous ces atouts subsisteront, si nous arrivons à les préserver.
« Sécuriser et faire fructifier le patrimoine des grandes familles. »PASCAL Président Luxembourg Association of Family Offices
Building a portfolio fit for 2023
With rising interest rates, economic flux, and geopolitical turmoil, which investment classes look promising in 2023? Yves Ceelen of DPAM weighs in.
There is nothing straightforward about the current economic and financial environment. Central banks pushed through sharp policy interest rate increases to cool the economy. Yet, the strongest effects will only be seen six to 18 months after rates are hiked. Western central banks waited too long to respond
to rising prices, but in some emerging markets, central banks were tightening monetary policy as far back as 2021, which explains why, on average, we have seen these markets outperform in 2022. Adding to the overall climate of uncertainty are the weak growth of China, Russia’s invasion of Ukraine and the
related energy crisis, the strong dollar, and, in the background, the BRICS Plus initiative which aims, among other things, to diversify from the dollar and the U.S. financial system.
Developing an outlook in a period of uncertainty To develop an outlook,
Photo Simon Verjus Sponsored content by DPAMwe look to fundamental economic indicators as well as market actions. It seems very likely we will end up in a light recession, with -0.6 percent growth in the eurozone and -0.1 percent in the U.S. This forecast is supported by the current yield curve, historically a reliable indicator of whether a recession will take place. In the U.S., the yield curve is at -100 basis points, or minus one percent, one of the lowest levels we have seen in many years. If we look at the German bunds rate, the yield is also slightly inverted.
Financial markets are trying to anticipate what central banks will do in the near future. Bond prices, which have already been adjusted with policy interest rates in mind, suggest that, in the U.S., we will see a five-percent policy interest rate in March 2023, while the EU will likely see a 2.9 percent deposit rate in June 2023. The takeaway is that markets are preparing for central banks to continue restrictive measures to tame inflation, and such policies will lead to weaker economic growth and shrinking corporate profits. Bond prices are dropping due to climbing interest rates, and at the same time, equities are more vulnerable because of the economic slowdown.
In this environment, commodities and cash denominated in robust currencies are proving to be relative safe havens. Bond investors with inflationlinked bonds are in a better position, but much has already been priced into this asset class. Regarding equity, value stocks are
Yvesgenerally proving resilient. Growth stocks, on the other hand, are being pummelled.
Promising asset classes in 2023
Highly rated corporate bonds and even some slightly riskier ones could give some security, as long as, in the case of the latter group, they come with a maturity of a maximum of three years. At the moment, interest rates for investment grade corporate bonds are 4.5 percent, and for eurodenominated speculative corporate bonds, the rate is six percent. Emerging market bonds are also promising. While the interest rates for these are over eight percent, they are expressed in local currencies, and the risk of unfavourable changes in exchange rates needs to be taken into account. Our position on emerging market debt has been positive for all of 2022, and we continue to remain positive on it in 2023. U.S. government bonds also continue to be a solid addition to a portfolio.
Regarding equity, U.S. companies that pay out
dividend yields that are higher than average are generally more defensive than those aiming for vigorous growth. Inflation will probably decrease in 2023, it will not return to average levels in the upcoming years. Because of this, strategies that were effective in the past, such as investing in technology sectors, are not currently advisable. Slowly accumulating income from both bonds and equity will, in the foreseeable future, be the focus. Lastly, cash holdings could come in handy. As for currencies, which is a market we like to play, we are looking at the Swiss franc and the Norwegian krone, the latter of which looks quite cheap. However, the Norwegian currency is probably something we will look at more closely in Q2 of next year, as it tends to be a bit volatile. Overall, geopolitical risks remain present and major global changes are putting pressure on the markets: climate, the war in Ukraine, economic warfare between the U.S. and China, and tension between OPEC+ and the U.S. This is not exactly an ideal environment for taking major risks.
Marketing communication. The provided information herein must be considered as having a general nature and does not represent investment advice, nor does it constitute an offer, solicitation, recommendation or invitation to buy, sell, subscribe to or execute any other transaction with financial instruments including, but not limited to, shares, bonds and units in collective investment undertakings. Investing incurs risks. Past performances do not guarantee future results. All opinions and financial estimates in this document are a reflection of the situation at issuance and are subject to amendments without notice. Changed market circumstances may render the opinions and statements in this document incorrect.
Degroof Petercam Asset Management SA/NV rue Guimard 18, 1040 Brussels, Belgium RPM/RPR Brussels l TVA BE 0886 223 276
A light recession
Looking at the yield curve and other indicators, we expect a growth of around -0.6% in the eurozone and -0.1% in the U.S.
A pause from the Fed
The federal funds rate will probably reach five percent by March, with the Fed likely pausing to evaluate the effect of hikes.
Interesting plays
Good-quality corporate bonds, emerging debt, and cash denominated in strong currencies could offer interesting plays.
Please contact Olivier Terras, Head of Institutional Sales Luxembourg, for more information: o.terras@degroof petercam.com
“Fundamental economic indicators and market actions help show us what 2023 could bring.”
Ceelen CIO Global Balanced and Head of Institutional Portfolio Management DPAM
« En matière d’ESG, les attentes précèdent l’offre »
La réglementation pour plus de transparence et une meilleure information en matière d’investissement durable suscite l’intérêt des investisseurs pour les produits ESG. L’offre, cependant, doit encore s’étoffer, confie Julie Castiaux, partner & sustainability lead au sein de KPMG Luxembourg.
Comment évoluent les attentes des clients en matière d’investissements ESG ?
Pour répondre à cette question, je pense qu’il est important de distinguer les investisseurs institutionnels du marché retail. Depuis quelques années désormais, les institutionnels déclarent considérer ces enjeux ESG avec attention, au regard notamment de la réglementation SFDR. Autrement dit, ces acteurs limitent fortement les investissements dans des produits qui ne sont pas considérés comme durables selon la définition qu’en donne la SFDR. C’est une tendance générale, même s’il peut y avoir des approches singulières d’un acteur à l’autre.
Et côté investisseurs particuliers ?
Depuis le mois d’août dernier et l’entrée en vigueur de nouvelles règles imposées dans le cadre de Mifid II, les conseillers en investissement, au sein des banques par exemple, doivent demander les préférences ESG des particuliers désireux d’investir. De manière plus globale, en raison de la médiatisation des enjeux environnementaux et sociétaux, les investisseurs prennent conscience de l’impact que peuvent avoir leurs investissements. Ils sont plus attentifs à ces aspects. Cependant, il est encore difficile d’évaluer ces tendances. Nous n’avons pas assez de recul. Les banquiers avec lesquels j’ai eu l’occasion d’échanger affirment cependant qu’il y a un intérêt des particuliers pour ces produits « durables ».
Les clients retail adoptent-ils pour autant ces produits ?
La conjoncture économique actuelle n’est pas forcément favorable aux produits qui ne garantissent pas tous des retours sur investissement à court terme. L’offre ESG n’est pas forcément en adéquation avec les attentes des particuliers en matière de rendement. S’il y a un intérêt, il faudra évaluer dans quelle mesure cela se traduit par une adhésion à ces produits.
Les investissements intégrant les critères ESG ne sont-ils pas désormais considérés comme plus résilients, ou tout du moins aussi performants que les produits traditionnels ?
Dans une perspective à moyen et long terme, les approches intégrant les critères ESG devraient mieux performer que d’autres classes d’actifs. J’en suis personnellement persuadée. Sur le court terme, c’est plus difficile à démontrer. Cette année, par exemple, les grands groupes pétroliers, ayant profité de la hausse du coût des énergies fossiles, ont pu proposer un dividende important à leurs actionnaires. Ce n’est pas forcément le cas d’autres acteurs, inscrits dans une démarche durable, avec une croissance à plus long terme.
S’il y a un attrait pour l’ESG, comment l’offre évolue-t-elle ?
C’est un autre enjeu. Si les conseillers ont pour obligation d’interroger les investisseurs particuliers sur leurs préférences en matière d’ESG, l’offre reste limitée et ne permet pas de répondre aux attentes précises des clients. Mifid II oblige notamment à leur poser quatre questions. La première concerne la sensibilité ou non de l’investisseur visàvis de ces critères ESG. S’il y répond par l’affirmative, il lui est aussi demandé s’il souhaite que l’impact de ses investissements soit mesuré, s’il entend privilégier des actifs durables ou encore alignés sur la taxonomie européenne. Le problème est que les produits permettant de répondre à cette variété d’attentes se trouvent seulement en cours de développement. Les conseillers doivent donc se tourner vers des alternatives, quitte à y revenir un peu plus tard quand l’offre sera plus étoffée.
