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SUBSTANCE
ÉPOQUE
À VÉLO POUR LES SOINS À DOMICILE
D
ebout à 6h30 ce matin, la sage-femme Isaura Declerck a pris à 7h45 le train Alost-BruxellesMidi pour arriver une demi-heure plus tard à la Brede School Nieuwland, au cœur des Marolles, où Wheel of Care a son siège. Isaura prépare son sac et son vélo électrique pour se rendre à sa première visite à domicile prévue à 9h. Souvent, elle n’est pas de retour avant 23 h. Isaura travaille pour l’organisation depuis six mois. « Ses valeurs correspondent aux miennes », dit-elle. « Le temps consacré aux patient·e·s, l’impact durable de l’usage du vélo et la liberté dont nous disposons sont uniques. D’ordinaire, une sage-femme travaille selon un schéma fixe : elle accompagne la maman et son bébé pendant trois jours, et ça s’arrête là. Chez Wheel of Care, nous assurons un suivi jusqu’à ce que les enfants atteignent l’âge d’un an. De cette façon, nous créons un véritable lien. Nous répondons toujours aux e-mails et aux textos, y compris la nuit et le week-end. Même quand il s’agit de photos de caca, prises par des mamans qui s’inquiètent des selles de leur bébé. Une anecdote marquante ? Il y en a tant, c’est difficile de choisir. Jusqu’à présent, je n’ai que de bons souvenirs. Ce qui me reste en mémoire après chaque visite, c’est la chaleur et la gratitude des familles. »
« Notre devise, ‘ Slow care on a fast bike ’, n’est pas une formule imaginée par une agence de relations publiques, c’est nous qui l’avons inventée », affirme Flora Billiouw, fondatrice de Wheel of Care, un service de soins à domicile proposé par des sages-femmes et infirmiers·ères à Bruxelles. « Nous sommes là pour chaque Bruxellois·e, quel que soit son âge. » Par Kim De Craene Photos Ringo Gomez-Jorge
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DES MOMENTS WAOUH
Cette année, l’organisation fête son cinquième anniversaire. C’est Flora qui a lancé Wheel of Care – à prononcer « We love Care » – en 2017. « Pendant mes études de sage-femme, j’ai eu un premier déclic lorsqu’une sage-femme indépendante est venue nous parler de son travail. Waouh, on peut se rendre au domicile des patients », ai-je pensé. « Après mes études, je suis partie en mission aussi souvent que possible : j’ai travaillé au
Congo, au Cameroun et au Rwanda. Ensuite, au terme d’une spécialisation en médecine tropicale à Anvers, j’ai également effectué des séjours à l’étranger en tant que bénévole. Ces expériences sont riches d’enseignements : on apprend à se débrouiller avec ce qu’on a sous la main. » Après ses études, Flora a cherché du boulot. Elle a notamment travaillé comme sage-femme et infirmière en chef dans les tours du WTC à Bruxelles pendant la crise des migrants en 2016.