Marie Claire Belgique - Février 2023

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BLOOMING BOUQUET

BOUTIQUE EN LIGNE DIOR.COM - Dior OnLine 02/620.00.00



SOMMAIRE 8

ÉDITO

10 CONTRIBUTEUR·RICES 12 L’IMAGE DU MOIS

TENDANCES

14 SUR LA LISTE DE FÉVRIER 20 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES PAR MARIE CLAIRE

SUBSTANCE ÉPOQUE

30 REPORTAGE Ces Coréennes du Sud

qui s’élèvent contre le patriarcat

38 NEWS La pionnière oubliée

39 GWYNETH PALTROW « Je suis heureuse

d’avoir 50 ans »

CULTURE

Julia Roberts, photographiée par Alexi

Lubomirski. Réalisation Agathe Gire.

40 AGENDA Expos et sorties

Veste Acne Studios, T-shirt MKT Studio. Bijoux personnels.

42 PORTRAIT Brad Pitt en 6 chapitres

Styliste personnelle de Julia Roberts : Elizabeth Stewart/The Wall Group, assistée de Jordan Grossman. Couturière Natalya Aghajanyan. Coiffure Genevieve Herr/Sally Harlor. Maquillage Lancôme réalisé par Serge Normant/Statement Artists. Set design Jack Flanagan/The Wall Group, assisté d’Amy Sabel et Andrea Reed/The Wall Group. Production Nathalie Akiya/GTS Prod, assistée de Raz Segal, Stefan Nolte, Zach Perry, Eduardo Meza, Spencer Wilson et Varsh Farazdel.

44 CINÉMA 45 LIVRES

46 RÉVÉLATION Pierre de Maere

« La hype ne m’intéresse pas du tout »

48 MUSIQUE

TÊTES À TÊTE(S)

50 EXCLUSIF Julia Roberts,

une chic fille

MAGAZINE

56 SOCIÉTÉ Quand le sport se

dégenre…

60 PHÉNOMÈNE Le chien roi 64 PHILO Cultivons la joie !

68 SOCIÉTÉ Vivre avec ou sans

smartphone ?

72 MODE Vu à la télé

amoureuse avant notre première rencontre »

Suivez-nous sur marieclaire.be/fr

p. 60 Le chien roi

ALEXI LUBOMIRSKI. GRAYMALIN.COM @GRAYMALIN.

76 MOI LECTRICE « Je suis tombée


Robe en viscose, boucles d’oreilles et bracelet en argent, pierre dalmate et sabots en vinyle Bottega Veneta. Collier pendentif en or et perle de Malaisie Moods by Silvie, couverture en mohair et laine Tekla.

STYLE 80

MODE

Trésors de douceur

90 MYTHIQUE À la française

92 EN BREF Les déesses Guess 94 STORY Égyptomania

BEAUTÉ

96 ENQUÊTE Les pouvoirs anti-âge

du sport

100 SAINT-VALENTIN « L’amour et le

parfum ne se cachent pas »

102 EXPERTS Les secrets des

dermatologues

106 TESTÉ Le nettoyant visage

108 CONFIDENCES La sélection de

la rédactrice

LIFESTYLE

112 ARCHITECTURE Les façades du luxe 116 SAFARI Échappée sauvage en

Tanzanie

120 NEIGE Les bienfaits de la montagne

magique

122 MASTERCLASS Au bar de Julie Nullens 129 HOROSCOPE

130 LE QUESTIONNAIRE Benjamin

ALEXIS ARMANET.

Lavernhe

p. 80 Trésors de douceur


MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.

RÉDACTEUR EN CHEF Timon Van Mechelen tvm@marieclaire. be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be COORDINATRICE DE LA RÉDACTION Joëlle Lehrer jle@marieclaire.be DIRECTRICE DE LA MODE & STYLE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ & LIFESTYLE Kim De Craene kdc@marieclaire.be COLLABORATEURS Aurélia Dejond, Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl, Etienne Heylen, Marie Honnay, Joëlle Lehrer, Malvine Sevrin, Eva Thurman, Margo Verhasselt. CHEF DIGITAL MARIECLAIRE.BE/FR Malvine Sevrin mse@marieclaire.be malvinesev DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be rosaalieeb BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1 CHIEF OPERATING OFFICER (COO) MARIE CLAIRE Florian de Wasseige fdw@editionventures.be

SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Chief Marketing Officer) lmo@editionventures.be Carla Circiello (Campaign Coordinator) cci@editionventures.be Laura Collu (Campaign Coordinator) lco@editionventures.be EVENTS Charlotte Villers (Event Coordinator) cvi@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be Print Production Coordinator / Amélie Eeckman aee@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl

POUR VOUS ABONNER

9 numéros pour seulement 26,95 €. Simple et rapide : surfez sur www.viapress.be/marieclairefr Vous avez des questions ? Envoyez un mail à info@viapress.be, viapress.be, téléphonez au 02 556 41 40 (de 8 h à 16 h 30 du lundi au vendredi) ou écrivez à AMP, 451 route de Lennik, 1070 Bruxelles.

EDITION VENTURES CEO Bernard de Wasseige DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige IMPRIMERIE Quad/Graphics

La transmission de documents et informations à la rédaction du Marie Claire Belgique – S.A. Edition Ventures inclut l’autorisation de l’auteur quant à leur libre utilisation voire publication. Les marques, les prix et les adresses publiés dans Marie Claire n’engagent en aucune manière celui-ci et ne sont annoncés qu’à titre indicatif sans vérification préalable de leur contenu par le Marie Claire Magazine. Ce dernier décline toute responsabilité pour les documents envoyés. La reproduction, même partielle, de tous les articles, photographies, dessins, modèles et illustrations du Marie Claire Belgique est interdite tout comme celle des créations d’artistes publiées dans le Marie Claire et ce, même si ceux-ci sont publiés à titre de publicité. Tous droits réservés ©Marie Claire Belgique 2019.

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ÉDITO

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AVEC MESURE

V

oyager, c’est comme faire du shopping : si vous voulez du bien à la planète, vous devez appuyer sur le frein. Pas le choix. Tout le monde le sait, et pourtant, les chiffres des voyagistes montrent que nous bougeons presque autant qu’avant la pandémie. Les vacances que nous avons été contraints de passer au jardin ? La planète nous en remercie encore. Mais désormais, l’envie de découvrir d’autres horizons nous titille plus que jamais. Dès que cela a été à nouveau possible, j’ai moi-même repris l’avion. Parce que peu importe à quel point mes vacances au camping m’ont amusé sur le moment, en séjournant dans les Ardennes, je ne peux pas dire que j’ai connu d’expériences qui ont changé ma vie. Ça a été en revanche le cas à Tokyo, au Japon, un pays qui m’a permis de mieux comprendre comment la technologie façonnera notre avenir : essayer du maquillage dans une cabine virtuelle ou vaincre des monstres lors d’un jeu de gaming afin de gagner des sushis qui vous sont ensuite livrés à table par un robot : l’avenir en version accélérée, en quelque sorte. À New York, dans le bar secret d’un hôtel délabré, j’ai bu le cocktail le plus mémorable de tous les temps. Et je rêve encore de ce pesto de pistache carrément divin que j’ai eu l’occasion de manger dans un petit restaurant milanais ou de ce musée de douze étages à Séoul qui m’a, d’un seul coup, fait comprendre l’intérêt de l’art abstrait. À Varsovie, j’ai rencontré plusieurs membres de la communauté LGBT qui se battent courageusement pour mener une vie libre et digne. De quoi alimenter mon engagement social. En Suède, j’ai vu, en une fois, tellement de gens bien habillés que j’ai failli m’acheter une toute nouvelle garde-robe. À en croire les scientifiques, élargir votre perspective vous permet de devenir une personne meilleure, à la fois plus tolérante et plus heureuse. Le hic : vous contribuez à la destruction de la planète. Si ce n’est évidemment pas à nous de décider si vous partirez ou non en vacances en avion ou en train cette année – ce serait plutôt hypocrite à la lecture de ce numéro – , nous aimerions juste vous inspirer. Ce premier Marie

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Claire de 2023 est donc - entre autres - consacré à l’art du voyage durable et conscient. Nos idées et reportages vous donneront, nous l’espérons, l’envie de renoncer aux billets d’avion qui coûtent moins cher qu’un burger. Optez plutôt pour des voyages dont vous profiterez longtemps, en amont des vacances et longtemps après ; des voyages qui vous inspirent, vous font grandir et que vous n’oublierez jamais. Comme en Tanzanie (p. 116) et plus près de chez nous à Tignes (p. 120). Voyager toujours, mais mieux et avec modération ! Au fait, c’est aussi l’une de mes nombreuses bonnes résolutions pour 2023.

Timon Van Mechelen Rédacteur en chef timonvm


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1. & 2. Hong kong, 2018. 3. Kyoto, 2017. 4. Séoul, 2018. 5. Hong kong, 2018. 6. Rotterdam, 2019. 7. Tokyo, 2017.

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PHOTOS PERSONNELLES.

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8. Marseille, 2022. 9. Milan, 2019. 10. Séoul, 2018. 11. Côme, 2022. 12. New York, 2014. 13. Milan, 2019. 14. New York, 2016.


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CONTRIBUTEUR·RICES

RÉDACTRICE FINALE NL ET AUTRICE DU DOSSIER SUR LES SMARTPHONES. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

Je suis originaire du Limbourg, je suis domiciliée à Bruxelles et je vis à Kigali, au Rwanda, depuis l’année dernière. Grâce au télétravail et à WhatsApp, je profite de plusieurs mondes à la fois! POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

En tant que rédactrice finale, je relis tous les textes rédigés en néerlandais, j’examine la structure, je vérifie le ton du magazine... J’adore donner un visage à Marie Claire. Comme journaliste, j’ai l’opportunité d’aborder des sujets variés et d’en apprendre davantage. C’est un privilège de pouvoir faire chaque jour des choses différentes. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?

L’article sur le smartphone est une piqûre de rappel : il nous rappelle la dépendance au téléphone de chacun·e, toutes générations confondues, . Ce petit ordinateur n’a que vingt-cinq ans. La réalité des chiffres est toujours un peu effrayante. À nous d’en tirer les conclusions. QUI VOUS INSPIRE ?

Je suis méfiante à l’égard de la discrimination actuelle fondée sur l’âge. Je suis donc délibérément à la recherche d’histoires de personnes qui ont changé de vie, qui sont devenues furieusement célèbres ou qui vivent une success story après soixante ans (je n’en suis pas encore là), ça me donne de l’espoir !

Elspeth Aurélia Dejond Jenkins JOURNALISTE ET TRADUCTRICE

Elle écrit les pages livres, WhatsApp et Masterclass, co-écrit les pages agenda et a vérifié la « dégenrisation » du sport. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

Entre Bruxelles et Paris, mon cœur balance ! Résolument urbaine, nomade dans l’âme, j’aime aller voir ce qui se cache derrière les cartes postales. POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

Parce que petite, je voulais devenir Tintin reporter quand je serais grande. Ma curiosité est insatiable et j’adore transmettre par la plume ou la photo. Raconter me passionne. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?

Constater que le genderless prend de l’ampleur, via mon article sur le sport, le portrait de la barmaid Julie Nullens ou l’interview WhatsApp : activité physique, cocktails, cosmétiques…les stéréotypes genrés deviennent has been ! QUI VOUS INSPIRE ?

Celles et ceux qui osent être acteurs de leur vie, et non spectateurs. Qui ont foi en l’humain, en l’autre, qui croient suffisamment en l’avenir fragile pour réinventer l’époque. J’aime les êtres sans fards, à la fois singuliers et pluriels, précieux phares dans la nuit.

DIRECTRICE DE LA MODE ET DU STYLE.

Elspeth écrit sur la mode et le design. Pour Marie Claire, elle plonge dans les archives des maisons de couture les plus féériques et des hôtels légendaires du monde entier. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

Julien Vallon PHOTOGRAPHE

Il a shooté la mannequin Ingrid Medeiros pour l’article beauté sur le slow-aging. D’OÙ VENEZ-VOUS ?

D’une île au milieu de l’océan indien, loin de toute agitation.

J’ai eu la nationalité britannique jusqu’à l’âge de 3 ans, je vivais au Royaume-Uni et en Belgique. Ensuite, je suis devenue citoyenne belge et suis retournée vivre dans mon ancienne maison familiale à Kapellen, près d’Anvers.

Pour proposer une autre réalité et interroger la nôtre.

POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

La rencontre avec Ingrid : sa force, sa joie de vivre m’ont inspiré tout au long du shooting.

J’ai toujours été amoureuse des magazines. Ado, je dévorais le Vogue et le ELLE anglais, je rêvais d’une carrière d’écrivaine. Je travaille d’ailleurs sur mon deuxième livre.

POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?

VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?

QUI VOUS INSPIRE ?

Ma femme.

VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?

J’ai été invitée à un dîner exclusif célébrant la réouverture de la boutique Cartier 13 Paix à Paris. Dans ce numéro, je vous en dis plus sur la rénovation et l’histoire de cette adresse historique. QUI VOUS INSPIRE ?

La styliste Bay Garnett, incarnation même de la Noughties frazzled English woman : elle a un style boho chic, travaille pour Vogue, à Notting Hill et a l’art de dénicher des pépites vintage. Tout ce dont je rêve dans cette vie.

COLLECTION PERSONNELLE. NICOLAS SOQUETTE.

Marie Geukens


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FRITZ ENFIN SAUVÉ DE L’OUBLI

Carte d’identité judiciaire de Fritz Kitzing en 1936.

En 1935, les nazis ont introduit une version réformée de l’article 175 du Code pénal. Tout acte sexuel et même toute expression de désir entre hommes est devenu punissable. Pour les infractions graves, la peine pouvait même s’élever à dix ans de travaux forcés. Près de 100.000 homosexuels ont été enregistrés par le régime en Allemagne, dont 50 000 ont été condamnés.

COLL. LANDESARCHIV BERLIN.

L’IMAGE DU MOIS


Entre 5.000 et 15.000 d’entre eux se sont retrouvés dans un camp de concentration, où la plupart sont morts. Bien que le sort des hommes et des femmes homosexuels pendant la période nazie ait déjà fait l’objet d’une enquête, le sujet est encore méconnu du grand public. La Kazerne Dossin considère donc qu’il est de son devoir de se souvenir de leur sort et de les sauver de l’oubli. Fritz Kitzing (voir photo) a été

arrêté en 1936 pour violation de l’article 175. Il a été envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen, sans procès. Il a été libéré un an plus tard. En 1938, il a été arrêté à nouveau, depuis lors, toute trace de lui a disparu. Par Etienne Heylen et Aurélia Dejond

Homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie, du 16 février au 10 décembre à la Kazerne Dossin, Goswin de Stassartstraat 153 à Malines. Info : www.kazernedossin.eu


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TENDANCES FÉVRIER

SELFIE ARTY

À l’ère du selfie, l’exposition Mirror of self, présentée dans le cadre de PhotoBrussels Festival, interroge notre rapport à notre image. Vingt-trois autoportraits d’artistes à découvrir à travers des approches artistiques variées. Jusqu’au 25 mars 2022. Hangar, 18 Place du Châtelain, 1050 Bruxelles. Hangar.art

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Parfum Can’t stop loving You de Kilian Paris, 225 € les 50 ml, chez Senteurs d’Ailleurs et sur parfuma.com

SUR LA LISTE DE FÉVRIER Par Malvine Sevrin

SANJA MARUŠIĆ. PRESSE.

PARFUM ENIVRANT

Quoi de mieux qu’un parfum délicieusement suave pour déclarer sa flamme ? C’est ce que nous propose Kilian Paris avec Can’t Stop Loving You, sa dernière fragrance de la famille olfactive des Narcotiques. En son coeur ? La fleur d’oranger d’Afrique du Nord, symbole de l’amour éternel, relevée par des notes gourmandes de miel de Provence et de vanille de Madagascar.


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SNEAKER FEVER

Que se passe-t-il lorsque l’héritage du tennis rencontre les codes du design contemporain ? La L003 NEO, la dernière création signée Lacoste. Baskets L003 NEO de Lacoste, 130 €, dans les magasins phares de Lacoste et sur lacoste.com.

HOTSPOT

Et de une, et de deux ! Après une première boutique dans le quartier du Châtelain, le lunetier Jimmy Fairly ouvre une seconde adresse dans la capitale. Cette fois, il s’agit d’un flagship store en plein cœur historique de Bruxelles. Plus d’excuses pour ne pas mettre la main sur les solaires et lunettes de vue ultra branchées et accessibles du label français. Boutique Jimmy Fairly au n°100 rue du Bailli, 1050 Ixelles et flagship store au n°26 rue du Marché aux Herbes, 1000 Bruxelles.

DOUBLE CŒURS

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DEUX CŒURS IMBRIQUÉS, À LA FAÇON DES ICONIQUES MENOTTES DE DINH VAN. Mono Créole Double Cœurs (grand modèle) de dinh van, or jaune, 1 250 €.

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PRÉCIEUX FLACON

Le secret de cette crème fouettée onctueuse issue de la ligne de skincare de Brad Pitt ? Deux composés actifs brevetés qui ralentissent les signes du vieillissement cutané. Son élégant flacon imitant l’écorce des chênes du domaine viticole de Miraval en fait un objet de beauté à laisser trôner dans sa salle de bain. Hydratant et anti-âge aux GSM10® et ProGR3®, Le Domaine, 50 ml, 275 € sur le-domaine.com.

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TENDANCES FÉVRIER

DENIM COUTURE

POUR SON ULTIME COLLECTION POUR BURBERRY, RICCARDO TISCI A TRAVAILLÉ LE DENIM SOUS TOUTES LES COUTURES. SUR NOTRE RADAR : LA LONGUE JUPE EN JEAN.

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7 VISITE GUIDÉE EN YSL

Animés d’une même fièvre, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé ont vécu entourés d’une spectaculaire collection d’objets d’art, dans des espaces enchanteurs imaginés par leur ami et architecte de renom Jacques Grange. À travers les clichés signés Marianne Haas, on déambule dans les diverses propriétés de ce couple mythique : la villa Majorelle à Marrakech, l’appartement parisien rue de Babylone, la maison de couture sur l’avenue Marceau, le Château Gabriel et la datcha de Deauville. Livre Yves Saint Laurent at Home, Éditions Assouline, introduction de Laurence Benaïm, 105 € sur assouline.com

QUATRE MAINS

L’un est un bar à cocktails artisanal de Namur, l’autre une maison de Champagne historique. Ensemble, ils ont élaboré une cuvée inédite, alliant l’univers de la mixologie et le savoir-faire de la méthode champenoise. Une alliance pétillante et audacieuse de trois cépages (Pinot Noir, Meunier, Chardonnay) avec des notes gourmandes de pamplemousse, prune, brioche et miel qui ne laissera pas indifférent les palais aiguisés. Champagne Extra-Brut Cuvée Essentiel By Alfonse de Piper-Heidsieck, 57 € chez Botanical by Alfonse et Liquorette à Namur. alfonse.be, piperheidsieck.com

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JEAN-LUC LUYSSEN/GETTY IMAGES. COURTESY OF BURBERRY. PRESSE.

Défilé SS23 Burberry.


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TOURNÉE MINÉRALE

Pour un Gin Fizz sans alcool, mélangez 50 ml de Botaniets Gin 0.0 %, 100 ml de Tonic d’orange amère, le jus d’un demi citron, une ou deux framboises, ½ cuillère à soupe de sucre en poudre. Versez dans un verre à martini sur 2 ou 3 glaçons. Santé ! Gin belge sans alcool Botaniets, 32,95 € les 50 cl sur niets.co

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POÉSIE OLFACTIVE

Imaginées comme de véritables objets de décoration, les Cires Parfumées de Gilles Dewavrin embaument et subliment nos intérieurs. Les contenants rechargeables conçus en terres mêlées seront bientôt réalisés en verre de Murano. En vente à Bruxelles chez AXL Jewelry et Thierry Boutemy. 155 € la cire parfumée + contenant, 55 € la recharge de cire parfumée (330 g), 195 € le plateau simple et 235 € le plateau double.

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IMPRESSION CHANEL

« Je me suis servie de mon goût de ce qui brille pour tenter de concilier, par la parure, l’élégance et la mode » disait Gabrielle Chanel. Cet ouvrage traduit en images ses mots. Articulé autour de quatre chapitres – les origines, les symboles, l’esprit et l’allure – il nous révèle l’extraordinaire créativité de la Haute Joaillerie de Chanel, depuis sa première collection dessinée en 1932 aux pièces imaginées aujourd’hui par Patrice Leguereau, directeur du Studio de Création de Joaillerie Chanel. De nombreux croquis et images d’archives, ainsi que de superbes photographies signées Karl Lagerfeld, Mario Testino, Sarah Moon ou encore Patrick Demarchelier nous régalent les yeux.

PRESSE.

Livre Chanel Haute Joaillerie 150 €, Thames & Hudson.




TENDANCES

VIBRATIONS

IDÉE FIXE

L’HEURE

DES CLASSIQUES

Trois montres à bracelet articulé : deux championnes de précision et une experte joaillière à glisser sur son pull, pour accorder maille et maillons. Photo Denis Boulze Réalisation Agathe Gire De haut en bas

Montre Oyster Perpetual Day-Date 40, en or jaune Rolex, prix sur demande. Pull en mohair et laine mélangée H&M, 80 €. Montre Master Collection 34 mm Longines, 2 450 €. Pull en laine et alpaga mélangé American Vintage, 175 €, pantalon en laine vierge AMI, 550 €. Montre Panthère petit modèle, en or jaune, mouvement quartz Cartier, prix sur demande. Pull en coton Pomandère, 323 €.

ASSISTANT STYLISME PIERRE-ÉTIENNE CALLIES.

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Comme une lettre d’amour

LA PANOPLIE L’époque où la lingerie était faite pour les yeux des hommes est révolue depuis longtemps. Les marques parient désormais sur des ensembles que les femmes désirent et qu’elles achètent (et portent) comme si elles s’adressaient une lettre d’amour à ellesmêmes. Et encore plus à la Saint-Valentin…

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Réalisation Timon Van Mechelen

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PRESSE.

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LE LOOK PODIUM Défilé Love Stories automne-hiver 2022-2023. 1. DÉCOLLETÉ Soutien-gorge Danae à armatures plongeant en polyamide et élasthanne, Marie Jo, 105 €. 2. SUGGESTIF Culotte Waltz en polyamide, Chantelle, 45,27 €. 3. SOYEUX Robe nuisette Love bound en soie recyclée, Fleur du Mal, 305 €, via Net-a-Porter. 4. TRANSPARENT Body en tulle Pretty iconique, Intimissimi, 39,90 €. 5. TORSADÉ Boucles d’oreilles Twist en argent et cuir, Bottega Veneta, 490 €. 6. BRODÉ Culotte Cupidon en résille avec cœur, Agent Provocateur, 110 € via de Bijenkorf. 7. SEXY Portejarretelles Vya Carter en polyester et polyamide, PrimaDonna, 89,90 €. 8. MAGIQUE Vibromasseur Magic Nyx Magic Motion en silicone, 70 €, via Self Studies. 9. PERFORÉ Sandales en cuir, Alaïa, 1250 € 10. VOLANTÉ Soutien-gorge Spin en dentelle et tulle, Etam, 29,95 €. 11. CROSSBODY Sac à main Heart micro en plastique et cuir, Simone Rocha, 745 €. 12. TRIANGLE Soutien-gorge Calla en soie et dentelle, Merle Noir, 500 €.


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TENDANCES

VIBRATIONS

PHÉNOMÈNE

LE POUVOIR GRANDISSANT DES CHEVEUX XXL Des défilés de mode à Hollywood, leurs longueurs exponentielles s’affichent sur de plus en plus de têtes. Un puissant symbole d’ultra-féminité assumée à la portée de tou·tes ? Par Joy Pinto

LA DÉMOCRATISATION DES EXTENSIONS

La condition pour des longueurs XXL cool ? Ne pas les porter comme un rideau. Le coiffeur Damien Boissinot, directeur artistique de René Furterer et chef de cabine sur le défilé Zimmermann, explique : « Pour afficher sa longueur, on ramène les cheveux proches de la nuque vers l’avant, tandis que ceux du dessus sont déployés en arrière. » Avec des extensions, de plus en plus accessibles, por ter une longueur extrême n’est plus l’apanage des célébrités. « Great Lengths et Balmain Hair ont démocratisé les rajouts de 90 centimètres et les extensions en bandes, plus faciles et rapides à poser que celles “mèches à mèches”. Elles forment des lignes qui se mêlent aux longueurs naturelles », précise Jérémy Gatard, coiffeur spécialiste du sujet. Avec des bandes de cheveux à clipser, on s’offre une chevelure de défilé pour quatre à six semaines, renouvelables dix fois à condition de prendre soin de ses nouvelles mèches comme de ses cheveux. Seul impératif : un sérieux budget car, après un investissement d’environ 1 000 euros pour les rajouts, il faut payer chaque dépose et repose. Autre option : la perruque, pour changer de look sans l’aide d’un professionnel pour peu qu’on

Défilé Etro, printemps-été 2023.

soit habile. Elle permet aussi de ne pas abîmer la chevelure. « Il existe des perruques tressées avec des nattes tombantes ou plaquées qui font croire à des rajouts XXL sans sursolliciter les racines avec le poids des extensions », ajoute Jérémy Gatard. Au naturel, on vise des dimensions moins spectaculaires qui demandent un entretien sérieux : « Démêlage soigneux, tresses avant le coucher, soins profonds à chaque shampoing et avant chaque sortie, sans oublier de protéger les cheveux de la chaleur avant le brushing, souvent nécessaire pour afficher une longueur saine et des pointes qui se positionnent bien », conclut Damien Boissinot. Rien d’impossible en somme, mais un sacré investissement.

ALESSANDRO VIERO/LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

Défilé Zimmermann, printemps-été 2023.

tournable, ce style est aussi arboré par les pop stars comme Beyoncé ou Nicki Minaj, qui usent et abusent des perruques et des extensions. Version afro, les tresses se portent, elles aussi, au ras du sol, comme avec Zendaya ou la mannequin Malika Louback (ci-contre). Sur les défilés, les cheveux longs se font remarquer chez Zimmermann ou Versace, version lisse sophistiqué, comme le symbole d’une liberté retrouvée.

LAUNCHMETRICS.COM/SPOTLIGHT.

AVOIR DES CHEVEUX TRÈS LONGS, c’est dire au monde : je suis une femme, jusque dans ses clichés, et je n’ai pas besoin de le cacher. Un peu comme porter des jupes courtes, des talons hauts, du rose « shocking » ou tout ça à la fois. Le message est clair : on peut, comme Kim Kardashian, déployer des longueurs de poupée Barbie et être l’une des femmes les plus puissantes du monde. La top Bella Hadid, de son côté, marche d’ailleurs presque sur ses cheveux dans la campagne de sa collaboration avec la marque About You. Désormais incon-


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MOODBOARD

L’INTEMPOREL CAMEL Une couleur classique et toujours chic. La preuve avec le somptueux manteau camel de Max Mara, pièce phare de la collection Icon. Que vous choisissiez le modèle Teddy, le 101801, le Ludmilla ou le Manuela, vous serez dans le bon : le camel, c’est le nouvel or.

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Réalisation Elspeth Jenkins

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PRESSE.

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1. Montre Master Control Calendar Jaeger-LeCoultre, prix sur demande. 2. La campagne du manteau 101801 en 1986. 3. Défilé Max Mara automne/ hiver 2022-2023. 4. Manteau teddy Max Mara, 2139 €. 5. Boucles d’oreilles Chanel, prix sur demande. 6. Mousse Nettoyante La Mer, 104,90 €. 7. Enceinte Bluetooth Beosound A1 2nd Gen Bang & Olufsen, 299 €. 8. Sac de voyage Boston Delvaux, prix sur demande. 9. Lily Reinhart pour Max Mara. 10. Babies Kina Carel, 395 €.


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TENDANCES

VIBRATIONS

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ANNE-SOPHIE CHARLE

Fondatrice et CEO de Maison Éole

Par Aurélia Dejond

Anne-Sophie

SUCCÈS FULGURANT POUR TA GAMME MAISON ÉOLE, QUE VOIS-TU DANS LE RÉTROVISEUR ?

Beaucoup de travail, de magnifiques rencontres, une certaine fierté aussi . Le sentiment d’avoir apporté une gamme de qualité made in Belgium. QUAND TU T’ES LANCÉE, C’ÉTAIT PLUTÔT UN DÉFI PERSO, L’ENVIE D’UNE RECONVERSION PRO (NDLR ELLE ÉTAIT MANAGER PUBLIC) OU DE LA FOLIE PURE ?

L’envie de réaliser un rêve, de sortir de ma zone de confort et de changer de cap. J’étais déterminée et j’ai suivi mon intuition. LANCER UNE LIGNE DE COSMÉTIQUES BELGES ISSUS DE LA VIGNE AU PAYS DE LA BIÈRE, IL FALLAIT OSER !

mixte Égalité. Je sors à présent Liberté ! J’adore aussi étonner avec les fragrances, et ce ne sera sans doute pas le dernier CES PARFUMS GENDERLESS, UN ATOUT POUR CASSER LES STÉRÉOTYPES ?

Maison Éole est une marque généreuse. On aime l’idée du partage, on conçoit aussi le parfum comme un cadeau que l’on utilise en couple, par exemple. C’est davantage cet aspect que l’on souhaite valoriser. QU’AUGURE 2023 POUR MAISON ÉOLE ?

Quatre nouvelles références cosmétiques (une crème main, un sérum visage, un sérum yeux mixte et un savon dur) et un étiquetage trilingue pour débuter la commercialisation en Flandre et à l’export.

La vigne est un secteur économique en pleine expansion en Belgique, avec environ 200 vignobles. Le lancement d’une gamme de cosmétiques était pour moi une évidence et je voulais être la première à relever le défi

Participer au développement économique de la Wallonie et de la Belgique, ça me parle beaucoup !

DES PRODUITS LOCAUX, UNE COMPOSITION INÉDITE, UNE ACTIVITÉ ANTI-OXYDANTE ENCORE JAMAIS VUE DANS LE SECTEUR, DÉFI RELEVÉ ?

Ça fait partie de mes rêves…Nous avons tous les atouts au vignoble pour le réaliser. Qui sait, dans quelques années, peut-être ?

Notre vignoble, le Chant d’Éole, a été capable de produire une bulle d’une qualité reconnue sur le plan mondial . Il n’y avait pas de raison que notre terroir ne puisse pas sortir des principes actifs aussi efficaces, voire plus, que d’autres pays.

FAIRE RAYONNER LE SAVOIR-FAIRE LOCAL, ÇA T’ANIME ?

À QUAND UN SPA MAISON ÉOLE ?

maisoneole.com

METTRE LE TERROIR BELGE EN AVANT ET CRÉER UNE GAMME ENGAGÉE, C’ÉTAIT UNE ÉVIDENCE DÈS LE DÉPART ?

En tout cas, sortir une gamme naturelle, en circuit court, en trouvant un actif innovant en cosmétiques, créer un packaging écoresponsable et associer la marque à des compétences exclusivement belges, telle était mon souhait. POUR CE PREMIER ANNIVERSAIRE, TU CRÉES NOTAMMENT UN NOUVEAU PARFUM.

Oui ! Le designer Charles Kaisin, mon directeur artistique, a travaillé avec des maîtres parfumeurs. J’avais eu le coup de cœur pour deux fragrances. Le premier signe la ligne cosmétique, c’est le parfum

PRESSE.

Elle a fait le pari de réaliser son rêve et de mettre le terroir wallon à l’honneur. Âgée d’un an à peine, sa gamme de cosmétiques locale, durable et issue de la vigne belge part à l’assaut de la Flandre et de l’Europe. Son credo : faire rayonner le savoir-faire belge dans le monde.