À quel rythme l’offre se développet-elle ?
Les réglementations en place, pour renforcer la transparence ou susciter la demande, ont précédé l’offre. Si elles poussent les gestionnaires à développer des produits ESG, cela prend du temps. Proposer de l’ESG implique de pouvoir collecter les bonnes données et d’adapter les systèmes. Audelà, il faut aussi pouvoir former les conseillers à la clientèle. Il y a une période d’adaptation. D’ici deux à trois ans, l’offre aura considérablement évolué, répondant au choix des investisseurs tout en contribuant au développement d’une société plus durable.
UNE MATIÈRE ENCORE MÉCONNUE
Au printemps, l’Ilres, à la demande de l’ABBL, la CSSF et la LSFI, a cherché à évaluer l’intérêt et le niveau de connaissances du grand public vis-à-vis de la finance durable. Les conclusions de l’enquête, publiées en septembre, révèlent que 74 % des sondés pensent que la finance joue un rôle important dans la transition durable de l’économie. 71 % considèrent que les individus peuvent contribuer à un monde plus durable par leurs décisions financières.
Or, 47 % ne savent pas ou ont du mal à cerner ce qu’est la finance durable. 43 % associent la finance durable à l’impact sur l’environnement (le « E » d’ESG). La dimension sociale et celle de gouvernance (« S » et « G ») sont, quant à elles, méconnues.
« Mifid II oblige notamment à poser quatre questions. »
Le rendez-vous de la communauté de la place financière. Depuis juin 2022, la newsletter Finance est publiée chaque mardi.
L’actualité de la place financière
« 150 étudiants en finance diplômés chaque année »
Face à une demande soutenue du marché, la capacité à former des profils spécialisés en wealth management est devenue essentielle. Jang Schiltz, directeur du master en wealth management de l’Université du Luxembourg, nous explique le rôle joué par son institution dans ce contexte.
L’Uni s’adapte face à la demande et propose une formation dédiée au wealth management
Comment se structure l’offre de formations de l’Université du Luxembourg menant aux métiers du wealth management ?
En la matière, nous proposons essentiellement un master en gestion de patrimoine, qui a été créé en 2013. C’est une formation en deux ans qui donne aux étudiants toutes les armes pour leur permettre de commencer à travailler dès leur sortie de l’université. Elle intègre les différents éléments inhérents à ce métier, entre finance et droit, avec un accent particulier mis sur la relation client, essentielle dans cette profession. La mise en pratique régulière et l’interactivité des cours doivent permettre d’atteindre ces différents objectifs de formation. Au-delà de ce master, nous proposons aussi un master académique en finance et économie, qui propose des filières utiles aux professionnels du wealth management , comme la finance digitale, le risk management, la finance durable, etc.
Comment faites-vous en sorte que le master en wealth management reste constamment en phase avec les attentes du marché ?
Le master en wealth management a été créé en collaboration avec le Private Banking Group de l’ABBL (Association des banques et banquiers, Luxembourg). Dès son origine, l’idée était donc de mettre en place un dispositif qui permette d’amener sur le marché des jeunes professionnels parfaitement au fait des préoccupations actuelles. Rester en permanence au plus près des besoins de l’industrie est un enjeu-clé. Pour y parvenir, nous avons mis en place un comité de pilotage, intégrant des professeurs de l’université, des vacataires professionnels, des représentants des étudiants ainsi qu’un délégué du Private Banking Group de l’ABBL, dont la mission est de s’assurer que le programme reste à jour.
Aujourd’hui, quelles sont les compétences les plus demandées dans ce secteur ?
Cela dépend beaucoup de la structure. Dans de petites banques privées, nous trouvons encore des gestionnaires de patrimoine polyvalents avec des compétences
en compliance – adaptées à une multitude de juridictions –, en investissement, mais aussi en matière de digitalisation ou de durabilité des placements. Les plus grosses sociétés, elles, peuvent se permettre d’engager des profils spécialisés sur chacun de ces aspects. De notre côté, nous avons choisi de construire un master qui permette à nos étudiants de maîtriser l’ensemble de ces éléments. Malgré ces évolutions qui exigent d’intégrer de nouvelles compétences, il faut tout de même signaler que les fondamentaux restent les mêmes dans ce métier : le but est de faire en sorte que la fortune des clients se porte bien.
Combien d’étudiants formez-vous actuellement et où se retrouvent-ils généralement employés ?
Nous n’acceptons chaque année que 35 élèves dans notre master en wealth management . Nous ne disposons pas d’un nombre illimité de professeurs et de salles de classe, et nous devons dès lors nous fixer ce seuil si nous voulons maintenir la qualité de l’enseignement. En comptant l’ensemble des étudiants inscrits dans un master en finance, nous pouvons évaluer à 150 le nombre de per sonnes diplômées chaque année. Certains de ces nouveaux diplômés commencent directement à travailler en banque privée, d’autres se retrouvent employés au sein d’autres structures, dans des positions d’asset managers ou dans la compliance.
Ce nombre ne suffit évidemment pas à répondre à la demande. Faut-il, selon vous, actionner d’autres leviers, comme la formation continue, pour alimenter le vivier de talents disponibles pour l’industrie ?
Face à une demande actuellement très élevée, tout type de formation a sa place, mais l’université ne peut pas tout faire seule. Nous avons entamé des discussions avec des partenaires potentiels comme la House of Training pour organiser un certain nombre de formations certifiantes. Pour l’heure, cela n’a toutefois pas encore pu se concrétiser, car nous manquons tout simplement de ressources pour être présents sur tous les fronts.
Nous
LE CAMPUS DE LA SACRED HEART UNIVERSITY FERME
Si la formation des profils amenés à travailler au Luxembourg ne pourra jamais être entièrement assurée dans le pays, le manque de structures d’enseignement locales est toutefois une épine dans le pied du marché. La situation ne risque pas de s’améliorer avec l’annonce, en mai dernier, de la fermeture du campus de la Sacred Heart University de Luxembourg (SHU), qui proposait un programme de MBA et dont les cours ne seront désormais plus accessibles qu’en ligne. La Luxembourg School of Business reste donc à présent la seule institution à proposer un MBA dans le pays…
«
manquons tout simplement de ressources pour être présents sur tous les fronts. »
Cinq métiers tendance
Luxembourg for Finance a publié, en octobre, un rapport sur les compétences et métiers qui seront les plus recherchés dans le secteur financier durant les prochaines années. Voici les cinq fonctions les plus prisées en ce qui concerne le wealth management et l’asset management.
Auteur Q. D.1Relationship manager
La digitalisation, qui a renforcé le rôle joué par les robo-advisors dans de nombreuses structures, a-t-elle rendu obsolète la fonction de relationship manager ? Bien au contraire. En tirant profit de sa compréhension des besoins des clients, ainsi que de sa bonne connaissance des produits et marchés internationaux, le relationship manager reste un profil très recherché, qui peut approfondir l’analyse fournie par un robo-advisor et délivrer des conseils avisés à une clientèle de plus en plus exigeante.
2Portfolio manager
Parmi les métiers de l’asset management, celui de portfolio manager a toujours été fondamental. Et il le sera plus encore à l’avenir. Il demandera toutefois des compétences de plus en plus pointues en matière de quantification et de modélisation pour pouvoir établir des prévisions fiables. S’il parvient à maîtriser la gestion d’actifs, les principes de hedging, les liens entre classe d’actifs et modèle de risque, le portfolio manager sera très demandé sur le marché du travail de demain.
3Wealth structurer
L’internationalisation des investissements des personnes fortunées, mais aussi les difficultés propres à ces familles – dissémination géographique, résidences dans de nombreux pays, revenus issus de nombreuses sources, divergences de vues, etc. – ont considérablement complexifié le travail de wealth management. Dans ce contexte, le profil de wealth structurer est devenu précieux : il est capable de comprendre les exigences de ces familles, de solliciter les bons experts, de mettre en place les structures adéquates et de donner un conseil avisé dans les moments de vérité.
