SOMMAIRE 8
ÉDITO
10 CONTRIBUTRICES 12 LA PHOTO DU MOIS
TENDANCES
14 SUR LA LISTE D’OCTOBRE 18 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES PAR MARIE CLAIRE K.ZIA est photographiée par Agneskena Visuals. Réalisation et stylisme Elspeth Jenkins. Make-up et coiffure Madma Silla. Veste Simone Rocha sur mytheresa.com. Collier et chapeau personnels.
SUBSTANCE ÉPOQUE
30 REPORTAGE Texas, les pro-IVG
entrent en résistance
36 NEWS La pionnière oubliée
38 INTERVIEW Rachel Fleminger
Hudson, artiste sous tension
CULTURE
42 AGENDA Expos et sorties
44 MUSIQUE Matthieu Chédid, rêveur
les pieds sur terre
46 CINÉMA
47 LIVRES Daniel Charneux, de la
tragédie à la compassion
TÊTES À TÊTE(S)
48 CONVERSATION Viola Davis « J’étais
une enfant coriace et je suis devenue une femme coriace »
MAGAZINE
52 PORTRAITS 6 femmes afro-belges
au top
60 ENQUÊTE TDA/H : une pathologie
sous-estimée chez les filles
64 SOCIÉTÉ Elles élèvent l’enfant
d’une autre
68 JOAILLERIE Des femmes iconiques…
et leurs bijoux de légende
72 PHÉNOMÈNE Garden mania
p. 30 Texas : les pros-IVG entrent en résistance
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AGNESKENA VISUALS. LAURA MORTON.
74 PSYCHO Petit éloge de la flemme
STYLE 80
MODE
L’art et la matière
90 FOCUS La montre Première
de Chanel
92 NEWS Haute joaillerie
94 FOCUS Breitling, à l’heure du surf
BEAUTÉ
96 DOSSIER La (re)prise de pouvoir de
la science
100 INTERVIEW Charlize Theron
« L’entraide nous rend humains »
102 MAKE-UP Humeurs d’automne
106 SUR MESURE Le nettoyant visage 108 TESTÉES Les crèmes de jour
anti-âge
109 FONDAMENTAUX Gaëlle van Rosen 111 CONFIDENCES La sélection de
la rédactrice
112 CONVERSATION Un nez sur le divan 115 ORDONNANCE John Nollet
LIFESTYLE
118 ÉVASION Cruising or not cruising ? 122 NEWS Design
124 MASTERCLASS Kevin Lejeune,
la surprise du chef
129 HOROSCOPE
MATHIEU RICHER MAMOUSSE.
130 LE QUESTIONNAIRE Barbara Abel
Manteau en laine et ceinture corset à femeture Éclair en cuir Dior. Ear cuff Rich Melina, en or et saphirs roses White Bird, ear cuff en or rose et diamants Repossi, mono boucle d’oreille Anaphore.
p. 80 L’art et la matière
MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.
RÉDACTEUR EN CHEF Timon Van Mechelen tvm@marieclaire. be DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be COORDINATRICE DE LA RÉDACTION Joëlle Lehrer jle@marieclaire.be DIRECTRICE DE LA MODE & STYLE Elspeth Jenkins eje@marieclaire.be JOURNALISTE BEAUTÉ & LIFESTYLE Kim De Craene kdc@marieclaire.be COLLABORATEURS Aurélia Dejond, Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl, Gladys Ferro, Etienne Heylen, Marie Honnay, Joëlle Lehrer, Malvine Sevrin, Madma Silla, Eva Thurman, Agneskena Visuals. CHEF DIGITAL MARIECLAIRE.BE/FR Malvine Sevrin mse@marieclaire.be malvinesev DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be rosaalieeb BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1 CHIEF OPERATING OFFICER (COO) MARIE CLAIRE Florian de Wasseige fdw@editionventures.be
SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Deborah Schols dsc@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Chief Marketing Officer) lmo@editionventures.be Carla Circiello (Campaign Coordinator) cci@editionventures.be Laura Collu (Campaign Coordinator) lco@editionventures.be EVENTS Noah Falcone (Event Coordinator) nfa@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be Print Production Coordinator / Amélie Eeckman aee@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl
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EDITION VENTURES CEO Bernard de Wasseige DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige IMPRIMERIE Quad/Graphics
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ÉDITO Une scène de La servante écarlate, une série qui montre comment un groupe d’hommes décide de ce qu’il advient du corps des femmes.
A
lors que je venais d’entrer à l’université, une amie m’a demandé de l’accompagner dans une clinique spécialisée dans l’IVG. Son compagnon l’avait quittée au moment où elle apprenait qu’elle était enceinte. Seule, elle ne pouvait pas subvenir aux besoins financiers d’un enfant. Moi, qui suis âgé d’une trentaine d’années, j’ai eu la chance de grandir dans une société où l’avortement est un droit évident. Pour quelques euros, ma copine a pu subir cette intervention à temps. Par la suite, tout le monde a essayé de la soutenir au mieux sans jugements, ni questions embarrassantes. Le combat pour le droit à l’avortement a été mené par les générations précédentes. Je n’ai jamais pensé que dans notre société occidentale, les femmes le perdraient un jour. Et puis d’un coup, il y a quelques mois à peine, la Cour suprême des États-Unis a décidé que le
droit à l’avortement garanti au niveau national - le très controversé Roe vs. Wade - allait être aboli. Je trouve hallucinant de voir comment les États-Unis, un pays pionnier dans la lutte pour nos libertés fondamentales, font marchearrière sur des droits acquis. En Europe aussi, de plus en plus de positions extrêmes émergent. Le fait que des politiciens (principalement des hommes) sans aucune empathie et sans tenir compte des conséquences psychologiques et physiques que leurs décisions occasionnent, puissent décider du sort d’autres personnes, me laisse un sentiment amer. Le fait que des partis d’extrême-droite s’attaquent au mariage homosexuel et à la contraception aux États-Unis rend cette situation encore plus effrayante. Dans ce numéro, nous accordons à nouveau une attention toute particulière à la lutte pour l’égalité et l’autodétermination. Des valeurs fondamentales, chères à Marie Claire et que toute notre rédaction tient à défendre avec ferveur. Ce mois-ci, nous
nous rendons dans le Texas ultra-conservateur pour recueillir des témoignages de patients, d’infirmières et de militants qui se battent pour le droit à l’avortement (p. 30). Nous avons également interrogé six femmes sur les questions de racisme et de discrimination à l’égard des minorités (p. 52). Nous vous expliquons enfin pourquoi les filles sont beaucoup moins susceptibles de recevoir un diagnostic de TDA/H que les garçons et comment cette réalité impacte leur futur sur le plan psychologique. Si ce numéro de Marie Claire se veut, comme à son habitude, très engagé, nous n’oublions pas de vous parler mode, beauté et art de vivre. Juste de quoi rêver. Un peu ou beaucoup. Bonne lecture !
Timon Van Mechelen Rédacteur en chef timonvm
EVA THURMAN. GETTYIMAGES.
Un droit fondamental
mollybracken.com
Photo © Rodolphe OPITCH
10
CONTRIBUTRICES
JOURNALISTE
Elle s’est rendue à Biarritz pour l’article sur la nouvelle collection de montres de Breitling.
PHOTOGRAPHE
D’OÙ VENEZ-VOUS ?
Elle a photographié nos six guests afro-belges et signé la couverture avec K.ZIA.
POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?
Je vis à Bruxelles depuis plusieurs années. C’est la ville où vivent mes amis, où je travaille, où je suis allée à l’école et où je sors. Mon déménagement de Vilvorde vers la capitale était une étape logique qui m’a permis de me rapprocher de mon cercle privé et professionnel.
Je suis née et j’ai grandi à Mons. J’ai vécu à plusieurs reprises à Paris et j’ai adoré chacune de mes expériences là-bas. C’est une ville dans laquelle j’aime retourner très souvent, que ce soit pour visiter une expo ou découvrir la nouvelle adresse du moment.
J’ai toujours été passionnée par cet univers. Déjà très jeune, je collectionnais les magazines de mode. Je compilais les articles sur mes créateurs favoris dans un classeur. Aujourd’hui, j’adore ce que je fais au quotidien et je suis très heureuse des opportunités et rencontres incroyables qu’offre ce métier. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LA RÉALISATION DE CE MAGAZINE ?
D’OÙ VENEZ-VOUS ?
POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?
La photographie m’a rapprochée des gens. C’est une façon de repousser mes limites et de ne jamais cesser d’apprendre. J’aime aussi raconter des histoires. C’est à travers les images que j’y arrive le mieux. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LE SHOOTING POUR CETTE COUVERTURE ?
L’événement Breitling auquel j’ai participé à Biarritz. J’ai tenté de surfer pour la première fois de ma vie, entourée de champions du monde de surf. C’était surréel ! Et j’ai eu l’occasion de discuter en toute décontraction avec Álvaro Morte, le célèbre Professeur de la Casa de Papel. Un moment inoubliable !
J’aime l’idée de photographier les liens qui se tissent entre les gens. J’ai donc aimé avoir K.ZIA et sa mère, la chanteuse de Zap Mama, devant mon objectif. J’ai pu observer une mère qui a su transmettre sa passion et son amour du métier à sa fille. J’ai essayé de traduire cet amour en image.
QUI VOUS INSPIRE ?
QUI VOUS INSPIRE ?
Toutes les femmes qui osent se lancer et font ce qui les fait vibrer. Ça peut aller de Rihanna à des entrepreneuses belges comme Gaëlle van Rosen ou la chanteuse Lubiana.
À titre personnel, ma mère. Professionnellement, tout le monde. Dès que je croise une personne, ma créativité est nourrie.
Caroline Gladys Ferro Laurent-Simon HAIR & MAKEUP ARTIST
GRANDE REPORTER
Au Texas, où l’avortement est devenu illégal, elle a rencontré des patientes, soignant·es et militant·es qui luttent pour que ce droit soit rétabli. D’OÙ VENEZ-VOUS ?
Je suis née en Lorraine, puis j’ai grandi à Marseille et Paris, dans une famille aux origines socioculturelles multiples. POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?
Parce que le journalisme est une université permanente où l’on apprend sans cesse et remet en question les a priori et les clichés. Pour les rencontres humaines, par goût de l’enquête, pour tenter de comprendre ce qui se joue et témoigner. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LE REPORTAGE ?
Chaque rencontre que nous avons faite avec Laura Morton, la photographe, a apporté beaucoup de sens à notre reportage, que ce soit le personnel si dévoué de la clinique de Houston, les femmes venues faire une IVG et les manifestantes pro-choix si déterminées d’Austin. QUI VOUS INSPIRE ?
Tant d’anonymes inspirantes rencontrées dans mes reportages. Mes deux filles Julie et Charlotte. Germaine Tillion, Anna Politkovskaïa et Ruth Bader Ginsburg pour leur humilité et leur courage.
Avec Madma Silla, elle a maquillé nos guests afro-belges. D’OÙ VENEZ-VOUS ?
La question qu’on pose en premier à toutes les personnes de couleur (elle rit). Je suis née et j’ai grandi à Anvers, là où je me sens vraiment chez moi. La ville est colorée, multiculturelle, créative et accueillante. Exactement comme moi. POURQUOI FAITES-VOUS CE MÉTIER ?
Je suis issue de cette génération où les parents martelaient à leurs enfants qu’ils ne devaient absolument rien faire de créatif. Le manque de sécurité d’emploi, etc. En 2022, je pense de toute façon que plus rien n’est sûr. J’ai donc pris le parti de faire des choses qui me plaisent et je suis reconnaissante de pouvoir vivre de ma passion. VOTRE MOMENT PRÉFÉRÉ PENDANT LE SHOOTING ?
Je suis dans le métier depuis quinze ans, mais je continue à constater que ni les mannequins ni les photographes ne sont vraiment représentatifs de la société. En tous cas, pas assez. Je suis heureuse que Marie Claire fasse le choix de mettre en valeur notre communauté et les nombreux talents qui la composent. QUI VOUS INSPIRE ?
Ma ville, mon enfant intérieur et ma famille de cœur. Les artistes et les créatifs avec qui je travaille tous les jours. Mes pairs, mais aussi les conversations les plus banales que j’ai à l’intérieur et à l’extérieur de ma communauté.
VINCENT CATALA. COLLECTION PERSONNELLE.
Malvine Sevrin Agneskena Visuals
www.caroline-biss.com
12
L’IMAGE DU MOIS
LÉGÈREMENT ABSURDE, ÇA NOUS PLAÎT…
Dans l’exposition collective Fitting In, artistes et designers démontrent à quel point le monde est riche lorsque nous sommes ouverts aux nombreuses influences qui nous entourent. Parmi les participants, le Belgo-Marocain Mous Lamrabat (°1985), qui mixe différentes cultures dans son travail de manière inimitable et fait le lien entre ses racines arabes et le monde occidental. Mous apporte un message d’amour universel, sans distinction de rang, de position, de couleur de peau ou d’origine. Par Etienne Heylen Mous Lamrabat, Pinky Promises. Fitting In, du 2 octobre au 26 février 2023 à la Z33, Maison d’Art actuel, Design & Architecture à Hasselt. Info: www.z33.be
14
TENDANCES
OCTOBRE
2
MONTURE GONFLÉE
Après une collaboration fructueuse avec Komono, Florentina Leitner se lance dans les lunettes de soleil. La designer autrichienne, qui vit et travaille dans notre pays, apprécie les formes oversized et les matériaux spéciaux, comme le prouve cette monture 3D rose volumineuse. Les verres métalliques sont également 100 % recyclables.
DES COSMÉTIQUES DISRUPTIFS
Paperwork, la ligne de beauté d’Off-White, est l’un des derniers projets de Virgil Abloh avant sa mort en novembre 2021. Non genrée et « non conventionnelle », elle propose quatre eaux de parfum unisexes (photo) et des fards (sticks de couleur waterproof pour visage et corps), des vernis et des pochoirs volontairement dénués de conseils d’utilisation pour que chacun·e laisse libre cours à son imagination.
Lunettes de soleil Snow 265 € sur florentinaleitner.com
1
À partir de 33 € le vernis Color Matter, sur off---white.com
MAISON EN COULEURS
Charles Eames a dit un jour : « Nous voulons faire le meilleur pour le plus pour le moins ». Cette citation a inspiré le duo de designers belges Muller Van Severen à s’associer à la marque de design scandinave Hay l’année dernière. Une gamme d’armoires et de buffets colorés est le dernier ajout à la collection en constante expansion. Color Cabinets, à partir de 689 € sur hay.dk
3 SUR LA LISTE D’OCTOBRE Par Malvine Sevrin et Timon Van Mechelen
3 NOUVEAUX HOTSPOTS
Ces trois nouvelles adresses ont récemment ouvert leurs portes. FLAMME
C’est la nouvelle adresse qui va enflammer la capitale. Sa spécialité ? Le feu de bois, pour rôtir et parfumer des produits locaux et bio. Face à une cuisine ouverte crépitante, on y savoure des plats à partager et des vins natures dans un cadre bistronomique. Aux commandes, Bénédicte Bantuelle et Hanna Deroover, un duo bien connu de la scène food bruxelloise. (2) Rue de Roumanie 56, 1060 Saint Gilles, flamme-restaurant.com LABELLOV
La boutique de vêtements d’occasion Labellov célèbre son dixième anniversaire en ouvrant sa première boutique permanente à Bruxelles. Les propriétaires, Birgit de Jager et Elien Migalski, désirent faciliter la tâche des clients qui souhaitent se séparer et acheter des sacs à main et des accessoires de luxe. On retrouve dans l’offre de Labellov des marques telles que Hermès, Delvaux et Bottega Veneta. (1) Rue Emile Bouilliot 61, 1050 Ixelles, labellov.com HÔTEL FLORA
L’hôtel Flora a récemment ouvert ses portes au cœur d’Anvers. Les propriétaires voulaient se distinguer des nombreux hôtels-boutiques minimalistes de la région, et ont donc fait appel à Gert Voorjans pour la décoration des chambres. Son travail exceptionnellement coloré s’approprie complètement le bâtiment vieux de six cents ans. Pour ce projet, l’architecte d’intérieur s’est inspiré de la botanique et des couleurs des pierres semiprécieuses. (3)
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Korte Nieuwstraat 12, 2000 Anvers, hotelflora.be
MARCEL LENNARTZ. PAULINE PREEL. PRESSE.
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TENDANCES
OCTOBRE
L’HEURE BLEUE
5
Exit la « golden hour », place à l’heure bleue. Ce moment juste après le coucher du soleil où avant l’aurore lorsque le ciel prend des reflets bleutés. Inspiré par cet instant fugace où « le ciel n’a pas encore trouvé ses étoiles », Jacques Guerlain lui avait dédié une fragrance. Pour célébrer son 110ème anniversaire, l’iconique flacon L’Heure Bleue se pare d’une nuance non moins iconique : le bleu Klein. Un bleu outremer profond, intense et vibrant. Une journée entière est nécessaire à la réalisation de cette pièce unique, selon le même procédé que celui utilisé par l’artiste Yves Klein. Disponible en quantité ultra limitée chez Place Vendôme Haute Parfumerie et à la Boutique Guerlain Parfumeur à Bruxelles.
HOT PINK
La nuance la plus tendance du moment, un rose vif surnommé « Barbiecore », habille les lisseurs, sèchecheveux et autre brosse chauffante de la marque GHD. Pour chaque appareil vendu, une part des bénéfices sera reversée à Pink Ribbon Belgique dans le cadre de la lutte contre le cancer du sein. Disponibles sur ghd.com
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UNE NÉO-VESTE EN JEAN
AMPLE, BRUTE, ÉPAULÉE : ELLE DEVRAIT S’IMPOSER COMME LA PARFAITE PIÈCE DE DEMI-SAISON. À ÉLECTRISER, POURQUOI PAS, AVEC UNE PAIRE DE CUISSARDES, COMME ICI SUR CETTE SILHOUETTE ISABEL MARANT. Défilé Isabel Marant, automne-hiver 2022-2023. PRESSE. IMAXTREE.
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annamariacammilli.com
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TENDANCES
VIBRATIONS 2
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Définitivement denim
5
LA PANOPLIE Des bottes aux smokings canadiens, le denim transcende cette saison le jean iconique. On suit l’exemple de notre compatriote Glenn Martens chez Diesel en optant pour un total look, accessoires compris. Réalisation Timon Van Mechelen
LE LOOK PODIUM Défilé Diesel automne/hiver 2022-2023. 1. EFFET CONTRASTANT Bustier en jean Jean Paul Gaultier, 850 €, via MyTheresa. 2. CAVIAR Boucles d’oreilles en argent Line Vanden Bogaerde, 295 €. 3. PATCHWORK Robe en jean recyclé Acne Studios, 450 €. 4. EFFILOCHÉ Jupe en jean 7 For All Mankind, 260 €. 5. CLASSIQUE Sac denim et métal doré Chanel, 8.450 €. 6. DÉLAVÉ Veste en jean Lois Jeans, 239,95 €. 7. PONCTUEL Montre Hampton 10671 Baume et Mercier, 1.850 €. 8. LA BONNE SILHOUETTE Veste en jean avec broches sur le col Baum und Pferdgarten, 239 €. Jean loose XL Flood Levi’s, 140 €. Cuissardes D-Yucca Otk Diesel, 450 €. 9. LE CAGOLE XS Sac en jean Balenciaga, 1.690 €.
PRESSE.
9
C A R M I ADIDAS | ALEXANDER SMITH | AMBIORIX | ARA | ARMANI EXCHANGE | DIADORA | DL SPORT | DR MARTENS FLORIS VAN BOMMEL | GABOR | GEOX | GHOUD | GUESS | HOFF | HUGO BOSS | JANET & JANET | KARL LAGERFELD KIPLING | LANCEL | LAURA BELLARIVA | LITTLE DAVID | LIU JO | LONGCHAMP | MEPHISTO | MICHAEL KORS NATHAN | NATURINO | NERO GIARDINI | NEW BALANCE | NIKE | PAUL SMITH | PHILIPPE MODEL POLO RALPH LAUREN | POM D’API | PREMIATA | REDSKINS | RIVERWOODS | SAUCONY | SCAPA STONES & BONES | SWEET LEMON | SUN68 | TANGO | VEJA | VOILE BLANCHE | ZECCHINO D’ORO | ... AUBEL Rue de Battice 129 | ZEMST Brusselsesteenweg 129 | KORBEEK-LO Tiensesteenweg 8 I WWW.CARMI.BE
x SheaMoisture
ODE AUX BOUCLES Le secret pour des cheveux bouclés éclatants de santé? Un retour au naturel et une routine de soin clean selon nos trois ambassadrices SheaMoisture. Elles racontent leur expérience.
Vêtements. Robe jaune Marc Martha. Blazer bleu Marc Martha. Pantalon imprimé Tom Van der Borght. Pantalon et top en dentelle Tom Van der Borght. Accessoires. Boucles d’oreilles Amber Ansah D’heygere (@d_hey-
gere). Accessoire pour cheveux Domi Grzybek (@domigrzybek) en collaboration avec Rosalie Carlier. Boucles d’oreilles Yamsi Nana : propriété du styliste. Photographe : Yaqine Hamzaoui Assistant : Jules Emile Styliste : Eveline Briand MUAH : Gladys Ferro
NANA YAMSI
«J’ai appris à traiter mes cheveux avec douceur et bienveillance»
CHARLOTTE ADIGÉRY
«Mon big chop m’a fait prendre conscience de la beauté de mes boucles naturelles» Charlotte Adigéry a appris à apprécier sa crinière naturelle après son « big chop». «À 21 ans, j’ai détérioré mes cheveux avec des produits chimiques et décidé de tout couper. » Mais la musicienne ne savait pas à quoi s’attendre. « J’ignorais même que j’avais des boucles naturelles. Mon big chop m’a fait prendre conscience de la beauté de mes cheveux. Cela m’a pris du temps pour apprendre à les soigner, mais aujourd’hui, j’ai trouvé ma routine. Une coupe afro, c’est magnifique, mais ça demande beaucoup de travail. » Au début, Charlotte fabriquait ses soins capillaires pour éviter les substances chimiques. «Aujourd’hui, je n’ai plus le temps. Raison pour laquelle je suis ravie que la marque SheaMoisture soit disponible dans toute la Belgique. Elle a ouvert la voie en matière de produits capillaires naturels », souligne Charlotte. Son préféré ? «Le shampooing Jamaican Black Castor oil hyper agréable et hydratant. »
Nana, micro-influenceuse et account manager, a été élue ambassadrice SheaMoisture par l’équipe Marie Claire. La jeune femme de 27 ans a découvert comment prendre soin de ses boucles après toute une série d’essais et d’erreurs. «J’ai porté des extensions et enchaîné les décolorations au point de me retrouver au final avec des cheveux brûlés, ternes et au reflet orange », confie-t-elle. «Je n’ai eu d’autre choix que d’éliminer les cheveux morts. C’est alors que j’ai décidé de faire preuve de plus de douceur et de bienveillance envers ma chevelure et de renouer avec mes boucles naturelles. » Une décision qui s’est accompagnée d’un gros travail de recherche. « On ne peut pas utiliser n’importe quel produit sur des cheveux bouclés. Je l’ai appris à mes dépens », plaisante Nana. « Il m’a fallu beaucoup d’énergie, d’efforts et d’argent pour trouver les solutions qui me correspondent. » Ses conseils pour des boucles en pleine forme ? «Éviter les lavages trop fréquents qui les dessèchent et investir dans des produits de qualité. » Nana recommande vivement les produits SheaMoisture. «Je connais cette marque depuis plusieurs années et j’adore ses masques et après-shampoings. On peut les acheter les yeux fermés car ils sont exempts de silicones et de sulfates », explique la jeune femme. « J’ai une préférence pour l’après-shampoing de la ligne Strengthen & Restore. Il sent délicieusement bon et surtout, une petite dose fait déjà une grande différence. »
AMBER ANSAH
«Je prends soin de mes boucles, dans leurs bons comme dans leurs mauvais jours» La créatrice de contenu belge Amber Ansah est bien placée pour savoir qu’on peut s’arracher les cheveux avant de dénicher les bons produits pour boucles : «Pendant mes études, je me défrisais les cheveux avec une crème chimique appelée Relaxer. Résultat : je les ai abîmés et brûlés, ce qui a entraîné leur chute. J’ai demandé à ma meilleure amie de me les couper très courts et elle ne m’a laissé qu’1 cm. » Cette coupe a été un déclic pour Amber et le début de son retour aux cheveux naturels. « J’ai fait le plein d’infos sur les soins pour cheveux bouclés et au bout d’un an, ils avaient repoussé de manière phénoménale. » C’est ainsi qu’elle s’est lancée sur YouTube : «Comme beaucoup de gens me demandaient des conseils, j’ai décidé d’en faire une vidéo. La suite, tout le monde la connaît !» «Le tout premier produit que j’ai utilisé sur mes cheveux naturels était signé SheaMoisture », confie Amber. « J’étais donc fan de la marque bien avant d’en devenir l’ambassadrice. Cela fait neuf ans que je fais confiance à ces produits. Ça veut tout dire ! Ce que j’aime, c’est leur composition à base d’ingrédients naturels, qui préservent la santé de mes cheveux. Aujourd’hui, je prends soin de mes boucles, dans leurs bons comme dans leurs mauvais jours. »
Disponible en exclusivité chez Kruidvat et sur www.kruidvat.be. Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec SheaMoisture. www.sheamoisture.com
TENDANCES
VIBRATIONS
Images de campagne de la collaboration entre Marina Rinaldi et Sara Battaglia.
CURRICULUM
ODE À TOUTES LES FEMMES Cet automne, Marina Rinaldi collabore avec la créatrice italienne Sara Battaglia. La collection capsule, flamboyante et colorée, conçue pour tous les corps, s’adresse à toutes les femmes. Par Timon Van Mechelen
de la mode grandes tailles, certes, mais plusieurs des caractéristiques de son ADN – silhouettes fluides, tailles hautes, recours aux couleurs et aux motifs audacieux – rencontrent parfaitement les lignes directrices de Marina Rinaldi. Le déclic s’est fait immédiatement. » POUR CEUX QUI CONNAISSENT LE STYLE DE
« Le but de mon travail est de célébrer la sensualité et la beauté des femmes. Je tente de transformer ce que certaines considèrent comme des défauts en forces et en qualités qu’il ne faut plus dissimuler », explique Sara Battaglia. Si la créatrice milanaise place la féminité au cœur de ses créations, elle n’avait encore jamais conçu de collection plus size pour femme. Lynne Webber, directrice générale de Marina Rinaldi, explique pourquoi la maison s’est adressée à Sara Battaglia. « Chacune de nos collaborations est un échange entre les connaissances et les idées ·de la créateur·trice invité·e et notre équipe. Sara Battaglia n’avait aucune expérience
SARA BATTAGLIA, la collection est reconnaissable au premier coup d’oeil. En commençant par la doudoune oversized jaune canari et bleu Klein, pièce phare de la collaboration. La collection comprend également un pantalon palazzo taille haute en denim, une tunique agrémentée de maxi imprimés en noir et blanc, un manteau en latex et un pull avec franges et lacets. Puisque Sara Battaglia s’est fait connaître grâce à ses sacs à main, les accessoires ne pouvaient manquer à l’appel. Pour Marina Rinaldi, elle a conçu un sac rond avec des côtés plissés, autre illustration de son style si caractéristique, et des lunettes de soleil ornées d’une monture blanche épaisse et de verres roses contrastants. LA MAN N EQU I N PR ECIOUS LE E S E RA LE
VISAGE DE LA CAMPAGNE. « Elle est notre égérie depuis le printemps-été 2021 », explique Lynne Webber. « Parce que les capsules des créateurs doivent toujours se fondre dans le reste de notre collection, nous avons estimé que cette jeune femme extraordinairement belle et intrépide incarnait aussi ce projet. Elle reflète l’énergie et la vitalité de la collection. » Une deuxième capsule pour Marina Rinaldi suivra au printemps.
PRESSE.
22
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TENDANCES
VIBRATIONS
GEORGIA MOURAD BROOKS
Fondatrice de The Nine
Par Aurélia Dejond
Georgia
ALORS, HEUREUSE
?
Quand je regarde en arrière et l’année écoulée, je me dis « Waouh ! » et ensuite… « Comment avons-nous réussi à faire ça ? ». Voir à quel point la communauté s’est développée, c’est incroyable ! QUELLE EST LA VALEUR AJOUTÉE QUI SEMBLE AUTANT ATTIRER ?
La notion de communauté, sans aucun doute. Les femmes ne viennent pas à The Nine uniquement parce que le clubhouse est magnifique, mais avant tout pour l’humain et le fait qu’il n’existe aucune compétition entre les membres. LA SORORITÉ Y EST-ELLE UN ATOUT ?
Oui. Je pense que beaucoup recherchent - et ont besoin - de la force d’autres femmes, tant nos expériences nous sont propres ou difficiles à expliquer : nos expériences physiques, les micro-agressions de toutes sortes, les peurs, les désirs… LES FEMMES COMMUNIQUENT-ELLES MIEUX EN L’ABSENCE DES HOMMES ?
Certaines choses sont plus évidentes à dire entre femmes. Beaucoup d’entre nous sont contraintes à une norme impossible : celle de devoir agir comme des hommes pour avoir le succès ou être considérées comme l’ayant. Je trouve ça génial que de nombreuses femmes soient ouvertes à l’honnêteté, la vulnérabilité et la compréhension.
2021, j’ai eu beaucoup de remarques, d’hommes… comme de femmes, me faisant comprendre que la Belgique n’était peut-être pas prête. COMME FUTURE MAMAN D’UNE PETITE FILLE, ÊTRE ACTRICE DES AVANCÉES FÉMINISTES, C’EST UNE ÉVIDENCE ?
Absolument. Et je dirais certainement la même chose si j’avais un garçon. QUEL EST LE PLUS BEAU COMPLIMENT QUE L’ON T’AIT FAIT SUR LE CERCLE ?
L’une des membres fondatrices m’a dit que le club avait changé sa vie. ÊTRE UNE FEMME INSPIRANTE POUR TES 460 MEMBRES, C’EST IMPORTANT À TES YEUX ?
Oh wowwww, je n’ai jamais pensé ça de moi-même…en fait, beaucoup de membres sont des muses pour moi. LA NOTION DE MUSE, C’EST UN PEU L’ADN DU CLUB ?
C’est fondamental.
QUE PEUT-ON TE SOUHAITER POUR CE PREMIER ANNIVERSAIRE ?
