TÉMOIGNAGE
Pierre Doumont (70 ans): «Tant qu’on a de la valeur ajoutée, on peut continuer»
P
ierre Doumont a travaillé en tant qu’ingénieur civil chez Engie jusqu’à ses 65 ans, dans la prévention des risques industriels. «L’originalité de ma carrière, c’est que l’entreprise a changé autour de moi. J’ai accompagné ces changements en occupant successivement des fonctions différentes, notamment à l’international», confie-t-il. Un parcours riche et gratifiant qui l’a mené «jusqu’à la date de péremption légale, en août 2016», s’amuse-t-il. «J’ai eu droit à une pension légale normale, à l’issue de 45 années de carrière. J’avais racheté mes années d’études (5 ans d’ingénieur civil et un an en France), ce qui s’est révélé une bonne décision.» En tant que cadre dirigeant, Pierre a eu l’occasion de suivre un cours de préparation au début de la période de retraite. «Cela m’a surtout permis de réfléchir. Compte tenu de ce que je voyais et entendais autour de moi, de toute façon, j’étais déjà convaincu que j’allais continuer. La pension est une étape importante. Une rupture à laquelle il convient de se préparer mentalement. On risque de se retrouver seul du jour au lendemain.» Il ne lui a donc pas fallu longtemps pour embrayer. «J’ai un gros défaut, j’ai une sainte horreur du bricolage.» Il fallait donc trouver autre chose pour rester actif. C’est donc tout naturellement que Pierre a décidé de mettre à profit ses riches compétences
professionnelles en dispensant des formations et en faisant de l’audit interne pour des entreprises qui n’ont pas de département dédié. «Continuer à travailler permet de rester dynamique du point de vue intellectuel et d’entretenir un réseau de contacts, certes plus limité, mais essentiel.» Son job est malgré tout assez prenant. «Je travaille régulièrement, mais pas à temps plein. Mon emploi du temps varie selon la demande. Il m’est arrivé exceptionnellement de travailler tous les jours durant un mois d’affilée. Et puis, il y a les à-côtés: l’administration, la préparation des dossiers et des formations.» Combien de temps pense-t-il pouvoir (et vouloir) tenir le rythme? «Tout est évidemment fonction de la santé. Tant que je peux continuer de manière raisonnable, je le ferai», explique-t-il. Plus fondamentalement, «tant qu’on pense avoir une valeur ajoutée, on peut continuer». Et cela, il s’en enquiert régulièrement via des formulaires d’évaluation qu’il remet aux participants à ses formations. Et puis, Pierre a quand même sept petits-enfants, dont il a évidemment envie de profiter. «À condition de ne pas en devenir esclave», sourit-il.
Muriel Michel
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