Quantitative analyst
Le futur de l’industrie financière repose en partie sur les données et leur analyse. Pour obtenir ces éléments, il faut bien que des professionnels, au sein des organisations, établissent les modèles mathématiques et les logiciels qui permettront de prendre les meilleures décisions pour les clients. C’est le rôle du quantitative analyst. Disposant d’une solide formation en mathématiques ou statistiques, ce profil va être de plus en plus demandé au fil des années, particulièrement dans le monde du trading
5International fund distribution expert
Le Luxembourg est devenu un expert de la distribution transfrontalière de fonds. Cette spécialité est complexe et requiert de nombreuses compétences, non seulement liées à la matière en elle-même, mais aussi aux technologies émergentes qui sont actuellement en train de transformer la distribution internationale de fonds, comme la blockchain. Dans ce contexte, les experts qui maîtrisent ces deux aspects du métier sont désormais particulièrement attractifs sur le marché de l’emploi.
FR Dix CIO partagent leurs principaux challenges à relever en 2023 dans leurs secteurs respectifs : place financière, services, industrie, institutions. Seront abordés les thèmes de la cybersécurité et du cloud lors de ce 10×6 qui réunira des experts tech de grandes entreprises et institutions comme des fournisseurs.
Athénée de Luxembourg
25 January 2023 18:30 - 21:30 Registration on paperjam.lu/club 10×6
LEADING CIO s’ CHALLENGES
« Dans l’art, les NFT sont appelés à perdurer »
Adriano Picinati di Torcello, art & finance coordinator au sein du groupe Deloitte.En matière d’art et d’investissement, une tendance se dégage avec un attrait important pour les NFT. Pouvezvous nous rappeler de quoi il s’agit ?
Il est en effet important de remettre les éléments dans leur contexte. NFT est l’acronyme de non-fungible token – jeton non fongible. Il s’agit d’un certificat numérique, enregistré au niveau d’une blockchain, qui permet notamment de déterminer qui est le propriétaire d’un objet. Un NFT peut être attaché à une œuvre d’art, numérique ou physique, ou à tout autre actif. Il peut s’agir d’un immeuble ou encore d’un bien dans le metaverse. On parle de « jeton non fongible » dans la mesure où chaque NFT représente un objet, non divisible.
C’est principalement au niveau du marché de l’art que le concept semble avoir fait parler de lui…
Il est vrai que, sur le marché de l’art, nous avons assisté il y a quelques mois à un réel engouement pour ces NFT. Celui-ci peut s’expliquer par une frénésie spéculative qui s’est considérablement atténuée depuis. Selon NonFungible.com, nous avons constaté une baisse substantielle du volume de dollars échangés au troisième trimestre (-75 %). Le prix moyen des NFT a été divisé par quatre. Cela, toutefois, n’enlève rien à l’intérêt existant pour les NFT, la communauté des détenteurs étant restée stable. Le bien-fondé de cette technologie pour soutenir le marché de l’art, notamment, va perdurer.
Quel est l’intérêt de cette technologie ?
personne à une autre en assurant une traçabilité optimale. La technologie apporte une plus grande transparence et permet de fluidifier le marché. Dans le domaine du wealth management, elle offre aussi la possibilité de faire plus facilement entrer des actifs aujourd’hui considérés comme « non bancaires » dans une démarche d’investissement patrimonial. Il n’est alors plus question de NFT, mais de security token. Le jeton, quel que soit son sous-jacent, est alors considéré comme un actif financier et régulé comme tel. Il faut savoir que, selon les estimations, les investissements dans l’art et autres objets de collection des ultra high net worth individuals s’élèvent à 1.500 milliards de dollars.
Y a-t-il un effet NFT au niveau du marché de l’art ?
L’ART REPRÉSENTE 7 % DU MARCHÉ DES NFT
Les NFT associés à des œuvres d’art ne représentent qu’une partie de l’ensemble de ces jetons non fongibles échangés sur le marché. Selon les données de NonFungible.com, l’art représente 7 % du volume d’actifs échangés à travers l’ensemble des NFT. La plus grosse part de ceux-ci concerne des « collectibles ». Les objets de collection numériques, en effet, représentent 60 % du volume d’actifs. C’est le segment qui a le plus reculé cette année. Viennent ensuite les échanges d’objets à travers les metaverses (20 % du volume d’actifs échangés).
Le marché de l’art, tel qu’il fonctionne actuellement, apparaît comme peu efficient. D’abord, il manque de transparence. D’autre part, établir l’authenticité d’une œuvre, reconstituer son parcours et identifier ses propriétaires successifs peut demander beaucoup d’efforts. Un NFT, et plus particulièrement la technologie sous-jacente, doit permettre d’améliorer le fonctionnement du marché, de réduire certains frottements. Le certificat de propriété attaché à une œuvre, le NFT, est enregistré dans la blockchain. La technologie garantit son authenticité. L’intégrité du certificat, en effet, ne peut pas être altérée. Au départ de la blockchain, les droits de propriété peuvent être facilement transférés d’une
La blockchain contribue notamment à faciliter les relations entre artistes et galeristes, par exemple autour de la gestion des royalties liées à une œuvre. D’autre part, les NFT créent de la rareté, en particulier autour des œuvres digitales, contribuant à l’émergence d’un nouveau marché. Selon une étude que nous avons menée aux États-Unis auprès de 400 créateurs, 50 % déclarent voir un intérêt dans les NFT pour leur avenir, notamment comme un moyen de générer des revenus. Ils ne sont toutefois que 17 % à les utiliser comme source de revenus. Au-delà, et de manière générale, le monde de l’art évolue avec les technologies. Cela ne se limite pas à la blockchain. L’IA ou les metaverses ouvrent aussi de nouvelles possibilités aux artistes, qui peuvent envisager d’autres formes d’art, explorer d’autres supports, proposer des expériences originales ou encore entretenir une communauté autour de leurs démarches.
La tokénisation est donc promise à un bel avenir dans l’art ?
Certainement. Nous nous trouvons au début d’une transformation durable. L’enjeu, pour les différentes parties prenantes au marché de l’art, est de prendre conscience de l’intérêt inhérent à l’usage de cette technologie. Il s’agit d’identifier ce qu’elle peut apporter dans l’optique de l’utiliser à bon escient et de progressivement gagner en maturité.
Photo InterviewAdriano Picinati di Torcello, art & finance coordinator au sein du groupe Deloitte, évoque l’engouement suscité par les NFT sur le marché de l’art et les perspectives qu’ouvre la technologie blockchain dans ce domaine.
« Les familles sont plus mobiles que jamais »
Depuis le début des années 90, l’assurance-vie luxembourgeoise constitue une solution privilégiée en matière de gestion patrimoniale. Christian Heinen et Sylvie Bertholet, respectivement country manager Luxembourg et wealth planning manager Belgique chez Wealins SA, nous expliquent l’intérêt de cet outil.
Photo MATIC ZORMANL’assurance-vie luxembourgeoise est une solution aujourd’hui bien connue des investisseurs. Mais depuis quand cet outil existe-t-il ?
SYLVIE BERTHOLET (S. B.) Sa création est liée à trois directives européennes « vie », la dernière introduisant en 1992 le régime de la libre prestation de services (LPS). Cette réglementation permet aux structures installées en Europe de vendre leurs produits d’assurance-vie sur l’ensemble du marché intérieur, dans le respect du droit et de la fiscalité propre à chaque pays où réside le souscripteur. Le Luxembourg a rapidement transposé cette directive en décidant de ne pas retenir d’impôt sur les produits d’assurance-vie de droit luxembourgeois souscrits par des résidents étrangers, afin d’éviter une double imposition. Et la formule a rapidement séduit.
Au-delà de cet atout fiscal, quelles sont les caractéristiques de l’assurance-vie luxembourgeoise ?
CHRISTIAN HEINEN (C.H.) Sa principale qualité est d’être un outil très flexible, qui peut s’adapter facilement à la fiscalité du pays de résidence du souscripteur en cas de déménagement. À cette caractéristique fondamentale appelée « portabilité », il faut ajouter le triangle de sécurité, un dispositif absolument unique en Europe, qui fait du souscripteur le premier créancier en cas de défaillance de l’assureur. Dans de nombreux pays, c’est souvent l’État qui récupère les actifs en premier lieu. Il est évident que, dans le contexte de crise que nous traversons, cet élément rassure énormément nos clients, situés partout en Europe.
là où ils ont fait leurs études, les parents décident plus souvent de s’expatrier, etc. Cela entraîne une grande complexité fiscale au niveau de la gestion du patrimoine, que le contrat d’assurance-vie luxembourgeois permet de neutraliser, en s’adaptant au pays de résidence de chaque membre de la famille.