De réussir à mettre en place un réseau de clubs de femmes en Europe, voire dans le monde entier, j’y travaille activement ! Sinon, plus d’égalité, et pour moi, un très grand Martini sans alcool thenine.be
PEUT-ON Y VOIR L’ENVIE DE SORTIR D’UN CARCAN PATRIARCAL TENACE ?
Ah…j’adore l’image d’un carcan patriarcal tenace! Je pense que beaucoup d’hommes aimeraient pouvoir être plus ouverts et plus vulnérables, mais cela ne semble pas encore « acceptable ». C’est dommage… LA VOIE VERS L’ÉGALITÉ RESTE DONC LENTE…
Si tu considères la vie d’une femme voici cinquante ans, il est impressionnant de constater la différence aujourd’hui. DE QUOI TE RENDRE OPTIMISTE ?
Je me le dois , quelle serait l’alternative? The Nine aurait-il pu voir le jour voici dix ans? Malheureusement, non. À sa création en
UTOPIA PHOTO.
Le premier business club « women only » bruxellois a bien passé le cap des débuts en septembre 2021. Dans ce lieu dédié à la sororité, chaque membre est une muse pour les autres. À trente-cinq ans, sa fondatrice réalise à peine le succès rencontré.
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MOODBOARD
LE PEPS DU POP ART
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Les sixties inspirent toujours. Chez Chanel, Virginie Viard se tourne vers les écolières londoniennes de l’époque, tandis que Jeremy Scott, pour Moschino, célèbre l’amour libre à coups de tons flashy et de jupes trapèze. De son côté, Tommy Factory rend hommage à Andy Warhol, le roi du pop art.
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Réalisation Elspeth Jenkins
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PRESSE.
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1. Manchette, Chanel. 2. Défilé Automne/Hiver 2022- 2023, Prada. 3. Défilé Automne/Hiver 2022-2023, Chanel. 4. Andy Warhol et Tommy Hilfiger. 5. Boucles d’oreilles Adeline, Celine Roelens. 6. Veste en cuir orange, Maison Ullens. 7. Les Phyto-Ombres N°42 Glow Silver, Sisley Paris. 8. Fauteuil Kangourou en édition limitée, Vitra. 9. Lunettes de soleil Lea, Linda Farrow. 10. Pop Art Style, 12
Assouline. 11. Anna + Nina. 12. Jupe trapèze, Moschino.
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TENDANCES
VIBRATIONS
CURRICULUM
CURE DE JOUVENCE À LA FRANÇAISE
Le Tanneur jouit d’une tradition longue mais ce n’est que récemment qu’elle a choisi de dépoussiérer son image. Si la griffe française figure parmi les marques d’accessoires les plus branchées du moment, le nouveau visage de sa collection femme y est pour beaucoup. Par Timon Van Mechelen
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UNE ODE À LA COULEUR
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1. Image de campagne de la collection automne-hiver 2022. 2. Image de
campagne de la nouvelle collection de mini sacs. 3. Le sac Juliette en mandarine. 4. Mini sac seau Louise, couleur figue. 5. La collaboration entre Enfant Précoce et Le Tanneur. 5
MINI-MAXI
Cet automne, Le Tanneur lance une collection de mini sacs, réinterprétation de certaines pièces emblématiques de la marque. De l’iconique sac Emilie aux best-sellers Eva, Laura et Louise, ils ont tous été relookés. Les proportions justes de cette série permettent à Le Tanneur de se démarquer de la tendance de ces petits sacs parfois ridicules dans lesquels on ne peut rien glisser, sauf un rouge et une carte bancaire. Autre bonne nouvelle : cette ligne de sacs est déclinée dans les couleurs phares de la saison.
PRESSE.
Le Tanneur vit son « moment ». Alors que la maison française est connue depuis plus de douze décennies pour son savoir-faire traditionnel dans le registre de la maroquinerie de qualité, elle aborde aujourd’hui une nouvelle page de son histoire. Des collaborations comme celle que la marque lance cet automne avec l’artiste peintre Enfant Précoce, mais aussi de nouvelles collections jeunes et fraîches et des investissements majeurs dans la numérisation de son offre devraient lui assurer un avenir durable. Tout ça, sans renier les valeurs de la maison : l’amour des beaux matériaux, le souci du détail et des prix abordables.
Pour la saison automne-hiver 2022, Le Tanneur célèbre la couleur sous toutes ses formes et expressions. Les nouvelles teintes des sacs – comme le bleu indigo et le mandarine – sont lumineuses et vibrantes. Les motifs combinent lignes graphiques et asymétriques. Avec cette nouvelle collection, la maison française souhaite rompre avec l’esprit classique d’une maroquinerie. L’objectif : créer une expérience visuelle par le biais de la couleur et du mouvement.
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SUBS
L’AIR DU TEMPS DÉCRYPTÉ GRAND ANGLE La colère des Texanes après l’interdiction de l’avortement RACHEL FLEMINGER HUDSON La photographe entre authenticité et performance
42 CULTURE
NOTRE SÉLECTION CINÉMA, MUSIQUE, LIVRES... MUSIQUE Le dernier cadeau d’Arno CINÉMA L’événement Blonde
LIVRES Daniel Charneux, romancier carolo primé
TANCE 48 TÊTES-À-TÊTE(S)
52 MAGAZINE
LA RENCONTRE DU MOIS
ENQUÊTES, PORTRAITS, TÉMOIGNAGES
VIOLA DAVIS Une amazone à Hollywood
PORTRAITS Zap Mama, K.ZIA, Lubiana, la double culture des Afro-belges PSYCHO TDA/H, un mal qui touche aussi les femmes SOCIÉTÉ Du côté des nouvelles belles-mères PHILO Et si la flemme était une révolution douce ?
Chaque jour, Victoria Mycue, 22 ans (ici avec un mégaphone), la coleader du mouvement pour le retour au droit légal et national à l’IVG au Texas, manifeste devant le tribunal d’Austin. Ce 30 juin 2022, elles sont des centaines à défiler avec elle.
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GRAND REPORTAGE
TEXAS LES PRO-IVG ENTRENT EN RÉSISTANCE Depuis le 24 juin dernier, jour où la Cour suprême des États-Unis est revenue sur l’arrêt Roe vs Wade en vigueur depuis 1973, l’avortement est devenu illégal dans près de la moitié du pays. Une déflagration qui n’empêche pourtant pas la révolte. C’est dans le très conservateur Texas, à Houston et Austin, que nos reporters sont allées recueillir les témoignages de patientes, de soignant·es et de militant·es mobilisé·es pour que ce droit, essentiel à la santé des femmes, soit reconduit. Et ne divise plus la société américaine entre “pro-life” et “pro-choice”.
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Par Caroline Laurent-Simon Photos Laura Morton
’est un immeuble de bureaux dans un quartier paisible du nord-ouest de Houston. Aucun signe extérieur ne laisse supposer qu’il abrite le Women’s Reproductive Services, clinique spécialisée dans l’accès à la pilule abortive et l’une des très rares encore qui soit ouverte au Texas, au moment où nous avons réalisé ce reportage au début du mois de juillet dernier. Au troisième étage, une discrète plaque indique la porte d’entrée, surveillée – sécurité oblige – par une caméra vidéo. Dans le passé, des cliniques pratiquant des IVG ont été la cible d’attaques perpétrées par des militants « prolife » extrémistes. Plusieurs médecins faisant des IVG ont ainsi été assassinés ces vingt dernières années aux ÉtatsUnis. « Nous ne voulons prendre aucun risque », témoigne le médecin du Women’s Reproductive Services. L’obstétricien septuagénaire nous demande expressément de ne pas citer son identité ni d’être pris en photo : « Je tiens à ma vie, j’ai une famille… » Farouche défenseur des droits des femmes, il a, dit-il, « mis au monde des milliers d’enfants » et pratique des IVG depuis 1973, année de l’accès national et légal à l’interruption de grossesse garanti par l’arrêt Roe vs Wade de la Cour suprême, désormais annulé. C’est lui qui, au sein de l’établissement, délivre les comprimés abortifs. Il en a encore le droit pendant quelques jours. Après ? « Les femmes de cet État qui ont les moyens de voyager iront dans des États libéraux, précise-t-il. Les autres, de milieux sociaux modestes, issues notamment des communautés afro-américaine et latino, vivront un cauchemar. La • • •
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fin de Roe, c’est la victoire des suprémacistes blancs qui se cachent derrière des mouvements religieux. » Seules les patientes qui avaient pris rendez-vous avant l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade se pressent ce jour-là dans cette clinique, îlot de résistance où s’organise déjà l’après-Roe. « Nous pouvons être sous le coup d’une injonction de fermeture à chaque instant, prévient Kathy Kleinfeld, la cinquantaine chaleureuse, administratrice du Women’s Reproductive Services. Nos avocats bataillent contre l’État depuis l’annonce de la fin de Roe pour que nous puissions rester ouverts le temps de recevoir celles qui ont été enregistrées avant le 24 juin. » Inquiète, Kathy l’est depuis qu’en septembre dernier cet immense État du sud du pays (plus grand que la France métropolitaine) de 29 millions d’habitant·es, gouverné par l’aile ultra-conservatrice républicaine, et fief de puissantes congrégations religieuses « prolife », a réduit drastiquement l’accès à l’avortement à six semaines de grossesse, même en cas de viol ou d’inceste. Un premier coup de semonce funeste contre les droits des six millions de Texanes âgées de 15 à 44 ans (1). •••
“DES RÉSEAUX D’ENTRAIDE N’ONT DE CESSE
DE SE MOBILISER en organisant des collectes de fonds pour subvenir au coût des voyages et offrir des hébergements aux femmes vers d’autres États qui autorisent l’IVG au-delà de six semaines, explique Kathy, mais les situations désespérées vont se multiplier. Beaucoup de femmes auront recours à des solutions dangereuses comme dans le passé. » Sans compter les pressions sociales et morales qui, redoute le personnel de la clinique, vont encore davantage stigmatiser les femmes en quête d’IVG ainsi que celles et ceux qui les épaulent, souhaitant d’ailleurs que les dons destinés au fonds de soutien deviennent anonymes, afin de garantir la sécurité des donneur·ses. « Nous sommes revenus cinquante ans en arrière quand nous envoyions des femmes se faire avorter en Californie ou à New York, souligne Kitty, conseillère en soutien psychologique depuis 1971 auprès de femmes voulant interrompre une grossesse. Nous sommes soumis aux mêmes précautions de discrétion que jadis, dans une atmosphère délétère propice à la délation
“Je me suis fait avorter de mon ex violent (…). Cela me dégoûte que des femmes abusées soient aujourd’hui obligées de poursuivre une grossesse non désirée.” Une manifestante devant le tribunal d’Austin
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contre celles qui veulent avorter et celles et ceux qui les aident. » Un silence. « C’est la Corée du Nord, lâche Kitty. Plus de 20% des mineur·es au Texas subissent des abus sexuels. Nous voyons arriver ici beaucoup de jeunes filles accompagnées par leurs mères. Mais désormais une jeune mineure victime d’abus sexuels par son beau-père incestueux sera contrainte de garder l’enfant né de ce viol. Il faut s’attendre à ce que beaucoup de nouveau-nés soient abandonnés dans les églises et les stations-service… » En cette journée de fin juin que nous passons au Women’s Reproductive Services, une soixantaine de femmes, âgées de 17 à 40 ans, seront reçues dans cet espace encore protégé, de 9 heures du matin à 18 heures. « Notre patientèle compte des femmes de tous les milieux, note Kathy Kleinfeld, de la cheffe d’entreprise à la serveuse de restaurant, de l’étudiante à la mère de famille de 40 ans. » Toutes sont accueillies dans une ambiance feutrée, entre mobilier pastel, musique douce et murs ornés de posters à l’effigie de Ruth Bader Ginsburg, iconique juge de la Cour suprême et héroïne du combat féministe aux ÉtatsUnis, disparue en septembre 2020. Dans la salle d’attente, ce jour-là, se suc-
cèdent des femmes de toutes générations et origines, Blanches, Noires, Latinos. Un couple, avec un enfant dans une poussette, les rejoint. Dans un couloir, Kathy Kleinfeld réconforte une jeune femme afro-américaine en larmes venue commencer sous contrôle médical le processus de pilule abortive. Cette dernière semble relâcher une immense pression. Elle veut témoigner de sa « colère et (sa) tristesse », souffle-t-elle. Mais demande l’anonymat. Elle choisit Jasmin comme pseudonyme. « J’étais terrifiée à l’idée de ne pas pouvoir interrompre cette grossesse, explique-t-elle. Je m’étais déjà renseignée sur le Web, où il est possible de commander la pilule abortive via un médecin basé en Autriche qui fait une ordonnance pour que l’on puisse ensuite commander en ligne le médicament sur un site basé en Inde… » Employée de bureau, Jasmin a 29 ans et élève seule son petit garçon de 2 ans. « Je ne peux pas assumer financièrement un autre enfant. J’ai un petit salaire. Je dois tout donner pour assurer une bonne vie à mon fils. » Sa mère soutient son choix, mais elle ne dira rien à son père, pasteur. C’est sa tante qui a payé les frais dIVG médicamenteuse, soit 600 dollars.
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Aspen, 25 ans, silhouette de tanagra, longs cheveux châtains, est analyste dans l’industrie pétrolière. Elle a réalisé qu’elle était enceinte la veille de l’annonce de la décision de la Cour suprême et a immédiatement pris rendez-vous. « J’ai une petite fille de 5 ans, je suis séparée, en instance d’un divorce compliqué et avoir un autre enfant avec mon nouveau compagnon sans être encore divorcée aurait pu compromettre mon droit de garde, raconte-t-elle. L’IVG, même quand elle était légale, était déjà un sujet très controversé dans la société conservatrice du sud des États-Unis, même entre proches nous n’en parlons pas beaucoup, c’est un véritable tabou. Cela va empirer. » Aspen, qui n’a jamais milité pour les droits des femmes, le promet : désormais elle se joindra aux manifestations qui, chaque jour ou presque, au Texas comme dans tous les États-Unis, réclament le retour du droit légal et national à l’IVG. Plusieurs fois par semaine, à trois heures de route de Houston, Coco Das, 52 ans, et Victoria Mycue, 22 ans, organisent des sittings et des marches devant le tribunal d’Austin, la capitale du Texas, devenue le hub de la contestation « pro choice » (2). L’activiste quinquagénaire, écrivaine, et la nourrice woke se sont rencontrées sur les réseaux sociaux fin juin. Depuis, porte-voix en main, vêtues de vert – la couleur du mouvement « marea verde » (la marée verte) lancé par les femmes sud-américaines en lutte pour le droit légal à l’IVG – les Américaines haranguent matin et soir la foule de plus en plus nombreuse de femmes (et d’hommes) anonymes venus crier leur écœurement et leur rage. Ce jour-là,
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1. Parmi les slogans :
« Sortez l’éléphant (l’animal emblème du parti républicain, ndlr) de mon utérus ! ». 2. Kathy Kleinfeld, administratrice du Women’s Reproductive Services de Houston, est aussi une des figures des droits des femmes aux États-Unis. 3. Battue par son ex-compagnon dont elle a avorté, cette jeune femme arbore sur son ventre le slogan emblématique de la révolte des Américaines. 4. Une employée de la clinique prépare les dernières pilules abortives qui seront délivrées.
sous une chaleur accablante de 40 °C, elles et ils sont plus d’une centaine à écouter les témoignages au micro de femmes de tous âges. UNE ADO BOULEVERSE LA FOULE EN TÉMOI-
GNANT D’ABUS SEXUELS et de son IVG. À l’issue de sa prise de parole, elle fond en larmes, consolée immédiatement par une représentante du Planned Parenthood, le planning familial américain. Un jeune homme enchaîne au micro, éructe contre le « fascisme grandissant dans ce pays ! ». Sur les pancartes des participant·es, on peut lire : « Sortez l’éléphant (l’animal emblème du parti républicain, ndlr) de mon utérus ! », « Mon corps, mon choix. » C’est ce slogan qu’a écrit au rouge à lèvres sur son ventre dénudé une jeune blonde aux longues tresses : « Je me suis fait avorter il y a
exactement neuf mois de mon ex-compagnon violent, témoigne-t-elle. Il n’aurait pas été un bon père. Il aurait été violent avec l’enfant comme il l’était envers moi. J’ai porté plainte contre lui, il devrait bientôt être jugé. Cela me dégoûte que des femmes abusées soient aujourd’hui obligées de poursuivre une grossesse non désirée. » VÊTU·E S D E LE U R TE N U E HOS PITALIÈ R E,
V I S AG E S G R AV E S , Amanda, Tony et Jenna, respectivement ergothérapeute, médecin et aide-soignante dans un hôpital d’Austin, se tiennent droit sur les marches de la Cour de Justice de la capitale texane. Sur la pancarte de Tony, une simple phrase : « Les médecins soutiennent les droits reproductifs. » Amanda tient haut la sienne sur laquelle elle a écrit : « Je me suis fait avorter. Suis-je toujours votre héroïne ? », en référence à • • •
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SUBSTANCE
ÉPOQUE
1 Austin, 30 juin 2022 : 1. Amanda, Tony et
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Jenna, courageux médecins et soignante, qui manifestent pour réclamer le retour du droit à l’IVG. 2. Austin, capitale du Texas et hub de la contestation féministe.
l’élan de soutien envers le personnel soignant lors de la première vague de Covid. « C’est purement criminel », affirme Tony, convaincu que des « femmes vont mourir par suite de grossesses dangereuses ». Alex, barbe rousse de hipster, arbore un T-shirt « Her Body, Her Choice » (Son corps, son choix). Non loin de lui, une trentenaire a posé sur ses genoux un carton : « L’avortement est illégal dans cet État, mais le Texas est OK avec l’inceste et le viol ! » Victoria et d’autres activistes, au lendemain de l’annonce de la suppression du droit légal et national de l’IVG, ont fait irruption dans une puissante église de Houston, à la manière des Pussy Riots russes dont les deux leaders disent s’inspirer. « La suppression de Roe est la pre-
ment vient narguer les manifestant·es en scandant au micro, depuis des voitures : « America First » (le slogan de campagne de Donal Trump, ndlr) et « Baby killers » (tueurs de bébés). Les deux égéries « prochoice » texanes veulent aussi croire en une possibilité légale d’« impeachment » de la Cour suprême devant la justice. Elles estiment que le combat pour le rétablissement du droit national à l’avortement pourrait avoir le même écho décisif que le mouvement Black Lives Matter. « On ne peut pas tolérer que des droits humains soient bafoués dans un pays aussi puissant que les États-Unis », insiste Coco. L’immense mobilisation du clan des « pro-choice » au lendemain de la décision de la Cour suprême suffira-t-elle à gagner le combat pour les droits des femmes, comme dans les années 70 ? Certaines d’entre elles, rencontrées dans les manifestations à Austin, en contact avec d’autres militant·es dans le pays, envisagent de durcir la lutte, et pourquoi pas de recourir à un blocage de la société, via des grèves dans les entreprises et l’industrie. ELLES SONT DES MILLIONS DE CITOYENNES
mière étape, croit Coco, vers de futures atteintes aux libertés telles que le mariage homosexuel, les droits des LGBTQ+ ou l’accès à la contraception. » « La polarisation dans ce pays est tellement exacerbée, souligne Victoria. Pour autant, nous voulons affirmer que nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes allé·es manifester dans des banlieues d’Austin très conservatrices, cela s’est bien passé. Même si elles ne l’avouent pas publiquement, beaucoup de femmes qui votent républicain sont hostiles à la suppression du droit légal à l’avortement. Pour faire entendre notre colère, nous souhaitons rester uni·es et très pacifiques. » Malgré les arrestations de militantes, comme à Los Angeles, lors de manifestations « pro-choice ». Malgré les provocations du camp « pro-life » qui régulière-
AMÉRICAINES, entrées en lutte depuis juin dernier, à l’espérer. À manifester chaque jour ou presque de New York à Los Angeles, d’Austin à Chicago. À relayer leur colère et leur tristesse sur les réseaux sociaux. Pour Coco et Victoria, comme pour Kathy Kleinfeld et son équipe du Women’s Reproductive Services, ce sera en novembre dans les urnes lors des élections de mi-mandat que pourrait se jouer un tournant décisif quant au retour éventuel d’un droit national à l’avortement aux États-Unis. « Les gens doivent absolument s’inscrire sur les listes électorales et voter pour des candidats “pro-choice” démocrates, lance Kathy Kleinfeld. C’est la seule solution pour voir du changement dans les États qui interdisent l’avortement. » Dans le hall du Capitole de l’État du Texas, des femmes, surveillées par des policiers armés, se relaient tous les jours pour tenir un sitting de protestation. Déterminées, à l’image de millions d’Américain·es entré·es, en cet été 2022, en résistance.
1. Source March of Dimes Data. marchofdimes.org 2. Instagram : @tx4abortion
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SUBSTANCE
ÉPOQUE
SALLY RIDE LA PIONNIÈRE OUBLIÉE
Astrophysicienne et championne de tennis, elle fut aussi la première Américaine à s’envoler dans l’espace, gagnant sa place dans la galaxie des icônes pop. Par Françoise-Marie Santucci
Sally Ride sur la base d’Ellington Field à Houston, Texas, en 1982.
VERBATIM
C’est l’histoire d’une petite Californienne de la classe moyenne, ultra-douée en maths, qui regarde les étoiles mais commence à taper des balles. Football dans les rues de L.A. puis tennis : elle enchaîne les compétitions et Billie Jean King lui conseille de devenir pro. Mais Sally, qui étudie à l’UCLA, choisit la physique. Elle intègre la prestigieuse université de Stanford dont elle sort docteure en astrophysique et diplômée en anglais. Mais son destin est ailleurs. Dans le journal de la fac, elle remarque une petite annonce : la NASA recrute. Le « boys club » réservé aux pilotes de chasse s’ouvre enfin aux femmes ? Sally postule ! Après des tests, elle est sélectionnée, avec une trentaine de personnes, parmi plus de huit mille candidat·es. Ses recruteurs discernent son remarquable sang-froid. Quand, en 1983, elle est la première Américaine à s’envoler à bord de la navette spatiale Challenger, les journalistes lui posent des questions d’anthologie (« Comment allez-vous faire pour le maquillage ? ») auxquelles elle répond avec humour. Elle retourne dans l’espace l’année d’après, puis quitte la NASA en superstar. Brièvement mariée à un collègue astronaute, Sally Ride devient la compagne d’une camarade d’adolescence, l’ex-joueuse de tennis Tam O’Shaughnessy. Malgré la célébrité de Sally, les deux femmes restent dans le placard. Ensemble, elles créent une fondation, la Sally Ride Science (qui existe toujours), qui encourage les adolescentes à suivre des études scientifiques. Après sa mort d’un cancer du pancréas, à 61 ans, Tam dévoilera leur amour, qui a duré vingt-sept ans. Dans la pop culture américaine, l’astronaute tutoie toujours les étoiles. À écouter, la belle chanson que Janelle Monáe lui a dédiée, Sally Ride*. (*) Sur l’album The Electric Lady, 2013 (Warner).
“L’IDÉE EST DE STABILISER LE RÉCHAUFFEMENT À 1,5 °C” FRANÇOISE VIMEUX, CLIMATOLOGUE
« Le dernier rapport du GIEC confirme que 100 % du changement climatique observé depuis le début du xxe siècle est dû au rejet des gaz à effet de serre induit par les activités humaines. Des études montrent qu’il dope les évènements extrêmes : avant 1989, on avait en moyenne deux jours de grosse chaleur par an en France comme en Belgique, aujourd’hui, c’est entre cinq et dix, et d’ici 2030, on s’attend à vingt à trente par an. Il a été prouvé que les actions individuelles peuvent compter jusqu’à 25 % et 30 % dans le grand chantier de la diminution des émissions de gaz à
effet de serre. En France, les transports sont le premier poste émetteur, soit 30%, dont la moitié provient de la voiture individuelle. Si possible, il faut opter pour des mobilités décarbonnées : voiture électrique, vélo ou marche à pied. Mais ce n’est pas suffisant, il faut une organisation à l’échelle nationale, politique ; avec des plans d’action structurés. L’idée est de stabiliser le réchauffement à 1,5 °C, voire à 2 °C, sachant que si on diminue drastiquement nos émissions, l’effet de stabilisation aura lieu d’ici vingt à trente ans. Les impacts du changement climatique vécus
Feux à Louchats, en Gironde, le 17 juillet dernier.
aujourd’hui vont continuer, il faut donc s’adapter. C’est possible, le GIEC donne des solutions secteur par secteur, mais au-delà de 2 °C, cela deviendra complexe, voire impossible. » Propos recueillis par Catherine Durand
SPACE FRONTIERS/ARCHIVE PHOTOS/HULTON ARCHIVE/GETTY IMAGES. THIBAUD MORITZ/AFP.
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x Bosch eBike Systems
EN ROUTE Les vélos-cargos électriques ont le vent en poupe. Et pour joindre l’esthétique à l’efficacité, on peut compter sur l’eCargo à motorisation Bosch eBike Systems. Un excellent choix pour transporter avec style des enfants ou des courses.
PRESSE.
Les vélos et triporteurs à assistance électrique sont plus populaires que jamais. Et la pandémie a encore renforcé cet engouement. En 2021, les ventes de VAE ont bondi de plus de 30 %. Depuis plus de dix ans, les systèmes d’assistance électrique innovants de Bosch sont plébiscités pour leur niveau élevé de qualité et de performance. Couvrir de longues distances devient un jeu d’enfant sur un VAE doté d’une unité motrice Bosch eBike Systems. Une alternative flexible et écologique à la voiture.
Besoin d’espace pour embarquer des enfants ou des charges diverses ? L’eCargo Bike offre la solution idéale. SÉCURITÉ RENFORCÉE
Pour plus de sécurité sur la route, le vélo-cargo électrique de Bosch eBike Systems est équipé du système eBike ABS, qui assure un freinage plus sûr et plus précis en toute circonstance. L’application eBike Flow permet de configurer sur mesure toutes les fonctions du système intelligent. Via son smartphone, l’utilisateur peut piloter la navigation et la protection antivol (avec eBike Lock), mais aussi adapter son VAE selon ses souhaits, le faire évoluer et le mettre à jour. Autre atout de l’eCargo Bike : son design élégant. Bref, il est bon pour la santé, la sécurité, l’environnement et le budget. Autant de bonnes raisons de l’enfourcher !
Cet article a été écrit en étroite collaboration avec Bosch eBike Systems. www.bosch-ebike.com
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Rachel Fleminger Hudson, artiste sous tension Rachel Fleminger Hudson, dernière lauréate en date du prix Dior Art of Color, travaille sur la ligne de faille, toujours en tension entre esthétique et contenu, performance et authenticité, humour et émotion… Une danse de contradiction qui explose de beauté. Par Galia Loupan
Quand j’étais plus jeune, je travaillais dans un pub à foot. J’y voyais les hommes désespérés, dévastés parce que leur équipe venait de perdre, et ils exprimaient cette émotion par la violence. Dans la confrontation au féminin, il y a une conscience de ne pouvoir être agressive que jusqu’à un certain point. C’est la même chose avec les émotions, on ne s’autorise à les montrer que jusqu’à un certain point. Nous les femmes, nous devons toujours maîtriser nos émotions, faire attention à ce qu’elles n’affectent pas les autres.
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Je suis influencée par Iain S P Reid. C’était un photographe de rue inconnu, qui aimait photographier les fans de football. Les photographes m’inspirent surtout pour leurs costumes et leurs décors, pas tellement pour la façon dont l’image est prise. Ce serait trop factice de leur voler leur réaction au lieu d’exprimer la mienne.
Votre travail a quelque chose qui rappelle la peinture, on y voir des échos de Hans Holbein, d’Otto Dix ou de Georges de La Tour…
C’e s t d rô l e. C e n e s o n t p a s d e s influences directes, pas du tout, mais je pense que j’ai grandi entourée de tellement d’art que cette imagerie classique a construit la façon dont je pose mon regard. Mon père était critique d’art, et quand j’étais enfant, par exemple, il a écrit un livre sur Le Titien, et pendant trois ans, toutes nos vacances étaient consacrées à aller voir ses œuvres. L’art fait tellement partie de mon expérience de vie, que cela transparaît assez natu-
rellement. C’est d’ailleurs quelque chose avec lequel je me bats, car quand j e p r e n d s d e s p h o t o s , j ’e s s a y e consciemment de ne pas aller vers ce qui me semble instinctivement beau, mais j’échoue à chaque fois. Cela m’est très facile de faire de belles photos, parce que je trouve de la beauté partout. C’est pourquoi je veux faire des images qui ont quelque chose de difficile. Mais au final, je prends toujours de jolies petites photos (rire). On me dit aussi que ma façon de travailler les couleurs fait très peinture, ce qui n’est pas mon intention une fois de plus, mais bon…
Parlons-en, vous êtes lauréate du prix Art Of Color, comment travaillez-vous la couleur ?
Toutes les couleurs sont d’origine, au sens où je n’ajoute jamais de couleur qui ne soit pas déjà là. Mais je fais ressortir les couleurs qui sont présentes. J’essaye toujours de voir jusqu’où je peux aller pour révéler des choses. Souvent, je commence par la peau, pour voir jusqu’à quel point je peux faire ressortir les détails. En faisant ça, je fais émerger toutes sortes de choses alentour, dans la lumière surtout, cela fait apparaître des halos autour des personnages. Ce qui horrifie mes professeurs, mais moi j’adore (rires). • • •
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ÉPOQUE
Qui sont vos influences, si ce ne sont pas les grands peintres ?