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Le ski, c’est chic

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LA PANOPLIE La princesse Diana avait ouvert la voie dans les années 1980. Depuis, on sait qu’il n’y a rien de plus chic que de dévaler les pistes avec style. Cette saison, les teintes glacées dominent les collections. Réalisation Timon Van Mechelen

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LE LOOK PODIUM Défilé Giorgio Armani Neve automne-hiver 2022-2023. 1. MÉTALIQUE Doudoune en polyamide et duvet Mytheresa x KHAITE, 1710 €. 2. STAR Foulard tube Goldbergh, 49 €, via de Bijenkorf. 3. DURABLE Top en polyester recyclé Prada, 950 €. 4. BRANCHÉ Cagoule en polyester recyclé Monki, 20 €. 5. POLAIRE Sweater The North Face, 54,95 €, via Zalando. 6. COUPE-VENT Pantalon de ski Schoeller® Windproof Stretch Bonded Fleece Softshell Fusalp, 550 €. 7. MODULABLE Masque de ski XL à verres interchangeables Oliver Peoples & Brunello Cucinelli, 540 €. 8. VERNIE Bottines après-ski en peau de mouton MOU, 269 €. 9. GRAPHIQUE Legging Louis Vuitton, 550 €. 10. BICOLORE Combinaison de ski en polyester Giorgio Armani Neve, 3550 €.


TENDANCES

VIBRATIONS

IDÉE FIXE

LADY DIOR

RÉINVENTÉ

Le Lady 95.22 est le tout nouveau membre de la famille Dior. Le modèle s’inspire du Lady Dior conçu en 1995 pour Lady Di. Aujourd’hui, il est considéré comme le sac le plus recherché de l’hiver 2022. Notre verdict : l’avenir de ce sac - qui a presque atteint le même statut iconique que sa célèbre muse - s’annonce assurément radieux. Actuellement, la nouvelle version aux formes arrondies n’est disponible qu’en noir ou en blanc. Par Elspeth Jenkins Photo Denis Boulze Réalisation Agathe Gire Sac Lady 95.22 Medium, en cuir Macrocannage et Maxicannage latte, à bandoulière amovible et ajustable Dior, prix sur demande.

ASSISTANT STYLISME PIERRE-ÉTIENNE CALLIES.

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PHÉNOMÈNE

SÉOUL, NOUVELLE CAPITALE DE LA MODE? Après trois ans d’interruption, la fièvre de la Fashion Week s’est de nouveau emparée de la mégapole coréenne. Ainsi, vingt-neuf maisons locales et internationales y ont présenté leur défilé printemps-été. Dont AMI, qui inaugurait aussi sa première boutique séoulite. Par Catherine Castro

COURTESY OF DEMOO. COURTESY OF AMI. VIRGILE SIMON BERTRAND. MATT JELONEK.

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Printemps-été 2023 : défilé Demoo (1), silhouette AMI (2), la danseuse Aiki au défilé Songzio (4). 3. Le Dongdaemun Plaza. 3

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DU 11 AU 15 OCTOBRE DERNIER, LA SEOUL FASHION

WEEK printemps-été 2023 retrouvait le Dongdaemun Plaza, bâtiment futuriste dessiné par la disparue Zaha Hadid. Après trois ans d’interruption due au Covid, la folle énergie vestimentaire de la génération Z s’emparait de la capitale de Corée du Sud dès les abords de l’édifice miroitant, rivalisant de style en pantalons cargo oversized, vestes XXL et crop tops. Une trentaine de labels installés et de jeunes pousses se partageaient les podiums. C’est la sobriété raffinée, inspirée du vêtement traditionnel coréen, de la designeuse indépendante Demoo Chunmoo Park qui inaugurait l’évènement. Chez Songzio, branche mode du conglomérat Samsung, les panoplies unies bleu turquoise ou rose fuchsia prenaient des allures de manifeste pop. Quant aux mannequins de plus de 50 ans du show Jung Heezin, elles cassaient les codes de la toute-puissante K-beauty. CÔTÉ MARQUES ÉMERGENTES, le « gender fluid » s’imposait, avec les jupes-culottes des mannequins masculins d’Iryuk notamment. « Les Coréens du Sud sont très forts en mode homme. D’ailleurs, beaucoup de femmes y puisent des pièces, explique Imad Fradj, consultant pour la marque Wooyoungmi, qui a une boutique à Paris. Au point que la marque compte désormais une collection femme. » Juliette Leca, acheteuse de mode femme au Bon Marché, salue l’innovation des matières du vestiaire coréen. Des marques comme Le17septembre, vendue dans le grand magasin parisien, mélangent la laine et le nylon par exemple. « Des coupes et des matières que je n’ai vues nulle part ailleurs », note l’acheteuse. Imad Fradj est fasciné par la vitesse à laquelle Séoul change et invente. « En termes de consommation, c’est fracassant. Ils nous bluffent avec leurs voitures, leurs smartphones. Le pays détient la recette du succès. » Juliette Leca renchérit : « Ce qui est intéressant, c’est ce qui se passe en dehors des défilés. Il faut aller dans les boutiques Gentle Monster, Tamburins, Adererror. Les mises en scène et les décors sont fantastiques. » La marque française AMI l’a bien compris, qui vient d’ouvrir sa première boutique à Séoul… et la majorité de son capital à une société de capital-risque chinoise. Le défilé résolument sexy de son créateur Alexandre Mattiussi a embrasé la place de Gwanghwamun. Aux premiers rangs, on pouvait reconnaître Isabelle Adjani, « incognito » sous sa casquette, l’exministre Fleur Pellerin, de passage pour la sortie de son autobiographie publiée en Corée du Sud, des stars de la K-pop ou le tiktokeur américain Vinnie Hacker. Preuve que c’est (aussi) là que ça se passe désormais.


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SUBS

L’AIR DU TEMPS DÉCRYPTÉ GRAND REPORTAGE La Corée du Sud, ce n’est pas que la K-pop, c’est aussi une nouvelle génération de féministes INTERVIEW Gwyneth Paltrow donne l’exemple

40 CULTURE

NOTRE SÉLECTION CINÉMA, MUSIQUE, LIVRES... PORTRAIT Brad Pitt, au-delà des clichés

LIVRES Une sélection de romans feel good MUSIQUE Le plein de talents belges


TANCE 50 TÊTES-À-TÊTE(S)

56 MAGAZINE

LES RENCONTRES DU MOIS

ENQUÊTES, PORTRAITS, TÉMOIGNAGES

RÉVÉLATION Pierre de Maere, dandy pop

EXCLUSIF Julia Roberts, ce qui lui donne vraiment le sourire

DÉGENRISATION Le sport s’y met aussi PHILO La joie, comment la cultiver

SOCIÉTÉ Le syndrome de la batterie faible


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De g. à d. Kang Hee-ju, 31 ans, Yi Haegang, 27 ans, Eun Ji-hyo, 29 ans sont réalisatrices. Elles ont fondé le collectif Feminist Filmmakers Forever (FFF) qui les soutient dans une industrie majoritairement masculine.


CES CORÉENNES DU SUD QUI S’ÉLÈVENT CONTRE LE PATRIARCAT

Féminicides, cyberharcèlement, accès à l’IVG compliqué : dans cette république opulente obsédée par la tech, la culture traditionnelle patriarcale continue d’étrangler l’indépendance des femmes et d’écraser leurs droits. À Séoul, une poignée d’entre elles, réalisatrices, avocate, ancienne publicitaire, menuisière ou DJ, se bat pour faire entendre leur voix. Nos reporters sont allé·es à leur rencontre. Par Catherine Castro Photos Kanghyuk Lee (@snakepool)


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e premier jour, on l’a briefée. Tous les matins en arrivant au bureau , Bae S oyeon devrait faire la vaisselle. Et nettoyer le frigo ou les bureaux. Au cours de la journée, elle aurait à servir le thé aux clients des chefs masculins. C’était le premier job de Bae Soyeon après la fac, employée au service export d’une entreprise de transport maritime. Cette diplômée en commerce international et administration des affaires s’est pliée sans broncher à ces tâches, en plus de ses soixante-cinq à soixante-dix heures hebdomadaires de travail. « Pendant qu’on faisait le ménage, nos collègues masculins fumaient ou discutaient. » Chez Angel-in-us, genre de Starbucks coréen où nous discutons, la trentenaire nous raconte le quotidien de milliers de jeunes femmes diplômées en Corée du Sud. Autour de nous, la génération Z pianote sur Kakao Talk, le WhatsApp coréen. Désormais directrice de contenu chez NomadHer, une application qui met en relation des voyageuses en solo dans le monde entier, la jeune femme affirme sans crainte être féministe. « Les Coréens du Sud ne comprennent pas le sens du mot féminisme. Être une femme indépendante est très mal vu », raconte la globe-trotteuse. En presque trois générations, la Corée du Sud est passée de la pauvreté la plus extrême – 4 dollars de PIB par habitant·e en 1955 – au rang de dixième économie mondiale. Au sud du fleuve Han, les tours étincelantes de Gangnam District proclament la victoire économique conquise à marche forcée. La station Sindang, sur la ligne 2, raconte la contre-histoire du miracle sud-coréen. Un écriteau en plexiglas « Women Friendly Seoul » (« Séoul respecte les femmes ») est accroché en face des toilettes publiques. Ici, le 14 septembre 2022, une employée chargée du nettoyage de 28 ans a été poignardée par un ancien collègue. Des bouquets de fleurs ont été déposés autour d’un autel de fortune.

“La culture coréenne est traditionnelle, patriarcale : une femme doit se marier, avoir un enfant et prendre soin de sa belle-famille.” Bae Soyeon, directrice de contenu chez NomadHer

UN MUR DE POST-IT MULTICOLORES GRONDE DE RAGE.

« Pardon de n’avoir pu te protéger. » « Stop aux féminicides. » « Ma sœur a été assassinée. » Malgré deux plaintes de la victime et une enquête de police en cours, le « stalker » de 31 ans n’avait pas été arrêté. Elle refusait ses avances, il l’a harcelée, l’a filmée à son insu puis l’a tuée. Dans le pays le plus connecté du monde – toutes les générations maîtrisent la technologie –, le cyberharcèlement est un fléau mortel pour les femmes. Les « molka » y font des ravages. Ces vidéos voyeuristes sont tournées

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••• IMAGE EXTRAITE DE LA SÉRIE SNAKEPOOL (2018-2021).

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avec des caméras miniatures cachées dans les toilettes, les cabines d’essayage, les dortoirs de lycée, et revendues à des sites ou mises en ligne sur des forums par des voyeurs. Si toutes les femmes sont ciblées, les féministes et les minorités le sont encore plus. Depuis 2021, une loi punit les voyeursharceleurs de trois à cinq ans de prison. « Malheureusement, les femmes évitent de porter plainte pour ne pas s’exposer à une vengeance encore pire », explique Lee Eun-eui, une célèbre avocate qui défend les victimes de crimes sexuels. « Dont quelques célébrités. » Cette petite femme intrépide et joyeuse nous reçoit dans son antre minuscule, où les dossiers s’empilent. « Les hommes sont persuadés que les féministes veulent les priver de leurs droits, ils se considèrent comme victimes des femmes », analyse l’avocate. L’un des nerfs de la guerre des sexes qui se joue est le service militaire de dix-huit mois, obligatoire pour les hommes. Pendant qu’ils défendent la patrie, elles prennent les bons postes, et engrangent un an et demi de revenus en plus. Squid Game, la série d’anticipation dystopique, n’est pas né en Corée du Sud par hasard.

LA LUTTE DE TOU·TES CONTRE TOU·TES EST LA NORME.

Les femmes, des subalternes qui réclament leur part, sont des adversaires à éradiquer. Les études montrent que 60 % des hommes coréens du Sud de 20 à 35 ans se déclarent antiféministes. Et presque autant quitteraient leur compagne si elle était féministe. Les blogs et les chaînes masculinistes totalisent des millions de vues. Dans une première vie, Maître Lee était commerciale chez Samsung. Pendant un an, elle a été sexuellement harcelée par un supérieur hiérarchique. Elle a porté plainte. Le surnom donné à la République de Corée est « République de Samsung ». En termes d’impact, une plainte contre Samsung équivaut à s’attaquer à l’Élysée. Le conglomérat a finalement été condamné à verser l’équivalent de 28 400 euros à la combattante solitaire. Dans ce quartier chic près du tribunal, les millenials mieux habillés qu’ailleurs traversent à grandes enjambées la post-modernité. Gracieux, efficaces, bosseurs. En colère. Kim Jin-a était une publicitaire sûre d’elle, promise à un gros poste. « Mon patron m’a dit que je le méritais. Mais il a promu un collègue, au motif qu’il • • •

1. Bae Soyeon,

34 ans, est directrice de contenu chez NomadHer, une application créée par une Coréenne pour mettre en relation les femmes qui voyagent en solo. 2. La capitale de la dixième économie mondiale connaît une urbanisation galopante. Elle est devenue le symbole d’un pays qui se vit dans le futur mais qui est encore structuré par des traditions anciennes.


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était père de famille. » Le lendemain, elle démissionnait. En mars dernier, The Economist a publié son « indice plafond de verre », qui mesure l’évolution de l’influence et du rôle des femmes dans l’économie des pays de l’OCDE entre 2016 et 2021. La Corée du Sud arrive en dernière position du classement, derrière le Japon. Cette femme, qui se décrit comme introvertie, a raconté dans un livre son cheminement vers le féminisme. Traduit, le titre – « Je suis ici pour sauver ma part, pas pour sauver l’humanité » – résonne comme un manifeste. « J’ai ouvert les yeux en 2016, après l’assassinat d’une jeune fille dans les toilettes d’un karaoké de Gamgnam. » Désormais le mantra de Kim Jin-a est : « Rendez-nous la part du gâteau ! » On accuse les féministes de haïr les hommes « Est-ce les haïr que de dire que l’égalité dans le mariage n’existe pas ? Pendant des années, j’ai gagné plus d’argent que mon mari. Je le nourrissais et je devais aussi nourrir ma belle-famille. Oui, ça me posait un problème. » En 2020, cette intello déterminée a été la candidate du Parti des Femmes aux élections municipales de

Séoul. Un scrutin anticipé suite au suicide du maire sortant, mis en cause pour viol par une collègue. Sur dix-sept candidats, elle est arrivée quatrième. « Plus de 50 % des femmes vingtenaires ont voté pour moi. Mais une avalanche de misogynie digitale m’est tombée dessus, ça a duré des mois. C’était d’une violence indescriptible. Ici, la haine en ligne est une activité à plein temps. » J I N-A A QU ITTÉ L’ARÈ N E POLITIQU E POU R D E BON,

et retrouvé son café-librairie, le Woolf Social Club, nommé en référence à Virginia Woolf. Dans ce sanctuaire féministe du quartier de Hannam, on peut lire We should all be feminist de Chimamanda Ngozi Adichie, Le bleu est une couleur chaude de Jul Maroh ou Une chambre à soi de Virginia Woolf en dévorant les meilleurs sandwiches bios de Séoul. Beaucoup de femmes aux cheveux courts, à l’image de la patronne, considèrent cet endroit comme un « safe space ». Car si la démocratie de Corée du Sud n’a rien à voir avec la république des mollahs iraniens, l’un des symboles de la résis-

Ci-dessus Kim Jin-a,

48 ans, candidate du Parti des Femmes en 2020 à l’élection municipale de Séoul, dans sa librairie The Woolf Social Club. Un sanctuaire féministe nommé en hommage à l’écrivaine Virginia Woolf. 1. À Séoul, en face du Woolf Social Club, dans le quartier Hannam, le bestiaire du zodiaque coréen.

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tance des femmes y est aussi capillaire. Lee Yeun, étudiante en droit et sciences politiques à l’université pour femmes Ewha, s’est coupé les cheveux il y a deux ans. « Quand je suis devenue féministe ! Ma mère s’est fâchée : “Trop c’est trop !” Si je cherche un boulot, on me le fait remarquer. Mes copains me disent que je ressemble à un mec, que je ne pourrai pas me marier. » Porte-parole du mouvement féministe Haiel, la jeune femme de 26 ans est fatiguée de la masculinité toxique qui imprègne la moindre relation sociale. Un poison qui tue. Chez les moins de 40 ans, le suicide est la première cause de décès. En 2019, Sulli et Goo Hara, deux stars de K-pop (musique pop coréenne), se sont suicidées. Sulli a été victime de harcèlement misogyne pour s’être déclarée féministe et avoir soutenu une campagne contre le port du soutien-gorge et posé en T-shirt sans soutien-gorge. Les trois réalisatrices du collectif Feminist Filmmakers Forever (FFF) ont les cheveux longs mais leurs idées sur l’égalité sont arrêtées. L’industrie du film est de façon écrasante masculine. « Réalisa- • • •

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2. L’avocate Lee Eun-eui, 48 ans, est spécialisée dans la défense des victimes de crimes sexuels. D’abord commerciale chez Samsung, elle a été harcelée sexuellement par un supérieur hiérarchique. Après une procédure, elle a obtenu des dommages et intérêts. 3. Lee Yeun, 26 ans, est porte-parole du collectif féministe Haeil (« tsunami » en coréen). Pour protéger les jeunes femmes du cyberharcèlement, elle traque les vidéos illégales tournées à leur insu et mises en ligne.


ÉPOQUE

REPORTAGE

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la plupart des mères surdiplômées deviennent femmes au foyer. Le gouvernement a annoncé le démantèlement du ministère de l’Égalité des sexes et de la famille, qui aurait « échoué à faire respecter l’égalité des genres et traite les hommes comme des criminels potentiels ». Pour le président conservateur Yoon Seok-youl, le féminisme est responsable de la baisse des mariages et l’effondrement du taux de fécondité – désormais le plus bas du monde. Si l’IVG a été dépénalisée en 2019 pour inconstitutionnalité, elle est peu accessible. Choi Ye-hoon est gynécologue, membre de Share, une association qui milite pour la justice reproductive. « On a toujours pratiqué des avortements en Corée, malgré l’interdiction. Mais, aujourd’hui, aucune loi ne l’encadre. Ce n’est pas couvert par le système de santé. » La médecin, cheveux courts et non maquillée,

1. Hyemi You, alias

DJ Seesea, 36 ans est menuisière le jour et DJ la nuit. Elle participe aussi aux campagnes d’Amnesty International contre les discriminations de personnes LGBTQIA+. 2. Séoul, la capitale qui dort peu, l’un des prix à payer de sa croissance. 3. Park Jinhyun, 16 ans, longboardeuse, lycéenne et mannequin, a défilé sur sa planche à la Fashion Week de Séoul.

IMAGE EXTRAITE DE LA SÉRIE NIGHTLOW (2021-2022).

trices, nous sommes confrontées à des mecs qui n’aiment pas recevoir d’ordre de la part d’une femme, explique Eun Ji-hyo. Ils discutent nos décisions de façon purement sexiste. » Le collectif compte quatrevingt-quatre membres. Sur les tournages, Yi Haegang cache qu’elle est féministe pour ne pas nuire à sa carrière. Dans sa famille, on ne la comprend pas. « Quand je vais à des manifestations pour le climat, ma mère trouve ça super, mais dangereux quand je participe à des marches féministes. Le féminisme, c’est pas gagné. » Elle ajoute en se marrant : « Attention, j’adore mes parents ! » Aucune des trois réalisatrices ne veut d’enfant. Pour préserver leur corps et leur carrière, à l’image de milliers de Coréennes du Sud. « Après un congé de maternité, tu ne retrouves jamais le poste que tu as quitté », précise Ji-hyo. Les horaires de travail et les frais de garde sont tels que

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ÉPOQUE

s’étonne qu’on lui demande si elle est féministe. « Oui, bien sûr ! Mais c’est presque un mot interdit ici. » En sortant de notre entretien, nous appelons des hôpitaux, une dizaine, Haien, la traductrice, se faisant passer pour une jeune femme qui doit avorter. Neuf répondent ne pas « faire ça ». Le seul qui le fait indique le prix : l’équivalent de 750 euros. LE JOUR, HYEMI YOU EST MENUISIÈRE. La nuit, elle est DJ Seesea. Souvent, elle prête son visage à Amnesty International pour des campagnes contre les discriminations LGBTQIA+. Féministe depuis l’adolescence, elle a grandi auprès d’une mère conservatrice qui l’obligeait à serrer les jambes et d’un père progressiste. « À 25 ans, j’ai décidé de ne pas suivre les codes “bullshit” de la beauté coréenne : sourcils épais, longs cheveux lisses et grands yeux. J’ai épilé mes sourcils et frisé mes cheveux. » Seesea marque une pause. « Certaines féministes sont trop radicales. Si tu ne te coupes pas les cheveux, si tu portes du make-up, si tu fais de la chirurgie, tu es une alliée du patriarcat. C’est compliqué… » Elle confie : « J’ai de l’acné et je la cache. Plus jeune, j’avais le sentiment de trahir la cause des femmes. Évidemment, je devrais m’en foutre, mais ça fait trente-six ans que je vis dans cette culture, je fais comme je peux. » Dans cette « culture », où l’apparence relève de l’obsession, les femmes utilisent en moyenne douze produits de beauté par jour. En 2018, le mouvement féministe #EscapeTheCorset avait vu des milliers de femmes se couper les cheveux en live et détruire leurs produits de maquillage. Ces rebelles aux diktats de la beauté ne courent pas les allées du Dongdaemun Design Plaza, le bâtiment dessiné par l’architecte Zaha Hadid qui, cette semaine, accueille la Fashion Week de Séoul. De jeunes beautés aux yeux ronds et nez refait posent dans les allées. Au premier rang des défilés, des influenceur·euses, des idoles de K-pop et du cinéma, un joli monde fardé sans distinction de genre. Des businessmen en costume rappellent sans fard qui détient le pouvoir. Sur le podium, une longboardeuse ouvre le show, « ridant » en tenue d’écolière. Park Jinhyun a 16 ans. Une énergie folle. Quelque chose de pas encore corseté. Au skate park, il n’y a pas de différences filles-garçons. C’est le meilleur qui gagne. Jinhyun veut devenir célèbre. Elle aime bien son nez, dont la forme, dit-elle, apporte la chance. Le refaire lui a été suggéré. « Je demanderai à mes parents, mais s’il le faut, je le ferai. » À l’issue de ces rencontres, on ne peut penser qu’à Parasite, le chef-d’œuvre oscarisé de Bong Joon-ho, qui met en scène des familles aux antipodes du spectre social. Dans la vraie vie aussi, la colère des Coréennes du Sud monte, s’infiltre, gagne la surface. Réussiront-elles à braquer le château où les hommes règnent sans partage ?

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“Quand je vais à des manifestations pour le climat, ma mère trouve ça super, mais dangereux quand je participe à des marches féministes.” Yi Haegang, réalisatrice

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NATALIE CURTIS LA PIONNIÈRE OUBLIÉE

Issue de la haute bourgeoisie new-yorkaise, cette musicienne accomplie s’est réinventée dans le Far West au début du XXe siècle, collectant les chansons des Indiens d’Amérique et défendant leur culture. Par Françoise-Marie Santucci

Natalie Curtis (à g.), Dionisio et son enfant dans la cour du palais du gouverneur, Santa Fe, Nouveau-Mexique, 1917.

lés des centaines de chansons, légendes et dessins d’une vingtaine de tribus. Et puisque le président Theodore Roosevelt est un ami de la famille Curtis, Natalie obtient de lui qu’il lève les interdits concernant la culture amérindienne, notamment celui de pratiquer musiques et danses. Elle épouse ensuite un artiste peintre et part vivre en Virginie, où elle se met à collecter des chansons afro-américaines. En 1921, elle est à Paris pour défendre l’idée d’un folklore américain qui ne serait pas uniquement blanc, quand elle se fait renverser par une voiture et meurt. Aujourd’hui, Natalie Curtis est grandement célébrée pour sa liberté d’esprit et son courage – mais aussi attaquée : comme tant d’individus de son époque, elle n’était pas exempte d’une forme de « maternalisme » embarrassant envers ceux qu’elle a passé sa vie à défendre. (*) Éd. Dover Publications, non traduit et épuisé, en e-book, 13,23 € sur fnac.com

L’essai du mois Après son podcast Des hommes violents (1) réalisé au sein d’un groupe de parole pour auteurs de violences conjugales, le journaliste et romancier Mathieu Palain publie Nos pères, nos frères, nos amis. Dans la tête des hommes violents (2). Un ouvrage qui s’inscrit dans la littérature du réel, tissé de témoignages forts et dérangeants et qui nous éclaire sur la masculinité toxique, ses injonctions et ses mécanismes. Salutaire. CATHERINE DURAND 1. En six parties (France Culture). 2. Éd. Les Arènes.

NEW MEXICO HISTORY MUSEUM. PRESSE.

NÉE EN 1875 À NEW YORK, Natalie Curtis grandit au sein d’une famille riche et cultivée, où les garçons étudient à Harvard et les filles apprennent le piano. Natalie est extrêmement douée ; elle pratique jusqu’à six heures par jour, prend des leçons avec Dvořák et passe un temps à Bayreuth, où elle fréquente la veuve de Wagner. Des décennies plus tard, sa carrière aurait probablement été magnifique. Mais l’époque victorienne condamne encore les femmes à ne devenir que des épouses et des mères. Cette impasse existentielle la plonge dans une profonde dépression. Au début du siècle, elle décide de suivre son frère dans l’Ouest américain. À défaut de piano, l’aventure ! Les Curtis explorent l’Arizona, souvent en chemin de fer, parfois à cheval, Natalie un colt dans la ceinture, au cas où. Un jour, plus curieuse que d’autres Blancs, elle pénètre dans un village Hopi. Cette tribu amérindienne est alors, à l’instar de toutes les autres, sous le joug du Bureau des affaires indiennes, qui oblige les « Native Americans » à abandonner leur culture ancestrale pour devenir de bons Américains. La jeune musicienne se prend de passion pour leurs chansons, qu’elle enregistre avec un phonographe Edison. Ses multiples voyages dans le Far West lui permettent de publier en 1907 The Indians’ Book*, un ouvrage saisissant de modernité où sont compi-


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GWYNETH PALTROW

“JE SUIS HEUREUSE D’AVOIR 50 ANS” Elle était l’invitée du cinquantième Bold Woman Award de la maison Veuve Cliquot en décembre à l’Olympia, où elle n’a pas manqué d’évoquer les difficultés qu’elle a eues pour s’imposer dans le monde des affaires en tant qu’actrice. Et c’est avec la même franchise qu’elle évoque pour nous les tabous qui, de la ménopause à la sexualité, stigmatisent encore les femmes autour de la cinquantaine. Propos recueillis par Catherine Durand

Pour vos 50 ans, vous avez posté sur Instagram une photo de vous nue. Pourquoi est-ce si réjouissant pour vous d’avoir 50 ans ?

RYAN PFLUGER/AUGUST.

Parce que j’ai beaucoup appris. Je me connais très bien, je suis en bonne santé, au bon endroit et au bon moment de ma vie. J’apprécie vraiment mon travail, mon mariage, mes amitiés. Je suis heureuse d’avoir 50 ans. La ménopause a longtemps été un sujet tabou, comment vivez-vous cette période de votre vie ?

Le fait de stigmatiser la ménopause a été longtemps préjudiciable aux femmes. Nous avons donc commencé à en parler via mon entreprise, Goop.

Nous faisons des interviews afin de briser le silence et normaliser ce qui est tout simplement naturel. Faire croire aux femmes qu’elles sont vieilles et devraient avoir honte de ne plus être en âge de procréer est réducteur. Nous sommes tellement plus intéressantes en prenant de l’âge. Toutes celles à qui j’en parle me disent que leur vie est riche, que la ménopause ne les empêche nullement de se sentir romantiques, sexuelles, fortes. Il faut briser cette stigmatisation. Vous êtes appréciée pour votre francparler. Quels tabous restent puissants ?

Il en existe encore beaucoup autour de la sexualité féminine. L’idée même que les femmes puissent avoir une sexualité, n’importe quel type de sexualité, et puissent exprimer leurs désirs, est encore très mal vue, perçue comme inconvenante. Quel regard portez-vous sur la génération de votre fille, Apple, qui a 18 ans ?

D’après ce que j’observe, elle et ses amies ont beaucoup plus de confiance en elles, se sentent plus libres et plus autonomes

que moi à leur âge. Les femmes de notre génération ont beaucoup fait pour leur ouvrir la voie, pour qu’elles soient fortes et affirmées. Mais ceci dit, elles doivent aussi gérer les réseaux sociaux. Chaque génération marque des progrès mais affronte aussi de nouveaux enjeux qui exigent de la prudence. Actrice célèbre, femme d’affaires accomplie, quelle est votre prochaine mission ?

J’attends avec impatience cette partie de ma vie où je ralentirai, où je serai une grand-mère qui préparera le dîner pour tout le monde. Vous êtes un modèle pour beaucoup de femmes. Quels sont les vôtres ?

J’en ai beaucoup. Des femmes qui ne sont pas nécessairement connues, comme ma mère et certaines de ses amies que j’admire. Je pense à une collectionneuse d’art qui était d’une élégance folle. Nous avons eu des conversations très profondes durant toute mon adolescence. Elle m’a toujours beaucoup apporté, elle n’est plus là hélas ! J’ai tendance, c’est vrai, à aimer les femmes qui s’expriment par le style.


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DU VANITY CASE AU SAC À DOS MILITAIRE Ou comment près de trois cents chefs-d’œuvre illustrent la fascination séculaire et mondiale pour les sacs… Le Musée de la Mode, à Hasselt, propose ces créations avec une touche de belgitude et met en avant l’humour, la durabilité et l’artisanat. Par Etienne Heylen

Sac de soirée Lait-de-Coco de Karl Lagerfeld pour Chanel, 2014.

Un sac à main parle de nous. Il dit un peu qui nous sommes et quelle image nous souhaitons renvoyer. L’un des thèmes de cette sublime exposition - tenue précédemment au V&A de Londres - est le lien entre les sacs et les célébrités. Il suffit de penser au Sac Kelly d’Hermès (du nom de Grace Kelly), au Lady Dior (Princesse Diana), à la Baguette de Fendi (portée par Carrie Bradshaw de Sex and the City) ou encore au Louis Vuitton Monogram Miroir doré de Marc Jacobs, accessoire de Paris Hilton et Kim Kardashian. En pépites belges, on pense bien sûr au fameux Delvaux fabriqué en collaboration avec Hannelore Knuts. Des sacs emblématiques aux minuscules vanity cases, des sacs à dos militaires aux valises de luxe. Le sac est également un véritable miroir de l’air du temps et ne se veut plus systématiquement en cuir, les designers expérimentant de plus en plus de matériaux innovants et durables. Le sac à dos de Stella McCartney en est l’exemple par excellence, fabriqué à partir de déchets océaniques recyclés. Les designers et les fabricants belges bénéficient également d’une large plateforme dans l’expo, le dénominateur commun étant leur amour particulier pour l’artisanat et la durabilité. On peut également y examiner en détail le processus d’une fabrication complexe : de l’esquisse au prototype, de la couture à la vente. Passionnant. Bags : inside out. Jusqu’au 14 mai au Musée de la Mode d’Hasselt, Gasthuisstraat 11. www.modemuseumhasselt.be

AGENDA Graciela Iturbide. Lignes d’ombre.

C’est l’expo la plus complète en Belgique consacrée à l’ensemble de l’œuvre de la photographe mexicaine, des années 70 à aujourd’hui. Plus d’une centaine d’images, à la frontière du quotidien et du merveilleux, de la plus renommée des photographes latino-américaines Du 21 janvier au 2 avril à la Fondation A, av.Van Volxem 304. fondationastichting.com LA LOUVIÈRE

Pol Bury. Va-et-vient

Un magnifique hommage du monde culturel à l’artiste louviérois, dont on fête le centenaire de

la naissance. Plus de deux cent cinquante œuvres relevant principalement de l’estampe. Une occasion unique de découvrir l’inventivité de l’artiste et son incroyable fascination pour la géométrie.