Comment le Luxembourg s’est-il positionné au rang de champion sur le marché de l’assurance-vie en LPS ? S. B. La gestion de ces contrats et leur aménagement en fonction des changements qui surviennent dans la vie des familles requièrent des compétences avancées en matière d’ingénierie patrimoniale et fiscale. Sans compter l’indispensable maîtrise des langues des pays de résidence de nos clients. À ce niveau, le Luxembourg dispose de qualités uniques, avec son écosystème particulièrement riche et multilingue. Au fil du temps, nous avons amélioré notre expertise et élargi notre offre, notamment avec le fonds Umbrella, qui permet de regrouper l’ensemble des actifs des membres de la famille – notamment les contrats d’assurance-vie – sous une seule structure particulièrement flexible, et bien adaptée aux familles dont les membres ne vivent pas dans le même pays, chacun pouvant adapter sa clause bénéficiaire en fonction de son environnement familial.
le contexte actuel, le triangle de sécurité luxembourgeois rassure beaucoup nos clients. »
25,6 D’EUROSMILLIARDSCOLLECTÉS EN 2021
À quel public s’adresse
l’assurance-vie luxembourgeoise ?
C. H. Nous ne nous adressons pas à un segment de clientèle retail, mais le ticket d’entrée reste accessible, aux alentours de 125.000 euros. Ce produit est souvent souscrit par les familles disposant d’un certain patrimoine et qui – c’est un phénomène que nous constatons depuis quelques années – sont de plus en plus disséminées géographiquement. Quand j’ai commencé ma carrière, il était habituel qu’un client reste dans le même pays pendant toute sa vie. Aujourd’hui, les familles sont plus mobiles que jamais : les enfants s’installent
Les investisseurs semblent privilégier de plus en plus les actifs durables. En est-il de même pour l’assurance-vie ? C. H. Nous ressentons en effet cet intérêt à travers la gestion financière. Mais je constate surtout un élargissement considérable de l’univers d’investissement, qui ne connaît presque plus de limite aujourd’hui. Le private equity, notamment, est très demandé alors qu’il était absent lorsque j’ai commencé ma carrière. Aujourd’hui, il est important de continuer à bien expliquer la diversité des investissements qui peuvent être réalisés à travers un contrat d’assurance-vie.
L’Aca, association qui représente les assureurs et réassureurs au Luxembourg, publie chaque année un rapport faisant état de l’évolution du marché. Et celui de l’assurance-vie en LPS (libre prestation de services) se porte plutôt bien. Jugez plutôt : en 2021, les compagnies membres de l’Aca ont encaissé 25,6 milliards d’euros de primes, un chiffre en hausse de 34,4 % par rapport à 2020, et de 10 % par rapport à 2019. Autre tendance forte : le glissement de la clientèle vers les primes en unités de compte (78 %), à capital non garanti, mais offrant de meilleurs rendements que l’assurance-vie classique.
« Dans
10 × 6
Leading CIOs’ challenges
Dix CIO partagent leurs principaux challenges à relever en 2023 dans leurs secteurs respectifs : place financière, services, industrie, institutions. Seront abordés les thèmes de la cybersécurité et du cloud lors de ce 10×6 qui réunira des experts tech de grandes entreprises et institutions comme des fournisseurs. 28.02 10×6 Women on board
Trois années après son premier listing « 100 femmes pour votre conseil d’administration », Paperjam en sort une nouvelle version. À la veille de la publication du magazine, la scène du 10×6 accueille 10 témoignages illustrant la diversité des parcours et des points de vue, et certainement les bénéfices apportés par la féminisation des conseils d’administration. 25.04 10×6 PME :
scale me up !
Colonne vertébrale de l’économie luxembourgeoise, les PME font preuve d’inventivité et de pragmatisme pour accélérer et structurer leur croissance de façon échelonnée. Innover, recruter, produire, vendre, lever des fonds : ces dirigeants cumulent les défis. Ils sont à l’honneur lors de ce 10×6.
16.05 10×6 Alternative investments
La gestion d’actifs alternatifs est une expertise mondialement reconnue de la place financière luxembourgeoise. Ces classes d’actifs, moins liquides que les investissements traditionnels, donnent lieu à une diversité de véhicules et de stratégies d’investissement que nous aborderons lors de ce 10×6.
20.06 10×6
Architecture + Workspace
Dix bureaux d’architectes au Luxembourg présentent leur sélection de projets d’espace de travail. L’occasion d’appréhender, par exemple, les nouveaux usages et les innovations dans la conception, le développement et l’aménagement de bureaux ou de sites de production industrielle.
11.07
En six minutes chacun, dix experts interviennent sur scène devant un public allant jusqu’à 600 personnes. C’est le rendezvous mensuel incontournable du business club, véritable format flagship. Huit rendezvous sont donnés pour 2023. Les présentations se font en français ou en anglais, selon la préférence de l’intervenant. Une interprétation simultanée vers l’anglais et le français est disponible
24.10
10×6
Successful strategies
De la théorie à la pratique : 10 dirigeants partageront le récit de la conception et de l’implémentation de leur stratégie d’entreprise. Industrie ou services, du business plan initial à l’exit réussi, que nous enseigne l’épreuve de la réalité ?
21.11
10×6 Generation Z
Génération la plus connectée, les zoomers (jusqu’à 27 ans aujourd’hui) succèdent aux millennials et arrivent progressivement sur le marché du travail. Que ressentent, que désirent et comment réfléchissent ces nouveaux consommateurs, ces nouveaux citoyens, employés, collègues, voire même déjà patrons ? Dix témoignages inspirants de jeunes orateurs et oratrices.
10×6
Talent acquisition
Problématique certainement la plus brûlante de ces dernières années, la pénurie de main-d’œuvre touche tous les secteurs. Comment recruter ? Dans ce 10×6 et le supplément Paperjam, experts et DRH partagent notamment leurs bonnes pratiques pour attirer, chasser, sélectionner, recruter et onboarder les talents.
Investir, c’est choisir et diversifier
Classes d’actifs, zones géographiques, devises, horizon de placement… : investir, c’est aussi faire des choix et surtout diversifier. En mettant l’accent sur ces principes, nous sélectionnons les solutions qui répondent aux objectifs de nos clients.
La clientèle Wealth Management a changé. Auparavant quasi exclusivement composée de chefs d’entreprises et de grandes familles, elle s’ouvre progressivement sur une nouvelle génération d’entrepreneurs. Ces profils sont certes plus habitués à la prise de risque, tout en attendant davantage de performances.
Notre rôle est de leur proposer des solutions d’investissement sur-mesure correspondant notamment à leur profil d’investisseur, précisément défini avec un banquier privé. En période d’incertitude économique comme aujourd’hui, nous devons appréhender tous les facteurs clés comme l’inflation, la montée des taux, la volatilité des marchés financiers, en visant des opportunités d’investissement responsable. La philosophie
d’investissement de la BIL s’appuie sur une règle d’or en matière de gestion des risques : la diversification. Notre univers d’investissement est très large et notre appétence pour l’international se reflète dans nos propositions et nos choix stratégiques. BIL Wealth Management accompagne ses clients pour proposer une diversification adéquate de leur portefeuille.
Cette approche personnalisée est basée sur une connaissance détaillée de la situation de nos clients et sur une définition claire de leurs objectifs, à la fois sur le plan personnel et professionnel. Nous pouvons alors, non seulement proposer une offre de services et d’investissement adéquate, mais aussi trouver le véhicule financier pertinent pour les porter.
EN SAVOIR PLUS CÉDRIC WEISSE
Head of Individuals Market t. +352 45 90 40 80 cedric.weisse@bil.com
Retrouvez Cédric Weisse dans la série podcast Wealth Stories.Les actifs privés, plus pertinents que jamais
Depuis la crise financière de 2008, les actifs privés, private equity en tête, ont connu une croissance forte et continue. En cette période de marasme économique, ces actifs moins soumis à la volatilité du marché ont plus que jamais leur place au sein du portefeuille des investisseurs.