Je suis surtout influencée par la photo et le cinéma des années 1960-1970. Les cinéastes qui comptent sans doute le plus pour moi, même si j’en oublie forcément, sont Ken Russel, Ingmar Bergman, Rainer Werner Fassbinder et Roman Polanski, bien que je sois vraiment mal à l’aise par rapport à ce dernier. Il y a aussi les Giallos ou les films d’horreur de la Hammer, mais pas pour leur côté gothique. On y voit d’incroyables portraits de gens ordinaires, des personnages qui n’ont aucune importance dans le scénario, mais qui apportent des réactions absolument géniales. Sinon, j’aime les photographes qui représentent le réel,
mais cela m’intéresse en ce que ces photos ont de faux, comme des cartes postales hyperréalistes. Il y a vraiment quelque chose d’intéressant là-dedans à mes yeux. Vous êtes toujours dans cette tension entre authenticité et performance…
Je suis à fond dans les études culturelles, la théorie. J’ai vraiment du mal avec l’authenticité du processus de fabrication des images, surtout dans un contexte de mode. Avant, j’avais le sentiment de faire des images post-modernes, issues d’autres images, et finalement dénuées de sens. Faire des images dans une intention purement esthétique ne m’intéressait pas. Mais à présent je commence à voir en quoi l’authenticité
apparaît au niveau matériel. J’ai une énorme collection de vêtements 70’s, dont je me sers pour construire les personnages. Les personnages ne sont pas authentiques, dans la mesure où ils sont recréés, mais ils le sont pourtant à travers l’expérience live qui se produit sur le moment : les personnes que je photographie portent de vrais vêtements, ils vivent l’expérience d’une réalité performative. Pendant la performance, les choses sont à la fois réelles et fausses. Mais j’ai aussi eu beaucoup de mal avec l’industrie de la mode, pendant longtemps, surtout à cause de son impact négatif sur l’environnement. Mais depuis que j’envisage la mode sous l’angle du costume, j’en viens à la respecter de plus en plus. Je considère que
Pour moi, les femmes expriment le défi, l’antagonisme, en même temps une dualité, celle de l’émotion. C’est comme ça que je me vois, et que je vois les autres femmes, et c’est ce que j’essaye de montrer. Pour moi, c ‘est ce qui ressort des personnages. Et puis, explorer les modèles, qui ils sont, l’aspect collaboratif de la fabrication des images.
J’essaye toujours de faire des images sans faire référence à l’imagerie classique, de m’éloigner de la longue histoire de la beauté, de rejeter ce que qui attire naturellement l’œil, ce que l’œil aime regarder. Et pourtant c’est toujours ce que je finis par faire. Ce qui est une bonne chose : les belles photos, c’est important.
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mon travail est basé autant sur le costume que sur la prise de vue. Pour moi c’est même l’étape la plus importante du processus ! Rechercher, construire une identité à travers l’interaction avec les vêtements, tout cela me fait comprendre comment je pourrais me trouver une place dans cette industrie. Mais ça reste compliqué. Pour vous, quel est le rapport entre la réalité physique et la réalité virtuelle ?
Cette image fait partie d’une œuvre à trois niveaux. Le shoot photo, qui a été filmé, et sur lequel une musique a été composée. C’était une expérience incroyable, parce que nous n’avions rien planifié à l’avance. J’ai senti ce narratif émerger très vite, simplement en réagissant à la situation.
D’une certaine manière, mon travail est en réaction contre l’irréalité de l’art digital, puisque je travaille sur des expériences, le fait d’être physiquement présente. Je viens de faire un film entièrement basé sur un processus incarné, matériel, quelque chose de vrai et de physique. Mais en tournant le film, je pensais aussi à l’espace virtuel, à ce que les gens vont devenir quand la moitié de leur esprit sera déconnectée du réel, et n’existera plus que dans l’hyperréalité virtuelle. Un espace irréel qui pourtant existe vraiment. Mais en définitive, nous sommes tous réels, et nous sommes tous présents. D’où mon idée du « face -à-face » : nous interagissons toujours physiquement, bien que nous ayons également cette expérience virtuelle. Et même si les photos ou les vidéos sont montrées dans un contexte virtuel, elles représentent des choses réelles. Et vous, comment apparaissez-vous dans vos images ?
CRÉER UN PERSONNAGE
Ce qui m’a avant tout touché dans le travail de Rachel Fleminger Hudson, c’est son intérêt pour les habits, la coiffure et plus généralement son souci du détail pour créer un personnage. Ses images me plongent dans le passé et me racontent des histoires. J’ai aimé son observation de la mode des temps passés. Selon moi, elle fait un travail photographique « global » avec un sens de la mise en scène qui m’a tout de suite plu. Il y a aussi un aspect ludique qui m’a attiré. Le regard photographique que la jeune génération porte sur le monde me donne totalement espoir dans l’avenir artistique. L’artiste est chargé de proposer un regard inédit et ceux que j’ai découverts parmi les portfolios me sont apparus particulièrement affûtés. Pour moi, la photographie s’inscrit dans la communication, elle est un canal pour transmettre des idées clés, elle est une façon d’anticiper l’avenir et je vois que la nouvelle génération sait interroger son rapport au monde. Samuel Fosso, President du Jury
AU-DELÀ DES CLICHÉS
Rachel Fleminger Hudson, lauréate du the Prix Dior 2022, est une voix nouvelle et originale dans le domaine de la photographie. Elle équilibre avec style et grâce le point de vue de sa génération, à travers une interprétation subtile et éclectique du passé. A travers une esthétique de la mise en scène théâtrale autant que cinématographique, elle joue à des jeux intelligents avec les visages d’aujourd’hui d’une façon qui évoque mais dépasse les clichés et les images stéréotypées. Simon Baker, Directeur de la Maison Européenne de la Photographie
Aujourd’hui, tout le monde est supposé se définir. Je suis quelqu’un de très curieux. Je trouve les autres humains déroutants, déstabilisants. J’essaye sans arrêt de les comprendre, et je n’y arrive pas. J’essaye aussi toujours d’être drôle, et quand j’ai fini mes images, elles sont complètement du côté de l’émotion. Qu’est-ce que cela dit de moi ? (rire) C’est assez révélateur, parce que je trouve le monde très beau, insoutenablement émouvant. Souvent, je voudrais ne pas trouver tout si beau, c’est trop, cela me submerge. Et je ne veux pas dire beau dans un sens esthétique, mais le monde est tout simplement beaucoup trop incroyable. Et ce processus de faire des tentatives d’humour pour finir dans l’émotion pure, c’est une des clefs de mon rapport aux autres.
42 SUBSTANCE CULTURE
Isabelle de Borchgrave. Miradas de Mujeres
FRIDA ET ISABELLE, COMME DEUX AMIES Avec une grande exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, Isabelle de Borchgrave rend hommage à l’artiste mexicaine Frida Kahlo. Elle a reconstruit la Casa Azul de Frida entièrement en papier. Par Etienne Heylen
Elles auraient très bien pu être amies, bien qu’elles ne se soient jamais rencontrées. Le même penchant pour les tenues traditionnelles, pour les couleurs et les beaux tissus. L’admiration d’Isabelle de Borchgrave pour Frida Kahlo est énorme, au point qu’elle a décidé de reconstruire la maison de l’artiste mexicaine en trois dimensions et entièrement en papier. « Bien sûr, Frida a eu une vie tourmentée à cause de la paralysie infantile et du terrible accident dont elle a été victime, mais je ne parle pas de ça. Je me focalise sur son côté amusant, coloré et joyeux, parce qu’elle aimait la vie, l’amour et la bonne compagnie. Elle s’habillait, se maquillait, portait des parures. On explore rarement cette facette d’elle dans une expo ». Isabelle a travaillé sur l’exposition pendant près de trois ans, un travail minutieux qui a nécessité plus de quatre kilomètres de papier et de carton pour créer les robes, les tapis, les meubles, les arbres, les fleurs et les animaux. « Lors de mon deuxième séjour au Mexique, j’ai pu faire une visite privée de sa maison. J’ai été autorisée à fouiller dans tous les tiroirs, pour ainsi dire, quelque chose que presque personne n’est autorisé à faire jusque-là. » L’occasion de littéralement vous promener dans le monde de Frida Kahlo. Miradas de Mujeres – Isabelle de Borchgrave X Frida Kahlo, du 14 octobre au 12 février 2023 aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles. www.fine-arts-museum.be
AGENDA Sempé. Infiniment vôtre.
Hommage à l’univers espiègle et taquin de Sempé, décédé le 11 août dernier. 120 dessins originaux et une première exposition d’envergure en Belgique pour le papa du petit Nicolas, qui a débuté dans Moustique. Une immersion inédite dans un monde décalé, mutin, poétique, drôle et malicieux. Du 7 octobre au 15 janvier 2023 à la Fondation Folon à La Hulpe. www.fondationfolon.be BRUXELLES
Picasso & Abstraction
Bien qu’il n’aime pas du tout l’art abstrait,
beaucoup de ses contemporains le considèrent comme l’un de ses précurseurs. Pour la toute première fois, la relation de Picasso avec l’art abstrait est mise en valeur à travers plus de 120 œuvres. Du 14 octobre au 12 février 2023 aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. www.fine-arts-museum.be CHARLEROI
Lisette Model
150 œuvres sur ses séries emblématiques : de la Promenade des Anglais à Nice, en passant par les clochards croisés à Paris ou des travestis ou chanteuses de boîtes de jazz. L’exposition Lisette Model offre une vision
inédite de l’œuvre de la photographe.
Jusqu’au 22 janvier 2023 au Musée de la photographie. www.museephoto.be BRUXELLES
Toutânkhamon
Voici cent ans, Howard Carter découvrait la tombe presque intacte du pharaon Toutânkhamon. Dans cette exposition, vous admirerez les répliques exactes de ce qui s’y trouvait, comme son char, son sarcophage, ses bijoux, ses statues de dieux…et son masque mortuaire doré ! Jusqu’à fin décembre (prolongation possible) à Tour & Taxis. www.tutankhamonexpo.com
ISABELLE DE BORCHGRAVE.
LA HULPE
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EXPOS
La culture, une vitamine riche pour l’esprit… Par Etienne Heylen et Aurélia Dejond
JOAN MIRÓ Une centaine d’œuvres originales (peintures, gouaches, dessins, céramiques, sculptures... ) issues de prestigieuses collections internationales publiques et privées, dont la Fundació Pilar i Joan Miró (Palma de Majorque), la Fundació Joan Miró (Barcelone), le Centro de Arte Reina Sofia, le Musée national Picasso-Paris, la Fondation Maeght ou le LaM. Des dispositifs immersifs et interactifs ponctueront le parcours afin de permettre aux visiteurs de mieux comprendre la manière dont Miró envisageait son processus créatif. Durant cette expo, le BAM donne également carte blanche à un artiste bruxellois contemporain, Xavier Noiret-Thomé. Il mettra en dialogue des œuvres issues des collections montoises du 20e siècle, avec ses créations personnelles. Le tout fera écho et complètera la réflexion de Miró sur l’art et ses racines. L’essence des choses passées et présentes, du 8 octobre au 8 janvier au Musée des Beaux-Arts de Mons. www.bam.mons.be
Joan Miró (Barcelona 1893 – Palma di Mallorca 1983) Les oiseaux de proie foncent sur nos ombres, 1970.
LA MÉTROPOLE ALEXANDRIE ISABELLE MAEGHT, PARIS. HADIYE CANGÖKÇE.
SUCCESSIO MIRÓ / SABAM BELGIUM 2022 COLLECTION
Aslı Çavuşoğlu, Gordiaanse Knoop, céramique 2013.
La ville portuaire égyptienne d’Alexandrie a été fondée vers 330 av. J.-C. par Alexandre le Grand et était déjà un pôle économique, également connu pour son côté cosmopolite. L’expo revisite la mégapole antique à l’apogée de son histoire à travers quelque 200 œuvres issues des plus importantes collections muséales européennes. Elle propose des artefacts d’une période qui s’étend sur plus de
sept siècles, de la fondation de la ville à l’avènement du christianisme. Mais elle invite également à jeter un coup d’œil sur la métropole actuelle. Dix-sept artistes contemporains élargissent la vision de la ville, de sa complexité et de son caractère paradoxal. En plus des trésors anciens, on peut également admirer une sélection unique de peintures contemporaines, de sculptures et d’installations audiovisuelles.
Alexandrie : futurs antérieurs. Jusqu’au 8 janvier à Bozar à Bruxelles. www.bozar.be
44 SUBSTANCE CULTURE
S énégal, pour l’ar t de vivre et la musique auquel il a pu goûter lors de ses voyages et qui l’inspire. « Sans l’Afrique, il n’y aurait eu ni le jazz, ni le blues, ni le rock », retient-il. Pour ses bébés, Matthieu a composé quelques berceuses qui tranchent sur le début du disque plus rock. Est-il un père différent à cinquante ans de celui qu’il était à trente, à la naissance de sa fille Billie ? « Je suis moins dans la culpabilité qu’avant. La moindre absence, je la vivais comme une trahison ultime. Aujourd’hui, j’ai compris qu’un enfant se construit sans que l’on soit derrière lui à chaque seconde. Évidemment, il y a une maman extraordinaire derrière. »
MATTHIEU CHÉDID, RÊVEUR LES PIEDS SUR TERRE Il a conçu son nouvel album, Rêvalité, comme un remède aux angoisses et peurs générées par ce monde, ces temps-ci. Pour M, son alter ego, le rêve et la réalité ne font qu’un. Par Joëlle Lehrer
Sa grand-mère, la poétesse Andrée Chédid, lui a appris à célébrer la beauté dans le chaos. Que les récentes années passées aient été chaotiques et angoissantes, nul ne peut le nier. Mais, le fracas du monde extérieur ne résonne pas dans les nouvelles chansons de M. « J’ai la chance d’être plutôt bien dans ma vie et j’ai envie de diffuser de l’amour parce qu’il en faut et que ça ne court pas les rues ».
Sur le plan personnel, il est apaisé. « J’ai des enfants qui viennent de naître, une petite qui a quelques mois et un garçon de trois ans et demi. Cela ne peut que te mettre sur la bonne voie de la vie. Et tout ça, dans une maison de campagne. » Là, en Seine-et-Marne, l’artiste a installé un nouveau studio. Il a le sentiment d’y avoir créé une oasis de beauté. Il aime évoquer l’Afrique, surtout le Mali et le
M, Rêvalité, PIAS. En concert le 14 octobre à Forest National.
CHRISTOPHE MARTIN.
FÉMINISTADOR
Si son album est violet, ce n’est pas parce que c’est la couleur de l’année. Déjà parce qu’il l’ignorait. « Quand j’ai fait l’album rose, le rose était aussi la couleur de cette année-là. » Récemment, un présentateur français, Nagui, pour ne pas le citer, a établi un lien entre M, Prince et le féminisme. « Je n’ai pas très bien compris », avoue Matthieu pourtant très fan du génie de Minneapolis. Plus violet que violent, l’artiste a, on s’en souvient, écrit l’un des premiers hymnes anti-machisme avec Machistador en 1998. « Je me suis masculinisé avec le temps. Mon féminin était très fort. Ce qui est amusant, c’est que sur mes réseaux sociaux, il y a 75 % de femmes qui me suivent. Je pense que ce n’est pas tant pour mon côté crooner que pour mon côté féminin. Quant à mes performances de guitariste, elles attirent plus le public masculin. » Au début de 2023, on découvrira la b.o. que M a composée pour Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, de son ami Guillaume Canet. Il a même endossé un petit rôle, celui du cousin d’Assurancetourix qu’on a prénommé Remix et qui est spécialiste en musiques du monde… « Avoir un regard pop sur de la musique de film, ça m’amuse beaucoup. »
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MUSIQUE
Le cadeau posthume d’Arno, le retour excitant des Arctic Monkeys, les confidences de Lomepal et les envolées pop-rock de Maggie Rogers dans les écouteurs. Par Joëlle Lehrer
ON ADORE
Arno
Il est parti le 23 avril dernier. C’était un samedi. On s’en souvient bien. Tout à coup, la Belgique a eu la gueule de bois et le cœur de travers. Mais Arno n’est pas mort sans nous faire encore un cadeau. Opex doit son titre à un quartier d’Ostende, sa ville natale, près du phare. L’album, enregistré à l’ICP, mélange les titres rock en anglais comme I Can’t Dance et les chansons en français. Parmi eux, on apprécie son duo avec Mireille Mathieu sur La Paloma Adieu, hit légendaire de Mimi, auquel il a donné un côté décalé assez intéressant. Arno évoque son grand-père sur un ton grave et quelques notes d’harmonica bluesy. On reconnaît son côté anarchiste et je-m’en-foutiste dans Boulettes. Et sa sincérité extrême dans Court-circuit dans mon esprit où Sofiane Pamart l’accompagne au piano. « Les jolies chansons ne tuent pas la réalité, please save me », lâchet-il. Merci d’avoir été dans nos vies, Arno Hintjens. Opex, Arno, PIAS/Le Label, sortie le 30 septembre.
DANNY WILLEMS. ALBA TOZ. OLIVIA BEE. PRESSE.
ON SAVOURE
Arctic Monkeys
Dire que je suis les Arctic Monkeys depuis longtemps n’est pas exagéré puisque la toute première fois que je les ai vus en concert remonte à 2005 au Bota. Aussi, la sortie, fin de ce mois, de The Car, leur septième album, est une excitation maximale. Garant sa bagnole blanche sur un parking désert, la bande d’Alex Turner a choisi d’enregistrer dix nouveaux titres en Angleterre et en France. Ce qui laisse envisager un retour aux roots et à moins de bling bling californien. Le groupe, actuellement en tournée mondiale, a largement le temps de tester les nouveaux morceaux sur le public. The Car, Arctic Monkeys, V2, sortie le 21 octobre.
ON RETROUVE
Lomepal
Après un passage à vide et un burn out dû à l’énorme succès de son précédent album, le rappeur parisien, fort proche de la scène belge, revient avec un foisonnement de mots et de sons. Synthés, guitares, piano accompagnent les quinze morceaux où il fait, entre autres, un clin d’œil à Cindy Lauper dans Auburn. On aime beaucoup son Prends ce que tu veux chez moi et son côté mec bizarre. Mauvais ordre, Lomepal, PIAS.
ON APPROUVE
Maggie Rogers
À vingt-huit ans, Maggie Rogers n’est pas une popstar américaine comme les autres. Après l’envol de sa carrière, elle a choisi d’entamer des études universitaires à la Harvard Divinity School et terminé une thèse de doctorat sur l’éthique du pouvoir dans la culture pop. Ce qui ne l’a pas empêchée de réaliser cet album où sa recherche de liberté, mélodique et stylistique, est manifeste. On lui trouvera, par moments, certaines intonations à la Florence + The Machine et quelques vibes new wave. Surrender, Maggie Rogers, Universal Music.
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SUBSTANCE
CULTURE
CINÉMA
Marilyn Monroe fascine encore, Simone Veil méritait plusieurs films, Florence Pugh tient un grand rôle et la Palme d’Or va faire rager les super riches. Par Joëlle Lehrer
ON EST FAN DE MARILYN Il est possible que vous n’ayez pas lu Blonde de Joyce Carol Oates qui imaginait la vraie vie de Marilyn Monroe et ne constituait pas pour autant une biographie. Andrew Dominik s’est emparé de ce gros bouquin et s’est ingénié à en faire un film où la star, décédée en 1962, entame un débat entre son vrai moi et l’image qu’elle projette d’elle-même au monde entier. Chaque scène s’inspire de photos réelles ou de scènes de films. Ni linéaire, ni conventionnel, Blonde repose en grande partie sur le talent d’Ana de Armas qui ne s’est évidemment pas contentée de passer trois heures par jour au make-up et d’enfiler une perruque platine. Pour elle, ce non-biopic est une œuvre féministe.
Simone, le voyage du siècle, de Olivier Dahan, avec Rebecca Marder, Elsa Zylberstein et Elodie Bouchez, sortie le 12 octobre.
ON SUIT FLORENCE
Florence Pugh compte parmi les actrices anglaises les plus prometteuses du moment. Et cette fois, Olivia Wilde, passée à la réalisation, lui confie un premier rôle dans son thriller psychologique, Don’t Worry Darling. En Californie, dans les années 50, un couple fort épris va voir son existence chamboulée avec l’apparition d’un lourd secret. Et si la communauté dans laquelle ils demeurent n’était pas tout à fait ce qu’elle prétend être ? Don’t Worry Darling, de Olivia Wilde, avec Florence Pugh, Harry Styles et Chris Pine, en salles.
ON RICANE AVEC RUBEN
Le Suédois Ruben Östlund a remporté la Palme d’Or à Cannes pour Triangle of Sadness, une satire ultra grinçante sur le monde des super riches et des influenceurs. Il envoie cette caste, sur un yacht de luxe, en haute mer et regarde comment ils se débrouillent sur une île déserte. Là où leurs montres hors de prix ne servent à rien…et où Instagram n’est pas accessible. Triangle of Sadness, de Ruben Östlund, avec Woody Harrelson, Harris Dickinson et Charlbi Dean, sortie le 28 septembre.
WARNER BROS PICTURES. PLATTFORM-PRODUKTION. PRESSE.
ON A PERDU SIMONE
S’il y a une personnalité féminine française qu’on admire, c’est bien Simone Veil. Son destin incroyable mériterait plusieurs films. Or, Olivier Dahan, à qui l’on devait déjà La Môme sur Piaf, a tenté de tout raconter, de l’enfance heureuse aux camps de concentration, des études à Sciences Po à la présidence du Parlement européen. Et, bien sûr, son combat pour la dépénalisation de l’avortement. Avec d’incessants allersretours dans le temps, ce biopic est indigeste mais on y apprendra certainement deux, trois trucs sur Simone qu’on ignorait.
2020 – MARVELOUS PRODUCTIONS - FRANCE 2 CINÉMA - FRANCE 3 CINÉMA. COURTESY OF
Blonde, de Andrew Dominik, avec Ana de Armas, Adrien Brody et Julianne Nicholson, sur Netflix, sortie le 28 septembre.
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LIVRE
tragique peut avoir une fonction de catharsis. Interroger sur les ravages éventuels de la culpabilité, sur l’injonction de réussir à faire son deuil, sur le tabou du désir de revanche…j’écris en effet souvent des ouvrages assez sombres, alors que je ne le suis moimême pas du tout (rires) !
Par Aurélia Dejond
Jean se sent coupable de la mort de son frère, comme de sa fille. N’y a-t-il pas amalgame entre culpabilité et responsabilité ?
DANIEL CHARNEUX, de la tragédie à la compassion Parce que grandir sur fond de résilience fragilise à vie, le romancier belge Daniel Charneux a décidé, dans son dixième roman, d’explorer le sentiment de culpabilité, le deuil et le désir de vengeance. Des thèmes à priori noirs pour un récit qui ne l’est pas. Un page turner.
PRESSE.
Jean perd son frère jumeau à l’âge de dix ans. Une fois adulte, sa fille se fait égorger. Vous avez un goût particulier pour la tragédie ?
Je ne choisis pas les sujets que j’aborde, c’est plutôt ma plume qui me guide, de roman en roman. J’aime beaucoup la tragédie grecque, oui, et parmi l’uni-
vers de romancier qui me régit et que j’aime explorer, certains thèmes sont récurrents et me parlent sans doute davantage, comme le poids du destin sur la vie d’un être, l’obsession du temps qui passe, les notions de culpabilité et de faute…Écrire libère un auteur. Exactement comme pour un lecteur : ce
C’est presque une question philosophique…Le sentiment de culpabilité relève surtout de l’intime, la responsabilité est plus d’ordre moral. Chaque décision entraîne une conséquence pas toujours anticipée, qui, si elle est nuisible aux autres, peut induire la colère, les regrets, la souffrance… « Nous sommes nos choix », disait Sartre. Jean se sent à la fois coupable et responsable. Pour dépasser ces sentiments extrêmement ravageurs, la résilience est la seule alternative. Or, le désir de vengeance, ou est-ce plutôt un besoin de faire ou de rendre justice, s’immisce en lui, étape nécessaire dans son cheminement personnel. J’aurais pu donner naissance à un héros qui ne se sentait ni coupable, ni responsable, le récit aurait évidemment été tout autre. Faire son deuil du deuil, espoir utopique?
Je déteste l’expression « faire un travail de deuil ». Comme si le deuil était un chantier qui avait un début et une fin. Le deuil est un état à vie ! Le temps est une sorte de gomme potentielle, qui peut contribuer à lisser un peu les blessures. On peut connaître une forme d’estompement de la douleur, avec laquelle on apprend à vivre et qui reste tapie, sans nécessairement se déclarer chaque jour, au fil du temps. Réussir à faire son deuil est une injonction sociétale aberrante, comme si on « ratait » quelque chose en ne parvenant pas à surmonter un décès. Cela revient à obliger quelqu’un à tourner une page, quasiment sur commande, à passer à autre chose. C’est typique d’une société dans laquelle les diktats ont tendance à prendre le dessus… C’est effrayant ! Les oiseaux n’ont pas le vertige, Daniel Charneux, Genèse Édition 21 €.
TÊTE-À-TÊTE(S)
SUBSTANCE
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VIOLA DAVIS
“J’étais une enfant coriace et je suis devenue une femme coriace” Elle appartient à la liste A de Hollywood. Et au club restreint des acteurs et actrices ayant remporté un Oscar, un Tony et un Emmy. Viola Davis a réussi un parcours exemplaire. Dans The Woman King, la star se présente comme une guerrière africaine. Ce qu’elle est aussi (un peu) en vrai. Interview exclusive.
NICOLAS PRADO POUR L’ORÉAL PARIS.
Par Joëlle Lehrer
Elle se trouve dans un bureau à Los Angeles et porte un tailleur lilas. Un look très différent de celui qu’elle a dans The Woman King où on la voit en tenue de guerrière de l’armée du Dahomey. Son personnage porte un court pagne et un top mettant en valeur son corps musclé et huilé. La force de Viola transperce l’écran à la première seconde. Et en interview, c’est aussi l’impression qu’elle me fait. The Woman King, dans lequel vous tenez le premier rôle féminin et produisez, relate une part de l’histoire très intéressante de l’armée féminine du Dahomey. Son pouvoir s’étendit au 18è et 19è siècles. Sa bravoure était
reconnue par ses ennemis. Comment ce projet est-il arrivé jusqu’à vous ?
C’est l’actrice Maria Bello qui, me remettant une récompense, il y a huit ans, m’a parlé de cette armée de femmes. J’y recevais un prix dans le cadre du Musée National de l’Histoire des Femmes, à Los Angeles. Et Maria m’a raconté le pitch de cette guerrière Nanisca. S’adressant à l’audience présente, elle demanda : « Ne souhaiteriez-vous pas voir Viola Davis dans un pareil récit ? ». Tout le monde, dans la salle, s’est emballé pour ça et ce fut ma première introduction à cette histoire. Ensuite, Dana Stevens s’est attelée à l’écriture du scénario. Nous l’avons présenté aux studios et c’est, de cette manière, que le projet a démarré.
Ce sujet-ci, à la fois historique et très moderne, démontre que les femmes sont capables de se battre physiquement.
Elles étaient entraînées au combat. Elles apprenaient à se battre avec des lances et des machettes. On les préparait aussi à supporter la douleur. Ces combattantes devaient être capables de résister à l’absence de sommeil comme au manque de nourriture. Ces choses qu’apprend n’importe quelle unité militaire. Mais le plus important, c’est qu’elles devaient renoncer au mariage, à procréer et même à avoir une relation amoureuse. Cela ne leur était pas autorisé. Je pense que le message du film est d’appuyer sur le pouvoir infini des femmes. Et de ne pas nous diminuer • • •
SUBSTANCE
TÊTE-À-TÊTE(S)
en raison de limitations basées sur le sexe. Et je crois que cela a une résonnance au 21è siècle. Le film montre aussi qu’une femme peut accéder au leadership. Et que les femmes sont multitâches et acceptent beaucoup de sacrifices basés sur une vision dépassée du monde. Tout cela est encapsulé dans le film qui montre, de manière profonde, toute l’étendue de l’identité féminine. •••
Avez-vous découvert quelque chose qui se rapportait à vos racines africaines?
J’ai appris énormément sur le royaume du Dahomey (ndlr : actuellement, le Bénin). Tout y était produit sur place et manufacturé. Ils consommaient ce qu’ils produisaient et portaient les vêtements qu’ils créaient . Comme le montre le film, ils avaient leur propre armée. Leurs villes étaient développées
et leur société très progressiste pour l’époque. J’ai appris énormément à propos de leur intelligence et de leur autonomie. Mais le plus important était d’en savoir plus sur ces guerrières. L’Histoire que j’ai apprise a été celle que l’on m’a enseignée, à l’école et à l’université, au travers du prisme de la culture des Blancs. C’est merveilleux de pouvoir interpréter de grands rôles mais c’est tout aussi merveilleux de pouvoir apprendre quelque chose. Votre personnage Nanisca est proche d’une jeune recrue avec laquelle elle développe un lien comparable à celui d’une mère et de sa fille.
Je crois que lorsque vous souffrez de ne pouvoir être mère, vous trouvez un moyen d’être maternelle. Il y a cela dans l’énergie féminine qui désire
nourrir, guider et aimer. Je crois que l’on retrouve ça partout que l’on soit Bla n ch e o u No i re, A f r i c a i n e o u Européenne. C’est, là, un des très jolis aspects du film. C’est la première fois, dans votre carrière, que vous tenez un rôle aussi physique et que vous êtes amenée à dévoiler autant votre corps.
Oui ! (Rires). J’ai suivi un programme spécial cinq jours par semaine comprenant deux heures et demi par jour d’arts martiaux. Et ce, durant de nombreuses semaines. J’incarnais une guerrière très musclée et puissante, il me fallait donc de l’entraînement et une mise au régime. Je me suis dépassée. Vous savez, très souvent, on se dit : « Non, je ne vais pas être capable de faire ça ! Je ne m’y vois pas ! » mais en fait, si, vous êtes capable. Et c’est intéressant de constater à quel point nous plaçons ces paramètres dans notre subconscient avant même de commencer. On peut se demander d’où viennent ces freins. Je crois, pour ma part, qu’ils sont juste culturels. En tant que femme, depuis l’enfance, on nous répète que l’on ne peut faire ci ou ça parce qu’on en est incapable. Donc, on n’essaie même pas. Par conséquent, pour moi, cet entraînement pour le rôle constituait un formidable exercice qui m’a permis de me surprendre moimême. En particulier à ce stade de ma vie car, j’ai cinquante-six ans. Franchement, Viola, vous êtes magnifique dans la peau de Nanisca !
Merci beaucoup ! Vous savez, cela a été très libérateur de se couler dans ce personnage. Et de jouer avec ces fantastiques actrices comme Lashana Lynch et Thuso Mbedu. Et il s’agit aussi de votre premier film d’action, non ?
Je ne l’appellerai pas film d’action. C’est un film qui n’a pas de précédent, parce qu’il est principalement féminin et joué par des actrices noires, à la peau sombre, dans un contexte historique. Donc, pour moi, il s’agit plutôt d’un drame historique avec des scènes d’action. Toute votre vie, vous avez dû vous battre contre la pauvreté, les injustices,
PHOTO KWAKU ALSTON. COIFFURE JAMIKA WILSON. MAQUILLAGE SERGIO LOPEZ-RIVERA. STYLISME ELIZABETH STEWART.
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le racisme, les stéréotypes et le sexisme. Vous avez dû vous battre car, vous n’aviez pas d’autre choix. Et vous avez décidé de créer vos propres opportunités.