Jusqu’au 12 mars 2023 au Centre de la Gravure et de l’Image imprimée, rue des Amours 10. centredelagravure.be GRAND-HORNU

HOME MADE. Créer, produire, habiter

Chaque bouleversement, comme la pandémie, impacte nos intérieurs. Des transformations de l’habitat en un condensé du monde extérieur qui font réfléchir aux nouvelles pistes s’offrant aux designers, architectes et créateurs pour

concevoir nos lieux de vie contraints à s’adapter. Jusqu’au 11 février 2024 au CID, site du Grand-Hornu. cid-grand-hornu.be BRUXELLES

Playdate

Après une carrière de vingt et un ans dans l’industrie de la mode, Christophe Coppens a décidé, voici une décennie, de se consacrer entièrement à son travail artistique. Cette expo nous emmène dans son ancienne salle de jeux, dans laquelle il pouvait se retirer comme dans une bulle. Jusqu’au 4 mars à la galerie Zwart Huis, Chaussée de Waterloo 690 galeriezwarthuis.be

JASON LLOYD EVANS.

BRUXELLES


CULTURE

EXPOS

SUBSTANCE

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Un jour sans culture est une journée perdue. Par Etienne Heylen et Aurélia Dejond

MY NAME IS BOND ! Une exposition immersive consacrée aux véhicules ayant figuré dans les films de James Bond, cela vous parle ? Pas moins d’une cinquantaine de véhicules originaux en taille réelle mais aussi des miniatures et maquettes (motos, voitures, avions, sous-marins, hovercrafts, hélicoptères,…), tout droit sortis des films du célèbre espion britannique. Une scénographie originale qui s’étend sur 6000 m2 et une expérience assez spectaculaire dont la valeur ajoutée est de réussir à fédérer tous les publics, fans de la première heure, amoureux de cinéma, amateurs de technologie ou passionnés d’aventure… Après Londres et Los Angeles, c’est au tour de Bruxelles de proposer cette expo qui ne ressemble à aucune autre pour souffler les 60 ans du célèbre Agent 007. Jusqu’au 14 mai 2023, Palais 1, Brussels Expo. 007Brussels.com

WOUTER VAN VAERENBERGH. KOURTNEY ROY, COURTESY OF THE ARTIST.

ME, MYSELF AND I Le grand succès des photographes vedettes montre que les autoportraits sont une forme d’expression artistique à part entière, et une source inépuisable d’inspiration . Mais qu elle place occupent-t-ils dans la photographie contemporaine, maintenant que le royaume du roi selfie est arrivé ? Mirror of Self a posé des questions à travers divers projets et sélectionné une vingtaine d’artistes, dont huit ont moins de 30 ans. De nombreuses séries ont vu le jour pendant le confinement, invitant certains participants à se replier sur euxmêmes et à faire un auto-examen. Pour certains artistes, cela a conduit à la baisse de l’inspiration, pour d’autres, la productivité a augmenté. Grâce à l’autoportrait, ils ont la chance de raconter des histoires sur eux-mêmes ou sur les autres. Dans certains projets, l’humour et l’autodérision ne manquent pas.

Série The Tourist, 2020. Mirror of Self. Jusqu’au 25 mars au Hangar, Place du Châtelain 18 à Bruxelles. Info : www.hangar.art


Comment le mec le plus sexy au monde est-il devenu l’homme le plus cool de la planète ? À la lumière de Babylon, actuellement sur les écrans, voici le portrait d’un homme de 59 ans qui force l’admiration. Par Joëlle Lehrer

BRAD PITT


CULTURE

LE PRODUCTEUR

GETTYIMAGES/STEVE GRANITZ/FILMMAGIC.

À la tête de sa société de production Plan B (qu’il créa avec sa première épouse, Jennifer Aniston en 2002), il a soutenu le cinéma d’auteur et souvent des films engagés. Ainsi, récemment She Said qui retrace l’enquête des journalistes du New York Times sur Harvey Weinstein. Les grands succès de Plan B, en termes de box-office et de récompenses, sont The Big Short, Twelve Years a Slave, Moonlight et If Beale Street Could Talk. Les trois derniers dénoncent le racisme à l’égard des Afro-Américains. Récemment, Plan B a conclu un deal avec la société de production française Mediawan pour 300 millions $.

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eu l’excellente idée de s’associer avec Damien Quintard pour rouvrir le studio et le rénover. Et la première artiste à l’avoir investi n’est autre que Sade !

L’ACTEUR

Dans Babylon, de Damien Chazelle, Brad incarne une star du cinéma muet ressemblant, en tout cas pour la moustache, à John Gilbert. Ce king de Hollywood fut laminé par l’arrivée du cinéma parlant à la fin des années 20. À l’inverse, Brad a réussi à passer de piège à filles dans Thelma et Louise, qui le révéla en 1991 à l’âge de trente et un ans, à sex-symbol planétaire dans Troie à quarante ans passés. Ensuite, peu à l’aise avec cette image de « mec le plus sexy », il entreprit de la déconstruire dans une série de films comme Fight Club ou L’Étrange histoire de Benjamin Button. À près de soixante ans, il prend plaisir à jouer les mecs un peu nazes comme dans Once Upon In Hollywood ou Bullet Train. Et il y a toujours un moment dans ses films où il mange… Qu’un homme aussi viril puisse porter une jupe -comme sur un récent red carpet- prouve aussi que l’acteur se fiche un peu des codes liés au genre.

SUBSTANCE

LE FOU D’ART ET D’ARCHITECTURE

Fasciné par l’œuvre de l’architecte Frank Gehry, Brad s’associa avec lui dans un projet de construction de maisons familiales à la Nouvelle-Orléans après les ravages, e n 2 0 0 5 , d e l’o u ra g a n K a t r i n a . Récompensé par un National Design Award en 2016, le projet prit un peu l’eau (c’est le cas de le dire) lorsque les propriétaires desdites maisons commencèrent à se plaindre des défauts de construction. Depuis, Brad s’est contenté d’investir dans l’immobilier existant ainsi, récemment, une splendide demeure, sur une falaise des Carmel Highlands, acquise pour 40 millions de $. Très féru d’art, Brad visitait, en 2021, les Musées Royaux des Beaux-Arts et le Musée Horta à Bruxelles. Ce qui ne manqua pas de susciter une grande effervescence en Belgique. Grand ami du sculpteur anglais Thomas Houseago, l’acteur s’est lancé, à son tour, dans la sculpture et a révélé, en septembre dernier, plusieurs statues de son cru au Sara Hildén Art Museum en Finlande. LE FAN DE MUSIQUE

Très ami avec Flea, des Red Hot Chili Peppers, avec lequel il partage l’amour de la musique et des motos, Brad a été vu dans les backstages du groupe, sur la dernière tournée et récemment, il allait applaudir Bono, de U2, dans son nouveau show. Mais le plus fort, c’est qu’il s’est ingénié à ressusciter le célèbre studio d’enregistrement Miraval. Situé dans le domaine du même nom, dans le Var, ce studio avait connu ses heures de gloire de la fin des 70’ jusqu’à la fin des années 90. Pink Floyd, The Cure, Wham ! mais aussi Alain Bashung y avaient enregistré. Devenu le proprio de Miraval (acquis avec sa deuxième épouse Angelina Jolie en 2011), Brad a

L’ENTREPRENEUR

S’il a longtemps souffert d’alcoolisme - principale cause de son divorce avec Angelina Jolie qui l’accuse de violence physique lors d’un trajet en avion -, Brad a développé un juteux business avec ses vignobles du sud de la France. Outre la production d’un rosé appelé Miraval - comme le nom de son domaine -, il a développé depuis peu une ligne de cosmétiques s’appuyant sur la vigne de ses terres. Le Domaine, tel est son nom, est « genderless », ce qui lui plaît. Déclinée en seulement trois produits (pour l’instant), elle se situe dans le haut de gamme. Il est vrai que portée par un tel personnage, on ne peut imaginer une entreprise ne pas viser l’excellence… L’HOMME

J’ai eu la chance de rencontrer Brad, l’été 2004, à L.A. C’était la période entre Jennifer et Angelina. Celle aussi de Ocean’s Twelve. Il a lancé : « Je vais tout arrêter ». J’étais en alerte. Alors, non seulement, il n’a pas tout stoppé mais il s’est déployé. L’homme a son charme, ses forces mais aussi ses failles. Il l’a admis depuis. À l’entame de sa sixième décennie, après des années sombres sur le plan privé, il a l’air de renaître. Et si l’on se recroise à Los Angeles ou ailleurs, je serai face à un être humain (charmant et amusant) qui possède le pouvoir de se réinventer. Il n’y en a pas tant. L’art d’un acteur, c’est fascinant mais celui d’un homme qui s’élève, tombe et se relève est encore plus puissant. Babylon, de Damien Chazelle, avec Brad Pitt, Margot Robbie et Diego Calva, en salles.

EN 6 CHAPITRES


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SUBSTANCE

CULTURE

CINÉMA

Des religieuses à vélo, la Mecque du cinéma en plein délire, une grande cheffe d’orchestre en crise et le retour de deux Gaulois mythiques au programme… Par Joëlle Lehrer

ON RIT

Après le succès de Le Discours, Laurent Tirard réitère dans le genre comique avec Juste ciel !. Une petite communauté religieuse, perdue dans un coin de province française, va voir son quotidien tranquille chamboulé par un challenge peu banal : une course cycliste. Le prix de 25.000 € au gagnant ou à la gagnante de la course pourrait aller, pensent les nonnes, à une maison de retraite dans le besoin. Menée par Valérie Bonneton, la mère sup’, la petite bande part s’entraîner sur leurs deuxroues. La meilleure est, sans nul doute, la stagiaire, une djeune qui ne pensait pas s’éclater autant dans un couvent. La dernière religieuse qui nous avait fait rire au cinéma remonte aux Gendarmes de St-Tropez, c’est dire… Juste ciel ! est light et drôle. Tout ce qu’on veut, en ce moment… Juste ciel !, de Laurent Tirard, avec Valérie Bonneton, Camille Chamoux et François Morel, sortie le 15 février.

Babylon, de Damien Chazelle, avec Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva et Tobey Maguire, en salles.

ON EST FASCINÉ.E

Cate Blanchett en cheffe d’orchestre symphonique et compositrice, tel est le personnage central de Tár. Une plongée dans l’univers de la musique classique et de ses dirigeants, aux pleins pouvoirs, avec leur talent et leurs zones d’ombre. Todd Field, le réalisateur, a inclus des éléments actuels comme #metoo et la cancel culture à ce drame… et fait de son héroïne une prédatrice sexuelle lesbienne… La prestation remarquable de Cate Blanchett lui a valu le prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise. Tár, de Todd Field, avec Cate Blanchett, Noémie Merlant et Nina Hoss, en salles.

ON REPREND DE LA POTION MAGIQUE

Le tournage de Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu, de Guillaume Canet, a été une véritable galère. Pour cause de pandémie, l’idée de filmer en Chine n’a pu se faire. Du coup, l’équipe s’est rabattue sur l’Auvergne… Le pitch : Astérix et Obélix partent en Chine libérer l’Impératrice mais le grand César a, lui aussi, soif de conquêtes… La distribution compte pratiquement tout le showbiz français avec, dans le rôle de Falbala, notre Angèle nationale. Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu, de Guillaume Canet, avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel, Jonathan Cohen, Marion Cotillard et Angèle, sortie le 1er février.

PRESSE.

ON EN PREND PLEIN LA VUE

On pensait tout connaître de Hollywood, c’était avant de découvrir Babylon, de Damien Chazelle. Inspiré, sans doute, par le livre Hollywood Babylon, de Kenneth Anger, le réalisateur signe une lettre d’amour au cinéma du temps du muet. Rien ne ressemble plus aux années folles (les années 20) que ces fêtes de dingues mises en scène avec faste… Mais le tragique et la cruauté, la drogue et le sexe ne sont jamais loin. Le cast cinq étoiles révèle aussi de nouvelles stars comme Diego Calva qui pourrait décrocher un Oscar pour ce rôle.


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LIVRES

Dans l’abondance des romans de la rentrée, nous en avons épinglé cinq véritablement feel good. De la légèreté à l’optimisme… Par Aurélia Dejond

SALUTAIRE LE SINGULIER MONSIEUR TOUT-LE-MONDE, DE DORINE HOLLIER

Quand un homme ordinaire se découvre un don extraordinaire, on assiste à une vraie leçon de sagesse sur quasiment trois cents pages qui nous font nous interroger sur notre propre insignifiance : on se regarde autrement et surtout, on se dit que l’on ferait mieux de s’attarder sur nos qualités, plutôt que sur nos défauts ! Un roman qui mêle la fantasmagorie, l’humour et le terre-à-terre du quotidien et permet d’aller à la rencontre du super-héros qui sommeille en nous. Une lecture amusante qui encourage à l’indulgence et à la bienveillance envers soi-même, une fois le livre refermé. Bienfaisant. Éditions Deville, 20 €

HAPPY END LE CADEAU, DE HAKIM BENBOUCHTA

Une magnifique histoire de retrouvailles entre un père et son fils. D’autant plus belle qu’à aucun moment, son auteur n’a voulu s’épancher sur la genèse d’un conflit, mais a, au contraire, décliné son récit autour de l’espoir et de l’optimisme. Un roman qui se veut un formidable outil pour positiver quand le doute, parfois, envahit. La preuve aussi que l’amour est d’une force inouïe et déplace des montagnes, colmate, répare, apaise et transforme. L’auteur ne pouvait pas trouver meilleur titre à ce livre qui est un formidable plaidoyer sur ce fameux temps perdu qui, une fois apprivoisé, ouvre les portes d’un bonheur sans pareil. Émouvant. Marque Belge, 22 €

MAGIQUE SACHANT QU’AUCUN ANIMAL NE NOUS APPARTIENT, DE VÉRONIQUE JANZYK

Ce sont des histoires qui émerveillent. Dix-neuf nouvelles autour de la puissance que revêt l’intimité qui peut nous relier aux animaux et qui en dit long sur les liens que nous tissons avec eux. Car s’ils semblent parfois anodins ou aller de soi, ils disent pourtant beaucoup de nous, tant la relation que nous nouons avec eux agit comme un miroir de notre propre personnalité. Un livre qui prend au cœur et aux tripes et qui procure des émotions inouïes, à travers des tranches de vie qui donnent au quotidien une force que l’on sous-estime souvent. Jamais vous ne croiserez plus un animal sans le voir… Magnifique. PRESSE.

Onlit Éditions, 17 €

CURE D’OPTIMISME LE SPLEEN DU POP-CORN QUI VOULAIT EXPLOSER DE JOIE, DE RAPHAELLE GIORDANO

Comme Joy, on a parfois l’impression d’avoir 30 ans dans son corps et 90 dans sa tête, pris au piège par les injonctions omniprésentes à se dépasser et à performer. Au point que s’autoriser à ne pas être parfait du matin au soir devient parfois le tabou ultime, pour certains d’entre nous. Comme l’héroïne overbookée de ce roman, on cherche parfois maladroitement les clés pour de déconnecter du faux et se reconnecter au vrai… et on y arrive ! Un livre joyeux qui déculpabilise et rappelle à quel point l’essentiel est loin d’être accessoire : les petits bonheurs quotidiens se savourent, comme la lecture de ce roman, qui a l’effet d’une cure de vitamines et dope le moral en quelques heures à peine. Salvateur. Plon, 20,90 €

ODE À LA LÉGÈRETÉ DISCO QUEEN, DE STÉPHANIE JANICOT

Faire venir John Travolta en Ille-etVilaine, c’est le pari fou de Soizik, qui décide de réaliser son rêve et d’ouvrir une boîte disco dans son village. Sauf que quand son entourage comprend qu’elle veut faire de son fantasme une réalité, plus personne n’y croit. Derrière le strass et les paillettes, on découvre une réflexion profonde sur la légèreté et la difficulté à la laisser entrer dans nos vies, sorte de plaisir coupable qui n’y aurait pas nécessairement sa place. Au gré des chapitres subtilement titrés du nom de tubes qui donnent irrésistiblement envie de danser, on se surprend à laisser le bonheur de Soizik nous envahir. Une contagion qui fait du bien. Exaltant. Albin Michel, 19,90 €


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SUBSTANCE

CULTURE

PIERRE DE MAERE

“LA HYPE NE M’INTÉRESSE PAS DU TOUT” Votre premier album s’intitule Regarde-moi. Si on vous regarde, que voit-on ?

Déjà cela dépend de l’heure de la journée et de la période de ma vie. Si on me regarde, à travers de cet album, on voit un artiste en quête de reconnaissance, pas forcément celle du public. J’imagine plutôt un regard d’amour. On voit un artiste qui expérimente et se découvre. Ce premier album, je le trouve cohérent et par moments, plus sombre. Et si on me regarde, on voit quelqu’un qui s’amuse et qui en fait des caisses. J’adore le drame romantique. En un an, les choses se sont emballées pour vous. Si vous deviez épingler trois moments-clés, quels seraient-ils ?

Mon premier concert à La Cigale, à Paris. Soit la première salle mythique parisienne que je remplissais. J’étais survolté. J’ai adoré ma promo dans l’émission télé de Laurent Ruquier et Léa Salamé sur France 2. C’était ma première télé en direct. Je devais chanter et j’ai le complexe de ma voix. Donc, j’étais mort de stress mais en même temps, la soirée était merveilleuse. C’était une entrée dans le showbiz dont j’avais toujours rêvé. Le troisième moment, c’était une histoire d’amour qui est finie, aujourd’hui, mais qui était très belle et m’a inspiré trois chansons. J’étais fou de l’amour pour la première fois.

TikTok a permis à Pierre de Maere de se faire connaître par plus de 35 millions de personnes. Ce jeune homme très élégant, de vingt et un ans, originaire du Brabant wallon, est la nouvelle sensation pop belge qui fait vibrer la France. Interview. Par Joëlle Lehrer

rage m’a dit : « Stop ! ». Je me suis donc tourné vers le français avec un morceau produit par mon frère Xavier. Et aujourd’hui, nous travaillons toujours ensemble. Potins absurdes, mon premier titre, a été publié en mars 2020 et il a atterri chez Théo Hotuqui, le directeur artistique de Wagram, à Paris. Il m’a repéré et m’a signé un contrat pour quatre albums. Je suis quelqu’un qui aime les tubes et il le sait. Vous faites de la belgian pop mais en quoi vos chansons sont-elles belges ?

Vous n’étiez jamais tombé amoureux avant ?

Si, une fois, mais à sens unique. Mais si je parle de l’amour, c’est parce que c’est la seule chose qui a des répercussions physiques sur moi. Et sur tout le monde, je crois. Dans la chanson J-3, je me projette dans le futur, même si cet amour-là est fini depuis. Vous êtes auteur-compositeurinterprète et vous avez commencé avec GarageBand. Comment avez-vous poursuivi et peaufiné votre apprentissage de la musique 7 ?

J’avais dix ans et forcément, je n’allais pas composer un morceau merveilleux sur un tel logiciel. Mais ce que je trouve fantastique avec GarageBand, c’est de s’initier au moins aux sensations de la production. Très jeune, je chantais dans une langue qui se rapprochait de l’anglais mais n’en était pas… Avant Stromae, je trouvais que chanter en français était ringard et cucul. Peutêtre n’écoutais-je pas les bonnes choses ? Vers dix-sept ans, j’ai écrit un morceau en anglais mais mon entou-

En Belgique, on est plus décomplexés et plus simples qu’en France. J’écris avec des mots très simples. Il y a aussi un peu d’absurde et d’autodérision dans mes textes. Il est question de deux figures littéraires masculines sur ce disque : Roméo et Bel-Ami. Avez-vous une face Roméo et une face Bel-Ami ?

Un petit peu (Rires). Bel-Ami, c’est plus le séducteur qui vend de la poudre aux yeux. Je dois avouer n’avoir pas terminé la lecture de ce roman de Maupassant. J’avais retenu qu’on conseillait, à ce personnage monté de province à Paris, d’acquérir une belle tenue plutôt qu’un logement décent. Cela fait six mois que je vis à Paris et je n’ai toujours pas de lit. Je dors sur un matelas. Par contre, j’ai des costumes Gucci parce que ça me plaît. Aujourd’hui, pour un artiste, c’est plus important d’avoir un joli compte Instagram que de bien dormir la nuit. Cela me fait un peu rire. Quant à Roméo, c’est l’aspect « mise en scène théâtrale » d’un amour pour les autres. Il y a toujours ce truc avec le regard des autres qui nous définit en partie.

MARCIN KEMPSKI.

En allant à sa rencontre, j’ai Docteur, un jour, je marierai un ange en tête. Et aussi quelques rythmes de son premier album. Et puis, alors que je ne devais rester qu’une demi-heure, je suis restée une heure avec Pierre de Maere…


Vous aviez entamé des études de photographie à l’Académie d’Anvers. Pourquoi les avoir arrêtées ?

C’était de la photo d’art très conceptuelle et ça m’a peu parlé parce que moi, j’aime la beauté. Et je dois avouer que la photo d’art actuelle, je déteste ça tandis que j’adore la photo de mode. Quand je faisais de la photo, je crois qu e je manquais d’une patte. La musique, c’était plus inné pour moi.

Vous citez souvent Lady Gaga comme source d’inspiration, mais je suis surprise que vous ne citiez jamais Mylène Farmer.

J’adore Mylène Farmer mais je connais moins son univers. C’est une icône absolue au-delà de la francophonie. Sinon, je suis également fasciné par Karl Lagerfeld. Vous voulez être célèbre mais pour quoi faire ?

Pour que mes chansons soient écoutées par le plus grand nombre. Tout ce qui est hype, snob, ça ne m’intéresse pas du tout. Moi, je vais chanter dans toutes les villes et villages de France, pas uniquement à Paris. Pierre de Maere, Regarde-moi, Wagram, sortie le 27 janvier. En concert le 22 mars au Reflektor à Liège, le 23 mars à Namur au Festival Namur is a joke et le 18 mai à l’AB.


48 SUBSTANCE CULTURE

MUSIQUE

Inventifs, alternatifs, quels que soient les qualificatifs, on vibre pour les talents belges, ce mois-ci. Par Joëlle Lehrer

ON SUIT

Rori

Cette Liégeoise de vingt-cinq ans a accompli une sorte d’exploit, en 2022, en sortant Docteur, un titre punchy qui a atteint plus de trois millions de streams. Très demandée un peu partout à Bruxelles et en Wallonie, elle a tout de même eu le temps de plancher sur un E.P. de quelques titres. Honnêtement, on aurait aimé en avoir davantage. Certains la comparent à tort à Angèle. Mais l’inspiration de Rori provient musicalement de la scène anglaise et américaine - elle aime citer les Arctic Monkeys du début- et ses textes sont très persos. Rori ne cache pas ses failles, on lui souhaite de pouvoir révéler ses forces. Sur scène, la jeune artiste sait comment capter le public sans artifices. Rori ne manquera pas les festivals d’été. Rori, Ma Saison en enfer, Warner Music, sortie le 3 février.

Hart

Satchel Hart, Things Will Never Be The Same, Jaune Orange, sortie le 27 janvier, en concert le 9 février au KulturA à Liège, le 23 février au Bar du Matin à Bruxelles et le 8 avril à la Maison Folie à Mons.

ON SAVOURE

Judith Kiddo

Chanteuse et actrice, voilà un bon combo. La Bruxelloise Judith Kiddo possède un univers rien qu’à elle, amusant et surréaliste. Musicalement, elle joue avec les codes de la synth pop et ne boude pas ce qui nous fait bouger sur le dancefloor. Son premier album aligne des rythmes électroniques aussi bien qu’organiques. Judith aime dire qu’elle fait du rétrofuturisme. Judith Kiddo, Ready To Heal, Autoprod., sortie le 17 février, en concert le 23 février à l’AB Club.

ON RETROUVE

YellowStraps

Fondé par les frères Murenzi, YellowStraps est, aujourd’hui, porté par Alban seul. Ce qui l’a poussé à essayer de nouvelles choses comme l’utilisation parcimonieuse de l’autotune. Ce nouvel opus se présente comme un album à part entière et brasse de multiples sonorités. De la nu soul à l’electronica. Alban avoue que le meilleur compliment qu’on puisse lui faire est de lui dire que sa musique est impossible à décrire… YellowStraps, Tentacle, Universal Music, sortie le 27 janvier.

PRESSE. NOÉ ZNIDARSIC. DIEGO MITRUGNO. CLT.

ON DÉCOUVRE Satchel

Son père américain, Mark Hart, fut membre de Supertramp et de Crowded House, sa mère belge, Sylvie Hendrick, travailla longtemps dans une firme de disques. Rien d’étonnant à ce que Satchel, vingt-cinq ans, se lance à son tour dans la musique. Son premier album offre une pop psyché hyper rafraîchissante et élaborée. Et si l’on cherche ses influences, on les trouvera du côté de Tame Impala et de Mac DeMarco.


Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels

Mémoire de l’eau

La

de Shelagh Stephenson adaptation de Brigitte Buc et Fabrice Gardin

Avec Christel Pedrinelli, Séverine De Witte, Laura Fautré, Bénédicte Chabot, Frédéric Nyssen et David Leclercq. Mise en scène : Fabrice Gardin Décor : Lionel Lesire Costumes : Sophie Malacord Lumières : Félicien Van Kriekinge

 www.trg.be

02 512 04 07

Du 1 au 26 février 2023 En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge


T-shirt Paco Rabanne, pantalon The Frankie Shop. Bijoux personnels.


TÊTE-À-TÊTE(S)

JULIA

SUBSTANCE

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ROBERTS

Une chic fille C’est l’image que l’on a tout·es d’elle. Celle d’une actrice bien dans ses baskets de superstar depuis plus de trente ans. Celle, aussi, d’une femme qui fédère toutes les générations, des nostalgiques de Pretty Woman aux chanceux·ses qui l’ont découverte l’an dernier, magistrale, dans Gaslit, minisérie sur le scandale du Watergate. Visage de Lancôme et égérie de La Vie est Belle depuis une décennie, Julia Roberts vient de fêter ses 55 ans. La veille de son anniversaire, cette optimiste née évoquait avec nous ses choix de carrière, sa famille et sa vie de femme. Directe, sans langue de bois, joyeuse et infiniment sereine. Par Aurélie Lambillon Photos Alexi Lubomirski Réalisation Agathe Gire

U

n soir d’automne, à 20 heures : « Salut, c’est Julia ! » Cette voix guillerette au bout du fil, c’est bien celle de Julia Roberts, l’une des actrices les plus populaires au monde. On savait la star à la carrière kilométrique (Pretty Woman, Coup de foudre à Notting Hill, Erin Brockovich, qui lui a valu un oscar de la meilleure actrice, Ocean’s eleven, Ben is Back et plus récemment sur les plateformes Homecoming et Gaslit) sympathique et chaleureuse. Cette introduction façon vieille copine n’en est pas moins déstabilisante, l’espace d’un instant. D’autant que, comme avec pas mal d’ami·es, ce rendez-vous a été difficile à caler. Il devait d’abord avoir lieu en personne, à San Francisco, lors de la réalisation des images illustrant ces pages. Un passeport trop long à renouveler en a décidé autrement. Puis lors d’un voyage à New York, deux fois sans succès.

ENTRE-TEMPS, ELLE A FÊTÉ VINGT ANS DE FÉLICITÉ conjugale avec Daniel Moder, directeur de la photographie rencontré sur le tournage du film Le Mexicain. Elle a aussi foulé bon nombre de tapis rouges (toujours sources de nervosité, nous dit-elle) pour faire la promotion de Ticket to Paradise, la comédie romantique d’Ol Parker tournée en Australie pendant la crise sanitaire avec son ami George Clooney. Tournage qui l’a obligée, pour la première fois depuis son mariage, à passer son anniversaire loin des siens. Quand la quatrième tentative, transatlantique et téléphonique, est enfin la bonne, elle s’apprête d’ailleurs à fêter le suivant. Celui de ses 55 ans. Un tournant ? Pas vraiment. Si l’âge est bien là, c’est aussi pour témoigner de moments heureux. Sereine et lucide, Julia. Comme une camarade bienveillante qui trouve un angle positif à tous les sujets. L’ambassadrice Lancôme n’esquive aucune question, soigne ses réponses, rit souvent. Elle discute de son mari (beaucoup), de ses trois enfants (souvent), de sa carrière, qu’elle reconnaît exceptionnelle. De sa vie de femme, qu’elle a ancrée dans une normalité qui lui tient à cœur. De son rôle de mère, qu’elle semble chérir plus que tout. Une star, incontestablement, une belle personne aussi. •••


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SUBSTANCE

TÊTE-À-TÊTE(S)

Sur votre compte instagram, toujours à l’occasion de votre anniversaire de mariage, vous avez fait à votre mari un compliment magnifique en lui disant que vous n’aviez cessé de sourire depuis votre rencontre.

Car c’est vrai ! Mon mari est à la fois un taiseux et la personne la plus drôle que je connaisse, avec un côté très pince-sans-rire. Ses sorties, inattendues et imprévisibles, me donnent des fous rires. Votre sourire est l’un des plus célèbres d’Hollywood. Et vous dégagez, à l’écran comme hors caméra, quelque chose d’éternellement solaire et joyeux. Vous arrive-t-il d’être de mauvaise humeur, voire franchement énervée ?

Oui, car je suis une artiste, avec tout ce que cela implique de vulnérabilité, d’émotions portées à fleur de peau et exacerbées. Même si je suis de nature optimiste et joyeuse, j’ai aussi mon lot de mauvais jours et de moments où je peux perdre patience, comme tout le monde.

T-shirt Isabel

Marant Étoile,

pantalon Isabel Marant. Bijoux personnels.

Le 4 juillet dernier, vous avez célébré “20 ans d’une union très heureuse”, selon vos propres mots. Quel est le secret de longévité de votre mariage ? •••

C’est une combinaison d’amour et de foi… que l’on ne peut avoir que quand on a trouvé la bonne personne – le plus difficile… Une fois cette personne rencontrée, ce n’est que du bonheur. Est-ce vraiment si simple ? Quid de l’usure du couple ou des chemins différents que l’un ou l’autre partenaire peuvent prendre au fil du temps ?

Danny et moi nous sommes connus

à un âge où nous étions assez mûrs pour savoir qui nous étions et encore assez jeunes pour avoir envie d’évoluer ensemble. Mais effectivement, les inconnues d’une relation naissante sont de savoir si l’on va toujours regarder dans la même direction et vieillir côte à côte harmonieusement. Et l’on comprend que l’on a fait le bon choix une fois au cœur de la relation. Quand elle a mûri. Une amie m’a dit un jour cette phrase fabuleuse : « Si vous voulez vivre une belle histoire, restez dedans ! » C’est la réalité car une jolie histoire d’amour se vit aussi dans la durée.

Vous décrivez régulièrement votre vie comme celle d’une femme au foyer. Avez-vous fait ce choix de la discrétion pour garder les pieds sur terre au sommet de votre succès ?

J’ai eu la chance d’avoir mes enfants à un âge où je n’avais plus l’impression de devoir rester dans la course coûte que coûte. Je travaillais depuis mes 18 ans et j’avais le sentiment d’avoir gagné le droit de faire une pause. J’étais à l’aise avec ce que j’avais accompli professionnellement et je souhaitais nourrir cette autre partie de ma vie. J’ai eu conscience du luxe de pouvoir rester à la maison. J’ai beaucoup d’amies qui ont dû retourner travailler rapidement après la naissance de leur bébé. C’est un privilège incroyable de regarder sa famille grandir de chez soi. J’ai vu ma mère élever ses enfants avec très peu et j’ai toujours eu le plus grand respect pour ce qu’elle a fait. Donc moi, quand j’avais l’impression de devenir dingue par manque de sommeil car les enfants me réveillaient la nuit, je pensais à toutes les femmes qui vivaient la même chose mais devaient en plus aller bosser le lendemain. Les mères et les pères sont


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“J’ai adoré fêter mes 50 ans. (…) Rien ne semblait manquer. Je me sentais bien, vibrante et heureuse.” les super-héros d’aujourd’hui. Être parent est une aventure incroyable et gratifiante, mais c’est aussi un travail de 24 heures sur 24. Vous semblez séparer aisément vie publique et vie privée.