La fin d’année est souvent propice à l’établissement de bilans. C’est aussi le cas au sein de l’industrie des fonds. Le 22 novembre dernier, l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d’investissement), en collaboration avec KPMG, a ainsi dévoilé les résultats de deux études visant notamment à objectiver la progression des actifs privés au cours des mois écoulés (voir encadré).
Et les chiffres publiés témoignent à eux seuls du succès actuel de ces investissements : +45,4 % de juin 2021 à juin 2022 pour les actifs sous gestion en dette privée, +26 % pour les fonds d’immobilier et d’infrastructure. Quant aux actifs sous gestion en private equity, segment roi de cette catégorie d’actifs, ils avaient progressé de près de 30 % en 2021. Et même si les chiffres pour 2022 ne sont pas encore connus, ils devraient aussi être largement positifs. Ce succès n’est pas un feu de paille. Bien au contraire. Les actifs privés, un terme
qui fait référence à l’ensemble des actifs non cotés en bourse (private equity, venture capital, dette privée ou actifs réels comme l’immobilier, l’infrastructure, etc.), connaissent une progression constante depuis de nombreuses années, plus précisément depuis la crise financière de 2008. « On peut même parler d’une explosion, commente Catherine Thibaut, deputy head of client portfolio services au sein de Lombard Odier Europe SA. Entre 2008 et 2018, le volume d’actifs privés a triplé, porté en particulier par le développement du private equity. Je pense qu’au vu de la conjoncture actuelle, ce mouvement pourrait se poursuivre au cours des prochaines années. »
Le remède anti-crise
La croissance constante des actifs privés au cours des dernières années est ainsi en partie une conséquence de cette crise financière, qui a refroidi plus d’un inves-
tisseur. En revenant à des placements tangibles, moins concernés par les fluctuations boursières – investir ou prêter à des sociétés non cotées, financer la construction d’infrastructures, de projets immobiliers, etc. –, les investisseurs ont retrouvé une forme de sérénité, mais aussi d’intéressantes perspectives de rendement. Au cours des 10 dernières années, les rendements annualisés des actifs privés ont ainsi généralement dépassé ceux des actifs traditionnels, le tout avec un niveau de volatilité plus faible. « À ce niveau, chaque actif privé est différent. Le couple rendement-risque n’est pas le même en private equity ou venture capital que dans d’autres segments. Tout dépend des attentes de l’investisseur : souhaite-t-il disposer d’actifs qui pourront avant tout amortir les conséquences d’une éventuelle crise ou cherche-t-il à maximiser son rendement ? », explique Catherine Thibaut.
CATHERINE THIBAUTEn matière de crise, l’année 2022 a d’ailleurs été mouvementée. Au sortir d’une pandémie, la guerre a éclaté en Ukraine, entraînant le retour à une inflation élevée et un relèvement des taux d’intérêt directeurs de la Banque centrale européenne et de la Fed (Réserve fédérale américaine). Ces évolutions ne constituent-elles pas une sérieuse épine dans le pied des investisseurs friands d’actifs privés, à commencer par le private equity ? « À court terme, il y aura certainement un impact négatif sur les investissements en private equity, reconnaît l’experte de Lombard Odier.
« Les fonds de private equity lancés en période de crise ont historiquement été ceux qui ont le mieux performé sur la durée du cycle d’investissement. »
Deputy head of client portfolio services, Lombard Odier Europe
Mais l’avantage de ce type d’investissement est qu’il se conçoit sur le long terme, c’est-àdire environ 10 ans. Or, sur la durée, nous disposons d’éléments chiffrés qui nous montrent que les fonds de private equity lancés en période de crise ont historiquement été ceux qui ont le mieux performé sur la durée du cycle d’investissement. Je suis donc convaincue que les éventuelles pertes encaissées au cours de l’année seront lissées sur le long terme. »
Les actifs en dette privée, eux, devraient même profiter de la crise, les taux d’intérêt en hausse permettant aux prêteurs d’obtenir de meilleurs rendements. « Pour les investisseurs qui disposent d’actifs immobiliers, l’inflation n’est pas non plus forcément une mauvaise nouvelle, car les loyers sont généralement indexés sur l’inflation, ajoute Catherine Thibaut. Les secousses sur le marché, par ailleurs, ont tendance à conforter les investisseurs dans leur choix de diversifier leur portefeuille, en donnant une place plus ou moins importante aux actifs privés. C’est un bon réflexe, car les gestionnaires de fonds peuvent profiter des décotes de valorisation pour faire des investissements intéressants dans ces segments. »
De nombreuses opportunités Au-delà de ces facteurs économiques, c’est aussi l’environnement politique qui rend la période particulièrement propice aux investissements dans des actifs réels. Aux États-Unis comme en Europe, de nombreux plans d’investissement ont été mis au point, notamment en matière d’infrastructures. Pour les mener à leur terme, d’importants montants seront nécessaires et les investisseurs pourront certainement profiter de belles opportunités en participant au financement de ces projets.
« Nos sociétés sont en pleine transition, notamment au niveau énergétique et en matière de digitalisation, poursuit Catherine Thibaut. De nombreuses sociétés développent des technologies innovantes, de nouvelles manières de produire une énergie renouvelable, etc. Des moyens financiers sont également nécessaires pour concrétiser ces projets et mener cette transition à bien. »
En Europe, le législateur veut d’ailleurs accélérer et encadrer cette indispensable transition énergétique en multipliant les initiatives réglementaires. La SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), désormais en vigueur, exige ainsi des émetteurs de fonds d’investissement qu’ils
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Entre 2008 et 2018, le volume d’actifs privés a triplé, un résultat notamment porté par le développement du private equity
Le rendement offert par ces actifs, mais aussi leur moins grande exposition à la volatilité du marché, explique cette croissance constante.
RAIF et REIF
L’étude annuelle Alfi / KPMG portant sur les investissements en dette privée et en real estate, même si elle n’est pas exhaustive, délivre de nombreux enseignements sur la bonne forme de l’industrie des actifs privés au Luxembourg.
Au-delà de l’importante augmentation des actifs sous gestion dans des fonds de dette privée (+45,4 %), on y apprend également qu’une bonne partie de ces fonds – 45 % – sont structurés comme des RAIF (pour reserved alternative investment fund, ou fonds d’investissement alternatif réservé), un chiffre en augmentation de 9 % par rapport à 2021.
Le véhicule privilégié reste toutefois le specialised investment fund (SIF), à 49 %. La répartition géographique des investisseurs est également connue : 68 % viennent d’Europe, 14,5 % d’Amérique du Nord et 17,5 % du reste du monde.
L’augmentation du volume d’actifs dans des fonds de dette privée au Luxembourg cette année fait suite à une autre importante hausse survenue l’an dernier (+40,6 %). Ceci explique le chiffre record atteint par les actifs sous gestion dans ce type de fonds en 2022 : 267,8 milliards d’euros.
L’IMMOBILIER EN CROISSANCE
Si les fonds de dette privée ont donc connu une importante croissance au cours des deux dernières années, les real estate investment funds (REIF) ne sont pas en reste. Au troisième trimestre 2022, les actifs sous gestion dans ce type de structure avaient ainsi augmenté de 26 % par rapport à la même période l’an dernier, pour atteindre un total de 131,3 milliards d’euros. La plupart des investisseurs (49 % des allocations) privilégient une stratégie multisecteur pour leurs placements immobiliers, partageant leurs actifs entre biens résidentiels, commerciaux, industriels…
La diversification géographique des investissements est également une réalité, même si la plupart des REIF interrogés investissent principalement en Europe (66 %). Les fonds de taille plus réduite – en dessous de 100 millions d’euros –continuent à être les plus nombreux au Luxembourg (46,7 %), mais l’étude montre une augmentation (+37,8 %) des fonds immobiliers de taille plus importante (plus de 400 millions d’euros).