Absolument. C’est comme Shirley Chisholm qui fut la première femme afro-descendante à poser sa candidature à la présidence des Etats-Unis et aussi la première députée noire en 1968. C’était il y a cinquante ans. Elle disait : « S’il n’y a pas de siège à table pour toi, apporte une chaise pliante et crée ta propre table ». C’est ce que j’avais dans mes mains. Et c’est ce que Nanisca, dans le film, déclare : « Bats-toi ou meure ». Jouer la comédie est ce que je fais. Je n’ai jamais eu de plan B. Je suis tombée amoureuse de ce métier. J’avais la vocation. J’étais une enfant coriace et plus tard, je suis devenue une femme coriace. Une part de moi rejetait l’idée que le choix des rôles dispon i b l e s et q u’o n m e p ro p o s a i t , à Hollywood, était limité. Je me voyais capable d’une plus belle expansion. C’est ainsi que, plus tard, j’ai fondé, avec mon époux, Julius Tennon, la société de production JuVee. Et je crois que les Afro-descendants sont capables de plus et de mieux. Je sais qu’en tant qu’êtres humains nous sommes complexes. Nous ne sommes pas capables d’être juste des conducteurs de bus, des juges, des gouvernantes ou des drogués. Ou des mères célibataires vivant dans des HLM. Nous sommes plus que ça. Je voulais fonder une compagnie capable de créer des opportunités, pas seulement pour moi mais pour d’autres actrices et acteurs comme moi. C’était ma façon de répondre et je ne veux pas p ro n o n c e r u n j u ro n . C’ét a i t m a manière de répondre aux injustices.
PRESSE.
Ainsi, vous êtes devenue un modèle pour d’autres femmes.
Ça, c’est beau ! Cela me plaît. Je pense qu’il vient un moment où vous devez être un.e hors-la-loi et casser les codes. Je crois fermement dans ce slogan : « Well behaved women seldom make history » (« Les femmes bien éduquées font rarement l’Histoire », ndlr : slogan féministe des années 70). Il arrive que vous deviez aller voir ce qu’il se passe au dehors. Parfois, c’est bien, parfois, pas. Et si cela ne vous convient pas, il est de
Viola Davis dans son rôle de Nanisca, la guerrière du Dahomey.
“Nous faisons ce que nous faisons pour être vu.e.s et que nos vies aient un sens” votre devoir de le combattre. Car, si vous ne le faites pas, vous tomberez sous le poids de cette charge. Pour ce qui est de moi, je refuse de tomber sous le poids de quelque chose qui ne me sert pas. Donc, voici mon « magnum opus », mon œuvre maîtresse. Depuis #MeToo, Black Lives Matter et #Oscarssowhite, les mentalités dans votre industrie ont-elles changé un peu ou beaucoup ?
C’est une bonne question mais elle n’est pas posée à la bonne personne. S’il y a une soirée quelque part, posez-vous la question de savoir si la soirée se passe bien à la personne invitée ou à la personne qui n’a pas été invitée ? Je suis la personne à la périphérie. Et je ne me pose plus ce genre de questions. Je regarde s’il y a de bons rôles pour moi et s’il n’y en a pas, je fais en sorte que cela change. C’est aux personnes qui sont au top management des grands studios de
production qu’il faut poser votre question. Ce sont eux qui édictent les règles car, ils en ont le pouvoir. Et à eux, on ne leur pose jamais cette question. Récemment, vous déclariez à propos de Michelle Obama, que vous avez incarné à l’écran dans la série The First Lady, qu’elle était saine parce qu’elle avait toujours été regardée. Mais si vous avez choisi de devenir actrice et productrice, c’est aussi pour être vue.
Absolument. Nous faisons ce que nous faisons pour être vu.e.s et pour que nos vies aient un sens. Et cela qui que nous soyons. Et nous nous battons contre les forces ou les gens qui se mettent en travers de notre chemin vers ce but qui nous importe. Ce film et ma carrière, voilà mon introduction au monde. The Woman King, de Gina Prince-Bythewood, avec Viola Davis, John Boyega, Thuso Mbedu, sortie le 12 octobre.
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6 FEMMES AFRO-BELGES AU TOP Qu’elles soient présentatrices télés, chanteuses, actrices ou artistes plasticiennes, les femmes belges aux racines africaines ont toutes conscience de posséder la richesse d’une double culture. Et nous avons choisi de les mettre en valeur. Par Joëlle Lehrer et Elspeth Jenkins. Photos Agneskena Visuals Réalisation et stylisme Elspeth Jenkins
K.ZIA
À vingt-huit ans, la fille de Marie Daulne (Zap Mama) a choisi, à son tour, de s’exprimer en musique. Son album Genesis, sorti cette année, est riche de styles et d’idées. Basée à Berlin, cette Belge, aux origines antillaises et congolaises, a tout pour faire une carrière internationale. C’EST QUOI ÊTRE AFRO-BELGE EN 2022 ?
Cela nécessite une conscience de l’enjeu en terme de représentativité. La Belgique a eu un passé compliqué avec le Congo, d’où provient une partie de ma famille. Et du coup, je suis Afro-européenne. J’ai une double identité. Il faut savoir jongler avec deux cultures. Et aimer un pays au passé entaché. Je pense qu’il y a des choses de ce passé belge, au Congo, qui doivent être réparées. J’ai envie de participer à cela bien que je ne sois pas trop activiste. VOS RACINES AFRICAINES ET ANTILLAISES INFLUENCENT-ELLES VOTRE TRAVAIL ?
J’ai envie de les mettre en avant dans ma musique. Et c’est une chose qui est très acceptée, aujourd’hui. Des artistes comme Burna Boy sont en train de populariser les
musiques nigérianes et ghanéennes. Ma mère, Marie Daulne, a, elle aussi, contribué à faire entendre les musiques africaines. Dans mes tenues comme dans mes coiffures, j’essaie également de mettre en avant cet héritage. ESTIMEZ-VOUS QUE LA SOCIÉTÉ BELGE EST OUVERTE À LA DIVERSITÉ ?
Elle l’est quand ça l’arrange. Je pense à tout ce débat en cours à propos de l’appropriation culturelle. Je me rappelle d’un job étudiant où j’ai été virée après quelques jours parce que mes cheveux tressés ne correspondaient pas « au niveau de l’hygiène ». Les personnes de couleur sont très souvent confrontées à ça. Sauf qu’aujourd’hui, dans la mode ou la musique, on rencontre des personnes non noires qui adoptent ce genre de coiffure et là, ça ne dérange personne.
AVEZ-VOUS DÉJÀ ÉTÉ CONFRONTÉE AU RACISME ?
Oui, mais pas de manière brutale. Par contre, le racisme caché, ça, j’en ai au quotidien. Ainsi, une amie d’école me disait que dans son immeuble, il y avait de tout. « Il y a des jeunes, des familles et il y a des Noirs ». Ce n’est pas méchant, mais c’est raciste. AVEZ-VOUS PRIS PLAISIR À CE SHOOTING ?
Oui, je suis contente d’avoir une plateforme pour parler des problématiques qui m’interpellent. Et si je peux servir d’exemple à d’autres filles afro-belges, cela me plaît beaucoup. •••
K.ZIA
Blazer Chanel. Zap Mama
Bijoux Ole Lynggaard. Robe chemise Christian Wijnants.
ZAP MAMA On ne présente plus Marie Daulne, la fondatrice de Zap Mama qui fut le premier « girls band » belge au début des années 90. Basé sur la polyphonie et la world music, leur succès fut triomphal et international. Aujourd’hui, à cinquante-sept ans, Zap Mama se présente en solo avec l’album Odyssée entièrement chanté en français. C’EST QUOI ÊTRE AFRO-BELGE EN 2022 ?
C’est avoir une double culture et respecter les valeurs de l’une comme de l’autre. Savoir les intégrer et les mettre dans leur contexte. Je ne vois pas ma vie autrement puisque j’ai toujours baigné dans les deux mondes. Et ça m’arrangeait. VOS RACINES AFRICAINES ET ANTILLAISES INFLUENCENT-ELLES VOTRE TRAVAIL ?
À fond et depuis toujours. Mon but a toujours été de mettre en valeur les deux cultures. Zap Mama a dévoilé une face de l’Afrique qu’on ignorait ou méconnaissait. Aujourd’hui, grâce notamment aux réseaux sociaux, on peut avoir accès très facilement à d’autres cultures mais ce n’était pas le cas lorsque j’ai commencé dans la musique. ESTIMEZ-VOUS QUE LA SOCIÉTÉ BELGE EST OUVERTE À LA DIVERSITÉ ?
Maintenant, oui. Je ne cesse de le dire aux jeunes. Que le magazine Marie Claire Belgique consacre un article et une production à ce thème, c’est juste fantastique. En Belgique, il y a des échevins et des députés issus des communautés africaines et maghrébines. Parce qu’il se trouve, au sein de ces communautés, des personnes formées pour occuper ces postes. Zap Mama Bijoux Ole Lynggaard.
Robe chemise
Christian Wijnants. Joely Mbundu Bijoux Ole Lynggaard.
Lunettes de soleil Gucci sur mytheresa.com. Blazer en cuir Staud sur mytheresa.com.
AVEZ-VOUS DÉJÀ ÉTÉ CONFRONTÉE AU RACISME ?
Énormément. Et aujourd’hui, j’essaie que le raciste que j’ai en face de moi oublie ma couleur de peau. J’emploie beaucoup de douceur pour ce faire et ça marche. En tout cas, j’aime le croire. AVEZ-VOUS PRIS PLAISIR À CE SHOOTING ?
C’était très agréable. Et je suis hyper heureuse d’avoir pu partager ce moment avec ma fille K.ZIA.
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JOELY MBUNDU À dix-huit ans, la Bruxelloise d’origine congolaise tient le premier rôle féminin dans Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne, récompensé à Cannes. Son rêve est de faire une carrière d’actrice et d’apprendre toutes les ficelles de ce métier. Joely possède tous les atouts pour y arriver. C’EST QUOI ÊTRE AFRO-BELGE EN 2022 ?
Je suis née en Europe mais mes origines sont congolaises. Et je me considère comme citoyenne belge. Être Afro-belge, ça a du peps. Je vois des couleurs, de l’exotique. Et des cultures différentes qui sont magnifiques. VOS RACINES AFRICAINES INFLUENCENTELLES VOTRE TRAVAIL ?
Je suis foncée de peau et en tant qu’actrice, il y a peu de rôles faits pour moi. Le milieu du cinéma évolue dans le bon sens mais un peu trop lentement à mon goût. Je vois peu de diversité et peu d’actrices en lesquelles je pourrais me reconnaître. Si je prends pour exemple une actrice blanche, cela ne tient pas car elle a un plus grand éventail de rôles disponibles que moi. ESTIMEZ-VOUS QUE LA SOCIÉTÉ EST OUVERTE À LA DIVERSITÉ ?
Elle s’ouvre, comme je l’ai dit, mais lentement. AVEZ-VOUS DÉJÀ ÉTÉ CONFRONTÉE AU RACISME ?
Ah oui ! Il y a le racisme direct et le racisme indirect. Quand on demande sa carte d’identité à une enfant de treize ans qui joue dans un train, avec d’autres enfants mais qu’aux petits blancs, on ne demande rien, c’est du racisme direct. AVEZ-VOUS PRIS PLAISIR À CE SHOOTING ?
Oui, cela m’a permis de sortir de ma zone de confort au niveau du look. Notamment, en portant ces lunettes colorées très funky. Sur les photos qu’on a faites de moi, j’ai ••• l’impression d’être une femme fatale.
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LISA IJEOMA Cette Brugeoise de vingt-cinq ans est une artiste plasticienne dont les créations sont reconnues. La plupart de ses œuvres sont basées sur des récits de faits racistes, de peurs, de discriminations et les sentiments qu’éprouvent les personnes déplacées. La jeune artiste dénonce l’hyper sexualisation et l’exploitation des corps noirs. QUELLE EST VOTRE PLUS GRANDE PASSION?
J’ai différentes passions, mais ma plus grande, c’est l’art. Je suis une plasticienne spécialisée en textile. J’aime aussi la mode : collectionner des pièces d’archive et dénicher des vêtements vintage. Et j’aime aussi beaucoup cuisiner... VOS RACINES AFRICAINES INFLUENCENTELLES VOTRE TRAVAIL ?
L’art consiste à interpréter les choses que nous vivons et à leur donner une place. Le textile est un médium qui se travaille dans la lenteur. C’est une matière que nous portons tous les jours et qui nous occupe constamment. À mon sens, c’est le support idéal pour traduire des thèmes lourds de sens. J’ai le sentiment que beaucoup de personnes de couleur, ou qui font partie d’une minorité, utilisent l’art textile pour véhiculer leur message. Chaque tissu porte en lui une tradition narrative. Mon art me permet de transmettre certaines choses. C’est une recherche de qui je suis et d’où j’appartiens. Mon père est nigérian et ma mère blanche. Je fais partie d’un grand groupe de personnes qui ont été réprimées de manière systématique : comment puis-je m’identifier à d’autres personnes de couleur ? Où puis-je trouver cette communauté ? C’est pour obtenir des réponses à ces questions que je fais de l’art, je pense. ESTIMEZ-VOUS QUE LA SOCIÉTÉ BELGE EST OUVERTE À LA DIVERSITÉ ?
J’ai l’impression que ça s’est amélioré, mais il reste encore un long chemin à parcourir. La diversité ne se résume pas à mettre deux personnes de couleur sur la couverture d’un magazine. C’est vraiment une question d’ajustement structurel. Plus de diversité à la télé, par exemple. Pour moi, cette notion de diversité implique également plus de gens issus d’autres groupes minoritaires, comme
les personnes handicapées. Je pense qu’il est assez clair que les choses ne vont pas dans le bon sens en ce moment. Je suis inquiète pour moi, mais aussi pour mes enfants. Il reste encore beaucoup de travail à faire. J’ai l’impression d’avoir grandi rapidement. J’ai dû m’intégrer dans plusieurs communautés. C’est positif de pouvoir entamer une conversation avec différents groupes de population, mais ce n’est pas sain de devoir développer un tel mécanisme de défense dès l’enfance. Sa première exposition personnelle se déroule jusqu’au 22 octobre à la galerie Schönfeld à Bruxelles. À partir du 17 novembre, elle participera aussi à une exposition collective à la Galerie Geukens & De Vil avec de très grands noms tels que Berlinde De Bruyckere, Otobong Nkanga, Luc Tuymans...
Liza Ijeoma Bijoux Ole Lynggaard.
Blazer rayé
Jacquemus sur
mytheresa.com. Robe rayée Valentino via mytheresa.com. Lubiana Bijoux Ole Lynggaard.
Robe en taffetas de soie Rebecca Vallance sur mytheresa.com.
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LUBIANA Son album Beloved a fait sensation chez nous comme en France. Elle y chante (très bien) en anglais et s’accompagne de la kora, l’instrument traditionnel des griots africains, sur des morceaux allant de la soul à la pop. À vingt-huit ans, la Belgocamerounaise est l’une des pépites de la scène belge.
C’EST QUOI ÊTRE AFRO-BELGE EN 2022 ?
En grandissant, j’ai compris à quel point le métissage était une richesse. Déjà petite, je me rendais souvent au Cameroun pour visiter ma famille paternelle. Cela m’a donné une ouverture naturelle à la diversité et au monde. Dans la tribu des Bamiléké, à laquelle appartient ma famille, les rites sont très importants. Je proviens de deux familles, la camerounaise et la belge, fort intéressées par la spiritualité. Le sacré et l’environnement sont présents dans ma musique. VOS RACINES AFRICAINES INFLUENCENTELLES VOTRE TRAVAIL ?
On y ressent l’ancrage vers le sol, très présent en Afrique et une élévation vers le ciel du côté des mélodies. En Europe, on est plus dans la mélodie que dans le rythme, contrairement aux musiques africaines. Je mixe les deux. Ma musique est métissée comme moi. Longtemps, j’ai eu du mal à m’identifier en tant que jeune fille. Ma rencontre avec la kora a été magique. Elle m’a poussée à retourner au Cameroun après une absence de dix ans. Ce fut le déclic pour mon premier album. ESTIMEZ-VOUS QUE LA SOCIÉTÉ EST OUVERTE À LA DIVERSITÉ ?
Dans la publicité, je vois beaucoup de photos de femmes avec des coiffures afros. Mais lorsque j’étais ado et que je laissais mes cheveux coiffés de cette manière, à Matongé, on voulait me les tresser et ailleurs, on m’appelait Witsel ou Fellaini. Je sentais que je n’étais ni tout à fait noire, ni tout à fait blanche. Et pareil au Cameroun où on m’appelait la Blanche. J’ai compris qu’être métisse, c’était longtemps chercher sa place. Aujourd’hui, je me considère comme une enfant du monde. AVEZ-VOUS DÉJÀ ÉTÉ CONFRONTÉE AU RACISME ?
Moi, j’appelle ça de la peur. Et du manque d’ouverture. J’ai ressenti le racisme mais je ne me suis pas bloquée ou apitoyée là-dessus. Je n’éprouve pas de colère. AVEZ-VOUS PRIS PLAISIR À CE SHOOTING ?
Oui. Je suis très contente de son thème et fort honorée de figurer parmi toutes ces femmes. •••
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Je cherche à atteindre un état d’esprit qui me laisse libre de choisir ce que je veux faire aujourd’hui et ce que je préfère garder pour plus tard. Ce qui me guide ? Ma passion. Pas toujours évident... Nous sommes une famille nouvellement recomposée avec 4 enfants. Parfois, j’ai l’impression que mon quotidien ressemble à un puzzle. Mais j’ai appris à m’écouter. Pour être une meilleure mère, une meilleure partenaire et une meilleure collègue, c’est essentiel. Je suis aussi extravertie qu’introvertie. En conséquence, j’ai souvent besoin de moments de repos pour recharger mes batteries. Mais je reçois beaucoup d’énergie positive des autres. Enfant, j’étais le clown de la classe, mais à la maison, j’étais très renfermée. J’aime aussi mes moments de solitude. Même si j’ai une famille, j’aime voyager seule. Pour beaucoup de gens, se tenir sur scène et s’exposer devant des gens est difficile. Je pense néanmoins que chacun devrait faire entendre sa voix. Croyez-moi : dialoguer avec un public vous procure une énergie incroyable. Les gens s’épanouissent en utilisant leur voix, ça leur donne un coup de pouce incroyable. Après être montés sur scène, ils se disent : « Wow, je l’ai fait ! » QUEL EST VOTRE LIEN AVEC L’AFRIQUE ?
Mon père est né au Congo. Il a été adopté dans les années 1950 par une famille belge, sans enfant. Ma grand-mère biologique était déjà mère. Au travers de cette adoption, elle voulait donner à mon père un avenir meilleur. Il a été placé par des prêtres dans une famille en Belgique. Il a épousé ma mère dans les années 1970. Maman est blanche. À l’époque, les mariages mixtes n’avaient rien d’une évidence. Dans certains endroits, ils ne pouvaient même pas être vus ensemble. Ils ont également été confrontés au racisme. AVEZ-VOUS DÉJÀ ÉTÉ CONFRONTÉE AU RACISME ?
Pour être honnête, mes frères, mes sœurs et moi avons été protégés de tout cela. Nous venons d’une famille aisée. Le fait de fréquenter certaines écoles nous a aidés. Je n’ai moi-même connu le racisme qu’après l’université. Des clients de l’agence d’organisation d’évènements qui m’employait ont demandé à mes collègues si je parlais leur langue. J’ai été à l’école ici et j’ai grandi dans un environnement trilingue... Qu’est-ce qu’ils voulaient de plus ?
VALÉRIE THYS Présentatrice de télé, spécialiste en communication, experte en durabilité, cette entrepreneuse de quarante-six ans est définitivement une challengeuse. Bijoux, Ole Lynggaard. Robe en dentelle jaune, Zimmermann sur mytheresa.com. Make-up et coiffure Gladys Ferro et Madma Silla. Remerciements au club The Nine pour l’accueil.
QUELLE EST VOTRE PLUS GRANDE PASSION DANS LA VIE ?
Être libre est pour moi d’une importance vitale. C’est ce qui explique que je sois freelance. Je ne veux pas être liée à des projets fixés des mois à l’avance. En agissant comme cela, vous créez des attentes chez les autres. L’important, si vous voulez agir efficacement et aider les autres, c’est de vous concentrer sur votre propre bien-être.
ESTIMEZ-VOUS QUE LA SOCIÉTÉ BELGE EST OUVERTE À LA DIVERSITÉ ?
On peut constater une réelle polarisation autour du racisme. Les gens sont lassés d’en parler. Pendant la pandémie, j’étais vue comme une femme de couleur. Basta. Comme l’inclusion était le sujet du moment, j’étais fréquemment invitée à des tables rondes et des présentations. Quand de nouvelles opportunités se présentent à moi, j’en arrive toujours à me demander, si c’est parce que je suis une femme de couleur. Cela dit, je suis ravie de voir qu’en comparaison avec les générations précédentes, j’ai nettement plus d’ouvertures. Ma crainte, c’est qu’une fois que le sujet ne sera plus d’actualité, les gens se fichent du racisme.
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TDA/H:
une pathologie sous-estimée chez les filles Si le trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité, a longtemps été considéré comme une « maladie de garçon », il concerne pourtant beaucoup de filles. Sous-diagnostiquées, elles souffrent en silence. Et le rôle des stéréotypes de genre d’y être pour beaucoup. Une inégalité qui impacte considérablement la vie de nombreuses femmes.
B
ruxelles, un soir de semaine comme les autres pour Olivia, 37 ans. Amère, elle regarde la journée écoulée avec angoisse et un sentiment de culpabilité qui la mine. « Ma fille a raté son cours de natation parce que j’ai oublié de prévoir son sac de piscine ce matin, j’ai trois jours de retard dans mes tâches professionnelles, j’ai oublié de faire les courses pour le dîner alors que la liste est dans mon sac, mon mari hurle et me trouve ingérable… ». Un constat à la hauteur de ce que vit la jeune femme au quotidien. Diagnostiquée TDA/H à trente-cinq ans, cette illustratrice peine à concilier sa pathologie avec vie privée et professionnelle. « Distraite, lente, sensible, impulsive, désorganisée, très mauvaise pour gérer un budget…j’ai énormément de difficultés à me concentrer, je me sens vite submergée et cela impacte énormément mon estime de moi. Mon diagnostic m’a aidée à un peu mieux comprendre ma personnalité, mais au jour le jour, je continue à me sentir très impuissante. Ce qui m’encourage ? Un suivi médical et psychologique avec un professionnel et le fait que l’on ait enfin identifié ma souffrance, qui dure depuis l’enfance ».
GETTYIMAGES.
Par Aurélia Dejond
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Comme pour beaucoup de filles, les symptômes d’Olivia n’ont alerté ni ses parents, ni ses profs quand elle était petite. « Tout part de l’éducation, qui reste très genrée. L’image de la petite fille modèle est encore très ancrée. Au nom de ces stéréotypes qui les poussent à rester plus réservées, plus calmes ou discrètes en classe, par exemple, on passe à côté de signes qui pourraient aider à une prise en charge dès l’enfance. Or, les filles restent largement sous-diagnostiquées », explique Romane Nicolay, neuropsychologue spécialisée dans le TDA/H. Et les conséquences sont loin d’être anodines : troubles alimentaires, dépression, troubles du sommeil, addictions…beaucoup grandissent et vivent avec la pathologie sans savoir qu’elles en sont atteintes. « Dans l’imaginaire collectif, l’image stéréotypée tenace associée au TDA/H reste souvent celle d’un garçon turbulent. Une petite fille s’autorise moins à être agitée en classe, elle reste tranquille et sage, n’ose pas interrompre son instituteur ou crier, se bat moins dans la cour de récréation… On a tendance à trouver ça « normal » chez un garçon et quand cela prend des proportions exponentielles, les parents finissent par consulter. Mais s’agissant d’une fille, plus habituée à respecter les règles et à être disciplinée, c’est beaucoup plus sournois. Or, le TDA/H n’est pas synonyme d’hyperactivité, contrairement à certaines idées reçues ». La preuve avec Faustine, 19 ans, à qui ses profs reprochaient d’être trop souvent « dans la lune », mais sans s’en inquiéter davantage. « Mon impulsivité m’a sauvée (rires). En grandissant, mes sautes d’humeur ont été de plus en plus fréquentes, mes parents ont mis ça sur le compte de la pré-adolescence, mais moi, je sentais bien que quelque chose clochait. On me disait lunatique et distraite, mais c’était plus profond », raconte cette étudiante en langues, bien décidée à réussir sa première année universitaire malgré son TDA/H. « Le TDAH est un trouble neuro-développemental qui se décline en trois types : inattentif, hyperactif/impulsif ou une combinaison des deux. La pathologie touche entre 3 à 12 % des enfants et 1 à 6 % des adultes, ses causes restent inconnues. Le diagnostic peut rester très altéré chez les filles, à nouveau parce qu’elles ont souvent intégré les codes propres à leur genre : lors d’un test en cabinet, il y a peu de distracteurs, elles sont appliquées, ne se font • • •
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pas remarquer…et passent parfois sous le radar. Or, un diagnostic permet une prise en charge efficace, au cas par cas, avec ou sans médicaments, qui permet de comprendre la pathologie, de l’apprivoiser et de vivre avec », précise Romane Nicolay, qui rappelle à quel point le TDA/H impacte fortement la vie scolaire, sociale, familiale et mentale. « Sans diagnostic, les filles sont plus souvent pénalisées dans leur trajectoire. Le trouble s’accompagne de co-morbidité chez 75 % des adultes. Chez les hommes, ils sont davantage externalisés, comme des TOC ou des addictions, alors que chez les femmes, ils sont plutôt internalisés et se traduisent par de l’anxiété, du stress, une dépression…Trop peu d’études sont menées sur les femmes », regrette la spécialiste. Le problème a d’ailleurs été faussé dès le départ. « Les premières recherches se sont concentrées sur les jeunes garçons qui étaient turbulents à l’école et les premières statistiques laissaient penser que les filles étaient moins touchées. Des études plus récentes se sont intéressées au problème du déficit d’attention, les médecins ont découvert que les filles et les femmes étaient plus souvent touchées. Les filles, lorsqu’elles sont hyperactives, ne manifestent pas les mêmes symptômes que les garçons », précise Pascale De Coster, directrice de l’asbl TDA/H Belgique (tdha.be) et auteure de Le TDA/H chez l’adulte, apprendre à vivre sereinement avec son trouble de l’attention (éditions Mardaga, 2022). Elle rappelle aussi que parmi les profils féminins, aucun ne rivalise jamais avec le comportement bruyant et agité des garçons. « Les garçons hyperactifs reçoivent généralement l’aide dont ils ont besoin, parce que leur comportement dérangeant attire l’attention de l’entourage sur leurs problèmes, c’est moins le cas des filles qui ont un meilleur comportement. On pense qu’elles ont juste un problème de caractère : Julie n’est pas très féminine, Susanne est simplement bavarde et pas très scolaire, Donna est juste un peu lente et Déborah a un « baby blues ». On pense rarement au TDA », précise la spécialiste. Ophélia, 33 ans, maman d’Agathe, deux ans, a eu toutes les peines du monde à être prise au sérieux par sa famille et son médecin. « On m’a diagnostiquée une dépression post-partum. Or, je suis dans cet état depuis toujours et ça s’est hyper développé depuis que je suis adulte. En devenant
“Les femmes atteintes de TDA/H sont doublement handicapées, à cause des attentes de la société quant à leur rôle de femme, comme épouse et mère, rôles qui exigent de grandes qualités d’organisation” Pascale De Coster, fondatrice de l’asbl TDA/H Belgique
maman, ça a encore empiré. Je suis dépassée, incapable de gérer ma vie», explique celle qui a été diagnostiquée au printemps dernier, à force de frapper à la porte d’associations et de voir des psys pour comprendre ce qui la fait souffrir depuis autant d’années. « Les femmes atteintes de TDA/H sont doublement handicapées, à cause des attentes de la société quant à leur rôle de femme, en tant qu’épouse et de mère, deux rôles qui exigent de grandes qualités d’organisation », constate Pascale De Coster. Dans son dernier ouvrage, l’auteure confirme ce constat : « Pendant l’enfance et l’adolescence, le comportement inattentif et rêveur des filles, qui présentent plus souvent un TDA sans hyperactivité, passe couramment inaperçu. Sociables et aimables, désirant plaire à leurs proches, elles fournissent des efforts constants qui masquent leurs difficultés. Même quand il s’agit d’une forme mixte qui associe inattention et hyperactivité, celle-ci s’exprime, généralement, de manière plus atténuée et donc moins identifiable que chez les garçons. Arrivées à l’âge adulte, parce que la société leur attribue encore communément un rôle de support et de soutien familial, les femmes se sentent contraintes de remplir, du moins en grande partie, les fonctions traditionnelles d’épouse et de mère tout en jonglant très souvent avec les responsabilités d’un emploi. Après avoir lutté pendant des années pour gérer des tâches que la plupart des femmes de leur entourage semblent maîtriser avec facilité et
pour équilibrer leurs obligations familiales et professionnelles, elles finissent par consulter lorsque leurs difficultés deviennent insurmontables et que le stress et les comorbidités anxio-dépressives exacerbent leurs symptômes jusqu’au point de rupture ». Ce qu’a fait Carine, voici dix ans, le début d’un parcours de combattante semé d’embûches et de fausses pistes. « On m’a d’emblée pensée anorexique, on a ensuite cru que j’étais bipolaire, d’autres encore ont évoqué des TOC aigus…il a fallu plus de trois ans avant que la piste du TDA/H soit explorée par un neuropsychologue très attentif ». Et le cas de Carine est loin d’être anodin. Pascale de Coster insiste : « Parce que leurs symptômes s’expriment différemment, que leur intensité est influencée par les fluctuations de leur taux d’œstrogène, et que souvent, ce sont les troubles comorbides qui les amènent à consulter, les professionnels de la santé, plus habitués à rencontrer le TDA/H sous sa forme masculine, sont encore trop fréquemment susceptibles de les diriger vers un diagnostic erroné. C’est ainsi que de nombreuses femmes atteintes de TDA/H sortent de leur rendez-vous avec une indication unique de dépression, alors que celle-ci est une comorbidité de leur TDA/H ». Avec ou sans médicaments, selon les cas, et grâce à un suivi qui permet d’apprivoiser la pathologie, on apprend à vivre avec le TDA/H. L’étape cruciale étant de pouvoir mettre des mots sur les maux. Que l’on soit homme ou femme.