Je crois que l’on confond un job extraordinaire et une existence extraordinaire. J’ai un super travail, clairement hors du commun, mais je n’ai pas une super vie, hors du commun. À bien des égards, elle ressemble à celle de beaucoup de gens. Mon mari et moi vivons normalement. Là aussi, c’est en étant dans le dur d’une relation que l’on se rend compte que l’on est aligné·e avec son partenaire. Que l’on veut les mêmes choses : dans notre cas, ne pas faire de vagues. Bien sûr, un paparazzi peut toujours extrapoler à partir d’une photo, mais quand on est bien dans ses baskets, ce qui se passe à l’extérieur n’a aucune importance. Au dernier Festival de Cannes, vous avez déclaré lors d’une interview au magazine Variety vous sentir stressée sur le tapis rouge. Êtes-vous timide ?

Stress n’était pas le bon mot car il a une connotation négative. Je deviens plutôt nerveuse. Je ne pense pas être timide. Je ressens un mélange d’excitation et de peur. C’est une question d’énergie. Et celle qui se dégage d’une foule qui crie votre nom est assez spéciale. Très différente de celle d’une mère de famille qui vous dit gentiment dans une épicerie qu’elle aime beaucoup vos films. J’ai des amis musiciens qui disent être comme emportés par cette énergie et s’en nourrir quand ils sont sur scène. Si je faisais ça deux fois par jour pendant un an, j’y serais sûrement habituée, mais ce n’est pas le cas. Donc oui, me pomponner avant un évènement, me dire que je ne dois pas trébucher sur le tapis rouge, etc., restent un facteur de nervosité.

Vous avez 54 ans et semblez très à l’aise avec le temps qui passe.

J’aurai 55 ans demain. Je disais encore à ma famille ce matin que j’ai toujours aimé cette période de l’année. Tout le monde ne le vit pas ainsi, mais moi, je suis fan des anniversaires. L’an dernier, j’étais en quarantaine en Australie à cette date. C’était la première fois en vingt-deux ans que je ne le fêtais pas avec mon mari et mes enfants. Ce fut d’ailleurs très étrange de ne pas le célébrer. Par la suite, quand on me demandait mon âge, je disais systématiquement 53 et non pas 54. Aujourd’hui, j’ai presque l’impression de prendre deux ans d’un seul coup. Mais trêve de plaisanterie, c’est une chance de pouvoir vieillir. Évidemment, certaines choses me manquent, comme les jambes de mes 3 5 ans. Mais bon, elles fonctionnent toujours. Je peux marcher et courir. Il faut être réaliste. Avez-vous été en harmonie avec toutes les périodes de votre vie ?

Non, mais c’est le propre de l’humain de ne pas apprécier ce qu’il a quand il l’a. Particulièrement quand on est jeune et en pleine santé et que l’on peut tout faire sans avoir à prendre de précautions : danser la nuit entière et être frais le lendemain au travail, courir huit kilomètres sans finir les pieds dans un bain de gros sel. Le proverbe « la jeunesse est gâchée par les jeunes » est totalement vrai. Comment avez-vous vécu votre cinquantième anniversaire ? A-t-il été très différent du quarantième ?

J’ai adoré fêter mes 50 ans. C’était un accomplissement et rien ne semblait manquer. Je me sentais bien, vibrante et heureuse. Ma meilleure amie, avec laquelle j’ai grandi et qui est la marraine de ma fille, est née quelques mois avant moi. Elle m’ouvre donc toujours le che-

min. Je lui ai demandé ce qu’elle avait ressenti le jour du sien et elle m’a répondu : « T’inquiète, tout va bien ! » On entend beaucoup dire que 50 ans est le nouvel âge d’or de la femme. Êtes-vous d’accord ?

Un cliché se définit par ce que l’on en fait, mais ce n’est pas faux. J’ai eu la chance de passer du temps avec Anouk Aimée qui m’a dit cette phrase superbe : « Votre visage fait partie de votre vie jusqu’au jour où vous avez 50 ans. Là, vous avez votre vie sur votre visage. » J’aime assez mes petites rides d’expression, nées de rires et de sourires. Elles témoignent de tellement de dîners sympas, de blagues que l’on m’a racontées, de mes enfants qui m’ont amusée. J’essaie d’adopter cette attitude face au temps qui passe. Cela dit, je peux aussi me réveiller un beau matin en me disant qu’il me faut une nouvelle tête. Pour l’instant, “tout va bien” comme dit votre amie. Vous avez déclaré au magazine américain People ne jamais sortir sans protection solaire et toujours vous coucher le visage propre. Vous conseillez également à vos enfants de manger en pleine conscience, de boire beaucoup d’eau, de dormir suffisamment et de rester calmes. Est-ce la recette complète pour être aussi belle et sereine que Julia Roberts ?

D’abord, merci ! C’est un super compliment d’être décrite de la sorte dans ce monde et à mon âge, alors que toutes les pièces sont d’origine. Mais ce sont surtout mes deux adorables parents qu’il faut remercier. Mes frères et sœurs sont aussi plutôt mignons donc c’est à eux que revient une grande partie du mérite. La Vie est Belle, dont vous avez participé à la création et êtes toujours l’égérie, vient de fêter ses 10 ans. Vous attendiez-vous à un tel succès à son lancement ?

Ces dix ans de succès me paraissent incroyables. J’étais assez naïve quand je me suis lancée dans l’aventure : je ne connaissais rien au milieu du parfum. J’ignorais que c’était un business si concurrentiel et si encombré. J’y suis allée la fleur au fusil, me disant que nous avions une belle senteur dans • • •


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TÊTE-À-TÊTE(S)

un joli flacon. J’étais heureuse avec cela. Aujourd’hui, une décennie plus tard, je suis fière qu’elle apporte encore autant de bonheur aux personnes qui le portent. Chaque moment de joie que l’on peut s’offrir, grand ou petit, est bon à prendre dans un monde qui nous met au défi en permanence. George Clooney et moi venons de finir la promo de Ticket to Paradise et nous parlions justement de la satisfaction que nous éprouvons à l’idée d’apporter une heure et demie de répit aux gens, en les faisant rire dans une salle obscure. C’est un court moment, éphémère car leurs problèmes les attendent à la sortie, mais c’est toujours ça de gagné.

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Vous êtes une ardente défenseuse du cinéma. C’est effectivement un bon argument pour retourner voir des films sur grand écran.

Je l’espère et j’y crois à 100 %. Nous avons un petit cinéma à côté de chez nous, un de ces magnifiques vieux bâtiments avec une seule salle. La première fois que j’y suis retournée avec les enfants après la pandémie, il y avait quatre autres personnes. La suivante, j’en comptais une trentaine. C’est très encourageant. Avec la météo hivernale, les gens sont heureux de se retrouver confortablement dans un cinéma pour partager toutes sortes d’émotions. L’expérience ne sera jamais la même devant un petit écran à la maison. Vous avez beaucoup tourné récemment. Pensez-vous que les rôles que vous jouez sont plus variés que ceux que l’on vous proposait lorsque vous aviez 30 ou 40 ans ?

Ils sont forcément différents car j’ai aussi une expérience plus riche. J’ai toujours été heureuse de la variété des scénarios que l’on m’a présentés au fil de ma carrière. J’ai eu la chance de tourner tous les genres, des comédies, des drames, des thrillers. Et cela encore cette dernière année, qui a effectivement été chargée et m’a donné l’occasion de voyager dans le temps comme dans l’espace. Cela a été très fun. Notamment parce que Gaslit m’a permis de retrouver Sean Penn, un ami de longue date. Et Ticket to Paradise d’aller en Australie avec George, une expérience unique qui m’a apporté beau-

coup de joie. C’était, je crois, notre cinquième film ensemble. Nous avons envie de continuer à offrir au public ce duo qu’il a l’air d’apprécier. Est-ce important pour vous de travailler avec des amis ? L’ambiance sur un tournage est-elle meilleure quand on se connaît ?

C’est génial quand cela fonctionne même si ce n’est pas toujours le cas. À force de travailler avec des personnes que l’on connaît bien, on va plus vite droit au but sans perdre de temps en petites formules de politesse. C’est bien aussi d’apprendre à connaître les gens, mais le rythme des tournages ne le permet pas forcément. Je viens de finir un film avec Sam Esmail – il m’avait déjà dirigée dans Homecoming – , nous en avons d’abord beaucoup discuté au téléphone, tout a été tellement plus simple. C’est un vrai luxe d’évoluer avec ses amis dans ce métier. Quels sont les rôles que vous aimeriez jouer aujourd’hui ?

Il m’est difficile de répondre à cette question. Je préfère penser qu’un rôle vient à moi car je suis la bonne personne pour le jouer et non l’inverse. J’aime me laisser surprendre par ce que l’on me propose et la façon dont on me le propose. Je suis toujours très ouverte aux différentes interprétations possibles d’un personnage. Je ne suis pas quelqu’un qui impose sa vision. Avez-vous des souvenirs inoubliables de tournages ?

Chaque tournage a son petit moment de « waouh ! » Les plus mémorables sont ceux où je me suis demandé, en lisant le script, comment j’allais réussir à exécuter telle ou telle scène. Quand j’y arrive, le sentiment de satisfaction qui suit est incroyable. Je dis toujours que la meilleure période d’un job se situe entre le moment où on le décroche et celui où on le commence. Tout est encore parfait et vous pensez que c’est le job de vos rêves. Ce dont vous êtes le plus fière maintenant ?

C’est forcément lié à mes enfants. Quand nous nous asseyons autour de la table pour dîner et qu’ils nous racontent leur journée, qu’ils par-

tagent leur vision de l’actualité et du monde, que nous discutons tous à l’aise et sans retenue. Je suis heureuse d’avoir créé un environnement familial qui nous permet cette relation de confiance et de sincérité. Qu’aimeriez-vous leur transmettre ?

Cela paraît idiot mais c’est l’idée de ne pas être toujours dans le rush. J’aimerais qu’ils trouvent une certaine fierté à prendre le temps de faire les choses, même les plus petites. Les détails de la vie se perdent parfois sous la pression du temps. Mes aînés finissent le lycée cette année et on les bombarde déjà de questions sur ce qu’ils veulent faire ensuite. Je n’en avais moi-même aucune idée à 17 ans. Je les encourage à ne pas s’inquiéter s’ils n’ont pas toutes les réponses et, surtout, à ne pas se presser. Certains connaissent leurs passions depuis l’enfance et d’autres les découvrent à 20 ou même 30 ans. Dans les deux cas, du moment que vous êtes heureux et en bonne santé, tout est OK. Vous n’aviez vraiment aucune idée de ce que vous vouliez faire à 17 ans ?

Disons que j’avais abandonné mon rêve de devenir vétérinaire à cause des longues études de médecine que cela impliquait. Avez-vous des modèles féminins ?

Ma mère, obligatoirement. J’ai aussi une vo i si n e de 9 6 a n s qu e j e t ro uve incroyable. Elle est si gracieuse, si pleine d’énergie et elle est curieuse de tout. Comment vous imaginez-vous à cet âge ?

J’espère être comme ma voisine. Je ne sais pas si je ferai toujours des films. C’est un futur trop lointain pour que je puisse me projeter. Vous voyez-vous tourner encore longtemps ?

Oui, car cela m’apporte encore énormément de satisfaction… jusqu’au jour où cela ne m’en appor tera plus. J’ai aujourd’hui l’immense luxe de pouvoir décider du temps et des films que je souhaite tourner. Les rôles qui me seront proposés plus tard seront évidemment déterminants dans mes choix.


“J’aimerais que mes enfants trouvent une certaine fierté à prendre le temps de faire les choses, même les plus petites.”

Costume Acne Studios, T-shirt MKT Studio. Bijoux personnels, sandales Birkenstock.

Styliste personnelle de Julia Roberts : Elizabeth Stewart/The Wall Group, assistée de Jordan Grossman. Couturière Natalya Aghajanyan. Coiffure Genevieve Herr/Sally Harlor. Maquillage Lancôme réalisé par Serge Normant/Statement Artists. Set design Jack Flanagan/The Wall Group, assisté d’Amy Sabel et Andrea Reed/The Wall Group. Production Nathalie Akiya/GTS Prod, assistée de Raz Segal, Stefan Nolte, Zach Perry, Eduardo Meza, Spencer Wilson et Varsh Farazdel.


GERARDO MANZANO. BELAL. DMITRIY GANIN.

PEXELS / SANTIAGO PAGNOTTA. MICHELLE LEMAN. MICA ASATO. JOSH HILD. JENNIFER ENUJIUGHA.


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Quand le sport se dégenre... Disciplines genderless, coaches privés, centres sportifs pointus, le secteur du sport est en pleine mutation, encore plus depuis la pandémie. Programmes sur-mesure, salles pensées comme de véritables lieux de vie, l’activité physique est devenue un outil d’épanouissement personnel, de socialisation et de mixité. Décryptage.

B

Par Aurélia Dejond

ruxelles, 7 h : Alicia file à son cours d e k a rat é. « C’e s t m o n ri tu el immuable depuis un an », sourit cette entrepreneure gantoise de 34 ans, pour qui les confinements ont été le déclic « pour commencer à enfin se faire du bien, se distraire et rencontrer de nouvelles têtes ». Idem pour Agathe, Capucine et Zoé, 37, 39 et 40 ans, inscrites à des cours de boxe anglaise depuis six mois, motivées par l’envie de repass er des moments pri vilégiés ensemble en osant une discipline dite masculine. Car depuis la pandémie, les raisons qui poussent à (re)faire du sport revêtent d’autres objectifs que les performances purement physiques. Un constat que faisait déjà Caroline Tricot, propriétaire du studio Home Fit Home*, voici quelques années. « Les stéréotypes bien ancrés de la femme qui veut devenir filiforme et • • •


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de l’homme qui souhaite augmenter sa masse musculaire ne sont pas complètement révolus, mais en passe de devenir plus clichés. Aujourd’hui, et encore plus depuis l’arrivée de la covid, chacun est beaucoup plus à l’écoute de son corps, de ses propres besoins et de ses envies. L’évolution est réelle et les objectifs sont bien moins genrés qu’auparavant : on veut avant tout se faire du bien, éventuellement se dépasser, être bien dans son corps et dans sa tête et surtout, en phase avec ses propres besoins et envies, d’où le boom des programmes personnalisés et coachings sur-mesure. On fait davantage du sport pour soi et on se pose moins de questions. Résultat ? Les disciplines sont plus mixtes, même si les stéréotypes emprisonnent encore certains dans le choix de leur activité sportive. Dans l’imaginaire collectif, le sport n’est plus uniquement synonyme d’hyper virilité ! », constate Caroline.

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U N E TE N DANCE QU E CON FI R M E SAMYA,

“ Je m’inscris aussi aux activités du club, comme les after works ou des sorties culturelles, c’est la communauté dans sa globalité qui m’intéresse, pas uniquement mon programme surmesure : le sport seule, ça a moins de sens. ”

COACH DEPUIS 2011. « QUE L’ON SOIT FEMME

Maxence, 26 ans

OU HOMME, LA DEMANDE N’EST PLUS DANS

LA PERFORMANCE À TOUT PRIX. La santé physique et mentale sont au cœur de la démarche : on veut prendre soin de soi avant tout, se sentir bien, s’entretenir, passer un bon moment. Avant, les objectifs étaient souvent purement physiques, quel que soit le genre. Aujourd’hui, les envies sont toutes autres et le nombre de femmes qui s’adonnent à une activité physique est en augmentation constante, c’est encore plus frappant depuis le stress lié à la pandémie. Quand j’ai commencé, les stéréotypes avaient encore la dent dure, les femmes se cantonnaient à la danse, au fitness ou au yoga, les hommes étaient férus de machines… ». Dans une de ses études, l’Insee indiquait d’ailleurs que la grâce, la souplesse et l’agilité restaient davantage l’apanage des filles, contre l’endurance, le rapport de force et l’esprit de compétition pour les garçons. Des poncifs qui creusent encore malheureusement les inégalités, mais dont les contours semblent nettement moins figés. « Le genderless se banalise davantage, on ne parle plus de ‘ sports de garçons ou de filles ’, on ose casser les codes et les générations émergentes y sont pour beaucoup. Les tendances actuelles non genrées et pour 2023 ? La boxe anglaise et thaï, le fitness sur-me-

sure sans machine et les Pilates, indiscutablement », se réjouit Samya, qui constate que ce qui compte avant tout, c’est de suivre ses vraies envies, sans à priori, avec le désir de bien faire, d’où le boom des coaches privés. Et ce changement d’objectifs chez beaucoup n’étonne pas Philippe Godin, professeur de psychologie du sport à l’UCL et spécialiste dans l’encadrement, le suivi et le coaching des athlètes. « Une des conséquences de la pandémie a été de pouvoir s’autoriser à penser à soi. Qu’est-ce qui me fait réellement du bien, qu’est-ce je ne me permets pas de faire par manque de temps…revenir à l’essentiel et se recentrer sur soi de façon constructive est possible. On va à la salle de sport avec un objectif de bien-être, sans nécessairement vouloir aligner des prouesses, d’où la démocratisation des

activités sans se demander si on ose y aller sous prétexte qu’on est une femme ou un homme ». C’est le cas de Natan et de sa b a n d e d e c o p a i n s . « O n fa i t d e l’aquagym, dire que c’est un truc de fille est ridicule, on ne fait pas du sport pour (se) prouver quoi que ce soit, mais pour être dans une bulle qui permet de s’apaiser. Réduire la pratique des sports de combat chez les filles à une preuve de ‘ girl power ’ ou nous taxer de féministes parce qu’on fait un sport moins ‘ viril ’ est un discours totalement old fashioned. Chacun ose enfin aller à l’encontre des idées reçues ! » Et le milieu des clubs sportifs de se diversifier, pour coller un maximum à ces différents publics. « La division est nettement plus marquée : on distingue les salles plus low cost, très grand public et un peu fourre-tout, des grands clubs plus


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“ Les stéréotypes bien ancrés de la femme qui fait du sport pour devenir filiforme et de l’homme qui veut augmenter sa masse musculaire ne sont pas complètement révolus, mais sont en passe de devenir de vrais clichés. ” Caroline Tricot, propriétaire du studio Home Fit Home

prestigieux et des studios comme le mien, plus intimistes et non dévolus au règne de la machine. Nous proposons du personal training pour optimiser la santé, la forme et le bien-être à une clientèle désireuse d’un mode de vie sain. On est bien loin des grandes structures avec des cours collectifs où l’on se fait parfois plus de mal que de bien. Mon studio est inspiré de ce qui se faisait déjà il y a dix ans à Soho, notamment. Aujourd’hui, l’activité physique n’est plus synonyme de sport à gogo, il s’agit d’une démarche pensée en profondeur, dans une vision plus holistique du bien-être. On va rarement à la salle pour comparer ses muscles avec ceux du voisin ou draguer tous azimuts, la démarche est aujourd’hui toute autre », se réjouit Caroline Tricot. Autre aspect en pleine évolution dans la pratique du sport : la socialisation, plus que jamais plébiscitée par la majorité ce ceux qui s’y sont

(re)mis, frustrés notamment par les cours en ligne lors des confinements. « L’être humain est avant tout un être social. Comme les animaux, nous avons un instinct grégaire et donc, besoin des autres pour développer et construire notre personnalité, communiquer nous est essentiel. Grâce au sport, l’individu pratique, teste et éprouve une série de besoins innés, comme celui de se retrouver à plusieurs, d’échanger, de s’encourager, mais aussi, de réseauter, de faire de nouvelles rencontres. C’est encore plus vrai depuis l’arrivée de la crise sanitaire dans nos vies », précise Philippe Godin. Des besoins et envies confirmés par la dernière étude (2021) menée par le club Aspria en partenariat avec iVox, qui montre notamment que 75 % des Belges font du sport pour lutter contre l’ennui. Chiffres loin d’être étrangers à

la privation de contacts lors des différents confinements. « Ils ont considérablement impacté la santé mentale de beaucoup. Dépression, burn out, tentatives de suicide, tous les chiffres sont en hausse. Beaucoup - quelle que soit la génération - ont pris un abonnement en salle pour être à nouveau entourés, vivre en groupe, appartenir à une communauté, davantage que pour être en forme. Cela fait aussi partie de la démarche, mais ce n’est plus d’office la raison numéro 1. Le sport permet de développer ses capacités socio-relationnelles, de gérer des états émotionnels, de tester une série de composantes de sa personnalité, il s’agit d’une initiative volontaire qui participe aussi au développement de l’estime de soi et de la confiance en soi. C’est une discipline complète, pour la santé mentale et physique », ajoute le spécialiste. Si deux tiers des Belges vont à présent dans leur club pour y créer des contacts sociaux, 58 % souhaitent y bénéficier d’espaces de coworking. « J’aime déjeuner au club avec mes copines, j’y loue une salle de réunion ou j’y travaille après une séance. Je m’inscris aussi aux activités, comme les after works ou des sorties culturelles, c’est la communauté dans sa globalité qui m’intéresse, pas uniquement mon programme sur-mesure : le sport seule, ça a moins de sens », explique Maxence, 26 ans. Selon une étude de Garmin réalisée par iVox, la moitié des Belges qui pratiquent un sport le font d’ailleurs avec d’autres. 11 % ont un compagnon de sport régulier, 27 % font du sport avec différentes personnes et 40 % avec le/la conjoint(e). « On ne vient plus à la salle pour transpirer et rentrer chez soi uniquement, sinon, on va courir dehors. Depuis la pandémie, on remarque une vraie demande pour un lieu pensé comme une seconde maison, loin des salles bondées de cours collectifs impersonnels : les membres souhaitent un suivi individuel et également déployer une forme de ‘ vivre ensemble ’, ils attendent davantage de leur club, l’exigence est réelle. Dans le sport comme ailleurs, c’est l’avenir : le mot-clé, c’est le partage. Nous avons tous plus que jamais besoin les uns des autres », conclut Julien, marketing manager d’un grand club de sport belge. *homefithome.be


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Canapé, bol, gamelle… Gucci Pet, la collection pour animaux de compagnie de la marque italienne.

Accessoires de luxe, thérapeutes dédiés, salons de massages canins, comptes instagram… Rien n’est trop beau pour nos compagnons à quatre pattes, que l’on couvre d’attention comme jamais. Au point que certains d’entre eux, membres de la famille à part entière, finissent parfois par en devenir les véritables chefs. Décryptage. Par Thomas Jean

ROI

COURTESY OF GUCCI. JULIA CHRISTE.

Le chien

Freya, image extraite du livre Flying Dogs de Julia Christe.


Médor, le collier pour chien signé Hermès. Le sac Louis Vuitton pour faire voyager son animal.

HEDI SLIMANE. COURTESY OF HERMÈS. COURTESY OF LOUIS VUITTON.

Elvis, le goldendoodle à poils longs d’Hedi Slimane, égérie de la collection d’accessoires pour animaux de compagnie Celine.

S

e mettre au vert à la campagne, arborer des tenues griffées de pied en cap, soigner ses coups de mou saisonniers par luminothérapie… Voilà des activités que seul·es les plus privilégié·es peuvent se permettre, c’est entendu, mais dont jouissent aussi désormais, moyennant bon prix, certains toutous des beaux quartiers. Un marché de niche, si l’on peut dire, mais qui traduit, comme un miroir grossissant, la place de plus en plus large, de plus en plus anthropomorphique, que le chien prend, à son corps défendant peut-être, dans la vie de l’être humain, dont on dit qu’il est « le meilleur ami ».

Chez les cynophiles parisiens à haut pouvoir d’achat, Virginie Barbarin et Koffi Miessan sont connu·es comme le loup blanc. À deux pas du Louvre, ils ont ouvert Alpha, un concept store canin où rien n’est trop beau pour Médor : laisses de créateur·rices, paniers in, spa, salon de massage et, donc, de luminothérapie. Le duo possède aussi, dans le Gâtinais, une longère où les chiens séjournent au grand air – avec balades (en meute) en forêt de Fontainebleau – pendant les vacances de leurs maître·sses, lesquel·les ont parfois, comme les client·es des palaces, des exigences cocasses : « Pour savoir si j’étais apte à m’occuper d’untel, j’ai dû passer un casting avec son assistant personnel – oui, le chien avait un assistant ainsi que sa chambre ! s’amuse

Virginie Barbarin. Certains chiens arrivent aussi avec une vraie valise où il y a l’imper, la doudoune, la couverture pour la nuit, la gamelle, tout ça de chez Goyard éventuellement – imaginez si les autres chiens font pipi dessus. » GOYARD, MALLETIER HUPPÉ pour humains, fut pionnier dans le luxe canin : « Les chiens les plus chics s’habillent chez Goyard », proclamait déjà une réclame de la Belle Époque. Hermès, Dior lui emboîteront le pas. Cette année, voilà que s’y mettent Gucci – un panier à chien façon canapé Empire à 6 500 €, quelqu’un ? – et Celine – avec en égérie Elvis, le propre goldendoodle à poils longs d’Hedi Slimane, directeur artistique de la maison. Un marché qui • • •


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“La génération Z, de plus en plus, considère l’acquisition d’un chien comme un galop d’essai avant la parentalité. Alors, l’animal, porte de plus en plus d’affects.” Alexandra Jubé, fondatrice du bureau de tendance qui porte son nom

devrait croître de 23 % d’ici 2026, veut croire le magazine économique Forbes. « Mais au-delà du prix que vous allez mettre dans sa couverture Celine, le chien est moins un accessoire de mode qu’une revendication de l’image de soi, décrypte Alexandra Jubé, fondatrice du bureau de tendance qui porte son nom. Qu’est-ce que mon chien va dire de mes codes et de mes valeurs ? Qu’est-ce qu’il va raconter de moi ? C’est ça, la question ! » Au risque que votre chien stylé, à qui vous aurez bien sûr créé un profil insta documentant ses facéties, finisse par vous éclipser : Tika, lévrière craquante et tordante de Montréal arborant froufrous et robes cocktail, affiche 1,1 million de followers au compteur, contre 11 000 pour son « papa » Thomas Shapiro. Lizzo, Sofia Vergara et autres célébrités l’adorent et elle a même, désormais, un agent. Une queen, assurément ! Mais là où les chiens sont vraiment rois, c’est peut-être plus dans l’hyper attention qu’ils demandent, régentant le temps libre (voire le travail) de leurs maître·sses, déterminant même leurs lieux de vacances, que dans les atours, luxueux soient-ils, dont on les pare. Alexandre Malgouyres, directeur de la communication chez Gucci, n’habille pas sa bouledogue anglaise et ses deux

staffies en Gucci : « J’ai bien tenté de leur enfiler un T-shirt mais rien à faire, ça les prostre. » Seule fantaisie, utile cependant, les gilets flottants avec lesquels il les habille en bord de mer « pour qu’ils nagent plus sereinement ». Encore faut-il une plage « dog friendly » : Alexandre Malgouyres a trouvé la sienne en Camargue. L’été, il la rejoint, n’ayant pas le permis, en TGV, où ses compagnons et lui occupent deux places. Quant aux balades dans Paris, elles nécessitent un triporteur avec coffre à chiens à l’avant. « Le transport, c’est de la prod », résume-t-il. C’est un peu plus souple pour Vanessa Metz, styliste indépendante : le petit Romy, qui exige quand même plus d’une heure de promenade par jour, rentre parfaitement dans le panier à vélo de sa maîtresse, si bien qu’elle l’emmène partout, même sur les plateaux de shooting : « Il y a rencontré Dua Lipa, Jake Gyllenhaal, JeanBaptiste Mondino, Carla Bruni… Un chien mondain ! » Qui, pourtant n’a rien de précieux, lui, le bâtard trouvé abandonné dans la rue – enfin, pas n’importe quelle rue, celle de Bretagne, dans le Haut-Marais, épicentre des coteries parisiennes branchées. Et de s’émouvoir : « Les gens qui mettent 1 800 balles dans un chien de race alors qu’il y en a des milliers d’autres à adopter, ça me fout en l’air. » Observatrice désolée des modes canines, elle constate, après celle du shiba, une grosse tendance teckel et un retour du bouledogue. DES MODES, PARFOIS, AUX EFFETS PERVERS

quand elles mettent sur le devant de la scène, pop culture aidant, des races presque invivables. Auteur du savoureux Les maîtres expliqués à leurs chiens*, le sociologue Christophe Blanchard, « l’un des rares maîtres-chiens devenu maître de conférences », comme il se définit lui-même d’un bon mot, se remémore : « Il y a eu un engouement un peu inconséquent pour le jack russell, ce chien tout mignon tout sympa qu’on a vu dans The Mask, The Artist ou sur les plateaux télé aux côtés de Dechavanne. Sauf qu’il a été génétiquement sélectionné pour chasser le renard : s’il n’est pas canalisé, il se transforme en diable qui vous défoncera vite votre appartement. » Les chiens rois, ingérables et tyranniques, sont ceux, paradoxalement,

dont on s’occupe le moins, livrés à euxmêmes : « insecure », ils montrent plus facilement les crocs. « Quand c’est un chihuahua qui vous refuse l’accès à votre lit, ça va, vous le poussez, mais si c’est un rottweiler, eh bien vous finissez par dormir sur le canapé », renchérit Virginie Barbarin. D’où l’essor des comportementalistes spécialisés qu’on consulte, désemparé·e, pour son cabot turbulent. Voire à titre préventif, comme Manuel, informaticien à Bidart : il y a amené très tôt Flibuste, sa bergère allemande, et en a tiré des principes éducatifs. « Pas de lancers de balles ni de bâtons, même si c’est contre-intuitif : comme pour les écrans avec les enfants de moins de 5 ans, ça rend les chiens débiles et ils ne pensent plus qu’à ça ! » À la place, des jeux, casse-tête et autres labyrinthes qui sursollicitent l’odorat et l’intelligence de l’animal. Une éducation « limite Montessori », se gaussent ses potes. Mais le maître n’en 1

LILI BOAS/ISTOCK.

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COURTESY OF AĒSOP.

COURTESY OF VERSACE.

GRAYMALIN.COM @GRAYMALIN.

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1. Dans un spa de toilettage. 2. The Sun Loungers, image extraite

de la série Dogs of Aspen de Gray Malin. 3. Lit pour chien Versace. 4. Gel nettoyant et désodorisant pour les animaux Aēsop.

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a cure : Flibuste respire bonne humeur et santé d’autant que, lorsqu’elle reste seule, il lui laisse à ronger des friandises de choix : oreilles de porc, sabots de mouton, cornes de buffle. Bourrées de bienfaits, paraît-il. Sans aller jusqu’à ces sophistications, Alexandre Malgouyres concède que ses chiens, à qui il ne donne que des croquettes bios et pour qui il cuisine des légumes quand il a le temps, mangent bien mieux que lui. On voit même émerger, aux ÉtatsUnis, des propriétaires à régimes spéciaux qui mitonnent, comme pour euxmêmes, des mets végans, paléo, 100 % cru ou sans gluten à leurs compagnons. « La génération Z, de plus en plus, considère l’acquisition d’un chien comme un galop d’essai avant la parentalité, analyse Alexandra Jubé. Alors l’animal, comme un membre de la famille, porte sur ses épaules de plus en plus d’affects » : sur cette « bouche à nourrir » et sur ce

qu’elle ingère, toutes les angoisses des propriétaires, voire leurs orthorexies, se cristallisent. S’ÉTONNERA-T-ON ALORS QUE LES PRÉNOMS

DES CHIEN·NES s’humanisent à grands pas ? « Dans les années 60, on prénommait son animal de manière standardisée, rappelle Christophe Blanchard. Il n’était pas rare que Pompon soit remplacé par Pompon 2, et ainsi de suite. Aujourd’hui, même si les prénoms liés à Disney ou Marvel, comme Bianca ou Hulk, ont une certaine cote, la frontière se brouille dans la manière dont on baptise les chiots et les bébés. » Ainsi de Rose, dans le top 15 des prénoms donnés en 2021 aux fillettes… comme aux chiennes : souhaitons, à ces Rose-là, une vie de reine, et pas, dans une France championne d’Europe en matière d’abandon d’animaux, une chienne de vie.