Pour l’Alfi, les résultats de cette enquête sont pour le moins positifs pour l’industrie des fonds d’investissement immobiliers au Luxembourg. Un pays qui reste une localisation privilégiée pour établir des REIF investissant dans des pays et des secteurs variés.
classifient leurs structures en fonction de l’importance qu’ils accordent au caractère durable des projets qu’ils soutiennent. Un fonds « article 6 » n’intègre ainsi aucun critère de durabilité dans le processus d’investissement. Un fonds « article 8 », lui, promeut des caractéristiques environnementales ou sociales. Quant au fonds « article 9 », il vise directement des investissements durables, cette dernière notion étant clarifiée par la taxonomie européenne récemment dévoilée. Comment les actifs privés se positionnent-ils par rapport à cette nouvelle réglementation ? Si l’on en croit l’étude Alfi / KPMG précédemment citée, la durabilité ne paraît pas encore être une priorité en ce qui concerne les actifs privés, et particulièrement la dette privée. Ainsi, les fonds de dette privée classés « article 9 » ne représentent que 2 % des fonds qui ont participé à l’enquête de cette année, contre 6 % l’an dernier. Les fonds « article 8 » ont également diminué, passant de 33 à 23 %. À l’opposé, les fonds « article 6 » ont progressé de 61 à 75 % en un an. Il reste donc encore quelques efforts à produire pour « verdir » les actifs privés.
Gérer l’illiquidité
Si les actifs privés ont donc incontestablement le vent en poupe, leur particularité commune doit toutefois bien être prise en compte par les investisseurs : il s’agit de placements particulièrement illiquides, qui gèlent les montants investis durant une longue période, à l’exception peut-être de la dette privée, dont l’horizon d’investissement est un peu plus court. Investir dans ce type d’actif doit donc se faire en prenant en compte cette contrainte. « Il faut développer une logique d’investissement quand on commence à s’intéresser aux actifs privés. Les choix de l’investisseur doivent être adaptés à ses propres contraintes ainsi qu’à ses objectifs. Ces actifs offrant une certaine flexibilité, on peut donc créer des portefeuilles sur mesure, adaptés à chaque profil », explique Catherine Thibaut.
Ces portefeuilles doivent donc aussi contenir des actifs traditionnels, afin de gagner en liquidité et de diversifier le risque. Mais à combien doit idéalement s’élever le pourcentage alloué aux actifs
Les levées de fonds sur les marchés privés ont atteint un volume de 1.184,3 milliards de dollars en 2021, soit une hausse de près de 20 % en glissement annuel. Le private equity reste de loin la classe d’actifs la plus prisée par les investisseurs.
Source McKinsey’s Private Markets Annual Review 2022 679,9 175,5 192 137,1
privés ? « Chaque investisseur est différent et il est donc difficile de donner un seul chiffre, mais, en toute logique et pour les investisseurs éligibles, disposer de 15 à 20 % d’actifs privés pour débuter est déjà un bon pourcentage, qui permet d’équilibrer un portefeuille », répond la deputy head of client portfolio services, qui invite les investisseurs à se faire accompagner avant de se lancer dans le bain des actifs privés.
« Il y a souvent un intérêt exprimé par rapport à ces investissements, mais il faut régulièrement faire un travail de pédagogie et de formation vis-à-vis de ces matières qui sont assez différentes de celles de la finance traditionnelle. En matière de stratégie d’investissement, il convient aussi d’être prudent. Nous recommandons toujours à nos clients d’investir sur plusieurs années, et de façon progressive. Cela permet de lisser les performances de portefeuille sur la durée, d’amortir les éventuelles crises, tout en évitant de passer à côté d’une année particulièrement bonne. »
Private equity Immobilier Private debt
Ressources naturelles et infrastructures
En veillant à équilibrer les portefeuilles, à varier les secteurs et les zones géographiques où sont investis les fonds, mais aussi à diversifier les gérants de ces différents fonds, les acteurs de la banque privée contribuent à la solidité de l’investissement dans des actifs privés et, ainsi, renforcent leur attractivité. De quoi alimenter la croissance de ce secteur pendant de longues années encore…
Levées de fonds sur les marchés privés par classe d’actifs
Real Estate Awards
CATEGORIES
BUILDING FUNDS PEOPLE
Best Residential Building
Cette catégorie comprend les bâtiments résidentiels dont la part de logements est d’au moins 80 %. Les projets résidentiels abordables développés par un promoteur privé ou par le secteur public peuvent être présentés dans cette catégorie.
Best Offices Building
Cette catégorie présente les immeubles et surfaces de bureaux. Elle n’est valable que pour des blocs de bâtiments complets. La surface des bureaux doit représenter au moins 80 % du bâtiment.
Best Retail Building
Cette catégorie comprend toutes les tailles et tous les types de projets de commerces de détail (alimentation, mode, style de vie, horeca....) et récompense le meilleur concept de magasin. Les centres commerciaux ne sont pas inclus dans cette catégorie (ils doivent être présentés dans la catégorie Best Special Projects & Other Usages Building).
Best Mixed Use Building
Cette catégorie comprend tous les bâtiments à usage mixte avec au moins trois utilisations / fonctions différentes qui sont physiquement et fonctionnellement intégrées. Un usage ne peut pas dépasser 50 % de l’ensemble du bâtiment.
Best Sustainable Building
Cette catégorie présente les projets ou bâtiments incorporant un minimum de 25 % de ressources renouvelables et recyclées, présentant une efficacité énergétique élevée, utilisant des matériaux écologiques et certifiés verts, etc.
Best Special Projects & Other Usages Building
Cette catégorie est ouverte aux projets /bâtiments qui n’entrent pas dans une autre catégorie. Par exemple, un hôtel et un appartement de service, un hôpital, un aéroport, une gare, une université, une école, un centre commercial, etc.
Innovative strategy
Cette catégorie s’adresse aux fonds real estate et à leur gestionnaire domicilié au Luxembourg. Le fonds doit avoir été lancé entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2022, et doit proposer une réelle innovation dans sa stratégie et / ou sa structure (classes d’actifs et géographie ciblées, format et structure, modèle d’allocation, performance et risques…).
ESG Strategy
Ce prix vise à reconnaître et récompenser un gestionnaire qui a lancé, entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2022, un fonds immobilier qui est domicilié au Luxembourg avec une stratégie ESG forte sur les aspects environnementaux ou sociaux. Il doit démontrer son excellence sur le sujet et ses bonnes pratiques (définition d’objectifs, reporting, mesure…).
Best Personal Contribution LuxReal Personality of the Year Award
Ce prix honore la personne de l’année 2022 en termes de contribution remarquable à l’industrie immobilière luxembourgeoise. Les supporting members de LuxReal seront invités à soumettre un nom. Bien que le nombre de votes reçus soit un élément-clé (et un facteur déterminant), le droit de désigner la Personnalité de l’année 2022 appartient au conseil d’administration de LuxReal, agissant à sa propre discrétion.
Pour être éligible dans cette catégorie, la date d’achèvement du bâtiment doit être comprise entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2022.
Un jury indépendant, composé de personnalités représentatives du milieu, déterminera les lauréats (sauf pour la catégorie Best Personal Contribution).
Les dossiers de candidature peuvent être déposés du 1er décembre 2022 au 10 février 2023 sur le site www.luxreal.lu.
« Il n’est jamais trop tôt pour préparer sa succession »
Au-delà des principales questions que chacun se pose en matière de transmission patrimoniale, les facteurs à prendre en considération et les pièges à éviter sont nombreux. Évocation de ces enjeux avec Claude Medernach, legal counsel auprès de grands clients familiaux au sein de la Banque de Luxembourg.
Photo ROMAIN GAMBA Interview SÉBASTIEN LAMBOTTEEn matière de transmission du patrimoine, quels grands enjeux faut-il considérer ?
En ce qui concerne les enjeux de succession, nous sommes confrontés à deux principales questions. Qui va hériter ? Et combien chacun va-t-il toucher ? Pour y répondre, il faut donc considérer les grands principes inscrits dans le Code civil luxembourgeois, qui fixe notamment l’ordre de succession. Les héritiers au Luxembourg sont en principe les enfants et le conjoint survivant ou, à défaut, les parents s’ils sont encore en vie, sinon les frères et sœurs ou les neveux et nièces. D’un point de vue fiscal, il n’y a en principe pas de droits de succession à payer au Luxembourg pour les héritiers en ligne directe, soit le conjoint survivant ou les enfants. Dans le cas où il n’y a ni conjoint survivant ni enfant, et où la succession revient par exemple à un frère, une sœur, des neveux, ou même une tierce partie, des droits de succession s’appliquent et peuvent, dans le pire des cas, monter jusqu’à 48 % du patrimoine transmis. Il est important de noter qu’il est possible de s’éloigner – dans certaines limites – des règles fixées par le Code civil, notamment à travers la rédaction d’un testament, qui peut être un simple écrit rédigé à la main par le testateur (testament olographe), ou un document enregistré formellement auprès d’un notaire (testament authentique).