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Théâtre Royal des Galeries Directeur : David Michels
de Sacha
Guitry
Avec Fabio Zenoni, Elsa Tarlton, Marvin Schlick, Juliette Manneback, Arnaud Van Parys et Cécile Florin. Mise en scène : Thibaut Nève Décor : Vincent Bresmal et Matthieu Delcourt Costumes : Béatrice Guilleaume Lumières : Félicien Van Kriekinge
www.trg.be
02 512 04 07
Du 19 octobre au 13 novembre 2022
En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge
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Elles élèvent l’enfant d’une autre C’est la situation dans laquelle se trouvent des milliers de “belles-mères” en France, qui doivent trouver leur place aux côtés des enfants que leur compagnon a eus avec une autre femme. Un statut orphelin de représentations que le nouveau film de Rebecca Zlotowski (1) met en lumière, rendu plus complexe encore en cas de séparation. Le point sur cette relation particulière avec la réalisatrice, deux spécialistes et nos témoins. Par Catherine Durand Illustration Hina Hundt
« Rachel a 40 ans, pas d’enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, la fille de 4 ans de celui-ci. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre. » Le pitch du nouveau film de Rebecca Zlotowski, Les enfants des autres, résume une histoire somme toute banale. En France, en 2019, 800 000 beaux-parents, dont 212 000 belles-mères (2), habitaient avec des enfants que leurs conjoints avaient eus avant leur union. Combien d’entre elles, comme Rachel – excellente Virginie Efira –, prennent le risque de nouer un lien intime avec un ou des enfants, une semaine sur deux, parfois de longues années avant de devoir s’effacer une fois
la relation amoureuse avec leur père finie ? Leur histoire, digne d’être racontée, l’est peu, explique la réalisatrice : « Pas même vraiment nommée. Car le lien qui peut nous unir aux enfants d’un autre, homme aimé dont on partage la vie et donc la famille, m’a semblé non seulement ne pas posséder de nom (on parle de maternité, de paternité, pas de belle-maternité, de belle-paternité), mais aussi être orphelin de représentation. » Éléonore, 55 ans, attachée territoriale, a longtemps cherché comment se nommer quand, pour rire, elle appelait Esther, la fille de son compagnon, Cendrillon, laquelle l’avait à son tour baptisée « marâtre ». « J’ai cherché de la littérature sur ce sujet, il n’y avait rien. Ou alors ce n’était jamais positif, la belle-mère était une marâtre. Aucun modèle, aucune
identification possible. Aucune clé de lecture. Les femmes n’osent pas en parler car c’est une relation complexe, mêlant jalousie (l’enfant te vole l’amour de ton mec), culpabilité et, en même temps, instinct de protection. Tu t’attaches à ce petit être sans défense. » Esther a déboulé dans sa vie à 18 mois, alors que ses parents se disputaient sa garde. « Elle n’allait pas bien et Stéphane, son père, ne s’en occupait pas. À 28 ans, sans enfant, j’ai pris très au sérieux mon rôle d’éducatrice un week-end sur deux et toutes mes vacances. Je me suis attachée à cette petite fille futée et affectueuse mais je voyais bien qu’elle attendait de retrouver sa mère. » Quatre ans plus tard, Éléonore met au monde Madeleine, Esther est ravie et cela apaise les tensions : « J’étais maman, notre lien est devenu plus simple. Je n’étais plus seulement la compagne de son père, mais aussi la mère de sa sœur et elle, la sœur de ma fille, elle appartenait désormais à ma famille. » Pourtant, après dix ans d’affection réciproque, Esther coupe les ponts avec son père. Éléonore ne l’a plus revue, même après sa séparation avec Stéphane. « J’ai de ses nouvelles par Madeleine, je pense à elle comme à une enfant partie vivre à l’étranger. J’ai de la tendresse pour elle. Et de la peine aussi. Plus jamais, je ne revivrai ça, plus jamais avec un homme, père de famille. » DANS SON CABINET, LA THÉRAPEUTE AnneLaure Buffet (3) reçoit ces femmes en souffrance. « C’est rare que l’on évoque l’importance que la belle-mère peut prendre dans la vie de l’enfant et l’enfant dans la sienne, et puis le “deuil” auquel ils ne sont pas préparés lors d’une nouvelle • • •
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• • • séparation. J’ai une patiente divorcée dont l’ex-mari a si bien instrumentalisé leurs deux enfants qu’elle ne les voit plus et qui a transféré son amour sur ses beaux-enfants. Mais séparée de son nouveau compagnon, elle n’a aujourd’hui plus de contact ni avec ses enfants biologiques ni avec ses beaux-enfants. C’est un double deuil. » Et si entrer et faire sa place dans la vie d’une famille n’est pas facile, en sortir ne l’est pas plus. « Une autre patiente divorcée, puis en couple plusieurs années avec un père de deux garçons, a mis un an à le quitter tellement elle s’était attachée à ses fils », reprend la thérapeute. Delphine, 50 ans, peut l’exprimer aujourd’hui : accueillir et choyer l’enfant d’une autre sans contrepartie et n’avoir, au final, aucune voix au chapitre quant à son avenir, a pesé dans sa séparation avec l’homme qu’elle aimait. « Le soir même de notre rencontre, Christophe m’a parlé de Miki, sa fille restée au Japon. Étudiant, il avait 20 ans quand Miyako, 17 ans, est tombée enceinte, il a dû l’épouser. Elle ne s’est pas plu en France et, repartie au Japon, elle a confié sa fille à sa grand-mère. » Delphine convainc Christophe de la récupérer. « Miyako l’a ramenée à Paris et, après avoir squatté notre salon quelque temps, elle a claqué la porte, on ne l’a plus revue pendant quatre ans. » Miki n’a alors que 3 ans et, pour elle, Delphine l’a volée à sa mère. « Christophe poursuivait ses recherches en Suisse. À 25 ans, je me suis retrouvée seule avec Miki. Je me suis sentie responsable de cette petite fille qui a dû apprendre une autre langue et se glisser dans une autre culture. Je me suis attachée à elle malgré tout, on a vécu de beaux moments. » Puis Delphine a un fils, Raphaël, que Miki pouponne. Cela adoucit leur relation jusqu’à ce que Miyako réapparaisse. Elle veut divorcer pour refaire sa vie avec un homme qui ignorait jusqu’alors l’existence de Miki. « Christophe lui a proposé une pension alimentaire si elle acceptait de reprendre Miki, trop heureuse de retrouver sa mère. Et moi ? Eh bien, je n’ai pas eu mon mot à dire. Je n’avais aucune légitimité. Rien. » Rien sauf le chagrin. « Aujourd’hui, la loi s’étant élargie, toute figure parentale peut être poursuivie en cas de maltraitance, analyse Anne-Laure Buffet . Un beau-paren t peu t ê tre condamné s’il a mal agi mais dans le cas d’une rupture, le beau-parent responsable
“Une patiente divorcée, puis en couple plusieurs années avec un père de deux garçons, a mis un an à le quitter tellement elle s’était attachée à ses fils.” Anne-Laure Buffet, thérapeute
et affectueux, lui, n’a aucun droit, c’est : “Normal, merci, au revoir !” » Dans le film de Rebecca Zlotowski, Rachel est une belle-mère, sans être mère ellemême, qui sait qu’elle ne pourra jamais réaliser son désir d’enfant. « Quand le désir de maternité n’aboutit pas, avec l’enfant de l’autre, c’est un peu tout ou rien, constate Deb orah S chou hmannAntonio, thérapeute spécialiste de périnatalité (4). Une de mes patientes, en couple avec un homme déjà père, a une détestation de ses enfants, non pas qu’ils soient désagréables mais ils lui renvoient l’idée que cet homme a eu une famille avant elle. Avec moi, ça ne marche pas, se dit-elle. À l’inverse, d’autres vont créer un lien très particulier, ces femmes vont transmettre autre chose, comme dans le cas d’une adoption ou d’un don d’ovocytes. La maternité va bien au-delà du fait de porter un enfant. À condition que la nouvelle compagne du père ne se positionne pas comme la mère, une relation émotionnelle et affective se crée, c’est un complément. » MATHILDE, 52 ANS, ÉDITRICE, N’A JAMAIS EU
D’ENFANT et n’en souffre pas : Gaspard, 17 ans, suffit à son bonheur. Elle a tout quitté, la France et son métier, pour rejoindre Paul, un amour de jeunesse ret ro u vé v i n g t a n s p l u s t a rd e n Colombie. Le fils de celui-ci, Gaspard, a 4 ans quand elle le rencontre. « J’étais tellement flippée que je me suis cachée dans le dressing. Moi, à 4 ans, j’aurais pas aimé que mon père me présente une nouvelle nana. » Très vite une complicité très forte naît entre eux, avec la bénédiction de la mère colombienne qui la considère
comme une « deuxième maman ». Après dix ans de vie commune, Mathilde est rentrée en France. Le Covid les aura séparés deux ans, Gaspard l’a rejointe cet été pour les vacances. « Il m’a énormément manqué. Je me vois comme une tante, c’est la meilleure définition. L’amour n’a rien à voir avec les liens du sang, Gaspard sera toujours dans ma vie. » Nos deux thérapeutes, sans se consulter, nous ont cité le même proverbe africain : « Il faut tout un village pour élever un enfant. » Une vision bien éloignée de notre conception occidentale de la famille, très nucléaire. « Ailleurs, comme en Colombie, la famille élargie participe à l’éducation d’un enfant, analyse AnneLaure Buffet. Il faut trouver un juste équilibre en sachant quelle place le père et la mère vont laisser à la belle-mère. L’intérêt de l’enfant est d’aller bien, on ne peut l’obliger à aimer une nouvelle femme ni l’encourager non plus à ne pas l’aimer. Il faut laisser les enfants s’inventer une relation. Et lors de la rupture, leur laisser le droit à la peine. On réagit trop en tant qu’être humain blessé et pas assez en tant que parent. On ne se questionne pas assez sur l’intérêt de nos enfants. » Rebecca Zlotowski, qui a découvert lors de la préparation du tournage qu’elle attendait son premier enfant, dit avoir voulu faire, avec Les enfants des autres, un film qui lui avait manqué. À nous aussi. 1. Les enfants des autres, avec Virginie Efira, Antonia Buresi… En salle le 21 septembre. 2. Source: Insee, enquête annuelle de recensement 2019. 3. Auteure de Les mères qui blessent, éd. Eyrolles. 4. Auteure d’Infertilité: mon guide vers l’espoir, éd. Jouvence.
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DES FEMMES ICONIQUES... ET LEURS BIJOUX DE LÉGENDE Un gros et beau caillou a indéniablement le pouvoir de sublimer l’allure de la femme qui le porte. La preuve avec ces grands noms de l’histoire qui, pour notre plus grand bonheur, n’ont pas conservé leurs bijoux exclusifs dans un coffre-fort. Par Elspeth Jenkins
Liz Taylor était une experte en joaillerie...
69 Elizabeth Taylor avec le célèbre collier de diamants et d’émeraudes Bvlgari qu’elle a reçu de Richard Burton pour leur mariage.
BVLGARI, LE DEUXIÈME GRAND AMOUR D’ELIZABETH TAYLOR
« Le seul mot italien que Liz connaît est Bvlgari », a un jour déclaré Richard Burton, acteur et mari de la star avec qui il s’est marié deux fois. Leur relation était pour le moins passionnée. Les bijoux ont d’ailleurs joué un rôle important dans leurs mariages. Taylor et
Burton se sont rencontrés à Rome sur le tournage du film Cléopâtre, de Joseph L. Mankiewicz. Ils sont tombés amoureux en tournant leur première scène commune. L’un comme l’autre étaient mariés à l’époque. Les paparazzi n’ont donc pas perdu une miette des préludes de leur idylle extra-conjugale. À cette époque, l’un des refuges préférés de Liz et Richard était la boutique Bvlgari de la Via Condotti. Burton découvrit rapidement la fascination de sa maîtresse pour les bijoux d’exception et profita de chaque dispute, réconciliation ou occasion spéciale pour lui offrir un magnifique bijou. En 2011, Christie’s a orchestré la vente aux enchères des biens de la star. Rien que sa collection de bijoux a rapporté une somme d’argent colossale. Parmi ces joyaux, Bvlgari a racheté 9 pièces qui font aujourd’hui partie de la Bvlgari Heritage Collection, dont l’iconique bague de fiançailles. Ce bijou avait une grande valeur sentimentale
pour l’actrice. Lorsqu’elle l’avait mise aux enchères à l’occasion d’une collecte de fonds pour les victimes du sida, on raconte qu’elle avait joint une note à destination des nouveaux propriétaires : « Portez-la avec amour ! ». Connue pour sa philanthropie, elle a cofondé, dans les années 1980 et au début des années 1990, la Foundation for AIDS Research et la Elizabeth Taylor AIDS Foundation. La pièce phare de sa collection reste le spectaculaire collier de diamants et d’émeraudes que Burton lui avait offert en cadeau pour leur mariage en 1964. Le collier avait été réalisé sur base d’une broche que l’acteur lui avait achetée au début de la relation. Le jour de son mariage, elle n’a porté que ce seul bijou. Liz Taylor était une véritable experte en joaillerie. Elle portait souvent les pièces exclusives de sa collection. Les laisser dormir dans un coffrefort ? Très peu pour elle.
GETTYIMAGES. PRESSE.
LA DUCHESSE DE WINDSOR ET SA BROCHE CARTIER La duchesse de Windsor alias Wallis Simpson, est entrée dans l’histoire en épousant le Roi d’Angleterre, Édouard VIII. Détail important : comme elle était divorcée, il a, par amour pour elle, choisi d’abdiquer. Wallis Simpson était une icône du style, mais aussi l’amie de l’ex-rédactrice en chef de Vogue, de Diana Vreeland, de Coco Chanel... et de la Belge Jeanne Toussaint, bras droit de Louis Cartier. De toutes les femmes qui ont contribué à façonner l’histoire de la mode du 20e siècle, la Duchesse était celle qui avait le goût le plus sûr. Pour elle, les bijoux étaient un moyen de traduire sa puissance, son indépendance et son élégance. Parmi ses plus beaux joyaux, la broche Panthère, que Jeanne Toussaint conçut pour elle en 1948, est, sans doute, la pièce la plus iconique de sa collection. La légende raconte que cette broche était l’une de celles qu’elle préférait porter pour les fêtes et les réceptions. La duchesse l’utilisait pour signaler à son mari lorsqu’elle en avait assez et avait envie de partir. Lorsqu’elle tournait la broche dans le sens des aiguilles d’une montre à un moment de la soirée, il savait qu’il était temps de lever ••• le camp. Plus stylé qu’un message WhatsApp, non ?
1. Broche Panthère de Dior, 1949. 2. Simpson a utilisé des bijoux pour
montrer sa puissance et son élégance.
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BOUCHERON, LE FAVORI DE LA FAMILLE ROYALE
Téléchargeable via Apple Podcast et Spotify.
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1. La collection Haute Joaillerie Histoire de Style ‘New Maharajahs’ rend hommage à l’histoire de la maison. 2. Le Maharaja de Patiala, l’homme à la plus grosse commande de bijoux à son nom. 3. Le bijou d’un podcast.
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IMAXTREE.COM.
Le podcast True Stories de Vincent Meylan sur les histoires les plus emblématiques qui ont marqué les cent soixante-quatre années d’existence de Boucheron est une vraie mine d’or. On y découvre, entre autres, les détails de la commande historique du Maharaja de Patiala en 1928 : un record historique. En 1893, lorsqu’il ouvre les portes de sa bijouterie au numéro 26 de la place Vendôme, le visionnaire Frédéric Boucheron pose les bases de sa maison. Il est d’ailleurs considéré comme le fondateur de la haute joaillerie. D’emblée, il signe les joyaux de la couronne des maisons royales les plus emblématiques, comme les Romanov de Russie et la famille royale britannique. Aujourd’hui, la maison parisienne est dirigée par un duo féminin : Hélène Poulit Duquesne, PDG et Claire Choisne, directrice artistique de division haute joaillerie. Hélène Poulit Duquesne : « Frédéric Boucheron a été le premier joaillier à s’installer dans cette rue parisienne. À titre de comparaison, l’hôtel Ritz - situé juste en face - n’a ouvert que cinquante ans plus tard. Aujourd’hui nous sommes entourés d’autres boutiques de prestige. Comme il a été le premier, Frédéric Boucheron a choisi la propriété la mieux située, juste au coin de la rue. D’un bout à l’autre de la journée, la boutique est baignée de lumière. Et comme en joaillerie, tout est une question de lumière, ce choix sonne comme une évidence. En 1928, nous avons reçu la visite d’un maharaja et de sa suite. Ce jour-là, il a acheté pas moins de cent quarante-neuf pièces de haute joaillerie. Sans parler des petites boucles d’oreilles, des ceintures spectaculaires et des turbans chargés de diamants qui faisaient également partie de la commande. » Dans le 7ème épisode du Podcast, Claire Choisne évoque Ailleurs, la nouvelle collection Carte Blanche de la maison. Un récit incontournable pour les fans de bijoux.
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TIFFANY & CO., IMMORTALISÉE PAR AUDREY HEPBURN L’image de Hepburn, debout, devant la vitrine de la boutique Tiffany & Co avec une tasse de café et un croissant à la main est un grand classique. Ce moment de rêverie sur la 5e Avenue appartient à l’histoire du cinéma. Elle a, en outre, assuré la renommée mondiale de la maison de joaillerie. Breakfast at Tiffany’s, de Blake Edwards, avait tout pour plaire : un roman à succès dont s’inspire le film, un casting au top, des costumes signés par un couturier star (Hubert de Givenchy) et les rues de New York en toile de fond. Pour Tiffany & Co., ce film était une véritable carte de visite. À l’époque, chaque femme qui sortait du cinéma rêvait d’un bijou ou d’une bague de fiançailles caché dans la fameuse boîte bleue Tiffany & Co. Détail amusant : Audrey Hepburn ne porte aucun bijou de la maison dans le film lui-même. Sur les photos promotionnelles, on peut toutefois la voir dans le collier serti d’un diamant de 128 carats. L’actrice chérissait l’univers Tiffany & Co. Une note de 1987 écrite par la star à l’occasion du 150e anniversaire de la maison en témoigne. Elle y explique que « peu de gens peuvent se targuer d’avoir pris un café et un croissant chez Tiffany : un souvenir qu’elle chérira pour toujours. » Parce que oui, les diamants et les souvenirs sont éternels.. 1 2
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1. Audrey Hepburn dans le rôle de Holly Golightly devant la vitrine de Tiffany & Co. sur la 5e Avenue. 2. Le script de Breakfast at Tiffany’s sur couverture bleu Tiffany. 3. Photo promotionnelle pour Tiffany & Co. 4. Collier avec le diamant Tiffany.
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Votre fil Instagram s’est transformé en jardin anglais ? Vous apprenez chaque jour de nouvelles variétés de roses et songez à faire pousser des dahlias sur votre balcon ? Et si vous n’avez pas encore succombé, voici de quoi faire germer votre intérêt. Par Géraldine Dormoy-Tungate
CHARLOTTE RÊVAIT D’UN JARDIN DEPUIS L’ÂGE DE 30 ANS. « En 2019, après une décennie de vie urbaine et la perte de ma grand-mère – passionnée par son jardin, dont je profitais sans en percevoir forcément la beauté –, j’ai eu envie de mon petit coin vert, même en vivant à Nantes. J’ai trouvé une minuscule maison avec dix mètres carrés de jardin que je me suis empressée de remplir de chèvrefeuille et de myosotis. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à lire, à suivre des blogs de jardin français – @jardinementvotre, @discret_garden, @pepindebananeverte (voir encadré), @jardindebesignoles, @rougepivoinepaysagiste – et à développer des wishlists insensées. Lors du premier confinement, le jardin a été une bénédiction : la moindre fleur était un évènement. » À 35 ans, elle vient de déménager à la campagne, centuplant la surface de son jardin. Elle répertorie chaque plante et suit aussi désormais des comptes plus établis tels que @milliproust, @thewildpotager, @acreswildgardendesign. « Ils me parlent de cuisine, de famille, d’extérieur – qui a pris une telle valeur depuis 2020 –, mais d’une façon sublimée : je suis subjuguée par ce qui me paraît à la fois si proche et si loin de moi. »
ERIN BENZAKEIN. FLORET. DEBBIE ROBERTS.
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3 jardins extraordinaires repérés sur Instagram @milliproust La référence des floricultrices britanniques vient de sortir son premier livre, From Seed to Bloom (Quadrille Publishing Ltd, non traduit). @floretflower Pionnière de la culture de fleurs locales aux États-Unis, Erin Benzakein dispense ses conseils avec générosité à son million d’abonné·es.
MILLI PROUST, ANTHONY BAZIN, COURTESY OF THE HACKNEY GARDENER.
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Fleurs, herbes folles, plantes grasses… Autant de merveilles qui fleurissent sur les comptes instagram : 1. @floretflower 2. @acreswildgardendesign 3. @milliproust 4. @thehackneygardener 5. @jardindebesignoles
Après nous avoir fait fantasmer sur les looks des influenceuses, saliver devant des images de food porn, les réseaux sociaux accompagnent notre engouement pour le jardin. Si l’on va sur YouTube pour apprendre à planter, tailler, bouturer, on trouve sur Instagram de quoi en prendre plein les yeux. De grands noms y montrent leurs réalisations tels que les Britanniques Clive Nichols, Monty Don et Beth Chatto, le Danois Claus Dalby ou le Néerlandais Piet Oudolf. Des professionnel·les y partagent leur quotidien : l’Américaine Erin Benzakein, les Anglais·es Sarah Raven et Alexander Hoyle. Enfin, une myriade d’amateur·rices filment et photographient avec amour leurs floraisons d’agapanthes et de roses trémières. Là encore, une écrasante majorité de Britanniques figure parmi les comptes les plus esthétiques : @thehackneygardener, @sprout.surrey, @yomargey… COMMENT EXPLIQUER LA SUPRÉMATIE DE NOS VOISIN·ES D’OUTRE-
MANCHE ? « Alors que les Français privilégient leur potager, les Anglais sont des jardiniers passionnés de botanique, estime Marie-Pierre Ombrédanne, rédactrice en chef du magazine Ma campagne et auteure de Quatre saisons à la campagne (1). Même les plus petits jardins sont dessinés et travaillés avec plein de variétés. Et ils ont le climat idéal pour cela. » Leur goût pour le mélange et les herbes folles colle à l’éclectisme de l’époque. « Les jardins à la française sont ordonnés, lissés, cadrés, observe Clémentine Lévy, designer floral (2). Le talent des Anglais, c’est de réussir à créer un désordre organisé. C’est impressionnant visuellement et très pensé. » Et que dire de leur romantisme !
@pepindebananeverte Marielle, fondue de botanique, a passé quatre ans à transformer le jardin de sa maison dans la Loire en refuge pour la biodiversité. Elle raconte en ligne comment elle y vit et l’entretient.
« Le Brexit a éloigné de nous l’Angleterre contemporaine pour en patiner l’image et nous renvoyer à celle des sœurs Mitford, d’Agatha Christie et des gentlemen farmers », analyse Charlotte. Ce foisonnement délicat, à la photogénie exceptionnelle, cumule les likes. « Il est plus facile de photographier une fleur qu’un plat », s’amuse Marie-Pierre Ombrédanne. Mais le succès des jardins de rêve sur les réseaux ne s’explique pas que par leurs qualités visuelles. Les admirer, c’est aussi se forger une culture au contact d’autres avides de partage. « L’échange entre passionnés mène à des découvertes extraordinaires », se réjouit-elle, elle qui vient de réserver en Belgique un tilleul d’une variété inconnue. Fondatrice il y a six ans de Peonies, premier café-fleuriste parisien, Clémentine Lévy a quitté la capitale en 2021 pour la Mayenne, où elle cultive ses propres plantations et anime des retraites d’art floral. Autodidacte, elle reconnaît avoir tout appris sur YouTube et Instagram : « Je n’ai suivi aucune formation. On trouve sur Internet tout ce qu’il faut pour se lancer », indique la trentenaire. Si elle évoque rarement les heures passées à désherber, Charlotte s’est prise au jeu : « J’ai commencé à documenter la vie de mon jardin en stories. C’est le format idéal pour tenir le journal du temps qui passe. Les nombreuses réactions m’ont donné l’impression d’inviter plein de monde dans mon nouveau jardin ! Cet espace privé mais en extérieur, où les imaginaires collectifs croisent tendance, influence et environnement, me paraît à sa place sur les réseaux sociaux. » En 2022, les jardins sont de moins en moins secrets. 1. Éd. Casa. 2. instagram.com/peonies.studio
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Petit éloge Les confinements et l’avenir incertain nous ont parfois poussé·es à un repli sur nous-mêmes. Le télétravail et la quête de sens ont changé notre rapport à la sphère professionnelle. Et nous sommes de plus en plus nombreux·ses à éprouver une certaine flemme, quasi existentielle. Paresse ? Symptôme dépressif ? Et si l’assumer, c’était plutôt reprendre la main sur son temps et son destin ? Témoignages et analyse. Par Charlotte Brunel Photo Bunni Nishimura
de la flemme LES JEUNES LA REVENDIQUENT DÉSORMAIS COMME UN DROIT, et non plus comme une tare. À l’instar des Chinois·es de la génération Z qui se photographient couché·es à ne rien faire sur les réseaux sociaux sous le hashtag #TangPing (« s’allonger à plat » en mandarin), façon de protester contre la culture des « neuf, neuf, six » (le fait de travailler de 9 heures du matin à 9 heures du soir, six jours sur sept). Les entreprises de livraison à domicile la brossent dans le sens du poil (de la main) et ont même inventé un nouveau concept : « le business de la flemme ». Quant à la presse, elle l’ausculte aujourd’hui très sérieusement comme un symptôme de l’époque. Où est passé le goût de l’effort ? s’interrogeait ainsi la une du Point en juin dernier. Ces Français qui ne veulent plus travailler titrait dans la foulée Le Figaro Magazine sous la photo de Victor Lora, 33 ans, auteur du best-seller La retraite à 40 ans, c’est possible ! (1)
Car oui, du travail aux relations sociales en passant par la pratique du sport ou des divertissements, la flemme s’est répandue dans la société comme une traînée de poudre. Pour le pire – la tendance « Goblincore » apparue sur TikTok qui consiste à vivre dans sa tanière comme un horrible lutin et à lambiner de son lit à sa triste pitance. Et surtout, le meilleur : une manière inspirante de dire stop et de réinvestir son propre temps, à l’heure où la perspective de retourner au bureau nous donne l’envie de soupirer comme un·e ado : flemme ! Cette lassitude, cette force d’inertie, nous l’avons tous et toutes éprouvée. Qu’il s’agisse de la flemme de bouger – 95 % des Français·es ne font pas assez d’exercice physique, alarmait l’Anses début 2022 –, de se faire à manger – après la lune de miel du confinement, nous avons vécu le ras-le-bol du fait maison – et, bien sûr, de sortir.
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« À la fin du dernier confinement, je me suis précipitée pour acheter une carte de cinéma, j’ai rempli mon agenda de dîners et d’apéros, témoigne Camille, 32 ans, graphiste dans une agence de pub. Je pensais vraiment que j’étais en manque de sorties culturelles, de sociabilité, mais le jour J, plus rien ! J’étais terrassée par une énorme flemme, scotchée à mon canapé. Depuis, je vis au jour le jour car je ne peux plus rien prévoir. » Selon une étude du Crédoc parue en novembre 2021, la majorité d’entre nous considérerait ainsi le plateau-repas devant la télé comme le nirvana du vendredi soir. Même la libido a pris un coup de mou, surtout chez les jeunes : 43 % des 15-24 ans n’ont eu aucun rapport sexuel durant l’année 2021 (source Ifop). LE COVID NOUS AURAIT-IL COUPÉ LES JAMBES ? Bien sûr, la crise sanitaire a accentué cette impression de lassitude, phy-
sique et psychologique, que l’on s’est empressé de baptiser fatigue pandémique. Le fait de se retrouver confronté·es au danger de la mort, à l’impuissance et à la privation de libertés a engendré un sentiment de passivité. Renforcé par l’impossibilité de penser l’avenir. Comment l’envisager sereinement en effet quand on est pris en étau entre la menace d’un nouveau variant, la guerre en Ukraine et les effets spectaculaires du dérèglement climatique (la canicule de l’été) ? « La flemme actuelle est moins une flemme de l’instant qu’une fatigue existentielle, une incapacité à se projeter dans le futur, confirme Vincent Cocquebert, auteur de La civilisation du cocon (2) (et collaborateur de Marie Claire). C’est ce qui pousse beaucoup de jeunes à se retrancher dans des micro-sécessions domestiques, à fuir le monde et les autres. D’autant que le • • •
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• • • numérique a créé une véritable économie de la paresse en domiciliant chez nous la consommation, la culture, le travail ou les relations sociales. » Pourquoi faire l’effort de sortir si le monde vient à nous ? Mais la pandémie a aussi libéré de la lampe le bon génie de la flemme en nous obligeant notamment à ralentir le cours de nos vies effrénées. « Le temps de la paresse est un temps précieux, explique le psychanalyste Saverio Tomasella, auteur d’Osez votre singularité (3). C’est celui de la vacance. On se repose, on contemple la beauté du monde, on sort d’un activisme forcené pour se laisser porter par la vie et se délester de notre fardeau. » Pour beaucoup, cette expérience est aussi l’occasion d’une prise de conscience existentielle, voire politique. Paul Lafargue – auteur visionnaire du pamphlet anticapitaliste Le droit à la paresse (4) – et Friedrich Nietzsche avaient bien compris sa dimension révolutionnaire. Car mettre le travail à distance, c’est aussi remettre en question le système qui fait de la productivité et du consumérisme les valeurs suprêmes, et se réapproprier la flemme comme un noble temps pour soi. « Ce besoin assumé de paresse, c’est une sorte de rébellion saine par laquelle chacun·e tente de reprendre en main son existence, poursuit Saverio Tomasella. C’est aussi le signe du désenchantement de la société par rapport au travail, à l’œuvre depuis le début du XXIe siècle. On ne veut plus se forcer à nourrir une idéologie de la performance à laquelle on ne croit plus et on se désengage, un peu comme dans une crise d’adolescence. » À la mort de son mari, Clémentine, 48 ans, professeure de français dans une université américaine, a décidé de vivre pleinement son deuil en restant couchée de longues semaines. « C’était important pour moi de ne pas sacrifier ce moment en redevenant immédiatement productive pour la société, explique-t-elle. Il faut résister à cette idée que le temps, c’est de l’argent. »
LA PARESSE COMME POSTURE DE RÉSISTANCE ? Aux États-Unis, 4,5 millions d’Américain·es ont ainsi quitté leur job au mois de mai 2022 dans l’espoir d’un meilleur salaire et d’une vie moins centrée sur le travail. Du jamais vu au pays du capitalisme et du plein-emploi. « Libère-toi de ton travail, libère le temps / Relâche le stress / libère l’amour / Oublie le reste » : le titre de Beyoncé Break my Soul est devenu la « protest song » de ce mouvement baptisé The Great Resignation (la grande démission). En France aussi, la paresse, vilipendée depuis le Moyen Âge comme « la mère de tous les vices » – dans l’Antiquité, l’oisiveté des citoyens grecs ou romains s’opposait au travail pénible des esclaves –, s’assume de plus en plus. De Suzane à Angèle, d’Agathe Denoirjean au duo Lunis, la flemme se chante comme l’hymne de toute une génération. Mieux, elle se revendique comme un droit. Bien sûr, la semaine de quinze heures généralisée est encore de l’ordre de la fiction. Comme celle du livre d’Hadrien Klent, Paresse pour tous (5). Dans cet ouvrage paru en 2021, elle figure au programme du héros-président qui fait campagne depuis son hamac. La paresse au XXIe siècle, explique l’auteur, c’est « avoir du temps pour s’occuper de soi, des autres, de la planète : c’est se préoccuper enfin des choses essentielles à la bonne marche de la société. » Donner plus de temps à un salarié pour faire
“Ce besoin assumé de paresse, c’est une sorte de rébellion saine par laquelle chacun·e tente de reprendre en main son existence.” Saverio Tomasella, psychanalyste
davantage de bénévolat, de politique ou s’occuper de son jardin n’est déjà plus de l’ordre de l’utopie. En France, quatre cents entreprises sont passées à la semaine de quatre jours. Fondé en 2018, le Collectif Travailler Moins organise à Nantes des apéros « détravail » pour penser « comment et pourquoi moins bosser. » La protection de l’environnement est l’une des motivations principales de ce groupe qui fait le lien entre la situation écologique « catastrophique » et la suractivité humaine. Vivre nos envies de ne rien faire pourrait en plus avoir un impact bénéfique sur la planète. Et bien sûr, sur la société car pas question de vivre en ermite contemplatif pour autant. « Il est possible de se désolidariser d’une vie productiviste tout en étant actif, plaide Vincent Cocquebert. Le temps que nous prenons pour nous peut être très créatif, provoquer des rencontres et contribuer à l’autonomisation de l’individu. » POUR SAVERIO TOMASELLA, ACCEPTER SA FLEMME c’est aussi développer une éthique de la présence à soi-même qui nous rendrait naturellement plus empathique envers les autres. Attention toutefois : paresser peut aussi donner le vertige, un peu comme si un TGV s’arrêtait brusquement. Après dix-sept années passées au service de presse d’une grande maison de luxe, June Fujiwara a décidé de tout plaquer pour réaliser son rêve : écrire en français. Il en est né un livre, Les secrets du savoir-vivre nippon (6), plongée passionnante dans sa culture d’origine. « La philosophie zen m’a beaucoup aidée à me débarrasser du superflu pour revenir à l’essence de moi-même, à comprendre qui je suis, explique-t-elle. Mais s’arrêter est une expérience très troublante car personne n’est là pour te dire non. La résistance n’est pas venue de mon entourage mais de moi-même. » Il est donc important de s’exercer ! Alors, si au lieu de se lancer dans le dernier ouvrage de développement personnel, de remplir nos to-do lists de bonnes résolutions et nos agendas de rendez-vous parasites, on s’autorisait une petite flemme pour bien commencer la rentrée ? 1. Éd. Larousse. 2. Éd. Arkhē. 3. Éd. Eyrolles. 4. Éd. La Découverte. 5. Éd. Le Tripode Attila. 6. Éd. de l’Opportun.