(*) Éd. Zones.


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Cultivons la joie !

Plus profond que le plaisir, moins lointain que le bonheur, ce sentiment que nous avons souvent tendance à enfouir sous les obligations ne demande qu’à jaillir pour oxygéner nos vies. Et nous aider à traverser les périodes anxiogènes. Pour la laisser s’exprimer, apprenons à lui faire de la place. Par Géraldine Dormoy-Tungate

« Quand j’ouvre le four et que l’émail de mes poteries est plus beau que ce que je pensais, il y a un effet “waouh !” qui part de l’estomac et qui se répand dans tout le corps, l’esprit, c’est incroyable », s’émerveille Silène, 42 ans, céramiste passionnée (1). « Depuis que j’ai décidé de faire une formation agricole pour vivre de ma passion pour les plantes, je me sens moins stressé, je me tiens droit, je me trouve plus beau », s’amuse Thibaud, 31 ans (2). « Quitter mon compagnon violent a été difficile. Le jour où j’ai pu exprimer ma décision de partir, un élan de vie m’a traversée, se remémore Églantine, 39 ans. Depuis, je me vois changer. Ma peau s’illumine, mon regard s’amplifie. Mon baromètre intérieur pointe vers la détente et l’envie de recommencer. » Les joies ressenties par Silène, Thibaud et Églantine ont changé leur vie : la première a réorganisé son travail pour mettre la céramique au cœur de


TROPICO PHOTO.

son activité, le deuxième a quitté son poste de responsable export pour semer les graines d’un nouveau projet, la troisième se reconstruit, seule et libre. Qui ne rêve pas d’être parcouru·e d’un sentiment aussi enivrant et bénéfique ? Oui mais voilà, la joie ne nous tombe pas toujours dessus facilement. « Depuis l’enfance, notre joie est ensevelie par les conditionnements à satisfaire de faux désirs, pointe Bruno Giuliani, philosophe et auteur du Bonheur avec Spinoza. L’Éthique reformulée pour notre temps (3). Se détacher de ces derniers suppose un certain courage. » Clotilde Dusoulier, coach et créatrice du podcast Change ma vie (4), confirme : « En devenant adulte, on change d’objectif pour ses journées. On remplace la recherche de la joie, du plaisir, de la découverte par la quête de productivité, de validation, de sécurité maté-

rielle. C’est normal, mais pour rester vivant, il est nécessaire de cultiver la joie, sans quoi l’ensemble n’a plus d’intérêt. » AVANT D’ESPÉRER LA CULTIVER, commençons par la définir, car sa proximité avec le plaisir et le bonheur contribue à la rendre insaisissable. Pour les psychiatres François Lelord et Christophe André, c’est une « expérience à la fois mentale et physique intense, en réaction à un évènement et de durée limitée » (5). Dans La puissance de la joie (6), le philosophe et sociologue Frédéric Lenoir y voit « la manifestation de notre puissance vitale » en référence à Baruch Spinoza, penseur de la joie par excellence. Dans son effort naturel pour se perfectionner, l’organisme « rencontre d’autres corps qu’il affecte ou qui l’affectent. Spinoza observe chez l’être humain que lorsque • • •


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blème du plaisir, à ranger dans les joies passives. Éphémère, lié à un stimulus qu’il faut sans cesse renouveler, il procure une satisfaction immédiate mais peut apporter à la longue plus de perturbations que de bienfaits, qu’il s’agisse d’un achat impulsif aussitôt regretté ou d’un trop-plein de séries. COMMENT ACCÉDER À LA JOIE ACTIVE ? Si elle ne se commande pas, il est possible de la favoriser par certaines attitudes, à commencer par l’attention, car celle-ci nous relie à nos sens. Se concentrer sur ce que l’on voit, ce que l’on hume, ce que l’on entend arrime à l’instant présent. La voie est alors libre pour se laisser gagner par la beauté de ce qui nous entoure et de ce que nous sommes en train de vivre. Dans son ouvrage, Frédéric Lenoir encourage également à privilégier « la pré-

TROPICO PHOTO.

• • • ces rencontres constituent un obstacle (…), il est envahi d’un sentiment de tristesse. À l’inverse, lorsqu’elles lui permettent d’atteindre une plus grande perfection, d’augmenter sa puissance d’exister, il est habité par un sentiment de joie ». Comment distinguer la joie du bonheur ? « Le bonheur est un état de satisfaction complète et durable assez rare, précise Bruno Giuliani. Alors que la joie, tout le monde peut la vivre, c’est une émotion qui surgit dès que l’on réalise un désir intense. » La joie nous secoue, mais toutes ne se valent pas. « Spinoza distingue les joies passives qui dépendent avant tout d’évènements extérieurs, des joies actives qui dépendent de notre être intérieur, poursuit Bruno Giuliani. L’ennui, c’est qu’elles ont toutes la même saveur. Mais l’on n’est en total accord avec soi que dans les joies actives, car alors notre essence se réalise. » C’est tout le pro-


ÉPOQUE

“Vivre une joie durable tient au fait de réaliser ses désirs profonds et non ses désirs accidentels, nés de sollicitations extérieures poussant à consommer, se divertir ou posséder.” Bruno Giuliani, philosophe et auteur

sence, la méditation, la confiance et l’ouverture du cœur, la bienveillance, la gratuité, la gratitude, la persévérance dans l’effort, le lâcher-prise, la jouissance du corps » pour nous mettre dans un état de réceptivité à la joie. Pragmatique, Clotilde Dusoulier nous invite à nous interroger : « À quel moment, dans le courant de ma journée, puis-je me connecter à la joie de façon intentionnelle ? Cela peut être en prêtant attention à une perspective magnifique lors de mon trajet pour aller travailler, par exemple. À cet instant, me dire : je suis moi, je suis ici, vivante et j’en ressens de la gratitude. » La joie s’exprime dans l’action. C’est la conviction de Pauline Blanchard, fondatrice de la revue écologique Grain (7). Elle a choisi la joie pour thème de son numéro estival car elle souhaitait rappeler que l’engagement ne fonctionne pas qu’à la colère. « La joie est un carburant émotionnel fort, s’enthousiasme-t-elle. N’oublions pas que le mot “émotion” vient du latin “movere”, qui signifie “mettre en mouvement”. Nos émo-

3 QUESTIONS Quel rapport entretenez-vous avec la joie ? Je viens de craquer pour des chaussures. Leur achat m’a excitée, mais c’était un pétillement fugace, une joie synthétique qui relève plus du plaisir. Je ne boude pas ces pics très agréables, mais j’ai appris à rechercher des joies plus naturelles et plus durables, que j’envisage comme la foi : une croyance personnelle qui me permet, quand toutes les conditions sont réunies, de me sentir toute petite face à un grand tout qui me dépasse. Les synchronicités en sont un bon exemple. Quand je tombe par hasard sur quelqu’un

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tions sont là pour nous faire agir. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante que depuis la création de mon magazine. » Propulsée par la joie, l’action de créer nous détourne de notre mental et nous branche à notre intuition. Vivre une joie durable ne tient ensuite, pour Bruno Giuliani, qu’à une seule condition, mais non des moindres : « Réaliser ses désirs profonds et non ses désirs accidentels, nés de sollicitations extérieures poussant à consommer, se divertir ou posséder. Pour identifier ses désirs essentiels, il s’agit de se poser la question : qu’est-ce que j’aime réellement ? et d’oser s’engager dans la voie qui correspond. » La démarche est loin d’être aisée, mais il l’assure : « Quand on commence à agir dans le sens de ses rêves, on émet des vibrations positives qui attirent à nous les opportunités. » Si les résistances sont trop fortes, l’accès à la joie, trop difficile, cela peut être le signe qu’une aide thérapeutique est nécessaire. SE LAISSER GUIDER PAR LA JOIE, C’EST SE RELIER À SOI MAIS AUSSI

AU MONDE. À la nature bien sûr – « Comment ne pas ressentir de joie face à un coucher de soleil ? » sourit Pauline Blanchard – mais pas seulement. « Les gens vont dans des stades de foot pour cette raison, rappelle Florence Servan-Schreiber, journaliste et auteure (voir interview ci-dessous). Au-delà de la beauté du jeu, il y a le bruit des gens ensemble, la communion autour du ballon. » Le temps d’un instant de grâce, on ne fait plus qu’un avec la foule, dans un mouvement de joie collective qui nous transcende. Car c’est sûrement là sa plus grande force : la joie est contagieuse. Quand elle nous saisit, on n’a plus qu’une envie, la partager.

1. silenefry.com 2. instagram.com/tibo_with_plants 3. Éd. Almora. 4. changemavie.com 5. La force des émotions, éd. Odile Jacob. 6. Éd. Le Livre de Poche. 7. grainmagazine.fr

À FLORENCE SERVAN-SCHREIBER (1)

“QUAND J’AI LE BOURDON, JE ME DEMANDE CE QUE J’AI ENVIE DE FABRIQUER”

à qui je pense, cela me met en joie car j’ai l’impression d’être portée par une grande force invisible.

Comment favorisez-vous la venue de la joie ? Quand j’ai le bourdon, je me demande ce que j’ai envie de fabriquer. Je suis une artisane. Entrer en action – écrire, jardiner, cuisiner – me permet de me concentrer. C’est la clé. Quand je suis concentrée, je ne me parle plus. Il n’y a plus de place pour la petite voix qui me dit ce qui ne va pas. Ce biais du négatif est très utile, il nous permet de réagir au danger, mais on peut le contrer par la joie.

Vous avez écrit un livre qui s’appelle 3 kifs par jour (2). Un kif aussi nous met en joie ? Oui, il ne s’agit pas que de plaisir car après l’avoir ressenti, on fait le petit effort essentiel d’en éprouver de la gratitude. Ce « merci » nous relie à la chance, et donc à notre joie d’être là. 1. Journaliste et auteure. Dernier ouvrage

paru : Bloum ! Écrire pour s épanouir et kiffer, éd. Marabout. 2. Éd. Poche Marabout.


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Vivre avec ou sans

SMARTPHONE ? Avant l’ère numérique, les gens demandaient leur chemin au premier inconnu qui passait. De nos jours, lorsque Google Maps menace de nous lâcher en raison d’une batterie presque déchargée, c’est la panique. Notre téléphone peut faire tellement de choses que nous n’avons plus besoin de personne. Pire, même : on se demande comment on pourrait s’en passer, ne serait-ce que quelques minutes. Décryptage, chiffres à l’appui, d’un phénomène qui nous dépasse. Par Marie Geukens

Si j’oublie mon smartphone à la maison, je n’ai rien à chercher, aucun itinéraire, aucun endroit où manger, et comme personne ne peut me joindre, je n’ai à tenir compte de personne. Conséquence : je me sens déresponsabilisée », confie Zita, 23 ans, étudiante. En théorie, ce sentiment pourrait être agréable, mais 40 % des Belges se sentent stressés s’ils ont oublié leur téléphone à la maison. Ordinateur portable et GPS, le téléphone planqué dans notre sac occupe toutes nos pensées et détermine nos actions. Passer des appels téléphoniques est presque devenu accessoire : payer, réserver des hôtels, prendre des rendez-vous, photographier, consulter des avis, vérifier des faits, … La liste est interminable. Une personne sur cinq abandonnerait même la voiture si elle devait choisir entre ce moyen de transport et un smartphone. Pour pouvoir utiliser toutes ces fonctions, il faut - c’est évident - que la batterie ne soit pas vide. Le fabricant de téléphones OnePlus a chargé Direct Research de mener une étude approfondie sur le sujet, en Belgique et en Angleterre : 64 % des Belges ne sortent jamais de chez eux sans smartphone. 31 % vérifient deux fois s’ils l’ont avec eux avant de quitter la maison. L’ANGOISSE DE LA BATTERIE FAIBLE

« Je ne peux plus imaginer ma vie sans cet engin », déclare Els, 53 ans. « Je veux être disponible et qu’on puisse me joindre. Je ne partirais jamais en voyage sans mon smartphone. » Comme 73 % des Belges, cette avocate considère qu’une batterie de qualité est le critère le plus important lors de l’achat d’un nouveau smart-

phone. À en croire un rapide sondage au sein de la rédaction de Marie Claire, il semblerait que personne ne sorte de la maison lorsque sa batterie est chargée à moins de 20 %. Les journalistes sont donc raccords avec les 33 % de Belges qui préfèrent être en retard, mais avec une batterie pleine. L’angoisse de la batterie faible concerne apparemment plus les femmes que les hommes. Selon les résultats du sondage mené de l’autre côté de la Manche, une femme sur deux - contre un homme sur trois avoue se sentir très anxieuse lorsque la batterie de son téléphone est faible. « Cette enquête montre à quel point nous nous sentons rassurés quand notre batterie est pleine », ajoute Tuomas Lampen, responsable de la stratégie en Europe pour OnePlus. Pour répondre à cette demande, la société a lancé une batterie qui passe de zéro à 100 % en 19 minutes. « Nous faisons en sorte que les gens ne restent pas coincés chez eux en attendant que leur téléphone revienne à la vie. ». La panique atteint son apogée lorsque le niveau de la batterie baisse visiblement lors de l’utilisation de Google Maps. « Vous essayez de faire une capture d’écran de l’itinéraire afin de pouvoir fermer l’application et de trouver votre chemin malgré tout, mais, au final, le téléphone se coupe tout de même », explique Zita. AMI ÉLOIGNÉ

Une fois cette batterie correctement chargée, le téléphone rendrait notre vie plus facile, plus efficace et plus rapide. Mais voulons-nous vraiment cela ? Professeure de culture numérique à l’Université de Gand, Mariek Vanden Abeele a mené, en collaboration avec le journal De Standaard, une • • •


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Les femmes subissent plus de désavantages liés à l’utilisation des médias numériques. « Près d’une femme sur cinq est terrifiée à l’idée que sa batterie tombe à plat lors d’un blind date » Étude OnePlus.

enquête citoyenne baptisée On/Off : « 56 % des répondants ont une relation problématique avec leur téléphone portable : ils souffrent de fomo, sont stressés, ou disent ne pas se sentir bien actuellement », précise la chercheuse. « L’équilibre entre les avantages et les inconvénients liés à l’utilisation des médias numériques est une quête très personnelle. Il s’agit de trouver où mettre le curseur en tenant compte de votre personnalité, vos habitudes et votre contexte de vie, comme le type de travail que vous faites et si vous avez des enfants », ajoute-t-elle dans une interview publiée dans De Standaard. Avec une moyenne de trois heures sur un appareil Android et 3,5 heures sur un IPhone, tout le monde peut se considérer comme un utilisateur fréquent. Selon le sondage OnePlus, 82 % des Belges pensent que nous en sommes devenus trop dépendants, et 47 % estiment que cela nous est dommageable. Zita a déjà supprimé plusieurs fois son compte Instagram et désactivé certains groupes WhatsApp. « Cela prend énormément de temps. En fait, les réseaux sociaux sont le plus grand fléau des smartphones.» Lorsqu’on lui demande si les téléphones portables la coupent de certains contacts sociaux, elle répond : « Lors d’un diner ou d’une soirée, si la conversation perd en intensité, les gens commencent à consulter leur téléphone. Ils vérifient si un message ou un WhatsApp est arrivé. Le plaisir d’être ensemble disparait. » De plus, les médias sociaux créent de la concurrence et de la jalousie entre les gens. 72 % des Belges pensent que les téléphones portables réduisent la fréquence et la qualité des contacts sociaux. Els a une vie bien remplie. Elle y voit donc un moyen de rester en contact avec son entourage. « J’ai tellement plus de contacts via mon téléphone portable : presque tout le monde l’a sur lui et, dans les moments creux, comme lors d’un trajet en voiture, vous pouvez facilement joindre quelqu’un et discuter. Je suis en relation avec beaucoup plus de monde maintenant. Si je veux voir mes proches, j’allume la vidéo, pas dans la voiture bien sûr. L’inconvénient, c’est qu’il devient moins urgent de se voir pour de vrai.» Jacqueline, 78 ans, entretient un rapport très positif avec son téléphone : « Notre vie sociale en est peu affectée. Après tout, ce n’est qu’un outil. Nous parlons encore à nos amis »,

plaisante-t-elle. Tous les jeudis, elle et son mari vont boire une bière dans un café où ils retrouvent de vieux amis. Pour Jacqueline, ce téléphone est un moyen simple d’avoir des nouvelles de la famille, de prendre rendez-vous avec ses filles. « Désormais, je paie également mes factures par téléphone, en partie parce que nous ne recevons plus de virements papier. La société vous oblige à vous mettre à la page. » Son mari (80 ans) n’a volontairement pas de téléphone portable : « Ça ne me manque pas, ma femme s’occupe de tout et je me sens plus libre que ces gens que je vois autour de moi avec ce truc dans les mains tout le temps. » LES FEMMES ET L’ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL

Mariek Vanden Abeele note également des différences hommes/femmes dans les premiers résultats : les femmes subissent plus de désavantages liés à l’utilisation des médias numériques. Tout comme les personnes qui travaillent ou étudient, elles sont plus souvent affectées par leur utilisation du smartphone que celles qui sont retraitées ou malades. Ces chiffres issus de l’étude sur la batterie montrent que près d’une femme sur cinq est terrifiée à l’idée que sa batterie tombe à plat lors d’un blind date, par exemple. Difficile, sans téléphone, de prévenir des amis si quelque-chose se passe mal pendant le rendez-vous. À peine 7 % des hommes s’en préoccupent. Idem pour l’utilisation du smartphone dans les transports en commun : pour 38 % des femmes, un trajet en train est le pire moment pour tomber en panne de batterie. Seuls 23 % des hommes estiment que c’est un problème. Pour le bus, le chiffre descend à 22 % des femmes contre 13 % des hommes. Selon cette étude, les trajets en transport en commun sont un excellent moment pour consulter les réseaux sociaux ou écouter un podcast. Si l’attente de chaque nouveau message entrant devient une obsession, cela signifie que vous êtes en hyper-vigilance numérique. Même si la chercheuse soutient fermement qu’il n’y a pas de lien direct entre l’utilisation du téléphone et les burnouts, « la corrélation détectée suggère que notre société ultra-connectée favorise ce trouble mental ». « Être constamment en alerte demande de l’énergie », explique Elke Geraerts, spécialiste de l’épuisement professionnel et de la résilience. « Quand on s’attend à quelque chose et qu’on sait qu’il va falloir réagir, on se met en alerte, un peu comme nos ancêtres face au danger. Cela déclenche l’hormone du stress, vous rendant encore plus vigilant et stressé. Si vous restez trop longtemps dans ce cercle vicieux, vous courrez le risque de vous épuiser. Vous pouvez facilement vous autotester en plaçant votre téléphone dans une autre pièce pendant un certain temps. À mesure que vous reprenez le contrôle de vousmême, vous vous sentirez plus calme », précise l’experte. Les derniers chiffres portant sur les maladies de longue durée montrent également que les femmes sont particulièrement touchées par le phénomène. Pour vous libérer de cette emprise, laissez régulièrement votre téléphone portable à la maison. Posez-vous aussi les questions suivantes : vous arrive-t-il de sortir sans téléphone portable ? Cela vous stresse-t-il ? Quand vous achetez un smartphone, vérifiez-vous la puissance de sa batterie, sa capacité de stockage ou les performances de son appareil photo ? Quittez-vous la maison avec moins de 20 % de batterie ? Avez-vous moins de contacts sociaux à cause de votre utilisation abusive de votre téléphone portable ? Et tenteriez-vous l’expérience d’un voyage sans votre smartphone ?

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Vu à E la télé Les personnages de séries devenus icônes de mode sont légion. Pensez à Sex and the City, Mad Men ou encore Dynasty… Autant de sagas qui influencent la mode de la rue depuis des décennies. L’arrivée des services de streaming tels que Netflix et Streamz n’a fait qu’accentuer ce phénomène. Pleins feux sur une tendance qui connait aussi ses ratages. Par Elspeth Jenkins

n seulement quatre semaines, avec 1,19 billion d’heures de visionnage au compteur, la s érie Wedne s day a été élu e « deuxième série anglophone la plus populaire sur Netflix ». TikTok a grandement contribué à ce succès. La danse - déjà culte - que l’actrice Jenna Ortega a elle-même élaborée pour la célèbre scène de bal de la série n’est pas seulement la choré la plus copiée de l’appli. Ses looks d’inspiration gothique sont également les plus scrutés du moment. Les séries influencent nos choix de vêtements et notre style. Chaque génération se reconnaît dans son personnage préféré. Qu’il s’agisse des robes corset victoriennes de Bridgerton ou du combo chandail/ cycliste années 90 de Lady Diana Spencer dans The Crown. Ce que nous voyons à la télé ou sur l’écran de notre ordinateur portable nous interpelle et nous fait acheter. En 2022, le moteur de recherche de mode Lyst a constaté une

PRESSE.

Barbie Ferreira, Cat dans Euphoria.


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1. Defilé automnehiver 2022 Diesel. 2. Hunter Schafer pour Prada.

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croissance de 194 % des recherches relatives aux pièces mode vues dans les séries et les films. L’impact de leurs personnages übercool sur la mode est avéré. Les retombées commerciales aussi, on s’en doute. L’exemple ultime : Euphoria. Les tenues et les maquillages inspirés de l’an 2000 portés par les protagonistes de cette série figurent au cœur de toutes les convoitises. Les looks de Rue, Jules, Maddy, Lexi, Kat et Cassie ont non seulement eu un impact sur la garde-robe des fidèles téléspectateurs de la génération Z, mais aussi sur les collections qu’ont lancé les designers établis. À l’occasion de son premier défilé pour Diesel en février 2022, Glenn Martens a fait défiler une véritable armée d’Euphoria sur les podiums, tandis que l’actrice Hunter Schafer (Jules dans la série) a été choisie pour défiler pour Prada dont elle est aussi devenue l’égérie. MODE ET CULTURE, UN CONCEPT

La psychologue de la mode Leen Demeester ne voit pas le lien entre

Emily in Paris : pas l’hystérie attendue, mais un succès mondial pour Essentiel Antwerp, grâce au pull porté par le personnage principal Emily Cooper.

mode et culture comme un phénomène, mais bien comme un concept à part entière. « Depuis les années 2000, les jeunes stars de la culture pop comme Britney Spears, Madonna et Lady Gaga affichent des looks détonants qui ont marqué leur génération. La musique, le cinéma, les séries et la littérature ont façonné la jeunesse et déterminent aussi ses looks. Ces éléments contribuent à façonner l’expression de notre culture : depuis l’adolescence et ses tâtonnements jusqu’à la vingtaine, une décennie durant laquelle les jeunes sont plus aisés, pragmatiques et sûrs de leurs choix. Comme le prouve la série culte Euphoria, notre jeunesse est le début de notre vraie vie ; un moment où l’on fait un choix sur qui on est et ce qu’on veut. Dans cette série, aucun thème actuel n’est passé sous silence : fluidité des genres, surpoids et automutilation, amour lesbien ou transgenres : tous les jeunes en quête d’identité se posent ce type de questions. Clins d’œil à la génération grunge et Y2K (années 2000), les vêtements des personnages • • •


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“ La musique, le cinéma, les séries et la littérature façonnent la jeunesse et déterminent aussi ses looks. ” Leen Demeester, psychologue de la mode.

d’Euphoria sont à la fois portables et immédiatement reconnaissables. Ou, comme le dit un père dans Euphoria à son enfant : “ Je suis envieux de ta génération parce que tu te fiches du pourquoi.”

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LIBERTÉ DE CHOIX !

Bien avant Euphoria, Carrie Bradshaw dans Sex and the City encourageait les femmes à échanger leurs ballerines contre des Manolos et à porter des tutus pour déjeuner. Tout le monde connaissait le nom de la styliste responsable des looks de Carrie. La desi-

gner Patricia Field a d’ailleurs vu sa carrière prendre un nouveau départ à Sex and The City. Pendant vingt ans, elle a été considérée comme un véritable gourou mode, capable de transformer, d’un coup de cintre magique, n’importe quelle série en un concept branché. Et si cette recette a fonctionné pendant deux décennies, avec Emily in Paris, tout ne s’est pas passé comme prévu. À la base, l’idée des producteurs était de lancer un programme destiné à une nouvelle génération de téléspectateurs. Patricia Field a été invitée à créer les looks des personnages principaux. Contre toute attente, la sauce n’a pas pris. Un peu comme si le style des personnages semblait forcé. Si les tenues branchées et organiques d’Euphoria ont fait un carton, Emily Cooper et ses looks trop mode n’ont pas inspiré les jeunes à se ruer dans les boutiques. Peu de gens ont eu envie, à l’instar d’Emily, de faire du shopping dans des bottes vert vif en peau de serpent et mini-jupe argentée assortie. Même si, on s’en doute, les créateurs et les marques en rêvaient, la série n’a pas fait le buzz. Beaucoup y ont vu une caricature de ce à quoi devrait ressembler une série à succès sans grande originalité. « Quelle fille dans la vingtaine a le budget pour se procurer toutes les pièces tendances et les accessoires coûteux portés par Emily ? Le prix élevé des pièces en question et leur caractère non durable ont forcément

déplu à de nombreux jeunes », précise Leen Demeester. « La mode actuelle ne nait plus dans les studios, mais bien dans la rue. C’est ce qui explique la démocratisation du secteur ; une démocratisation instaurée par les jeunes eux-mêmes. » En 2023, ce qui compte, c’est le sentiment que nous procure une série, plus que le style. Nous nous intéressons maintenant à l’image globale, dans laquelle, par exemple, la bande son est tout aussi importante que le scénario. Considérez, par exemple, la musique des années 1980 de Kate Bush. Depuis le succès de Stranger Things, elle est redevenue extrêmement populaire. « La littérature d’Emily Bronte (connue surtout pour Les Hauts de Hurlevent) séduit les jeunes, très nostalgiques du passé », précise Leen Demeester. La série nous replonge dans une époque où « tout allait mieux ». Une autre raison qui explique l’obsession de la nouvelle génération pour les années 2000, avant la pandémie ou la récession mondiale. La mode, par essence, a pour objectif de nous plonger dans le même monde que celui du personnage principal de la série que nous aimons. La mode fait rêver et donne de l’espoir. Et si vous ne pouvez pas vous permettre ce haut court à 800 € que vous avez vu à l’écran, entrez dans une friperie et vous dénicherez la version originale de 2002. Plus authentique et meilleur pour l’environnement, c’est évident.

PRESSE.

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SUBSTANCE

MAGAZINE

Après un divorce et une ultime désillusion sentimentale, Audrey, 39 ans, n’attend plus rien de l’amour ni des hommes. Devant l’insistance de ses amies, elle accepte malgré tout de s’inscrire sur un site de rencontres… Où, alors qu’elle s’apprête à fermer son compte, quelques échanges vont bouleverser le cours de sa vie… Par Alexandre Duyck

MOI LECTRICE

“JE SUIS TOMBÉE AMOUREUSE AVANT NOTRE PREMIÈRE RENCONTRE” EN 2014, JE SUIS SÉPARÉE depuis six ans d’avec mon ex-mari. J’ai mes deux enfants en garde alternée, je vis à Paris. Bien sûr, depuis ma séparation, j’ai eu des relations avec des hommes. Des histoires pour la plupart sans lendemain. Ayant connu un divorce et tout ce qui va avec, je n’ai aucune envie de me replonger dans une histoire longue. Le célibat me va très bien, j’ai toujours été très bien avec moi-même et je retrouve une véritable liberté. Je ressens aussi une forme de pression de la part d’une société qui veut que, entre un divorce et l’établissement d’un nouveau couple, il faille prendre son temps, un peu comme après un décès. Comme si cela ne se faisait pas d’enchaîner deux histoires sérieuses si vite. Au bout d’un certain temps, j’essaie tant bien que mal de reconstruire une vie à deux avec un homme de mon âge. On s’entend bien, ça devient sérieux, je

lui présente mes enfants, il emménage même chez nous trois. Certes, me retrouver tous les soirs en tête-à-tête avec lui me fait revivre le passé mais je suis prête à passer outre, c’est confortable sentimentalement. Mais un soir, comme dans la chanson de Gainsbourg chantée par Jane Birkin, il me fait réellement le coup d’aller acheter des cigarettes. Il sort en disant qu’il revient dans cinq minutes. Sauf que les clopes, c’est une de ses aventures et qu’elle va le retenir toute la nuit. Il rentre le lendemain matin en tentant de s’expliquer. Pendant son absence, j’ai emballé toutes ses affaires dans des sacs-poubelles. Il retrouve tout sur le palier. Pendant que j’y suis, j’ai modifié le mot de passe de son ordinateur. Il a une réunion importante le lendemain matin, il m’appelle en urgence. Je vais le laisser me supplier en rigolant, je l’imagine devant ses collègues. Le nouveau mot de passe est “BÂTARD” et je suis prise d’un fou rire en l’imaginant l’écrire devant les autres. JE RESTE À NOUVEAU CÉLIBATAIRE PENDANT

PRESQUE UNE ANNÉE ENTIÈRE. Je ne veux plus rencontrer qui que ce soit, même pour une nuit. Personne ne m’inspire confiance, tout ceci ne rime à rien. Je ne crois plus en mon jugement et encore moins en les hommes. Mais au bout d’un moment, mes copines s’inquiètent pour moi et commencent à m’inviter à des soirées, en espérant que je rencontre quelqu’un. J’ai alors 39 ans. Je repars toujours seule de leurs fêtes, par choix. À cette période, tout le monde commence à s’inscrire sur des sites de rencontres, mais cela reste un peu honteux, plus vraiment tabou mais c’est considéré comme une marque de faiblesse, comme si on n’était pas capable de se débrouiller dans la vraie vie sans y avoir recours. Toutes mes copines sont pourtant inscrites sur des sites. On s e fa it des s o iré es “fiches”, o n débouche une bonne bouteille, on va sur “Adopte un mec” et on passe du temps à rigoler en épluchant les profils des gars qui nous ont envoyé des petites “baguettes magiques”, des likes nous incitant à entrer en contact avec eux. Le site est bien fait : les garçons peuvent juste nous demander de com-


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muniquer avec eux mais si nous ne donnons pas suite, il leur est impossible de nous contacter. Invariablement, ça finit par mes copines qui passent au crible, plus sérieusement, les fiches des hommes qui peuvent éventuellement me plaire. On regarde tout ça ensemble mais on utilise le compte d’une de mes amies. Moi, je n’apparais nulle part.

d’accepter sa requête. D’expérience, je m’attends à ce qu’il saute sur l’occasion pour engager la conversation. Et là, rien. Je me liquéfie de ne pas avoir de réponse dans l’instant et j’attends, comme une andouille. Et je m’en veux d’y avoir cru car après tout, visiblement , c’est juste un mec comme les autres.

