SUBSTANCE
ÉPOQUE
SALLY RIDE LA PIONNIÈRE OUBLIÉE
Astrophysicienne et championne de tennis, elle fut aussi la première Américaine à s’envoler dans l’espace, gagnant sa place dans la galaxie des icônes pop. Par Françoise-Marie Santucci
Sally Ride sur la base d’Ellington Field à Houston, Texas, en 1982.
VERBATIM
C’est l’histoire d’une petite Californienne de la classe moyenne, ultra-douée en maths, qui regarde les étoiles mais commence à taper des balles. Football dans les rues de L.A. puis tennis : elle enchaîne les compétitions et Billie Jean King lui conseille de devenir pro. Mais Sally, qui étudie à l’UCLA, choisit la physique. Elle intègre la prestigieuse université de Stanford dont elle sort docteure en astrophysique et diplômée en anglais. Mais son destin est ailleurs. Dans le journal de la fac, elle remarque une petite annonce : la NASA recrute. Le « boys club » réservé aux pilotes de chasse s’ouvre enfin aux femmes ? Sally postule ! Après des tests, elle est sélectionnée, avec une trentaine de personnes, parmi plus de huit mille candidat·es. Ses recruteurs discernent son remarquable sang-froid. Quand, en 1983, elle est la première Américaine à s’envoler à bord de la navette spatiale Challenger, les journalistes lui posent des questions d’anthologie (« Comment allez-vous faire pour le maquillage ? ») auxquelles elle répond avec humour. Elle retourne dans l’espace l’année d’après, puis quitte la NASA en superstar. Brièvement mariée à un collègue astronaute, Sally Ride devient la compagne d’une camarade d’adolescence, l’ex-joueuse de tennis Tam O’Shaughnessy. Malgré la célébrité de Sally, les deux femmes restent dans le placard. Ensemble, elles créent une fondation, la Sally Ride Science (qui existe toujours), qui encourage les adolescentes à suivre des études scientifiques. Après sa mort d’un cancer du pancréas, à 61 ans, Tam dévoilera leur amour, qui a duré vingt-sept ans. Dans la pop culture américaine, l’astronaute tutoie toujours les étoiles. À écouter, la belle chanson que Janelle Monáe lui a dédiée, Sally Ride*. (*) Sur l’album The Electric Lady, 2013 (Warner).
“L’IDÉE EST DE STABILISER LE RÉCHAUFFEMENT À 1,5 °C” FRANÇOISE VIMEUX, CLIMATOLOGUE
« Le dernier rapport du GIEC confirme que 100 % du changement climatique observé depuis le début du xxe siècle est dû au rejet des gaz à effet de serre induit par les activités humaines. Des études montrent qu’il dope les évènements extrêmes : avant 1989, on avait en moyenne deux jours de grosse chaleur par an en France comme en Belgique, aujourd’hui, c’est entre cinq et dix, et d’ici 2030, on s’attend à vingt à trente par an. Il a été prouvé que les actions individuelles peuvent compter jusqu’à 25 % et 30 % dans le grand chantier de la diminution des émissions de gaz à
effet de serre. En France, les transports sont le premier poste émetteur, soit 30%, dont la moitié provient de la voiture individuelle. Si possible, il faut opter pour des mobilités décarbonnées : voiture électrique, vélo ou marche à pied. Mais ce n’est pas suffisant, il faut une organisation à l’échelle nationale, politique ; avec des plans d’action structurés. L’idée est de stabiliser le réchauffement à 1,5 °C, voire à 2 °C, sachant que si on diminue drastiquement nos émissions, l’effet de stabilisation aura lieu d’ici vingt à trente ans. Les impacts du changement climatique vécus
Feux à Louchats, en Gironde, le 17 juillet dernier.
aujourd’hui vont continuer, il faut donc s’adapter. C’est possible, le GIEC donne des solutions secteur par secteur, mais au-delà de 2 °C, cela deviendra complexe, voire impossible. » Propos recueillis par Catherine Durand
SPACE FRONTIERS/ARCHIVE PHOTOS/HULTON ARCHIVE/GETTY IMAGES. THIBAUD MORITZ/AFP.
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