L'architecture du logement collectif privé

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Elasticité Certains architectes du logement collectif pensent la pérennité par l’élasticité. Selon eux, l’évolution d’un foyer passe par l’évolution de l’appartement. Il s’agit de penser aux dix, vingt, trente prochaines années de la vie du bâtiment. Ce procédé d’agrandissement se fait de manière générale sur des bâtiments existants, mais nous allons voir que certains architectes l’incluent dès la conception. Au niveau du logement collectif, plusieurs typologies d’agrandissement existent. La première consiste à agrandir le bâtiment par la façade, en y ajoutant un nouvel élément architectural. Le duo d’architectes Lacaton&Vassal font figure d’experts dans ce domaine. Dans le cadre d’opérations de renouvellement urbain, ils ont favorisé la réhabilitation à la démolition. Les deux exemples les plus marquants sont la rénovation de la tour de Bois le Prêtre à Paris, pour le bailleur social Paris Habitat, en 2011, et celle de plusieurs édifices du Grand Parc de Bordeaux, pour Aquitanis, en 2016. Dans les deux cas, les appartements ont pu gagné en surface grâce à l’ajout de surfaces chauffées et de jardins d’hiver en façade. Cette seconde peau a ainsi pu éviter la démolition de ces édifices, générer des économies de construction et réduire les dépenses énergétiques de l’opération. Une parenthèse toutefois sur de petits ensembles collectifs. Une deuxième typologie d’élasticité en habitat est l’espace de réserve, ou espace aménageable. En 2016, l’architecte chilien Alejandro Aravena remporte le prix Pritzker. Une de ses réalisations les plus notables concerne justement l’habitat évolutif. En 2003, pour résorber un bidonville de la ville d’Iquique au Chili, l’architecte propose une série de maisons peu coûteuses avec, pour chacune, une partie « en attente ». Le maitre d’ouvrage livre ainsi une base close et couverte, avec un point d’eau, et laisse le choix à l’habitant de terminer ou prolonger son logement en fonction de ses moyens. A l’initial, le budget ne pouvait couvrir que 30 logements. C’est pas moins de 100 maisons qui ont réussis à sortir de terre. Ce système est intéressant lorsqu’il s’agit d’habitat d’urgence. En France, l’extension par l’extérieur est un dispositif plus complexe à imposer aux maitrises d’ouvrages. L’espace extérieur est devenu une pièce tellement importante pour de nombreux ménages que le combler par un autre espace n’apparait pas comme une solution.

D. Promoteurs immobiliers, bailleurs sociaux et avenir Sur l’ensemble des références citées précédemment, aucune ne fait mention de promoteurs immobiliers en termes de maitrise d’ouvrage. Les bailleurs sociaux sont visiblement beaucoup plus présents dans ce genre d’innovations. La première raison est la différence de rôle de maitrise d’ouvrage entre le bailleur et le promoteur. Le promoteur ne va chercher qu’à vendre ses produits, cherchant à tout prix la rentabilité de son opération. Le bailleur social, lui, garde une emprise sur les logements puisqu’il les loue. Ainsi, tourné vers l’aide aux ménages modestes et très modestes, il sera plus amené à avoir une approche sociale du logement, plus qu’économique. Cette vision mettra ainsi d’avantage l’accent sur l’innovation architecturale, contrairement à une opération de promotion. La deuxième raison est la différence de financement entre une opération de bailleurs sociaux et une opération de promotion privée. Les logements sociaux sont

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