Rachid Ouramdane est chorégraphe, co-directeur du CCN2 - Centre chorégraphique national de Grenoble
Un solo créé par Christian Rizzo et Rachid Ouramdane Ça remue, musée de Grenoble Performances, séminaire, conversations entre artistes et chercheurs Avec les soutiens du CCN2, de la ville de Grenoble, de l’IDEX Université-Grenoble-Alpes et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes 3 mars 2018
Skull*Cult La conversation engagée entre le chorégraphe Rachid Ouramdane et l’enseignante-chercheure Anne-Laure Amilhat Szary visait à partager avec le public de PAYSAGE>PAYSAGES les avancées et les doutes autour de leur projets respectifs et leurs collaborations en émergence. Comment travailler aujourd’hui autour des migrations en restituant la subjectivité de ceux qui traversent les frontières ? Partant de leurs expériences intimes, ils ont interrogé le processus de création commun aux arts et aux sciences et revendiqué l’importance de dévoiler les étapes de ce qui œuvre le sensible.
Philippe Mouillon
S’il s’agit d’un rite de passage, Skull*Cult ne nous laisse pas entrevoir l’autre rive du fleuve, et conserve à vif l’incertitude de notre destinée.
Sans un mot échangé ni un regard partagé, Rachid esquisse un devenir possible du corps machine, pulsionnel, connecté à une interface lointaine et floue, sans relation directe avec son environnement sensible. Mais ce corps « augmenté » instrumentalisé et programmé pour ne connaître aucune dégradation, ni celle de la vieillesse et de la mort, ni celle de l’entropie des relations sociales, est traversé de spasmes chaotiques dont on ignore s’ils anticipent un renouveau – le devenir papillon de la chrysalide déchirant son enveloppe –, ou un blocage systémique – l’effondrement définitif de nos écosystèmes relationnels et amoureux.
Dans la performance intitulée Skull*Cult, c’est seulement de dos, et totalement revêtu d’une combinaison de motard, de gants, de bottes et d’un casque intégral qu’apparaît Rachid Ouramdane. Les grandes toiles du XVIIIe siècle du musée de Grenoble symbolisent un environnement sans relation possible avec ce corps enfermé dans sa coque de cuir et d’acier, et agité de soubresauts. Le mutant intégral ne semble informé que par des stimuli nerveux provenant d’une interface inconnue, mais qui ne transitent pas par les sensations corporelles habituelles, celles de la vision, de l’odorat, du goût, de l’ouïe et du toucher.