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80 MODE HISTOIRE(S) DE MODE SHOOTING Le come-back du noir
LUXE Les moments précieux de la haute joaillerie
STYLE
96 BEAUTÉ
118 LIFESTYLE
NOUVEAUTÉS, CONSEILS, CONFIDENCES
DÉCOUVERTES ET SENSATIONS
DOSSIER Plus de conscience et plus de science MAKE-UP Anti-dépression de saison
TROUVÉ Le nettoyant visage qu’il nous faut
VOYAGE Les paquebots de croisière, enquête sur un sujet pas bateau FOOD Les carbonades de Kevin Lejeune INTERVIEW Le grand plaisir simple de Barbara Abel
L’ART ET LA MATIÈRE Dans l’atelier du plasticien Júlio Villani,
robes, tailleurs-pantalons et vestes issues des collections des grandes maisons
construisent des épures joueuses que soulignent des bijoux à la plastique sculpturale. Photos Mathieu Richer Mamousse Réalisation Darcy Backlar
Tailleur-pantalon en laine grain-de-poudre à finitions en satin Saint Laurent par Anthony Vaccarello. Ear cuff en or rose et diamants Repossi, mono boucle d’oreille en or rose Vanrycke, bague Bubble en or Marc Deloche, bague en laiton poli Dinosaur Designs.
Robe et ceinture en soie
Fendi. Ear cuff Roxanne en or White Bird, boucles
d’oreilles dorées et bague plaquée or Louise Olsen chez Dinosaur Designs,
bracelet à relief doré (à la main gauche) Maison Rabih Kayrouz, bracelets en résine et en laiton poli Dinosaur Designs, bague en argent
Sophie Buhai chez White Bird, deux fines bagues en or Marc Deloche. À droite
Manteau en laine, jupe en tulle et boucle d’oreille Jacquemus. Ear cuffs Roxanne en or, et Rich Melina en or et saphirs roses White Bird, bague torsadée et irrégulière en argent Louise Olsen chez Dinosaur Designs, bagues en or Chanel Joaillerie, derbys en cuir J.M. Weston.
Haut en velours, pantalon pailleté et boucles d’oreilles carrées en plexiglas et strass Giorgio Armani. Derbies en cuir J.M. Weston. À gauche
Combinaison en laine vierge Valentino. Boucles d’oreilles Face en argent plaqué or et pierres Grainne Morton chez White Bird, bracelets dorés Maison Rabih Kayrouz,
bracelet et bague en résine Dinosaur Designs, deux fines bagues en or Marc Deloche, triple bague carrée en or rose Vanrycke, bottines compensées en cuir Valentino Garavani.
Haut en lycra et pantalon en coton strassé Givenchy. Boucles d’oreilles en laiton poli Louise Olsen chez Dinosaur Designs, bottines compensées en cuir Valentino Garavani. À gauche
Robe en laine et alpaga Max Mara. Boucles d’oreilles et bracelets en résine et en laiton poli Dinosaur Designs, bracelets volumineux à relief doré (à la main droite) Maison Rabih Kayrouz,
bottines compensées en cuir Valentino Garavani.
Assistante stylisme Olivia Esquerré. Mannequin Ingrid Fernandes/Viva Paris. Casting Arthur Méjean. Coiffure Carole Douard/Call My Agent. Maquillage Tiina Roivainen/Airport Agency. Nos remerciements à Maria do Mar Guinle, consultante en art, pour ce shooting dans l’atelier de Júlio Villani. Production Mia Meliava/The Art Broad, assistée de Vincent Coffre.
Tailleur-pantalon en toile de coton mélangé imprimée logo Gucci. Boucles d’oreilles en or Marc Deloche, bracelets en résine et en laiton poli Dinosaur Designs, bottines compensées en cuir Valentino Garavani. À gauche
Veste en cuir rayé et jupe en tulle Hermès. Ear cuff Rich Melina en or et saphirs roses White Bird, ear cuffs en or rose et diamants, et en or rose et diamants taille poire Repossi, bracelets volumineux à relief doré (à la main droite) Maison Rabih Kayrouz, bracelets en résine et en laiton poli Dinosaur Designs, bague à lignes géométriques en vermeil Charlotte Chesnais, bagues Matelassé, en or, l’une avec diamants Chanel Joaillerie.
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N° 1
STYLE
MODE D’EMPLOI
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Par Elspeth Jenkins
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Un boîtier octogonal qui évoque le bouchon du parfum N°5 et une chaîne de couleur dorée entrelacée d’un ruban de cuir noir, rappelant les lanières du légendaire sac matelassé : telles sont les caractéristiques qui singularisent au premier coup d’oeil la montre Première. Elle s’affiche au poignet de femmes qu’il est un peu plus difficile de définir. Montre fétiche de plusieurs générations, la Première se transmet de mère en fille depuis 35 ans. Pourtant, ces femmes ont toutes un point commun : elles portent plus la montre comme un bijou, quintessence de la féminité et de la liberté, que comme un instrument pour lire l’heure. Une montre éternellement jeune, tout comme la joie de vivre de sa propriétaire.
MUSE
L’intemporelle Première était une création de Jacques Helleu, qui a rejoint Coco en 1965 à l’âge de dix-huit ans. Responsable, en tant que directeur artistique, de l’image et des campagnes légendaires de la maison de couture, il a guidé Chanel dans le monde de l’horlogerie à partir de 1987, et ses ambitions dépassaient largement le lancement d’une simple collection. Son but : que ce modèle devienne un classique. MISSION ACCOMPLIE.
À son tour, l’actuel directeur du Studio de Création Horlogerie Arnaud Chastaingt a considéré qu’en 2022, il était grand temps de remettre la Première sous les projecteurs. « C’est la première
PRESSE.
C’est en 1987 que voit le jour la montre Première de Chanel. En tant qu’aînée de la famille des garde-temps de la Maison, la Première reste une superstar avec sa chaîne – et son futur – en or. Ce mois-ci, le modèle réapparaît sous un nouveau nom, mais La Première Édition Originale possède toujours les mêmes qualités.
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1. Coco Chanel en 1937. 2. Un design épuré et raffiné. 3. Intemporel et chic: les codes de la maison Chanel. 4. Le boîtier de la montre Première fait référence au bouchon d’un flacon de parfum N°5. 5. Claudia Schiffer avec sa Première en 1994. 6. Pourquoi se limiter à une quand on peut en avoir dix ? 7. Soo Joo Park: le visage de La Première Édition Originale.
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page de notre histoire horlogère. Elle est née de l’absolue liberté de création et a initié une vision, celle de l’allure du temps selon Chanel. J’ai souhaité que la Première de 2022 retrouve sa place au cœur de la collection. Cette création, c’est notre ADN et un code Chanel à part entière. Bien plus qu’une montre, la Première est une leçon de style. » Et quand on parle de style, Marie Claire n’est jamais bien loin. Comment passer à côté du raffinement puissant de ses caractéristiques ? STATEMENT
Le boîtier noir laqué présente un design sexy et épuré, comme un écho à la spontanéité d’une aventure qui commence le jour et se prolonge en une fraction de seconde dans la nuit. Une montre qui permet de profiter de la vie, à n’importe quelle heure. À l’image d’un sac Chanel, grâce auquel on peut en toute circonstance arborer un statement unique. L’héritage de Coco aimante tous les regards. Qui que vous
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soyez, où que vous soyez, tout le monde verra votre accessoire orné du logo reconnaissable entre mille ou de l’abréviation CC. Un ADN fort constitue le point de départ idéal, aussi bien en tant que personne qu’en termes de mode ; c’est un gage de qualité qui sera transmis aux générations suivantes. Une certitude dans laquelle puiser de la force et qui, surtout dans le cas de cette montre, attirera l’attention pour des raisons valables. Jusqu’à ce que vous la transmettiez à votre fils ou votre fille,
car dans ce domaine aussi, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, où la Première remplira sans effort un rôle tout aussi important d’égérie pour les m/f/x. Ce mois-ci, le modèle est relancé sous le nom de La Première Édition Originale. Soo Joo Park, mannequin et DJette américaine, est le visage de la campagne. Elle succède à Inès de La Fressange et Clau dia Schiffer, deux ambassadrices de la Maison qu’on apercevait régulièrement dans les années 80 et 90, une Première au poignet. Un nouveau visage et un nouveau nom pour un classique intemporel dont le charme va vous subjuguer. On est prêts à parier notre sac 2.55.
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STYLE
MODE D’EMPLOI
HAUTE JOAILLERIE NEWS
Cette saison, les nouvelles collections des grandes maisons de joaillerie sont autant d’invitations au voyage, et d’odes aux paradis naturels, aux légendes précieuses et aux nuances subtiles entre ombre et lumière. Par Timon Van Mechelen
Collier Flowers of Eden, collection Eden The Garden of Wonders Bulgari.
Collier Récif, collection Beautés du monde Cartier. 1
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1 Bague Lion, collection Sunset Elliot & Ostrich. 2. Bague en platine, collection Magnolia Tiffany & Co. 3. Boucles d’oreilles À Fleur d’eau, collection Ondes et Merveilles Chaumet. 4. Bracelet Serpent, collection Ailleurs Boucheron.
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Suite au réchauffement climatique, la biodiversité actuelle pourrait disparaître rapidement. Guidée par cette pensée alarmante, Claire Choisne, directrice artistique de Boucheron, a créé la collection Ailleurs. Cinq univers où elle évoque la nature à l’état brut, où l’or, les diamants et les pierres se mêlent au bois brûlé, au rotin, aux coquillages, aux galets, à la météorite. Tiffany & Co. rend également hommage à la nature avec Botanica, sa sous-ligne Magnolia est une ode à la fleur du même nom. Les teintes roses et vertes associées à des pierres comme la tsavorite et la morganite donnent vie à la fleur emblématique Tiffany de manière sophistiquée. La faune et la flore ont aussi inspiré Bulgari pour son opulente collection Eden The Garden of Wonders. Ou encore Cartier, avec sa collection Beautés du monde : les détails et la souplesse du collier Iwana évoquent un iguane, le collier Récif s’inspire des récifs coralliens menacés et Apatura, avec ses couleurs pétillantes, fait référence aux papillons. La maison belge Elliot & Ostrich rend hommage aux couchers de soleil africains avec sa nouvelle collection capsule Sunset. Enfin, la pénurie d’eau due à la sécheresse sert de point de départ à la collection Ondes et Merveilles de Chaumet.
ELIZAVETA PORODINA. MAUD RÉMY LONVIS/HERMÈS. PRESSE.
Nature fabuleuse
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1. Broche, collection Dior Print Dior Joaillerie. 2. Bague colorée, collection Legend of Diamonds Van Cleef & Arpels. 3. Boucle
d’oreille en forme de lune, collection 1932 Chanel Joaillerie. 4. Bracelet Aisha, collection Vintage Buccellati. 5. Collier Radiance, collection Spirit Louis Vuitton.
Histoire précieuse Se contenter de sertir l’or de pierres ne suffit plus à faire rêver. Outre leur savoirfaire, les bijoutiers bâtissent leurs collections sur leur histoire et leur patrimoine
foisonnants. Voici exactement 90 ans, Gabrielle Chanel lançait sa première et unique collection de haute joaillerie, Bijoux de Diamants, afin de relancer le secteur diamantaire après la crise économique de 1929. Dans la nouvelle collection 1932, 77 créations symbolisent des pièces emblématiques du passé, illuminées par des comètes, des soleils et des lunes. Pour la collection Dior Print, Victoire de Castellane s’est inspirée de l’ADN couture de la maison de mode française, en ornant 35 bijoux de carreaux et de rayures, de dégradés tie and dye, de motifs géométriques et d’imprimés Liberty. Van Cleef & Arpels, dans sa nouvelle collection Legend of Diamonds, met en lumière certaines des pierres extraordinaires qui ont marqué l’histoire de la Maison. Rubis, émeraudes et saphirs tiennent le rôle principal dans la ligne de 25 pièces. Tandis que Buccellati revisite une série d’accessoires vintage (des années 1940 au début des années 2000), Louis Vuitton continue d’écrire son histoire avec les 125 articles de sa collection Spirit basée sur le triangle, premier symbole graphique utilisé par l’homme et référence au V du malletier.
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1. Collier Divine Enigma, collection Beyond the Light Messika. 2. Boucles d’oreilles, collection The Alchemist of Light De Beers.
Sainte lumière The Alchemist of Light pour De Beers, Beyond the Light pour Messika et Les jeux de l’ombre pour Hermès, chacune de ces trois maisons a porté un regard différent sur le phénomène visuel intrinsèquement lié à la magie des bijoux : la lumière. De Beers poursuit son exploration du spectre, tandis que Messika imagine des parures de pharaons modernes, éblouissantes et modulables. Pierre Hardy propose chez Hermès des formes innovantes qui soulignent les contrastes, le mouvement de l’ombre et sa relation avec la lumière. Boucles d’oreilles Lumières Brutes, collection Les jeux de l’ombre Hermès.
Tous les prix de ces deux pages sont sur demande.
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À l’heure du surf
C’est à Biarritz, destination privilégiée des surfeurs, que la marque horlogère Breitling a dévoilé sa nouvelle collection : la Superocean, inspirée du passé et intimement liée à ce sport nautique. Une mise à jour en parfaite adéquation avec le virage décontracté qu’a pris la griffe de luxe. Présentation. Par Malvine Sevrin
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Biarritz, capitale française du surf à la renommée internationale, attire tout au long de l’année une foule de « cool kids » prêts à en découdre avec les vagues. Du bord de plage aux conceptstores et restos branchés, il y souffle un vent de liberté comparable au lifestyle californien et qui, désormais, est accessible en dix heures de route depuis la Belgique. Chaque été, au mois de juin, la ville organise le « Wheels & Waves Festival », un important événement international consacré aux univers de la moto et du surf. Motards, skateurs, surfeurs et autres amateurs de sensa-
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1. La surfeuse australienne Stephanie Gilmore. 2. Le modèle Superocean Automatic 44 en turquoise. 3. Le modèle Superocean Automatic 46 en bleu. 4. Le stand Breitling installé au festival Wheels & Waves de Biarritz.
PRESSE.
tions s’y rejoignent pour prendre part à des virées en deux roues, rencontrer des champions du monde, assister à des compétitions de glisse, essayer la crème des équipements ou découvrir des expos photos. Présenter sa nouvelle collection de montres dans la ville la plus cool du littoral français était donc une évidence pour Breitling. Loin des stéréotypes cadenassés de l’horlogerie, la marque suisse cultive avec brio son aura de luxe décontracté. Un parti pris que Georges Kern, CEO de la marque, résume en ces quelques mots : « Breitling, c’est une expérience à vivre. » Et côté expériences, la griffe horlogère sait y faire. C’est sur la plage de Milady, celle située le plus au sud de Biarritz, que la marque a donné rendez-vous à une poignée de journalistes triés sur le volet lors d’une matinée brumeuse. Un spot idéal pour les surfeurs en herbe que nous sommes. Encadrés par des champions de surf internationaux parmi lesquels Natxo González, Andrew Cotton et Jérémy Flores, nous avons découvert - avec plus ou moins de succès - le plaisir de la glisse et la sensation unique que procure ce sport. À l’ère de l’hy p er connecti vité, Breitling est là pour conquérir le cœur de ceux qui « souhaitent se déconnecter d’un monde parfois trop numérique et im ma tériel » co m m e le co n fi a i t Georges Kern au magazine The Good Life. Pour incarner ces valeurs, la marque a d’ailleurs formé des équipes d’ambassadeurs, des « s quads » comme elle l’appelle, dans diverses catégories en lien avec l’histoire de Breitling : sport, cinéma, exploration, aviation. Un trio de personnalités a été choisi pour chacune d’entre elles. On retrouve ainsi dans la « Surf Squad » : l’Américain Kelly Slater, légende vivante du surf, la septuple championne du monde Stephanie Gilmore,
et l’athlète australienne Sally Fitzgibbons. À eux trois, ils personnifient à merveille la passion de Breitling pour le monde maritime, inscrite depuis toujours dans son ADN. UN CLASSIQUE RÉINVENTÉ
Mise au point à l’origine pour répondre aux besoins des plongeurs, la Superocean nouvelle génération a été adaptée pour servir les besoins des sports aquatiques actuels. Mais pour comprendre son histoire, il faut remonter à la source. Fondée en 1884 par Léon Breitling, la marque est très vite devenue pionnière dans le monde de l’horlogerie. D’abord, avec des montres conçues pour l’aviation, dont le Navitimer, un modèle devenu iconique. Après avoir conquis les airs, Breitling s’est tourné vers l’océan. Nous sommes en 1950 et la plongée sous-marine, comme les autres sports nautiques, suscitent un nouvel engouement. Professionnels et amateurs recherchent alors un instrument fiable et sûr, pouvant être porté
sous l’eau afin de leur fournir des informations vitales lors de leurs explorations aquatiques. C’est ainsi que la Superocean est née : la première montre de plongée de Breitling , étanche jusqu’à une profondeur maximale de 200 mètres. Une prouesse technique pour l’époque. Aujourd’hui, la marque réinterprète sa montre de plongée sportive et lui offre un nouveau design. Inspirée par l’esthétique originelle de la Superocean Slow Motion des années 1960 et 1970, cette version remastérisée se pare de nouvelles couleurs vibrantes - dont un bleu turquoise évoquant l’océan - et de caractéristiques ancrées dans la modernité. Sa force ? Une esthétique « old school » alliée à une technicité innovante. Étanche jusqu’à 300 m et dotée de larges aiguilles pour une lisibilité optimale sous l’eau, la montre est capable de résister aux chocs, au sable et à l’eau salée. Mais surtout, grâce à son design moderne-rétro, elle sublimera le poignet de tous les amateurs de belles montres, sous l’eau comme sur terre.
3 questions à Stephanie Gilmore CHAMPIONNE AUSTRALIENNE DE SURF ET MEMBRE DE LA SURF SQUAD DE BREITLING
QUE RESSENTEZ-VOUS QUAND VOUS SURFEZ ? COMMENT DÉCRIRIEZ-VOUS CETTE SENSATION À QUELQU’UN QUI N’A JAMAIS SURFÉ ?
C’est un moment rare où l’on est obligé d’être complètement présent. Pas de téléphone. Pas de distraction, juste toi et l’énergie de la vague. C’est magique, addictif et je recommande à tout le monde d’essayer.
LE TEMPS SEMBLE-T-IL S’ARRÊTER POUR VOUS LORSQUE VOUS SURFEZ ?
Oui et non. Le temps est un élément crucial du surf de compétition. Nous
avons des manches de 35 minutes pour attraper les deux meilleurs « rides » et battre l’adversaire. Et le chronomètre est un élément clé. Mais en même temps, surfer librement et ne pas avoir de notion du temps, de simplement remarquer où est le soleil pour avoir une idée de l’heure de la journée, ou d’avoir faim pour que ce soit la chose qui vous fasse sortir de l’eau - c’est très cool et c’est un sentiment vraiment spécial de se perdre dans le surf. QUE PENSEZ-VOUS DE LA NOUVELLE COLLECTION SUPEROCEAN DE BREITLING?
Je l’adore - j’adore le fait qu’il s’agisse de la Superocean Slow Motion originale des années 1960 et 1970, mais adaptée à une version plus moderne et plus rationnelle. Les gros bâtons luminescents ajoutés pour une lecture facile sont utiles lorsqu’on surfe et qu’on a besoin d’un rapide coup d’œil sur le temps. Et les nouvelles couleurs inspirées de l’océan en font une très belle pièce.
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Dans un secteur saturé par la communication émotionnelle, les marques sont de plus en plus nombreuses à techniciser leur discours pour réaffirmer l’expertise scientifique de leurs soins, garantie d’efficacité. Une démarche qui fait du bien. Notre enquête et notre sélection de crèmes et sérums haute technologie. Par Claire Dhouailly et Kim De Craene Photo Laetitia Hotte Stylisme Agathe Gire
L
e minimalisme, le clean, le durable monopolisent la communication des marques depuis quelques années. C’est une bonne chose – quand cela s’accompagne de faits – mais on en aurait presque oublié la fonction des produits, à savoir l’efficacité. « Avec la “clean beauty”, les consommateurs ont commencé à se poser des questions sur les ingrédients et certaines marques ont fait le choix d’utiliser cette curiosité pour faire du marketing de la peur, en mettant en avant le “sans”. Ça devient vite très ennuyeux, toutes les formules se ressemblent et les discours aussi. Alors que si une marque fait le choix de dire : “Nous, on met ça dans nos formules pour telle raison…”, ça permet de raconter quelque chose d’intéressant », estime Marie Drago, docteure en pharmacie et fondatrice de la marque aux pré, pro et post-biotiques Gallinée. Et pour parler sérieusement d’actifs et de résultats, rien de mieux que la science. Elle reprend aujourd’hui toute sa place, notamment chez les spécialistes du soin de la peau, secteur qui oblige à de la réassurance en matière de performance. Le succès récent de certaines jeunes marques participe au phénomène, poussant les acteurs historiques du
secteur à réaffirmer leur expertise. La marque Augustinus Bader est un parfait exemple de ces outsiders qui remettent la science sur le devant de la scène. En très peu de temps, elle a su se faire une place au milieu des poids lourds de la beauté avec un complexe high-tech, le TFC8. Il a été formulé à partir des travaux d’un éminent chercheur en cellules souches, le professeur Bader, qui a mis au point un gel réparateur pour les grands brûlés. The Cream, produit phare de la marque, a même été élue par WWD (le quotidien Women’s Wear Daily) numéro un des meilleurs soins de la peau de tous les temps. Sur les réseaux sociaux, les influenceur·ses devenu·es expert·es véhiculent aussi des discours affûtés. « On parle de “skintellectuals”, des personnes qui maîtrisent parfaitement leur sujet, qui ont une connaissance très pointue des actifs, de l’éventail des solutions possibles pour la peau. C’est une expertise technique qui est remise au premier plan », note Pierre Bisseuil, cofondateur de l’agence de prospective The Prospectivists. Aux États-Unis, ces influenceur·ses sont même fréquemment des docteur·es. « Les influenceurs qui sont aussi scientifiques font partager leur passion sur le sujet, sans jamais jouer la carte de la hauteur. Ça a un côté cool qui séduit. Chez Gallinée, la “microbiome académie” marche très bien sur notre site, on fait aussi des quiz scientifiques en stories, les différents canaux permettent de démocratiser la science et de créer beaucoup de contenus », souligne Marie Drago. Avec la montée en expertise des messages, les marques s’associent de plus en plus à des personnalités du milieu scientifique pour appuyer la solidité de leurs revendications. Qui mieux qu’un·e professeur·e de médecine ou de biologie pour véhiculer la science ? Pionnière du genre, Caudalie s’est entourée depuis des années de professeurs reconnus comme partenaires de recherche, d’abord le Pr Joseph Vercauteren, puis aujourd’hui le Dr David Sinclair, professeur de génétique à la Harvard Medical School et spécialiste des sirtuines et du Resvératrol. Guerlain revendique un partenariat avec l’École Polytechnique Fédérale de Zurich pour concevoir la cinquième génération de soins Orchidée Impériale, tandis • • •
TOP LOEWE. BOUCLES D’OREILLES UNSAID.
La (re)prise de pouvoir de la science
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BEAUTÉ
“Dans un monde où tout est devenu éminemment subjectif, la science rassure, elle apporte une réalité objective. Un discours scientifique, c’est 1 + 1 = 2, point barre.” Pierre Bisseuil, cofondateur de l’agence The Prospectivists
que Chanel a collaboré pour les nouveautés Lift Pro avec des équipes de l’université de Vienne pour étudier l’impact de l’accumulation des cellules sénescentes sur la qualité du maillage de la peau. Avène s’est, elle, associée avec Jean-Marc Lemaître, spécialiste du vieillissement, directeur de recherche à l’Inserm, codirecteur de l’Institute for Regenerative Medicine & Biotherapy. La marque du groupe Pierre Fabre s’est intéressée à ses recherches sur les cellules sénescentes et l’inversion du processus de vieillissement.
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Une histoire de confiance et de performance Si la science reprend de l’importance, c’est qu’elle est avant tout gage de confiance, notion malmenée ces dernières années. « Dans un monde où tout est devenu éminemment subjectif, basé sur les émotions – ce qui a permis l’émergence du fake – la science rassure, elle apporte une réalité objective. Un discours scientifique, c’est 1 + 1 = 2, point barre. La vérité scientifique reste l’un des piliers de la certitude et de la réassurance, elle est la caution, la preuve tangible qu’on ne remet pas en cause si facilement. Le résultat scientifique dans un produit, c’est une obligation de résultat », explique Pierre Bisseuil. S’ajoute à cela un besoin de sécurité, de clean, d’hygiénisme, amplifié par la crise sanitaire. Or, quelque chose de scientifique, de prouvé de façon carrée, c’est rassurant. Lancôme n’hésite pas à mettre en avant pour son Sérum Génifique quinze années de recherche et une formule testée dans le cadre de quarante-cinq études cliniques sur plus de six mille femmes. Accompagner le lancement d’un produit d’une solide validation scientifique, c’est un moyen de parler objectivement de performance, ce qui est plus que jamais nécessaire depuis que le naturel s’est imposé dans les formules. « Il reste un frein inconscient, l’idée persiste qu’il n’apporte pas de prouesse, notamment dans des pays comme les États-Unis. La meilleure formule aujourd’hui, c’est celle qui est naturelle et dont l’efficacité est validée par la science », estime Pierre Bisseuil. Tel est le créneau exploité
par la gamme Abeille Royale de Guerlain, dont le nouveau Sérum Advanced Double R Renew & Repair se distingue par une formule aux produits de la ruche à 96 % naturelle, qui s’appuie sur dix années de recherches scientifiques et des technologies de pointe comme la bio-polyfermentation pour révéler les pouvoirs du miel. C’est aussi le positionnement adopté par Noble Panacea, marque lancée par le prix Nobel de chimie 2016, Sir James Fraser Stoddart. Les produits sont conçus de façon écoresponsable, avec des formules clean dont l’efficacité des actifs est assurée par la technologie OSMV, système qui préserve l’intégrité des actifs et les libère de façon continue dans la peau pour une meilleure assimilation et ainsi une efficacité prolongée.