Je finis par créer mon profil. Un texte plus drôle qu’aguicheur pour me décrire, un pseudonyme tiré de l’univers de la bande dessinée et des photos sur lesquelles je ne suis pas franchement “Miss Sourire” . Je crois être tranquille et, en même temps, je fais plaisir à mes copines. J’attire d’abord toute la fine fleur des chacals à la recherche d’une proie nouvelle qui commencent invariablement leurs messages par : “Kikou t’es tro belle la Miss !” Jusqu’au monsieur de 65 ans qui me trouve “rafraîchissante” et me vante les mérites des voyages en caravane. Je fais tout de même quelques rencontres sympathiques mais je coupe toujours court dès que je sens que l’autre peut commencer à devenir trop sérieux. Finalement, je recherche comment me désabonner et je recommence dans le même temps à aller dans des soirées en me disant que les rencontres dans la vraie vie, c’est sans doute mieux.

JE ME SUIS PEUT-ÊTRE TROMPÉE. Je reçois une notification, il vient de m’envoyer un message. Il est heureux que j’aie accepté mais ne peut pas me parler plus longtemps car il part en week-end avec ses enfants à la campagne. Je rentre dans une colère noire, persuadée que c’est un prétexte et qu’il a changé d’avis. Or moi, je regarde mon téléphone en permanence en espérant avoir de ses nouvelles. Bingo ! Dès qu’il a pu trouver du réseau, le soir, il m’écrit à nouveau et mon cœur s’emballe. Ses messages sont simples et touchants, et derrière eux se dessine un homme que je commence déjà à aimer. Je n’arrive plus à poser mon téléphone et à la fin de la journée, quand il me dit : “Je suis désolé, je dois y aller”, c’est un vrai déchirement. Il me dira plus tard être tombé amoureux de moi avant même de m’avoir rencontrée. Je ne me souviens plus précisément de notre premier appel téléphonique, deu x j o u rs a p rès , le d i m a n ch e. Je pense que c’est lui qui m’a appelée. Je me souviens simplement de la poussée d’adrénaline quand j’ai vu son numéro s’afficher. J’avais le cœur qui battait à cent mille quand j’ai décro-

UN JOUR, JE FAIS UN DERNIER TOUR SUR

M O N C O M P T E avant de le fermer. Je refuse toutes les demandes. J’ai juste une hésitation au moment d’en effacer une. Je décline tout de même et je me dis : je déciderai demain. Le lendemain, je retourne consulter mes messages en me disant : voyons s’il a relancé ou pas ! Il a renvoyé une invitation à discuter. J’épluche donc ses photos et son profil. Celui-ci me plaît bien, mais trois photos sur cinq ne me vont pas. Je ne réponds pas. Deux jours après, je retourne sur l’appli, décidée à fermer mon compte. Il m’a laissé une nouvelle demande de discussion. Je regarde à nouveau les photos et décide de ne retenir que les deux que j’aime. Et je me dis : ah oui, quand même… Je repose mon téléphone. Je me donne une heure de réflexion. Deux minutes après, je suis de nouveau en train de regarder les photos avant

ché, j’ai bredouillé et j’ai dû faire dix mille pas dans mon petit salon le temps de notre conversation. On allait se voir le jour d’après, et j’étais morte de trouille. Je jouais gros : j’étais déjà amoureuse. Je savais instinctivement que c’était lui. Il n’y avait rien de rationnel, rien n’était sûr, si ce n’est qu’il ne fallait pas que je rate cet homme-là. Je n’en ai pas dormi de la nuit et j’ai passé la journée au travail, montée sur pile électrique, à imaginer tous les scénarios et à me demander comment j’allais m’habiller le soir. Je ne voulais pas repartir de ce rendez-vous sans lui. Il m’a dit à quelle station de métro il m’attendait. Quand je suis sortie, je l’ai vu de l’autre côté de la rue, j’ai traversé, il s’est penché vers moi pour me faire la bise et sans réfléchir, je l’ai embrassé sur la bouche. Je me suis excusée tout de suite, il avait l’air heureux et étonné tandis que je me répétais : mais pourquoi tu as fait ça ? NOUS NOUS SOMMES PACSÉS DEUX ANS

PLUS TARD puis, comme je le lui avais demandé, comme il me l’avait promis, nous nous sommes mariés, entourés de nos familles et de nos amis. On ne s’est jamais quittés. Finalement, il est bien plus beau que sur ses photos. Reste une chose que je n’explique toujours pas : comment avons-nous pu tomber aussi amoureux l’un de l’autre en même temps, sans s’être rencontrés, sur la base de quelques messages, d’un appel téléphonique et d’une poignée de photographies ? »

“Je me souviens simplement de la poussée d’adrénaline quand j’ai vu son numéro s’afficher. J’avais le cœur qui battait à cent mille quand j’ai décroché (…). On allait se voir le jour d’après, et j’étais morte de trouille.”


80 MODE HISTOIRE(S) DE MODE SHOOTING Tout doux, tout chaud MYTHIQUE La Tank de Cartier

STORY Messika, racontée de l’intérieur


STYLE

96 BEAUTÉ

112 LIFESTYLE

NOUVEAUTÉS, CONSEILS, CONFIDENCES

DÉCOUVERTES ET SENSATIONS

Le sport, meilleur anti-âge SAINT-VALENTIN On se met au parfum EXPERTS Les dermatos sans fard ENQUÊTE

SAFARI La Tanzanie, le rêve en vrai

MONTAGNE Le nouveau Club Med de Tignes

INTERVIEW Le plaisir coupable de Benjamin Lavernhe


TRÉSORS De la maille fine, de la soie, de la couleur en touches subtiles et des bijoux : au cœur de l’hiver et des réserves du Mobilier National, l’esprit tendre des collections “croisière” défie les frimas et le temps. Photos Alexis Armanet Réalisation Marine Chaumien

DE DOUCEUR


Pull en mohair et robe en satin Fendi. Collier Lhassa, en métal doré Goossens, bracelet en veau Swift et métal doré Hermès, bague Malie Signature, en argent texturé et turquoise Malie Jewelry, mules Georgia, en cuir nappa A.W.A.K.E. Mode.

À gauche

Robe-chemise Playfull en popeline de coton et, à la main, collier flasque en cuir et métal laqué Lemaire, jean en denim de coton bio Karl Lagerfeld Jeans. Boucles d’oreilles Graines de Gemmes, en laiton doré et perles d’eau douce Goossens, collier pendentif en or et perle de Malaisie Moods by Silvie, bracelet Turner, doré à l’or fin Gas Bijoux, sandales en cuir nappa et perles A.W.A.K.E. Mode.


Robe lingerie en viscose durable Stella McCartney.

Collier Magnetic Enchaîné, en or jaune, turquoises et diamants Viltier, mules en chèvre velours Hermès.


Trench à double boutonnage bicolore réversible en gabardine de coton hydrofuge Weekend Max Mara, tunique saharienne en lin mélangé Sandro. Collier et bracelet maillon chaîne en or Anine Bing x MVB, sac

Le Foulonné, en cuir de veau velours et cuir de vachette

Longchamp.


Pull col roulé Boxy en laine alpaga, jean Wesley en denim, manchette Formes Abstraites Concaves, en laiton doré, ceinture Triomphe Frame petit modèle, en cuir et sandales en cuir Celine par Hedi Slimane.



Manteau et pantalon en viscose Giorgio Armani. Boucles d’oreilles Vertigo, en plaqué argent (à gauche) et Lilith, en argent 925 et marbre de Carrare (à droite), et jonc Déchaînée, en argent sterling Annelise Michelson,

couverture en mohair et laine Tekla, bague Malie Signature, en argent texturé et turquoise Malie Jewelry, sandales en cuir nappa et perles A.W.A.K.E. Mode.


Veste en tweed de coton, blouse en popeline de coton ornée de boutons bijoux et souliers slingback en veau velours et gros-grain Chanel, jean en denim de coton bio

Karl Lagerfeld Jeans.

Créoles en argent plaqué Anine Bing x MVB.


Veste en cuir souple, top sans manches en maille côtelée, jupe Psychedelic Flowers en matière technique, carré 90 Infinity Dots en soie et mocassins en cuir avec clous Louis Vuitton x Yayoi Kusama. Boucles

d’oreilles Studs LV, en or jaune et diamants Louis Vuitton.


Assistante Stylisme Maria Sofia Brennan. Mannequin Tomiwa/ Elite Model. Casting Arthur Méjean. Coiffure Sébastien Le Corroller/Airport Agency, assisté de Louma Sliti. Maquillage Tatsu Yamanaka/ Marie-France Thavonekham Agency. Nos remerciements au Mobilier National, dans les réserves duquel cette série a été photographiée. Production Workingirl.

Chemise évasée surdimensionnée en soie Max Mara. Bracelet manchette et bague Edge Diamants, en or et diamants Viltier, bottes en veau Héritage perforé Hermès.


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À LA FRANÇAISE La Tank Française de Cartier a vu le jour en 1996 et continue de séduire plusieurs générations aujourd’hui grâce à son allure classique et son indéfinissable supplément d’âme. La version 2.0 de ce best-seller plein de caractère rend hommage au cinéma hexagonal, ainsi qu’à la complexité et au raffinement indissociables du style français. Catherine Deneuve et Rami Malek en parlent très bien. Par lspeth Jenkins

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La montre Tank voit le jour en 1917. Succédant à la Santos, toute première montre-bracelet, elle en conserve les lignes épurées, faisant du boîtier, des cornes et du bracelet un seul et même élément. Le nom Tank Française se réfère à un état d’esprit frenchy, entre classicisme et sentiment de liberté. Cette dualité se traduit avec beaucoup de bravoure dans la nouvelle version de la montre : les cornes sont plus arrondies, les aiguilles, courant sur des chiffres romains, sont mises en valeur par la brillance de son relief et le bracelet de la montre forme une chaîne compacte mais parfaitement flexible, constituée de maillons denses qui se déplacent d’un seul tenant. Expression de la liberté et de la créativité si inhérentes à un esprit d’avant-garde, la Tank Française nous transporte à Paris. La campagne s’inspire du cinéma de la


MODE D’EMPLOI

STYLE

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RENCONTRE AVEC DEUX GRANDS NOMS DU CINÉMA À PROPOS DE LEUR AMOUR POUR UNE SEULE ET MÊME MONTRE.

Quelle est la définition du cinéma français ?

RAM I MALE K : « Catherine, comment définirais-tu le cinéma français?» CATHERINE DENEUVE : «Il y a plus de dialogues dans les films français. Les films américains sont centrés sur l’action, tandis que les films français commentent l’action.»

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Comédie ou film noir ?

RAMI : «J’apprécie les deux, mais j’aime particulièrement m’évader dans une comédie. Même quand je regarde quelque chose d’assez dramatique, pour moi, il doit toujours y avoir une sorte de légèreté.»

Qu’est-ce qui rend un film iconique ?

CAT H E R I N E : « L’acteur, l’actrice, la lumière, la musique, le son… Oui, surtout le son.»

Nouvelle vague ou nouvelle génération ?

RAMI : «Nouvelle vague sans hésiter, tout simplement parce qu e j’aime les approches révolutionnaires, notamment sur le plan artistique. J’aime les cinéastes qui osent sortir du système des studios et affirmer une démarche DIY.»

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INSPIRED BY THE FILM UMBRELLAS OF CHERBOURG.

CARTIER / GREG WILLIAMS / INSPIRED BY THE FILM PLACE VENDOME /

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nouvelle vague. Bien entendu, l’égérie de ce genre ne pouvait manquer à l’appel. Icône ultime des années 60, Catherine Deneuve, personnifie tant la Rive Gauche que la Rive Droite et s’accorde on ne peut mieux au look intemporel de Rami Malek. Ajoutons à ce duo la rébellion toute british de Guy R itchie, et on aligne sur le p ont Alexandre III une véritable dream team pour présenter cette fusion du chic français.

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1. Le film Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy comme source d’inspiration. 2. Le look parisien de l’acteur Rami Malek … 3. La Tank Française se veut l’expression de la liberté et de la créativité. 4. Une montre iconique dans une nouvelle version arrondie. 5. Catherine Deneuve sur le pont Alexandre III. 6. Catherine avec sa Tank Française dans le film Place Vendôme de 1998.

Si vous pouviez voyager dans le temps...

CATHERINE : «Alors je me réveillerais au XVIIIe, le siècle des Lumières.» RAMI : «J’ai toujours beaucoup fantasmé le Paris des années 20. Je pense que c’était très romantique, très exubérant. J’aime le paysage sonore du Café de Flore: l’ouverture de la porte, les tables que l’on dresse, la cacophonie des voix. Sans oublier toutes les histoires qui ont été écrites dans ce lieu mythique.»

Quel est votre montre Tank préférée ?

CATHERINE : «J’adore celle-ci, mais parfois je préfère porter un modèle plus petit. Pour moi, il doit être confortable, et surtout pas trop serré. La Tank Française ressemble à un bracelet, j’adore.» RAM I : « C’est aussi ma préférée. Elle peut être portée avec sophistication, ou en toute décontraction, c’est selon.»


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MODE D’EMPLOI

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Même celles qui n’ont jamais enfilé une pièce Guess gardent en mémoire les publicités de la marque de mode américaine. Des images instantanément reconnaissables qui sont à l’origine de son succès depuis plus de quarante ans. Par Timon Van Mechelen

« Nos publicités ne visent pas la promotion d’un vêtement, mais d’une attitude et d’un style de vie. Les fondations de notre maison, c’est une série d’images fortes qui ont joué un rôle décisif dans notre développement», affirme Paul Marciano. Ses frères ont conquis le marché américain du jean dans les années 80 avec le modèle moulant Marilyn à trois fermetures glissières, mais ce n’est que lorsque Paul s’est penché sur les campagnes que la popularité de la marque a explosé. Des photos en noir et blanc présentant des femmes magnifiques, surnommées les Guess girls, qui fixent l’objectif d’un air fougueux et sensuel. Elles ne portent pas nécessairement un jean, car c’est surtout l’atmosphère des photos qui intéresse le cadet de la fratrie Marciano. « J’étais convaincu que sans une image signifiante associée à la marque Guess, nous pourrions un

DAH LEN. DANIELA FEDERICI.

Les déesses Guess


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1. Anna Nicole Smith par Daniela Federici, 1996. 2. Laetitia Casta par Dah Len, 1997. 3. Naomi Campbell par Ellen von Unwerth, 1991. 4. Paris Hilton par Ellen von Unwerth, 2004. 5. Charlize Theron par Chuck Goodenough, 1994. 6. Estelle Lefébure par Wayne Maser, 1987. 7. Claudia Schiffer par Ellen von Unwerth, 1989.

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ELLEN VON UMWERTH. CHUCK GOODENOUGH. WAYNE MASER.

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jour passer à côté d’une saison ou d’une tendance et connaître une période de crise. » De Drew Barrymore à Claudia Schiffer en passant par Naomi Campbell et Anna Nicole Smith, la liste des égéries est impressionnante. Devenues aujourd’hui des noms incontournables, elles doivent presque toutes leur notoriété aux campagnes Guess. « La fille Guess allie toujours sensualité et classe. Elle est sexy et voluptueuse, mais jamais vulgaire ni cheap. Et elle doit avant tout avoir l’air en bonne santé, je n’ai jamais compris l’idéal de beauté héroïne chic », a, un jour, déclaré Paul. Au départ, il a beaucoup travaillé avec le photographe Wayne Maser, à l’époque débutant, mais ce n’est que lorsqu’il a rencontré Ellen von Unwerth, à la fin des années 1980, que les images ont revêtu le caractère unique et brut qui a permis à Guess d’entrer dans l’histoire. En collaborant avec une femme photographe, il a également coupé court aux critiques féministes croissantes à propos des photographies sulfureuses mises en avant par la marque. Bien des années plus tard, Guess n’a rien perdu de sa capacité à capter tous les regards et réédite son exploit visuel en mettant en scène une nouvelle garde de Guess girls, comme Gigi Hadid ou la star de la série Euphoria, Sydney Sweeney.


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MODE D’EMPLOI

ÉGYPTOMANIA Depuis plus de trois siècles, des éléments de l’Égypte antique émaillent l’histoire du costume. Ils suscitent aussi l’engouement chez les jeunes créateurs. Comme en témoigne la deuxième collection de bijoux que Valérie Messika consacre à cette période sous le nom de Beyond the Light, Opus 2. Par Timon Van Mechelen

« D’AU SSI LOI N QU E J E M’E N SOUV I E N N E, L’É GY PT E AN C I E N N E E ST U N E SO U R C E D’INSPIRATION DANS LE DOMAINE DE L’AR-

C H I T E CT U R E C O M M E D U D E S I G N. Son atmosphère empreinte de mystère exerce un effet hypnotique, toutes générations confondues. Cet univers inspire aussi une spiritualité puissante qui m’a toujours attirée », confie Valérie Messika. La créatrice de la marque de bijoux Messika a eu du flair car le monde des pharaons fascine plus que jamais. Des défilés de mode de maisons telles que Lanvin et Rick Owens aux expositions du moment comme Alexandrie : futurs antérieurs à Bozar, et Égypte. Éternelle passion au Musée Royal de Mariemont, dans le Hainaut. Cette dernière explore la fascination exercée sur l’imaginaire occidental par l’Égypte ancienne, qui

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1. La top-modèle Cindy Bruna sur le catwalk pour Messina. 2. Naomi Campbell a clôturé le défilé lors de la Fashion Week de Paris. 3. La mannequin Faretta Radic porte le collier Imperial Move sur un body Adidas. 4. Collier Rising Soul. 5. Boucles d’oreilles Imperial Move en turquoise.

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constitue précisément le point de départ de la collection signée Messika. « C’est parce que la civilisation de cette époque m’intrigue depuis si longtemps que j’ai estimé qu’il était temps de lui rendre hommage. » Un projet qui s’est traduit par le lancement, en juillet dernier, de la première partie de la collection Beyond the Light, que la créatrice française complète, aujourd’hui, par un deuxième opus.

lignes architecturales et de formes géométriques d’une grande pureté, la collection dégage une aura mystérieuse et intrigante. La créatrice a opté pour une réalisation très graphique. Le jeu de couleurs des pierres et des matériaux précieux confère aux bijoux ce caractère unique qui n’appartient qu’à Messika. « Opus 2 fait appel à un grand nombre de pierres précieuses de couleur comme la turquoise, la malachite et l’onyx. Elles enrichissent les créations, mais peaufiner l’harmonie de leurs couleurs a pris du temps. Beyond the Light compte à peu près 150 pièces. Mon équipe a réussi un véritable exploit en terminant l’intégralité de la collection en même temps. » Des diamants d’exception jouent par ailleurs un rôle majeur. Valérie Messika les a intégrés dans des bijoux à porter sur différentes parties du corps, de la tête au poignet en passant par la taille. LA MARQUE DE HAUTE JOAILLERIE A DÉVOILÉ SA COLLECTION À L’OCCASION D’UN DÉFILÉ À

PIERRE VÉREZ. GETTYIMAGES. PRESSE.

L A FA S H I O N W E E K D E PA R I S E N S E P -

« CETTE COLLECTION NE S’INSPIRE PAS DE L’ÉGYPTE AU PIED DE LA LETTRE, MAIS RÉINTERPRÈTE PLUTÔT SES FORMES, SES SYM-

BOLES ET SON ÉNERGIE. Je voulais les amener à un autre niveau, créer une dynamique moderne et contemporaine autour de cette civilisation ancienne tellement envoûtante. Beyond the Light, c’est aller au-delà de la lumière, au-delà du réel, se surpasser. » Grâce à la combinaison de

T E M B R E . Des mannequins comme Naomi Campbell, Cindy Bruna et Taylor Hill ont arboré ses prestigieux bijoux sur des tenues de sport Adidas. Les colliers en diamants d’exception rehaussaient des shorts et des brassières en lycra, ainsi que des vestes métalliques étincelantes nouées négligemment autour de la taille. Le tout à rebours du glamour classique du tapis

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rouge généralement associé à ces pièces exceptionnelles. « À travers cette collection, j’ai voulu mettre en valeur la diversité de mes créations, notamment en les présentant sur une multitude de femmes différentes par leur style, leur origine, leur couleur de peau... Cette année, un homme a également pris part au défilé pour souligner que l’époque où l’on faisait une distinction entre les sexes est révolue. Voir les bijoux en mouvement sur ces superbes corps a été l’aboutissement le plus extraordinaire et le plus authentique du dur labeur fourni par mon équipe. J’ai toutes les raisons d’être fière. »


MAILLOT DE BAIN ISABEL MARANT.


BEAUTÉ

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Les pouvoirs anti-âge du sport

Et si le meilleur moyen de conserver une silhouette souple, des muscles forts, des os solides, un moral au beau fixe et une peau radieuse était de pratiquer une activité sportive ? L’avis de nos expert·es et tous nos conseils pour entretenir sa santé et sa jeunesse en bougeant intelligemment.

S

e mettre en mouvement, c’est être vivant. C’est aussi – surtout ? – s’offrir une vie plus longue et en meilleure forme. Il existe de nombreuses études sur le sujet. L’une d’elles (1) a montré en 2014 que l’exercice stimulait le gène SIRT-1, dit « gène de la longévité ». « Les améliorations épigénétiques et biologiques induites par l’activité physique se traduisent par un allongement de la durée de vie en bonne santé », résume le Pr Gilbert Deray dans son livre Choisissez votre destin génétique (2). Concrètement, si on regarde des disciplines comme le taïchi, le qi gong, le hatha yoga, elles sont pratiquées de façon traditionnelle en Asie par des personnes parfois très âgées. « L’idéal est de commencer avant de sentir que son corps vieillit, pour prévenir

Par Claire Dhouailly Photos Julien Vallon Réalisation Darcy Backlar

un maximum de désagréments. Si l’on a globalement une bonne hygiène de vie et que l’on est régulier dans ce que l’on fait, on pourra à tout âge progresser ou, au minimum, ne pas régresser », assure la coach Helen Haynes (3). La régularité est la clé et mieux vaut bouger un peu que pas du tout. « Éviter de se dire : si je ne fais pas une heure de sport chaque jour, ça ne sert à rien. Se mettre la barre trop haut est voué à l’échec. Je recommande toujours de se lancer en choisissant un exercice à réaliser une minute chaque matin. C’est la porte d’entrée pour s’y mettre vraiment. On va y trouver du plaisir, un mieux-être et petit à petit en faire plus », souligne-t-elle. À côté des pratiques quotidiennes (pour se tonifier, s’assouplir…), on pourra aller plus loin avec une séance complète de sport par semaine, puis peut-être deux et enfin trois, un rythme idéal pour voir son corps et son quotidien se transformer. Attention, cependant, à ne pas

tomber dans l’excès : pratiquer une heure chaque jour d’une activité cardio intensive (course, boxe, cycling en salle, hot yoga…) peut au contraire épuiser l’organisme. « Cela acidifie le corps, qui puise où il peut les minéraux nécessaires pour contrer cette acidité. Conséquence : cela fragilise les os, les articulations, la peau », insiste la coach Lucile Woodward (4). Le cardio trop fréquent fait aussi fondre la masse grasse, ce qui en vieillissant n’a pas que des avantages : cette fonte est renforcée au niveau du visage et donc les traits se creusent. Le programme optimal ? Quelques minutes quotidiennes d’exercice associées à trois séances par semaine, en combinant un sport cardio avec une ou deux pratiques qui renforcent et étirent. On y gagne quoi précisément ? Éléments de réponse. 1. National Institute of Aging (NIA/NIH). 2. Éd. Fayard. 3. @helenhaynespilates. 4. @lucilewoodward

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Des muscles plus toniques TONICITÉ est un bon point si on se soucie de son allure, pour conserver une silhouette plus galbée. Les muscles consommant beaucoup d’énergie, même au repos, ils aident donc à augmenter le métabolisme de base, avec comme effet de prendre moins de poids au fil des années. Même si on se soucie peu de son apparence, une musculature tonique a son importance : elle est là pour assurer mobilité et gainage, deux éléments qui font la différence quand on vieillit. « Un centre gainé – des abdos – est la clé pour conserver une bonne stabilité et prévenir les d o u le u rs c o m m e le m a l d e d o s » , explique Helen Haynes. Des jambes solides sont aussi indispensables pour être stable, mobile et bouger sans difficulté et sans se faire mal. Pour savoir où on en est, on peut faire le test dans le bus ou le métro de rester debout sans se tenir à la barre et de s’asseoir et se relever sans s’appuyer sur le dossier. Vous trouvez l’exercice compliqué ? Pensez à vous renforcer. Comment ? « Ce qui fonctionne : les positions où l’on maintient son poids du corps, debout ou sur une jambe », résume la coach. Le yoga, avec ses postures de guerrier, est parfait, tout comme l’escalade qui sollicite intensément les jambes et les abdos. Au quotidien, on peut aussi faire des squats, s’asseoir et se relever dix fois sur une seule jambe, puis sur l’autre. Faire la planche est aussi indiqué pour un gainage complet du corps. On commence par trente secondes, puis une minute, puis on tient de plus en plus longtemps. « Le renforcement en salle est aussi intéressant à condition de ne pas surcharger en poids et, surtout, de faire les répétitions en conscience, sans chercher à aller vite mais plutôt à créer un allongement dans le corps. Sinon, on compresse et c’est contre-performant. Il est important de faire du muscle tout en créant de l’espace dans la colonne, dans les articulations », souligne Helen Haynes. Suivre une séance avec un coach permet d’apprendre à bien se placer et à bien réaliser les séries de renforcement.

Une peau plus belle

Un mental plus fort

LES SPORTIFS DE PLUS DE 40 ANS ONT UNE

L’EXERCICE PROVOQUE LA LIBÉRATION DE

que les sédentaires, à raison de trois heures d’activité physique par semaine, selon une étude canadienne*. Cela peut s’expliquer par la meilleure oxygénation et nutrition des cellules cutanées sous l’effet de la stimulation de la circulation sanguine. La lymphe circulant mieux, les toxines sont aussi mieux éliminées. De plus, quand les muscles sont toniques et développés, la peau est comme gainée de l’intérieur. Elle se relâche donc moins. Pour l’anecdote, en rencontrant la danseuse russe Anna Pavlova, Nadia Payot, la fondatrice des instituts Payot, fut frappée par la jeunesse de son corps, comparée à celle de son visage. Et c’est ainsi qu’elle lança dans les années 20 ses techniques de gym faciale. PEAU DE DIX À VINGT ANS PLUS JEUNE

(*) Exercise as a Countermeasure for Aging From Mice to Humans, du Pr Mark Tarnopolsky, 2014.

SÉROTONINE, d’endorphines mais aussi d’endocannabinoïdes, des substances du bien-être. Les bénéfices vont même plus loin, puisque l’activité physique améliore aussi les fonctions cérébrales comme la mémoire, la concentration. Comment ? Elle augmente le nombre de connexions dans le cerveau et favorise la pousse et repousse des neurones. Comme après un accident cardiaque, l’exercice après un accident cérébral est fortement recommandé. Surtout, le plaisir est fondamental : « L’activité que l’on fait ne doit jamais être une punition. Le bonheur de bouger doit être le moteur. On doit pouvoir retrouver ce plaisir du mouvement que l’on avait enfant », insiste Helen Haynes. Si on n’a pas une biologie qui nous rend fanatique de l’effort, choisir une discipline qui nous donne le sourire est plus qu’indispensable pour être assidue.

T-SHIRT NIKE SUR SARENZA.COM. CULOTTE CHANTELLE.

ENTRETENIR SA MASSE MUSCULAIRE ET SA


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Un cœur et des os plus solides

Une plus grande souplesse

LE S PORT R E N FORCE E FFICACE M E NT LE

ÊTRE SOUPLE COMMENCE AVEC DE BONS

SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE. À l’inverse, la sédentarité augmente le risque de maladies et d’accidents en favorisant la prise de poids, la hausse de pression artérielle, la création de dépôts graisseux dans les artères… D’ailleurs, aux personnes qui ont eu un accident cardiaque, on recommande aujourd’hui l’activité physique. Le Pr Gilbert Deray mentionne également qu’une « inversion du vieillissement cardiaque a été rapportée dans une étude américaine* chez des personnes âgées de 45 à 64 ans après deux ans de reprise d’une activité physique régulière. Ce bénéfice s’observe à tous les âges, y compris très élevés ». Sous l’effet du mouvement, tous les organes sont mieux irrigués. Le système digestif est activé. Tout circule mieux dans le corps. Ce sont les blocages qui créent les douleurs et maladies. « Le mouvement est guérisseur. En stimulant le cœur, on met en route les circulations sanguine et lymphatique, on oxygène tout le corps, les moindres petits capillaires, note Helen Haynes. Marcher chaque jour est la base indispensable pour obtenir des bénéfices. Et c’est accessible à tous. » Ensuite, pour monter d’un cran en termes de stimulation, on a le choix parmi les sports cardio : course, vélo, natation, tennis, boxe… Des disciplines comme le running, la boxe et le tennis ont, de surcroît, l’avantage de créer des impacts au sol, qui permettent de stimuler la solidité des os, un bon point quand les œstrogènes déclinent avec l’arrivée de la ménopause et ne sont plus là pour protéger la masse osseuse. E n réa c t i o n au x ch o c s , le co r p s fabrique en effet de l’os. « Si on ne peut plus courir ou faire des activités avec de forts impacts, en raison de douleurs aux genoux, aux hanches, on peut toujours danser chez soi, sautiller (pas besoin de sauter très haut), cela crée des petits chocs positifs. Je conseille de le faire le matin, de mettre de la bonne musique et de danser. On ferme les yeux, on se moque de ce à quoi on ressemble. Cela fait du bien et arrive au cœur dans tous les sens du terme », conseille Helen Haynes.

(*) Reversing the Cardiac Effects of Sedentary Aging in Middle Age-A Randomized Controlled Trial, in Circulation, janvier 2018.

Notre sélection pour rester en forme

MUSCLES, TONIQUES ET ÉLASTIQUES. En vieillissant, la masse musculaire diminue, les fibres musculaires raccourcissent et leur capacité d’étirement baisse. On perd de l’amplitude, on se raidit et on sursollicite alors les articulations. Pour préserver ses hanches, il est bon d’avoir des muscles fessiers en béton. S’assouplir commence donc par se muscler, avec le programme indiqué précédemment, en tenant compte de cette précision. « Il faut éviter de faire un seul type de sport de manière intensive car en sollicitant toujours les mêmes muscles, on crée une hyper-tonicité et une perte de souplesse », indique Lucile Woodward. Les pratiques comme le yoga, le Pilates, le taï-chi sont idéales car elles apportent du renforcement tout en étirant et assouplissant. « En complément d’une activité qui muscle, on peut ajouter du yin yoga ou du stretching pour travailler la flexibilité. Ne pas forcer pour ne pas se blesser. Le corps a souvent pris de mauvaises postures au fil des années et on a tendance à se voûter. Il faut y aller doucement pour retrouver des ouvertures du haut du dos, des hanches… Patience et constance sont les maîtres mots », détaille Helen Haynes. Chaque matin, faire le chat – dos rond-dos creux – pour assouplir la colonne est un bon réflexe ; en cours de journée, si on travaille sur ordinateur, faire des fentes basses (genou au sol) permet d’étirer l’ilio-psoas, muscle du bassin qui se rétracte en position assise prolongée, ce qui peut finir par entraîner une perte de mobilité, d’équilibre et des maux de dos.

1. UNE GOURDE RÉUTILISABLE de Dopper, 34,50 €. 2. DES COMPLÉMENT ALIMENTAIRE Beauty Focus Collagen + de Nu Skin,

84,13 € pour 30 sachets. 3. UN TAPIS DE YOGA de Nike via A.S. Adventure, 38 €. 4. UN CASQUE SANS FIL de JBL via De Bijenkorf, 132 €. 5. UN THÉ FEEL NEW de Pukka, 4,99 € pour 20 sachets. 6. UNE CORDE À SAUTER de Technogym, 80 €.

Assistante stylisme Agathe Gire. Mannequin Ingrid Medeiros/Milk Management. Casting Nicolas Bianciotto/IKKI. Coiffure Anne Sofie Begtrup/Wise & Talented. Maquillage Tiina Roivainen/Airport Agency. Manucure Adrienne Soter/B. Agency. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto, Florent Norcereau, Margot Bootz et Manon Benoiston.

