Un autre espace-temps Texte et images : DIMITRI CRICKILLON
Depuis ma tendre enfance, je suis un amoureux de Nature ! Je passe la plus grande partie de mon temps libre à l’extérieur, de la simple balade aux longues heures d’affût. La photographie de la nature est une passion qui m’anime davantage pour les instants magiques qu’elle m’offre à vivre que pour la photo en tant que telle. Je pratique essentiellement l’affût. Je m’installe dans ma cache de fortune quand il fait encore nuit et c’est avec une vive émotion que je goûte à chaque éclat de lumière et de vie qu’offrent les premières lueurs de l’aube…
Lagopède Alpin en plumage d’hiver. Parc national du Grand Paradis. Avril 2022
On me demande souvent si je ne trouve pas le temps long et si cela n’est pas inconfortable de rester assis ou couché de longues heures. À ce questionnement, ma réponse est la suivante : « couché, assis au pied d’un arbre, dans l’eau, dans le chaud, dans le froid durant 3 heures, 6 heures, un jour deux jour… la perception de l’espace et du temps est toute autre que celle de nos vies contemporaines. Le temps ne compte plus, le regard est absorbé par cette nouvelle approche de l’espace, l’inconfort s’oublie… Je suis dans une autre perception de l’espace et du temps. L’affût, c’est être invisible. On s’invite discrètement au plus intime de la vie sauvage. C’est une rencontre exceptionnelle et intense qui nécessite discrétion et humilité ! C’est un cadeau de la vie pour tout marcheur d’aube sachant ouvrir son âme et son cœur au vivant. Que ce soit avec un appareil photo ou non, l’affût est une expérience profondément spirituelle… En ce sens, je peux dire que ma démarche sur le terrain est davantage contemplative que naturaliste. Cependant, mes images servent également à militer activement pour la préservation de milieux naturels menacés comme, par exemple, la réserve naturelle des anciennes sucreries de Genappe. page 25