Un nouvel universalisme Porté dans le soin par des formules et design minimalistes, l’universalisme prend aujourd’hui la voie technologique. Avec la science, on est au-delà des genres et des âges. C’est un marketing qui s’affranchit de ces notions et qui est là pour dire un résultat, pour apporter des solutions à des problèmes ciblés. « On peut le rapprocher de ce qu’on voit en parfumerie, avec l’expertise sur les matières premières. On vend, par exemple, du vétiver, non pas un parfum masculin ou féminin », souligne Pierre Bisseuil. MyBlend, marque du groupe Clarins, illustre parfaitement cette idée. Ses Supersérums ont été conçus pour compléter La Crème Régénérante, produit de soin universel, et répondre de façon intensive à des besoins d’hydratation, de rides, de fermeté, d’apaisement, de taches… quels que soient l’âge et le sexe. Derrière, une caution apportée par des ingrédients reconnus scientifiquement, des tests d’efficacité rigoureux, un diagnostic de peau pointu et l’expertise du créateur de la marque, le Dr Olivier Courtin-Clarins. À mesure que la science s’impose, le vocabulaire utilisé par les marques pour parler de l’action anti-âge se technicise à l’extrême. Après avoir parlé de rides, de fermeté, puis de cellules et de tissus, on parle aujourd’hui de télomères, de gènes de la longévité, de tenségrité de la peau… Et cela vaut pour tous les circuits de distribution. Chez L’Oréal Paris, le nouveau Sérum-Huile Rosé Age Perfect revendique comme actif régénérant clé les cellules dédifférenciées de pivoine, une technologie exclusive au groupe L’Oréal jusqu’en 2032. Dans la catégorie luxe, Dior parle pour La Crème Dior Prestige d’un nouveau territoire de l’anti-âge, l’Age Reverse, et de biomarqueurs, indicateurs de l’état de jeunesse de la peau. Chez Shiseido, c’est la MolecuShift Technology qui fait son entrée, technique qui utilise les forces électrostatiques pour compacter l’acide hyaluronique et lui permettre de pénétrer dans la peau, puis de le ré-expandre pour regonfler les volume de l’intérieur. « On assiste à une descente dans un monde de plus en plus scientifique et technique. Plus les connaissances des consommateurs grandissent, plus les marques repoussent leurs discours jusqu’à devenir inaccessibles à la majorité d’entre eux. On entre dans un mystère qui rassure, car il est associé à de la science », analyse Pierre Bisseuil. De tout temps, la cosmétique a vendu le rêve d’une peau plus belle, plus jeune, à chaque époque ses méthodes.
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ANTI-ÂGE : NOTRE BEST OF HIGH-TECH 4
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Un acide hyaluronique retravaillé pour offrir un effet comblement volumateur dans deux sérums à utiliser sous sa crème. Sérum Activateur Jour et Sérum Comblement Nuit BioPerformance Skin Filler de Shiseido, 250 € les 2 sérums de 30 ml. Nouvelle technologie et nouveau double flacon de verre pour ce sérum high-tech aux miels et gelée royale devenu culte. Double R Renew & Repair Advanced Serum Abeille Royale de Guerlain, 143 € les 30 ml. Les cellules dédifférenciées de pivoine, associées à du calcium et à de la vitamine B3, réduisent le relâchement et dopent l’éclat. Sérum-Huile Rosé Age Perfect Golden Age de L’Oréal Paris, 19,90 € les 30 ml. Une formule qui bénéficie de vingt ans de recherche Lancôme sur le microbiome pour réparer la barrière cutanée la nuit. Advanced Génifique Night de Lancôme, 72 € les 50 ml.
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Un puissant duo d’ajonc biologique et d’extrait d’harungana pour une peau rebondie et revitalisée. Super Restorative Day Cream de Clarins, 114 € pour 50 ml. Un cocktail de peptides et de squalène qui stimule la production de collagène et restaure la fermeté naturelle de la peau. Crème V-Firm de Valmont, 360 € pour 50 ml. Une formule revisitée qui compense les méfaits de la lumière bleue sur la réparation de la peau grâce à une technologie de défense antioxydante brevetée. Rides, poches, sécheresse et cernes sont atténués. Gel-Crème Contour des Yeux Multi-Réparation Synchronisée Advanced Night Repair Eye d’ Estée Lauder, 73 € les 15 ml. Une association de peptides biomimétiques lutte contre l’inflammation et dope le métabolisme des cellules. Avec aussi de l’acide hyaluronique et le duo curcuma fermenté et prébiome marin pour optimiser le microbiome. La Crème Régénérante de MyBlend, 290 € les 60 ml.
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Une technologie
brevetée avec la Harvard Medical School pour agir sur les huit marqueurs de l’âge. La Crème Premier Cru de Caudalie, 82,90 € les 50 ml. Pour agir sur l’éclat du teint et les taches pigmentaires, cette cure de quatre semaines délivre chaque jour à la peau une dose idéale de vitamine C, optimisée par la technologie OSMV. Booster Vitamine C The Exceptional de Noble Panacea, 166 € les 30 doses. Tous les bienfaits du complexe protecteur et régénérant TFC8 dans une texture hydratante légère et matifiante. The Light Cream d’Augustinus Bader, 135 € les 30 ml. Une formule douce au beurre de karité qui nourrit et adoucit. Le collagène, l’élastine et l’acide hyaluronique apportent fermeté et résilience. La crème est composée à 97% d’ingrédients d’origine naturelle. La Crème de jour raffermissante de Lierac, 49,90 € les 50 ml.
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Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Margaux Lion/The Claw. Casting Barbara Blanchard. Coiffure Natsumi Ebiko. Maquillage Miki Matsunaga. Manucure Marie Rosa. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Margot Bootz.
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Lèvres Rouge Dior
Forever 100 Nude Look. Visage Dior Forever 2N. Dior Forever Skin Correct 2N. Dior Forever Natural Bronze 02 Light Bronze. Yeux 5 Couleurs Couture 559 Poncho. Diorshow Iconic Overcurl 090 Black. Diorshow On Set Brow 03 Brown. Stylisme Leslie Fremar. Makeup Kate Lee, Dior makeup. Cheveux Adir Abergel. Ongles Tom Bachik, Dior Beauty.
“L’entraide nous rend humains”
CHARLIZE THERON
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À 47 ans, Charlize Theron, Oscar de la meilleure actrice en 2004, pète la forme. La Sud-Africaine produit ses propres films, endosse des rôles principaux, lutte contre la violence sexuelle et le sida en Afrique, élève seule ses deux enfants et demeure l’égérie de J’adore de Dior depuis de longues années.
DANIEL JACKSON POUR PARFUMS CHRISTIAN DIOR.
Par Timon Van Mechelen
Il y a presque trente ans, Charlize Theron a troqué sa ville natale de Benoni pour Los Angeles, où elle a bâti une impressionnante carrière d’actrice et de mannequin. Elle injecte ses propres de n i e rs da n s des p ro j et s qu i lu i tiennent à cœur, comme Scandale, film sorti en 2020 qui s’inscrit dans le sillage de la vague #MeToo. Charlize Theron incarne l’image d’une femme forte, indépendante. D’une part, à travers les rôles qu’elle interprète, comme celui de la tueuse en série Aileen Wuornos qui fait preuve d’empathie pour ses victimes dans Monster ou celui de l’Imperator Furiosa, l’une des protagonistes de Mad Max, mais aussi grâce à ses engagements personnels. Elle dénonce l’écart salarial à Hollywood, assume avec fierté que son enfant, Jackson, soit transgenre, soutient la cause LGBTQ et lutte contre le sida depuis des années. Bref, elle utilise sa notoriété pour faire bouger les lignes de manière positive et servir d’exemple aux femmes du monde entier. Des valeurs qu’elle partage avec Dior et qui expliquent sa relation étroite avec la Maison. Après avoir été pendant dix-huit ans le visage de J’adore, le célèbre parfum lancé par Christian Dior en 1999, elle apparaît aujourd’hui dans la campagne du nouveau J’adore Parfum d’eau. Vous êtes l’égérie du parfum J’adore depuis 2004. Comment qualifieriezvous cette expérience ?
En un mot : fantastique. La Maison est devenue une famille, et chaque nouvelle campagne a apporté au fil des ans son lot
d’expériences et de souvenirs inoubliables. Beaucoup de choses se sont passées dans ma vie privée et professionnelle au cours des 18 dernières années, et Dior a toujours été présent. Ensemble, nous avons pris des risques et expérimenté de nouvelles idées passionnantes. C’est un très beau parcours. Certains moments vous ont-ils marquée davantage ?
L’un de mes meilleurs souvenirs, c’est d’avoir travaillé avec le photographe de mode Peter Lindbergh, décédé en 2019. C’était un vrai gentleman et un maître absolu dans son domaine. Nous nous sommes beaucoup amusés sur le shooting de la campagne Dior. Les rires sur le plateau, la synergie créative, ce sont des moments inoubliables à mes yeux. La collaboration avec ma fondation CTAOP (Charlize Theron Africa Outreach Project) dans le cadre de la campagne #DiorChinUp reste également mémorable. C’était très inspirant de voir se réunir toutes ces femmes exceptionnelles issues de différents horizons. Le nouveau J’adore Parfum d’eau innove sur le plan technique et ne contient pas d’alcool. Quelle est votre position en matière d’écologie et de durabilité ?
J’essaie d’agir de manière consciente sur ces questions, surtout depuis que les conséquences de la crise climatique sont de plus en plus tangibles. Par exemple, j’utilise beaucoup moins de plastique, je trie les déchets, je mange moins de viande... Il est important que tous ensemble nous changions nos habitudes, du moins un peu, afin qu’il reste une planète pour nos enfants. Quel rôle joue le parfum dans votre vie quotidienne ? Vous l’appliquez d’une façon spéciale ?
L e par fum me donne avant tout confiance en moi. J’ai également appris qu’il existe un lien étroit entre l’odorat et la mémoire. C’est pourquoi je porte du parfum presque tous les jours, pour faire une bonne première impression. J’applique une goutte sur chaque poignet et ensuite je le vaporise une fois dans le cou. Ça me permet de trouver le parfait équilibre : une odeur suffisamment marquante mais pas trop forte.
Vous êtes très engagée, notamment dans la lutte contre le sida et les violences sexuelles en Afrique, l’égalité des droits des femmes et le mariage homosexuel. D’où vient cette envie de faire bouger les choses ?
L’un de mes premiers souvenirs d’enfant remonte à l’époque où ma mère conduisait ses employés à l’hôpital lorsque la crise du sida a éclaté en Afrique du Sud. Je me revois assise sur la banquette arrière. J’ai vu comment elle s’occupait d’eux, avec énormément d’empathie, et je ne l’ai jamais oublié. Lorsque je suis moi-même arrivée à un point où j’étais en mesure de faire la différence, j’ai éprouvé le besoin d’utiliser mon réseau, non seulement pour créer un changement et une prise de conscience, mais aussi pour aider les personnes qui se battent sur le terrain. Êtes-vous encore plus motivée à vous engager pour les autres depuis que vous êtes mère ?
Ça joue certainement un rôle, je veux laisser à mes enfants le meilleur monde possible. Mais je perçois aussi la nécessité de changer les choses sans plus attendre, parce qu’il y a des situations et des crises qui ne concernent pas seulement mes enfants ; elles ont lieu au moment même où nous parlons. Je veux leur enseigner que c’est l’entraide qui fait vivre la société et nous rend humains. Elle nous est consubstantielle, et trop souvent nous la tenons pour acquise. Notre perception de la liberté a changé depuis la crise sanitaire. Que signifie la liberté pour vous ?
La liberté, c’est pouvoir être qui on est, partout et tout le temps, sans se soucier du jugement des autres. De quoi êtes-vous la plus fière ?
De mes deux enfants.
Vous avez remporté un Oscar et plusieurs autres récompenses, joué dans de nombreux films... Avez-vous encore des rêves ?
Bien sûr ! J’ai encore envie de tester un tas de choses. Je n’ai pas de bucket list, mais j’essaie d’être ouverte à toutes les opportunités qui se présentent.
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BEAUTÉ
HUMEURS D’AUTOMNE
Sur les lèvres, les paupières, les pommettes et les cils, les fards de rentrée font la part belle aux couleurs qui claquent, aux finis et textures sur mesure et aux formules toujours plus pointues. Nos coups de cœur. Par Aurélie Lambillon et Nolwenn du Laz Photos Laetitia Hotte Natures mortes Emily Jeanne Stylisme Agathe Gire
UN REGARD ÉLECTRIQUE De gauche à droite et de haut en bas HYPNOTIQUE Un quatuor inspiré
ROBE JIL SANDER. BOUCLES D’OREILLES DINOSAUR DESIGNS.
par les plumes de paon, qui mixe les finis (satin, mat, métallique, nacré). Ombres à Paupières 4 Couleurs Ombres G n° 360 Mystic Peacock de Guerlain, 70 €. AUTOMNAL Un camaïeu du beige au brun, incendié par du rouge. 5 Couleurs Couture n° 659 Mirror Mirror de Dior, 66 €. CHAMPÊTRE Un vert doté d’une pointe de kaki jouant avec le brun et le rose. Signature Color Eyes n° 117 Akiurei de Suqqu, 59 €, sur cultbeauty.com
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UNE BOUCHE ÉCLATANTE
BLAZER THE FRANKIE SHOP. BODY WOLFORD.
De gauche à droite et de haut en bas TRAITANT Gorgé d’acide
hyaluronique hydratant et d’extraits de rose antioxydants, il assure un sublime fini mat poudré sans assécher. L’Absolu Rouge Drama Matte 295 French Rendez-vous de Lancôme, 39,90 €. ARDENT Un rouge carminé aux reflets translucides, à la fois métallique et mat. Rouge Hermès n° 81 Rouge Grenat d’ Hermès, 66 €. En édition limitée. INCANDESCENT Facile à appliquer et très confortable grâce à sa formule aux deux huiles. Lip Power n° 304 Offbeat de Giorgio Armani, 41 €. PERSONNALISABLE Une formule soin nourrissante, déclinée en trois finis (satin, mat, brillant), à glisser au choix dans un écrin rouge, blanc ou doré. Joli Rouge Rechargeable Not Just a Lipstick n° 742 de Clarins, 36 €. En janvier. VIBRANT Un semi-mat soyeux et enrichi d’actifs soins. Rouge Interdit n° 37 Intense Silk de Givenchy, 38,50 €, puis 29 € la recharge. LUMINEUX Une formule longue tenue et confortable. Rouge Pure Couture The Bold n° 9 Undeniable Plum d’ Yves Saint Laurent, 39,70 €.
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BEAUTÉ
DES POMMETTES FRAÎCHES De haut en bas et de gauche à droite DOUX Des nuances semi-mates et
nacrées, légères comme des pétales. Divine Blush Divine Rose II de Path McGrath Labs, 53 €, sur patmcgrath.com SOYEUX Un fini mat et une texture agréable grâce à l’huile de baobab. Le Rose aux Joues Tendresse Rose de 1944 Paris, 25 €. CLEAN Une texture poudre classique mais à la composition irréprochable, non comédogène et non desséchante, pour colorer délicatement et avec naturel. Blush Poudre Brun d’Oh My Cream Skincare, 28 €. FIDÈLE Longue tenue, facile à moduler et pratique avec son pinceau et son large miroir. Pure Color Envy Sculpting n° 480 Blusk Spiked Berry d’ Estée Lauder, 47 €. VEGAN Des billes nacrées pour un fini très lumineux. Blush Blue Me n° 1 Coral Biscuit de Kiko Milano, 14,99 €.
CHEMISE BOTTEGA VENETA.
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DES CILS VOLUPTUEUX De gauche à droite RAFFINÉ Il ne joue pas l’effet faux
CHEMISE MARIE MAROT.
cils mais la définition cil à cil parfaite et le chic d’une teinte unique : un noir rehaussé d’une pointe de rouge pour mieux pétiller. Mascara Noir Allure de Chanel, 45 €. TANDEM Deux brosses avec textures dédiées pour un système en deux temps – rehaussement même des plus petits cils, puis volume. Le résultat est digne d’un maquilleur pro. The Professional Mascara de Make Up For Ever, 28 €. MODULABLE On peut superposer les couches sans risque de paquets, pour allonger les cils en éventail et leur donner une étoffe incroyable. M·A·C Stack Mascara Mega Brush Black Stack de M·A·C, 35 €. INTENSE Il hisse à son paroxysme volume, cambrure et profondeur de la teinte. Noir G de Guerlain, 39 €.
Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Margaux Lion/The Claw. Casting Barbara Blanchard. Coiffure Natsumi Ebiko. Maquillage Miki Matsunaga. Manucure Marie Rosa. Production Zoé Martin/ Producing Love, assistée de Margot Bootz.
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LE NETTOYANT VISAGE SUR MESURE
Première étape cruciale de la routine beauté, il s’adapte à toutes les problématiques en assurant de chasser impuretés, make-up et cellules mortes. Notre sélection ciblée pour faire peau nette.
MA PEAU EST TERNE
MA PEAU EST SÈCHE
MA PEAU EST GRASSE
Elle a besoin d’être purifiée
Elle a besoin d’être hydratée
Elle a besoin d’être rééquilibrée
Je choisis un soin labellisé
J’aime les textures doudou
Elle est sensible
Je cherche une formule multi-usage
J’ai de l’acné
Je préfère une formule solide
Nettoyant Purifiant de Days of Confidence, 49 € les 100 ml.
La Mousse Nettoyante de Lierac, 14 € les 150 ml.
Eau Lactée Démaquillante à la Pivoine Bio de Klorane, 10,90 € les 100 ml. En octobre.
Crème Fraîche de Beauté 3-en-1 de Nuxe, 27,30 € les 100 ml.
Cleansing Balm Microbiotic de Dr Barbara Sturm, 40 € les 125 ml, sur en.drsturm.com
Nettoyant Solide Concentré Purifiant Rare Earth de Kiehl’s, 20 € les 100 g.
Ultra-concentré en argile kaolin et actifs végétaux (calendula, reine-des-prés, concombre, tournesol, chanvre), certifié Cosmos Organic, il élimine pollution et impuretés pour aider à retrouver un teint lumineux.
C’est en agissant sur le microbiote cutané, avec un complexe de prébiotiques (algues vertes et brunes…), que cette mousse agit sur l’éclat de la peau. Son plus ? Sa texture aérienne particulièrement enveloppante.
Cette composition fraîche et douce à la pivoine et huile d’argan bios respecte le film hydrolipidique des épidermes les plus délicats. Et garantit également une action démaquillante très efficace.
L’idée géniale ? Une recette anti-soif à l’huile d’amande douce et au beurre de karité qui hydrate au quotidien, démaquille et s’applique même en masque repulpant. L’alliée des voyageuses soucieuses de légèreté.
Ce gel, qui se transforme en huile puis en émulsion laiteuse, s’adresse plutôt aux peaux jeunes. Riche en pré et probiotiques, il aide à réduire stress et inflammation liés à la pollution, aux variations hormonales…
Ce nettoyant à l’argile blanche et à la poudre de bambou a déjà fait ses preuves dans sa version liquide. En format concentré, il est tout aussi performant pour absorber l’excès de sébum, lisser et gommer les pores.
BETINA DU TOIT/MARIE CLAIRE. PRESSE (X6).
Par Aurélie Lambillon
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TESTÉ ET (AP)PROUVÉ
LA CRÈME DE JOUR ANTI-ÂGE À la rédac, nous n’aimons pas vraiment le mot « anti-âge ». Inventé par les pros du marketing dans les années 80, il s’est offert pas mal de synonymes : pro-age, age-perfect ou encore slow-age. Mais si nous sommes fières de notre peau mature, y compris de ses rides et ridules, il est important d’appliquer les bonnes crèmes pour la préserver le plus longtemps possible. Par Kim De Craene
HYALURON-FILLER + ELASTICITY DAY CREAM SPF 15 D’EUCERIN, 39,95 € les 50 ml
LA CRÈME CACHEMIRE RAFFERMISSANTE DE CAUDALIE, 45,80 € les 50 ml
LE LIFT PRO CRÈME VOLUME DE CHANEL, 150 € les 50 ml
★★★☆☆
★★★★☆
JOËLLE LEHRER, COORDINATRICE DE LA RÉDACTION
KIM DE CRAENE, RÉDACTRICE BEAUTÉ & LIFESTYLE
ELSPETH JENKINS, DIRECTRICE MODE ET STYLE
SOPHIE BREVERS, DIRECTRICE ARTISTIQUE
POURQUOI ? « La rose qui pousse dans les jardins Dior à Granville, en Normandie, est l’ingrédient principal de ce produit de haute qualité. Les tests promettent un rajeunissement visible : après huit semaines, la peau paraîtrait quatre ans plus jeune. »
POURQUOI ? « À l’approche de la quarantaine, la production de collagène et d’acide hyaluronique chute de façon spectaculaire. La peau perd en fermeté, ce qui entraîne des rides de plus en plus visibles. La crème promet une multiplication par cinq de la production de collagène et une production d’acide hyaluronique multipliée par deux. Sorte de gourou de la jeunesse éternelle, David Sinclair est l’un des plus grands spécialistes de la lutte contre le vieillissement. C’est lui qui a collaboré avec Caudalie pour le développement de ce produit. »
POURQUOI ? « Les produits de beauté Chanel sont aussi luxueux qu’un sac de créateur. Et comme mon budget ne me permet pas d’investir régulièrement dans un nouvel accessoire, je me console avec une crème apaisante comme Le Lift Pro Crème Volume. Toute la ligne se concentre sur le fameux « triangle de jeunesse » : la zone située entre les pommettes et la pointe du menton. Grâce à l’actif enzymatique melipona, les volumes du visage sont resserrés et la structure cutanée est renforcée. »
POURQUOI ? « Eucerin a créé une gamme prestige pour les peaux matures. Leur crème de jour s’adresse aux femmes de plus de 45 ans qui veulent le meilleur pour leur peau. Les trois ingrédients principaux, l’Acide Hyaluronique, le Thiamidol1 et le Complexe Collagène-Elastine, sont efficaces contre les signes de l’âge. »
★★★★☆
INCONVÉNIENTS ? : « Selon le type de peau, le soin doit être accompagné d’une crème spécifique. Pour ne pas se dessécher après quelques heures, ma peau fine a besoin d’une crème hydratante supplémentaire. Le prix est élevé : si on n’est pas cohérent et précis dans son utilisation, inutile d’investir. » APPROUVÉ ? « La texture est fine et agréable. Je n’ai besoin que de deux noisettes de crème pour couvrir mon visage. Pour un meilleur résultat, je l’ai aussi appliquée sur mon cou et mon décolleté. Ma peau picote un peu juste après l’application mais je ressens rapidement l’effet tenseur. »
INCONVÉNIENTS ? « Je vois du
parfum dans la liste des ingrédients. La crème sent bon le basilic, la citronnelle, la camomille, le thym et la fleur d’oranger. Mais si vous avez la peau sensible, ce parfum peut déclencher des allergies cutanées. » APPROUVÉ ? « Cette crème très luxe ressemble - comme son nom l’indique - à du cachemire. Sa texture seconde peau laisse la peau douce et confortable, avec un fini velouté. »
INCONVÉNIENTS ? « Il est recommandé d’utiliser la crème avec un outil de massage. Mais pour être honnête, j’ai sauté cette étape. » APPROUVÉ ? « J’adore cette crème. Je la porte sous mon fond de teint. Après une journée entière, ma peau a toujours l’air nourrie et je ne constate aucune taches sèches autour de mon nez. La crème n’est ni trop riche, ni trop grasse. »
★★★★☆
INCONVÉNIENTS ? « J’ai remarqué une légère amélioration des rides profondes, mais rien d’extraordinaire. Peut-être devrais-je compléter la routine avec le sérum de la gamme ? Pour une meilleure conservation, j’aurais préféré que le produit se présente en pot et non en tube. » APPROUVÉ ? « La texture épaisse et le parfum délicat sont agréables et donnent vraiment l’impression de nourrir la peau. Ma peau sèche et sensible a tendance à tirer et à démanger, mais cette crème est confortable et non grasse. Je me demande si ce produit pourrait m’apporter du confort l’hiver quand les températures auront baissé. Le rapport qualité prix est incroyable. »
PRESSE.
DIOR PRESTIGE LA CRÈME DE DIOR, 388,55 € les 50 ml
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LES FONDAMENTAUX DE
GAËLLE VAN ROSEN Directrice artistique du label de cachemires Vue Sur Mer, créatrice de contenus et maman de deux enfants, Gaëlle van Rosen a tout de la « girl boss ». Elle nous livre ses secrets de beauté, garantis sans chichis. Par Malvine Sevrin
VOTRE PREMIER GESTE BEAUTÉ LE MATIN ?
Pour tout avouer, je ne suis pas la pro du démaquillage et il m’arrive d’être fainéante le soir… Mon premier geste le matin est donc de nettoyer ma peau en profondeur à l’huile de noix de coco bio. ADEPTE DES ROUTINES SKINCARE À RALLONGE OU PLUTÔT MINIMALISTE ?
Je suis la reine du minimalisme ! Je préfère une routine simple et efficace qui ne me donne pas l’impression de passer trois heures, que je n’ai pas, dans ma salle de bain. COMMENT CHOUCHOUTEZVOUS VOS CHEVEUX ?
J’ai la chance d’avoir des cheveux naturellement frisés qui m’offrent une versatilité incroyable. Je peux passer de l’afro 360°, aux bouclettes bien définies, au style « clean girl » plaqué, aux cheveux lisses jusqu’aux fesses avec des extensions. Chacune de mes envies s’accompagne d’un rituel et de produits spécifiques : Pour mon afro : j’utilise des produits naturels et je réalise la technique LOC (leave-in, oil, cream). Parmi mes marques préférées il y a : Les Secrets de Loly, Kinky Curly, Mielle ou 3
LOLA WEDJI. PRESSE.
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Ses 4 essentiels maquillage
1. Eyeliner Dior On Stage Liner. 2. Fond de teint Sublime Perfection de Pat McGrath. 3. Rouge à
lèvres qu’elle applique également sur les joues : le Bois de Rose iconique de Dior. 4. Mascara They’re Real ! de Benefit 61 €.
encore Camille Rose. J’y ajoute des huiles naturelles bio. Pour mes cheveux lissés : j’utilise les produits Olaplex et le sérum Chi pour une protection thermique. EN MATIÈRE DE PARFUM, ÊTES-VOUS FIDÈLE À UNE FRAGRANCE ?
J’ai ma base qui n’a pas changé depuis la dernière décennie, le Flower Bomb de chez Victor & Rolf. Je suis aussi une grande fan de parfums d’intérieurs, et particulièrement des bougies Dyptique Ambre ou Figue qui embaument quotidiennement ma maison. LE PRODUIT QUI VOUS SUIT PARTOUT ?
Le fond de teint Pro Longwear de M.A.C que j’utilise depuis mes dix-huit ans. Je l’emploie également comme anti-cernes en ajoutant une deuxième couche… Je viens aussi de découvrir le fond de teint Sublime Perfection de chez Pat McGrath qui m’a vraiment bluffée. VOTRE SECRET POUR UNE PEAU ZÉRO DÉFAUT ?
Je vais peut-être vous choquer, mais j’utilise mes meilleures huiles et crèmes pour le corps également sur mon visage ! Ce sont des produits très riches qui vont nourrir et hydrater ma peau en profondeur. J’ai trente-trois ans et pas encore de rides. Je pense que le fait d’avoir une peau noire y est pour beaucoup, mais également la quantité de soins avec lesquels je la chouchoute. PRATIQUEZ-VOUS UNE ACTIVITÉ PHYSIQUE ?
J’adore le sport, mais je ne suis pas très assidue… Je peux m’y mettre à fond pendant un mois avec des séances trois à quatre fois par semaine, et puis, enchaîner avec un mois d’inaction. Ce qui est assez inefficace, mais j’essaie tout doucement de sortir de ce schéma. Et pour cela, j’ai commencé un coaching deux fois par semaine avec Antoni Mammarella. UN RITUEL POUR DÉCOMPRESSER ?
Pour décompresser, j’ai besoin de me retrouver seule. Je suis plutôt de nature introvertie et j’adore aller courir dans la nature, lire un bon bouquin ou encore me faire masser.
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LA SÉLECTION DE LA RÉDACTRICE
CONFIDENCES
Des produits tendances (et déjà cultes) aux nouvelles versions des classiques iconiques : chaque mois, notre spécialiste beauté fait le point sur les nouveautés les plus remarquables. Par Kim de Craene UNE PINCÉE DE MAGIE
On pourrait l’acheter, juste pour son habit turquoise, le nouveau parfum des jardins de Gucci, aux notes de jasmin, de bois de santal et de benjoin. Le designer Alessandro Michele y a ajouté une touche magique en invitant le motif Flora, signature de la maison, sur le packaging. Eau de Parfum Gucci Flora Gorgeous Jasmine de Gucci, 75 € les 30 ml.
DOUBLEZ LE PLAISIR
Les mascaras Clarins ne font pas qu’embellir les cils. Ils les soignent également. Leur dernier lancement ? Un topcoat qui imperméabilise les cils et les maintient en superforme.
Kim De Craene, journaliste beauté.
Mascara Lash & Brow Double Fix’ de Clarins, 26 €.
LE SECRET DU BONHEUR
L’Italie sur la peau
EVA THURMAN. PRESSE.
ROUGE ANTI- BLUES
Des recherches montrent que le maquillage contribue à atténuer le blues dû à l’inflation. Conséquence : le rouge à lèvres revient en force. On constate en outre que les consommatrices achètent davantage de produits de luxe en période de crise économique. Envie d’un nouveau rouge ? Voici notre sélection. Absolu Rouge Crème en Rose Nature de Lancôme, 36,83 €. Rouge Grenat d’Hermès, 69 €. Bloody Hot de Pune, 16,90 €.
Une heure et demie sur la table de massage de la boutique/institut Beauty by Kroonen passe très vite. Pour le soin visage Etna de la marque écologique Irene Forte, l’esthéticienne choisit des nettoyants, des masques et des crèmes qui sentent bon l’amande, la lavande, la rose, la pistache et le romarin. L’utilisation de pierres volcaniques pendant le soin stimule la circulation sanguine et la production de collagène. 179 € le soin, Beauty by Kroonen, rue Lebeau 67 à Bruxelles.
Le meilleur soin anti-âge selon l’icône mode Inès de la Fressange ? L’amour. Comme l’explique la Française dans son livre Bonheur, « quand on est amoureux, on prend généralement plus soin de soi. En conséquence, on vieillit moins vite ». Ines De la Fressange a déclaré qu’elle ne voulait pas écrire un livre de développement personnel, mais plutôt un guide rempli de conseils sur l’amitié et le bonheur. Chez Flammarion, 21,90 €.
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CONVERSATION
UN NEZ SUR LE DIVAN Dora Baghriche, parfumeure (1), auteure (2) et créatrice de Fame de Paco Rabanne, se souvient de ses chocs olfactifs. Par Nolwenn du Laz
TENDANCE
Les fragrances potagères
TROIS FLACONS QUI, DU BASILIC À LA BETTERAVE, ENCAPSULENT LES ARÔMES DU JARDIN.