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“ L’AMOUR ET LE PARFUM NE SE CACHENT PAS ” SHOPPING

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POUR ELLE

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1. ROMANTIQUE Rose douce, pêche et bois. Aqua Allegoria Rosa Rossa Forte de Guerlain, 139 pour 125 ml. 2. LIMITED Un flacon décoré par l’artiste Yayoi Kusama. Les Parfums Louis Vuitton x Yayoi Kusama, 320 € les 120 ml. 3. CHIC Un mélange de

lys, de tonka et d’héliotropine. Baiser Volé de Cartier, 106 € les 50 ml. 4. JOYEUX Un mix de bergamote, de rose et de patchouli. Miss Dior Blooming Bouquet de Dior, 76,70 € les 30 ml. 5. ÉLECTRIQUE Tom Ford a choisi la cerise, le jasmin, le musc et le poivre rose. Electric Cherry de Tom Ford, 315 € les 50 ml. 6. ÉPICÉ Une version moderne de la rose. Raving Rose de Dries Van Noten, 200 € les 100 ml. 7. PÉTILLANT Un parfum qui a l’éclat du champagne, Pink me Up d’Atelier des Ors, 230 € les 100 ml. 8. SAUVAGE Fruité, floral et sauvage, Dylan Purple de Versace, 114 € les 100 ml.

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Envoûtants, sexy, discrets, ludiques, les fragrances de la saison ont tout pour faire la fête à la Saint-Valentin. En voici une sélection. Par Kim De Craene

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POUR LUI

1. EXTRA LARGE Décadence en version XL. Guilty XL de Gucci, 216 € les 200 ml. 2. INTENSE Aromatique et sensuel. Cologne Intense Cypress & Grapevine de Jo Malone, 120 € les 50 ml. 3. À L’ITALIENNE Magnolia rehaussé de notes d’agrumes. Magnolia Infinita d’Acqua di Parma, 272 € les 180 ml. 4. SÉDUISANT Un parfum intense. Le Scent Magnetic for Him de Hugo Boss, 98 € les 50 ml. 5. AVENTUREUX Un mélange de sable, de pins et du parfum de l’océan. Hero de Burberry, 93 € les 50 ml. 6. SENSIBLE

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Un parfum iconique infusé d’iris. Parfum Armani Code par Armani, 87 € les 50 ml. 7. SPORTIF Frais, épicé, boisé. Spray Allure Sport-All-Over de Chanel, prix sur demande. 8. MAGIQUE Un élixir à la cardamome, au poivre noir et au patchouli. Invictus Victory Elixir de Paco Rabane, 141,90 € les 100 ml. 9. PUISSANT Une bouteille anniversaire en édition limitée. Aventus par Creed, 295 € les 100 ml.


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LES SECRETS

des dermatologues Vous rêvez d’une peau belle et éclatante ? Nous avons une bonne nouvelle : une routine de soin ne doit pas nécessairement être coûteuse et fastidieuse. Trois dermatologues réputés nous prodiguent leurs conseils. Par Kim De Craene

INGRID VAN RIET

DERMATOLOGUE COSMÉTIQUE À LA CLINIQUE CARPE À ANVERS QUELS PRODUITS ET ACTIONS COMPOSENT

période limitée, cette solution est, on vous rassure, sans conséquence.»

UNE ROUTINE BASIQUE ?

« Avant de commencer la journée, vous devez vous protéger des éléments nocifs, tels que le soleil, les toxines et la pollution. Cela peut se faire en utilisant une crème solaire, une poudre minérale et un antioxydant. En fin de journée, il faut purifier la peau pour éviter qu’elle subisse les effets de la pollution, de l’air, des climatiseurs, etc. Utilisez un produit réparateur ou calmant à base d’acide hyaluronique.»

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COMMENT TROUVER LE BON PRODUIT ?

« Assurez-vous d’examiner attentivement la liste des composants. Essayez d’éviter les perturbateurs endocriniens. Bien que ces outils soient souvent un peu trop stricts, des applications comme Yuka ou Inci Beauty sont très intéressantes. Par exemple, tous les produits contenant des conservateurs obtiennent de très mauvais résultats. Il faut parfois faire des compromis : si vous partez une semaine en bateau en plein soleil, un filtre solaire minéral ne suffira pas. Il faut ajouter à votre routine un filtre chimique. Pendant une

QUELS COMPLÉMENTS POUVONS-VOUS UTILISER EN PLUS DE NOTRE ROUTINE

« Plus la peau est lisse, plus elle est éclatante. Un peeling est idéal pour vous débarrasser des cellules mortes de la peau. Utilisez toujours un gommage adapté à votre type de peau.»

QUOTIDIENNE ?

« Je suis fan du botox, des boosters de peau et des lasers ; de petites interventions qui aident à lutter contre les rides et à prévenir leur apparition. Il ne faut pas avoir peur des rides, mais on peut légitimement refuser d’afficher un visage froissé ou fatigué. En tant que femme, vous êtes - malheureusement - souvent jugée sur votre apparence. À cinquante ans, je veux me montrer sous mon meilleur jour. J’ai donc recours à de tels traitements. Bien-sûr, il ne faut pas exagérer: dans notre clinique, nous trouvons important de privilégier le naturel.»

LES PRODUITS DE QUALITÉ SONT-ILS FORCÉMENT CHERS ?

« Je préfère acheter un produit plus cher que cinq produits bon marché. Un produit cher est souvent meilleur, mais en contrepartie, vous l’utilisez plus longtemps. Mon sérum préféré de SkinCeuticals est cher mais économique à l’utilisation.» QUEL EST LE PLUS GRAND MALENTENDU SUR LA BEAUTÉ ?

«Qu’il faut beaucoup l’hydrater. Une peau saine s’hydrate d’elle-même et n’a pas besoin de couches épaisses de crème.»

EN TERMES DE PRODUITS DE BEAUTÉ, PEUT-ON EN FAIRE TROP ?

«Je me demande souvent ce qui se passe lorsque vous utilisez vingt produits différents les uns sur les autres. À mon sens, ils se neutralisent et vous n’obtenez aucun bon résultat. Une base nettoyante, un sérum avec un antioxydant, une crème de jour et un maquillage minéral avec protection suffisent.» EXISTE-T-IL UNE SOLUTION IDÉALE POUR OBTENIR UN EFFET BONNE MINE ?

VOTRE MEILLEUR CONSEIL BEAUTÉ ?

«Demandez conseil à un expert une fois par an. Par exemple, une analyse de peau Visia permet d’établir un bilan de santé de la peau: les dommages causés par le soleil, les problèmes de pigmentation, les rides et les impuretés de la peau, sa structure, les pores et les bactéries présentes sont détectés. Une telle analyse permet d’obtenir une mesure objective qui nous permet ensuite de proposer des produits ••• et des traitements sur mesure.»


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SAMIRA BAHARLOU

CHEF DE CLINIQUE ET DERMATOLOGUE SPÉCIALISÉE EN ESTHÉTIQUE AUX HÔPITAUX UNIVERSITAIRES DE BRUXELLES QUELS PRODUITS ET ACTIONS COMPOSENT

important d’examiner les ingrédients actifs présents dans le produit.»

UNE ROUTINE BASIQUE ?

« Cela dépend de la peau. Je fais la différence entre une peau saine et une peau présentant un problème médical. Dans tous les cas, quel que soit votre type de peau, sa couleur et un éventuel trouble cutané, appliquer un SPF 50 est une bonne idée. Même en Belgique, il faut protéger sa peau, été comme hiver. Pour le visage, une cuillère à café de produit suffit. Un SPF aide à lutter contre les rides, la pigmentation et assure une peau homogène. L’hydratation est également cruciale. Utilisez une crème additionnée de céramide ou de glycérine, et éventuellement d’acide hyaluronique. Et n’oubliez pas de nettoyer votre peau en profondeur. Si vous transpirez beaucoup, faites du sport ou vous maquillez, vous pouvez même effectuer un double nettoyage.» COMMENT TROUVER LE BON PRODUIT ?

« Il faut connaître sa peau. Et savoir quel type de consommatrice vous êtes. Attachez-vous de l’importance au packaging ? Souhaitez-vous investir beaucoup d’argent dans votre routine ? Suivez-vous les dernières tendances ? La plupart des produits contiennent principalement de l’eau. Il est donc

EN TERMES DE PRODUITS, PEUT-ON EN FAIRE TROP ?

«Cela dépend de votre temps, de votre budget et de votre personnalité. La beauté, c’est comme la mode : une femme est minimaliste, l’autre aime l’opulence. Tout est permis et tout est possible. Les bases sont les mêmes pour tout le monde : il faut hydrater, protéger la peau et corriger les imperfections si besoin.» EXISTE-T-IL UNE SOLUTION MIRACLE POUR OBTENIR UN EFFET BONNE MINE ?

«La magie opère lorsque vous utilisez les bons produits et traitements, de la bonne manière et au bon moment. Vous ne pouvez pas utiliser la crème de votre sœur ou de votre meilleure amie. Vous devez choisir la crème qui vous convient. Faites-vous aider par un dermatologue. Notre peau change constamment : la peau d’une adolescente est différente de la peau d’une femme en ménopause. Cherchez toujours les soins les plus appropriés à votre profil.» À QUOI D’AUTRE DEVRIONS-NOUS FAIRE ATTENTION POUR CONSERVER UNE

pas trop d’alcool, évitez les aliments gras et industrialisés. Misez sur le poisson, les fruits et les légumes : tout ce que nos mères nous forçaient à manger. Bien-sûr, vous pouvez parfois boire un verre de vin ou manger un morceau de chocolat, mais faites-le avec modération.» LES PRODUITS DE QUALITÉ SONT-ILS FORCÉMENT CHERS ?

« Certaines personnes se méfient des produits bon marché. Ce qui est certain, c’est que les produits coûteux ont souvent un effet placebo. Par exemple, certaines marques font appel à des experts qui créent des textures qui vous donnent une fausse impression d’efficacité. Les textures sont souvent trompeuses et n’ont aucun effet sur le fonctionnement d’un produit. Mais le luxe continue à faire rêver une certaine catégorie de consommateurs.» QUEL EST LE PLUS GRAND MALENTENDU SUR LA BEAUTÉ ?

« Qu’il faut souvent exfolier la peau : certaines personnes pensent qu’un gommage permet de réduire les rides ou les problèmes de pigmentation. Mais l’utilisation excessive de rétinol, de gommages et de peelings peut endommager la barrière cutanée.»

BELLE PEAU ?

«Un sommeil et un repos suffisants sont importants. Le stress nuit en effet à la peau. Le sport, ainsi qu’une nourriture saine, peuvent également aider. Ne buvez

VOTRE MEILLEUR CONSEIL BEAUTÉ ?

«Même avec une routine de seulement cinq minutes par jour, vous pouvez obtenir un bon résultat.»

NOTRE SÉLECTION

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LES MEILLEURS PRODUITS POUR HYDRATER, PROTÉGER ET CORRIGER


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BERNADETTE IBRAHIM

MÉDECIN ESTHÉTIQUE CHEZ LAZEO

QUELS PRODUITS ET ACTIONS COMPOSENT UNE ROUTINE BASIQUE ?

« Un soin classique se compose d’un nettoyant, d’un sérum à la vitamine C suivi d’une crème de jour et enfin d’un SFP 50. Cette routine s’applique à tous les types de peaux. Notez que la vitamine C éclaircit la peau. Si vous avez la peau sensible, vous pouvez commencer avec un faible pourcentage et augmenter en fonction du résultat » EN TANT QUE CONSOMMATRICE, COMMENT TROUVER LE BON PRODUIT ?

« Je préfère les marques dermatologiques que l’on trouve en pharmacie, comme La Roche-Posay, CeraVe et SkinCeuticals. Examinez les ingrédients et la concentration des composants actifs. Si vous ne pouvez pas consulter un dermatologue, demandez conseil à votre pharmacien. La plupart ont de bonnes connaissances sur les problèmes de peau et proposent des produits pour tous les budgets. Vous pouvez même trouver des dermatologues qui donnent des conseils sur Instagram. Mais attention : ne vous contentez pas de suivre le premier skinfluenceur que vous croisez sur la toile. » QUEL COMPLÉMENT POUVEZ-VOUS UTILISER

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EN PLUS DE VOTRE ROUTINE QUOTIDIENNE ?

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« Le rétinol (ou la vitamine A) contribue à augmenter le renouvellement cellulaire et cutané. C’est un complément idéal, même pour les peaux sensibles. Dans ce cas, appliquez la technique du sandwich : étalez une couche de votre crème de jour, puis cinq gouttes de rétinol et terminez par votre crème de jour. Testez cette technique une fois par semaine. Si votre peau tolère le rétinol, augmentez lentement jusqu’à une utilisation quotidienne. » EN TERMES DE PRODUITS DE BEAUTÉ, PEUT-ON EN FAIRE TROP ?

« Il est important de savoir que votre peau n’a pratiquement pas besoin de produits. La peau prend soin d’ellemême naturellement. Buvez et dormez suffisamment et surveillez votre alimentation. À l’origine, les cosmétiques étaient utilisés pour traiter des troubles cutanés tels que les cicatrices et l’acné. Mais les gens s’inventent de plus en plus de problèmes. En réalité, même une crème de jour n’est pas nécessaire. Vous pourriez vous contenter d’une protection solaire. » EXISTE-T-IL UNE SOLUTION MIRACLE POUR UN EFFET BONNE MINE ?

« L’eau : buvez au moins un litre et demi par jour. L’eau hydrate votre corps de l’intérieur, plutôt que de l’extérieur. Votre renouvellement cellulaire fonctionne également la nuit. Mon conseil : dormez suffisamment. Mangez saine-

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ment en évitant les aliments industrialisés, gras et épicés. Sinon, les pores se boucheront et vous obtiendrez des points noirs. Ne vous privez de rien, mais faites preuve de modération. » LES PRODUITS DE QUALITÉ COÛTENT-ILS FORCÉMENT CHERS ?

« Pas forcément. SkinCeuticals est une marque haut de gamme, mais j’utilise leurs produits pour les peelings médicaux, pas pour un usage domestique. Mais si vous avez un certain budget à consacrer à votre routine beauté, n’hésitez pas à en acheter ! » QUEL EST LE PLUS GRAND MALENTENDU SUR LA BEAUTÉ ?

« Les deux arguments que j’entends le plus souvent : “ une bonne routine prend beaucoup de temps ” et “ les cosmétiques coûtent cher ”. En réalité, vous trouverez des produits vraiment abordables et de qualité. Construire une routine fiable peut prendre un peu de temps au début, mais une fois que vous aurez pris le pli, vous ne passerez pas plus de 5 minutes dans la salle de bain. » VOTRE MEILLEUR CONSEIL BEAUTÉ ?

« Utilisez toujours un écran solaire avec SPF 50. Si vous ignorez cette étape, vous aurez des rides et des taches de pigmentation. »

1. Cell Renewal Cream Hyaluron Activ B3 d’Avène, 42 € les 50 ml. 2. Exfoliant Clear Regular Strength 2 % BHA de Paula’s Choice, 34 € les 118 ml. 3. Sérum teinté HydroPure à l’acide hyaluronique de Jane Iredale, 54 € les 30 ml. 4. Ceramighty AF Eye Balm par Drunk Elephant, 58,90 € les 15 ml. 5. Sérum Pure Vitamine C10 de La Roche-Posay, 37,95 € les 30 ml. 6. Nettoyant visage peaux à tendance acnéique par Oy, 38,80 € les 50 ml. 7. Hyaluron-Filler Crème de Nuit d’Eucerin, 36,95 € les 50 ml. 8. Double Concentré Intensif Vitamine C2 de l’Institut Esthederm, 39 € les 10 ml. 9. Hyper Real Serumizer de M.A.C, 51,50 € les 30 ml. 10. Hyaluron Cellular Filler 3 in 1 Eye Concealer de Nivea, 24,99 € les 4 ml. 11. Crème Solaire UV Défense SPF 50 Oil Shield de SkinCeuticals, 43 € les 30 ml. 12. Mousse nettoyante purifiante Pure Foamer de Celestetic Cosmeceuticals, 24,70 € les 200 ml.


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TESTÉ ET (AP)PROUVÉ

LE NETTOYANT VISAGE L’étape la plus importante d’une bonne routine beauté est aussi la première. À condition de choisir une formule adaptée à votre type de peau, se laver le visage n’est en effet pas très compliqué. Rappelez-vous que sans cette étape, vos autres produits de soins ne servent à rien… Par Kim De Craene

NETTOYANT 27 DE COSMETICS 27 72 € pour 236 ml

★★★☆☆

★★★★☆

TIMON VAN MECHELEN, RÉDACTEUR EN CHEF POURQUOI ? « Ce nettoyant est composé à 90 % d’ingrédients d’origine naturelle et associerait l’efficacité d’une mousse nettoyante à l’effet hydratant d’une crème. De plus, il réduirait l’influence de la pollution sur la peau et améliorerait sa fonction barrière. En théorie, ça semble pas mal comme promesses. »

N°1 DE CHANEL POUDRE DE MOUSSE NETTOYANTE AU CAMÉLIA ROUGE DE CHANEL 49 € les 25 g

GEL NETTOYANT ANTI-IMPURETÉS DE CERAVE 11,95 € pour 236 ml

★★★☆☆

★★★☆☆

KIM DE CRAENE, RÉDACTRICE BEAUTÉ & LIFESTYLE

ELSPETH JENKINS, FASHION & STYLE DIRECTOR

MALVINE SEVRIN, CHEF DIGITAL FR

POURQUOI ? « Les produits Cosmetics 27 sont fabriqués à partir d’ingrédients naturels. Le nettoyant promet de redonner à ma peau son éclat d’origine. On note aussi que la fondatrice de la marque, Michèle Evrard, est Liégeoise. »

POURQUOI ? « Le nettoyant fait partie de la ligne N° 1 de Chanel, la gamme écoresponsable de la marque. J’ai juste besoin d’ajouter quelques gouttes d’eau à la poudre pour bien la faire mousser. Une bonne idée pour économiser de l’eau. »

contient pas mal de parfum, ce qui peut provoquer une irritation ou une réaction allergique chez les personnes ayant la peau sensible. A contrario, le parfum procure une sensation très luxe, un peu comme au spa. »

INCONVÉNIENTS ? « Après la première utilisation, j’ai de petites inflammations autour des yeux. Quand je regarde le manuel, je découvre que pendant le lavage, il faut de préférence éviter le contour des yeux. Si j’avais lu la notice, j’aurais donc pu éviter ce désagrément. »

APPROUVÉ ? « Ma peau n’est pas sèche et ne tiraille pas après le nettoyage, mais je n’ai pas non plus l’impression qu’elle est nourrie. J’éprouve une sensation de propreté, ce qui est assez agréable. Après quelques semaines, j’ai moins de problèmes d’impuretés et ma peau semble repulpée. Si cet effet se confirme, je suis fan ! »

APPROUVÉ ? «À l’exception d’une couche de mascara, que je n’arrive pas à enlever, le baume crémeux et doux élimine presque toute trace d’impuretés et de maquillage. Grâce à la poudre de bambou, ce nettoyant procure un peeling doux. Les pores obstrués sont nettoyés et les cellules mortes éliminées. J’ai un teint éclatant et une peau unifiée.»

INCONVÉNIENTS ? « La mousse fait partie d’une ligne de soins à base de camélia rouge, une fleur connue pour ses pouvoirs revitalisants et son effet préventif et correctif. Si vous investissez dans la mousse, vous devriez également acheter le sérum et la crème contour des yeux et de jour. Utilisé seul, le nettoyant ne tient pas toutes ses promesses. »

INCONVÉNIENTS ? « La mousse

APPROUVÉ ? « La texture est douce et crémeuse, la mousse laisse ma peau propre et hydratée et je me sens prête à appliquer mon sérum et ma crème hydratante. Pour un produit luxueux et durable, le prix me semble correct. »

POURQUOI ? « Le nettoyant visage pour peaux à tendance acnéique promet de purifier la peau en profondeur et de réduire les points noirs, les boutons et l’excès de sébum. Parfait pour ma peau grasse et l’acné hormonale au niveau de ma mâchoire. » INCONVÉNIENTS ? « Pendant la douche, je laisse le savon pénétrer pendant quelques minutes. Ce n’est pas une bonne idée, car des rougeurs apparaissent sur mon visage. La solution ? Rincer rapidement. » APPROUVÉ ? « Immédiatement après avoir utilisé le produit, ma peau est douce, nettoyée et débarrassée des excès de sébum. Cependant, après deux semaines, en ce qui concerne les boutons, je ne vois aucun résultat. Visiblement, il faut faire preuve de patience. Bien qu’il soit hydratant, je n’utilise le nettoyant qu’une fois par jour pour ne pas trop stresser ma peau. Parmi les avantages, je citerais le prix et le contenu XL. »

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LA MOUSSE OFF/ON DE DIOR 49 € pour 150 ml



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LA SÉLECTION DE LA RÉDACTRICE CONFIDENCES

Des produits tendance aux classiques updatés, notre rédactrice beauté vous propose chaque mois un aperçu des nouveautés les plus remarquables. Par Kim De Craene

UN RÉGAL POUR LES CHEVEUX

Une brosse qui aide à répartir le sébum lors du brossage pour maintenir l’hydratation naturelle des cheveux sur toute leur longueur ? Pour des cheveux brillants et un cuir chevelu sain ? D’accord ! L’Universelle Care & Shine de La Bonne Brosse, 120 €, chez labelchic-brussels.com

Kim De Craene, journaliste beauté.

UN BEST-SELLER REVISITÉ

La version remaniée du best-seller de Sisley, l’Émulsion Écologique, est composée de cinq extraits de plantes qui protègent la flore cutanée et l’aident à trouver et à maintenir le bon équilibre. Une pompe du flacon (0,47 ml) suffit pour prendre soin du visage et du décolleté pendant quatre mois. Je l’utilise jusqu’à ce qu’il soit complètement vide. Émulsion Écologique de Sisley, 229 € pour 125 ml.

MAQUILLAGE NATUREL…

TALENT BELGE

Inge Grognard, l’une des meilleures make-up artists belges, sort enfin son propre livre. Celui-ci contient des photos des looks qu’elle a créés tout au long de sa carrière. Un conseil qui n’y figure pas mais qu’elle a gentiment partagé avec nous : « Si vous avez un coup de blues, appliquez un peu de mascara sur le bout des cils et colorez vos lèvres en rouge. » Sur la photo : un look de Jurgi Persoons, AutomneHiver 1998-1999. Makeup 1989-2005, publié chez Zegris Books, en vente via copyrightbookshop.co.uk, 24,99 €.

… OU UN PEU PLUS EXCENTRIQUE

Mitzah Bricard, excentrique muse de Christian Dior, a été l’une des premières femmes à assumer le total look léopard. Elle est donc aussi un peu ma muse. À ne pas manquer : la nouvelle collection de maquillage en hommage à l’icône, habillée de l’imprimé léopard bien sûr.

INGE GROGNARD EN RONALD STOOPS. PRESSE.

Une peau saine n’a guère besoin de maquillage : elle est plus belle dans toute sa pureté. C’est ce qu’affirme RainPharma. Mais on a parfois envie d’accentuer certaines zones ou justement de les dissimuler avec subtilité. C’est pourquoi l’entreprise belge a développé une ligne de maquillage. Ne vous attendez pas à des paillettes ni à des tons flashy, juste à des basiques pour créer un look naturel.


Actu des marques Page réalisée par le service commercial

PUCCI X FUSALP

LA COLLAB’ QUI CLAQUE

Pour son 70ème anniversaire, Fusalp, créateur iconique de vêtements de ski, s’associe à Pucci, Maison florentine créée par le Marquis Emilio Pucci, alias « The Prince of prints ». Une capsule inédite de vêtements et d’accessoires aux couleurs vibrantes, pour le ski comme l’après-ski. Audace et enthousiasme, un ADN fort propre aux deux marques. fusalp.com

SÉZANE

MODE ÉTHIQUE

Fondée en 2013 par Morgane Sézalory, Sézane est la première marque de mode française née en ligne. Une mode engagée, éthique, conçue pour durer et un label certifié B CORP. Le Sézane Tour se poursuit avec l’ouverture d’une première adresse éphémère à Bruxelles. Un nouveau lieu pour des achats responsables qui font sens. Foulard CLEOPATRA Arabesque fleurie – 40 €. Pop-up store 35 rue de Namur, 1050 Bruxelles sezane.com

NATAN x CHRISTOPHE COPPENS HAPPY BIRTHDAY !

Maison Natan fête ses 40 ans ! Pour célébrer cet anniversaire, Christophe Coppens est invité comme directeur créatif et travaillera avec l’ADN de la Maison pour y ajouter son empreinte unique. Une collaboration spéciale qui se répercutera sur les collections, les accessoires, l’imagerie, les boutiques, les défilés et autres évènements !

GINETTE NY

NEW STORE ALERT !

natan.be

KUNOKA

ŒUVRES D’ART

Bien plus que des chaussures, les créations Kunoka sont des œuvres d’art, caractérisées par l’imaginaire et l’inventivité d’Évelyne, designer à qui l’on doit des pièces hors des sentiers battus. Cette collection mêle matériaux naturels de haute qualité, des combinaisons de couleurs surprenantes et des textures inattendues. Colorée, joyeuse et confortable!

PRESSE. AURÉLIA DEJOND.

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INÉDIT C’est une première mondiale et une invention 100 % belge. Le label propose le premier cadre d’art photographique connecté, basé sur la technique du papier électronique. Une nouvelle expérience d’art, de culture et de design, grâce à un catalogue en constante évolution. Le cadre permet aussi de vivre des moments forts en temps réel grâce aux Stories. 1.350 € le petit format Jane, 3.250 € le grand format Linn. Abonnement Discovery avec accès au catalogue, 12,99 €/mois - ionnyk.com

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LIFESTYLE

1. 13 Paix : la maison

historique Cartier depuis 1899. 2. L’atrium inonde la boutique de lumière. 3. Un moment de repos au Salon Faune & Flore.

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LES FAÇADES DU LUXE

PRESSE.

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Cartier, Dior, Chanel, autant de maisons prestigieuses au propre comme au figuré. Les façades derrière lesquelles s’abritent, à Paris, ces marques de luxe, ont une histoire, elles aussi. Promenade. Par Elspeth Jenkins Adaptation Joëlle Lehrer

13 PAIX APRÈS UNE RÉNOVATION SIGNÉE PAR TROIS ARCHITECTES DE RENOM, CARTIER A RÉCEMMENT ROUVERT SON MAGASIN HISTORIQUE 13 PAIX. UNE ADRESSE MYTHIQUE OÙ LOUIS CARTIER ÉTAIT INSTALLÉ ET QUI PASSE POUR L’UNE DES PLUS BELLES BOUTIQUES DE PARIS.

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L’histoire de la façade en marbre noir du 13 rue de la Paix commence en 1898 lorsque Louis Cartier et son père Albert déménagent le siège de leur joaillerie du 9 boulevard des Italiens, l’adresse où la maison s’est développée durant quarante ans. Pour pouvoir s’agrandir, le duo s’installe dans la rue des Joailliers. L’architecte d’intérieur Bruno Moinard décrit le 13 Paix comme « la plus ancienne boutique Cartier au monde, mais aussi comme un palais vivant et un lieu de souvenirs ». L’identité stylistique s’est faite ici. La Belge Jeanne Toussaint, muse de Louis Cartier et directrice artistique, eut, dans ses murs, l’idée de la panthère noire, l’un des emblèmes de la marque. Les salons du 13 Paix, véritable ode à l’Art déco peuvent être visités. Le magasin lui-même occupe le rez-de-chaussée et les deux premiers étages du bâtiment. Le troisième est entièrement dédié à la gamme de services offerts aux clients. Le quatrième abrite les ateliers de Haute Joaillerie. Quant au cinquième et dernier étage, il recèle les archives, le jardin d’hiver et la résidence, un espace exclusif conçu comme un appartement pour accueillir des événements culturels. Pierre Rainero, directeur du style : « En un peu plus d’un siècle, cette adresse mythique a évolué et s’est adaptée à son époque. Pour rencontrer les attentes d’une clientèle toujours plus nombreuse, les espaces se sont agrandis. Grâce à l’atrium présent à chaque étage, l’ensemble du bâtiment est baigné de lumière. La verrière laisse entrer la clarté à tous les niveaux, créant la connexion entre les différents espaces. Ce dialogue fructueux entre les styles est également caractéristique de l’histoire de la maison. La rénovation de cette adresse historique peut être considérée comme la poursuite d’un chef d’œuvre à dimension historique. 13 Paix, c’est une sorte de musée qui renfermerait la boutique la plus chic du monde. » • • • 13 Rue de la Paix, Paris, cartier.com


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LIFESTYLE

1. Découvrez l’histoire de la Maison Dior à La Galerie Dior. 2. Le bureau de Monsieur Dior. 3. La façade se poursuit rue François 1er.

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30 MONTAIGNE L’ANNÉE DERNIÈRE, LA BOUTIQUE PHARE DE DIOR SUR L’AVENUE MONTAIGNE A ÉTÉ REPENSÉE ET AGRANDIE. DEPUIS PLUS DE SEPTANTE-CINQ ANS, LES COLLECTIONS DE LA MAISON PARISIENNE PRENNENT VIE DANS CES MURS.

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uniques signées Guy Limone, Jennifer Steinkamp, Johan Creten, Paul Cocksedge et Isa Genzken. Quant aux trois beaux jardins, ils ont été conçus par l’architecte paysagiste belge Peter Wirtz. 30 Avenue Montaigne, Paris, dior.com

KRISTEN PELOU. ADRIEN DIRAND.

En 1947, Dior présente sa toute première collection, The New Look, dans les somptueux salons du 30 avenue Montaigne. Désormais, après deux ans de restauration et de rénovation en collaboration avec l’architecte Peter Marino - ami de la maison depuis un quart de siècle -, le bâtiment est à nouveau accessible. Détail qui a son importance, la maison de couture est désormais ouverte au public. Le nouveau 30 Montaigne réunit le passé et le futur de Dior et sert non seulement de vaisseau amiral, mais aussi de salon et d’atelier de haute couture, ainsi que de studio de joaillerie. À cela s’ajoute La Galerie Dior, qui met en lumière le travail de Christian Dior et de ses successeurs : Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano, Raf Simons et Maria Grazia Chiuri. Pas moins de 1874 objets, dont 452 robes miniatures et 1422 objets en impression 3D, permettent de mieux comprendre la richesse du patrimoine de Dior. Chaque pièce met l’accent sur la créativité inhérente à la maison. La liberté et l’amour de l’art - si chers au fondateur - s’expriment à travers l’exposition d’œuvres


31 RUE CAMBON LE 31 RUE CAMBON EST L’ÉPICENTRE DU PATRIMOINE VIVANT DE CHANEL. GABRIELLE CHANEL AVAIT ACQUIS LE BÂTIMENT EN 1918 ET LE TRANSFORMA POUR L’ADAPTER À SON IDÉE DE LA MODERNITÉ. AINSI, LES CARACTÉRISTIQUES D’UN INTÉRIEUR FRANÇAIS CLASSIQUE FURENT REMPLACÉES PAR DES LIGNES ART DÉCO TRÈS ÉPURÉES.