Dans quelle mesure peut-on s’éloigner des règles fixées par le Code civil ?
Dans le cadre d’une succession, la loi luxembourgeoise prévoit une réserve légale et une quotité disponible. La réserve légale est la valeur du patrimoine revenant obligatoirement aux héritiers selon l’ordre déterminé par le Code civil. La quotité disponible est la part du patrimoine qui peut être transmise selon les volontés du testataire. S’il y a un enfant, la réserve légale correspond à la moitié de la valeur du patrimoine. S’il y a deux enfants, cette réserve s’élève à deux tiers des avoirs du testateur. Autrement dit, celui-ci peut déterminer à qui revient le tiers restant, en rappelant que des droits de succession peuvent s’appliquer sur cette part. S’il y a trois enfants ou plus, la réserve légale correspond aux trois quarts du patrimoine.
La situation familiale et patrimoniale des résidents luxembourgeois revêt souvent une dimension internationale. Quels en sont les impacts ?
Il ne faut pas la négliger. Dans de nombreux cas, les héritiers vivent en dehors du Luxembourg. Il est fréquent aussi qu’une part du patrimoine, comme une résidence secondaire, se situe à l’étranger. Si votre enfant vit à Paris, par exemple, il faut savoir qu’il devra payer les droits de succession sur sa part de l’héritage, comme le prévoit la fiscalité française. C’est la même chose pour un héritier résidant en Allemagne. Pour un bien situé à l’étranger, c’est la loi en vigueur là où il est situé qui s’applique. Il y aura donc des droits de succession à payer sur la valeur du bien selon le pays, la région ou le canton.
Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent préparer leur succession ?
D’anticiper ces enjeux. Il n’est jamais trop tôt pour le faire. Dans le cadre de la préparation de la succession, nous recommandons aussi d’impliquer l’ensemble des parties concernées, pour éviter des litiges. Ceux-ci surviennent le plus souvent lorsque les héritiers découvrent par exemple des situations déséquilibrées après le décès du testateur. Il est toujours préférable d’en discuter ensemble, de fixer ces éléments de son vivant, particulièrement si la situation revêt une certaine complexité.
Quels pièges sont à éviter, notamment en présence d’une entreprise familiale ?
Si la succession inclut une entreprise familiale, la valeur de celle-ci est constitutive du patrimoine global et intègre donc la réserve légale. Il n’est pas possible, par exemple, de céder l’entreprise aux seuls héritiers qui ont décidé de s’y investir, à moins que le patrimoine privé à côté de l’entreprise familiale ne soit si important qu’il permette de combler la réserve légale des enfants ne travaillant pas dans l’entreprise. La transmission concerne l’ensemble des héritiers. Il est important d’anticiper ces éléments, notamment à travers la mise en place d’une gouvernance familiale ou d’un pacte d’actionnaires, qui régit les droits et devoirs de chacun et établit un ensemble de règles.
« Un enfant résidant à l’étranger peut être amené à payer des droits de succession alors même que ses parents résident au Luxembourg. »
Portrait-robot des HNWI européens
Réputé pour son savoir-faire pointu dans la gestion de patrimoine, le Luxembourg attire des clients fortunés issus des quatre coins de l’Europe. Quel est leur profil ?
Auteur MICHAËL PEIFFER
Évolution du nombre d’HNWI (USD1m+) en Europe (2016-2026) Source Knight Frank, The Wealth Report 2022 2016 2020 2021 2026
Où sont-ils installés ?
Pays européens qui comptent le plus de millionnaires (en $) en 2021.
Dans quels secteurs immobiliers investissent-ils ?
Source Knight Frank, The Wealth Report 2022
numérique 11.785.873 18.066.763 19.935.567 29.088.397 0 30.000.000
Quels sont les principaux éléments qui influencent leur capacité à créer et à préserver leur patrimoine ?
Source Knight Frank, The Wealth Report 2022 Opportunités Risques
et réglementations
Chaînes d’approvisionnement
Que nous réserve l’année 2023 ?
L’inflation élevée, les relèvements des taux d’intérêt et les prévisions de ralentissement de la croissance mondiale favorisent un positionnement relativement défensif dans le domaine de la gestion de fortune. Voici les 5 grands thèmes macroéconomiques à tenir à l’œil.
Auteur MICHAËL PEIFFER2 %
Symptôme du recul de la croissance et de la crise de la confiance des ménages, la consommation privée au Luxembourg tombera de 9,4 % en 2021 à 2,8 % en 2022, indiquait l’OCDE en novembre dernier, qui s’attend même à ce qu’elle recule à 2 % en 2023.
Inflation
Le 11 novembre dernier, la Commission européenne a revu en forte hausse sa prévision d’inflation dans la zone euro pour 2023, à 6,1 %, contre seulement 4 % escomptés jusqu’ici. Plusieurs phénomènes soutiennent la hausse du coût de la vie : envolée des prix des produits alimentaires, hausse des prix des carburants et du mazout, dépréciation supposée persistante de l’euro vis-à-vis du dollar qui renchérit les prix d’un grand nombre de biens importés. « L’incertitude reste exceptionnellement élevée », a mis en garde le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, en raison, notamment, de l’évolution imprévisible de la guerre en Ukraine. Les hypothèses des nouvelles prévisions émanant d’Oxford Economics tablent néanmoins sur un ralentissement de l’inflation en zone euro au cours de l’année 2023, sous l’effet d’une baisse progressive des prix de l’énergie.
Hausse des taux d’intérêt
Selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, la hausse générale et simultanée des taux directeurs en réponse à l’inflation accentue le spectre d’une récession mondiale en 2023. Elle induit une menace de crises financières au niveau des économies émergentes et en développement, ce qui pourrait engendrer des dommages durables. Les banques centrales du monde entier ont augmenté les taux d’intérêt en 2022 avec un degré de synchronisation jamais observé au cours des cinq dernières décennies. Selon les conclusions de l’étude, ce mouvement devrait se poursuivre en 2023. Les investisseurs s’attendent à ce que les banques centrales relèvent les taux directeurs mondiaux à près de 4 % jusqu’au cours de 2023, soit une augmentation de plus de deux points de pourcentage par rapport à leur moyenne de 2021.
-0,8 %
Confiance et pouvoir d’achat des ménages
L’érosion de la confiance des consommateurs, les contraintes affectant l’offre de biens exportés et la hausse des taux d’intérêt freineront la croissance économique en 2023. Du côté des ménages, des taux d’intérêt plus élevés vont accroître les obligations de paiement et la vulnérabilité de certains emprunteurs, en particulier ceux qui ont de faibles revenus ou qui ont contracté des prêts à taux variables. La confiance des ménages est tombée à son plus bas niveau depuis une vingtaine d’années. Face à la hausse des prix à la consommation, les habitudes d’achat des ménages évoluent pour se recentrer sur les biens essentiels. Selon les prévisions de l’OCDE, au Luxembourg, la croissance du PIB va ralentir pour passer d’environ 1,7 % en 2022 à 1,5 % en 2023, avant de se redresser pour atteindre 2,1 % en 2024.
La croissance en Europe devrait toutefois s’améliorer milieu 2023.
Tensions internationales
Les rapports entre les grandes puissances mondiales ont considérablement évolué, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, notamment. D’un point de vue macroéconomique, le conflit qui oppose Kiev et Moscou induit de nombreuses incertitudes d’un point de vue économique. Il a conduit à redessiner les circuits d’approvisionnement énergétique à l’échelle globale. On peut aussi évoquer la menace toujours présente sur l’exportation de blé. Le conflit se prolongeant, avec des conséquences économiques fortes pour de nombreux acteurs, il pourrait susciter de nouvelles tensions au sein de nos démocraties ou dans les rapports entre les grandes nations mondiales. Les marchés seront donc sensibles à l’évolution de ce conflit, mais aussi à la relation déjà exacerbée entre la Chine et les États-Unis, notamment autour de Taïwan.
Un ralentissement de la croissance
Selon ses prévisions pour le Luxembourg, publiées en novembre, l’OCDE s’attend à un ralentissement de l’économie, avec un PIB passant d’environ 1,7 % en 2022 à 1,5 % en 2023. La détérioration de la confiance des consommateurs, les défis dans les exportations de biens et les hausses de taux d’intérêt vont ainsi freiner la croissance.