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dans Glossier You de Glossier, accompagné d’ambrette et d’un accord daim pour une sensation seconde peau. »
L’ODEUR DE LA JOIE « La pivoine blanche, l’une de mes fleurs préférées pour sa couleur lactée et sa senteur citronnée, m’évoque l’optimisme du printemps. Elle trône dans Mon Paris Lumière d’Yves Saint Laurent, éclairée par le lotus blanc et réchauffée par l’ambrox. » L’OD E U R D’U N LI E U ADORÉ « La bibliothèque de la maison de campagne de mes parents et ses effluves de livres, de bois et d’encre. Bois Farine de L’Artisan Parfumeur, sourd et poudré comme le grain d’un papier, me renvoie à ma passion pour la lecture. » L’ODEUR DE LA SENSUALITÉ « L’iris, si char-
nel, de sa fleur suave et chocolatée à son rhizome plus chaud. J’ai porté Infusion d’Iris de Prada et je l’ai mis en majesté
L’ODEUR DU CHIC « L’encens, pour le mystère, l’intemporalité et la rareté. Ses larmes sont récoltées puis triées comme des diamants. Facetté entre fraîcheur et chaleur, il brille dans Fame de Paco Rabanne, escorté de patchouli, de mangue et de jasmin de Grasse. » L’ODEUR DE LA NATURALITÉ « Concentré de feuilles de menthe, de basilic et de sauge baigné dans le citron, Lemon Dulci collection Happy de Chopard fait l’effet d’un splash vert qui projette en pleine nature. » LE PARFUM DE DEMAIN « Avec le réchauffement climatique, la terre évolue et les odeurs de la nature risquent de se métamorphoser. Il faudrait encapsuler celles d’aujourd’hui pour être certain d’en avoir un reliquat dans le futur. » 1. Chez Firmenich. 2. Le goût des senteurs,
éd. Mercure de France. Fame de Paco Rabanne, 132 € les 80 ml puis 165 € la recharge de 200 ml.
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1. RACÉE
Un basilic sensuel, entre la fraîcheur de la bergamote, du basilic grand vert et du géranium, et la profondeur du patchouli.
Eau de Basilic Pourpre d’Hermès, 106 € les 100 ml. 2. ENSOLEILLÉE
Dans cette eau de parfum à l’alcool bio, une mandarine glacée par la feuille de basilic et le cassis, sur fond de fleur d’oranger miellée et de gousse de vanille. Aqua Allegoria Forte Mandarine Basilic de Guerlain, 113 € les 75 ml. 3. CHARNELLE
Une betterave fouettée par les baies roses puis caressée par les muscs, l’ambrette et le vétiver. Musc Amarante de L’Artisan Parfumeur, 165 € les 100 ml.
PRESSE.
L’OD E U R D’E N FANCE « Née à Alger, j’ai grandi dans une rue bordée de pins. J’adore travailler cet ingrédient frais et résineux. Allié au cèdre, il nourrit Roman Oud d’Ermenegildo Zegna. »
L’OD E U R D E L’AMOU R « L’amande, qui exprime la tendresse de la dragée dans Flower by Kenzo Poppy Bouquet et du calisson dans Mademoiselle Azzaro L’Intense. »
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1. LE GEL DOUCHE ANTI-DESSÈCHEMENT
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« Je suis fidèle depuis longtemps à sa texture un peu gélifiante qui se transforme en mousse pour nettoyer efficacement la peau sans la dessécher. Et sa senteur est une véritable madeleine. » Gel Bain Douche L’Original de Rogé Cavaillès, 6,09 € les 400 ml.
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2. LE DÉODORANT BIO
« J’aime qu’il soit naturel, sans sels d’aluminium, doté d’une odeur aromatique très fraîche et qu’il fonctionne divinement bien. » Déodorant Spray Note Tonique Sauge de Weleda, 10,20 € les 100 ml. 3. LE PARFUM INTEMPOREL
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« Je ne porte que lui depuis toujours. Tout me plaît dans cette Cologne aux agrumes, à la lavande et au pin créée pour Churchill : son histoire, son flacon élégant au petit nœud gris et son sillage si agréable à longueur d’année. » Blenheim Bouquet de Penhaligon’s, 130 € les 100 ml. 4. L’ANTI-ÂGE TOUT-EN-UN
« Cette crème est une révélation en termes de texture et de parfum. Une petite quantité suffit à hydrater confortablement, repulper, lisser et régénérer ma peau. Et son pot est si beau dans la salle de bain. » La Crème Or Réjuvénic de Carita, 450 € les 50 ml.
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6. LA BROSSE ASTUCIEUSE
« Je recommande à toutes mes clientes cet outil stylé entièrement en fibres de nylon douces qui permet de masser le cuir chevelu pour revitaliser les cheveux et démêle parfaitement les cheveux mouillés ou secs. » N.04 La Miracle de La Bonne Brosse, 120 €, sur labonnebrosse.com
7. LA BOUGIE RÉCONFORTANTE
« J’en allume fréquemment et en toute saison pour le plaisir d’une lumière, d’une ambiance et de parfumer la maison, avec un penchant pour celle-ci, aux effluves de thé, de vétiver et de menthe froissée. » Bougie Dada de Trudon, 85 € les 270 g, sur trudon.com LE DENTIFRICE DOUDOU
« Héritage familial, cette formule “effet blancheur” à l’arôme anis et menthe m’accompagne depuis l’enfance. »
Formule Rouge L’Original d’Émail Diamant, 3,90 € les 75 ml.
5. L’ACCESSOIRE INDISPENSABLE
« J’adore utiliser ce peigne en touche finale d’une coiffure. C’est une attache chic comme un bijou qui va avec tout et se révèle facile à porter du matin au soir, pour tout type d’occasion. » Peigne de Velours Perlé Noir de John Nollet, 480 €, sur johnnollet.com 7
CYRILLE ROBIN. PRESSE. (X7).
L’ORDONNANCE DE
JOHN NOLLET Coiffeur en vue, créateur de bijoux de tête et directeur artistique de la Maison de Beauté Carita fraîchement rénovée, il nous parle de ses indispensables, du soin visage enrichi d’or à la Cologne “so british”. Par Nolwenn du Laz
Actu des marques Page réalisée par le service commercial
CAPPELEN DIMYR
LOUIS WIDMER
C’est le nouveau tapis lancé cet été par la marque Cappelen Dimyr, pour la première fois plus classique et traditionnel, dans une laine épaisse de luxe. Il a été fabriqué avec un fil surdimensionné, qui le traverse entièrement et se transforme en franges le long des côtés. Claire et lumineuse, une pièce forte pour une décoration sublimée.
Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour commencer à bien prendre soin de sa peau, Louis Widmer a conçu une gamme exclusivement dédiée aux peaux jeunes. Trois produits de soins qui leur apportent tout ce dont elles ont besoin pour rester saines, hydratées, élastiques et fermes. Des tubes funky au service d’une peau éclatante !
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PEAUX JEUNES
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LIFESTYLE
Cruising or not cruising? Durement touché par la crise du COVID-19, le secteur des croisières souffre de sa mauvaise réputation : beaucoup d’émissions, beaucoup de déchets, beaucoup d’alcool et beaucoup de seniors américains pas très distingués à bord. Cette image est-elle correcte ? Pour tenter de démêler le vrai du faux, nous sommes montés à bord du MSC Virtuosa. Par Timon Van Mechelen
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vant que le virus oblige le monde à tourner au ralenti, l’industrie des croisières se portait plutôt bien. Année après année, le nombre de passagers semblait augmenter sensiblement. Durant l’été 2019, avec près de 30 millions de croisiéristes, dont la moitié provenaient d’Amérique du Nord, un quart d’Europe et le reste d’Asie, l’organisation sectorielle Cruise Lines International Association (CLIA) a même enregistré un record de fréquentation. La destination la plus populaire était de loin les Caraïbes, suivie de la Méditerranée. Petit bémol, toutefois : les navires de croisière polluants qui ont parfois dérivé sans but pendant des semaines sur les eaux azur ont sensiblement plombé l’ambiance. De nombreux pays ont interdit aux passagers et à l’équipage de descendre à terre. L’an dernier, le secteur s’est partiellement remis du coup qu’il a dû encaisser. D’ici la fin de cette année, selon la CLIA, environ 75 % de la flotte devraient être à nouveau opérationnelles. L’organisation
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s’attend à des chiffres de croissance significatifs à partir de 2023. Des chiffres pas si irréalistes que ça si on considère que la sortie du film Titanic a provoqué une augmentation de 20 % des ventes dans le secteur des croisières. La preuve qu’il peut prendre des coups … sans forcément couler. Le MSC Virtuosa est le plus récent navire de croisière de luxe de la compagnie italienne MSC. Le croiseur qui peut accueillir plus de 6000 passagers est entré en service en mai 2021. À bord du majestueux navire, on dénombre cinq piscines, dont un parc aquatique, un spa, un casino, un théâtre, onze boutiques, pas moins de dix restaurants et vingt et un bars. De plus, selon MSC, le Virtuosa est le navire le plus durable de sa flotte. Un détail qui n’est pas sans importance tant les critiques à l’égard des navires polluants se multiplient. L’été dernier, Venise a déjà interdit les grands navires de croisière dans son port. Chez nous, des protestations massives fusent contre l’arrivée d’un nouveau terminal pour navires de croisière à Anvers. Les efforts tant en matière de confort que d’écologie devraient libérer le secteur des stéréotypes qui lui collent à la peau. Lors de notre voyage de sept jours de Barcelone à Palma de Majorque, Marseille, Gênes et retour, nous avons constaté que si certains clichés n’ont pas raison d’être, d’autres ont un réel fondement.
La croisière est réservée aux personnes âgées
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Il y a toujours du monde sur les bateaux
Pendant notre voyage, le MSC Virtuosa était à moitié rempli. Il est donc difficile de juger de l’occupation normale à bord. Un client régulier nous a expliqué qu’à condition d’éviter le buffet du petit-déjeuner et la piscine, les jours où aucune excursion n’est prévue, rien de grave à signaler de ce côté. On a également pu noter que l’accès à certains bars et piscines est interdit aux enfants. Une solution idéale pour ceux qui recherchent le calme.
Pour certaines personnes âgées, partir en croisière reviendrait moins cher qu’une maison de retraite. C’est d’ailleurs ce qui expliquerait que la plupart des navires regorgent de personnes de plus de 65 ans. Les après-midi bingo et les spectacles de cabarets organisés à bord tous les après-midis seraient d’ailleurs destinés à cette clientèle âgée. Mythe ou réalité ? Sur le MSC Virtuosa, le vacancier moyen est jeune, dynamique et voyage souvent en famille. Les chiffres de la CLIA montrent également que le nombre de clients trentenaires a augmenté
de 20 % ces dernières années. Il y a des coins bébés un peu partout, le buffet classique a été rajeuni à coup de plats végétaliens et des DJ vous permettent de danser sous les étoiles. Il y a aussi une salle de fitness, ainsi qu’une salle de cinéma et une simulation de F1. Un bateau de croisière serait une maison de repos sur l’eau ? Quelques jours à bord suffisent à vous convaincre du contraire. Seul l’intérieur du bateau est encore un peu vieillot. La moquette dans les cabines et la déco parfois très kitsch des restaurants mériteraient un petit lifting. •••
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Il n’y a rien à faire en croisière
Des cours de cuisine, des spectacles du Cirque du Soleil, des expos d’art, des tournois d’échecs…. Chaque jour, différentes activités sont organisées à bord. De plus, pendant une croisière d’une semaine, vous passez au maximum deux journées complètes en mer. Le but premier d’une croisière est en effet de visiter plusieurs villes de manière confortable. Pas de contrôle fastidieux à l’aéroport. Juste le plaisir de se réveiller dans une ville différente presque tous les jours. Et pour ceux qui ne veulent jamais débarquer – oui, il y en a – les activités à bord ne manquent pas. Chaque cabine est équipée de l’assistant de croisière virtuel ZOE qui aide les clients à choisir ce qu’ils ont envie de faire à bord.
Le MSC Virtuosa est le 3e plus grand navire européen. Il propose la croisière la plus durable de la flotte MSC Croisières.
Le tourisme en mer est nuisible pour l’environnement « Un voyage en croisière ne sera jamais positif pour l’environnement », admet Frank Van den Steen, Country Manager Benelux de MSC Croisières. « Il serait hypocrite d’inventer des contrearguments qui n’en sont pas ». Des recherches menées par l’organisation Transport and Environment montrent qu’en 2017, Carnival Corporation, le plus grand opérateur de croisières au monde, a émis près de dix fois plus d’oxyde de soufre que les 260 millions de voitures en Europe réunies. « Mais nous avons beaucoup travaillé pour améliorer la durabilité de nos bateaux. Par exemple, le MSC Virtuosa dispose d’un système hybride qui réduit les émissions de soufre de 97 %. Il existe également un système de réduction
catalytique qui convertit les gaz d’échappement en azote et en eau non polluée. MSC Virtuosa dispose également d’un système de traitement des eaux usées qui répond aux normes internationales les plus élevées ; après traitement, elles approcheraient le seuil de potabilité. Ceci, combiné à d’autres mesures d’économie telles que la récupération de chaleur et l’éclairage LED, fait du MSC Virtuosa le navire le plus durable de la flotte. Nous prévoyons également de rendre nos autres bateaux plus green. Le secteur maritime, et par conséquent MSC, fait des efforts considérables pour devenir plus vert, mais une croisière ne constituera jamais une solution écologique en tant que telle. »
Les croisières seraient, autre cliché tenace, un privilège réservé aux super-riches. C’est en partie vrai, mais pas totalement non plus. S’il existe en effet des voyages très chers, vous pouvez partir en croisière pour un budget plus modeste. Une mini-croisière de quatre nuits sur le MSC Virtuosa est accessible pour moins de 400 € par personne. À l’exception de l’alcool, tout est compris. Gardez à l’esprit que vous dormirez dans une cabine sans fenêtres. Une croisière moyenne de une à deux semaines en chambre avec vue mer démarre à environ 1000 € par personne. Si vous voulez une suite dans le chic MSC Yacht Club, qui comprend un service de majordome 24h/24, une piscine privée avec solarium et un restaurant étoilé, vous paierez au moins le double. www.msccruises.be
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Une croisière coûte cher
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L’ART DE LA PRÉPARATION
Le must, cet automne ? Une tasse de café qui procure confort, chaleur et bien sûr caféine. Mais les grains doivent parcourir un long chemin avant d’atterrir dans notre mug de café fumant. Par le biais de son Coffee Lounge en ligne, De’Longhi explique à quoi il faut veiller quand on achète du café durable. Lisez les emballages pour identifier les organisations qui s’assurent qu’une partie du prix élevé du café revient bel et bien aux cultivateurs. Autre gage de qualité, le label bio. Le café biologique est moins nocif pour l’environnement. Privilégiez un label bio européen, qui atteste que le café a été approuvé par des inspecteurs accrédités et qu’aucun pesticide synthétique n’a été utilisé. Le label Fairtrade permet aux cultivateurs de recevoir au moins le prix minimum du commerce équitable pour leur café. Ce filet de sécurité vient à point nommé dès que le prix du marché plonge sous un seuil critique. Plus d’infos pour un café propre dans le Coffee Lounge de De’Longhi.
Le secret d’une délicieuse tasse de café réside dans les grains, car chacun a une saveur, une acidité et un corps qui lui sont propres. Ensuite, c’est la préparation du café qui détermine tous ses arômes. De’Longhi et la machine à café PrimaDonna Soul avec sa technologie Bean Adapt se chargent du reste. C’est la seule machine à espresso full automatique qui utilise l’application Coffee Link pour adapter ses réglages en fonction du grain de café, sur l’écran couleur TFT entièrement tactile de la machine, ou depuis un smartphone. La technologie Bean Adapt équilibre le niveau de mouture, la dose de café et la température d’infusion pour un espresso, un latte macchiato ou un cappuccino parfait. Proposant vingt et une recettes uniques, la machine dispose également de fonctions spéciales pour le thé ou le café glacé. La vapeur, l’air et le lait sont mélangés pour créer la mousse de lait idéale grâce au système LatteCrema.
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La PrimaDonna Soul est disponible à partir de 1.499,99 €.
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HISTOIRE LOCALE
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BIENVENUE À THE APARTMENT Votre expérience shopping à Maasmechelen Village vient de se voir upgradée d’une dose de luxe supplémentaire. Ode à l’expérience VIP et au shopping privé, les nouveaux salons de The Apartment sont cachés au bout de la rue. Lorsque le concierge nous ouvre la porte, on pénètre dans un monde d’élégance et de service 5 étoiles. Conçu dans l’esprit d’une suite d’hôtel présidentielle, The Apartment est une création du célèbre architecte d’intérieur américain David Thomas. Il se compose d’un lobby et d’une galerie revêtue d’un parquet Versailles ancien et huilé, d’une suite de shopping personnelle et d’un jardin exubérant de 350 m2 aménagé par l’architecte de jardin Daniël Ost, où l’on peut se détendre au milieu de plans d’eau et d’un petit jardin Wabi Sabi. The Apartment est un lieu où on se laisse dorloter au cœur du luxe VIP ultime après une journée inspirante dans les magnifiques boutiques.
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COUPE DE LUXE
L’intérieur de ce havre de paix et de faste combine pièces design et meubles anciens, toujours avec une touche Art déco. L’architecte américain est le cerveau de tous les Apartments de la Bicester Collection. Chacun raconte l’histoire de son village et de ses environs. Il s’agit d’un lieu de retraite où les clients réguliers peuvent déguster une coupe de champagne, essayer leurs achats tout en bénéficiant de conseils de style et nourrir leur inspiration lors d’un trunk show. Un jour de vacances dans notre propre pays, parce que de temps en temps, il faut laisser libre cours à ses songes. Plus d’informations via thebicestercollection.com/ maasmechelen-village
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MASTERCLASS
Kevin Lejeune, la surprise du chef Le défi était de taille : à trente-quatre ans, le chef le plus prometteur de sa génération a investi une adresse bruxelloise de renom. En déménageant son restaurant étoilé aux pieds du Steigenberger Wiltcher’s, il dote le prestigieux palace d’un écrin gastronomique sans perdre son âme. Par Aurélia Dejond
LA CANNE EN VILLE.
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On parle avec lui comme on le ferait avec un copain. Malgré son étoile et s on as cension fu lgurante, Kevin Lejeune reste un garçon simple, accessible et plutôt relax. Rien ne laisse imaginer le rush en coulisses, deux heures à peine avant le service. Il se définit lui-même comme un grand gamin, même s’il est avant tout un patron d’entreprise sérieux et réfléchi. Son âme d’enfant, il la doit notamment à la passion qui le régit et ne cesse de le garder émerveillé. Artisan jusqu’au bout des doigts, ce virtuose du bon produit a toujours eu le goût des bonnes choses, que cuisinait notamment sa grand-mère. À 14 ans, en commençant l’école hôtelière de Namur un peu par hasard, il écrivait sans le savoir les premiers mots d’un destin culinaire pas comme les autres.
de sa brasserie La Paix la première étoilée du pays et aux côtés duquel Kevin a officié dix ans. Depuis l’ouverture de son propre restaurant, La Canne en ville, les récompenses pleuvent pour ce jeune prodige belge de la gastronomie. Découverte de l’année au Gault&Millau en 2018, une première étoile en 2019, «jeune chef de l’année» au Gault&Millau en 2021, le trentenaire est sorti de sa zone de confort pour se lancer un nouveau défi : quitter l’ancienne boucherie de quartier dont il avait fait une adresse incontournable, pour investir un palace bruxellois. Le déclencheur ? « La pandémie. L’envie d’occuper un lieu stratégique dans la capitale, d’accueillir davantage de monde et de m’ouvrir aussi à une clientèle plus internationale. Être installé dans un bâtiment classé est une vraie valeur ajoutée, proposer un cadre très contemporain dans un lieu historique, c’est une dualité qui me plaît. »
ET DE DÉCLINER CE GOÛT DU PATRIMOINE
DANS LE TERROIR ÉGALEMENT. « Je privilégie les circuits courts et les produits belges quand c’est possible. Crèmerie, fromage, légumes, vins, j’aime mettre le savoir-faire belge en valeur, même si je me fournis aussi en dehors des frontières, toujours à la recherche du meilleur produit à travailler, pour construire une cuisine néo contemporaine emprunte de classicisme, et toujours retwistée. Proposer des plats de saison qui ont du peps, c’est ma philosophie ». Quant à l’ADN de son restaurant , il est constant : « Une cuisine épurée pour sublimer le produit, un service en salle pointu mais très décontracté, avec des finitions réalisées devant le client, et surtout, rien de guindé, ni dans l’assiette, ni en salle ». Midi et soir, menu 6 services 160 € (végétarien 130 €), business lunch (68 €). 77 avenue Louise, 1000 Bruxelles, lacanneenville.be
VOLONTAI R E ET DOUÉ, I L APPR E N D SON
MÉTIER AUPRÈS DES MEILLEURS, dont le très talentueux David Martin, qui a fait
SON PLAT ANTI-DÉPRIME POUR L’AUTOMNE LES CARBONADES À LA FLAMANDE Les ingrédients
1 kilo de viande à carbonades, 25 g de beurre, 2 carottes, 1 oignon, 2 gousses d’ail, 3 feuilles de laurier, 40 cl de bière brune (Brusseleir), 8 g de sel, 4 g de poivre, 50 g de pain de mie, 50 g de moutarde La recette ultime
Dans une casserole, faites fondre le beurre pour le rendre mousseux et déposez les morceaux de viande. Colorez-les uniformément. En même temps et dans une autre casserole, faites colorer les carottes et les oignons coupés en petits morceaux. Ajoutez l’ail et le laurier. Lorsque la coloration est atteinte dans les deux casseroles, mélangez les légumes à la viande. Déglacez avec la bière brune, ajoutez le sel et le poivre. Faites chauffer jusqu’à première ébullition. Déposez à la surface le pain de mie recouvert de la moutarde. Couvrez avec un couvercle et laissez cuire une heure trente à feu doux. Mélangez légèrement…vos carbonades sont prêtes ! Vous pouvez accompagner de grenailles rôties ou de frites.
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LIFESTYLE
Scorpion 24.10 – 22.11
ÉMOTIONS Vénus harmonise vos
relations amicales et amoureuses (dès le 6). À deux, vous serez en mode projets et complicité maximum. Un rendez-vous ? Misez sur le 9 ou le 14. AMBITION Comptez sur une ambiance plus apaisée et une vraie dynamique de groupe. C’est une bonne période pour donner un canal d’expression à vos envies de changement.
Sagittaire 23.11 – 21.12
ÉMOTIONS Gardez l’intensité
mais gare aux jeux de pouvoir. Mercure facilite les échanges pour parler à cœur ouvert. AMBITION Vous démarrez une période intense avec pas mal de concurrence et d’enjeux importants. Ciblez vos priorités pour en tirer le meilleur parti.
Capricorne 22.12 – 20.1
ÉMOTIONS Vénus se met en quatre pour vous faire vibrer, vous surprendre et donner vie à vos plus beaux projets amoureux. En solo, il y a de la rencontre dans l’air (à partir du 6). AMBITION Vous avez le vent en poupe. Vous pourriez avoir l’opportunité de concrétiser un projet évoqué en début d’année. Mais attendez-vous à batailler pour imposer vos idées.
Par Carole Vaillant
BALANCE
24.9 – 23.10
Vénus entame une période plutôt romantique mais un peu ambiguë. Vous pourriez avoir du mal à choisir ou définir vos sentiments (à partir du 6). ÉMOTIONS
Le ciel encourage le travail en équipe. Un projet en rapport avec l’étranger ou la culture va vous remotiver. En bonus, une éloquence dopée par Mercure.
GETTYIMAGES.
AMBITION
Verseau 21.1 – 18.2
ÉMOTIONS Mars vous aide à faire bouger les choses côté amour. Prenez donc l’initiative d’un rendez-vous. En couple, comptez sur une pure alchimie sexuelle. AMBITION Le moment est idéal pour exprimer votre énergie dans un projet personnel. Des négociations en cours vont se conclure à votre avantage.
Poissons 19.2 – 20.3
ÉMOTIONS Vénus harmonise vos relations. Comptez sur une communication particulièrement intuitive avec votre partenaire. En solo, une rencontre pourrait bien vous faire chavirer (à partir du 6). AMBITION C’est un bon moment pour nouer des contacts. En revanche, tenez compte d’une petite baisse d’énergie et d’une sensibilité au stress plus élevée.
Bélier 21.3 – 21.4
ÉMOTIONS Mercure vous ouvre à d’autres façons de penser. Des gens très différents de vous vont exciter votre curiosité. À deux, comptez sur un quotidien harmonieux et sensuel. AMBITION Mars vous encourage à vous affirmer en vous offrant des occasions d’imposer votre vision des choses. En équipe, vous serez l’élément moteur.
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Taureau 22.4 – 21.5
ÉMOTIONS Une Vénus sensuelle dynamise vos amours. La période est idéale pour stimuler votre couple ou amorcer une nouvelle relation (dès le 6). AMBITION Vos efforts commencent à payer. Projets, idées, argent, tout ce qui était en gestation ces derniers temps va prendre une tournure concrète. À valoriser : votre créativité.
Gémeaux 22.5 – 21.6
ÉMOTIONS Avec Mars, vous êtes en mode champ de mines, mais votre magnétisme sexuel est tel que, même méchante, on vous aime. Une rencontre ? Banco sur le 8 ou le 27. AMBITION La tendance est à la croissance et l’affirmation personnelle. Mettez-vous en avant et prenez des initiatives. En bonus, une com’ fluide.
Cancer 22.6 – 22.7
ÉMOTIONS Le tempo amoureux est à la diversité. Vous pourriez être attirée par deux personnes à la fois. En couple, un différend concernant la famille ou la maison va revenir sur le tapis. AMBITION Votre horizon s’élargit, des projets jusqu’alors esquissés pourraient devenir plus précis. En revanche, soyez attentive aux rivalités qui pourraient se tramer en sourdine.
Lion 23.7 – 23.8
ÉMOTIONS Mercure est votre alliée. Rencontres, discussions, sorties vont étancher votre soif de stimulation intellectuelle. En couple, c’est un bon moment pour un achat en commun. AMBITION Misez sur un climat très dynamique et ouvert pour porter vos projets. Des opportunités de changement concrètes vont vous apporter un regain de motivation.
Vierge 24.8 – 23.9
ÉMOTIONS Vénus éclaire vos amours d’une lumière nouvelle et met en valeur votre séduction. Cette période pourrait être le point de départ d’une rencontre ou d’un rapprochement amoureux (dès le 6). AMBITION Comptez sur des enjeux intéressants, mais attendez-vous à devoir batailler un peu pour vous imposer. Des négociations complexes vont trouver une issue positive vers la fin du mois.
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LIFESTYLE
AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?
SORTEZ-VOUS SANS MAQUILLAGE DANS LA RUE ?
Oui, mais de face, pas de profil.
Tout à fait. Pour des événements, je me maquille légèrement.
ÊTES-VOUS FILLE OU FEMME ?
Femme, depuis deux ans.
AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?
DORMEZ-VOUS LA NUIT ?
De moins en moins. L’âge arrive et physiologiquement, le corps produit moins de mélatonine et je ressens le symptôme des personnes vieillissantes qui, parfois, se réveille la nuit. Grosso modo, mon sommeil est quand même de bonne qualité. LE PLUS BEAU REGARD QUE L’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?
Celui de mes enfants. Avec ce regard qui dit que je suis belle et que je suis la personne la plus importante pour eux. CITEZ TROIS AMANT.E.S RÊVÉ.E.S AU COURS DE VOTRE VIE ?
QUELLE EST VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?
Une table sur le site de Maisons du Monde.
Beaucoup.
POUVEZ-VOUS PRENDRE UN SELFIE ? LA PREMIÈRE FOIS QUE VOUS VOUS ÊTES SENTIE LIBRE ?
LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?
Vers quinze, seize ans, quand j’ai commencé à être indépendante. J’ai eu le sentiment de liberté. Et j’étais persuadée que la vie allait me réserver de très jolies choses.
Celui qui ne te veut pas ne te mérite pas.
QUEL ÉTAIT LE MENU DE VOTRE DERNIER REPAS ?
C’était dans le train, hier, des gnocchis et une tourte brocolis saumon.
LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?
Très présent. Une place joyeuse et pleine de volupté.
QUEL EST VOTRE PLAISIR COUPABLE ?
QUELLE EST VOTRE DEVISE ?
Païkan, le personnage de La Nuit des temps de Barjavel, Harrison Ford et Corto Maltese.
J’aime bien mettre la musique fort et danser mais je ne m’en sens pas coupable.
« Aide-toi et le ciel t’aidera ».
VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?
QUELLE EST LA PLUS GENTILLE CHOSE QUE L’ON AIT DITE À VOTRE SUJET ?
Un pull en laine très large, un jeans et des baskets.
Une terrasse au soleil, un prosecco et une cigarette.
J’étais étudiante et je servais dans un bar. Un homme, très malheureux, est venu s’épancher au bar. Sa Paulette l’avait quitté. Et il m’a dit : « Paulette, elle en vaut vingt des comme vous ! ». Puis, il m’a bien regardée et a ajouté « Allez, dix-sept ! ».
QUELLE EST VOTRE TENUE PRÉFÉRÉE ?
DANS LA VIE, FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?
S’adapter, définitivement. Fuir ne sert à rien. Des fois, il faut combattre. Mais la meilleure attitude est de s’adapter. Ce sont ceux qui s’adaptent qui durent.
QUEL EST LE ROMAN QUE VOUS AURIEZ AIMÉ ÉCRIRE ?
Novecento : Pianiste d’Alessandro Baricco.
QUELLES SONT LES COULEURS DE VOTRE PAYS IMAGINAIRE ?
Vert, bleu et rose.
QUELLE EST LA PLUS MÉCHANTE CHOSE QUE L’ON AIT DITE À VOTRE SUJET ?
Que j’étais méprisante. C’était le compte-rendu d’une lectrice venue me voir lors d’un salon du livre. Sans doute, n’étais-je pas assez disponible ? Mais je ne me sens pas du tout méprisante ou hautaine.
BARBARA ABEL LE QUESTIONNAIRE
Romancière bruxelloise à succès, Barbara Abel se voit reconnue à Hollywood où l’adaptation de Duelle est en production avec Anne Hathaway et Jessica Chastain. Basé sur son roman Derrière la haine, qui ressort en format poche, ce film, mis en scène par Olivier Masset-Depasse, sortira en 2023. Pour l’heure, l’autrice met la main au scénario de la saison 2 d’Attraction, série télé belge en mode thriller domestique et vient de publier Les Fêlures chez Plon. Par Joëlle Lehrer
BARBARA ABEL.
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