La mythique cage d’escalier en miroir constitue l’épine dorsale de la maison. L’escalier commence au rez-de-chaussée et se termine tout en haut du bâtiment, en passant par les salons de haute couture, l’appartement de Mademoiselle Chanel au 2ème étage, le studio de création et, enfin, les studios. Le tapis beige se marie merveilleusement bien aux lignes géométriques de la balustrade Art déco. L’intérieur de l’appartement privé contraste quant à lui avec l’esthétique Chanel. Son style éclectique est marqué par la présence de pièces d’art et d’antiquités de la Grèce antique, de l’Égypte et de la Chine. Ce qui frappe d’emblée, ce sont les murs recouverts de paravents chinois antiques des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles assemblés sous forme de puzzle. Les portes font également partie du décor. Le numéro 31 est une invitation au divertissement, l’un des passe-temps favoris de la créatrice. Jusque dans les années 1960, les fêtes se déroulaient dans les spacieux salons couture du premier étage. Mais avec l’âge, Coco privilégia les dîners tranquilles entre amis. L’actrice Elizabeth Taylor et son mari Richard Burton comptèrent parmi ses invités. On raconte que lors d’un de ces dîners, Liz n’avait pas touché à son assiette. Elle semblait extrêmement nerveuse. Lorsque Coco lui demanda ce qui n’allait pas, l’actrice avoua avoir un rendez-vous avec la reine Elizabeth II le lendemain et ne savait guère à quoi s’attendre. Coco la prit à part pour lui montrer comment s’incliner devant la reine et lui chuchota que ce serait probablement Elizabeth II elle-même qui serait flattée de rencontrer la célèbre Elizabeth Taylor... L’appartement que Coco Chanel a quitté en 1971 est resté en l’état. Depuis 2013, il est classé patrimoine historique. Il n’est pas accessible au public, mais les photos donnent un bel aperçu de la personnalité et de l’univers de Coco Chanel : la femme qui, grâce à un look signature intemporel, a placé le style français sur la carte du monde. Ne manquez pas de passer par le magasin. Depuis la rue, vous pourrez repérer le début de la cage d’escalier situé au rez-de-chaussée.

FRANÇOIS HALARD.

31 Rue Cambon, Paris, chanel.com

1. Le cœur de l’univers Chanel depuis 1918. 2. Le fameux escalier au sommet duquel Coco prenait place pendant les spectacles pour regarder la scène. 3. Immersion à l’intérieur de l’appartement de Coco Chanel.

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LIFESTYLE

Échappée sauvage


1. La Tanzanie offre

des vues imprenables sur des plaines infinies. 2. Les tentes de Grumeti Hills.

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prisées par les amoureux de safaris et les aventuriers en quête des fameux « Big Five » que sont le lion, l’éléphant, le léopard, le buffle et le rhinocéros. 2

Au royaume des célèbres Big Five, la Tanzanie est l’une des plus belles destinations pour un safari. Le cratère du Ngorongoro et le parc national du Serengeti offrent à voir une concentration impressionnante d’animaux sauvages dans un cadre à couper le souffle. Par Malvine Sevrin

C TANGANYIKA. PRESSE.

omme pour bon nombre de personnes, « faire un safari » était inscrit tout en haut de ma bucket list. Et malgré tous les reportages vus à la télé et les clichés de rêve des brochures de voyage, rien n’aurait pu me préparer à la magnifique expérience que j’ai eu la chance de vivre. Dès mon arrivée à l’aéroport de Kilimandjaro, je saute dans un petit avion à d e s t i n a t i o n d e l ’a é r o d r o m e d e Kogatende, directement situé dans le Serengeti. Cet immense parc national de plus de 14 .000 m 2 est l’un des joyaux d’Afrique. Dans cet espace naturel préservé, les animaux sauvages règnent en maître des lieux. Du fait de la densité et la diversité des espèces présentes, c’est l’une des destinations

UN SPECTACLE UNIQUE

« Le Serengeti, c’est notre cadeau », nous lance fièrement notre chauffeur-guide à travers l’habitacle de la jeep qui nous conduit sur une piste cahoteuse dans la savane. Happée par la beauté sauvage des paysages qui défilent sous mes yeux, je reste sans voix. Après quelques minutes de route, nous croisons déjà des gnous, les premiers d’une très longue série. Ces bovidés à l’allure singulière sont les vedettes de l’une des plus grandes migrations du monde. Au rythme des saisons, deux millions de gnous traversent le Serengeti pour rejoindre le Kenya à la recherche de meilleurs pâturages. Le point d’orgue de cette épopée ? La traversée de la Mara River. Imaginez des troupeaux entiers de gnous et de zèbres se jeter à l’eau, au péril de leur vie, pour tenter de rejoindre la rive opposée. Et cela sous l’œil affamé des crocodiles qui ne sont jamais bien loin. Une traversée aussi dangereuse que fascinante dont tous les férus de photographie animalière rêvent d’être un jour témoins. Pour être aux premières loges de ce spectacle unique, c’est au Mara River Post qu’il faudra poser ses bagages. Ce camp compte seize tentes montées sur pilotis et surmontées d’un toit en chaume. Installé sur une colline qui surplombe la rivière Mara, il offre une vue imprenable sur la nature alentour. Depuis la terrasse de ma tente de luxe (literie confortable, salle de bain privée, meubles en bois), je contemple la savane qui s’étend à perte de vue. Une famille de babouins court dans les hautes herbes, tandis que des antilopes s’abreuvent à la rivière. De là, la signifi- • • •


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LIFESTYLE

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“ Le Serengeti, c’est notre cadeau ” cation du mot « Serengeti » prend tout son sens : dérivé de la langue massaï, il veut dire « plaine sans fin».

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TERRE SACRÉE

La Tanzanie, c’est aussi la terre des Massaï. Ce peuple d’éleveurs et de guerriers d’Afrique de l’Est qui mène une vie semi-nomade, entre le Sud du Kenya et le Nord de la Tanzanie. Ils vivent à proximité des parcs nationaux, au plus proche de la nature et sont les gardiens de nombreuses traditions. Si certains tours opérateurs proposent des visites de villages masaï, d’autres endroits permettent de vivre une expérience unique. C’est le cas de Rojo

Camp, un campement de seize tentes en toile, perdu au cœur d’une forêt d’Acacias. Ici la déconnexion est totale (pas de wifi ni réseau) et l’aménagement plus rudimentaire, mais rien ne manque. Pour chaque tente, de l’eau est chauffée chaque matin puis versée, à l’heure souhaitée, dans un seau relié à la douche. Un « shower is ready ! » donne le signal. Un délicieux repas aux saveurs locales est servi sous la grande tente commune. À la nuit tombée, on se réunit autour d’un feu de camp pour observer le ciel étoilé, auprès d’élégants massaï drapés dans une étoffe rouge à carreaux traditionnelle. Ce sont eux qui veillent le feu toute la nuit et s’assurent de tenir les animaux à distance des tentes. La quiétude du lieu, seulement interrompue par le crépitement des flammes, a quelque chose de magique. Si l’on tend l’oreille pendant la nuit, on entend les hurlements des hyènes. Une expérience immersive incroyable et sans aucun doute l’un des moments forts de ce voyage.

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1. Des troupeaux de gnous et de zèbres pendant la grande migration. 2. L’une des nombreuses rencontres lors d’un safari en jeep. 3. À Mara River Post, l’artisanat local se mêle aux matières naturelles.


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3 QUESTIONS À VÉRONIQUE ALOST,

DÉCORATRICE BELGE DES LODGES DE TANGANYIKA EXPEDITIONS COMMENT ÊTES-VOUS ARRIVÉE EN TANZANIE ?

Nous avons déménagé avec nos deux filles lorsque mon mari a décroché un travail à Arusha. Je me suis rapidement sentie dans mon élément. Je me suis intéressée au domaine du safari. J’ai appris la langue, à conduire un 4x4 et j’ai commencé par accompagner des groupes en safari jusqu’à devenir un couteau-suisse ! QU’EST-CE QUI VOUS PASSIONNE DANS VOTRE MÉTIER ?

J’ai étudié le stylisme et je faisais de l’accessoirisation dans des défilés, ce qui m’intéresse c’est la recherche de l’objet parfait. J’adore cette quête et la patience qui l’accompagne : me demander comment vais-je arriver à l’image que j’ai dans ma tête avec ce que je trouve autour de moi ? Je peux donc fouiller les marchés d’Arusha, faire les magasins en Afrique du Sud, transformer mes trouvailles ou encore m’entourer d’artisans locaux.

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QUELLE EST VOTRE APPROCHE ?

MALVINE SEVRIN. TANGANYIKA.

À PIED, EN JEEP OU DE NUIT

Des plaines infinies du Serengeti au majestueux cratère du Ngorongoro, la Tanzanie offre aux voyageurs des paysages à perte de vue et une faune abondante. Le safari, c’est l’occasion rêvée d’observer les fauves et autres animaux sauvages dans leur habitat naturel. En sillonnant en jeep les vastes plaines herbeuses, nous croisons sur notre route des impalas, zèbres, antilopes, babouins, gazelles de Thompson, élans, buffles, servals, dik-diks, autruches, phacochères, hyènes tachetées, girafes, crocodiles… Au fil des jours, les rencontres se multiplient et ne se ressemblent pas. Grâce aux yeux de lynx de notre guide, nous découvrons un léopard perché sur un arbre, surprenons un couple de lions en plein ébats. Nous observons, en retenant notre souffle, une lionne tapie dans les hautes herbes en train de guetter un jeune zèbre. Des girafes se régalent de feuilles dans les arbres. Un peu plus loin, un troupeau d’éléphants s’est regroupé à l’ombre d’un imposant acacia, tandis que des hippopotames prennent leur bain dans une mare odorante. Pour découvrir le bush africain sous un nouveau jour, direction Grumeti Hills. Ce camp situé à la lisière du parc national du Serengeti est en plein cœur de la Wildlife Management Area (WMA), un écosystème protégé. Construit sur la plus haute colline de la région, il offre une vue splendide à 360° sur le panorama depuis

Étant très visuelle, je crée un moodboard de couleurs pour chaque camp, mais pas de plan. Je vois l’espace dont on va disposer, et l’accessoirisation entre en jeu. De la petite cuillère aux draps en passant par les uniformes du personnel. Je crée toujours une ambiance différente du camp précédent, en variant les couleurs, les bois, les matières. Je ne veux absolument pas que le client ait la sensation d’être dans une chaîne. Je me laisse inspirer par l’environnement des lodges et travaille les éléments de la nature. Par exemple, je n’utiliserai pas un tissu massaï en dehors des terres massaï, ni de l’acacia dans un camp où il n’y en a pas dans les environs. Tout doit faire sens. Véronique Alost INFOS PRATIQUES

la piscine et les terrasses des tentes. Sa position lui permet de proposer une activité unique en son genre : le safari à pied. Supervisée par un ranger armé et un guide expérimenté, la marche débute en matinée au pied du lodge jusqu’au bord de la rivière Grumeti. Après une balade dans la brousse, on profite d’un copieux petit-déjeuner dans un cadre enchanteur. Un safari de nuit est également possible à bord d’une jeep électrique silencieuse pour observer la vie nocturne des animau x. Après autant d’émotions, quelques jours de repos sur les plages paradisiaques de Zanzibar ne seront pas de trop pour clôturer ce voyage et se repasser en boucle les images inoubliables de cette échappée sauvage.

Quand partir ? Entre avril et novembre pour

les safaris.

Où dormir ? Tanganyika Expeditions, l’un des

acteurs les plus importants du tourisme francophone en Tanzanie propose 10 lodges situés dans les endroits stratégiques des parcs et promeut un tourisme durable (véhicules électriques, gestion des lodges par des Tanzaniens, unités de production photovoltaïques, récupération de l’eau de pluie, etc.) Comment ? Tanganyika Expéditions organise des circuits sur-mesure et privatifs en 4x4 avec un chauffeur-guide local. Les prestations proposées sont de haute qualité (guides francophones expérimentés, véhicules récents et parfaitement équipés, etc.). Tanganyika est représenté en Belgique par le tour opérateur Travel Sensations. travel-sensations.com Comment y aller ? Qatar Airways propose des vols entre Bruxelles et Kilimandjaro avec une escale à Doha. Aller-retour en Classe Économique : 838 € ou en Classe Affaires : 3097 €. qatarairways.com


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Les bienfaits de la montagne magique Connu comme le plus grand domaine skiable au monde, Tignes accueille un nouveau resort du Club Med à hauteur des attentes des fans de la poudreuse. Avec un indice bien-être élevé et un green label certifié, ce « refuge » de montagne est unique. Reportage. Par Joëlle Lehrer

DEHORS, DEDANS

Le Britannique Billy Morgan, trentetrois ans, ex-médaillé olympique de snowboard, est venu à Tignes pour une démonstration. Et il n’en revient pas. D’habitude, il part pour son sport aux États-Unis ou au Canada. D’après ce

champion, après une semaine sur la neige de Tignes, on doit pouvoir être à l’aise sur une planche de snowboard. Outre ces sports de glisse, le Club propose aux téméraires de pratiquer la plongée sous la glace. Celle du lac se situant non loin. Les randonneurs, qui n’ont pas froid aux yeux, peuvent, quant à eux, se lancer vers les sommets. Le sport à l’intérieur et le bien-être font partie aussi de la palette d’activités proposées. Ainsi, la piscine, merveilleusement designée par JeanPhilippe Nuel (qui a conçu tout le design de ce club avec un focus sur les matériaux nobles et le savoir-faire

lo ca l) , es t lo n g u e de v i n g t- c i n q mètres. Ce qui permet aux nageurs de faire de vraies longueurs. Elle est, entre autres, décorée par L’ours bleu, une sculpture de Lucas Beaufort. Cet artiste, venu du milieu du skate, a bien saisi l’esprit actuel du Club. Dans la vibe des gens actifs comme de ceux qui veulent se la couler bien douce. MÉDITER, RESPIRER

Le spa, cet endroit délicat où l’on vous propose une « petite » pause de relaxation avant votre soin, offre aussi bien des soins du visage -ce que j’ai choisique des massages du dos et/ou des

PRESSE.

On peut parler de tour de force dans l’édification en bord de piste(s) de ce monumental bâtiment servant d’écrin au Club Med de Tignes, dans les Alpes françaises. Cinq années d’études et de travail, 130 millions d’euros de budget, une inventivité à tous les étages. Doté d’un certificat « green globe », le resort a été construit avec des matériaux à basse émission de CO2. Des panneaux solaires ont été installés sur les balcons, des pompes à chaleur chauffent les lieux, l’eau chaude est recyclée, le plastique abandonné… Autour du bâtiment, quatre mille arbres ont été plantés. L’a s p e c t é colo g i qu e s e p o u rsu i t jusqu’au recyclage des équipements de ski. Outre cette conscience environnementale, le Club a opté pour ce qui se fait de mieux en matière d’équipements de ski et de snowboard. La salle de ski-pro est juste spectaculaire. Avec une succession de matériel ultra performant, des skis aux casques. Les vestiaires voisins sont en bord de piste. Dès que l’on est prêt, on se lance…


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4 QUESTIONS À HEBERSON OLIVEIRA

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VOUS AVEZ MIS AU POINT LE « VIBHAVA YOGA ». QUELLES EN SONT LES CARACTÉRISTIQUES ?

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Je trouvais que le yoga tel que je le pratiquais avant n’était pas accessible mais difficile. J’ai voulu que le yoga s’adapte à chaque personne. Au bout de quelques années d’enseignement, j’ai compris que j’avais une méthodologie différente et facile à comprendre. Dans cette pratique, on travaille l’introspection, la respiration, la stimulation des organes internes, la posture et la relaxation. Cette méthode s’adapte aux besoins des gens et de la vie. On montre que le yoga, ce n’est pas ennuyeux.

1 Heberson Oliveira

1. La sublime piscine de 25 mètres de long. 2. Le plus grand domaine skiable au monde. 3. Designé par Jean-Philippe Nuel, le Club Med de Tignes met en valeur le savoir-faire local. 4. Heberson Oliveira, inventeur du « vibhava yoga ».

QU’EST-CE QUE LE YOGA APPORTE AUX SKIEURS ET SNOWBOARDEURS ?

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L’atelier dédié à l’après-ski se focalise sur la récupération musculaire pour mieux skier le lendemain. Et se centre également sur le renforcement musculaire comme sur l’assouplissement. C’est tout le protocole que j’ai développé pour le Club Med en montagne. C’est le yoga là où on ne l’attend pas. QUELS SONT LES BIENFAITS DE LA MONTAGNE ?

L’air y est pauvre en oxygène et donc, le corps produit plus de globules rouges et lorsqu’on descend de la montagne, notre énergie est renforcée.

QU’EST-CE QUE LE FAIT D’ÊTRE BRÉSILIEN APPORTE À VOTRE YOGA ?

Ma culture brésilienne m’a appris à m’adapter et à toujours trouver une solution. Je travaille en musique et j’invite les participants à sourire durant la pratique.

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jambes. Les skieurs ou snowboardeurs apprécieront. Mon esthéticienne a très rapidement cerné les caractéristiques de mon visage comme de ma personnalité. Et m’a tendu une prescription de soins que je pourrais adopter. Zen, soyons zen jusqu’au bout. Avec l’atelier yoga mis au point par le Brésilien Heberson Oliveira (lire son interview). Son « vibhava yoga » s’intègre parfaitement au milieu alpin et à l’esprit Club Med. Pour avoir suivi deux

cours, j’ai apprécié son attention, la gentillesse avec laquelle il explique et corrige les mouvements, le souci de notre bien-être qui passe avant tout. Si, à ce que l’on dit, on dort mal à la montagne, après un cours de « vibhava yoga », on s’endort très bien… Jusqu’à la prochaine salutation au soleil qui règne aussi sur les hauteurs de cette montagne magique. Infos Club Med Tignes : www.clubmed.be


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LIFESTYLE

MASTERCLASS

AU BAR DE JULIE NULLENS Cette trentenaire passionnée est la première femme élue meilleure bartender du pays. Sa particularité ? Elle est nomade et arrête son « bar à Ju’ » au gré des villes belges, dans une remorque qui compte bien emmener ses cocktails à l’étranger. Consacrée en 2022, elle a pourtant découvert la mixologie par hasard… Par Aurélia Dejond

Elle ne se fixe aucune limite, quand il s’agit de créer. Et puise son inspiration dans le quotidien : une rencontre, une saison, un parfum, une couleur…tout lui parle. « Je peux avoir un coup de cœur pour un fruit, un thème comme le carnaval ou un objet de déco, tout est prétexte à imaginer et oser ! », se réjouit Julie, qui a plus d’un millier de recettes de cocktails à son actif. Celle qui a été la première femme à s’imposer au très prisé concours national de l’ Union o f Belgium’s bartenders a bluffé tout le monde avec son désormais fameux Cuba Calva, à base de Pepsi Max, jus de citron, sirop de tabac maison, poire à l’Armagnac et Calvados. Au-delà de cette création, un questionnaire en anglais sur les produits de bar, un test olfactif à l’aveugle, sept minutes pour la réalisation d’un cocktail original pour


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SON COCKTAIL «GOOD VIBES» Les ingrédients : 4 cl de rhum ambré 1 cl de liqueur de poire 2 cl de jus de citron 2 cl de sirop de cannelle & badiane 6 cl de jus de pommes et rhubarbe 2 cl Aquafaba ou blanc d’œuf

La recette ultime :

cinq verres, la présentation au jury en anglais et le test de rapidité pour trois cocktails originaux. « L’épreuve était rude », confie la jeune femme. « Je pense toujours à l’aspect gustatif en amont de toute création, l’idée de la couleur finale et de la déco s’imposent naturellement. Le visuel est extrêmement important, on boit avant tout avec les yeux, le cocktail connote aussi une part de rêve et de rareté, c’est une boisson très à part qui est loin d’être un simple mélange : je sublime des produits, des saveurs, j’ose des mariages inattendus », sourit celle qui avoue adorer siroter…un mojito, ce grand classique « un peu bateau, mais tellement bon quand il est bien réalisé ! ». POURTANT, JULIE N’ÉTAIT PAS PRÉDESTINÉE À DEVENIR BARMAID. APRÈS DES HUMANITÉ S CLASS IQU E S, E LLE COM M E NCE D E S

PRESSE.

É T U D E S E N H I S T O I R E D E L’ A R T … E T

DÉCHANTE. « Je suis une hyper active, j’ai besoin de bouger, d’explorer, j’ai rapidement compris que cinq années d’unif ’ risqueraient de me faner. J’avais envie d’exploiter ma grande fibre créatrice ». Et elle se réinscrit en 5 e humanités à l’école hôtelière, un retour en arrière assumé

pour ne pas passer à côté de cette furieuse envie de ne pas brider son imagination. « J’ai été dispensée de la plupart des cours généraux, j’avais tellement de temps devant moi qu’un prof m’a poussée à me lancer dans des concours de cocktails. Révélation ! ». Au point de donner des cours ensuite à de futurs bartenders et d’ouvrir son propre bar itinérant*, avec le concours de son mari, qui a retapé une remorque pour que cette passion se déploie. « Ça me correspond davantage qu’une adresse fixe. Je plante mon bar pour l’ouverture d’une galerie d’art, d’une boutique, d’un after work ou d’un mariage… je crée mes cocktails en fonction d’un lieu, d’un thème, j’ai parfois carte blanche. C’est tout sauf routinier, je ne sais jamais où mon bar m’emmènera ! ». Et entre deux destinations, Julie crée ses propres sirops et teste ses créations chez elle, dans son bar « plus grand que dans n’importe quel hôtel ou brasserie ! ». QUANT À LA QUESTION DE GENRE, ELLE NE S’EST PAS POSÉE. « ON NE M’A JAMAIS FAIT

Mettre l’ensemble des ingrédients dans un shaker avec des glaçons et remuer de façon énergique de manière à obtenir une belle mousse. Pour obtenir une mousse parfaite, faites un dry shake. L’astuce ? Après avoir shaké une première fois, retirez les glaçons et shakez à nouveau. Servez dans un verre rempli de glace et décorez avec un peu de cannelle en poudre et des étoiles de badiane.

TRÈS MASCULIN. J’aime par contre un peu ‘ dégenrer ’ certains stéréotypes et guider les femmes vers d’autres sensations que le sempiternel sucré/fruité et proposer aux hommes d’oser sortir de l’amer. Quitter les stéréotypes est une valeur ajoutée ». Et pour démarrer l’année dans l’hiver qui s’étire, elle nous propose un cocktail hyper réconfortant qui ressemble à s’y méprendre à un dessert, « idéal à siroter après une grande promenade, avec un biscuit, ou pour terminer un repas de manière très gourmande ! ». Tchin tchin !

S E NTI R QU E J’ÉTAI S U N E FE M M E OU U N INTRUS DANS CE MILIEU POURTANT ENCORE

*bar-a-ju.be


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LE VOLUME 1

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VIKINGS ODIN - THOR - LOKI - SIEGFRIED...

Dans un monde né du choc de la GLACE et du FEU l’ORDRE lutte contre le CHAOS sous la menace du RAGNARÖK.

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* Hors prix du journal, en fonction des stocks disponibles.

EN LIBRAIRIE


LIFESTYLE

Poissons 19.2 – 20.3

ÉMOTIONS Vous pourriez avoir

du mal à cerner les motivations de quelqu’un ou à faire le tri dans vos ressentis. Mais Vénus vous promet une fin de mois radieuse. AMBITION Mercure encourage la communication, c’est une super période pour défendre vos idées. Mais gare à votre empathie, ne vous laissez pas absorber par les émotions des autres.

Bélier 21.3 – 21.4

ÉMOTIONS Vénus et Mars dynamisent vos échanges et vos relations. Un proche pourrait jouer un rôle important dans une rencontre (dès le 4). AMBITION Jupiter amorce la période idéale pour prendre des initiatives. Des négociations au point mort pourraient reprendre à partir du 19.

Taureau 22.4 – 21.5

Par Carole Vaillant

VERSEAU

21.1 – 18.2

Vénus amplifie votre pouvoir de séduction. Une relation récente risque de devenir très fusionnelle. Un rendezvous en vue ? Misez sur le 14.

GETTYIMAGES.

ÉMOTIONS

AMBITION L’élan dynamique de Mars vous permettra de venir à bout des résistances qui vous empêchaient d’avancer. Des négociations auront des chances de se débloquer (à partir du 13).

ÉMOTIONS Vies privée et professionnelle se télescopent un peu. Il se pourrait que vous soyez amenée à travailler avec votre partenaire ou que vous fassiez une rencontre sur votre lieu de travail (à partir du 4). AMBITION Le contexte est très harmonieux et la communication passe à tous les niveaux. C’est le moment de présenter un projet ou de faire bonne impression lors d’un entretien.

Gémeaux 22.5 – 21.6

ÉMOTIONS Vénus est en phase avec vos désirs. Résultat : plus d’opportunités de rencontres, des échanges éclairés et une vraie dynamique cœur-esprit pour vibrer en couple. AMBITION Des projets évoqués récemment pourraient devenir plus précis en début de mois. En revanche, ne perdez pas de temps en conflits inutiles.

Cancer 22.6 – 22.7

ÉMOTIONS Vénus ouvre la voie au changement, c’est le moment idéal pour faire des rencontres. À deux, une situation bloquée va se décanter en fin de mois. AMBITION Entre discussions tendues, interlocuteurs aux abonnés absents ou retards, Mercure va vous compliquer la tâche jusqu’au 19. La bonne nouvelle : une possible rentrée d’argent.

Lion 23.7 – 23.8

ÉMOTIONS L’air est plein de promesses excitantes. Le contexte sera ouvert aux rencontres et aux nouvelles expériences. À deux, Vénus entretient l’harmonie et le désir.

STYLE

129

AMBITION Comptez sur un climat très dynamique pour porter vos projets. Une collaboration pourrait vous ouvrir de nouveaux horizons. À valoriser : votre esprit créatif.

Vierge 24.8 – 23.9

ÉMOTIONS Vénus fait souffler un petit vent de renouveau sur votre vie amoureuse. À deux ou en solo, c’est une jolie période pour vous amuser. AMBITION Mercure vous aide à mettre en valeur votre point de vue. Blocages ou conflits devraient trouver des issues favorables à partir du 13.

Balance 24.9 – 23.10

ÉMOTIONS Vénus et Mars libèrent votre vie affective. Une relation naissante pourrait prendre une ampleur inattendue à partir du 14. En couple, vous serez au top. AMBITION Le contexte favorise l’expression créative. C’est un bon moment pour vous affirmer à travers vos réalisations. À prévoir : des problèmes de communication (jusqu’au 19).

Scorpion 24.10 – 22.11

ÉMOTIONS Vénus met en avant la notion d’intimité et de sécurité émotionnelle. C’est le moment d’amorcer des changements au sein d’une relation. Au top : le dialogue. AMBITION Comptez sur un climat dynamique et un super esprit d’équipe. Vous pourriez conclure un accord ou signer un contrat.

Sagittaire 23.11 – 21.12

ÉMOTIONS Votre ciel est en feu, vous pourriez être très excitée par une ou plusieurs rencontres. En couple, comptez sur un climat passionné, mais parfois un peu électrique. AMBITION Le contexte est toujours aussi dynamique mais propice aux tensions. Vous risquez d’être la cible de critiques ou de jalousies.

Capricorne 22.12 – 20.1

ÉMOTIONS Mercure relance le dialogue. Si vous étiez en désaccord avec votre partenaire, des solutions vont se profiler à partir du 19. En bonus, un charisme stimulé par le Soleil dans votre signe. AMBITION Le contexte est ultra-dynamique, comptez sur des résultats concrets et des opportunités de tirer votre épingle du jeu. À surveiller : une tendance à bloquer sur vos idées, restez à l’écoute.


STYLE

LIFESTYLE

AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?

QUE NE SUPPORTEZ-VOUS PAS QU’ON DISE DE VOUS ?

Je m’y suis habitué, même si je me méfie du miroir. On m’a expliqué qu’il inversait le visage…

Que j’ai les narines qui gonflent quand je joue une scène d’émotion. CITEZ TROIS AMANTS ET AMANTES RÊVÉ·ES AU COURS DE VOTRE VIE…

ÊTES-VOUS GARÇON OU HOMME ?

Régulièrement garçon dans ma vie d’homme.

Geena Davis, Kate Winslet, Carey Mulligan…

DORMEZ-VOUS LA NUIT ?

VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?

Beaucoup mieux que plein d’amis comédiens et comédiennes, beaucoup d’insomniaques… Je m’endors en dix minutes, mon cerveau s’arrête, je deviens con, c’est parfait.

Un thé et un carré de chocolat noir à 80 %. VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?

Star Academy en replay.

VOTRE MÈRE ÉTAIT-ELLE DOMINANTE OU SOUMISE ?

« Un savant mélange », ou bien « un fragile équilibre », question de point de vue.

LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?

Aime ! Et aussi : ne respire pas sous l’eau. LA DERNIÈRE CHOSE QUE VOUS AVEZ BUE ET MANGÉE ?

COMBIEN DE DROGUES VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ?

Le sucre (belle galère), le rire et des baisers. LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?

POUVEZ-VOUS PRENDRE UNE PHOTO DE VOUS ?

Le regard de ceux qui croient en vous plus que vous et qui, finalement, vous font croire en vous plus qu’eux. C’est clair ?

Un smoothie fruits rouges maison et de la canette (l’animal, pas le truc en aluminium), purée de potiron, céleri… LE GOÛT DONT VOUS AVEZ HONTE ?

Le zouk love, pas vraiment honte en fait… ÊTES-VOUS VIOLENT ?

Pas du tout, C’EST CLAIR PUTAIN ! ! ?

AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?

Je ne sais toujours pas quoi en penser… Mais les surnoms sont cool. J’aime bien Benjam’. FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?

S’adapter c’est le combat difficile à fuir. LA PREMIÈRE FOIS OÙ VOUS VOUS ÊTES SENTI LIBRE ?

La première fois que j’ai joué la comédie sur scène, en 4e au collège.

LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?

Au bon endroit.

SI VOUS ÉTIEZ UNE FÉE ET QUE VOUS POUVIEZ OFFRIR TROIS DONS À UN ENFANT NAISSANT, LESQUELS SERAIT-CE ?

L’émerveillement, la compassion, le second degré. 1. La dame de la mer d’Henrik Ibsen, mise en scène par et avec Géraldine Martineau, du 25 janvier au 12 mars au Vieux-Colombier. comedie-francaise.fr 2. De grandes espérances de Sylvain Desclous, avec aussi Emmanuelle Bercot, Rebecca Marder… En salle le 22 mars.

BENJAMIN LAVERNHE LE QUESTIONNAIRE

Découvert dans Le sens de la fête, le brillant sociétaire de la Comédie-Française poursuit une carrière aussi éclectique qu’originale. Avant qu’on ne le retrouve ce mois-ci sur les planches (1) puis en mars au cinéma (2), il nous dévoile ses petits plaisirs, entre chocolat noir, zouk love et Star Academy. Par Fabrice Gaignault

BENJAMIN LAVERNHE.

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HOROSCOPE

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MASTERCLASS Au bar de Julie Nullens

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NEIGE Les bienfaits de la montagne magique

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SAFARI Échappée sauvage en Tanzanie

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ARCHITECTURE Les façades du luxe

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TESTÉ Le nettoyant visage

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EXPERTS Les secrets des dermatologues

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SAINT-VALENTIN « L’amour et le

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ENQUÊTE Les pouvoirs anti-âge du sport

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MYTHIQUE À la française

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MOI LECTRICE « Je suis tombée amoureuse avant notre première rencontre »

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SOCIÉTÉ Vivre avec ou sans smartphone ?

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SOCIÉTÉ Quand le sport se dégenre…

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PHILO Cultivons la joie

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LIVRES

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EXCLUSIF Julia Roberts une chic lle

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RÉVÉLATION Pierre de Maere

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PORTRAIT Brad Pitt en 6 chapitres

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NEWS La pionnière oubliée

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AGENDA Expos et sorties

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REPORTAGE Ces Coréennes du Sud qui s’élèvent contre le patriarcat

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L’IMAGE DU MOIS

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ÉDITO

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GWYNETH PALTROW « Je suis heureuse d’avoir 50 ans »

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SUR LA LISTE DE FÉVRIER

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CONTRIBUTEUR·RICES

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pages 10-11
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