Source Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)
La crise sanitaire
Si la pandémie ne nous empêche plus de circuler librement en Europe, c’est loin d’être le cas en Chine, où les autorités restent attachées à une politique « zéro Covid ». De nombreuses personnes, au cœur de cet immense pays, se voient encore contraintes dans leur liberté de mouvement. Cela n’est pas sans conséquence sur l’économie mondiale. L’activité industrielle chinoise, dont dépendent de nombreux acteurs européens, tourne encore au ralenti. La pression que cela exerce sur les chaînes d’approvisionnement soutient aussi la hausse des prix, l’offre ne parvenant pas à suivre la demande dans certains domaines. Une relance de l’activité économique chinoise pourrait toutefois entraîner une pression accrue sur les prix de l’énergie, le pays étant un gros consommateur d’énergie fossile. Notons en outre que nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle crise sanitaire mondiale.
Des conférences à suivre
2023 sera une année riche en événements et conférences sur des thèmes relatifs au wealth management et à l’investissement. Tout comme en 2022, les enjeux liés aux actifs alternatifs et aux marchés privés occuperont à nouveau le devant de la scène, tant au Luxembourg qu’en Europe.
Auteur BENOÎT THEUNISSEN1Mipim
Le traditionnel Marché international des professionnels de l’immobilier sera organisé du 14 au 17 mars 2023 au Palais des festivals à Cannes. Rendez-vous phare des acteurs de la chaîne de valeur de l’immobilier, l’objectif de l’événement est de créer un point de rencontre entre des executives, qu’ils soient investisseurs, opérateurs, développeurs, prestataires de services ou promoteurs. Un moment idéal pour croiser les représentants européens du secteur de la gestion d’actifs spécialisés dans l’immobilier.
3PERE Europe Forum
Du 9 au 11 mai 2023, le PERE Europe Forum se tiendra au Glaziers Hall à Londres dans le but de mettre en relation les investisseurs institutionnels, les gestionnaires de fonds et les développeurs sur le thème du private equity et du real estate. Ils auront alors l’occasion d’échanger sur les tendances aussi bien au niveau des opportunités d’investissement que sur les évolutions du marché européen. C’est également une opportunité d’avoir un accès privilégié au financement en touchant directement les investisseurs européens du secteur.
5PE Insights Benelux
Pour sa cinquième conférence, le PE Insights Benelux établira ses quartiers à Amsterdam tout au long d’une journée, le 27 octobre 2023. Le lieu de réseautage idéal pour les investisseurs spécialisés dans les actifs privés, avec un intérêt particulier pour la région Benelux. Outre des panels sur les stratégies de financement ou sur les attentes du marché, les participants auront la possibilité d’organiser des rencontres bilatérales en vue d’introductions en capital.
2European Asset Management Conference
L’industrie de la gestion d’actifs connaît des évolutions majeures. Gestionnaires d’actifs, distributeurs et prestataires de services s’adaptent constamment, non seulement à la technologie et aux modèles de distribution, mais aussi aux mises à jour réglementaires. Pour leur permettre de débattre de l’actualité du secteur, l’Alfi organise chaque année son European Asset Management Conference, dont la prochaine édition se tiendra du 21 au 22 mars 2023 à l’European Conference Center Luxembourg.
4IMpower
La prochaine édition du salon IMpower aura lieu du 27 au 28 juin 2023, au Grimaldi Forum, à Monaco. Rassemblant chaque année plus de 1.400 senior decision makers et plus de 150 CEO de sociétés d’investissement, il s’agit d’un rendez-vous incontournable pour les professionnels de la gestion d’actifs et de patrimoine. C’est non seulement l’occasion d’assister à des conférences sur les thèmes du moment qui occupent l’industrie, mais aussi d’initier des opportunités de partenariat.
The Luxembourg financial centre
Driver of the Luxembourg economy, the financial centre has developed since the 1950s to become a leading European platform for international financial institutions: — 123 international banks from 26 countries — 57% global market share in cross-border investment
Recognising
funds (PwC Global Fund Distribution 2022) — International portability and a unique level of protection in life insurance — European leader in international securities listings (39,000 + listed and tradable securities) — Largest market share of
listed green bonds in the world
— A comprehensive fintech ecosystem and strong start-up support — EU continental hub for 7 Chinese banks — 1st Islamic fund centre in the EU, 4th in the world
SOURCE: Luxembourg For Finance
VENUE Casino 2000, Mondorf-les-Bains
P aperjam + Delano and Luxembourg for Finance are delighted to announce their first Finance Awards – another chance for us to give recognition to those in the finance industry who continued to show excellence and outstanding expertise during the year. This awards ceremony also rewards those who were instrumental in the creation
of the financial centre, its development and the structuring of its products, and those who represent it internationally.
In total, over 150 recognised and influential experts across Luxembourg’s finance sector will be nominated in one of the seven categories and shortlisted by a panel of peerto-peer, high-profile experts.
DATE & TIME
Tuesday 28 November 2023 from 17:00 to 22:30
Quelles prévisions pour l’inflation ?
Cette année a été marquée par une forte hausse du taux d’inflation. En réponse, la Banque centrale européenne a augmenté ses taux directeurs. Quelles sont les perspectives pour 2023 ? Réponses de trois économistes.
Proposreceuillis
par MARIE JACQUEMIN LIONEL DE BROUX Group chief investment officer BIL« L’Europe reste à la merci de la situation énergétique, mais le pic pourrait être proche, avec de premiers signaux encourageants. »
NICOLAS SOPEL Senior macro strategist Quintet Private BankL’inflation devrait ralentir, mais rester plus élevée qu’avant le Covid. Sa baisse ne sera pas linéaire et synchrone à tra vers le monde, car les causes de l’infla tion ne sont pas les mêmes partout. Elle a déjà atteint un pic aux États-Unis avec la dissipation des effets du soutien fiscal et le resserrement monétaire. Son ralen tissement devrait continuer avec la perte de vitesse (modérée) de l’économie américaine. L’Europe reste à la merci de la situation énergétique, mais le pic pourrait être proche, avec de premiers signaux encourageants, tels que le ralentissement de la hausse des prix à la production en Allemagne. La Banque centrale européenne cessera également bientôt de remonter ses taux pour ne pas peser davantage sur le ralentissement économique.
Dans le cas où les moteurs de l’inflation se calmeraient durablement, de nouveaux tours de vis monétaires deviendraient moins nécessaires. La bonne nouvelle, c’est que l’inflation semble faiblir aux États-Unis et approcher de son pic en Europe. Une fois celui-ci atteint, l’évolution dépendra largement de la capacité des gouvernements à gérer la crise énergétique. La Fed a été plus rapide à remonter ses taux. La BCE est moins avancée et il se pourrait que les marchés sous-évaluent sa politique de resserrement. Elle a été très innovante pour injecter des liquidités dans l’économie. Nous espérons qu’elle le sera aussi pour en retirer, ce qui devrait contribuer à contenir les tensions sur les taux pour les pays périphériques.
« Nous pensons que la BCE devrait en finir avec son cycle de hausse des taux au premier trimestre de 2023. »
PHILIPPE LEDENT Senior economist INGBelgique
« La bonne nouvelle, c’est que l’inflation semble faiblir aux États-Unis et approcher de son pic en Europe. »
L’inflation en zone euro devrait, selon notre analyse, refluer lentement dans le courant de 2023, pour atteindre 5,6 % en moyenne l’année prochaine (contre 8,4 % en 2022). Cette baisse serait principalement liée à une stabilisation des prix de l’énergie, certes à des niveaux toujours très élevés. En considérant le ralentissement économique, la stabilisation des prix des matières premières, des coûts de transport et de l’énergie, et l’effet attendu des fortes hausses passées des taux d’intérêt, nous pensons que la BCE devrait en finir avec son cycle de hausse des taux au premier trimestre de 2023. Ces mouvements ayant été anticipés, les taux longs de marché ne devraient plus beaucoup dépasser les sommets atteints cette année.
Photos Quintet, Romain Gamba et Guy WolffL’avenir écOnOmique est incertain. NOtre expertise ne l’est pas.
L’environnement économique et financier actuel est particulièrement complexe. Prendre les bonnes décisions pour la gestion de votre patrimoine ne s’improvise pas. Depuis plus de 100 ans au Luxembourg, nos experts vous accompagnent dans la préservation, la valorisation et la transmission de votre patrimoine.
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